Par Youcef Assy
La tournée africaine du ministre français des Affaires étrangères s’avère être plus une campagne de prédilection, pour une intervention militaire, qu’un voyage en vue de renforcer les liens de la coopération entre les France et les pays en question.
En effet, Laurent Fabius, qui a déclaré lors de sa récente visite en Algérie, que son pays est d’accord avec la position portant résolution pacifique du conflit malien, a complètement changé de position et semble vouloir imposer une intervention militaire dans ce pays à n’importe quel prix.
A Niamey, Ouagadougou, Dakar et Ndjamena, l’occasion était pour Laurent Fabius de sonder ces différents pays sur la question de l’option militaire, mais aussi de les convaincre de la nécessité d’une telle action.
Au Tchad, dernière étape de sa visite le locataire de Quai d’Orsay a indiqué que » Le diagnostic fait par le Président Déby sur la situation au nord Mali est un diagnostic très sévère « . » Le Président Déby a constaté que le développement du terrorisme dans cette région constitue une menace pour l’ensemble des pays de la sous-région » a-t-il dit.
» Nous voulons d’une force internationale (…) avec l’appui des Etats Unis d’Amérique, de la France et de l’Otan, nous n’avons pas aujourd’hui les moyens en Afrique pour faire face à cette situation là « , a déclaré pour sa part le président Déby.
Mais cette option ne risque pas d’arriver aussi facilement que la France le souhaite. Beaucoup de pays, dont l’Algérie, restent septiques et voient en la diplomatie la meilleure solution pour mettre fin à cette crise qui embrase toute la région du Sahel.
Seul le Niger, en première ligne, semble être déterminé et souhaite ouvertement une intervention militaire, le plus rapidement possible, contre Aqmi et ses alliés.
Les autres pays visités par Laurent Fabius préfèrent, pour le moment, privilégier l’option diplomatique et le dialogue. C’est la position du Burkina Faso qui estime que le recours à la force sera l’étape ultime d’un processus. Ouagadougou a d’ailleurs entamé le dialogue avec les touaregs du MNLA et avec les islamistes d’Ansar Dine.
Le Sénégal semble, lui aussi, souhaiter, une fois que toutes les voies diplomatiques seront complètement épuisées, avant de faire parler les armes.
Ce qui risque de désavouer la France qui cherche sans relâche une intervention militaire au Mali.
Le Tchad, bien que vivement sollicité pour son expérience, hésite et pose des conditions avant d’envisager une opération militaire éclair à Gao et Tombouctou. Le président tchadien estime, toutefois, que pour sortir de cette crise, le cadre africain est désormais dépassé, et qu’il faut » internationaliser » la question du nord du Mali.
A travers ses positions les pays de la région, à quelques exceptions près, semblent conscients des risques que pourra constituer une intervention militaire dans ce pays.
A voir l’expérience de l’Otan en Afghanistan, une telle option n’est pas du tout à désirer. D’autant plus qu’après être intervenus militairement dans ce pays, sous le motif de combattre le terrorisme, les USA et ses alliés se retrouvent, 10 ans après, en train de négocier avec les talibans, et entament les uns après les autres des plans de retrait militaires, laissant derrière eux un pays en proie à toutes les violences, y compris celle des talibans, qui n’a pas cessé d’un iota. Une intervention militaire au Mali pourra être semblable à celle qu’on vient d’évoquer, ou peut être pire, vu que la situation est beaucoup plus compliquée. En plus de cet élément, une intervention militaire au Mali contaminera tous les pays de la région. Les seuls pays que pourra arranger une telle option sont les puissances occidentales, à leur tête la France qui cherche, à travers une telle action, à asseoir son hégémonie tant attendue dans la bande sahélo-saharienne.
Y. A.
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