Auteur/autrice : mahembarec

  • Carne Ross: A brave woman pays the price for a misinterpreted interview

    By Carne Ross
    Being US Secretary of State requires difficult choices and careful words. There is a balance to be struck between maintaining relations but also principle. Great harm can be done with a few words. One recent episode illustrates the risks.
    In my work on the Western Sahara (my non-profit group advises the Polisario Front who represent the Saharawi people), I have met a very brave and determined woman, Aminatou Haidar, the 42-year old Saharawi human rights campaigner. What she told me about her abuse by the Moroccan forces who occupy the Western Sahara, her country, chilled my blood.
    I was shocked to learn that last week Aminatou was again arrested and later expelled by Morocco. She has endured years of imprisonment and abuse but has continued to speak up for the right of her people to self-determination. Last month she was in the US to receive the Civil Courage Award from the Train Foundation, and she was earlier awarded the Robert F. Kennedy Human Rights Award. She was arrested on her return from the US and is now separated from her children and exiled from her country. 
    The week before Haidar’s arrest, Hillary Clinton visited Morocco. While there, she gave an interview, unreported here in the US, praising Morocco’s human rights record and appearing to endorse the Bush administration’s policy to support Morocco’s plan for the Western Sahara. Morocco has been in illegal occupation of the Western Sahara since invading it in 1975. If implemented, Morocco’s plan would effectively bring Western Sahara under Moroccan sovereignty, a notion rejected outright by the International Court of Justice and never accepted by the US. 
    Ask Aminatou Haidar about Morocco’s occupation and she will tell you that it means continued repression and abuse of the Saharawi people, most of whom were forcibly expelled from the territory in 1975 and have remained in desert refugee camps ever since. This is not just Aminatou’s view. Amnesty International, Human Rights Watch, and even the State Department itself have detailed Morocco’s systematic abuse and denial of rights to the Saharawi people.
    After Secretary Clinton’s interview, Morocco has gone on the offensive against the Saharawis. Morocco’s arrest and expulsion of Haidar, who is the Saharawis’ most prominent and celebrated activist, is clearly meant to intimidate and silence all Saharawis. In addition to her arrest, Morocco has decided to try for treason seven other Saharawi human rights activists. Facing a military court, these six men and one woman now face the death penalty for their « crime » of visiting their compatriots in the refugee camps and demanding their legal right of self-determination.
    I have no doubt that Hillary Clinton would not endorse this flagrant abuse of human rights, on the contrary. The trouble is that it is equally clear that Morocco has taken her words as an implicit permission to enact this repression, even if she in no ways intended it so. Morocco maneuvers with great skill, and it has clearly sensed a political opportunity to close down Saharawi demands for self-determination once and for all. After the Secretary of State’s visit, the King of Morocco gave a speech unprecedented in its hostility against the Saharawis, accusing them of treachery.
    So the US must now respond. It must demand the release of these brave campaigners for their rights. Moreover, the US must address the root cause of Morocco’s abuses – its occupation of someone else’s country, the Western Sahara. The UN envoy is a thoughtful and experienced US diplomat, Christopher Ross. He can only resolve the long-standing dispute over the Western Sahara with robust support from his own government in Washington. This means pressure, at last, on Morocco, to allow a meaningful process of self-determination. 
    If this is done, it may be that a misinterpreted interview may trigger – at last – the long overdue liberation of an oppressed people. Aminatou Haidar would consider her arrest and long years of suffering a price well worth paying for this result.
    Carne Ross is a former diplomat. The non-profit advisory group he heads, Independent Diplomat, amongst others advises the Polisario Front, the representatives of the Saharawi people. 


  • L’IRCAM représente la plus grande supercherie du vingt et unième siècle




    Entretien avec Moha Boudhan

    L’association « Identité amazighe » a rendu public le 4 octobre 2008 un document qui apporte du nouveau dans le paysage politique amazigh. Intitulé « Pour un Etat qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc », le document déplace, pour la première fois dans l’histoire du mouvement amazigh contemporain, la question de l’identité au niveau de la notion de l’Etat et du pouvoir politique en prônant une « réamazighation » de l’Etat.

    Nous avons entretenu, à ce sujet, à Selouan au Nord de Tamazgha occidentale, Moha Boudhan, l’un des membres de cette association et directeur du mensuel amazigh Tawiza. 

    Entretien.

    Tamazgha.fr : Où en est le combat amazigh à Tamazgha occidentale ?M. Boudhan : 

    On peut dire, sans crainte d’erreur, qu’avec la création de l’IRCAM (Institut royal de la culture amazighe), le 17 octobre 2001, le combat amazigh, si l’on veut continuer à l’appeler ainsi, a été « intégré » avec succès à la nouvelle « politique berbère » inaugurée par le dit institut, ce qui lui a fait, bien sûr, perdre beaucoup de sa combativité.

    En effet, le pouvoir a magnifiquement réussi à apprivoiser le Mouvement amazigh et à le vider de son contenu politique qui dérangeait énormément le pouvoir arabiste du Maroc, en lui donnant, grâce à l’IRCAM, une orientation « culturaliste » où les revendications amazighes portent sur la culture, la langue, la poésie, les contes, la chanson, le folklore… et non sur le pouvoir politique, qui continue à être arabe sur une terre amazighe sans être contesté par le Mouvement amazigh, avec pour corollaire l’exclusion politique permanente de l’amazighité sur sa propre terre. Ce qui constitue l’essence de la nouvelle « politique berbère » de la « nouvelle ère » au Maroc : vous, Imazighen, « faites » la culture mais ne faites pas la politique réservée aux seuls Arabes.
    L’IRCAM, représentant la nouvelle « politique berbère » du pouvoir, a réussi donc l’apprivoisement et la « culturalisation » la de la cause amazighe, c’est-à-dire sa dépolitisation, en agissant selon les éléments suivant :
    – « Décapiter » les « têtes » du Mouvement amazigh en les nommant comme « élite royale » à l’
    Institut royal de la culture amazighe, avec tous les privilèges matériels et symboliques que procure l’appartenance à une telle « élite royale ».
    – Le renouvellement de cette « élite royale » tous les quatre ans, incite une grande partie de militants amazighs à être « sages » en renonçant à toute revendication politique et on se contentant des revendications « culturalistes » autorisées par la nouvelle « politique berbère », et ce dans le but de ne pas « salir » le dossier du « militant » qui aspire à être recruté un jour comme membre de l’ »élite royale » amazighe.
    – Une grande partie des associations amazighes agissent de la même façon et avec la même « prudence » : paraître « sage » et « modérée » dans le but d’établir des « partenariats » juteux avec l’IRCAM qui n’accepte comme « partenaires », parmi les associations amazighes, que celles qui ont fait preuve de leur conformité à la nouvelle « politique berbère » que supervise l’IRCAM.
    – En outre, cet IRCAM joue le rôle de « courtier » qui marchande les militants et associations amazighs pour les rallier à la nouvelle « politique berbère » en les soudoyant sous couvert d’argent alloué aux « activités » culturelles amazighes et à la « recherche » et en leur miroitant des postes de travail à l’IRCAM et des « partenariats » très lucratifs.
    Tout le danger de l’IRCAM réside dans cette politique « incitative » qui encourage, usant de l’argent, les associations et militants amazighs à adhérer à la nouvelle « politique berbère ». C’est-à-dire « militer » pour tamazight comme le veut le pouvoir arabe et conformément à ses intérêts et non à ceux de tamazight. C’est pourquoi cet institut (IRCAM) représente la plus grande supercherie du vingt et unième siècle visant tamazight, après l’autre grande supercherie du vingtième siècle qui est le mythe dit « Dahir berbère ». Malheureusement cette supercherie (Celle du 21
    ème siècle) n’aurait jamais réussi sans la bénédiction et la collaboration de certains « grands » militants amazighs.
    Un re-décollage du combat amazigh exige donc, comme condition sine qua non, la rupture totale et définitive avec la nouvelle « politique berbère » qui a neutralisé le combat amazigh en le dépolitisant. Il faut revenir à l’essence politique du problème amazigh en posant la question de l’identité, non pas des individus ou des groupes ethniques, mais de l’identité de l’Etat. C’est ce qu’a fait l’association « Identité Amazighe » en publiant le document « Pour un État qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc ».
    Comment expliquez-vous cette facilité de la monarchie à corrompre ceux qui sont censés être l’élite amazighe ?
    Avec la même facilité par laquelle la Monarchie avait réussi à « corrompre » ses irréductibles adversaires des années 70 – 80, appartenant aux partis d’opposition de cette époque, dont certains ont été même condamnés à mort, comme l’ex-premier ministre Abderrahman Youssoufi devenu, depuis sa nomination premier ministre par Hassan II, plus défenseur du Makhzen que le Makhzen lui-même. En effet, ce dernier a pu domestiquer et « makhzéniser » ses anciens ennemis qui remplissaient jadis les prisons, comme Benzekri, Herzni, Salah Elouadi, Serfati… etc. Les moyens de cette domestication facile, c’est, bien sûr, l’argent que ces nouveaux serviteurs de la monarchie, qu’ils combattaient hier, reçoivent à flots en les nommant dans des postes à des millions par mois. C’est là la capacité extraordinaire du makhzen à s’adapter aux situations hostiles et en tirer profit.
    En ce qui concerne l’ »élite amazighe », en plus de l’argent qui coule avec abondance à l’IRCAM, et qui est employé pour corrompre cette élite, il faut reconnaître que la nature « culturaliste » des revendications amazighes depuis « la charte d’Agadir », explique, en partie, cet apprivoisement facile de cette « élite » amazighe. Celle-ci revendiquait l’enseignement de tamazight, son introduction dans les média… C’est ce qu’a fait la monarchie. Donc, pour cette « élite » amazighe, le pouvoir ne les a pas domestiqués, il a, au contraire, répondu à leurs revendications. Voilà le contenu pratique de la politique berbère. Cette politique est un autre moyen qui a fait preuve de son efficacité pour apprivoiser les « militants » amazighs.
    Le document intitulé « Pour un Etat qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc » semble très critique et propose une nouvelle stratégie de « survie ». Est ce que vous pouvez nous éclairer sur ce point ?
    Avant de vous répondre, j’aimerais faire une petite rectification concernant le mot « survie ». Le but du document n’est pas la « survie » de tamazight. Pourquoi ? Parce que la « survie », selon le dictionnaire, c’est le « fait de se maintenir en vie dans un environnement naturel mortifère ». Dans ce cas le « survivant » ne cherche qu’à rester en vie, même marginalisé, humilié, privé de ses droits et sans aucune dignité… La « survie » est donc une « vie moindre », une « vie » qui manque de vie. C’est cette situation de « survie », ou de « vie moindre », que vit l’amazighité actuellement. Elle « survit » mais ne vit pas. Pour continuer à rester en vie, elle est humiliée, marginalisée, privée de ses droits et sa dignité. C’est une survie donc et non pas une vie. Cette situation de « survie » est créée et maintenue par la nouvelle politique berbère que mène l’IRCAM dont le but est justement de faire en sorte que tamazight « survive » tout en l’empêchant de « vivre » pleinement.
    Le nouveau projet que propose notre document, c’est donc redonner la vraie vie à tamazight en la sortant le l’état de « survie » dans laquelle la maintient la nouvelle « politique berbère » du pouvoir arabiste au Maroc.
    Comment faire passer tamazight de la « survie » à une vie vraie et pleine ? Tout simplement, en la faisant passer de la « politique berbère » à une vraie « politique amazighe ». Comment réussir ce passage de la « politique berbère » à la « politique amazighe » ? En revenant au contenu politique, et non culturel, de la question amazighe. En quoi consiste ce contenu politique de la question amazighe ? Il consiste en des revendications, non pas culturelles, mais politiques aspirant à l’exercice du pouvoir par tamazight en tant qu’identité de l’Etat au Maroc.
    La nouveauté du document est qu’il déplace, pour la première fois dans l’histoire du Mouvement amazigh, la question de l’identité du niveau des individus et des groupes ethniques, au niveau de l’Etat et du pouvoir politique. Ce qui fait de cette revendication de « réamazigher » l’Etat une revendication de référence, première et originelle qu’il suffit de satisfaire pour que toutes les autres revendications (comme l’enseignement et la constitutionnalisation de tamazight par exemple) soient toutes réalisées automatiquement parce qu’elles sont incluses dans la grande revendication de référence, la première et l’originelle qui concerne l’identité de l’Etat. Nous sommes partis du constat selon lequel l’identité, partout dans le monde, se définit essentiellement par le territoire et non pas par la race et l’appartenance ethnique. Ainsi, lorsque je dis que je suis d’identité amazighe, cela ne veut nullement dire que je porte des « gènes » amazighs, que personne d’ailleurs ne peut prouver. Cela veut dire simplement que j’appartiens à la terre amazighe du Maroc. Mon identité est donc amazighe, suivant l’identité de la terre, où je vis comme y ont vécu mes aïeuls, même si mes origines raciales ne sont pas vraiment amazighes. Cette identité territoriale est représentée dans chaque pays par l’identité de l’Etat de ce pays de qui tire cet Etat son identité. Ceci est valable pour tous les pays et les Etats du monde, sauf en cas de colonisation d’un pays par une puissance étrangère, où ce pays est gouverné par un Etat dont l’identité est différente de l’identité du pays qu’il colonise.
    Ici au Maroc, le pays est amazigh. Il n’a jamais été un territoire arabe. Mais le problème c’est qu’il est gouverné par un Etat qui se réclame de l’identité arabe. Ce qui est une anomalie qu’il faut corriger en réinstaurant l’identité amazighe de l’Etat conformément à l’identité du pays qui est amazighe. Cette identité amazighe de l’Etat n’a jamais fait partie des revendications amazighes. On revendique toujours l’enseignement de tamazight, sa constitutionnalisation, une télévision amazighe, son emploi dans l’administration et les tribunaux, etc.… A supposer que toutes ces revendications sont exaucées, pourtant cela ne change rien à l’identité arabe de l’Etat au Maroc, ce qui signifie que l’exclusion politique – et non culturelle et linguistique – de tamazight se poursuit.
    En plus, ces revendications, parce qu’elles sont culturelles, linguistique et ethniques, font paraître Imazighen comme une minorité ethnique qui revendique la reconnaissance des ses droits culturels et linguistiques en tant que groupe ethnique ayant des droits spécifiques. Voilà ce qui met à l’aise le pouvoir arabiste au Maroc : si Imazighen sont une minorité, c’est par rapport à une majorité « arabe » que cette minorité amazighe sollicite de reconnaître ses droits en tant que minorité ethnique. Donc, ce sont ces revendications culturelles, linguistiques et ethniques du Mouvement amazigh qui consolident l’identité arabe au Maroc en tant qu’identité de la « majorité » et affaiblit du même coup, Imazighen en en faisant une petite minorité.
    Voilà pourquoi le pouvoir arabiste ne trouve pas d’inconvénient à répondre à ces revendications culturelles amazighes puisqu’elles ne constituent aucun danger sur le pouvoir politique qui reste exercée au nom de l’identité arabe. Ainsi est le contenu même de la nouvelle « politiques berbère » : Le pouvoir politique continue d’être accaparé par les arabistes et exercé au nom de l’appartenance arabe que représente l’Etat arabe du Maroc tout en feignant de reconnaître à la « minorité » amazighe ses droits ethniques et culturels. Voilà où mène ce type de revendications que le Mouvement amazigh arbore depuis les années soixante-dix du siècle dernier.
    Il faut donc revenir à la question de l’identité de l’Etat qui doit être une identité amazighe. Voilà, en gros, le contenu du document. Le pouvoir politique doit redevenir amazigh, c’est-à-dire être exercé au nom de l’identité amazighe qui est l’identité de la terre amazighe où s’exerce ce pouvoir. Cela ne veut pas dire que les responsables politiques qui exercent le pouvoir doivent être racialement amazighs, non, cela veut dire simplement qu’ils doivent exercer leur pouvoir au nom de l’indenté amazighe représentée par l’Etat amazigh.
    Lorsque l’Etat redevient amazigh, suivant la terre amazighe, l’amazighité recouvre sa « vie » et abandonne la « survie » dans laquelle l’ont mises les revendications qui font d’elle l’identité d’une « minorité » alors que la terre amazighe est toujours amazighe dans sa totalité.
    Qu’est-ce qui distingue votre initiative de toutes les autres qu’a connu le mouvement amazigh (partis, CNC, Tada …)
    La différence est de taille. Tous les autres projets et initiatives (Charte d’Agadir, Le manifeste amazigh, Partis, CNC, Tada, Autonomies régionales…) n’ont jamais revendiqué la « réamazighation » de l’Etat, de sorte qu’il redevienne un Etat amazigh, où le pouvoir est amazigh, c’est-à-dire exercé au nom de l’identité amazighe en conformité avec l’identité de la terre amazighe du Maroc. Cette revendication identitaire portant sur l’identité de l’Etat et du pouvoir politique, et non sur l’identité des individus et des groupes ethniques, est quelque chose de totalement nouveau dans l’histoire du MA qui n’a jamais demandé, dans ses communications et ses documents, à ce que l’Etat marocain soit un Etat amazigh. Voilà ce qui distingue notre initiative de toutes les autres.
    Que pensez-vous de l’initiative du groupe de militants qui avaient rendu publique une déclaration dans laquelle ils font savoir qu’ils vont donner naissance à une structure politique ?
    Je ne pense que du bien. Ce n’est pour le moment qu’un projet de rencontre pour débattre de la nature de cette structure. Nous, nous sommes déjà invités à participer à cette rencontre. Nous comptons défendre notre point de vue lié à la problématique de l’identité de l’Etat qui doit être un Etat amazigh parce qu’il gouverne un pays amazigh. Nous espérons que cette structure politique, quelque en soit la forme, aura des objectifs orientés vers le combat pour la reconstruction d’un Etat amazigh comme nous l’affirmons dans notre document.
    Revenons au Mouvement amazigh, nous constatons qu’aucune de ses revendications n’avait été satisfaite après plusieurs décennies de combat. Devrons-nous, désormais, faire du combat pour la souveraineté l’un de nos buts stratégiques ?
    Je ne partage pas l’idée selon laquelle « aucune des revendications du MCA n’avait été satisfaite après plusieurs décennies du combat ». Le pouvoir arabiste a su, comme je l’ai expliqué auparavant, répondre à certaines revendications culturelles et linguistiques amazighes. Par exemple on ne peut pas nier la décision de l’Etat d’introduire tamazight à la télévision, d’enseigner tamazight avec son alphabet tifinagh, même si cet enseignement connaît beaucoup de problèmes. Ces accomplissements au profit de tamazight les revendiquaient le MA depuis la charte d’Agadir (1992) et ne se sont réalisées qu’à partir de la création de l’IRCAM.
    Donc la question est de savoir si des revendications amazighes ont été satisfaites ou non. La question c’est dans quel sens le pouvoir a répondu à ces revendications. Dans le sens de la nouvelle « politique berbère » qui traite Imazighen comme une « minorité » revendiquant la reconnaissance de leurs doits spécifiques. Le paradoxe, c’est que cette situation de minorité est entérinée par les revendications amazighes qui corroborent cette situation qui ne menace en aucun cas le pouvoir arabiste puisque ces revendications ne contestent pas ce pouvoir et n’aspirent pas à le remplacer par un pouvoir amazigh, c’est-à-dire exercé au non de l’identité amazighe de la terre amazighe du Maroc. Quand le pouvoir sera exercé au nom de l’amazighité, cela signifie effectivement que celle-ci a recouvré sa pleine souveraineté, ce qui veut dire la fin de la « politique berbère » d’origine étrangère comme le mot « berbère », et le début de la « politique amazighe » qui est une politique nationale exercée par imazighen eux-mêmes, comme le mot « amazigh » qui est d’origine proprement amazighe et interne, contrairement au vocable « berbère » venu de l’extérieur.
    Le recouvrement de la souveraineté amazighe est inséparable du recouvrement de l’identité amazighe de l’Etat. Voilà sur quoi doivent porter les revendications amazighes pour sortir de la « politique berbère » d’origine étrangère.
    Quel accueil le Mouvement amazigh a réservé à votre document ?
    Un accueil mitigé sans grand enthousiasme chez les associations amazighes. Cette attitude s’explique par plusieurs raisons :
    – Premièrement, le document est encore nouveau. Or les idées nouvelles requièrent plus de temps pour qu’elles se répandent et soient comprises et assimilées.
    – Certains militants et associations amazighs se cramponnent de façon tellement forte à leurs positions vis-à-vis de l’amazighité qu’ils ne peuvent y renoncer, les dépasser, les faire évoluer ou les remplacer par d’autres positions plus novatrices et plus utiles à l’amazighité. Parce qu’ils considèrent ces positions comme leur « capital » personnel qu’ils doivent protéger, préserver et « fructifier » en organisant des colloques et des activités autour de ce « capital », dont certains exemples sont : « la charte d’Agadir », « le manifeste amazigh », « les peuples autochtones », « l’autonomie des régions amazighes », « la laïcité », « le parti amazigh »… Ces questions qui portent sur des sujets partiels, sectoriels et secondaires constituent une vraie entrave à la position de la question générale, globale et fondamentale de l’exclusion politique de l’amazighité, qui est la question de l’identité de l’Etat au Maroc. En effet, le recouvrement de l’identité amazighe de l’Etat au Maroc entraîne et implique une solution immédiate à toutes ces petites questions « sectorielles » et partielles.
    – Beaucoup de militants et associations amazighs surtout, ne veulent pas « salir leur dossier » vis-à-vis du temple IRCAM en adoptant une nouvelle conception de l’identité qui est l’opposé direct de la nouvelle « politique berbère » que dirige l’IRCAM.
    Ce qui explique que les militants indépendants ont accueilli favorablement le document duquel ils s’inspirent et auquel ils se réfèrent dans leurs écrits publiés dans des journaux ou sur Internet. Dans ces écrits, un nouveau débat sur l’identité commence à s’installer où l’élément « terre » est central dans ce débat et où le politique, lié à l’Etat et l’exercice du pouvoir ; prend la place du culturel et du linguistique.
    Nous sommes optimistes et confiants dans l’avenir. Parce que nous croyons que le mensonge ne peut pas continuer à tromper toujours les gens, sinon il n’y aurait jamais de science et de vérités. À un moment ou un autre, la vérité finit toujours par éclater au grand jour. Il viendra donc un jour où le Mouvement amazigh fera de la « réamazighation » de l’Etat sa principale revendication parce qu’il aura pris conscience que c’est par la satisfaction de celle-ci que toutes les autres revendications seront automatiquement satisfaites.
    Propos recueillis par :
    Lhoussain Azergui. Sur Tamazgha
  • L’IRCAM représente la plus grande supercherie du vingt et unième siècle




    Entretien avec Moha Boudhan

    L’association « Identité amazighe » a rendu public le 4 octobre 2008 un document qui apporte du nouveau dans le paysage politique amazigh. Intitulé « Pour un Etat qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc », le document déplace, pour la première fois dans l’histoire du mouvement amazigh contemporain, la question de l’identité au niveau de la notion de l’Etat et du pouvoir politique en prônant une « réamazighation » de l’Etat.

    Nous avons entretenu, à ce sujet, à Selouan au Nord de Tamazgha occidentale, Moha Boudhan, l’un des membres de cette association et directeur du mensuel amazigh Tawiza. 

    Entretien.

    Tamazgha.fr : Où en est le combat amazigh à Tamazgha occidentale ?M. Boudhan : 

    On peut dire, sans crainte d’erreur, qu’avec la création de l’IRCAM (Institut royal de la culture amazighe), le 17 octobre 2001, le combat amazigh, si l’on veut continuer à l’appeler ainsi, a été « intégré » avec succès à la nouvelle « politique berbère » inaugurée par le dit institut, ce qui lui a fait, bien sûr, perdre beaucoup de sa combativité.

    En effet, le pouvoir a magnifiquement réussi à apprivoiser le Mouvement amazigh et à le vider de son contenu politique qui dérangeait énormément le pouvoir arabiste du Maroc, en lui donnant, grâce à l’IRCAM, une orientation « culturaliste » où les revendications amazighes portent sur la culture, la langue, la poésie, les contes, la chanson, le folklore… et non sur le pouvoir politique, qui continue à être arabe sur une terre amazighe sans être contesté par le Mouvement amazigh, avec pour corollaire l’exclusion politique permanente de l’amazighité sur sa propre terre. Ce qui constitue l’essence de la nouvelle « politique berbère » de la « nouvelle ère » au Maroc : vous, Imazighen, « faites » la culture mais ne faites pas la politique réservée aux seuls Arabes.
    L’IRCAM, représentant la nouvelle « politique berbère » du pouvoir, a réussi donc l’apprivoisement et la « culturalisation » la de la cause amazighe, c’est-à-dire sa dépolitisation, en agissant selon les éléments suivant :
    – « Décapiter » les « têtes » du Mouvement amazigh en les nommant comme « élite royale » à l’
    Institut royal de la culture amazighe, avec tous les privilèges matériels et symboliques que procure l’appartenance à une telle « élite royale ».
    – Le renouvellement de cette « élite royale » tous les quatre ans, incite une grande partie de militants amazighs à être « sages » en renonçant à toute revendication politique et on se contentant des revendications « culturalistes » autorisées par la nouvelle « politique berbère », et ce dans le but de ne pas « salir » le dossier du « militant » qui aspire à être recruté un jour comme membre de l’ »élite royale » amazighe.
    – Une grande partie des associations amazighes agissent de la même façon et avec la même « prudence » : paraître « sage » et « modérée » dans le but d’établir des « partenariats » juteux avec l’IRCAM qui n’accepte comme « partenaires », parmi les associations amazighes, que celles qui ont fait preuve de leur conformité à la nouvelle « politique berbère » que supervise l’IRCAM.
    – En outre, cet IRCAM joue le rôle de « courtier » qui marchande les militants et associations amazighs pour les rallier à la nouvelle « politique berbère » en les soudoyant sous couvert d’argent alloué aux « activités » culturelles amazighes et à la « recherche » et en leur miroitant des postes de travail à l’IRCAM et des « partenariats » très lucratifs.
    Tout le danger de l’IRCAM réside dans cette politique « incitative » qui encourage, usant de l’argent, les associations et militants amazighs à adhérer à la nouvelle « politique berbère ». C’est-à-dire « militer » pour tamazight comme le veut le pouvoir arabe et conformément à ses intérêts et non à ceux de tamazight. C’est pourquoi cet institut (IRCAM) représente la plus grande supercherie du vingt et unième siècle visant tamazight, après l’autre grande supercherie du vingtième siècle qui est le mythe dit « Dahir berbère ». Malheureusement cette supercherie (Celle du 21
    ème siècle) n’aurait jamais réussi sans la bénédiction et la collaboration de certains « grands » militants amazighs.
    Un re-décollage du combat amazigh exige donc, comme condition sine qua non, la rupture totale et définitive avec la nouvelle « politique berbère » qui a neutralisé le combat amazigh en le dépolitisant. Il faut revenir à l’essence politique du problème amazigh en posant la question de l’identité, non pas des individus ou des groupes ethniques, mais de l’identité de l’Etat. C’est ce qu’a fait l’association « Identité Amazighe » en publiant le document « Pour un État qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc ».
    Comment expliquez-vous cette facilité de la monarchie à corrompre ceux qui sont censés être l’élite amazighe ?
    Avec la même facilité par laquelle la Monarchie avait réussi à « corrompre » ses irréductibles adversaires des années 70 – 80, appartenant aux partis d’opposition de cette époque, dont certains ont été même condamnés à mort, comme l’ex-premier ministre Abderrahman Youssoufi devenu, depuis sa nomination premier ministre par Hassan II, plus défenseur du Makhzen que le Makhzen lui-même. En effet, ce dernier a pu domestiquer et « makhzéniser » ses anciens ennemis qui remplissaient jadis les prisons, comme Benzekri, Herzni, Salah Elouadi, Serfati… etc. Les moyens de cette domestication facile, c’est, bien sûr, l’argent que ces nouveaux serviteurs de la monarchie, qu’ils combattaient hier, reçoivent à flots en les nommant dans des postes à des millions par mois. C’est là la capacité extraordinaire du makhzen à s’adapter aux situations hostiles et en tirer profit.
    En ce qui concerne l’ »élite amazighe », en plus de l’argent qui coule avec abondance à l’IRCAM, et qui est employé pour corrompre cette élite, il faut reconnaître que la nature « culturaliste » des revendications amazighes depuis « la charte d’Agadir », explique, en partie, cet apprivoisement facile de cette « élite » amazighe. Celle-ci revendiquait l’enseignement de tamazight, son introduction dans les média… C’est ce qu’a fait la monarchie. Donc, pour cette « élite » amazighe, le pouvoir ne les a pas domestiqués, il a, au contraire, répondu à leurs revendications. Voilà le contenu pratique de la politique berbère. Cette politique est un autre moyen qui a fait preuve de son efficacité pour apprivoiser les « militants » amazighs.
    Le document intitulé « Pour un Etat qui tire son identité de la terre amazighe au Maroc » semble très critique et propose une nouvelle stratégie de « survie ». Est ce que vous pouvez nous éclairer sur ce point ?
    Avant de vous répondre, j’aimerais faire une petite rectification concernant le mot « survie ». Le but du document n’est pas la « survie » de tamazight. Pourquoi ? Parce que la « survie », selon le dictionnaire, c’est le « fait de se maintenir en vie dans un environnement naturel mortifère ». Dans ce cas le « survivant » ne cherche qu’à rester en vie, même marginalisé, humilié, privé de ses droits et sans aucune dignité… La « survie » est donc une « vie moindre », une « vie » qui manque de vie. C’est cette situation de « survie », ou de « vie moindre », que vit l’amazighité actuellement. Elle « survit » mais ne vit pas. Pour continuer à rester en vie, elle est humiliée, marginalisée, privée de ses droits et sa dignité. C’est une survie donc et non pas une vie. Cette situation de « survie » est créée et maintenue par la nouvelle politique berbère que mène l’IRCAM dont le but est justement de faire en sorte que tamazight « survive » tout en l’empêchant de « vivre » pleinement.
    Le nouveau projet que propose notre document, c’est donc redonner la vraie vie à tamazight en la sortant le l’état de « survie » dans laquelle la maintient la nouvelle « politique berbère » du pouvoir arabiste au Maroc.
    Comment faire passer tamazight de la « survie » à une vie vraie et pleine ? Tout simplement, en la faisant passer de la « politique berbère » à une vraie « politique amazighe ». Comment réussir ce passage de la « politique berbère » à la « politique amazighe » ? En revenant au contenu politique, et non culturel, de la question amazighe. En quoi consiste ce contenu politique de la question amazighe ? Il consiste en des revendications, non pas culturelles, mais politiques aspirant à l’exercice du pouvoir par tamazight en tant qu’identité de l’Etat au Maroc.
    La nouveauté du document est qu’il déplace, pour la première fois dans l’histoire du Mouvement amazigh, la question de l’identité du niveau des individus et des groupes ethniques, au niveau de l’Etat et du pouvoir politique. Ce qui fait de cette revendication de « réamazigher » l’Etat une revendication de référence, première et originelle qu’il suffit de satisfaire pour que toutes les autres revendications (comme l’enseignement et la constitutionnalisation de tamazight par exemple) soient toutes réalisées automatiquement parce qu’elles sont incluses dans la grande revendication de référence, la première et l’originelle qui concerne l’identité de l’Etat. Nous sommes partis du constat selon lequel l’identité, partout dans le monde, se définit essentiellement par le territoire et non pas par la race et l’appartenance ethnique. Ainsi, lorsque je dis que je suis d’identité amazighe, cela ne veut nullement dire que je porte des « gènes » amazighs, que personne d’ailleurs ne peut prouver. Cela veut dire simplement que j’appartiens à la terre amazighe du Maroc. Mon identité est donc amazighe, suivant l’identité de la terre, où je vis comme y ont vécu mes aïeuls, même si mes origines raciales ne sont pas vraiment amazighes. Cette identité territoriale est représentée dans chaque pays par l’identité de l’Etat de ce pays de qui tire cet Etat son identité. Ceci est valable pour tous les pays et les Etats du monde, sauf en cas de colonisation d’un pays par une puissance étrangère, où ce pays est gouverné par un Etat dont l’identité est différente de l’identité du pays qu’il colonise.
    Ici au Maroc, le pays est amazigh. Il n’a jamais été un territoire arabe. Mais le problème c’est qu’il est gouverné par un Etat qui se réclame de l’identité arabe. Ce qui est une anomalie qu’il faut corriger en réinstaurant l’identité amazighe de l’Etat conformément à l’identité du pays qui est amazighe. Cette identité amazighe de l’Etat n’a jamais fait partie des revendications amazighes. On revendique toujours l’enseignement de tamazight, sa constitutionnalisation, une télévision amazighe, son emploi dans l’administration et les tribunaux, etc.… A supposer que toutes ces revendications sont exaucées, pourtant cela ne change rien à l’identité arabe de l’Etat au Maroc, ce qui signifie que l’exclusion politique – et non culturelle et linguistique – de tamazight se poursuit.
    En plus, ces revendications, parce qu’elles sont culturelles, linguistique et ethniques, font paraître Imazighen comme une minorité ethnique qui revendique la reconnaissance des ses droits culturels et linguistiques en tant que groupe ethnique ayant des droits spécifiques. Voilà ce qui met à l’aise le pouvoir arabiste au Maroc : si Imazighen sont une minorité, c’est par rapport à une majorité « arabe » que cette minorité amazighe sollicite de reconnaître ses droits en tant que minorité ethnique. Donc, ce sont ces revendications culturelles, linguistiques et ethniques du Mouvement amazigh qui consolident l’identité arabe au Maroc en tant qu’identité de la « majorité » et affaiblit du même coup, Imazighen en en faisant une petite minorité.
    Voilà pourquoi le pouvoir arabiste ne trouve pas d’inconvénient à répondre à ces revendications culturelles amazighes puisqu’elles ne constituent aucun danger sur le pouvoir politique qui reste exercée au nom de l’identité arabe. Ainsi est le contenu même de la nouvelle « politiques berbère » : Le pouvoir politique continue d’être accaparé par les arabistes et exercé au nom de l’appartenance arabe que représente l’Etat arabe du Maroc tout en feignant de reconnaître à la « minorité » amazighe ses droits ethniques et culturels. Voilà où mène ce type de revendications que le Mouvement amazigh arbore depuis les années soixante-dix du siècle dernier.
    Il faut donc revenir à la question de l’identité de l’Etat qui doit être une identité amazighe. Voilà, en gros, le contenu du document. Le pouvoir politique doit redevenir amazigh, c’est-à-dire être exercé au nom de l’identité amazighe qui est l’identité de la terre amazighe où s’exerce ce pouvoir. Cela ne veut pas dire que les responsables politiques qui exercent le pouvoir doivent être racialement amazighs, non, cela veut dire simplement qu’ils doivent exercer leur pouvoir au nom de l’indenté amazighe représentée par l’Etat amazigh.
    Lorsque l’Etat redevient amazigh, suivant la terre amazighe, l’amazighité recouvre sa « vie » et abandonne la « survie » dans laquelle l’ont mises les revendications qui font d’elle l’identité d’une « minorité » alors que la terre amazighe est toujours amazighe dans sa totalité.
    Qu’est-ce qui distingue votre initiative de toutes les autres qu’a connu le mouvement amazigh (partis, CNC, Tada …)
    La différence est de taille. Tous les autres projets et initiatives (Charte d’Agadir, Le manifeste amazigh, Partis, CNC, Tada, Autonomies régionales…) n’ont jamais revendiqué la « réamazighation » de l’Etat, de sorte qu’il redevienne un Etat amazigh, où le pouvoir est amazigh, c’est-à-dire exercé au nom de l’identité amazighe en conformité avec l’identité de la terre amazighe du Maroc. Cette revendication identitaire portant sur l’identité de l’Etat et du pouvoir politique, et non sur l’identité des individus et des groupes ethniques, est quelque chose de totalement nouveau dans l’histoire du MA qui n’a jamais demandé, dans ses communications et ses documents, à ce que l’Etat marocain soit un Etat amazigh. Voilà ce qui distingue notre initiative de toutes les autres.
    Que pensez-vous de l’initiative du groupe de militants qui avaient rendu publique une déclaration dans laquelle ils font savoir qu’ils vont donner naissance à une structure politique ?
    Je ne pense que du bien. Ce n’est pour le moment qu’un projet de rencontre pour débattre de la nature de cette structure. Nous, nous sommes déjà invités à participer à cette rencontre. Nous comptons défendre notre point de vue lié à la problématique de l’identité de l’Etat qui doit être un Etat amazigh parce qu’il gouverne un pays amazigh. Nous espérons que cette structure politique, quelque en soit la forme, aura des objectifs orientés vers le combat pour la reconstruction d’un Etat amazigh comme nous l’affirmons dans notre document.
    Revenons au Mouvement amazigh, nous constatons qu’aucune de ses revendications n’avait été satisfaite après plusieurs décennies de combat. Devrons-nous, désormais, faire du combat pour la souveraineté l’un de nos buts stratégiques ?
    Je ne partage pas l’idée selon laquelle « aucune des revendications du MCA n’avait été satisfaite après plusieurs décennies du combat ». Le pouvoir arabiste a su, comme je l’ai expliqué auparavant, répondre à certaines revendications culturelles et linguistiques amazighes. Par exemple on ne peut pas nier la décision de l’Etat d’introduire tamazight à la télévision, d’enseigner tamazight avec son alphabet tifinagh, même si cet enseignement connaît beaucoup de problèmes. Ces accomplissements au profit de tamazight les revendiquaient le MA depuis la charte d’Agadir (1992) et ne se sont réalisées qu’à partir de la création de l’IRCAM.
    Donc la question est de savoir si des revendications amazighes ont été satisfaites ou non. La question c’est dans quel sens le pouvoir a répondu à ces revendications. Dans le sens de la nouvelle « politique berbère » qui traite Imazighen comme une « minorité » revendiquant la reconnaissance de leurs doits spécifiques. Le paradoxe, c’est que cette situation de minorité est entérinée par les revendications amazighes qui corroborent cette situation qui ne menace en aucun cas le pouvoir arabiste puisque ces revendications ne contestent pas ce pouvoir et n’aspirent pas à le remplacer par un pouvoir amazigh, c’est-à-dire exercé au non de l’identité amazighe de la terre amazighe du Maroc. Quand le pouvoir sera exercé au nom de l’amazighité, cela signifie effectivement que celle-ci a recouvré sa pleine souveraineté, ce qui veut dire la fin de la « politique berbère » d’origine étrangère comme le mot « berbère », et le début de la « politique amazighe » qui est une politique nationale exercée par imazighen eux-mêmes, comme le mot « amazigh » qui est d’origine proprement amazighe et interne, contrairement au vocable « berbère » venu de l’extérieur.
    Le recouvrement de la souveraineté amazighe est inséparable du recouvrement de l’identité amazighe de l’Etat. Voilà sur quoi doivent porter les revendications amazighes pour sortir de la « politique berbère » d’origine étrangère.
    Quel accueil le Mouvement amazigh a réservé à votre document ?
    Un accueil mitigé sans grand enthousiasme chez les associations amazighes. Cette attitude s’explique par plusieurs raisons :
    – Premièrement, le document est encore nouveau. Or les idées nouvelles requièrent plus de temps pour qu’elles se répandent et soient comprises et assimilées.
    – Certains militants et associations amazighs se cramponnent de façon tellement forte à leurs positions vis-à-vis de l’amazighité qu’ils ne peuvent y renoncer, les dépasser, les faire évoluer ou les remplacer par d’autres positions plus novatrices et plus utiles à l’amazighité. Parce qu’ils considèrent ces positions comme leur « capital » personnel qu’ils doivent protéger, préserver et « fructifier » en organisant des colloques et des activités autour de ce « capital », dont certains exemples sont : « la charte d’Agadir », « le manifeste amazigh », « les peuples autochtones », « l’autonomie des régions amazighes », « la laïcité », « le parti amazigh »… Ces questions qui portent sur des sujets partiels, sectoriels et secondaires constituent une vraie entrave à la position de la question générale, globale et fondamentale de l’exclusion politique de l’amazighité, qui est la question de l’identité de l’Etat au Maroc. En effet, le recouvrement de l’identité amazighe de l’Etat au Maroc entraîne et implique une solution immédiate à toutes ces petites questions « sectorielles » et partielles.
    – Beaucoup de militants et associations amazighs surtout, ne veulent pas « salir leur dossier » vis-à-vis du temple IRCAM en adoptant une nouvelle conception de l’identité qui est l’opposé direct de la nouvelle « politique berbère » que dirige l’IRCAM.
    Ce qui explique que les militants indépendants ont accueilli favorablement le document duquel ils s’inspirent et auquel ils se réfèrent dans leurs écrits publiés dans des journaux ou sur Internet. Dans ces écrits, un nouveau débat sur l’identité commence à s’installer où l’élément « terre » est central dans ce débat et où le politique, lié à l’Etat et l’exercice du pouvoir ; prend la place du culturel et du linguistique.
    Nous sommes optimistes et confiants dans l’avenir. Parce que nous croyons que le mensonge ne peut pas continuer à tromper toujours les gens, sinon il n’y aurait jamais de science et de vérités. À un moment ou un autre, la vérité finit toujours par éclater au grand jour. Il viendra donc un jour où le Mouvement amazigh fera de la « réamazighation » de l’Etat sa principale revendication parce qu’il aura pris conscience que c’est par la satisfaction de celle-ci que toutes les autres revendications seront automatiquement satisfaites.
    Propos recueillis par :
    Lhoussain Azergui. Sur Tamazgha
  • Au Maroc, le pouvoir se crispe

    Le journal du palais royal marocain, Le Matin du Sahara et du Maghreb, célèbre aujourd’hui le 50ème anniversaire de l’agence de presse MAP. Le moins que l’on puisse dire c’est que cet anniversaire tombe dans une période caractérisée par le durcissement de ton en matière de presse indépendante et en matière de libertés publiques en général. 
    Les différents juges ont systématiquement condamné les journalistes. Depuis que le Maroc est le Maroc c’est comme ça. Même avec les meilleurs codes de la presse du monde, en présence des meilleurs avocats du monde, même avec les excuses les plus sincères au monde, les magistrats marocains n’oseront jamais acquitter dans des affaires concernant la monarchie. C’est culturel chez cette justice d’allégeance et de vengeance 
    Le tribunal de Casablanca accorde au prince Moulay Ismail en dommages et intérêts exactement le même montant qu’il avait demandé. Il ne pouvait pas faire autrement sinon ça serait lèse-prince, la requête du cousin du roi est à rajouter à la grande liste des sacralités au Maroc. Bien que le tribunal n’ait pas prononcé l’interdiction, les dommages et intérêts au profit du prince Moulay Ismail, s’ils sont confirmés en appel et exigé par le prince, constitueraient de facto une condamnation à mort financière (à supposé que la question de mort du journal se pose encore puisqu’il est déjà interdit depuis plusieurs semaines ). 
    Enfin la prison en sursis, qui bien que moins affamante que la prion ferme, constitue une une épée de Damoclès qui prive les journalistes de leur liberté aussi longtemps qu’elle encourt. On connaît des journalistes qui ont cessé d’exercer leur profession de peur du basculement de leur sursis en prison ferme.
    Ainsi en va la liberté de presse au Maroc. Ne reste plus qu’à en appeler aux casques bleus pour intervenir face à ces talibans de la liberté d’expression qui mènent une vraie guerre d’un autre temps.
    Triste sort pour un pays qu’on espérait devenir une exception dans le monde arabe. L’espoir n’a été que court et bref. Le palais a fait son choix, et le modèle recherché n’est plus la monarchie espagnole, comme on aimait dire au début du règne de Mohammed VI, mais notre horizon actuellement est celui de la Tunisie de Ben Ali. La presse indépendante, dernier bastion de la contestation, de la dénonciation, du refus à un pouvoir accoutumé aux courbettes et à la servilité, est en train de subir cette nouvelle « harka » du makhzen. 
    En conclusion de ce qui s’est passé et de ce qui se passe, les autorités voudraient:
    – Consacrer la premiere page á l’anniversaire du cheval de la cousine du cousin de la princesse X ou au « tadchine » d’un projet P (qui a été dejá « dechné » qqes années auparavant mais dont personne n’a encore rien vu)
    – Consacrer le reste du journal au sport, aux réunions des députés et aux reprises du journal de la RTM
    – Pas de critique (aussi constructive qu’elle puisse etre)
    – Pas de sondage
    – Pas de sujets sur la religion, les moeurs, le palais, les harragas, l’armée ou la drogue
    – Ni photos ni caricatures de la famille royale!
    – Pas de mauvaises nouvelles, que des bonnes nouvelles, et tout va bien madame la marquise…
    En gros, ils peuvent tout interdire et laisser « Le Matin du Sahara et du Maghreb » pour continuer à chanter les « acquis » de la monarchie alaouite. 
    Le gouvernement opprime ses citoyens en usant de violence. Les Marocains n’ont pas la possibilité de changer la donne (a savoir, une constitution qui sacralise tout ce qui touche de prés ou de loin au roi).
    On continue de critiquer les décisions de la justice tout en ignorant les causes qui conduisent a de telles décisions. Les marocains vivent dans une dictature de droit divin qui se sert de la religion, de la diversité ethno-culturelle, et de l’histoire coloniale récente pour traiter le peuple comme des chiens tout juste bons a payer des taxes.
    La raison de ce bras de fer entre certains médias écrits et le pouvoir est que le peuple a renoncé a défendre ses droits, parce que terrorisé par des décennies de règne tyrannique. La classe politique, quant a elle, est d’emblée pro-monarchique, car tout ceux qui posent les questions difficiles sont mis a l’écart tout a fait légalement (et ont ose nous parler de pluralité après cela!). Reste les quelques journalistes qui nous rappellent l’absurdité de ce status quo, ou il est quasi-impossible de parler de ceux qui détiennent le pouvoir.
    Chaque affaire pousse les Marocains a s’auto-censurer encore plus. Et c’est le but recherché. 
    Le pouvoir se crispe. Pourquoi ? Parce que le masque de la comédie appelée transition démocratique est tombé. La période de grâce est bel et bien finie. Le Makhzen sent qu’il risque de perdre l’initiative devant la soif démocratique des marocains. L’autorité du palais sera réaffirmé au nom de l’intégrité territoriale. Pour pousser les marocains à accepter la répression il faut commencer par les sahraouis. L’arrestation des militants des droits de l’homme sahraouis à Casablanca est le prélude d’une série de mesures d’un retour violent de l’Etat pour réaffirmer l’autorité de la monarchie qui se voit menacée par les revendications démocratiques. 
  • Au Maroc, le pouvoir se crispe

    Le journal du palais royal marocain, Le Matin du Sahara et du Maghreb, célèbre aujourd’hui le 50ème anniversaire de l’agence de presse MAP. Le moins que l’on puisse dire c’est que cet anniversaire tombe dans une période caractérisée par le durcissement de ton en matière de presse indépendante et en matière de libertés publiques en général. 
    Les différents juges ont systématiquement condamné les journalistes. Depuis que le Maroc est le Maroc c’est comme ça. Même avec les meilleurs codes de la presse du monde, en présence des meilleurs avocats du monde, même avec les excuses les plus sincères au monde, les magistrats marocains n’oseront jamais acquitter dans des affaires concernant la monarchie. C’est culturel chez cette justice d’allégeance et de vengeance 
    Le tribunal de Casablanca accorde au prince Moulay Ismail en dommages et intérêts exactement le même montant qu’il avait demandé. Il ne pouvait pas faire autrement sinon ça serait lèse-prince, la requête du cousin du roi est à rajouter à la grande liste des sacralités au Maroc. Bien que le tribunal n’ait pas prononcé l’interdiction, les dommages et intérêts au profit du prince Moulay Ismail, s’ils sont confirmés en appel et exigé par le prince, constitueraient de facto une condamnation à mort financière (à supposé que la question de mort du journal se pose encore puisqu’il est déjà interdit depuis plusieurs semaines ). 
    Enfin la prison en sursis, qui bien que moins affamante que la prion ferme, constitue une une épée de Damoclès qui prive les journalistes de leur liberté aussi longtemps qu’elle encourt. On connaît des journalistes qui ont cessé d’exercer leur profession de peur du basculement de leur sursis en prison ferme.
    Ainsi en va la liberté de presse au Maroc. Ne reste plus qu’à en appeler aux casques bleus pour intervenir face à ces talibans de la liberté d’expression qui mènent une vraie guerre d’un autre temps.
    Triste sort pour un pays qu’on espérait devenir une exception dans le monde arabe. L’espoir n’a été que court et bref. Le palais a fait son choix, et le modèle recherché n’est plus la monarchie espagnole, comme on aimait dire au début du règne de Mohammed VI, mais notre horizon actuellement est celui de la Tunisie de Ben Ali. La presse indépendante, dernier bastion de la contestation, de la dénonciation, du refus à un pouvoir accoutumé aux courbettes et à la servilité, est en train de subir cette nouvelle « harka » du makhzen. 
    En conclusion de ce qui s’est passé et de ce qui se passe, les autorités voudraient:
    – Consacrer la premiere page á l’anniversaire du cheval de la cousine du cousin de la princesse X ou au « tadchine » d’un projet P (qui a été dejá « dechné » qqes années auparavant mais dont personne n’a encore rien vu)
    – Consacrer le reste du journal au sport, aux réunions des députés et aux reprises du journal de la RTM
    – Pas de critique (aussi constructive qu’elle puisse etre)
    – Pas de sondage
    – Pas de sujets sur la religion, les moeurs, le palais, les harragas, l’armée ou la drogue
    – Ni photos ni caricatures de la famille royale!
    – Pas de mauvaises nouvelles, que des bonnes nouvelles, et tout va bien madame la marquise…
    En gros, ils peuvent tout interdire et laisser « Le Matin du Sahara et du Maghreb » pour continuer à chanter les « acquis » de la monarchie alaouite. 
    Le gouvernement opprime ses citoyens en usant de violence. Les Marocains n’ont pas la possibilité de changer la donne (a savoir, une constitution qui sacralise tout ce qui touche de prés ou de loin au roi).
    On continue de critiquer les décisions de la justice tout en ignorant les causes qui conduisent a de telles décisions. Les marocains vivent dans une dictature de droit divin qui se sert de la religion, de la diversité ethno-culturelle, et de l’histoire coloniale récente pour traiter le peuple comme des chiens tout juste bons a payer des taxes.
    La raison de ce bras de fer entre certains médias écrits et le pouvoir est que le peuple a renoncé a défendre ses droits, parce que terrorisé par des décennies de règne tyrannique. La classe politique, quant a elle, est d’emblée pro-monarchique, car tout ceux qui posent les questions difficiles sont mis a l’écart tout a fait légalement (et ont ose nous parler de pluralité après cela!). Reste les quelques journalistes qui nous rappellent l’absurdité de ce status quo, ou il est quasi-impossible de parler de ceux qui détiennent le pouvoir.
    Chaque affaire pousse les Marocains a s’auto-censurer encore plus. Et c’est le but recherché. 
    Le pouvoir se crispe. Pourquoi ? Parce que le masque de la comédie appelée transition démocratique est tombé. La période de grâce est bel et bien finie. Le Makhzen sent qu’il risque de perdre l’initiative devant la soif démocratique des marocains. L’autorité du palais sera réaffirmé au nom de l’intégrité territoriale. Pour pousser les marocains à accepter la répression il faut commencer par les sahraouis. L’arrestation des militants des droits de l’homme sahraouis à Casablanca est le prélude d’une série de mesures d’un retour violent de l’Etat pour réaffirmer l’autorité de la monarchie qui se voit menacée par les revendications démocratiques. 
  • Bravo Sarkozy !

    La volonté du roi Mohammed VI, telle qu’exprimée dans son dernier discours, est exécutée sur le terrain à l’esprit comme à la lettre, pour ne pas dire avec zèle. Le Makhzen qui ne cherche même plus à camoufler les lâchetés contre les populations sans défense s’en est pris une nouvelle fois à la militante des droits de l’homme, Aminatou Haider, un symbole qui est pour le peuple sahraoui ce que les Djamila furent pour le nôtre.

    Vendredi dernier, alors que le « commandant des croyants » accomplissait sa prière à Rassani, Aminatou Haider se faisait enlever à l’aéroport d’El-Ayoune, capitale du Sahara occidental sous occupation marocaine. Ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. Haider est en effet rompue à la sauvagerie et à la bassesse marocaines, elle qui a subi maintes fois dans les geôles marocaines la torture et le viol. Cependant, les choses empirent pour les Sahraouis depuis, que dans son dernier discours, le sultan les a sommés de choisir entre être marocain ou traître.
    « Ou le citoyen est marocain ou il ne l’est pas (…) Ou on est patriote ou on est traître », disait-il dans une logique colonialiste que même Israël n’a pas encore osée. Aminatou Haider n’est pas une inconnue sur le plan international. Elle a été primée dans plusieurs capitales, particulièrement occidentales.
    Au-delà de l’hommage mérité qui lui est rendu, les prix souvent prestigieux ne lui sont pas octroyés en tant que citoyenne marocaine, comme le voudrait le roi du Maroc. Bien au contraire, ils lui sont délivrés pour sa lutte en tant que Sahraouie jalouse de son identité, agissante pour la cause de son peuple.
    Depuis quelque temps, le Maroc arrête à tour de bras dans les milieux sahraouis et vise particulièrement les militants des droits de l’homme. Il le fait avec l’appui de la France, « le pays des libertés et des droits de l’homme ».
    En effet, en avril dernier, la France de Sarkozy s’opposait à l’ONU à ce qu’on élargisse les prérogatives de la MINURSO de façon qu’elle puisse assurer la protection des Sahraouis et mettre fin à la violation des droits humains dont le stade devenait alarmant au Sahara occidental. Résultat ? Le trône tombe le masque et ne prend plus de gants pour sévir au grand jour, sans même épargner la… femme.
    Par Mohamed Zaâf 
  • Bravo Sarkozy !

    La volonté du roi Mohammed VI, telle qu’exprimée dans son dernier discours, est exécutée sur le terrain à l’esprit comme à la lettre, pour ne pas dire avec zèle. Le Makhzen qui ne cherche même plus à camoufler les lâchetés contre les populations sans défense s’en est pris une nouvelle fois à la militante des droits de l’homme, Aminatou Haider, un symbole qui est pour le peuple sahraoui ce que les Djamila furent pour le nôtre.

    Vendredi dernier, alors que le « commandant des croyants » accomplissait sa prière à Rassani, Aminatou Haider se faisait enlever à l’aéroport d’El-Ayoune, capitale du Sahara occidental sous occupation marocaine. Ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. Haider est en effet rompue à la sauvagerie et à la bassesse marocaines, elle qui a subi maintes fois dans les geôles marocaines la torture et le viol. Cependant, les choses empirent pour les Sahraouis depuis, que dans son dernier discours, le sultan les a sommés de choisir entre être marocain ou traître.
    « Ou le citoyen est marocain ou il ne l’est pas (…) Ou on est patriote ou on est traître », disait-il dans une logique colonialiste que même Israël n’a pas encore osée. Aminatou Haider n’est pas une inconnue sur le plan international. Elle a été primée dans plusieurs capitales, particulièrement occidentales.
    Au-delà de l’hommage mérité qui lui est rendu, les prix souvent prestigieux ne lui sont pas octroyés en tant que citoyenne marocaine, comme le voudrait le roi du Maroc. Bien au contraire, ils lui sont délivrés pour sa lutte en tant que Sahraouie jalouse de son identité, agissante pour la cause de son peuple.
    Depuis quelque temps, le Maroc arrête à tour de bras dans les milieux sahraouis et vise particulièrement les militants des droits de l’homme. Il le fait avec l’appui de la France, « le pays des libertés et des droits de l’homme ».
    En effet, en avril dernier, la France de Sarkozy s’opposait à l’ONU à ce qu’on élargisse les prérogatives de la MINURSO de façon qu’elle puisse assurer la protection des Sahraouis et mettre fin à la violation des droits humains dont le stade devenait alarmant au Sahara occidental. Résultat ? Le trône tombe le masque et ne prend plus de gants pour sévir au grand jour, sans même épargner la… femme.
    Par Mohamed Zaâf 
  • Polémique. Des barons de la drogue au parlement ?

    L’arrivée des narcotrafiquants en politique est peut-être bien l’événement marquant de la rentrée. Tour d’horizon.
    Le parlement, et les conseils élus en général, sont accusés d’abriter de nombreux trafiquants de drogue. Rien que cela. Même la télévision publique, 2M en l’occurrence, a relayé le “message” puisque, début octobre, le dirigeant USFP Abdelhadi Khaïrate, ancien député, n’a pas hésité à affirmer que “le tiers ou au moins le quart des élus sont des trafiquants de drogue”. Le plus surprenant, c’est que, devant la gravité d’une telle accusation, les premiers concernés, c’est-à-dire les élus, préfèrent observer le silence.
    La loi du silence
    En théorie, pratiquement tous les partis ont dénoncé à un moment ou à un autre l’arrivée massive des trafiquants de drogue, par la voie des urnes, dans l’hémicycle. Mais rares sont ceux qui ont annoncé des mesures (d’expulsion, par exemple) contre cette catégorie d’élus à la recherche d’une protection : l’immunité parlementaire. “On peut dater l’arrivée des narcotrafiquants en politique dès les années 1970. Ils ont depuis essaimé dans toutes les instances élues et notamment dans les villes du Nord”, explique Rachid Filali Meknassi, secrétaire général de Transparency Maroc. Tous les partis sont-ils concernés ? “En pratique, oui. Surtout dans le nord du pays. Les partis le savent, les citoyens aussi”, précise notre source. Un des rares partis à avoir réagi, et plutôt violemment, reste le RNI. Mais les bleus n’avaient guère le choix. L’agence officielle MAP ayant épinglé un député impliqué dans une affaire de drogue à Meknès, les indépendants se sont empressés d’émettre un communiqué pour rappeler que ledit député-trafiquant n’appartenait plus au RNI depuis de longues années. Rien d’autre.
    Intéressons-nous à présent au cas du PAM. Mi-septembre, le parti du tracteur déclare, via la commission des élections (que préside Fouad Ali El Himma), que certains parmi ses candidats avaient utilisé l’argent de la drogue pour financer leur dernière campagne électorale. Et que des mesures seront prises à leur encontre. Depuis, concrètement, aucune mesure n’a été prise. Silence total. “Rien n’a encore été décidé et la commission des élections planche toujours sur la question”, se défend mollement un responsable du PAM. Ainsi donc, au PAM comme ailleurs, c’est motus et bouche cousue. Pourquoi ? “Les partis sont pris à leur propre piège. A la base, ils sont indirectement responsables du phénomène puisqu’ils recherchent le candidat idéal, généralement populaire ou simplement riche, pour remporter la bataille des élections, et ferment les yeux sur tout le reste, analyse le politologue Mohamed Darif. Cela a accéléré l’arrivée des narcotrafiquants en politique”. Pour notre interlocuteur, les partis et leurs représentants sont dans un rapport “win-win” : “Le parti gagne des sièges et, en contrepartie, les trafiquants gagnent une immunité parlementaire pour 5 ans et donc la possibilité de défendre leurs intérêts sans être inquiétés”.
    Le dilemme de l’Etat
    Et l’Etat dans tout ça ? Eh bien, il semble laisser faire, laisser passer. Il y a bien eu des tentatives d’empêcher les narcotrafiquants de devenir des “élus de la nation”. Mais sans résultats probants. “En 2003, lors des élections communales, il y avait une liste noire de personnes interdites de se présenter aux élections. Les noms qui y figuraient étaient connus de tous”, se rappelle un militant associatif dans le Nord. Une liste noire ? “Faux, rétorque un haut responsable du ministère de l’Intérieur, il n’y a jamais eu de liste de citoyens interdits de candidature”. Soit… En fait, le ministère de l’Intérieur, comme l’explique notre interlocuteur, a préféré changer son fusil d’épaule depuis les élections législatives de 2007. “Chakib Benmoussa a invité les chefs de parti à demander, auprès de son département, tous les renseignements nécessaires concernant leurs candidats, avec l’idée de bloquer les candidatures suspicieuses en amont”. Cela n’a visiblement pas servi à grand-chose.
    Vu de l’extérieur, l’Etat semble de plus en plus “tester” un autre moyen, non officiel, pour réduire, à défaut d’éliminer, le phénomène des narcotrafiquants en politique : fermer plus ou moins les yeux quand le trafiquant est simple élu communal, réagir quand l’importun se porte candidat à la mairie ou à la présidence de région. Quoi de mieux pour illustrer cette nouvelle “approche” que de rapporter cette anecdote, qui circule depuis plusieurs semaines dans le nord du pays : un narcotrafiquant a pu se présenter librement aux élections communales, et gagner confortablement son siège, avant de se faire convoquer par le Parquet quand il a décidé de postuler pour le poste de président de région. Les convocations avaient valeur de rappel à l’ordre et notre candidat a fini par renoncer à la présidence de la région, pour éviter de se retrouver de nouveau devant le procureur. Ces méthodes dissuasives, plus ou moins secrètes, à la limite de la légalité, finiront-elles par porter leurs fruits ?
    En attendant une commission d’enquête
    Revenons à présent à l’affaire Abdelhadi Khaïrate. On pouvait croire que la sortie tonitruante du député socialiste allait faire des vagues dans les travées du parlement, avec ses 595 élus. Que des têtes allaient tomber. Que des mesures concrètes seraient prises. Il n’en a rien été. “Le parlement aurait dû demander la mise en place d’une commission d’enquête ou, à défaut, convoquer Abdelhadi Khaïrate pour complément d’informations. On n’a rien vu de tout cela, ce qui est étonnant”, confirme le chercheur Mohamed Darif.
    La balle est dans le camp du parlement. Mais aussi du gouvernement. Justement, le gouvernement, que pense-t-il de tout cela ? Nous avons interrogé à ce sujet Mohamed Saâd Alami, ministre istiqlalien chargé des Relations avec le parlement. Sa réponse : “Si Abdelhadi Khaïrate dispose de données exactes, il n’a alors qu’à les transmettre au ministre de la Justice, Abdelouahed Radi, qui est en même temps le chef de son parti”. Une manière de clore le débat. Momentanément, du moins.
  • Polémique. Des barons de la drogue au parlement ?

    L’arrivée des narcotrafiquants en politique est peut-être bien l’événement marquant de la rentrée. Tour d’horizon.
    Le parlement, et les conseils élus en général, sont accusés d’abriter de nombreux trafiquants de drogue. Rien que cela. Même la télévision publique, 2M en l’occurrence, a relayé le “message” puisque, début octobre, le dirigeant USFP Abdelhadi Khaïrate, ancien député, n’a pas hésité à affirmer que “le tiers ou au moins le quart des élus sont des trafiquants de drogue”. Le plus surprenant, c’est que, devant la gravité d’une telle accusation, les premiers concernés, c’est-à-dire les élus, préfèrent observer le silence.
    La loi du silence
    En théorie, pratiquement tous les partis ont dénoncé à un moment ou à un autre l’arrivée massive des trafiquants de drogue, par la voie des urnes, dans l’hémicycle. Mais rares sont ceux qui ont annoncé des mesures (d’expulsion, par exemple) contre cette catégorie d’élus à la recherche d’une protection : l’immunité parlementaire. “On peut dater l’arrivée des narcotrafiquants en politique dès les années 1970. Ils ont depuis essaimé dans toutes les instances élues et notamment dans les villes du Nord”, explique Rachid Filali Meknassi, secrétaire général de Transparency Maroc. Tous les partis sont-ils concernés ? “En pratique, oui. Surtout dans le nord du pays. Les partis le savent, les citoyens aussi”, précise notre source. Un des rares partis à avoir réagi, et plutôt violemment, reste le RNI. Mais les bleus n’avaient guère le choix. L’agence officielle MAP ayant épinglé un député impliqué dans une affaire de drogue à Meknès, les indépendants se sont empressés d’émettre un communiqué pour rappeler que ledit député-trafiquant n’appartenait plus au RNI depuis de longues années. Rien d’autre.
    Intéressons-nous à présent au cas du PAM. Mi-septembre, le parti du tracteur déclare, via la commission des élections (que préside Fouad Ali El Himma), que certains parmi ses candidats avaient utilisé l’argent de la drogue pour financer leur dernière campagne électorale. Et que des mesures seront prises à leur encontre. Depuis, concrètement, aucune mesure n’a été prise. Silence total. “Rien n’a encore été décidé et la commission des élections planche toujours sur la question”, se défend mollement un responsable du PAM. Ainsi donc, au PAM comme ailleurs, c’est motus et bouche cousue. Pourquoi ? “Les partis sont pris à leur propre piège. A la base, ils sont indirectement responsables du phénomène puisqu’ils recherchent le candidat idéal, généralement populaire ou simplement riche, pour remporter la bataille des élections, et ferment les yeux sur tout le reste, analyse le politologue Mohamed Darif. Cela a accéléré l’arrivée des narcotrafiquants en politique”. Pour notre interlocuteur, les partis et leurs représentants sont dans un rapport “win-win” : “Le parti gagne des sièges et, en contrepartie, les trafiquants gagnent une immunité parlementaire pour 5 ans et donc la possibilité de défendre leurs intérêts sans être inquiétés”.
    Le dilemme de l’Etat
    Et l’Etat dans tout ça ? Eh bien, il semble laisser faire, laisser passer. Il y a bien eu des tentatives d’empêcher les narcotrafiquants de devenir des “élus de la nation”. Mais sans résultats probants. “En 2003, lors des élections communales, il y avait une liste noire de personnes interdites de se présenter aux élections. Les noms qui y figuraient étaient connus de tous”, se rappelle un militant associatif dans le Nord. Une liste noire ? “Faux, rétorque un haut responsable du ministère de l’Intérieur, il n’y a jamais eu de liste de citoyens interdits de candidature”. Soit… En fait, le ministère de l’Intérieur, comme l’explique notre interlocuteur, a préféré changer son fusil d’épaule depuis les élections législatives de 2007. “Chakib Benmoussa a invité les chefs de parti à demander, auprès de son département, tous les renseignements nécessaires concernant leurs candidats, avec l’idée de bloquer les candidatures suspicieuses en amont”. Cela n’a visiblement pas servi à grand-chose.
    Vu de l’extérieur, l’Etat semble de plus en plus “tester” un autre moyen, non officiel, pour réduire, à défaut d’éliminer, le phénomène des narcotrafiquants en politique : fermer plus ou moins les yeux quand le trafiquant est simple élu communal, réagir quand l’importun se porte candidat à la mairie ou à la présidence de région. Quoi de mieux pour illustrer cette nouvelle “approche” que de rapporter cette anecdote, qui circule depuis plusieurs semaines dans le nord du pays : un narcotrafiquant a pu se présenter librement aux élections communales, et gagner confortablement son siège, avant de se faire convoquer par le Parquet quand il a décidé de postuler pour le poste de président de région. Les convocations avaient valeur de rappel à l’ordre et notre candidat a fini par renoncer à la présidence de la région, pour éviter de se retrouver de nouveau devant le procureur. Ces méthodes dissuasives, plus ou moins secrètes, à la limite de la légalité, finiront-elles par porter leurs fruits ?
    En attendant une commission d’enquête
    Revenons à présent à l’affaire Abdelhadi Khaïrate. On pouvait croire que la sortie tonitruante du député socialiste allait faire des vagues dans les travées du parlement, avec ses 595 élus. Que des têtes allaient tomber. Que des mesures concrètes seraient prises. Il n’en a rien été. “Le parlement aurait dû demander la mise en place d’une commission d’enquête ou, à défaut, convoquer Abdelhadi Khaïrate pour complément d’informations. On n’a rien vu de tout cela, ce qui est étonnant”, confirme le chercheur Mohamed Darif.
    La balle est dans le camp du parlement. Mais aussi du gouvernement. Justement, le gouvernement, que pense-t-il de tout cela ? Nous avons interrogé à ce sujet Mohamed Saâd Alami, ministre istiqlalien chargé des Relations avec le parlement. Sa réponse : “Si Abdelhadi Khaïrate dispose de données exactes, il n’a alors qu’à les transmettre au ministre de la Justice, Abdelouahed Radi, qui est en même temps le chef de son parti”. Une manière de clore le débat. Momentanément, du moins.
  • Le parti veut criminaliser la trahison en amendant le code pénal.

    Il le fait via une proposition de loi
    LE PAM est mobilisé pour défendre la souveraineté nationale et particulièrement l’intégrité territoriale.
    Des dispositions ont été prises et dévoilées lors d’une conférence de presse donnée hier par Mohamed Cheikh Biadillah, secrétaire général du parti et président de la Chambre des conseillers.
    Ainsi, son groupe parlementaire au sein de la Chambre des représentants déposera une proposition de loi pour amender le code de procédures pénales pour criminaliser la «trahison de la nation» et les intelligences avec des Etats étrangers.
    Jusqu’ici, ce délit est passible du tribunal militaire. L’idée du PAM est de l’introduire dans le code de procédures pénales pour permettre un jugement équitable au niveau d’un tribunal civil.
    Cela est venu à la suite de l’affaire des 7 séparatistes qui avaient effectué un voyage en Algérie.
    Dans le même mouvement, le parti invite la commission de l’Intérieur et celle des Affaires étrangères au Parlement à se réunir pour examiner les moyens de mettre en œuvre les 5 points contenus dans le dernier discours.
    Rappelons que le Souverain a hissé les provinces du Sud en tête de la mise en œuvre de la régionalisation avancée. Elles devront être un laboratoire pour l’application de la décentralisation et la bonne gouvernance locale.
    La refonte du Corcas et celle du mode de travail de l’Agence de développement du Sud étaient également au menu. Dernier point: les partis, les syndicats, les associations et les médias doivent jouer leurs rôles dans l’encadrement de la population pour «consolider les bases de la vraie citoyenneté».
    Toujours au niveau du Parlement, le PAM compte aviser la Chambre des conseillers de la visite d’une délégation parlementaire algérienne dans les camps de Tindouf et conduite par le président de la commission des Affaires étrangères.
    De même, des correspondances seront adressées aux ambassades accréditées à Rabat ayant des positions hostiles à la question de l’intégrité territoriale. Une protestation officielle sera remise à l’ambassade de Suède.
    La liberté de presse n’est pas en reste. Le groupe parlementaire du PAM va saisir cette problématique d’actualité pour lui consacrer une journée de réflexion.
    D’autres groupes parlementaires ont déjà donné leur accord. De même, la commission de déontologie du parti exposera ce mercredi ses recommandations sur les pratiques enregistrées de certains des élus du PAM au cours du processus électoral.
    M. C., L’économiste .
    Commentaire de  » Bruxellois, non peut être ? »
    Le parti de l’ami du roi sert désormais de courroie de transmission à la mise en oeuvre parlementaire des décisions royales.
    Si les textes que le PAM compte présenter au parlement et qui tendent à criminaliser les contacts avec le Polisario devaient être adoptés, El Harif et ses camarades d’Annahj Addimoqrati ( La voie démocratique ) ne terderont pas à regagner leurs cellules qu’ils ont occupées pour la plupart d’entre eux, durant les années de plolmb.
    Et pour cause, les camarades marxistes léninistes de l’ex Ilal Amam ne cachent pas leur relations « fraternelles  » et militantes avec les dirigeants du Front Polisario.
    Ils leur rendent visite et n’hésitent pas à les rencontrer tant en France qu’en Espagne.
    Plus grave pour leur cas: ils réclament le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et donc au choix de son avenir.
    Mais que fera t on avec les officiels qui rencontrent les dirigeants du Polisario en Autriche ou à Manhasset aux Etas Unis d’Amérique pour  » négocier  » ?
    Ce qui est interdit pour certains sera t il permis aux autres. ?
    En tout cas, le dossier du Sahara se trouve aujourd’hui dans une impasse totale. Chaque partie campant sur ses positions et ne désirant aucunement faire des concessions.
    Un vrai désert des tartares