Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, se rend, demain, en visite de travail à Paris, qui, selon lui, s’inscrit dans le cadre du «dialogue permanent» que l’Algérie entretiendrait avec Paris. De fait, la visite dans la capitale française du chef de la diplomatie algérienne répond à celle que son homologue français, Alain Juppé, a effectuée à Alger, en juin dernier. Elle sera consacrée en premier lieu à l’examen des relations bilatérales dans «leur globalité» et à des questions de l’actualité régionale et internationale. Si au plan international les divergences sont profondes entre les deux pays et notamment pour ce qui est de l’évolution de la situation au Proche-Orient, Paris continuant à jouer les va-t-en-guerre et s’aligne de plus en plus sur Israël, même si elle a voté l’admission de la Palestine l’Unesco pour faire bonne mesure. Sans parler de la question du Sahara occidental, où Paris soutient ouvertement le Maroc et sa prétendue solution d’autonomie interne au détriment de l’application des résolutions des Nations unies sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. L’Algérie qui est inflexible sur ce principe normalise cahin-caha ses relations avec le Maroc.
Ainsi, Mourad Medelci dans des déclarations à un journal électronique affirme qu’avec le «Maroc, nous avons entrepris, depuis quelques mois, un travail de dynamisation de nos relations bilatérales à travers l’échange de visites ministérielles au niveau de secteurs aussi stratégiques que les ressources en eau, l’énergie, l’agriculture, etc. Cette dynamique constructive nous permettra de rehausser le niveau de notre coopération pour la mettre à la hauteur des aspirations de nos deux peuples qui sont unis par l’histoire et interpellés par les défis de l’avenir.» . «Lors de mon dernier entretien avec mon homologue marocain, Taieb Fassi Fihri, nous nous sommes félicités des résultats positifs de cette dynamique et nous avons convenu de renforcer la fréquence de ces visites et de les élargir à d’autres secteurs prioritaires tout comme nous avons, également, convenu de consolider le dialogue politique à travers la tenue de consultations régulières pour une meilleure coordination sur les questions d’intérêt commun, en particulier la réactivation des structures et la relance des activités de l’UMA», a-t-il ajouté, allant jusqu’à déclarer : «Nous avons signalé à cette occasion, que cette volonté partagée d’oeuvrer au renforcement des relations bilatérales aura plus de chances de porter ses fruits si l’image de chacun des deux pays et les sentiments de fraternité qu’éprouvent, l’un pour l’autre, les deux peuples étaient mieux relayés et mieux restitués par la presse. La question de la réouverture de la frontière sera, en quelque sorte, le point d’orgue de ce travail déterminé que nous avons engagé ensemble.»
Ainsi, et selon le chef de la diplomatie algérienne tout baigne dans l’huile entre les deux pays et aucune allusion à la question fondamentale du Sahara occidental, alors que l’Algérie s’apprête à fêter avec faste le cinquantième anniversaire de son indépendance consacré précisément par le droit à l’autodétermination, pour lequel elle a mené une lutte de libération exemplaire. Pour revenir à la visite à Paris du ministre algérien des AE, les perspectives des relations bilatérales qui ont connu, d’après lui, une « embellie et un réchauffement incontestables; même si un certain nombre de questions sensibles restent en latence», un certain nombre de sujets d’actualité internationale seront passés en revue et notamment au niveau du Maghreb avec la déferlante en Tunisie et au Maroc et au niveau du Sahel où le terrorisme d’Aqmi et de groupes mafieux redoublent de férocité.
L’un des moments forts de la visite de Mourad Medelci sera son audition devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le MAE qui se plaît souvent à répéter qu’il n’est pas «un professionnel de la diplomatie» privilégie donc le «dialogue politique avec les parlementaires (…) un vecteur important de la diplomatie» et il lui importe de «faire connaître, directement aux représentants de la souveraineté populaire, nos analyses et nos positions sur différents thèmes liés, à la fois, aux priorités de la politique étrangère de notre pays et à la situation en Algérie, où la consolidation du processus démocratique est en oeuvre à la faveur des reformes politiques profondes engagées par notre pays, depuis le mois d’avril dernier.» Mourad Medelci, dont ce n’est pas la première audition au Palais Bourbon puisqu’il a déjà été invité par la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, en novembre 2007, va, selon ses dires, à TSA «porter la voix de l’Algérie auprès des représentants du peuple français».
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 6/12/2011
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