“Depuis le 10 octobre, un campement d’environ 8 000 tentes et 20 000 Sahraouis est installé à quinze kilomètres de Lâayoune, la capitale du Sahara occidental.” Lundi 25 octobre, 23 heures, deux Français, une jeune femme, membre d’une association d’aide au commerce équitable, et le photographe qui l’accompagne, ont fait parvenir au site internet français “rue89.fr” ce témoignage par courrier électronique.
Depuis quelques jours, les Sahraouis sont encerclés par les militaires et forces royales armées marocaines, qui ont creusé une tranchée autour de leur campement, désormais pourvu d’un seul et unique accès. Hier [dimanche 24 octobre, ndlr], un véhicule a voulu entrer, s’est fait refouler, est passé par une autre voie. Les militaires ont fait feu, un jeune de 14 ans [Nayem el-Gareha] a été tué et cinq autres sont à l’hôpital.
Le frère du jeune décédé aurait lui aussi succombé à ses blessures ce lundi matin. Nous venons d’apprendre que la presse marocaine – le Sahara occidental est occupé par le Maroc depuis le retrait de l’Espagne en 1975 – présente le décès du jeune comme la conséquence d’un acte de légitime défense des militaires. Or, il n’y a eu aucune agression : ce sont des familles, des femmes et des enfants…
Deux femmes face aux forces armées qui encerclent le campement – Totaspro D. Les tirs de ce dimanche marquent un premier débordement de la part des forces armées marocaines depuis le cessez-le-feu conclu en 1991.
“Un pays à décoloniser” pour l’ONU
La ville est sous surveillance, il y a une répression très forte contre quiconque communique sur ce qui se passe. Les antennes du réseau téléphonique ont été brouillées et la transmission des informations se fait dans la plus grande discrétion. Aucun média international n’est encore présent, mais nous essayons de faire passer l’information. Les représentants de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) ont également été refoulés à l’entrée du campement par les militaires marocains – les Nations unies considèrent toujours le Sahara occidental comme “un pays à décoloniser”.
Urgence humanitaire
C’est une mobilisation pacifique et sans précédent du peuple sahraoui pour le respect de ses droits socioéconomiques et d’autodétermination. Il y a une urgence humanitaire – eau, vivres – et un risque d’envenimement de la situation. Les familles sahraouies se sont néanmoins organisées pour gérer la vie sur le campement :
– collecte des déchets,
– sécurité…
Elles subsistent grâce à la solidarité des habitants sahraouis restés à Laâyoune qui assurent l’approvisionnement minimum en eau, alimentation et gaz.
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