Il sème le doute sur le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie,
Le grave dérapage de Soltani
« Si la Turquie fait de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce, nous faisons donc la même chose en défendant la cause sahraouie », a-t-il comparé.
N’ayant pas digéré les propos de Ahmed Ouyahia sur la Turquie, Bouguerra Soltani riposte par une dérive. Le président du Mouvement de la société pour la paix qualifie la position affichée par le secrétaire général du Rassemblement national démocratique « d’accusation très dangereuse ». Ahmed Ouyahia a demandé avant-hier aux Turcs « de cesser de faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce ». Une altitude rejetée dans le fond et dans la forme par le chef de file du MSP. « La Turquie ne fait pas de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce », a rétorqué hier le président du MSP, lors d’une conférence de presse animée au siège de son parti à Alger. Voulant apporter des arguments convaincants à ses propos, M.Soltani fait un parallèle entre la position de la Turquie vis-à-vis de la colonisation de l’Algérie et la position algérienne à l’égard de la question sahraouie.
« Si la Turquie fait de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce, nous faisons la même chose, donc, en défendant la question sahraouie », a t-il comparé. Et de rappeler que des pays arabes, comme la Tunisie ou l’Egypte, avaient soutenu la cause algérienne, sans pour autant en faire un fonds de commerce. Pour ce qui est du vote de la Turquie contre la cause algérienne aux Nations unies, M.Soltani rappelle que même les Etats-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et d’autres pays se sont également opposés.
Pour le conférencier, il s’agit plutôt d’accusations qui pourraient avoir des conséquences néfastes dans l’avenir. Et de souhaiter que les propos tenus par Ouyahia ne reflètent pas la position officielle de l’Algérie sur cette question. « Nous souhaitons que M.Ouyahia s’exprimait en sa qualité de secrétaire général du RND et non pas en sa qualité de Premier ministre, car les choses pourraient être plus graves si telle était la position de l’Etat algérien sur cette question », a-t-il dit. Et d’avertir que la diplomatie ou la politique étrangère est du ressort exclusif du chef de l’Etat et que personne n’a le droit, conformément à la Constitution, de se prononcer sur les questions internationales, a-t-il rappelé. Par la même occasion, M.Soltani est revenu sur le retrait de sa formation de l’Alliance présidentielle. D’emblée, il considère que cette coalition est gelée sur le terrain et qu’elle n’existe que sur papier. Il n’a pas omis d’accuser ses ex-partenaires de ne pas avoir respecté les engagements contractés.
M.Soltani s’est interrogé sur l’absence de l’alternance à la tête du gouvernement. « Il a été prévu que les trois partis de l’Alliance s’alternent au poste du Premier ministre, mais cette réalité n’a pas été respectée vu que seuls le FLN et le RND ont dirigé le gouvernement », a-t-il déploré. M.Soltani le reproche-t-il au chef de l’Etat ? Le premier ministre est nommé par le Président de la République. « Non, je ne fais pas de reproche au chef de l’Etat », a-t-il rectifié. A demi-mot, il reconnaît que l’Alliance présidentielle avait fermé le jeu politique, notamment au Parlement.
Le patron du MSP affirme que son parti avait rendu beaucoup de services, sur le plan politique, au FLN et au RND, sans en profiter pour autant. Corroborant ses dires, il rappelle que l’enjeu politique en 2004 a été libéré grâce au MSP. Comment ? « Nous avons libéré le jeu en 2004, lorsque nous avons décidé de quitter les ´´10 + 1´´ et s’aligner avec le front de soutien autour de la candidature de Abdelaziz Bouteflika », a-t-il estimé. Quant au maintien des ministres MSP au gouvernement, M.Soltani explique que son parti a préféré ne pas sortir du gouvernement pour ne pas créer « une crise politique » d’une part et assurer « la stabilité nationale » d’autre part. Autre explication : « Les ministres n’ont pas été nommés à partir de leur appartenance politique », a t-il encore souligné. Le successeur de feu Mahfoud Nahnah a réitéré son appel à l’installation d’un gouvernement technocrate pour gérer les prochaines élections. « Pour rassurer les Algériens de la neutralité de l’administration et la transparence des élections, le prochain scrutin doit être géré par un gouvernement qui n’a pas de tendance partisane », a-t-il souhaité. Sollicité sur la constitution d’une éventuelle alliance des partis islamistes, il affirme que son parti « est ouvert à toutes les discussions en vue de créer des alliances avec tous les courants politiques aussi bien avant, pendant, qu’après les élections législatives ». Au sujet de l’élection présidentielle de 2014, M.Soltani qualifie de très légitimes les ambitions de chaque parti d’arriver au pouvoir. Pour ce qui est de sa candidature à cette échéance, il estime que celle-ci est du ressort des institutions du parti.
L’Expression, 9/1/2012
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