Les comités révolutionnaires ont fait des libyens un peuple « au dessus des lois »

Le chaos qui règne en Libye, engendré par la difficulté de répondre aux exigences de chaque tribu, communauté ou groupe d’intérêt, a mis les nouveaux dirigeants libyens devant la réalité de la situation, dans laquelle une mentalité s’est enraciné depuis 40 ans dans le comportement des libyens qui sont arrogants et très imbus d’eux-mêmes.
Le défunt colonel octroyait des salaires et des logements à tous- même si la majorité préférait rester dans des tentes- et leur tenait à longueur de temps un discours surréaliste. Parfois il s’en prenait aux dirigeants arabes, d’autres fois aux dirigeants occidentaux. Il déversait ensuite sa colère sur ses voisins comme les deux présidents défunts Djaafar El Noumeiri et Anouar Sadate. Le peuple libyen scandait alors son nom et entonnait l’hymne de « la grande Djamahirya » qui pourrait gouverner le monde et être une alternative aux blocs en place à cette époque, le communisme et le capitalisme. La mascarade a ainsi continué jusqu’à la frappe aérienne américaine qui a ciblé sa maison de Bab El Azizya, puis l’affaire Lockerbie qui a isolé la Libye du monde. Kadhafi s’est alors dirigé vers le sud, vers les vastes espaces africains. 
La dernière fois que je me suis rendu en Libye c’était en 1997, lorsqu’une délégation parlementaire algérienne avait participé à une conférence de l’union du Maghreb, et j’ai trouvé un pays vivant hors du temps. Les comités révolutionnaires dominaient la société libyenne et avaient une autorité absolue sur elle. En résumé le leader donnait des discours et orientait le peuple et les comités géraient, de manière traditionnelle comme disait le colonel. Le colonel chargeait les tribus de préserver la sécurité. Créer un parti était alors un blasphème, l’alcool était interdit, l’Islam surveillé, les jeunes humiliés. Ce chaos maitrisé mis en place par Kadhafi, et son caractère étrange, a conduit à son assassinat de cette horrible manière. Il pensait jusqu’à son dernier souffle que le peuple l’aimait et que le complot avait été fomenté par des mains étrangères.
El khabar, 6/12/2011

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