Du pouvoir et de l’abus de pouvoir : La victoire confisquée
La lettre attribuée à Bouteflika et diffusée hier par l’APS est pour le moins, surprenante. Son contenu n’est ni plus ni moins qu’une synthèse de BRQ circonstanciés aux marches populaires et une réponse-soutien à une opposition institutionnelle, dont la survie tient à Bouteflika et au système.
Comment M Bouteflika s’autorise-t-il le droit de proroger son mandat au-delà du 18 avril 2019, sans base légale ?
L’article 110 de la Constitution qui lui aurait permis cette option n’ayant pas été invoqué, toutes les décisions qui découlent de sa déclaration, notamment celles « promises pour l’après 19 avril, sont frappées du sceau de l’illégalité et de l’illégitimité. Il n’appartient pas, en effet, au président sortant « d’assumer » son après mandat surtout dans les conditions que traverse le pays. Pire ou mieux, c’est selon, Bouteflika désigne, démet et trace une feuille de route à une équipe de « remplaçants » choisis parmi ceux que le peuple rejette à travers son exigence de changement et de rupture.
Cette reprise en main de la situation par le pouvoir, est une confiscation de ce qu’on s’est empressé de qualifier de victoire populaire, suite aux marches grandioses et pacifiques des algériens.
Qualifier de victoire le fait que le président sortant ne soit pas candidat à sa succession, serait tomber dans un excès de confiance contreproductif. En effet, on est loin des revendications non négociables des manifestants qui exigeaient le départ de tout le système politique pervers et prédateur. Force de constater qu’on en est loin. Car ce système vient de s’accorder un sursis d’au moins un an, pour se régénérer tout en brisant la dynamique du Hirak. Un sursis vital qui permettra sans aucun doute aux affidés du clan de « s’exporter » sous des cieux plus cléments en toute sécurité.
Aussi, accorder ce sursis d’un an (au moins) à un pouvoir qui a failli tomber en 48 heures, est incontestablement une victoire pour lui, une sorte de remontada qui coûtera très cher au pays.
D’ailleurs, on est en droit de s’interroger sur l’état de santé mental du président de la république à qui est attribuée sans témoins, cette lettre programme. Si la politique est l’art du possible, en Algérie elle est le fait de …l’impensable.
C. Mechakra
Le Provincial, 11 mars 2019
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