Le 14 novembre 1975, le gouvernement espagnol concéda l’administration du Sahara occidental aux Etats mauritaniens et marocains, qui ont sauté sur l’aubaine offerte. Alors même qu’ils n’avaient manifesté aucune revendication notable sur ce territoire quand il était occupé par l’Espagne coloniale. Et voilà que deux lumpen colonialismes trouvent l’occasion de faire les larrons.
En son temps, Le Tribunal international de La Haye a écarté les prétentions annexionnistes de la Mauritanie et du Maroc, en réaffirmant que d’après la résolution 1514 des Nations unies promulguée en 1960, le peuple sahraoui avait le droit à l’autodétermination. Nous savons que les Sahraouis ne tardèrent pas à en remontrer aux nouveaux occupants.
En 1976, le Front Polisario entreprend une guerre de libération. Le Makhzen, sous Hassan II, déploie une férocité criminelle contre un peuple pas tout à fait préparé à un conflit de ce type. Avec force bombardements au napalm contre des civils, il provoqua le déplacement d’une grande partie de la population sahraouie vers les camps de réfugiés du désert de Tindouf, dans la Hamada algérienne. Quant au régime mauritanien, il ne tarda pas à prendre la mesure de l’aventure, puisque les guérilléros sahraouis se permettent même le luxe de mener leurs attaques massives contre Nouakchott. Il se retire donc de la partie qu’il détenait, sans trop de difficultés. Partie que l’armée marocaine s’empresse d’occuper.
La monarchie subit seule les harcèlements et n’arrive pas à contenir les assauts des Sahraouis, au point de se plier à l’acceptation d’un cessez-le-feu, qui fut signé par les deux parties le 6 décembre 1991. Un acte qui s’est réalisé sur proposition des Nations unies, assortie de l’organisation d’un référendum d’autodétermination prévu le 26 janvier 1992. Commencent, après ça, les manœuvres du palais royal, qui s’est assuré de ne pas essuyer une défaite militaire, en bénéficiant d’un répit providentiel. Tout en enfermant le Front Polisario dans une procédure qui n’en finit pas de dérouler ses méandres. Grâce à la complicité ou à la complaisance des grandes puissances.
Ainsi, depuis 23 ans une résolution de l’ONU est bafouée, tout comme sont bafouées les règles internationales relatives à la gestion des ressources naturelles du Sahara occidental. Car le Maroc et de nombreuses entreprises étrangères pillent le territoire, comme le phosphate, le pétrole, le gaz naturel, les gisements de fer et d’uranium, et les gigantesques réserves de poissons qui regorgent tout au long des 1 600 km de littoral. Et la « Communauté internationale » ferme les yeux, tandis que la politique des différents gouvernements de l’Espagne démocratique continue d’entériner le déni de droit franquiste. Aucun d’entre eux n’a assumé le rôle de puissance « décolonisatrice » que la légalité internationale lui octroie vis-à-vis de son ancienne province.
Il faut dire qu’il y a en jeu le partage du butin de la pêche, ensuite à cause du rôle de gendarme régional joué par le Maroc dans la gestion des flux de migrants subsahariens et, enfin à cause des importants investissements des entreprises espagnoles dans la région. Restera à savoir comment les puissants qui siègent au Conseil de sécurité de l’ONU comptent justifier la mise à la poubelle de leurs résolutions
Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 06/01/2014
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