Le choix du remplaçant d’Amr Moussa posait problème bien avant que n’interviennent les chamboulements qui sont en train de modifier la donne politique et les rapports de force entre les Etats membres de la Ligue suite aux révoltes populaires survenues dans plusieurs d’entre eux. Il était question alors pour certains Etats, dont l’Algérie, que cette échéance soit l’occasion d’en finir avec la règle non écrite – mais observée depuis la création de la Ligue en 1948, sauf pendant l’intermède de l’exclusion de l’Egypte pour cause de conclusion de paix séparée avec Israël -, que le secrétariat général de l’organisation revienne au candidat proposé par Le Caire.
L’urgence à laquelle est aujourd’hui confrontée la Ligue arabe n’est plus dans cette seule rupture avec son passé. Elle en a une autre autrement plus pressante, qui est celle dans sa mort annoncée par sa totale paralysie face aux évènements dont le monde arabe est la scène. Des évènements qui ont vu des Etats membres déserter son enceinte, incapables qu’ils sont de se positionner de façon consensuelle sur eux.
Ce n’est même plus à parler de réformer la Ligue qu’il est maintenant question, mais de savoir si elle va survivre à ces événements survenus dans le monde arabe. Les monarchies et émirats de la région semblent avoir tranché en la matière avec leur annonce de l’élargissement du Conseil de coopération du Golfe (CCG) aux royaumes de Jordanie et du Maroc. Une décision qui fait comprendre qu’en ces temps d’incertitude qui planent pour elles, les monarchies arabes ont opté pour défendre leur survie d’en finir avec la fausse solidarité interarabe dont la Ligue arabe est censée être le symbole. Monarchies et émirats ont choisi de prendre leurs distances avec des républiques déjà déstabilisées par le vent de révolte populaire et dont les orientations futures leur paraissent plus que dangereusement incertaines.
L’Arabie Saoudite aspire à remplacer le leadership que l’Egypte assumait au Moyen-Orient. Ce n’est pas en prenant la tête de la Ligue arabe moribonde qu’elle entend s’imposer pour ce rôle, mais en ralliant autour d’elle dans le Conseil de coopération du Golfe (CCG) tous les autres Etats monarchiques et émiratis appréhendant à juste titre que la déstabilisation de l’un d’entre eux aura un inévitable effet domino sur les autres.
Le Conseil de coopération du Golfe se mue en une véritable alliance cimentée par la volonté de sauvegarder la nature monarchiste de ses Etats membres. Peu importe en fonction de cet objectif pour les monarchies que la Ligue arabe soit aux abonnés absents et qui remplacera Amr Moussa. La sainte alliance qu’est le Conseil de coopération du Golfe se chargera pour elles de défendre avec des arguments autrement plus » convaincants » leurs intérêts auprès de l’Amérique et de l’Europe, s’il est dans l’intention de ces puissances de remodeler l’échiquier régional arabe.
par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran, 15/05/2011
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