Le rapprochement entre les deux frères ennemis maghrébins était sur toutes les bouches. Ces derniers jours, des rumeurs persistantes annonçaient la réouverture prochaine des frontières algéro-marocaines. Il n’en sera rien. Pire, l’Algérie accuse le Maroc de vouloir l’impliquer dans le conflit libyen.
Elles sont fermées depuis dix-sept ans. Et le resteront encore un moment. Dimanche, lors d’une conférence de presse à Alger,le premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a annoncé que « l’ouverture des frontières terrestres avec le Maroc n’était pas à l’ordre du jour ». Celles-ci avaient été fermées en août 1994 à la suite d’un attentat islamiste à Marrakech, que Rabat avait imputé aux services secrets algériens.
Ahmed Ouyahia a toutefois précisé que l’ouverture des frontières « arriverait bien un jour ». Pour cela, il a indiqué qu’il fallait d’abord instaurer un climat de sérénité entre les deux pays. Officiellement, le Maroc et l’Algérie entretiennent de bonnes relations. Officieusement, elles ne sont pas si cordiales.
Sahara occidental, véritable méfiance entre Alger et Rabat, petites phrases d’Abdelaziz Bouteflika contre Mohamed VI : les points de frictions sont nombreux. A cette longue liste des contentieux algéro-marocains peut désormais être ajouté le conflit libyen.
Dimanche, le Premier ministre algérien a en effet accusé le Maroc d’avoir inspiré des informations selon lesquelles son pays soutiendrait militairement le colonel Kadhafi dans sa lutte contre les rebelles du Conseil National de Transition (CNT). « Ces derniers temps, on observe (…) des déclarations de l’Agence officielle marocaine et une agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis visant à impliquer l’Algérie dans l’envoi de mercenaires en Libye, dans l’envoi d’armes en Libye », a-t-il déclaré.
Selon le quotidien britannique The Independent, l’Algérie tenterait de fournir des armes, notamment des chars et des véhicules blindés, aux forces loyales à Mouammar Kadhafi. Pour Alger, toutes ces accusations sont mensongères. Lors de sa conférence de presse dimanche dernier, Ahmed Ouyahia a rappelé que l’Algérie a adhéré à la position de l’Union africaine, qui préconise un cessez-le-feu et des solutions politiques au conflit libyen.
Benjamin ROGER
Radio Africa N°1, 31/05/2011
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