Il y a une semaine de cela, Christopher Ross, l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, émettait à son tour, à la faveur d’une interview publiée sur le site onusien, le vœu de voir consacrés les droits de l’homme au Sahara occidental.
«Nous espérons que le peuple sahraoui jouisse de tous ses droits humains, y compris la liberté d’expression… », disait-il. Un vœu pieux resté jusqu’ici sans écho si l’on excepte le cas d’Aminatou Haider, lorsque le commandeur des croyants s’était vu obligé d’obéir aux instructions trois fois hurlées de Mme Clinton. Comme celles de Mme Clinton, les paroles de M. Ross concernent les libertés, mais lui n’est pas encore secrétaire d’Etat. Sinon, on n’aurait pas osé le jour de la publication de son interview brutaliser Mme Lala Hatra Aram — rien à voir avec Lala Salma ou avec une autre Lala du palais royal —, une femme sahraouie à proximité de son domicile à Laâyoune, la capitale du Sahara occidental que le Maroc occupe militairement depuis 1975. Lala Hatra Aram n’a pas été brutalisée parce qu’elle a commis un acte répréhensible. Elle n’a ni volé, ni racolé, comme cela a cours dans les villes du colonisateur. «Elle a été agressée pour avoir participé à des manifestations pacifiques appelant à permettre au peuple sahraoui de jouir de tous ses droits politiques et sociaux», affirme le Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme (CODESA). A-t-elle dit autre chose que ce qu’a dit M. Ross ? Réclame-t-elle des énormités, des choses différentes de ce qui est annoncé régulièrement dans les résolutions onusiennes sur le Sahara occidental ? Pourquoi alors tabasse-t-on une femme et pas M. Ross ? Maintenant qu’on est au Conseil de sécurité, pourquoi ne tape-t-on pas sur les gens qui parlent le langage de Lala Aram ? Au Sahara occidental, il y a une intifada qui se déroule depuis mai 2005 pour réclamer des droits nationaux imprescriptibles. Une intifada sous embargo, contrairement aux palestiniennes, largement couvertes, les alliés sionistes du roi ayant une perception plus démocratique… de la répression. Il aura fallu le démantèlement de Gdeim Izik, le jour même où devaient se tenir des pourparlers informels moroco-sahraouis pour que le monde se rende un peu compte de la réalité du makhzen en terre sahraouie.
M. Z.
Le Jeune Indépendant, 30/1/2012
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