Par Abdelkrim Ghezali
La région du Maghreb n’a jamais fait partie des priorités et des préoccupations stratégiques des Etats-Unis, tout autant qu’une bonne partie de l’Afrique considérée par Washington comme faisant partie de la zone d’influence de la France et de la Grande-Bretagne. Cette vision, héritée du statu quo prévalant pendant la guerre froide, a été maintenue après la chute du Mur de Berlin. Au lendemain de l’arrêt du processus électoral de décembre 1991, Washington a réagi avec prudence certes, non sans prendre en compte la possibilité de l’arrivée des islamistes au pouvoir.
La région du Maghreb n’a jamais fait partie des priorités et des préoccupations stratégiques des Etats-Unis, tout autant qu’une bonne partie de l’Afrique considérée par Washington comme faisant partie de la zone d’influence de la France et de la Grande-Bretagne. Cette vision, héritée du statu quo prévalant pendant la guerre froide, a été maintenue après la chute du Mur de Berlin. Au lendemain de l’arrêt du processus électoral de décembre 1991, Washington a réagi avec prudence certes, non sans prendre en compte la possibilité de l’arrivée des islamistes au pouvoir.
William B. Quandt, spécialiste du Maghreb et de l’Algérie depuis la guerre de Libération, a toujours inspiré l’administration américaine pour définir sa politique à l’égard de la région de l’Afrique du Nord et de l’Algérie. Pour ce professeur, le FIS était aux portes du pouvoir en Algérie, et les Etats-Unis devaient se préparer à cette alternative inéluctable. Washington voyait l’Algérie à travers le prisme de William B. Quandt et, à ce titre, s’est positionnée en fonction de ses intérêts dans la région et a participé à l’isolement diplomatique de l’Algérie et a soutenu les exilés du FIS. Pragmatique, Washington a néanmoins continué à suivre l’évolution de la situation en Algérie sur le terrain militaire pour rectifier ses positions en fonction des évolutions enregistrées.
A partir de 1997, date de l’accord de trêve avec l’AIS, les Etats-Unis se sont rendu compte que l’Etat algérien était fort et pouvait en finir avec les islamistes armés d’autant plus que les gisements de pétrole dans la Sahara étaient très protégés et leur exploitation n’a pas été perturbée. Le changement radical des Etats-Unis est intervenu après le 11 Septembre 2001. L’Algérie est devenue soudainement l’alliée stratégique des Etats-Unis dans la lutte antiterroriste. C’est à partir de là que des échanges de visites officielles entre les deux pays ont commencé pour que les Etats-Unis commencent à réfléchir à la levée de l’embargo sur la vente d’armes à l’Algérie. Il faut aussi rappeler que l’élection de Bouteflika en 1999 a été très suivie par Washington qui voyait d’un bon œil les changements politiques qui s’opéraient en Algérie, notamment l’amorce d’un processus de réconciliation à travers la loi sur la concorde civile comme premier jalon de ce long processus. C’est Madeleine Albright, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, qui inaugura ce nouveau cycle dans les relations bilatérales lorsqu’elle a assisté, à Alger, à l’ouverture du dernier sommet de l’OUA en 1999 et qui allait jeter les bases de l’Union africaine.
Les attentats de 11 Septembre 2001 ont complètement changé la vision américaine de l’Algérie qui sera à partir de cette date le partenaire des Etats-Unis dans la lutte antiterroriste avant de devenir un partenaire économique et politique incontournable. Pour Washington, la stabilité du Maghreb dépend de la stabilité de l’Algérie, et à ce titre, les changements politiques qui s’opèrent en Algérie de façon pacifique ont été bien accueillis par les Etats-Unis qui s’inquiètent de l’évolution de la situation en Libye, en Egypte et en Syrie. Pour Washington, l’Algérie est un Etat pivot dans en Afrique du Nord, en Afrique et dans le monde arabe.
La Tribune d’Algérie, 26/2/2012
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