Près de trente ressortissants européens ont été expulsés, avec brutalité, par la police marocaine du territoire sahraoui où ils se trouvaient en mission d´information sur la situation qui prévaut dans cette ancienne colonie espagnole. Il s´agit d´une vingtaine d´Espagnols, membres actifs des organisations civiles pro-sahraouies, et d´un groupe de quatre ressortissants norvégiens appartenant à la jeunesse des partis libéral et travailliste. Les autorités marocaines ont invoqué des « motifs de sécurité » pour demander à ces étrangers, dont elles n´ignoraient pas en fait la raison de leur présence à Al Ayoune, de quitter immédiatement la capitale sahraouie occupée. Ils ont laissé le choix aux deux groupes de se rendre à Marrakech ou à Agadir.
Le gouvernement marocain avait pris le soin de ne pas mettre tout ce monde dans l´avion, comme il l´avait fait dans le passé, pour ne pas s´exposer à des protestations diplomatiques de la part des gouvernements de ces ressortissants européens. Ces activistes ont vite deviné les craintes des Marocains. Une fois sur place, à Agadir, ils ont décidé d´occuper les locaux du consulat d´Espagne dans cette ville. Ils y seront délogés, mais la presse espagnole, interdite d´accès au Sahara Occidental, pu être alertée à temps. Les médias s´emparent de cette affaire, qui n´est pas inédite, puisque depuis que les manifestations de 2005 dans plusieurs villes du Sahara, puis en 2009 à Gdeim Izik (Al Ayoune), tous les étrangers (journalistes, membres de la société civile et parlementaires) sont reconduits manu militari par le premier avion à Las Palmas.
Au journal El Mundo, qui a consacré, jeudi, un long article à ce sujet, le porte-parole des activistes, Jefferson Cardenas, explique que la décision d´occuper pacifiquement les locaux du consulat espagnol a été prise pour alerter les autorités espagnoles sur le caractère « illégal » de leur expulsion du territoire sahraoui. « Le Sahara Occidental est un territoire non autonome que le Maroc occupe illégalement depuis 37 ans », dit-il, allusion à la « Marche Verte » décidée, en novembre 1975, par le Roi Hassan II et dont l´anniversaire était célébré dans le Royaume le jour même de leur expulsion. « Les Marocains n´ont aucun titre de souveraineté sur ce territoire colonial », a-t-il ajouté.
Le consul d´Espagne à Agadir a informé les ressortissants de son pays qu´il allait adresser une note de protestation aux autorités marocaines. Au ministère des Affaires étrangères à Madrid, des sources de la société civile croient savoir que cette énième expulsion de ressortissants espagnols « fera inévitablement l´objet d´une note de protestation diplomatique adressée à l´ambassade marocaine ». C´est ce qu´attend J. Cardenas avant de rappeler qu´« aucun pays au monde ne reconnaît au Maroc le droit de souveraineté sur ce territoire sujet à décolonisation ». Enfin, ces groupes d´activistes ont lancé un appel à la communauté internationale pour que la mission de la Minurso soit élargie à la surveillance des droits de l´homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
Nassim A.
HORIZONS, 9 novembre 2012
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