Evènements de Laâyoune : que veut cacher Paris ?

En conséquence du veto français, le Conseil de sécurité s’est contenté de déplorer la violence qui a caractérisé les derniers événements qui se sont produits la semaine dernière dans le camp sahraoui à Laâyoune. Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu mardi après-midi une réunion, qui a duré plus de trois heures, consacrée aux derniers événements tragiques au Sahara occidental, suite à l’assaut militaire marocain contre des camps sahraouis. Deux rapports ont été présentés respectivement par l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, sur les dernières étapes du processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, et par le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
«Cette proposition n’a pu aboutir en raison du refus de la France qui a été le seul membre du Conseil de sécurité à s’opposer, lors de cette réunion, à l’envoi de cette mission d’enquête», a souligné un communiqué du Polisario qui considère que «la France a peur de la vérité, sinon comment justifier autrement son attitude ?» Toutefois, le gouvernement sahraoui a «enregistré favorablement» la décision du Conseil de sécurité de «tenir une session spéciale pour connaître l’état de la situation au Sahara Occidental suite au violents assauts des troupes marocaines contre la population civile à Gdeim Izik et à la ville de Laâyoune et ce, malgré l’opposition acharnée du Maroc et son allié français».
La déclaration note enfin le fait que le rapport présenté au Conseil par le Département des opérations du maintien de la paix onusien ait «reconnu que le personnel des Nations unies sur place a été empêché par le gouvernement marocain de suivre les événements graves et connaître la vérité». Le poisson du Sahara  De son côté, le gouvernement marocain se réjouit de cette issue et salue «le haut sens de responsabilité dont a fait montre le Conseil de sécurité de l’ONU», à l’issue du briefing fourni par le Département des opérations de maintien de la paix des Nations unies (DPKO) et de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Christopher Ross.
La presse marocaine a aussi été unanime à saluer la position de Paris, tout en s’acharnant sur les médias espagnols qu’elle accuse de désinformation sur les événements de Laâyoune. Car il faut dire que la presse ibérique a réussi à briser le black-out imposé par les autorités marocaines sur le massacre décidé en haut lieu. Mais cela dit, l’attitude adoptée par le représentant français au Conseil de sécurité était tout à fait prévisible, lorsqu’on connaît l’ascendant qu’exerce Paris sur Rabat, et surtout l’importance des intérêts économiques et stratégiques de la France au Maroc, mais aussi dans les territoires occupés. La France a au moins l’avantage sur ses autres partenaires européens d’entretenir des relations «claires» avec le régime alaouite, contrairement à l’Espagne, par exemple, qui continue à maintenir des relations ambivalente avec Rabat.
Les richesses immenses que recèlent le sol et la mer du Sahara Occidental attirent toutes les convoitises ; elles sont à l’évidence à l’origine de ce soutien indéfectible des puissances occidentales à la politique de colonisation que mène le régime marocain, soutien qui les astreint à fermer l’œil sur les graves atteintes aux droits de l’homme et à la liberté d’expression dans cette contrée du Maghreb, et à venir systématiquement à la rescousse du Palais, en allant jusqu’à se proposer de faire pression notamment sur l’Algérie, pour essayer de lui faire avaler certains choix liés à la question des frontières entre les deux pays. L’enjeu pour les Français au Sahara Occidental se résumerait aux richesses halieutiques que recèle la côte atlantique, grâce auxquelles le Maroc, pays occupant, occupe le premier rang en Afrique, le 25e rang dans le monde, et le premier rang mondial dans la capture et l’exportation des sardines. Le Maroc a tôt fait de «communautariser» la pêche dans cette région, en octroyant des concessions à des sociétés européennes, dans le cadre de son partenariat avec l’Union européenne, en contrepartie de certains avantages d’investissement et d’un appui politique sans faille.
Mussa Acherchour

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