Auteur/autrice : mahembarec

  • Guinée : Déclaration de Josep Borrell sur l’élection présidentielle du 18 octobre 2020

    République de Guinée : Déclaration du Haut Représentant/Vice-Président Josep Borrell à la suite de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020

    L’Union européenne prend note de l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de Guinée. Bien que le scrutin se soit déroulé dans le calme, des interrogations demeurent quant à la crédibilité du résultat, notamment en ce qui concerne la remontée des procès-verbaux et le décompte final des votes. Il conviendra d’y répondre dans le cadre d’un dialogue inclusif et de la poursuite du processus de validation prévue par la loi.

    L’UE soutient les efforts de diplomatie préventive déployés par la CEDEAO, l’Union africaine et les Nations Unies en vue de restaurer la confiance. À cette fin, tous les acteurs impliqués dans ce processus doivent pouvoir jouir pleinement de leur liberté de mouvement et d’expression. Il importe également que les moyens de communication, en particulier l’accès à l’internet, soient garantis en toute circonstance.

    Enfin, l’UE condamne, une fois de plus, les violences qui ont causé la mort de nombreuses personnes, et cela quels qu’en soient les auteurs. Elle exhorte les autorités à diligenter des enquêtes indépendantes afin que justice soit rendue dans les meilleurs délais.

    Source : EEAS, 27 oct 2020

    Tags : Guinée, Alpha Condé, élections présidentielles, répression, Union Européenne, UE, Josep Borrell,

  • Les enjeux de la Méditerranée occidentale

    27/10/20 – HR/VP Blog – La Méditerranée occidentale a de tout temps été une région clé pour l’Europe et elle le restera. Mais pour que les relations entre les deux rives de la Méditerranée se développent de façon mutuellement profitable, il nous faudra réussir à combler ensemble le fossé qui tend à se creuser entre elles, notamment sur le plan économique.

    La semaine dernière, j’ai été invité à participer à la réunion des ministres des affaires étrangères du groupe dit des 5+5 de Méditerranée occidentale. Ce Forum rassemble depuis trente ans maintenant, 5 pays de l’Union, l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal, et 5 pays du Sud de la Méditerranée, l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie.

    Bien que cette structure soit informelle, elle permet de confronter les points de vue et de développer des partenariats autour d’une région, la Méditerranée occidentale, qui a joué dans le passé, joue aujourd’hui et jouera encore demain un rôle essentiel pour l’Union Européenne.

    Les écarts se creusent entre l’Union et le Maghreb

    Au cours de cette réunion j’ai été impressionné par la description qu’ont faite mes collègues des difficultés que traversent actuellement les pays du Sud de la Méditerranée. Les écarts de richesse entre les deux rives de notre mer commune, déjà considérables, s’accroissent. Les 102 millions d’habitants des 5 pays du Sud de la Méditerranée représentent un peu moins du quart de la population de l’Union mais leur PIB cumulé est 60 fois moins élevé que celui de l’Union. Autrement dit la richesse produite par habitant y est 13 fois plus faible qu’en Europe. Et même si on corrige cette différence des niveaux des prix, qui sont nettement plus bas de l’autre côté de la Méditerranée, l’écart des niveaux de vie reste encore quasiment de un à cinq.

    Et surtout, le mouvement de rattrapage qu’on avait pu observer jusqu’au milieu des années 2000 s’est inversé depuis : en 2005, le niveau de vie moyen des habitants des 5 pays du Sud de la Méditerranée était 3 fois plus faible que celui des Européens, aujourd’hui il l’est presque 5 fois plus.

    Une démographie dynamique

    Cette stagnation des niveaux de vie n’est pas simplement liée aux difficultés des économies du Sud de la Méditerranée, elle est due aussi aux dynamiques démographiques : entre 1990 et 2019, la population des 5 pays du Maghreb s’est en effet accrue de 57 % quand celle de l’Union ne progressait que de 6%. La croissance des économies a eu du mal à suivre ce rythme.

    De plus, ces chiffres se rapportent à l’année 2019. En 2020, la pandémie de COVID-19 a profondément affecté les économies du Maroc ou de la Tunisie, qui dépendent beaucoup du tourisme, de la sous-traitance automobile ou encore du textile. Tandis que la baisse du prix et des volumes des ventes d’hydrocarbures frappe durement celle de l’Algérie. Et tous les pays de la région souffrent de la forte diminution des transferts en provenance de leurs émigrés présents en Europe du fait de la crise.

    « La Covid-19 s’est jouée des notions de Nord et de Sud : les pays les plus touchés au Nord sont au Sud de l’Europe, et les plus touchés au Sud sont au Nord de l’Afrique ». Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires Etrangères

    Comme l’a indiqué justement mon collègue, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, au cours de notre rencontre : « la Covid-19 a durement frappé la Méditerranée occidentale. Elle s’est jouée des notions de Nord et de Sud : les pays les plus touchés au Nord sont au Sud de l’Europe, et les plus touchés au Sud sont au Nord de l’Afrique ».

    Tant que le niveau de vie stagnera au Sud de la Méditerranée et que l’écart se creusera entre ses deux rives, il sera difficile d’éviter le développement de l’instabilité politique et sociale sur l’autre rive et les mouvements migratoires vers l’Europe. Il est donc dans l’intérêt des Européens de contribuer activement à inverser cette tendance, dans le respect bien entendu de la souveraineté de chacun.

    « Les profondes difficultés de cette région tiennent en particulier au « non Maghreb ». Celui-ci reste en effet l’une des régions les moins intégrées en termes économiques. »

    Les causes de ces profondes difficultés sont nombreuses. Elles tiennent néanmoins pour une part importante au « non Maghreb ». Cette région reste en effet l’une des moins intégrées au monde en termes économiques : les échanges entre les pays du Maghreb sont estimés à un quart de leur potentiel. En 2012, nous avions proposé un large éventail de mesures pour favoriser cette intégration régionale et encourager une coopération plus étroite avec l’UE.

    Les conflits persistent

    Huit ans plus tard, les relations bilatérales certes ont gagné en maturité et la coopération s’est étendue à des questions essentielles comme le changement climatique. Néanmoins, les efforts déployés n’ont eu que des effets limités. Les conflits persistants et les intérêts divergents entre les pays de la région ont prévalu sur les efforts de coopération en vue de résoudre des difficultés communes. Cela n’a pas permis en particulier de répondre aux attentes d’une population jeune et éduquée en pleine croissance.

    Pour ne rien arranger, les relations commerciales avec l’Europe ne se sont pas développées. Elles ont au contraire sensiblement décliné depuis la fin de la décennie 2000. Aujourd’hui le commerce extérieur avec ces pays ne représente que de l’ordre de 3 % du total des échanges de l’Union. Les exportations de l’Union vers le Maghreb pèsent 8 fois moins par exemple que celles vers les Etats Unis.

    Une dynamique à inverser d’urgence

    Il nous faudra impérativement réussir à inverser ensemble cette dynamique pour faire en sorte que la sortie de la crise du COVID-19 soit à la fois numérique, écologique et équitable des deux côtés de la Méditerranée. Notre coopération avec le Maghreb se développe dans un contexte international de plus en plus incertain – voire conflictuel: relocalisations et souveraineté économique sont désormais devenus des thèmes dominants dans le monde entier.

    « L’Europe n’a pas l’intention de se replier sur son pré-carré. Notre volonté de reconquérir une plus grande souveraineté économique peut être une chance pour le Maghreb. »

    Mais notre volonté de reconquérir une plus grande souveraineté économique pour l’Europe peut être un atout pour le développement du Maghreb. L’Europe n’a pas l’intention en effet de se replier sur son pré-carré : il s’agit de produire des richesses en lien étroit avec nos voisins immédiats pour tirer profit de nos complémentarités et améliorer ensemble notre niveau de vie et le nombre de nos emplois. Il reste cependant encore beaucoup à faire, notamment en termes de réformes politiques et économiques, pour réussir à attirer les investisseurs étrangers dans les pays du Maghreb.

    Une instabilité politique et sécuritaire croissante

    Ces difficultés économiques et sociales persistantes sont allées de pair avec une instabilité politique qui s’est traduite en particulier par les affrontements internes en Libye et le déploiement du terrorisme islamique dans tout le Sahel. Cela a amené l’Union à développer sa coopération avec la région en matière de sécurité.

    L’Algérie la Tunisie et le Maroc participent à plusieurs programmes européens en matière de lutte contre le terrorisme. La coopération se poursuit aussi en matière de lutte contre la criminalité organisée. Aux côtés des pays de la région, l’Union participe enfin activement au processus de Berlin pour la Libye, piloté par les Nations unies, pour rétablir la paix et la stabilité en Libye. En mars dernier, l’UE a ainsi lancé l’opération Irini pour contribuer à faire respecter l’embargo sur les armes, décidé par les Nations unies, mais aussi pour combattre la contrebande et le trafic d’êtres humains.

    « Il y a lieu de se réjouir des derniers développements en Libye : grâce notamment aux efforts des pays du Maghreb, la voie de la négociation semble prévaloir. »

    Il y a lieu de se réjouir des derniers développements en Libye : grâce notamment aux efforts des pays du Maghreb, la voie de la négociation semble prévaloir. Elle l’emportera si les Libyens parviennent à trouver par eux-mêmes des solutions. Les Nations Unies et l’Union européenne apporteront tout le soutien nécessaire à leurs efforts de compromis. Nous avons évidemment bien conscience cependant que ces défis sécuritaires ne pourront être relevés dans le long terme que si on s’attaque en même temps à leurs causes structurelles à travers de profondes réformes politiques et socio-économiques.

    Les migrations doivent se faire de façon ordonnée

    Nos sociétés et nos peuples sont étroitement liés, des millions de citoyens des pays du Maghreb vivent légalement dans les pays de l’Union Européenne. Ces pays sont confrontés également de pressions migratoires venant de pays d’Afrique subsaharienne. Nous devons renforcer davantage notre coopération avec les pays d’origine et de transit pour assurer que ces mouvements migratoires se fassent de façon ordonnée. C’est le but des dialogues migratoires que nous chercherons à développer avec les pays du Maghreb, en s’appuyant sur les coopération solides qui existent déjà dans ce domaine.

    Cette réunion informelle m’a permis de mieux cerner les graves difficultés que traversent actuellement nos voisins du Sud de la Méditerranée et les énormes enjeux liés au développement de nos relations. Elle ne constituait cependant qu’une première étape avant une autre échéance importante : le Forum Régional de l’Union pour la Méditerranée qui se tiendra le 27 novembre prochain.

    Le 27 novembre : les 25 ans du processus de Barcelone

    Avec nos partenaires de l’ensemble du pourtour méditerranéen cette fois, nous dresserons le bilan de 25 années du processus de coopération régionale dit de Barcelone. A cette occasion, l’Union confirmera sa détermination à faire de la Méditerranée une région plus sûre, plus prospère et plus stable. J’ai pleinement conscience que les actions menées en ce sens depuis un quart de siècle n’ont eu que des résultats limités et que la tâche s’annonce particulièrement rude pour les mois qui viennent…

    Source : EEAS, 27 oct 2020

    Tags : Mediterranée, Union Europea, UE, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Union pour le Méditerranée, UpM, Processus de Barcelone,

  • Le scandale des travailleurs saisonniers marocains en Corse.

    Imaginez-vous que les producteurs de clémentines de Corse et les autorités insulaires (avec la bénédiction de nos pouvoirs publics) ont imaginé et mis sur pied un véritable pont aérien entre la Maroc et Bastia pour transporter dans l’île dite de Beauté 900 travailleurs saisonniers, originaires du royaume chérifien, pour « sauver la récolte des clémentines corses » !

    Dès le printemps, les producteurs locaux s’inquiétaient : après une récolte 2019 médiocre en quantité, les conditions de circulation drastiques imposées par le Maroc à ses ressortissants depuis le début de la pandémie de Covid-19 menaçaient la cuvée 2020. Or, les saisonniers marocains sont d’autant plus demandés que le travail de récolte des fruits, pénible, ne séduit guère sur place. Comment leur permettre de gagner la Corse, où le marché de la clémentine – de 20 000 à 30 000 tonnes produites chaque année – emploie directement 600 personnes et génère plus de 50 millions d’euros de revenus annuels ?

    Afin de parer la menace de vergers désertés, plusieurs réunions furent organisées avec la préfecture de la Haute-Corse depuis l’été. L’Office français de l’immigration et de l’intégration fut mis dans la boucle, comme les autorités marocaines et les représentations françaises. Le protocole permettant l’acheminement en Corse, par voie aérienne, de 902 travailleurs saisonniers marocains, fut validé le 23 septembre par le Centre interministériel de crise (CIC) rattaché au premier ministre. « Un pont aérien exceptionnel en tout point par son ampleur et son contexte, souligne l’un des négociateurs du processus : les producteurs ont même accepté de prendre à leur charge les frais de location d’avions à la compagnie Transavia pour l’acheminement des travailleurs marocains en Corse » – un coût de l’ordre de 500 000 à 600 000 euros, dont la charge sera partagée entre les 72 des 145 producteurs de clémentines à avoir réclamé de la main-d’œuvre cette année.

    « La pandémie rend ce genre d’opérations plus lourd, précise Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, dont le bureau de Casablanca a supervisé le processus, mais elles font partie de nos missions traditionnelles. »

    Dès l’arrivée sur place des saisonniers, en cinq vagues successives du 9 au 28 octobre, un strict protocole sera observé, supervisé par plusieurs services de l’Etat et la Chambre de commerce et d’industrie de la Haute-Corse. « Tout a été minutieusement préparé, estime François Ravier, préfet de la Haute-Corse. Des prélèvements (Covid ) seront effectués au Maroc avant le départ des travailleurs, puis sept jours après leur arrivée et de nouveau avant leur départ, avec des contrôles renforcés sur leurs conditions de vie et de travail. » Les éventuels porteurs du virus seront mis en quarantaine dans des campings de la région, et l’acheminement vers chaque exploitation sera compartimenté. Le tout, assurent les pouvoirs publics, dans une « constante préoccupation » du respect de la dignité des travailleurs saisonniers…

    Fait notable dans une île où la moindre initiative de cet ordre se doit d’être soumise aux élus locaux, ceux-ci sont restés à l’écart de la démarche. « Aucune écoute, aucun intérêt manifesté par la majorité nationaliste de l’Assemblée de Corse, silence radio », se désole une agricultrice.

    C’est que la profession, si elle se félicite d’un succès logistique, ne souhaite plus le commenter publiquement : sitôt ébruitée la nouvelle de l’arrivée en Corse de près d’un millier de personnes en provenance de l’extérieur de l’île, les producteurs de clémentines ont subi le courroux des réseaux sociaux et se trouvent désormais accusés de favoriser la propagation de la pandémie de Covid-19.

    « C’est tristement habituel ici, soupire un responsable du monde agricole en Haute-Corse : les mêmes qui étaient, hier, favorables au tourisme de masse pour sauver la saison dénoncent aujourd’hui l’arrivée hyper encadrée de travailleurs. » De telles critiques, si elles « écœurent » volontiers les producteurs de clémentines, ne devraient pas empêcher le premier vol direct Casablanca-Bastia d’atterrir vendredi 9 octobre en fin de matinée.

    Il n’empêche, à nos yeux cette affaire est un scandale. Avec un nombre de chômeurs ayant dépassé les 25 000, la Corse est en tête des demandes d’emploi en France. Ne pourrait-il se trouver parmi ceux-là quelques centaines de personnes moins paresseuses que les autres qui accepteraient un travail saisonnier de quelques semaines consacré à la cueillette des clémentines ?

    Ne pensez-vous pas que la question mérite tout de même d’être posée ?

    Le 9 octobre 2020.

    Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

    Source : CER, 9 oct 2020

    Tags : Maroc, France, Corse, clémentines, récolte, coronavirus, covid 19,

  • Une française convertie à l’islam invite Macron à suivre sa voie

    Elle ne veut plus qu’on l’appelle Sophie, mais Maryam Pétronin après sa conversion à l’Islam durant son séjour parmi les groupes djihadistes qui sévissent au Mali après avoir été kidnappé alors qu’elle faisait son travail humanitaire en faveur de la population locale.

    Après avoir écouté le discours du président français Emmanuel Macron et son projet controversé de réformer l’islam en France, Mme Pétronin a décidé de lui adresser une lettre publique dans laquelle elle rappelle sa conversion à la religion du prohpèhe Mahomet dont les caricatures ont démontré le niveau du débat qui secoue la société française et l’invite à faire de même.

    Maryam Pétronin dévoile que le président Macron est restée « sans voix » lorsqu’elle lui a annoncé sa conversion à l’Islam à Paris où il l’attendait à l’aéroport.

    Avec Zeri

    Tags : France, Sophie Pétronin, Islam, Islamisme, Macron, islamophobie, caricatures, Charlie Hebdo,

  • Un message de Maryam Petronin au président français après sa conversion à l’islam


    Le message de la Française au président de la République française, après avoir annoncé, sur le sol français, qu’elle s’était convertie à l’islam, et non en République du Mali où elle a été emprisonnée par des musulmans!
    Voici un message de Mme Mary (Sophie Petronin) au président français Emmanuel Macron:

    M. Macron, que la paix soit sur celui qui suit l’instruction …
    J’ai appris que vous étiez étonné de la façon dont Sophie Petronin, une catholique française de race blanche, s’est convertie à l’islam, après 75 ans de christianisme et pendant 4 ans de captivité parmi les musulmans!

    Laissez-moi vous simplifier les choses …

    M. Macron!

    Oui, j’étais prisonnier des musulmans.
    Cependant, ils ne m’ont jamais abusé et toute leur relation avec moi était remplie de respect et d’estime. Ils m’ont fourni à manger et à boire et même, malgré la rareté des ressources, m’ont donné un avantage sur eux-mêmes, en respectant mon intimité jusqu’au bout.

    Personne ne m’a jamais exposé au harcèlement verbal ou physique, ni insulté ma religion, ni Jésus ni la Vierge, que la paix soit avec eux, comme vous le faites avec le prophète Mahomet, que la bénédiction et la paix soient avec lui.

    Ils ne m’ont pas imposé l’Islam, mais j’ai vu dans leur comportement que ce sont des gens qui se purifient avec de l’eau, prient le Seigneur dans cinq prières quotidiennes et jeûnent le mois de Ramadan.

    M. Macron!

    Oui, les musulmans du Mali sont pauvres, leur pays est pauvre. Ils n’ont pas la Tour Eiffel et ils ne connaissent pas nos parfums français, mais ils sont plus purs que nous, tant dans leur corps que dans leur cœur.
    Oui, ils ne possèdent pas de voitures de luxe et ne vivent pas dans de hautes tours, mais leurs ambitions sont au-dessus des nuages ​​et leur foi est plus forte que les montagnes.

    M. Macron!

    Avez-vous déjà entendu dans votre vie l’enseignement du Coran qu’ils récitent clairement, dans leurs prières, matin et soir?
    Que la récitation est belle! Même si vous ne comprenez pas ce qu’ils disent, votre cœur tremblera et tremblera, et votre corps tremblera en les écoutant dire les paroles de Dieu qu’ils ont mémorisées!

    Lorsque vous ressentez et réalisez inconsciemment que ce n’est pas un discours humain, mais une mélodie céleste descendant du Ciel, vous avez un désir effréné de connaître le sens de ce qu’ils apprennent, matin et soir, dans leurs hymnes célestes!
    M. Macron!

    Avez-vous déjà dans votre vie abaissé votre visage pour l’amour de Dieu et fait que votre front touche le sol pendant que vous chuchotiez au Seigneur au sujet de vos préoccupations et le remerciez pour ses bénédictions, comme eux?
    Avez-vous déjà ressenti la proximité de Dieu avec vous et votre proximité avec lui?

    M. Macron!

    Leurs femmes sont noires comme du charbon, mais leurs cœurs sont blancs comme du lait.
    Ils portent des vêtements simples, mais aux yeux de leur peuple, ils sont les plus beaux du monde. Ils ne se mélangent pas avec des hommes étrangers, ils ne se mélangent pas avec eux et n’amènent pas d’hommes étrangers chez eux, en l’absence de mari. Ils ne se saoulent pas, ne jouent pas et ne commettent pas d’adultère!

    M. Macron!

    Les musulmans là-bas croient en tous les messagers de Dieu, même le messager de Dieu, Jésus qu’ils aiment plus que nous, ainsi qu’en sa mère Marie (Marie) dont j’ai pris le nom en raison de leur grand amour et de leur grand respect pour elle et sa position.

    M. Macron!

    Vous pourriez me demander: « Comment aiment-ils le Christ plus que nous? »
    Je vous répondrai: – Oui, ils aiment le Seigneur Christ plus que nous, car notre pays a versé le sang d’innocents au nom du Christ, ravagé leurs terres et pillé leurs richesses.

    Nous utilisons et tirons parti des biens des pays musulmans et, de diverses manières, nous rendons hommage à leurs dirigeants, leur imposons des projets de consommation commerciale non développementaux, semons des émeutes parmi eux, puis leur vendons des armes pour s’entre-tuer.
    Mais nous les traitons toujours comme des terroristes de toute façon, même s’ils sont conscients que nous sommes en fait des terroristes, pas eux!
    Cependant, malgré cela, ils m’ont traité ainsi que les autres otages avec la morale du Christ que nous avons enseignée dans les églises, mais nous ne l’appliquons pas vraiment!

    M. Macron!

    En fin de compte … je ne voulais pas publier mon islam au Mali, pour ne pas dire que je m’étais converti à l’islam sous l’épée. J’ai décidé de proclamer mon Islam quand je suis sur le sol français afin de transmettre le message de l’Islam à des millions de Français et d’Européens, ainsi qu’à son ensemble chrétien et athée!

    M. Macron!

    Cette religion, l’Islam contre lequel vous vous battez, jour et nuit, a ému mon cœur et a rempli mon esprit. Je ne suis pas retourné voir la France dans son glamour et sa beauté, plus belle que le pauvre et humble Mali. De plus, j’ai décidé d’y revenir, mais après avoir invité ma famille et mes proches à l’islam, parce que je veux qu’ils goûtent la douceur de ce que j’ai goûté en adorant le Dieu le plus miséricordieux et le plus miséricordieux, en dehors de qui il n’y a pas d’autre dieu, en leur souhaitant la bonté de ce monde et du monde à venir.

    Je vous invite dans l’Islam, et pour terminer vos calculs concernant cette grande religion qui a été le message de tous les messagers et prophètes depuis l’époque d’Adam, par Jésus-Christ et en concluant avec le champion de tous les peuples, Muhammad, que la bénédiction et la paix soient sur lui.
    Et la paix soit avec ceux qui suivent l’instruction …

    Merjem Petronin

    Preporod.info

    Tags : Islam, islamisme, terrorisme, Mali, Sahel, Sophie Pétronin, Macron,

  • L’Occident peut-il vaincre le «terrorisme islamique»?

    L’Occident ne semble remarquer l’incendie qu’il a provoqué aux quatre coins de la planète que lorsque les flammes la lèchent et ressentent sa chaleur.

    Peu importe que les souffrances causées par certains événements dont il est coresponsable aient été infligées beaucoup plus largement par la «périphérie», avant même qu’il n’y ait de rétroaction au «centre». En résumé: ce qui se passe ici n’est qu’une fraction de ce qui se passe là-bas.

    En ce qui concerne le «terrorisme islamique», cette dynamique atteint le paroxysme: n’est-ce pas peut-être l’Occident – de concert avec les monarchies pétrolières du Golfe – qui l’a utilisé et diffusé pour atteindre ses objectifs géopolitiques?

    De l’Afghanistan, au moment de la guerre menée par l’URSS, en passant par les Balkans lors du processus (induit) de désintégration de la Yougoslavie et de l’agression contre la Serbie puis, pour atteindre l’Afrique et le «Moyen-Orient» avec la guerre contre la Libye d’abord et à la Syrie – qui a échoué – et avant cela à l’Irak.

    Opérations visant le « Chaos Créatif », avec des effets secondaires incontrôlés, comme cela est typique des effets dévastateurs causés par chaque apprenti sorcier …

    Mais ce ne sont pas les seuls territoires où ce «cancer» – comment le définir, sinon? – reproduit. Pensez simplement au Caucase, par exemple, à la Chine au Xinjiang ou ailleurs en Asie, que les populations ont payé dans l’indifférence internationale. Souvenons-nous simplement des effets du terrorisme islamiste tchétchène en Russie …

    Certes, cependant, la perception du phénomène – complice des appareils informationnels-culturels «au casque», embauchés par les classes dirigeantes – ne commence à se manifester que lorsque cette longue traînée de mort et de destruction nous revient.

    Peut-être sous la forme d’un meurtre odieux d’un citoyen ordinaire, perpétré par un « extrémiste islamique », comme ce fut le cas avec le professeur de français décapité en banlieue parisienne par un Français d’origine tchétchène il y a quelques jours. Dont la famille, liée à la guérilla islamique tchétchène, avait «fui» la Russie pour obtenir l’asile politique en France.

    Il est difficile de trouver une analyse qui corrèle les effets du néocolonialisme et la propagation du djihadisme dans le cadre des États postcoloniaux, où les politiques d’indépendance vis-à-vis des anciens et des nouveaux parrains ont échoué en partie ou totalement, ainsi que dans la construction d’entités étatiques solides capables de satisfaire les besoins de leurs citoyens avec un développement autocentré, comme dans le cas de certains pays africains.

    Nous avons traduit ici une enquête multi-mains, publiée dans «Le Monde», qui fait le point sur l’évolution du djihadisme sur le continent africain, à partir de là où s’articulent les intérêts néo-coloniaux français et pas seulement, désormais menacés par l’insurrection Islamique, comme cela se produit par exemple autour des gisements de gaz au Mozambique.

    Exploitation des ressources sans contrepartie (à part les descendants qui vont engraisser les élites locales complaisantes), déracinement de la population, insertion des jihadistes dans cette contradiction et donc militarisation des territoires; à la fois par des armées «régulières» et par des milices privées hautement rémunérées.

    C’est le scénario qui se répète de plus en plus souvent, dans un cercle vicieux où la dynamique: extractivisme / déracinement / militarisation est rejoint par le «facteur islamique», qui agit selon toute vraisemblance «pour le compte de tiers» pour contrer les tentatives de pénétration d’autres acteurs mondiaux.

    On ne voudrait pas faire de mal aux auteurs, mais il semble que le principal moteur de leurs préoccupations, au-delà de la validité de l’étude, soit la menace pesant sur le plus grand projet d’extraction de gaz africain impliquant le français Total, au Mozambique (le neuvième plus grande ressource estimée de la planète), plus que la souffrance des 1 300 morts et des plus de 210 000 personnes déplacées, dans une vraie guerre qui ne s’appelle même pas ainsi et qui évidemment ne fait pas d’histoires.

    Une approche «euro-centrique», fondamentalement plus intéressée par les intérêts matériels de son propre impérialisme, pratiquement indifférente aux souffrances causées aux populations locales.

    Soit dit en passant, ENI est également impliquée dans l’extraction de gaz offshore au Mozambique …

    Si vous listez les différentes agences de sécurité privées impliquées dans les étapes ultérieures, vous trouverez les principales sociétés mercenaires mondiales: Blackwater, Wagner, Dyck Advisory Group, etc.

    Dans un autre article du Monde sur cette guerre peu oubliée, Total avoue avoir fait appel à 5 ​​de ces agences et qu’un appel d’offres était en cours pour confier le contrat à 7 autres!

    Ce n’est pas le seul nouveau projet de la multinationale française aux effets dévastateurs. Pensez à l’oléoduc de pétrole brut de l’Afrique de l’Est, un oléoduc de 1445 km qui part du lac Alberta en Ouganda et atteint la côte nord-est de la Tanzanie, dans l’océan Indien.

    Malgré le « capitalisme vert », sur les 400 puits d’extraction prévus à Tilenga, en Ouganda, 132 se trouvent dans un parc national protégé, avec un projet qui a un impact négatif sur environ 100 000 personnes, leur refusant les activités les plus élémentaires de subsistance par l’agriculture.

    Pour les oligarchies européennes, la «transition écologique» s’arrête à leurs propres frontières.

    Revenant à l’article traduit, nous avons une image assez réaliste de la façon dont les principales « sociétés holding » du terrorisme islamique « investissent également en Afrique », qui ces dernières années est devenue l’un des principaux théâtres du Jihad mondial, avec tout le respect dû à ceux qui pensaient que L’Etat islamique avait été vaincu parce qu’il avait été battu militairement au «Moyen-Orient». Nous voyons aussi les «coupures islamiques» à la solde de la Turquie, pour agir en Libye ou dans le conflit arméno-azerbaïdjanais.

    Comme le dit un chercheur cité dans l’enquête: tant que l’État islamique continuera d’avancer en Afrique, le rêve du «califat» mondial n’est pas mort. Nous ajoutons: tant que les conditions d’existence dans lesquelles des millions de personnes en Afrique sont contraintes sont celles dictées par la logique coloniale, ce «rêve» ou cauchemar aura un véritable espace social.

    Les stratégies d’enracinement changent – parfois la guérilla islamique prend la place d’une administration étatique absente – et les modes de fonctionnement, qui profitent des défaites subies. Mais la principale condition pour laquelle ils peuvent prospérer est la destruction que l’Occident a apportée et continue d’apporter dans ces territoires également par le biais de ses propres troupes d’occupation – comme c’est le cas au Sahel – ou par l’utilisation de soldats de fortune du XXIe siècle. .

    L’Occident capitaliste peut remporter des victoires limitées et limitées contre le djihadisme mais certainement pas gagner la guerre ou à l’intérieur de ses propres frontières – dans la mesure où il impose des politiques répressives – ou en dehors de cela – dans la mesure où les coalitions internationales sont préparées – car c’est l’une des premières causes de mal qu’il voudrait guérir.

    Bonne lecture!

    Source : Contropiano, 21 oct 2020

    Tags : Islam, Occident, terrorisme, djihadisme, Daech, ISIS, Etats Islamique, capitalisme, Afrique,

  • Sophie Pétronin : une libération qui révèle l’islamophobie en France

    Depuis son annonce d’une conversion à l’islam, Sophie Pétronin est critiquée. On lui reproche de faire le jeu des terroristes qui l’ont enlevée au Mali.

    Syndrome de Stockholm pour les uns, acceptation des idées des terroristes pour les autres… Depuis la libération de l’otage française détenue au Mali, Sophie Pétronin, les commentaires fustigent une déclaration de celle qui a passé près de quatre années en détention.

    A peine libérée, Sophie Pétronin a envoyé un message d’espoir à son pays d’adoption, le Mali, tout en affirmant être convertie à l’islam : « Pour le Mali, je vais prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d’Allah, car maintenant je suis musulmane. Vous dites Sophie mais c’est Maryam que vous avez devant vous ».

    Pour la fachosphère, Sophie Pétronin aurait été convertie de force par ses ravisseurs. Présente depuis 2004 au Mali, l’ex-otage a pourtant pu se convertir avant d’être kidnappée par les terroristes. Atlantico titre même : « On croyait libérer une mère Teresa : on a libéré une mamie Daech ! »

    Autrement dit, il n’y a plus aucune distinction faite entre les musulmans et les terroristes qui ont kidnappé Sophie Pétronin. Du côté de la famille de l’ancienne otage, on comprend sa conversion mais on insiste sur le fait qu’il s’agissait d’une adaptation à sa vie malienne : « Allez passer quatre ans de votre vie professionnelle à Londres, je vous déconseille d’apprendre l’italien, vous feriez mieux d’apprendre l’anglais. Soit elle essaye de s’adapter, soit elle va périr, et ma mère s’est adaptée », explique Sébastien Chadaud-Pétronin, le fils de Sophie.

    Benoît Rayski, le journaliste d’Atlantico, ose de son côté dire que les ravisseurs sont les « amis » de l’ex-otage. Il reproche à Sophie Pétronin de vouloir retourner au Mali, « comme ça, ses frères djihadistes pourront l’enlever à nouveau ».

    Une sortie, comme beaucoup d’autres, qui montre comment, pour une conversion à l’islam, il est désormais possible de faire des amalgames sans faire sourciller.

    Le Muslim Poste, 13 octobre 2020

    Tags : France, Islam, islamisme, amalgame, islamophobie, Sophie Pétronin, conversion, Samuel Paty, Charlie Hebdo, caricatures,

  • L’État belge est condamné pour sa politique migratoire inhumaine

    Fin 2017, l’État belge concluait un accord avec la dictature du Soudan pour permettre l’identification d’exilés en transit vers l’Angleterre(1). Monsieur M.A., ressortissant soudanais arrêté et détenu en centre fermé, était alors identifié par la délégation soudanaise qui délivra un laissez-passer pour son expulsion. L’État a agi en violation des droits fondamentaux d’un bout à l’autre de cette affaire. D’abord, en ordonnant l’expulsion sans contrôle suffisant du risque encouru de subir torture et traitements inhumains et dégradants lors du retour au pays ; ensuite, en décidant de passer outre la décision de justice qui interdisait cette expulsion vers le Soudan ; enfin, en forçant le requérant à signer un retour “volontaire” qui n’avait de volontaire que le nom. Ce 27 octobre 2020, la Cour européenne des droits de l’Homme condamne la Belgique pour ces agissements graves et indignes d’un État de droit.

    Face au scandale de la collaboration entre la Belgique et le Soudan, État dictatorial, la Ligue des droits humains (LDH) avait introduit une action devant le Tribunal de 1ère instance de Liège, qui avait alors interdit les rapatriements vers le Soudan. La décision avait malheureusement été réformée en appel au motif que la LDH n’avait pas d’intérêt à agir au nom des personnes soudanaises. La LDH était par la suite intervenue devant la Cour européenne des droits de l’Homme dans l’affaire qui nous occupe aujourd’hui, M. A. c. Belgique.

    L’arrêt rendu ce jour est une belle victoire pour les droits fondamentaux : la Cour a décidé à l’unanimité que Monsieur M.A. a été expulsé vers le Soudan sans contrôle suffisant du risque de subir torture et traitements inhumains et dégradants, et en violation de son droit à un recours effectif. La Cour estime en outre que ce retour ne pouvait être qualifié de “volontaire”.

    Monsieur M.A., ressortissant soudanais, était arrêté en Belgique en septembre 2017 et détenu en centre fermé. Identifié par la délégation soudanaise qui délivre un laisser-passer, il introduit une requête de mise en liberté devant la Chambre du conseil de Bruxelles. Avant que cette demande ne soit examinée, il est averti qu’il doit partir le lendemain vers Khartoum. Suite à une requête unilatérale, le président du Tribunal de 1ère instance néerlandophone de Bruxelles interdit à l’État belge de rapatrier le requérant avant que les juridictions ne se soient prononcées sur la mesure de privation de liberté. Le renvoi par avion est annulé mais le requérant est malgré tout emmené à l’aéroport et placé, sous la menace, dans un avion. Un agent en uniforme le menaçant d’autres tentatives d’expulsion, il signe pour un renvoi qui n’aura de “volontaire” que le nom.

    “La Cour juge en particulier que les lacunes procédurales dont se sont rendues responsables les autorités belges préalablement à l’éloignement du requérant vers le Soudan n’ont pas permis au requérant de poursuivre la démarche de demande d’asile qu’il avait soumise à la Belgique et ont conduit les autorités belges à ne pas suffisamment évaluer les risques réellement encourus par le requérant au Soudan. D’autre part, en éloignant le requérant vers le Soudan en dépit de l’interdiction qui leur en était faite, les autorités ont rendu ineffectifs les recours que le requérant avait initiés avec succès.”

    La LDH se réjouit de cette victoire mais déplore le manque de considération du gouvernement de l’époque pour les droits fondamentaux et la séparation des pouvoirs. Elle espère que cet arrêt constituera un message fort vers le nouveau Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration. Il est urgent que la politique migratoire ne soit plus celle du retour à tout prix. Parce que le droit de demander l’asile doit être respecté, partout, tout le temps.

    (1) https://www.liguedh.be/belgique-soudan-une-intolerable-collaboration-technique

    27 octobre 2020

    Ligue des droits de humains, 27 oct 2020

    Tags : Belgique, droits humains, Soudan, ressortissants soudanais,

  • Algérie : Chute du dinar, pouvoir d’achat impacté

    Baisse progressive de la valeur de la monnaie nationale depuis 2014 : Chute du dinar, pouvoir d’achat impacté

    Les glissements successifs du dinar par rapport à l’euro et au dollar, depuis la chute des prix du pétrole en 2014, ont eu des répercussions négatives sur le pouvoir d’achat des ménages. Et la tendance va se poursuivre en 2021, 2022, 2023, selon les projections du projet de loi finances 2020.

    Cette série de baisses cumulées sur plusieurs années constitue une véritable dévaluation du dinar. Qu’on en juge. Sur le marché officiel, il faut 128,65 dinars pour un dollar américain et 152,208 dinars pour un euro. En 2014, la monnaie nationale était cotée à 80,56 dinars pour un dollar et 106,91 pour un euro. Soit une dévaluation de plus de 50% pour le dollar américain et plus de 30% pour l’euro depuis. Ce qui veut dire que les politiques des gouvernements précédents ont utilisé, ces dernières années, cette baisse du dinar par rapport au dollar américain, notamment pour augmenter les recettes fiscales afin de réduire le déficit du budget en forte augmentation. Le gouvernement Djerad ne semble pas opérer de rupture avec ces manœuvres monétaires puisque le projet de loi des finances 2021 prévoit, pour l’année prochaine, une baisse de 5% de la valeur du dinar. L’inflation ou hausse des prix, conséquence d’une inflation importée, corollaire de cette politique, est estimée selon ce texte à 5% en 2021, plus de 4% en 2022 et 2023.

    Eviter le syndrome latino-américain

    Sur le marché noir de la devise, c’est la flambée. Il faut désormais 202 dinars pour un euro, un niveau jamais atteint depuis le début du confinement. L’écart entre le marché parallèle et le marché officiel est d’environ 30%, soit un seuil important qui montre l’importance de la chute du dinar par rapport aux autres devises. Ce marché, considère l’économiste Hocine Benissad, reflète la vraie valeur du dinar. Il faut savoir en ce sens que la valeur d’une monnaie dépend de la solidité de l’économie nationale reflétée par les indicateurs macro-économiques, notamment le solde de la balance des paiements, du compte courant et celui de la balance commerciale.

    En Algérie, du fait de sa dépendance aux hydrocarbures, il y a une forte corrélation entre la valeur du dinar et la valeur du prix du baril algérien. Comme l’Algérie affectée par la crise a ses clignotants économiques au rouge, il est clair, selon des économistes, qu’elle devrait dévaluer sa monnaie. Cette question économique est également éminemment sociale. Selon eux, cette situation commande le sacrifice de la population pour espérer sortir des ornières de la crise financière actuelle et parvenir à une économie plus efficiente.

    Loin donc la cotation administrative du dinar appliquée avant la crise de 2014 éloignée des fondamentaux de l’économie nationale. La question est de savoir si le gouvernement Djerad n’a pas d’autre choix que de baisser la valeur de la monnaie : meilleure appréhension de l’assiette fiscale, meilleure collecte de l’impôt, meilleure politique fiscale, mobilisation de ressources extra budgétaires : emprunts obligataires, partenariat public-privé, IDE et promotion tous azimuts de l’investissement intérieur à travers une amélioration du climat des affaires et des incitations qui rendent plus intéressant l’acte de produire que d’importer.

    Dans le scénario contraire, l’Algérie risque d’être frappée par le syndrome latino-américain à la longue : la disparition des couches moyennes enregistrée dans certains pays d’Amérique du Sud en raison de la crise économique qui a touché et la population démunie et les couches moyennes de ces Etats. Protéger le pouvoir d’achat veut dire également en finir avec les dérèglements du marché intérieur et ses récurrentes pratiques spéculatives, les surcoûts logistiques à l’import et les surfacturations.

    Reporters DZ, 27 oct 2020

    Tags : Algérie, euro, dollar, dinar, change, pouvoir d’achat, économie,

  • Pour Driss Basri, « l’indépendance du Sahara est une question de temps »

    Ali Lmrabet (Journaliste indépendant marocain)
    Pour Driss Basri, « l’indépendance du Sahara est une question de temps »

    Abdelhamid Benhamla

    Ali Lmrabet, le journaliste marocain, qui se trouve actuellement chez lui au Maroc, est passé à Alger, avant l’Aïd, après avoir interviewé le Président sahraoui, pour le quotidien espagnol El Mundo. Le journaliste, dont les hebdomadaires Demain et Doumane avaient été fermés par les autorités marocaines, va déposer, au courant de cette semaine, un dossier pour la mise sur le marché marocain d’un nouvel hebdomadaire politico-satirique qui s’appellera Après-demain. Cette appellation, suggérée par son ami Plantu, le caricaturiste du quotidien français Le Monde, consacrera une autre phase dans sa lutte « pour une réelle démocratie au Maroc ». Ali Lmrabet avait tenu, avant cette interview, à apporter une précision sur la couverture de sa rencontre avec la presse algérienne, à la veille de l’Aïd. Il réitère sa position sur la question sahraouie et tient à faire éviter l’amalgame entre son opposition à la politique du royaume et à son attachement à son pays, le Maroc.

    Vous venez d’interviewer le Président sahraoui pour le quotidien El Mundo. Comment était ce premier contact ?

    Très bien. Je l’ai mis à l’aise et il en a fait de même. Il n’a esquivé aucune question et il ne m’a même pas demandé de lire l’interview avant sa parution. J’ai beaucoup apprécié. Je lui ai demandé de rencontrer les prisonniers marocains et il avait accepté, non sans insistance de ma part. J’ai demandé à tous les Sahraouis que j’ai rencontrés de faire un geste humanitaire et de les libérer. Les Sahraouis me disent que le Maroc nous a massacrés et je leur ai dit qu’il n’y a pas que vous. Je leur ai donné l’exemple des émeutes de la faim où la police et l’armée tiraient à bout portant sur les manifestants, sans distinction. J’observe, en tout cas, que les prisonniers marocains ne peuvent pas être une monnaie d’échange parce que le gouvernement marocain les a abandonnés.

    Voulez-vous nous rappeler vos démêlés avec la justice marocaine ?

    La première affaire importante a eu lieu en 2001, lorsque j’avais révélé que le palais royal de Skhirat, près de Rabat, pourrait être vendu. J’avais pour cela des documents prouvant les négociations qui allaient être entamées, en dehors du Maroc, avec de richissimes personnes venant d’un pays du Golfe. L’accusation était l’atteinte à la sacralité d’une résidence royale. Lors du procès, le procureur du roi, un jeune formé à Strasbourg, se lève de son siège et tire une grosse pierre qui était sous l’estrade. Il reprend sa place et la montre à l’assistance, en prenant un ton très sérieux et avec un arabe châtié, il dit : regardez cette pierre, si on la laisse comme ça, c’est une pierre, si on la met dans une mosquée ou dans une résidence royale, elle acquiert la sacralité. C’était en 2001, ce n’est pas de la préhistoire. A la fin de cette parodie de justice, j’ai été condamné à quatre mois de prison ferme et à la fermeture de mon journal.

    Vous avez été en prison pour cela ?

    Non, je n’avais pas fait de prison pour cette affaire bien que je m’y attendais un peu puisque je n’avais pas fait appel.

    Pourquoi ?

    J’avais des voies de recours que je n’avais pas utilisées, alors c’est le procureur lui-même qui avait fait appel. J’ai appris par la suite que le pouvoir ne voulait pas m’emprisonner mais juste me faire peur. Par la suite, il y a eu des menaces de mort, le fisc, la sécurité sociale, les écoutes téléphoniques… Bref, toute la panoplie.

    Pourquoi avez-vous fait de la prison alors ?

    Il y avait plusieurs procès, mais c’est un article qui m’a valu une accusation d’outrage au roi, d’atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc et d’atteinte à la monarchie. La totale. En première instance, j’ai eu pour quatre ans et l’équivalent de 3000 euros d’amende ; et en appel, j’en ai eu pour trois ans. J’ai passé, en tout, sept mois et demi en prison. C’était une expérience très riche pour moi parce que j’avais découvert le miroir obscur de la société. Les prisonniers d’opinion sont normalement emprisonnés ensemble, mais pour moi, j’ai « bénéficié » d’une exception, j’étais avec les prisonniers de droit commun.

    Vous aviez fait une grève de la faim qui a été très médiatisée, en Algérie et en Europe…

    J’en ai fait deux, la première a duré 55 jours et la deuxième 32 jours. Je dois dire une vérité que j’ai constatée dans cette affaire : le soutien des journalistes algériens a été largement plus important que celui des journalistes marocains.

    Après 7 mois et demi, vous avez bénéficié d’une grâce royale…

    Je ne l’avais pas demandée. Ce sont les pressions des médias, de l’opinion publique régionale et internationale et l’intervention personnelle du Secrétaire d’Etat américain, Collin Powel, qui aurait menacé le Maroc de ne pas signer l’accord de libre-échange. J’avais appris cela dans un article du Financial Time.

    Le gouvernement marocain refuse encore d’admettre le principe de l’autodétermination du peuple sahraoui…

    L’autodétermination du peuple sahraoui est une position que Hassan II avait exprimée en 1981, à Nairobi. Cette position a été dénoncée, en son temps, par le premier secrétaire de l’USFP, Abderrahim Bouabid, que le roi a assigné, pour cette raison, en résidence surveillée, pendant un an au sud du Maroc. Ce n’est donc pas une approche nouvelle, ni une position imposée par une quelconque partie et encore moins l’Algérie ou James Baker.

    Quelle analyse faites-vous des dernières sorties de Driss Basri ?

    Driss Basri m’a dit, en aparté, après son éviction, que ce qui gênait le pouvoir marocain dans le plan Baker, c’est le retour des réfugiés. Ils seront, dit-il, d’une manière ou d’une autre, sous tutelle des Nations unies et, en cas de troubles, la police et l’armée ne peuvent sévir parce que la région focalisera les regards de toute la communauté internationale. Il y avait réellement des risques de « dérives » qui pouvaient précipiter des décisions contraires aux intérêts du Maroc appelé, en plus, à démilitariser la zone. Driss Basri est conscient que le Front Polisario est très bien structuré et très bien politisé. Sans répression, il fera ce qu’il voudra, une fois que sa direction pénètre les territoires. Sa revendication plaide pour lui ; il demande la terre de son peuple pour y édifier son Etat. Ce n’est pas une mince affaire.

    Mais Driss Basri déclare avoir toujours soutenu le plan Baker…

    Oui, parce que, en son temps, disait-il, c’était gérable ; mais plus maintenant. Il m’a dit que les jeux sont faits ; l’indépendance du Sahara est une question de temps ; elle est inévitable. Ce ne sont pas les Sahraouis de service qui vont changer la donne ; ils sont exploités, comme d’ailleurs les transfuges du Polisario, jusqu’à l’usure. Moi, je souhaite très sincèrement que le Sahara soit marocain mais c’est aux Sahraouis d’en décider.

    Des projets ?

    Oui, je termine deux livres et je lance, au Maroc, un nouvel hebdomadaire politico-satirique qui remplacera Demain. Je vais l’appeler Après-demain. Et par honnêteté intellectuelle, je vous dis que ce n’est pas mon idée mais celle de Plantu, le caricaturiste du quotidien français Le Monde. Il était venu me voir en prison et comme la visite lui a été refusée, alors il m’a laissé un de ses livres qu’il avait pris le soin de dédicacer, en me suggérant cette idée.

    El Watan, 20 nov 2004

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Driss Basri, Front Polisario, Ali Lmrabet,