Les médias africains sont-ils complices de nos dictateurs?
S’il est un exercice dans lequel les démagogues africains excellent, c’est bien celui de la manipulation des médias locaux. Ayant compris mais, dans le mauvais sens, le rôle cardinal et parfois cynique des médias dans le conditionnement de l’opinion public. Nos joyeux politicards ont mis dès lors dans leur poche, à coups de billets de banque puisés dans le panier national, la plupart des supports significatifs du continent. Et dans ce jeu impudent du « donne-moi à manger puis je ferai ton éloge », la déontologie journalistique a pris la jambe à son coup. Ken Saro-Wiwa, prolifique essayiste et homme de lettres nigérian a payé de sa vie le fait de dénoncer cette collusion de tous les instants. Les dirigeants de l’époque le pendront dans son pays. Bien bien tard, François-Xavier Verschave, auteur du livre La Françafrique dira ceci : « il suffit pour des dictateurs de faire «ami-ami» avec des journalistes insouciants pour que ces derniers tombent dans l’apostasie. Au moyen d’espèces sonnantes et trébuchantes offertes, nos collègues sabotent un si noble métier ».
Le mammouth de cette collusion nauséabonde avec les dictatures, c’est incontestablement le journal Jeune Afrique. Pour preuves, Mohamed VI après Hassan II, son dictateur sanguinaire de père, a régulièrement eu droit aux caresses de J.A et à un soutien indéfectible sur le conflit de décolonisation du Sahara Occidental. Il y a de quoi sourire en lisant les articles de l’hebdomadaire indépendant (?) sur des dictateurs africains. L’exemple de l’article intitulé Côte d’Ivoire : le système Ouattara et paru dans le J.A du 18 janvier 2012 nous laisse pantois. Le journal, volontiers amnésique, provocateur à souhait contre le peuple libre de Côte d’ivoire affirme que « désormais, on n’y croise (à la présidence) que le personnel strictement habilité, et la salle d’attente n’est autorisée qu’à ceux qui ont un rendez-vous dûment consigné dans les registres des huissiers.» Quel panégyrique ! Les griots du mandingue n’ont jamais mieux fait.
La chaîne de télévision Africa 24, n’est-elle pas le pendant africain de la chaîne France (africaine) 24 ? Jamais les journalistes de cette chaîne ne se sont risqués à faire des reportages sur les dérives tribales, les tueries atroces d’avant (période de la rébellion), connues de tous et dont l’auteur est au pouvoir à Abidjan. Etant donné qu’ils sont aux ordres des monstres néocolonialistes et de leur égrégore de Ouattara. Aujourd’hui, et c’est une vérité aussi nette qu’un cafard sur un carrelage blanc, la quasi-totalité des médias africains, à la solde des oppresseurs sont naturellement devenus les hagiographes de nos « amis » les dictateurs. Que devons-nous espérer de ces médias transgéniques qui n’ont pour fond de commerce que le dithyrambe des monarques africains ? Assurément rien. L’entente entre le fameux Béchir Ben Yahmed et Foccart s’est tellement bien passée que ce dernier a fait de Jeune Afrique le légataire universel de ses œuvres. Pour services rendus. Kephrem
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