Dans une conférence de presse pour la présentation du rapport de la Commission d’enquête de l’Association Marocaine des Droits Humains sur les événements d’El Aaiun, le 8 novembre 2010, L’AMDH a appelé à l’ouverture d’une instruction judiciaire concernant ce qui a eu lieu dans l’hôpital militaire d’El Aaiun, le jour des évènements. En effet, la commission a reçu des témoignages qu’ »elle n’a pas pu vérifier, au sujet du nombre et de l’ampleur de la violence et de la torture exercées pendant les évènements ainsi que leurs conséquences ».
Elle a également souligné la nécessité de procéder à une enquête intègre et neutre au sujet du changement inopiné de la position des autorités, et sa décision de démanteler le camp par la force, alors que les données indiquent que tout le monde s’attendait à la mise en œuvre des résultats du dialogue.
L’Association marocaine a appelé à mettre un terme aux pratiques des autorités, visant à semer la discorde entre les habitants, inciter à l’hostilité et encourager le tribalisme, l’agressivité et la violence dans la région. Pratiques pouvant avoir des conséquences très graves pour la sécurité de la région et l’intégrité de ses habitants.
L’AMDH a en outre réclamé le respect des libertés publiques, qui englobent la liberté d’organisation, de rassemblement, d’expression, de presse, de manifestation pacifique, y compris la liberté d’opinion et d’expression pacifique des différentes positions, présentes dans la région, au sujet du conflit du Sahara occidental.
Elle a demandé à permettre aux médias nationaux et internationaux et à tous les observateurs le droit d’accès à l’information et à toutes les données de recherche et d’investigation relatives aux évènements de la région, leurs causes et conséquences, pour participer à informer et à éclairer l’opinion publique nationale et internationale et de révéler la vérité, dans le respect total de la déontologie de la profession de journalisme.
L’Association a appelé à offrir les conditions d’un procès équitable à tous les détenus, y compris ceux qui ont été déférés au tribunal militaire; en sachant que le fait de déférer des civils au tribunal militaire constitue, en soi, une violation des normes du procès équitable.
Elle demamndé à réparer les préjudices individuels et collectifs engendrés par les événements, en commençant par « réparer les préjudices des ayants droit des familles des victimes, indemniser les habitants de la région pour toutes les pertes qu’ils ont subi au cours des évènements du démantèlement du camp de Gdeim Izik ou de la ville occupée d’El Aaiun ».
« L’État doit mettre à exécution ses engagements, relatifs au dossier des graves violations du passé, révéler toute la vérité au sujet des dossiers des disparus sahraouis, communiquer avec les victimes et leurs familles et libérer tous les prisonniers politiques sahraouis, y compris les trois qui restent du groupe d’Ali Salem Tamek », arrêtés depuis octobre 2009 pour avoir visité leurs proches dans les camps de réfugiés sahraouis et les territoires libérés de la RASD.
L’État marocain doit respecter ses engagements relatifs à l’application de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, qu’il a ratifiée depuis 1993, la ratification du Protocole facultatif se rapportant à cette convention pour doter la société d’un mécanisme national de prévention de la torture, ainsi que la ratification de la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.
L’AMDH a réitéré sa revendication, aux côtés de nombreuses organisations internationales de défense des droits humains, relative à la mise en place d’un mécanisme international de contrôle des droits humains dans la région.
L’AMDH a souligné la nécessité d’une solution démocratique au conflit du sahara occidental. Une solution susceptible, a-t-elle estimé, « d’éviter davantage de violations des droits dans la région, permettant la réalisation de l’unité des peuples maghrébins, l’édification de la démocratie et le décollage du développement économique et sociale de la région ».
En effet, les protestations sociales et les violations des droits humains qui les accompagnent, dans de nombreux cas, et la persistance des situations de tension et d’affrontement entre les citoyens et le pouvoir marocain sont alimentés par les conditions engendrés par le conflit autour du Sahara occidental qui continu, et qui n’a que trop duré, a conclut l’association marocaine. (SPS)
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