Paris épris de sionisme à l’ONUOn ne pouvait trouver plus simple, en guise d’illustration de ces liens sacrés entre la France et le Maroc, que cet entretien accordé à un journal marocain l’été dernier. Soutien aveugle et amours dorées…
Dans un entretien accordé au journal marocain le Soir, en juillet dernier, Bruno Joubert, ambassadeur de France au Maroc, nous renseigne, en partie, sur les intérêts croissants de la France au royaume chérifien sur le plan économique mais aussi géostratégique. Revenant sur la réunion mixte maroco-française qui a précédé l’interview, le ministre plénipotentiaire en poste à Rabat rappelle que le Maroc demeure le premier partenaire de la France avec des investissements directs français à hauteur de 8,1 milliards d’euros auxquels s’ajoutent d’autres gros placements comme ceux consentis par l’Agence française de développement qui a décidé d’augmenter sa contribution à 660 millions d’euros au bénéfice de l’allié stratégique en Afrique du Nord. «L’effort français sera maintenu, ce qui nous amène à un dernier élément affirmé, à savoir la volonté d’accompagner le Maroc dans les grands plans énergétiques voulus par Sa Majesté le roi. Il s’agit du solaire et de l’éolien. Pour compléter le bouquet énergétique, un accord-cadre a été signé dans le domaine du nucléaire civil. Pour reprendre ce qu’a dit le Premier ministre François Fillon, le Maroc est aussi stratégique pour la France que la France est stratégique pour le Maroc. Nous ne pouvons pas vivre l’un sans l’autre et nous ne le voulons pas», déclare Bruno Joubert, avant d’enchaîner sur des sujets de politique internationale sans omettre les flatteries d’usage au sujet de la monarchie complice de Paris sur moult dossiers.
«Nous avons des intérêts concordants en Afrique et des avantages complémentaires. Il est logique que nous recherchions les moyens d’une action concertée de nos opérateurs économiques. Il y a déjà eu de beaux exemples de réussite dans les télécommunications ou la banque», répond-il à la question chauvine du confrère marocain attribuant à son pays le rôle «d’interlocuteur important sur la scène africaine».
Ensuite, après quelques items effleurant les graves sujets du nucléaire iranien ou le conflit palestinien, le journaliste interroge l’ambassadeur sur les entreprises françaises qui recherchent des relais à l’étranger pour leur croissance.
Le haut représentant de l’Etat français s’ingénie alors à relativiser les avantages dont bénéficie la France dans l’obtention de grands marchés publics : «Ces investissements s’opèrent dans un cadre de plus en plus compétitif. Il en va de même pour l’attribution des grands contrats publics au Maroc, qui font l’objet d’appels d’offres très disputés (…) Dans le cas du TGV, une petite partie des appels d’offres, celle concernant le matériel roulant, est à titre exceptionnel restreinte aux entreprises françaises. Encore est-il juste de préciser que la France apporte en contrepartie de cet avantage lié à son immense savoir-faire dans ce domaine un financement de 900 millions d’euros, lui aussi exceptionnel : il n’a été octroyé à aucun autre pays.» Puis, pour terminer le satisfecit général portant sur ces relations privilégiées entre les deux pays, Bruno Joubert termine en brandissant cette autre carte maîtresse dont use la France dans les pays du Sud, à savoir les flux migratoires : «Nous délivrons 160 000 visas par an et le taux de délivrance est de 92 %. Cela veut dire que 92 % des demandes de visas reçoivent une réponse positive (…) Vous avez abordé la question des études en France. Au Maroc, près de 90 % des demandes de visa pour études sont satisfaites. Autrement dit, le taux de refus sur cette catégorie particulière de visa long séjour est d’un peu plus de 10 %. C’est le meilleur taux des pays de la zone Maghreb. Par ailleurs, je vous rappelle qu’il y a près de 30 000 étudiants marocains qui poursuivent actuellement leurs études en France, soit le premier contingent d’étudiants étrangers en France, et je m’en félicite.» Dans cet entretien destiné à la consommation interne du Maroc, on aura évité de parler naturellement des sujets tabous. On aura à peine parlé du contentieux autour des centres d’appels téléphoniques, mais pas du ras-le-bol des sujets de sa Majesté à propos de la mainmise française sur leurs richesses, notamment dans l’immobilier où de véritables OPA ont ciblé le patrimoine ancestral du peuple marocain. La question du Sahara occidental ne devait pas figurer non plus dans cette séance de caresses mutuelles puisque le Maroc se félicite de ce soutien inconditionnel et unique en son genre de la part de la France dans son entreprise quotidienne de négation des droits des Sahraouis à disposer d’eux-mêmes en accédant à leur indépendance. Les amours entre la France et le Maroc sont décidément trop dorées pour qu’on vienne les ternir par l’oxyde des droits de l’homme. Le récent veto de Paris au Conseil de sécurité pour saboter l’envoi d’une commission d’enquête sur la répression exercée par le makhzen contre les civils Sahraouis en atteste.
Nordine Mzalla
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