Alger se prépare à accueillir la conférence internationale sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pour commémorer les 50 ans de cette résolution onusienne qui tombait, un certain 14 décembre 1960, comme un couperet sur la nuque du colonialisme, dont nos vaillants héros de la Révolution dénonçaient l’infamie par leur sacrifice. Plus qu’un travail de mémoire, cette rencontre au riche programme vient opportunément donner une leçon d’histoire à notre voisin, le Maroc, atteint du syndrome du colonisé, comme l’aurait formulé Albert Memmi, ce dernier voisin originaire de Tunisie. Car, enfin, il aurait été plus heureux que nous fêtions cette date historique avec un Etat indépendant au Sahara occidental selon la bonne volonté de son peuple qui aurait sans doute eu de très bonnes relations avec le royaume chérifien.
On aurait pu se vanter, dans cette conjoncture de crise au Sahel, de menace de partition du Soudan, de problèmes socioéconomiques graves dans beaucoup de pays du continent noir… de posséder notre territoire libéré du joug colonial. Mais la fin de l’apartheid chez Mandela n’a malheureusement pas inspiré la monarchie alaouite qui se satisfait du soutien d’un ancien colonisateur pour se donner raison. La conférence de ce mois de décembre ne pourra par conséquent pas occulter cette fausse note dans le claironnement de notre triomphe. Pour la raison évidente que la conviction anticoloniale contraint à la solidarité avec le peuple sahraoui, dernier pays soumis au diktat d’un occupant en Afrique. De nombreux invités de marque, symbolisant le mouvement de décolonisation, viendront dans ce qu’on a longtemps appelé «la Mecque des révolutionnaires» afin de prouver que le combat pour la liberté n’a pas vieilli mais garde, au contraire, toute sa vigueur contre les pratiques coloniales d’un autre temps. Et si jamais Rabat, l’ex-protectorat, pouvait se sentir concerné par l’événement, il faudrait qu’on réalise au makhzen qu’on ne peut pas se plaindre ou condamner ce qu’on s’exerce à infliger aux autres. Le 14 décembre 1960 restera une bataille remportée par les victimes résistantes. N. M.
Le Jeune indépendant, 01/12/2010
Soyez le premier à commenter