On s’inquiète artificiellement sur le sort d’un traître mais on observe un silence coupable sur le sort de quelque 20 000 personnes cernées par les forces marocaines dans des terrains vagues, sans eau, ni nourriture, ni médicaments.
Les milliers de protestataires dans les «camps de la liberté» érigés ces derniers temps autour d’El-Ayoun, la capitale du Sahara occidental, et d’autres villes occupées sont des Sahraouis en qui le commandeur des croyants voit des sujets marocains. Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, l’ex-policier de la RASD (République arabe sahraouie démocratique, membre fondateur de l’UA, reconnue par quelque 80 Etats), est lui aussi un Sahraoui que le makhzen, pour des raisons évidentes, a fait supermarocain.
Cependant, face aux uns et à l’autre, les attitudes diffèrent au Maroc où la valeur du nombre marche sur la tête. Ainsi, seize ONG marocaines se proposent de mimer M. Christopher Ross et de faire un saut à Tindouf l’algérienne pour soi-disant s’assurer que leur policier félon est une arme qui respire encore. On s’inquiète artificiellement sur le sort d’un traître mais on observe un silence coupable sur le sort de quelque 20 000 personnes cernées par les forces marocaines dans des terrains vagues, sans eau, ni nourriture, ni médicaments.
Un nombre toujours en progression, alors que les dernières nouvelles disent que les forces militaires font usage de leurs armes et utilisent des balles réelles et d’autres projectiles pour interdire aux Sahraouis l’accès mais aussi la sortie des camps. Les seize ONG marocaines n’évoquent pas, n’envisagent pas d’aller se rendre compte de visu d’une action de protestation d’envergure unique dans les annales. Elles préfèrent défoncer une porte ouverte. Elles préfèrent venir à Tindouf, s’inquiéter sur un personnage dont la libération a été solennellement annoncée et qui, c’est connu, bivouaque loin du brouhaha à Mheiriz, un site des plus agréables dans les territoires sahraouis contrôlés par le Polisario. Mais que vaut la démarche de ces ONG qui puent le makhzen, en l’absence de la respectable AMDH, l’ONG marocaine la plus crédible en matière de droits humains ? Et puis, on ne peut être le bienvenu sur le sol algérien lorsqu’on est porteur de fausses inquiétudes destinées justement à se faire refouler. Qu’on aille donc à Mheiriz. Mustapha Salma s’y trouve, et le roi dit que là-bas c’est chez lui et qu’il n’en cédera pas un pouce. Même si des ministres marocains considèrent que Mheiriz est… algérienne.
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Jeune Indépendant, 23/10/2010
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