Au cours de son séjour à Alger, Saad Eddine Othmani a eu des entretiens avec son vis-à-vis algérien, Mourad Médelci. Au menu, principalement, la relance des relations économiques bilatérales et la redynamisation de l’Union du Maghreb arabe (UMA) en sommeil depuis de nombreuses années pour causes de divergences, algéro-marocaines essentiellement. Et ce, au moment où la situation se détériore dangereusement à l’Est, en Libye, et au Sud, au Mali.
Aucune annonce n’a été faite à l’issue de ce voyage. Les discussions se poursuivent entre les deux capitales. Les autorités algériennes avaient fait savoir, à la veille de la visite du ministre marocain, que les questions du Sahara Occidental et de la frontière entre les deux pays ne figuraient pas à l’ordre du jour.
Saad Eddine Othmani a également été reçu par le président Abdelaziz Bouteflika ainsi que par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et ministre d’Etat représentant personnel du président de la République. Mais rien n’a filtré de ses deux rencontres.
Les deux capitales s’accordent sur la nécessité de relancer l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui n’a pas réussi, depuis sa création en 1989, à initier une véritable dynamique économique et encore moins politique à l’échelle de toute la région. Une dynamique à même de transcender les obstacles auxquels la région est confrontée. Une réunion des cinq pays (Algérie, Maroc, Mauritanie, Tunisie et Libye) devrait néanmoins se tenir le 17 février prochain à Rabat, date anniversaire du lancement de l’Union il y a 23 ans.
Un lourd contentieux politique
Les relations entre les deux pays sont extrêmement complexes et délicates. Alors que tout plaide en faveur d’une coopération économique et d’un approfondissement des liens historiques entre les deux peuples, un lourd contentieux politique freine depuis plusieurs décennies maintenant toute tentative de rapprochement.
Il y a bien évidemment la question du Sahara Occidental qui bloque toute velléité de rapprochement bilatéral. Le Maroc revendique cette ancienne colonie espagnole qu’il a occupée avec la Mauritanie en 1975. L’Algérie soutient, depuis cette date, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Rabat nie l’existence d’un peuple sahraoui et accuse le Front Polisario d’être une simple marionnette aux mains d’Alger. Ce n’est pas le point de vue de l’ONU.
Autre problème non abordé officiellement, celui de la frontière entre les deux pays fermée depuis 1994 par Alger suite à la mise en cause, par Rabat, de l’Algérie dans les attentats de Marrakech, à l’expulsion d’Algériens résidant dans le royaume et à l’instauration d’un visa pour les Algériens désireux de se rendre au Maroc. Alger ne semble pas trop pressé de rouvrir immédiatement la frontière et met plutôt l’accent sur la nécessité de régler les problèmes dans le fond.
La situation dans le monde arabe a très certainement été évoquée, Saad Eddine Othmani étant l’un des principaux dirigeants du parti Justice et Développement (PJD) qui a remporté les dernières élections législatives marocaines du 25 novembre 2011. C’est à la suite des réformes politiques introduites par le roi Mohamed VI que ce parti islamiste d’opposition a pu former un gouvernement de coalition. La contestation politique qui a emporté Ben Ali et Moubarak s’est propagée au Maroc où elle a contraint le monarque à lâcher du lest.
Maghreb Emergent, 25/1/2012
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