En principe, les gens devraient se réunir dans les rues du Sénégal et ses places publiques pour entendre les discours de campagne en vue des élections présidentielles qui sont prévues pour le 26 Février. Toutefois, ces jours-ci, ils ne sont pas à l’écoute des candidats parce que les manifestants sont occupés à démontrer leur mécontentement face à une décision de la cour constitutionnelle qui a décrété que Me Abdoulaye Wade, le président sortant qui a déjà régné pendant 12 ans, pourrait se présenter à la prochaine élection en dépit d’être âgé de 86 ans. Soit dit en passant, l’espérance de vie au Sénégal est de seulement 59 ans. L’aspect le plus problématique de la candidature de Wade est qu’il termine son second qui aurait du être son dernier mandat. Mais la cour constitutionnelle a statué que la limite de deux mandats qui est mandatée par cette constitution ne s’appliquait pas à Wade, parce que cette disposition a été introduite alors que Wade était déjà en fonction. L’ironie est que la règle de la limitation des mandats a été inscrite dans la constitution par Wade lui-même. C’est à cause de cette logique tordue qu’une colère publique s’est emparée de la rue sénégalaise et est en ce moment aux prises avec la police anti-émeute.
L’entêtement d’Abdoulaye Wade, qui est déterminé de continuer à gouverner malgré le fait que les populations veulent qu’il s’en aille, pourraient très bien inaugurer le premier exemple d’un « printemps » d’Afrique sub-saharienne. Il semble que ces dirigeants pensent que leur pays ne pourrait pas continuer à exister s’ils n’étaient pas au pouvoir. La partie intéressante est que Wade a également d’essayé de positionner son fils en successeur comme on l’a vu au Togo et au Gabon, d’autres pays francophones. Mais les populations africaines sont de plus en plus matures, même celles des pays francophones, comme cela est clairement évidente au Sénégal en ce moment. Il y a donc une possibilité réelle qui voudrait que si le peuple sénégalais pouvait arrêter le fou projet monarchique de Wade, d’autres dirigeants, comme les despotes d’autres pays africains pourraient être confrontés à leur propre «printemps africain». La leçon d’un tel développement serait qu’à la fin, ceux qui refusent d’accepter la volonté et les désirs populaires, ceux qui voudraient continuer à maltraiter et ne pas tenir compte de leur propre population pour le bénéfice de leurs petits clans, seraient confrontés aux mêmes types de soulèvements rapides dont ont été témoins certains pays du monde arabe.
Des gens comme les Bongo ou les Wade, qui sans vergogne manipulent les cours constitutionnelles et judiciaires afin d’usurper ou étendre leurs pouvoirs, sont si arrogants qu’ils n’ont jamais imaginés que les populations auraient un jour le dernier monde. A titre d’exemple, la cour de Wade a également décidé que Youssou N’Dour, le musicien le plus célèbre du Sénégal, ne pouvait pas se présenter à l’élection parce que cette cour ne pouvait pas identifier l’ensemble des signatures de ses partisans sur sa pétition. C’est absolument ridicule quand tout le monde sait que, en particulier les gabonais, Ali Bongo a été autorisé à devenir président du Gabon en dépit d’un CV clairement frauduleux, un acte de naissance frauduleux, une biographie frauduleuse et enfin une élection frauduleuse.
Contrairement au Gabon, le Sénégal est reconnu comme une démocratie solide, mais Wade est certainement en train de mettre ce statut en grand danger. Au Gabon, il y a un mouvement appelé «Ça Suffit Comme Ça » qui travaille pour un changement dans le pays, au Sénégal, le mouvement contre Wade est appelé « Y’en a marre ». Lentement mais sûrement, les populations africaines sont de plus en plus prêtes à confronter ces régimes arrogants, condescendants et paternalistes qui les asservissent. Si le peuple sénégalais montrait la voie, serait-il suivi d’autres populations africaines?
Le Gabon Ennervant, 3/2/2012
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