108 enfants du Sahara occidental, âgés entre 6 et 18 ans, dont 27 fillettes, sont, du 20 juin au 20 juillet, les hôtes de la ville côtière de Tigzirt, située à 40 km au nord de Tizi Ouzou.
Ils sont venus dans cette région pour passer un mois de détente dans le cadre de leur colonie de vacances, et aussi avec la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, indique le directeur du centre, Yakoub Daïri, dit Djelloul, conseiller et formateur de jeunes à la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la wilaya de Médéa. Les animateurs du centre expriment, dans ce contexte, toute leur «fierté», en élisant domicile au lycée Amar Bessalah de Tigzirt, d’avoir associé le nom de Lalla Fatma N’Soumeur à celui de leur colonie, en hommage à cette héroïne des insurrections en Kabylie au milieu du XIXe siècle contre l’armée d’occupation coloniale française.
La plupart de ces enfants sont des orphelins ou ayant des parents incarcérés au Maroc, ou issus de familles aux conditions sociales très modestes, explique notre interlocuteur pour mettre en exergue la symbolique du geste humanitaire des organisateurs de ce centre de vacances. Scindé en deux sessions, le programme du centre commence quotidiennement, suivant la tendance météorologique du jour, par une baignade matinale pour les enfants, tandis que dans l’après-midi et en soirée, ces derniers s’adonnent à des travaux manuels : dessin, théâtre et sport (football, volley-ball, basket-ball…).
Dans ce programme figure également une sorte de conte appelé Livre vivant par lequel le narrateur essaie de retracer, dans ses multiples facettes, l’histoire de la Révolution algérienne. Des tables rondes consacrées aux dangers de la toxicomanie se tiennent également, chaque soir, dans l’enceinte du lycée Amar Bessalah, menées par des spécialistes dont des animatrices sahraouies. Dans la soirée du 26 juin, les enfants sahraouis ont eu le plaisir de voir La Bataille d’Alger, un long métrage du réalisateur italien, Gillo Pontecorvo, sur la guerre d’Algérie. En veillée, les vacanciers organisent des chants et danses du folklore traditionnel du Sahara occidental, suivis de concours culturels et humoristiques sur l’histoire du Sahara Occidental, ainsi que des devinettes dont le patrimoine sahraoui compte des plus croustillantes.
Samedi 30 juin, ces enfants ont bénéficié d’une randonnée en bus jusqu’à Azeffoun. «En préparant la venue de cette colonie de vacances pour les enfants sahraouis en Kabylie, je me disais que c’était un défi que je devais me lancer, car c’est ma première organisée dans cette région. D’autant plus que certains sont démunis et n’ont même pas de chaussures. Nous avons réussi quand même à être prêts en leur achetant nous-mêmes le nécessaire. Aujourd’hui, je pense ne pas pouvoir résister pour ne pas revenir à Tigzirt l’année prochaine, tant l’hospitalité, le caractère avenant du personnel de l’école Amar Bessalah et la beauté de la région fascinent et attirent le visiteur.
J’appréhende dès lors l’angoisse et la tristesse qui ne manqueront pas de nous saisir au moment de la séparation à notre départ. Aussi, je ne remercierai certainement jamais assez toutes les personnes qui nous entourent depuis notre arrivée ici», nous dira encore Yakoub Daïri, visiblement satisfait et ému à la fois. Placé sous l’égide du wali de Tizi Ouzou, ce centre de vacances, Lalla Fatma N’Soumeur pour les enfants du Sahara occidental, est pris en charge par la DJS, la Ligue des activités de plein air, de loisirs et d’échanges de jeunes (Lapalej) et l’Agence nationale des activités sportives et de jeunes (ANASJ).
Salah Yermeche
El Watan, 16/07/2012
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