par Abdelkrim Zerzouri
Quels liens peuvent connecter ces crimes odieux commis contre trois femmes, dont les corps brûlés ont été découverts, ces derniers jours, celui d’une adolescente à Thenia (dimanche 4 octobre), puis une jeune femme de 32 ans dans une forêt à El Eulma et celui d’une troisième victime âgée de 20 ans le samedi 10 octobre à Tamanrasset ? Ce n’est pas l’œuvre d’un tueur en série, qui commet généralement ses crimes dans un périmètre réduit, une même ville, mais il s’agit bel et bien d’une barbarie en série qui devrait avoir ses explications et trouver son châtiment.
Au-delà de l’exécution de la peine de mort qu’on revendique contre les monstres violeurs et assassins de femmes et d’enfants, des droits de la femme et du respect qu’on lui doit en tant que mère, sœur et épouse, de l’indispensable renforcement de l’organisation de la société civile en matière de prise en charge des femmes en détresse ou en danger, l’actualité macabre qui domine les évènement ces derniers jours, en l’occurrence les trois femmes assassinées et brûlées en moins d’une semaine, met plein les yeux sur les similitudes intrigantes entre ces crimes abominables.
Première d’entre elles, le sexe des victimes, des femmes, qui confirme les féminicides, terme apparu pour la première fois en 2015 dans le dictionnaire (Le Robert), qualifiant le meurtre d’une femme par un homme, il est aussi repris par l’ONU et l’OMS mais pas encore reconnu dans la terminologie ou la législation pénale locale, qui ne retient que le terme d’homicide qu’il s’agisse de l’assassinat d’une femme ou d’un homme.
En second lieu, les tueurs ont employé le même procédé d’une rare sauvagerie qui chercherait à avoir son impact médiatique et provoquer un choc dans la société, en achevant leurs victimes presque de concert entre eux, ou en s’inspirant du premier crime qui a été largement relayé par les médias et les réseaux sociaux, avant d’abandonner les corps brûlés vifs ou après le décès (les autopsies devraient éclaircir le point).
Les mobiles des crimes, en troisième lieu, ne sont pas encore établis officiellement, puisque les enquêtes sont en cours et deux meurtriers courent toujours (le premier se trouve entre les mains de la justice à Boumerdès, juridiction couvrant la localité de Thénia, où le corps de Chaïma a été découvert), mais l’identification ou la définition commune des meurtres est la monstruosité.
Les statistiques macabres signalaient une trentaine de féminicides ou d’homicides ayant ciblé de différentes manières des femmes durant l’année en cours, généralement commis par des hommes proches des victimes, notamment les conjoints, chose qui renseigne sur l’ampleur de cette triste réalité qui n’honore pas les hommes, mais les trois derniers crimes abjects qui ont les mêmes traits de ressemblance se distinguent aussi par le timing très court entre eux, soit un crime chaque deux jours, et par la période elle-même, très sensible sur les plans socioéconomique et politique, notamment.
Comme si on cherchait à porter le coup de grâce au moral d’une société très impactée socialement et économiquement par la pandémie du Covid-19 et qui se cherche une voie de sortie de la profonde crise politique dans laquelle l’a précitée l’ancien système ?
Même si le rapprochement ne découlerait pas d’une machination diabolique, le résultat n’est pas loin, lui, du coup de boutoir considéré.
L’onde de choc de ces crimes a déclenché l’effroi au sein de la société et donné lieu à des manifestations de colère à travers plusieurs villes du pays. Une peine incommensurable, qui devrait appeler à une vigilance accrue pour épargner plus de malheurs.
Le Quotidien d’Oran, 12 oct 2020