Repentance, UPM, Sahara occidental, libre circulation des personnes…
Les relations algéro-françaises ont du mal à se dépassionner. Elles ont de tout temps été qualifiées de particulières et d’exceptionnelles en raison d’un certain nombre de considérations, notamment historiques. Les crimes commis à l’encontre des Algériens pendant plus d’un siècle d’occupation n’ayant toujours pas été reconnus par l’ex-puissance coloniale, ce dossier en suspens ne manque pas de ressurgir sans cesse pour brouiller les relations bilatérales et empêcher qu’elles aillent de l’avant comme l’auraient permis les nombreux facteurs de rapprochement. Avec l’adoption de la loi du 23 février 2005 glorifiant le passé de la France en Algérie, il était évident que l’exigence de repentance exprimée par notre pays n’était pas pour bientôt. D’où la crispation des rapports pendant la période ayant suivi cette adoption. Parce que cette question constitue la pierre d’achoppement dans la perspective d’une embellie entre les deux pays, l’Algérie n’a pas manqué, par moments, de relâcher quelque peu la pression en particulier lorsque les enjeux du moment le dictaient, tout en soutenant ne pas renoncer définitivement à cette revendication. C’est ainsi que le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, a, lors de sa visite en France en mai 2009, assuré que «la question de la repentance ne constitue nullement un préalable ou une condition fixée par l’Algérie» dans ses relations avec la France. Outre l’aspect lié à la mémoire, Alger et Paris ne s’entendent pas vraiment et ont des visions différentes sur le projet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), à l’initiative de la France, qui a du mal à prendre réellement son envol. Parce que l’Algérie est un «partenaire-clé», la France n’a eu de cesse de tenter de la persuader de rallier les défenseurs de ce projet en vue d’entraîner d’autres pays. Pour l’Algérie, l’adhésion à ce projet ne pourrait se concrétiser avec la présence d’Israël, pays avec lequel elle n’entretient pas de relations diplomatiques en raison de sa politique d’occupation au Proche-Orient. En plus de la présence d’une forte communauté algérienne établie en France de manière régulière, la question de la libre circulation des personnes, telle que défendue par l’Algérie, n’a pas manqué de constituer un dossier sensible entre les deux pays : la France ne l’entendant pas de cette oreille et s’en tenant prioritairement à l’impératif de la sécurité de ses citoyens et de son territoire pour justifier un durcissement des conditions d’entrée pour les postulants algériens. Quant aux candidats à l’émigration clandestine, Alger et Paris tentent d’unir leurs efforts en vue de venir à bout de ce phénomène, avec cette précision que notre pays sollicite de la France le respect des droits de l’Homme dans sa gestion. Autre question qui divise fondamentalement Paris et Alger, le conflit du Sahara occidental dans lequel la France ne dissimule pas son ralliement aux thèses marocaines au mépris du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, un droit consacré dans les différentes résolutions de l’Organisation des Nations unies et farouchement défendu par l’Algérie. Le dernier exemple en date illustrant la connivence franco-marocaine sur cette question est le veto au Conseil de sécurité opposé par la France pour empêcher l’envoi d’une mission internationale à El Ayoun occupée en vue d’enquêter sur le raid militaire meurtrier contre le camp de Gudeim Izik. En agissant de la sorte, la France n’a, en réalité, fait qu’être conséquente avec elle-même sur cette question et entendait par-là poursuivre son soutien au projet d’autonomie de ce territoire. C’est un fait connu de tous : les intérêts de la France au Maroc sont aussi importants que ceux du Maroc en France. D’où des relations particulièrement privilégiées entre les deux pays si bien que la monarchie alaouite pourra toujours compter sur l’appui de Paris au sein du Conseil de sécurité et de l’Union européenne (UE). C’est vraisemblablement grâce à «l’amitié» de la France que le Maroc a bénéficié du «statut privilégié» auprès de l’UE, lui permettant de devenir «plus qu’un partenaire» de cette organisation même s’il ne peut en être membre.
Par Mekioussa Chekir
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