Les protestations qui parcourent le monde arabe sont arrivées ce week-end au Maroc, mais l’ont fait avec modération. Des centaines de personnes se sont jetées à la rue la nuit du dimanche à Tanger et Fès pour exprimer leur solidarité les Egyptiens et les tunisiens, mais ils ont profité aussi pour protester contre la cherté de la vie. Les deux manifestations ont été dissoutes par les forces de l’ordre.
Convoqués par l’Association pour la Taxation des Transactions et de l’Aide au Citoyen (ATTAC), un groupe entre 100 et 150 personnes se sont concentrés dans la place centrale des Nations . : « Moubarak, Moubarak, l’Arabie Saoudite t’attend! », c’était l’un des slogans les plus répétés par les manifestants. Le roi Abdala d’Arabie Saoudite a accueilli, le 14 janvier, le président déchu de Tunisie, Zine El Abidine Ben Ali, et si le chef d’État égyptien se voit obligé à quiter le pays il est probable qu’il finisse dans le même endroit.
À la même heure des centaines d’étudiants se sont jetées à la rue à Fès dont l’université est l’une des plus combatives du Maroc. Ils protestaient, entre beaucoup d’autres choses, pour le l’augmentation des salaires que le Gouvernement marocain a octroyé aux policiers.
Cette après-midi une troisième manifestation a été convoquée de plus devant l’ambassade de l’Égypte à Rabat. Avant que le président tunisien Ben Ali ne tombe, le Ministère de l’Intérieur marocain a interdit les concentrations de solidarité avec le peuple tunisien.
Un Mouvement Liberté pour la Démocratie inconnu a convoqué, finalement, dans le réseau social de Facebook des manifestations dans les principales villes marocaines pour le 20 février.
Dans une interview accordée à El Pais, le prince Moulay Hicham, le cousin germain du roi de Mohamed VI, affirme que « le Maroc ne sera probablement pas une exception ». « Presque tous systèmes autoritaires seront affectés par la grande vague de protestations », ajoute-t-il.
La ministre espagnol des Affaires Etrangères, Trinidad Jiménez, a exposé hier à Bruxelles la thèse opposée. « Je crois sincèrement que la situation en Tunisie et en Égypte est clairement différente de la situation au Maroc », assura-t-elle. « (…) il ne faut pas oublier que le Maroc est un pays qui a déjà entamé, il y a quelques années, un processus d’ouverture démocratique ».
« La dynamique de la libéralisation politique initiée à la fin des années 1980 [durant le règne de Hassan II] est presque épuisée », soutenait, par contre, Moulay Hicham dans l’interview.
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