L’UPM, un an après


L’UPM vient de souffler sa première bougie, le premier anniversaire d’un bébé mort-né. Une initiative propulsée par le Chef d’Etat français, Nicolas Sarkozy, pour apparaître au grand jour comme un novateur, un fabricant de civilisation nouvelle, un visionnaire, un homme dont se souviendrait l’humanité.

Une dépêche de l’AFP signale que le conseiller spécial du président Sarkozy, M. Henri Guaino a déclaré lundi que « le président de la République va relancer puissamment cette Union pour la Méditerranée. On n’a pas fait l’Europe en un jour, c’est difficile, c’est une entreprise difficile on le savait dès le départ », a-t-il souligné sur RTL. « On savait qu’au Moyen-Orient, il y avait des drames, des tragédies, des guerres, des conflits, le Sahara occidental, l’affaire de Chypre, évidement la question du Moyen-Orient ».

« C’est pour ça qu’il fallait faire l’Union, c’est pour cela que c’est un combat permanent », a souligné le conseiller spécial du président Sarkozy. « Malgré la crise de Gaza, toutes les épreuves, personne n’a voulu sortir de l’Union pour Méditerranée, aucun des membres ».

Henri Guaino a reconnu qu’avec l’intervention israélienne à Gaza en janvier, « il était assez difficile de mettre autour de la table des ministres palestiniens, des ministres arabes et un ministre israélien », donc « les choses étaient bloquées sur le plan politique ». « En revanche beaucoup de projets ont été mis en oeuvre, beaucoup de gens (…) ont continué de travailler, et nous avons réussi à remettre en route les réunions ».

« Les choses reprennent leur cours normal, on ne va pas avec l’Union pour la Méditerranée résoudre miraculeusement la tragédie du Moyen-Orient mais on va y contribuer », a-t-il assuré. « On va contribuer à établir en faisant travailler les peuples ensemble, plus de compréhension, plus de respect ».

« Cela fait un an que l’Union pour la Méditerranée a été portée sur les fonds baptismaux, elle a traversé des obstacles considérables : le plus beau bilan est que l’Union est encore vivante et que beaucoup de gens continuent à y croire », a conclu Henri Guaino.

« On ne va pas régler le problème israélo-palestinien, de Chypre ou du Sahara occidental uniquement en parlant de la dépollution de la Méditerranée. Mais ça peut contribuer à faire progresser la cause de la paix et du développement », était la réponse du M. Henri Guaino, conseiller spécial de l’Élysée aux bilans mitigés dressés des experts sur l’organisation créée en juillet 2008 dans le but de donner une nouvelle vie au dialogue euro-méditerranéen de Barcelone lancé en 1995. Elle vise à convertir l’espace méditerranéen en zone de paix par le biais de projets concrets, en particulier sur l’environnement ou le transport. Pas un mot sur l’aspect humain, l’encouragement d’initiatives pour créer un climat de paix, de fraternité et de solidarité dont ont besoin les peuples de la région. On a voulu parler argent et éviter les points essentiels pour la construction de toute entité régionale, ce qui a fait que les acquis soit inexistants sur les plans politiques,sécuritaire et économiques.

L’UPM ne pouvait pas marcher parce qu’elle était prématurée, mal montée, une enveloppe sans âme et la présence d’un Israël et d’un Maroc toujours aussi belliqueux dans la famille méditerranéenne n’est pas faite pour y faire régner l’harmonie. L’histoire de l’offensive israélienne sur Gaza en était la première preuve. Le dossier du Sahara Occidental empoisonne, depuis plus de 34 ans, les relations inter maghrébines et empêche toute réouverture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc et la concrétisation d’une Union du Maghreb Arabe, qui, à cause de cela, est restée une fiction.

A l’origine du pessimisme de Jean Robert Henry, directeur de recherches au CNRS, c’est, de prime abord, l’échec du processus de Barcelone. Le projet d’Union pour la Méditerranée n’étant que le prolongement du processus de 1995, il est clair que l’échec en sera le résultat. « Les pays de l’Union européenne ont omis de définir, dès le départ, le cadre de cette coopération qu’ils proposent à leur partenaires, notamment dans les dimensions humaine, culturelle et même sociale », ajoute-t-il. « C’est cela qui fait, en conséquence, que les initiatives et les projets lancés dans le cadre de ce partenariat n’arrivent pas à atteindre les objectifs escomptés ». Beaucoup ont tenté une évaluation du processus de Barcelone, inscrite entre le constat d’échec et une satisfaction mesurée, mais le consensus était présent pour dire que 13 ans après l’instauration du processus, les attentes sont les mêmes et peu de chose a changé.

Les sahraouis, eux, estiment que le processus de Barcelone aurait pu avoir un succès à la mesure de son ambition s’il avait été construit sur la paix au Maghreb et sur le succès d’une coopération au niveau de l’UMA. La résolution des deux conflits, du Sahara Occidental dans le Maghreb et israélo-palestinien au Machrek (Proche Orient, en arabe), fera que l’UPM sorte réellement de ses limbes pour jouer un rôle géopolitique stabilisateur entre les civilisations des deux rives du Mare Nostrum. Mais la position française de blocage au niveau du Conseil de Sécurité a empêché que ce conflit vieux de 34 ans voie une sortie juste et équitable. On dirait que le soutien français aux thèses annexionnistes marocaines sur le Sahara Occidental est gardé comme un moyen de pression pour amener le Président Bouteflika à réviser sa position sur, entre autres, le dossier de la repentance pour les crimes commis en Algérie pendant la guerre d’indépendance.

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