Au-delà des aspects politiques, diplomatiques et conventionnels, la visite du ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, a surtout permis de clarifier les options sécuritaires du président Nicolas Sarkozy. Alors qu’il envoyait son ministre de l’Intérieur à Alger, pour tenter de récupérer les otages français détenus par Aqmi dans la vaste bande du Saheldont quatre depuis plus d’une année-, Sarkozy pressait l’Union européenne d’établir une base militaire dans la région saharo-sahélienne. En fait, et tous les analystes français ont relevé cette fixation, Sarkozy compte récupérer les otages encore entre les mains d’Aqmi. Or, personne ne sait aujourd’hui, où ils sont détenus. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont pas tous ensemble. Certains sont entre les mains du duo Abou Zeid et Abdelhaq, les deux chefs d’Aqmi au Niger et au Mali, alors que certains autres semblent être entre les mains de Mokhtar Belmokhtar, figure emblématique d’Aqmi dans toute la région sahélienne.
Si rien n’a filtré au sujet de la teneur des discussions sécuritaires, le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, flanqué du patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini, le premier flic de France et des spécialistes d’Aqmi, a donné une image nette de ce qu’il voulait d’Alger. Si Guéant a rencontré le Premier ministre algérien, il n’a pu s’entretenir, comme il l’espérait, avec le président Bouteflika. Alors, il a fait part quand même des soucis de Nicolas sarkozy : les otages français au Sahel. Sarkozy cherche en réalité à faire pression sur Alger et récupérer, vite, ses ressortissants, aujourd’hui six, et faire une entrée triomphale dans la campagne électorale contre François Hollande campagne dans laquelle il cherche surtout à apparaître comme le «président qui n’oublie jamais les Français ». Sa réussite au Yémen, il y a deux semaines, avec la récupération de trois français enlevés par des milices tribales, il veut la rééditer au Sahel. Mais, là, ses craintes sont à la hauteur de ses échecs répétitifs contre Aqmi lors de ses raids au Mali et en Mauritanie.
En désespoir de cause, Sarkozy se tourne vers Alger. Mais pas en quémandant de l’aide. En faisant plutôt pression. Sa pression actuelle est de faire croire que la France peut à tout instant établir une base militaire aux portes sud de l’Algérie, sachant qu’Alger reste inflexible sur ce pointlà. Alger de son côté, le lui rend bien, en restant insensible à ses appels du pied. Si Sarkozy cherche à récupérer ses ressortissants, il doit au moins faire preuve d’humilité et de sagesse, comme le fait Madrid au sujet de ses deux ressortissants enlevés pourtant à l’intérieur de l’Algérie. Pour cela, il existe des canaux de communication militaire et sécuritaire, une coopération, qui peut mieux tourner, et une action concertée avec les pays du champ, qui peut être efficace, pour peu que Paris cesse de faire intervenir ses agents spéciaux à tort et à travers, mettant la vie même de ses ressortissants en danger.
F.O.
Le Courrier d’Algérie, 7/12/2011
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