par Salem Ferdi
Le tour cycliste du Maroc ne passera pas par Maghnia. Ce n’est pas vraiment une surprise et cela ne va pas créer une tension lors de la visite, à partir d’aujourd’hui, du ministre marocain des Affaires étrangères. Rachida Dati est enthousiaste, la presse marocaine attend de voir En raison du caractère spécial et compliqué des relations bilatérales, la visite d’un ministre marocain des Affaires étrangères à Alger est toujours un évènement. Celle qu’effectue le nouveau chef de la diplomatie marocaine, Saâd-Eddine El-Othmani, l’est encore davantage en raison d’un contexte politique où les dirigeants des différents pays de la région insistent sur l’impératif d’une relance de la construction maghrébine. Même Mme Rachida Dati, ex-ministre de la Justice française et eurodéputée issue d’une famille maroco-algérienne, a apporté sa contribution en affirmant que le déplacement de M. Saâd-Eddine El-Othmani en Algérie était «historique» et va contribuer à un «nouvel ordre maghrébin». Pour elle, «l’Algérie et le Maroc unis, c’est un Maghreb fort et dynamique». Pour elle, ce type de rencontre est une «nécessité, pour ne pas dire une urgence, afin d’apaiser, de donner un exemple et un espoir dans un contexte de mutations des pays arabes». Même si à Alger, on a également émis des signaux d’une volonté d’aller de l’avant, la part «marocaine» de Mme Dati l’emporte très largement sur sa partie algérienne. Et on peut ajouter, sans intention de froisser, que sa part française va dans le même sens que sa partie marocaine. Vue du Maroc, ou, pour être précis, à travers la presse marocaine, la visite d’El-Othmani est abondamment annoncée mais très peu commentée.
LES FRONTIERES OUVERTES SOUS LE GOUVERNEMENT BENKIRANE
Comme s’il s’agissait de ne préjuger de rien et d’attendre les signaux qui viendront d’Alger pour se risquer à des commentaires sur le fond. Ou alors, on le fait avec beaucoup de prudence. Le site marocain Yabiladi voit dans cette visite un «signal fort» d’une volonté des nouveaux dirigeants marocains de «normaliser» les relations avec l’Algérie. Il se demande si l’ouverture des frontières va se faire avec le gouvernement Benkirane ? Le gouvernement Benkirane va «réussir à faire bouger les lignes» sachant que le terrain a été défriché par la multiplication de rencontres ministérielles qui ont donné lieu à des accords dans les domaines de l’agriculture et l’énergie. Il relève aussi que Mohamed VI et Abdelaziz Bouteflika n’ont pas «cessé pour leur part de s’envoyer des signaux positifs». Il reste «l’inconnue de l’équation», la question du Sahara. «De quel génie El-Othmani pourra-t-il faire preuve pour obtenir des concessions de la part de ses voisins ?». Finalement, c’est dans la très officielle agence MAP que l’on découvre, en filigrane, des appréciations sur la visite. Un «geste positif donnant à penser qu’un nouveau climat commence à s’installer dans les relations entre le Maroc et l’Algérie ».
DES SUJETS QUI FACHENT
Le contexte régional, l’arrivée d’un nouveau gouvernement au Maroc, les déclarations de Medelci sur le fait que la fermeture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc «n’a jamais été une décision irréversible» et que «la réconciliation avec le Maroc sera consolidée avec le nouveau gouvernement marocain» sont cités. Map affirme que la « disponibilité au dialogue et la normalisation complète des relations sont indubitablement des constantes dans la politique étrangère du Royaume envers l’Algérie, partant de son souci de créer les conditions nécessaires pour la relance de l’Union du Maghreb arabe, rêve tant caressé depuis des lustres par les cinq peuples maghrébins, et que la fermeture des frontières entre les deux pays, par décision unilatérale algérienne en 1994, n’a fait que contrarier». Bien sûr, on oublie de donner l’ensemble du contexte L’essentiel est que l’on sait que le gouvernement marocain de Benkirane veut renforcer «la dynamique positive qu’ont connue dernièrement les relations maroco-algériennes en vue de favoriser la normalisation totale des relations avec l’Algérie, y compris l’ouverture des frontières terrestres ». On évite les sujets qui fâchent ? Pas à l’USFP Son organe «Libération» donne une grande importance à une proposition de résolution déposée par une sénatrice belge d’origine marocaine au sujet de la «question des Marocains expulsés d’Algérie en 1975». Il se fait apostropher par un internaute algérien qui rappelle les Algériens expropriés par le Makhzen en 1973 .
Le Quotidien d’Oran, 23/1/2012
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