De nouvelles révélations sont venues jeter un peu de lumière sur les activités d’Aqmi au Sahel, surtout celles liées au rapt d’étrangers, au recrutement, à la hiérarchie terroriste et à l’apport de la jeunesse mauritanienne pour Aqmi. Selon des aveux faits à Nouakchott par des salafistes, ce sont les sous-groupes mauritaniens qui offrent la « main-d’oeuvre » active d’Aqmi au Sahel, dans sa région ouest, et c’est ces sous-groupes qui sont les plus actifs dans la zone ouest du Sahel, surtout dans les opérations touchant des ressortissants étrangers dans la région. Est-ce, alors, une équipe de cette légion qui a opéré le rapt sur les trois humanitaires du camp de Hassi Rabouni ? Peut-être. D’autant plus que les premiers éléments de l’enquête menée par le Front Polisario et l’Algérie précisent qu’un des preneurs d’otages introduits dans le camp parlait wolof, un dialecte très usité en Mauritanie et au Burkina- Faso.
Cela corrobore le communiqué diffusé récemment par la branche mauritanienne d’Aqmi, et qui était certainement destiné à une utilisation interne, au vu des précisions qui y sont étalées. Cette branche locale, qui agit de manière autonome, affirme opérer directement sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar, et pourvoir en hommes toutes les zones couvertes par les activités d’Aqmi de la Mauritanie à la Libye et à la Tunisie, en passant par le Niger et le Mali. Cette branche, «Ansar Allah Al- Mourabitoune fi bilad Chenguitt», fait allégeance à MBM et travaille directement sous ses ordres. Elle précise que MBM reste à ce jour l’émir incontesté de la «Katibat des Moulathamine». En outre, le communiqué énumère un à un les noms de djihadistes de cette branche, «morts au combat», dont au moins dix ont été abattus dans des opérations militaires en Algérie, ou dans des attentats kamikazes, comme celle de Bouira, qui avait ciblé une caserne militaire, il y a deux années. «Ansar Allah» revient sur l’attaque lancée par Aqmi contre la caserne militaire de Baskinou, près de Naâma, ou se trouvait aussi une unité militaire française. Selon cette organisation, dont les éléments sont surtout issus de la jeunesse urbaine déshérité de Nouakchott, c’est «Idriss Ibn Mohamed al-Amine», dit «Abou Ishaq ach-Chenguiti», qui avait lancé l’attaque en se faisant éclater sa ceinture explosive à l’entrée de Baskinou. Le groupe donne aussi des informations sur la première attaque d’Aqmiens Mauritanins, celle qui avait ciblé en 2005, la caserne militaire de Lemgheity, au sud de Zouérate. Selon « Ansar Allah fi bilad Chenguitt », l’opération a été planifiée sous les ordres de MBM, qui l’a lui-même dirigée au plan opérationnelle. Le premier Mauritanien à être tué sous l’étendard du Gspc, alors, était le jeune «Ahmed Bamb Ould Bab», plus connu sous le nom de «Abou Mohamed al-Jakani». Un personnage qui mérite une attention particulière, est celui décrit comme s’appelant «Ahmadou Ould Mqam», et activant sous le nom djihadiste de «Abou Khoutayma». Ce chef de guerre est parti de Nouakchott s’enrôler chez le Gspc -avant la création d’Aqmi-. Il a fait la guerre en Irak sous le commandement de «Abou Mossaâb Az- Zarkaoui », puis il a rejoint les maquis du Mali, les fiefs du Gspc en Kabylie, avant de se lancer dans l’attaque contre les ambassades américaine et britannique, en Tunisie, où il trouva la mort, en décembre 2006. Selon les déclarations des chefs de ce groupe, ce sont leurs éléments qui ont lancé l’attaque contre l’ambassade d’Israël, en février 2008, avant que le groupe ne connaisse une véritable saignée après les coups de filets opérés par les services de sécurité mauritaniens contre ses membres.
Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 1/12/2011
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