Par Mekioussa Chekir
Le président tunisien, Moncef Merzouki, se rendra en Algérie et au Maroc à partir du 6 février, a indiqué, hier à l’AFP, le ministre marocain des Affaires étrangères, Saâd Eddine Othmani. Ces visites officielles, annoncées précédemment mais dont l’échéance est désormais précisée, permettront ainsi au nouveau chef de l’Etat tunisien d’entretenir et de consolider les relations de son pays avec ses deux plus proches voisins et d’envisager de nouvelles perspectives pour la coopération bilatérale avec chacun d’eux, voire également régionale. Il s’agira ainsi, pour Moncef Merzouki, de son second déplacement à l’étranger depuis son investiture à la tête de la présidence tunisienne, après sa visite à Tripoli, le 2 janvier dernier.
La présence du président algérien aux côtés d’autres chefs d’Etat arabes, à l’occasion de la célébration, le 14 janvier, de l’an I de la «révolution du Jasmin», se voulait précisément un jalon dans la construction de nouvelles relations entre l’Algérie et une Tunisie qui veut réécrire le cours de son histoire en rompant définitivement avec les symboles d’un passé aussi douloureux que funeste pour son peuple. En marquant sa présence à cet événement hautement symbolique, le président Bouteflika avait assuré, depuis Tunis, de la disponibilité de son pays à «coopérer» et à apporter son appui nécessaire.
Cette volonté affichée de l’Algérie à accompagner la Tunisie voisine dans ses mutations actuelles avait été grandement et largement saluée par les médias de ce pays, qui y voient «un soutien précieux». M. Bouteflika avait également affirmé, à cette occasion, son assurance quant à un avenir prometteur pour ce pays, dont la révolution avait vite eu l’effet de boule de neige dans le Monde arabe.Il semble que l’actuel locataire du palais de Carthage tenait à ce que son homologue algérien soit présent aux festivités commémoratives du 14 janvier, si l’on en juge par l’exercice de «correction» auquel il s’est adonné la veille, s’agissant de la polémique née de ses propos, tenus à Tripoli, sur l’islamisme. M. Merzouki a même tenu à faire «l’éloge» de la position officielle de l’Algérie durant la révolution tunisienne, laquelle position avait suscité de nombreuses critiques et reproches.
Dans un entretien accordé il y a deux jours à notre confrère El Khabar, il avait estimé «honorable» cette position, dans la mesure où Alger, a-t-il expliqué, n’avait pas tenté d’influer sur le cours des évènements. Dans le même support médiatique, le président de la Tunisie post-Ben Ali a commencé à définir la priorité de la coopération qu’il souhaite développer avec l’Algérie, en évoquant le dossier des zones frontalières qu’il convient, selon sa perception, d’optimiser pour le bien-être des deux peuples. Exprimant le vœu qu’un prochain sommet maghrébin se tienne dans la capitale tunisienne, M. Merzouki a tout autant souhaité que l’Algérie contribue positivement à la reconstruction de l’Union du Maghreb arabe (UMA), dont il regrettera qu’elle soit essentiellement empêchée par la problématique du Sahara occidental, source d’une guerre diplomatique et médiatique qui n’en finit pas entre l’Algérie et le Maroc. A ce propos, rappelons que le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, avait indiqué, début janvier, qu’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UMA était prévue avant la fin du mois prochain au Maroc. «L’UMA est une construction qui passe par une nouvelle organisation de nos rapports, une modification de certaines de nos institutions et la création de nouveaux mécanismes», avait-il, alors, précisé.
La Tribune d’Algérie, 17/1/2012
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