Si, malgré les divergences politiques sur l’histoire, sur la circulation des personnes, sur le Sahara Occidental ou sur la manière de traiter le terrorisme au Sahel, les relations algéro-françaises se «portent bien», dixit Bouteflika dans ses propos, ces relations économiques et commerciales y sont pour beaucoup. M. Jean-Pierre Raffarin, qui donne raison sur pratiquement tout à l’Algérie au nom du respect de sa souveraineté, risque d’être «irrésistible» pour les responsables algériens.
Rien à voir avec le côté inutilement plastronneur d’un Bernard Kouchner qui se risquait à des considérations lui permettant de s’offrir un beau rôle, tout en étant nuisible à la diplomatie de son pays. Le seul résultat est qu’il n’a plus été considéré comme un interlocuteur par Alger, chose qui a contraint l’Elysée à s’occuper directement de la relation avec l’Algérie.
Avec Jean-Pierre Raffarin, on est dans un autre style. Pas de déclarations enflammées, pas de discours emphatique sur un «partenariat stratégique» ou sur une «refondation des relations». Il est là pour parler de ce qui a toujours bien fonctionné, qu’il vente ou qu’il pleuve, entre Paris et Alger : le business.
L’ancien Premier ministre français en rajoute peut-être, mais il ne se force pas trop en affirmant qu’il «vient écouter les autorités algériennes pour respecter les orientations qui sont les leurs». Voilà qui plaira sans doute aux responsables algériens et les rendra disposés à «un travail en profondeur C’est-à-dire des dossiers économiques qu’il faut faire avancer».
La première réaction d’un homme d’affaires algérien à la lecture des premiers propos de M. Jean-Pierre Raffarin a été de retourner sa déclaration. «Il vient préserver le passé. Celui d’une Algérie très captive de l’économie française». C’est, bien entendu, une façon de voir qui existe. La mission de Raffarin serait limitée à un souci de défendre un marché d’exportation relativement important pour l’économie française.
Il reste que la «captivité» du marché algérien n’est pas une fatalité. Des facteurs de concurrence sont déjà là et bousculent les situations établies. Le gouvernement algérien, avec un déficit de communication remarquable, a découvert, ces dernières années, que l’ouverture du marché a été sans contrepartie et que les «projections d’avenir» sur un afflux des investissements directs étrangers ont été erronées.
Cette absence de contrepartie a fait, par exemple, que le constructeur automobile français qui vend le plus en Algérie a choisi de s’établir au Maroc où il vend beaucoup moins. On connaît les multiples explications qui ont été données, mais le cas Renault a été, qu’on le veuille ou non, un symbole éloquent.
A priori, Jean-Pierre Raffarin dispose d’une capacité d’écoute démontrée déjà dans sa délicate mission d’apaisement avec la Chine. Le fait qu’il vienne parler «affaires» – et non pas «amitiés et refondations» et autres grandiloquences qui n’ont pas manqué dans l’histoire des relations algéro-françaises est donc propice pour discuter d’une relation économique où les deux parties gagnent.
Après tout, «les bons comptes font les bonnes amitiés». C’est très français.
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