De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Du beau à Bruxelles, avant-hier 29 mai dans l’enceinte belge du Parlement européen. L’équipe prestigieuse du film Les Enfants des nuages , bien sûr, Javier Bardem, acteur et cinéaste accompli et reconnu mondialement, en Amérique, évidemment, essentiellement Alvaro Longoria (réalisateur) et la narratrice, la belle Elena Anaya.
Plusieurs euro-députés, les représentants des corps diplomatiques accrédités à Bruxelles et une foultitude de journalistes, cameramen, preneurs de sons et photographes étaient présents au spectacle. Même l’inter-groupes parlementaire européen «Paix pour le peuple sahraoui», organisateur de l’évènement, était surpris par l’ampleur prise par la projection du film. A telle enseigne que les euro-députés ont dû ajouter une autre projection spéciale pour les médias et programmer une conférence de presse supplémentaire pour répondre aux questionnements et attentes des nombreux présents. Le film, montage documentaire qui a nécessité, selon Javier Bardem, «4 ans» de travail et une recherche objective, vraie, sincère de la vérité concernant le conflit sahraoui. Parole est donnée à tous les antagonistes. Les «bons» et les «méchants».
Les producteurs du documentaire n’ont pas fait œuvre de propagande en faveur de l’indépendance du Sahara occidental ou de son rattachement au Maroc. Ils ont laissé se dérouler la genèse, l’affaire, le grand hold-up falsifié par l’ex-puissance coloniale, l’Espagne, et toujours selon le droit de l’ONU administrante du territoire, et le Maroc, nouvel occupant. Les témoins et acteurs de la marche verte, des diplomates en poste à Madrid, Rabat, Laâyoune à l’époque, des gens, simples Sahraouis chassés de leurs demeures et exilés à Tindouf ou menacés dans le territoire «récupéré» par le Maroc, disant leurs malheurs, leurs angoisses, leurs souffrances et leur volonté, c’est aussi, cela l’énigme du film, de liberté, de s’autodéterminer.
Dans le film, très belle réalisation au plan cinématographique, on découvre un Hassan II contraint de déclamer des contre-vérités, une Marche verte pas aussi spontanée que cela a été rapportée à l’époque ni aussi peu violente. On s’aperçoit, sans effet d’annonce, des auteurs du documentaire, du fait national sahraoui porté, d’ailleurs, par l’injustice et la cruauté de la Marche verte elle-même. Des Sahraouis chassés et des Marocains qui arrivent, l’Espagne abondonnant au Maroc un territoire qui n’est la propriété de personne, Javier Bardem a su fixer ces instants, ces moments tragiques de l’histoire.
Les ambassadeurs, nombreux, présents au Parlement européen à Bruxelles, les nombreux invités, les parlementaires et euro-députés, les représentants d’ONG, les citoyens, invités à la projection sont tous sortis convaincus que «Los hijos de las nubes» méritent d’être écoutés, entendus, respectés. Ce que recommande, exactement, l’ONU, qui a mis sur pied la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), mais dont l’action est sabotée par l’ordre actuel régnant. L’ordre colonial. D’où, c’est évident, l’ajout dans l’incertitude du film La Ultima Colonia(La dernière colonie). «Hijos de las nubes» signifie les «enfants des nuages». Les euro-parlementaires Willy Meyer (gauche unitaire), Jill Evans et Raul Romeva (Verts et Alliance libre), Ivovajgl (Libéraux- Europe) et Marco Scurria (droites et conservateurs) étaient, eux aussi, dans les nuages, tout sourires, fiers d’avoir permis à la cause sahraouie, l’un des segments actuels du droit — ou pas de droit — international…
Le Soir d’Algérie, 31/05/2012
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