Le ministre russe des Affaires étrangères en Algérie : La situation au Sahel et en Syrie au menu
par El-Houari Dilmi
Le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Serguei Lavrov, a entamé, à partir d’hier lundi, une tournée africaine, avec pour première étape Alger où il est arrivé en fin d’après-midi.
Le chef de la diplomatie russe aura des entretiens avec le président, Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et son homologue algérien, Mourad Medelci. Selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, cité par la presse de Moscou, la visite de Serguei Lavrov tournera autour de la «consolidation des relations avec l’Algérie, qui jouit d’une grande influence dans le monde arabe et en Afrique, dans le bassin méditerranéen et partout dans le monde». La Fédération de Russie compte également «poursuivre sa coordination avec l’Algérie autour de nombreuses questions d’actualité dans le monde», selon le communiqué du ministère des AE russe, ajoutant que pour Moscou, «les peuples de la région du Maghreb et du Sahel doivent déterminer par eux-mêmes leur avenir, sans ingérence étrangère». L’évolution de la situation en Syrie et au Mali, le conflit israélo-arabe, le Sahara Occidental, la lutte antiterroriste et le crime organisé figurent également au menu des entretiens de Serguei Lavrov avec les dirigeants algériens, rapportent les médias russes. Evoquant le soutien indéfectible de Moscou à Alger lors de l’attaque terroriste contre un site gazier dans le Sud algérien, le communiqué du ministère des Affaires étrangères russe rappelle l’autre priorité, celle de consolider les relations économiques entre les deux pays dans le domaine énergétique, les infrastructures de base, la technologie notamment. Le renforcement des travaux de la commission mixte algéro-russe, dont la prochaine réunion est prévue à Alger, sera également au centre des entretiens de Lavrov avec son homologue algérien, surtout en ce qui concerne les échanges commerciaux et la recherche scientifique.
Cette visite de travail du ministre de la Fédération de Russie s’inscrit dans le cadre du «dialogue politique régulier entre l’Algérie, pérennisé par la déclaration conjointe signée par les chefs d’Etat des deux pays, le 06 octobre 2010, et vise à consolider les relations d’amitié et de coopération entre Alger et Moscou», selon le porte-parole du MAE, Amar Belani. «Les entretiens qui auront lieu à cette occasion porteront sur l’examen des voies et moyens susceptibles de renforcer davantage la coopération bilatérale dans tous les domaines d’intérêt commun ainsi que sur l’échange de vues sur les questions politiques régionales et internationales, en particulier, les derniers développements intervenus dans la région du Sahel et au Proche-Orient», indique encore le porte-parole des AE, cité par l’Aps. Les deux pays ont célébré, il y a quelques mois, le cinquantenaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Au sujet de la situation au Sahel, Serguei Lavrov a estimé, dimanche, que la France «est en train de combattre au Mali ceux qu’elle avait armés en Libye», appelant les Occidentaux à avoir «une vue d’ensemble» sur la région. «Au Mali, la France lutte contre ceux qu’elle avait armés en Libye contre le régime de Kadhafi, en violant l’embargo du Conseil de sécurité de l’ONU», a déclaré M. Lavrov dans une interview à la télévision russe diffusée et dont les extraits sont publiés par les agences de presse russes. «Les mêmes groupes luttent en Syrie contre le régime du président Bachar Al-Assad», a poursuivi le ministre. «Je suis accablé par l’incapacité de nos partenaires d’arrêter de fixer un point sur la carte et d’avoir une vue d’ensemble sur la région», a-t-il poursuivi.
Pour rappel, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, s’était abstenue lors d’un vote sur la Libye, en mars 2011, qui a permis les frappes internationales contre les forces de Kadhafi, conduisant à la chute du régime. Mais Moscou n’a eu de cesse, par la suite, de répéter que l’ampleur de l’intervention des avions de l’Otan contre les installations libyennes sortait du cadre de la résolution des Nations unies. M. Lavrov doit également se rendre en Afrique du Sud pour préparer la prochaine réunion des chefs d’Etat du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Le Mozambique et la Guinée sont les autres étapes de la tournée africaine du chef de la diplomatie russe.
LE QUOTIDIEN D’ORAN, 12/02/2013
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