Dépasser les regrets

L’ONU est incroyablement discrète sur la situation prévalant au Sahara occidental à la suite notamment des attaques de l’armée marocaine contre les populations sahraouies vivant dans un camp de réfugiés. Quelques regrets et rien d’autre, bien que dans un tel cas de figure, il n’y a absolument rien de trop. Et pourtant, la question sahraouie vient d’être propulsée sur le devant de la scène internationale de manière dramatique, avec des dizaines de personnes tuées pour avoir clamé leur droit à l’existence. Ce à quoi l’ONU, reconnaissons-le, s’est attelée depuis l’adoption du plan de paix et de tous ses avenants en 1990. Depuis cette date, elle a fait preuve de constance pour avoir toujours traité cette question sous l’angle de la décolonisation, et soutenu le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Elle tente tant bien que mal de surmonter les oppositions en son sein afin de faire appliquer le plan de paix en question. Mais elle a négligé, ou plus simplement pas pu prendre en charge la question des droits de l’homme, et en la matière, faire appliquer les conventions de l’ONU quant à la protection des peuples vivant sous domination coloniale, comme c’est le cas pour le peuple sahraoui. Elle ne l’a pas fait et elle a même été empêchée d’ajouter au mandat de la Minurso (mission des Nations unies chargée de l’organisation du référendum au Sahara occidental) l’observation des droits de l’homme comme cela lui a été demandé. On ne dira pas de la Minurso qu’elle a failli à sa mission, alors qu’elle-même subit de la part de l’occupant marocain toutes sortes d’atteintes à son autorité et à son statut. C’est donc le DOMP (Département des opérations de maintien de la paix) qui a présenté un rapport sur cette attaque.

Pour quelles suites, se demande-t-on maintenant que le mur du silence a été brisé et que de nombreuses organisations se sont saisi de cette question, révoltées par la répression marocaine et par certains silences assimilés, sans la moindre hésitation, à une forme de complicité ? C’est l’occasion pour l’ONU de dire la vérité, et dans le même temps s’opposer à toutes les formes de manipulation, comme celle qui consiste à rappeler que le Maroc et le Front Polisario sont les deux parties au conflit. Combattre le mensonge qui tend à restreindre les options offertes aux Sahraouis avec le rajout de la thèse marocaine, jamais envisagée par l’ONU pour qui, les électeurs sahraouis doivent choisir entre l’indépendance et le rattachement au Maroc.

Ou encore, la liste est bien longue, à faire du conflit sahraoui, une question humanitaire, alors que les Sahraouis clament leur soif de liberté, celle-là même que le Maroc croyait pouvoir étouffer. On dira alors de certaines réactions qu’elles sont au moins maladroites, en reproduisant l’idée même de troubles internes, sans que soit rapportée et mise en évidence la situation d’occupation du Sahara occidental. Il est alors totalement inadéquat de demander au Maroc d’enquêter sur une situation qu’il a lui-même ordonnée.
Mohammed Larbi
El Watan, 15/11/2010

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