Auteur/autrice : mahembarec

  • Quand Emmanuel Macron “plagie” Réda Malek

    Le président français Emmanuel Macron a déclaré -dans le cadre de ce qu’il qualifie de lutte contre le radicalisme islamiste- que « la peur va changer de camp », en reprenant la célèbre phrase du défunt chef de gouvernement Réda Malek prononcée dans les années 1990.

    Selon la presse française, le locataire du palais de l’Elysée a lancé lors d’un conseil de défense et de sécurité nationale tenu dimanche soir, suite à l’assassinat d’un prof d’histoire à Paris, que « la peur va changer de camp » et que « les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquille dans notre pays [France, ndlr] ».

    En effet, c’étaient les mêmes mots utilisés par feu Réda Malek -en pleine crise des années 1990- en martelant que « la peur doit changer de camp ». C’était lors de l’enterrement de l’une des icônes du 6e art en Algérie, en l’occurrence Abdelkader Alloula, assassiné par des terroristes en mars 1994.

    Revenant sur sa déclaration qui est devenue célèbre, le défunt Réda Malek a rappelé que « j’étais alors chef de gouvernement et que la peur s’était emparée de l’opinion publique, journalistes, universitaires…j’ai dit que la peur devait changer de camp (groupes terroristes) car la lutte a porté et c’est grâce à elle que l’Algérie restera debout ».

    Echourouk Online, 21 oct 2020

    Tags : France, Emmanuel Macron, Reda Malek, plagiat, Islam, terrorisme, Samuel Paty,

  • Erdogan accuse Macron de «régler des comptes avec l’islam et les musulmans»


    Lors d’un discours en visioconférence ce 20 octobre, Recep Tayyip Erdogan a fustigé les propos de son homologue français, tenus le 2 octobre, sur la création d’un «islam des Lumières» en France. Le dirigeant turc considère que ces initiatives visent à «régler des comptes avec l’islam et les musulmans».

    Le Président turc a critiqué la volonté d’Emmanuel Macron de construire un «islam des Lumières» en France, lors de la visioconférence réalisée par l’Organisation de la coopération islamique ce 20 octobre.

    «Ceux qui sont perturbés par la montée de l’islam attaquent notre religion à travers les crises qu’ils provoquent. La rhétorique anti-islam et anti-musulmane est l’outil le plus utile pour les politiciens occidentaux pour dissimuler leurs échecs», a déclaré le Président turc.

    «”L’islam français”, “l’islam européen” et “l’islam autrichien” en sont des exemples récents», a souligné M.Erdogan, ajoutant que le véritable enjeu de ces initiatives menées par le Président Macron est de «régler des comptes avec l’islam et les musulmans». Il a déclaré que celles-ci visaient à créer un profil lâche, peu rassurant et timide pour les musulmans ainsi qu’un système anti-islamique dans lequel les rituels religieux ne peuvent être pratiqués qu’à domicile et où l’utilisation des symboles religieux est interdite.

    «Le nom d’un tel système n’est pas démocratie, mais totalitarisme», a conclu M.Erdogan.

    Loi «contre les séparatismes»

    Lors de son discours prononcé aux Mureaux le 2 octobre, le Président français a dévoilé une partie des mesures du projet de loi «contre les séparatismes», principalement l’islamisme radical, dans son pays. Un texte qui sera présenté le 9 décembre en conseil des ministres.

    Dans le cadre de la lutte contre le «séparatisme islamique», les autorités françaises ont l’intention d’accorder une attention particulière à l’éducation des enfants. Emmanuel Macron a également exprimé l’idée de créer, avec le Conseil français du culte musulman (CFCM), une organisation qui permettra de construire un «islam des Lumières» dans le pays.

    Pour ce faire, M.Macron a annoncé la fin des imams détachés, c’est-à-dire formés dans des pays étrangers (Turquie, Algérie, Maroc). Désormais, en accord avec le CFCM, la formation d’imams sera «labellisée» en France afin d’éviter l’ingérence de pays étrangers dans la pratique du culte sur le sol français, et de renforcer le contrôle du financement des mosquées.

    Un projet vivement critiqué

    «Ce texte sera un coup pour rien», a prédit le député Les Républicains Éric Ciotti. À son tour, Marine Le Pen a déploré que «rien» n’ait été dit sur l’immigration, «terreau du fondamentalisme islamiste», tout en reconnaissant qu’un «certain nombre de ces mesures vont dans le bon sens».

    Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a qualifié ce discours de «mise en scène dramatisante absolument inutile», puisque «la loi telle qu’elle est aujourd’hui permet de réprimer les actes délictueux tels que d’éventuels prêches, de quelque religion que ce soit». Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a regretté l’absence d’inflexion de la politique économique et sociale.

    Ecourouk online, 21 oct 2020

    Tags : France, Turquie, Emmanuel Macron, Erdogan, Islam,

  • Un Maroc de façade

    par Alain Gresh, 3 juillet 2007
    Le Monde diplomatiqueUn Maroc de façade↑
    Lockerbie, une erreur judiciaire ?

    C’est le 21 décembre 1988 qu’un Boeing du vol Pan Am 103 s’écrase au-dessus du village écossais de Lockerbie, faisant 270 morts. Bien que plusieurs autres pistes aient été évoquées, notamment celle de la Syrie, des groupes palestiniens, de l’Iran, c’est finalement la Libye qui sera visée par une longue enquête pleine de rebondissements. Deux suspects libyens seront livrés en avril 1999 à la justice écossaise pour jugement (ce qui permettra au colonel Kadhafi un retour sur la scène internationale et un allègement des sanctions prises contre lui par les Nations unies). Le 31 janvier 2001, un des suspects est condamné à la prison à vie, l’autre est acquitté.

    Dans un texte de Jean-Pierre Langellier, son correspondant à Londres, et intitulé « Unique condamné pour l’attentat de Lockerbie, Al-Megrahi est autorisé à refaire appel, » Le Monde explique : « Ancien agent des services secrets libyens, Abdel Basset Ali Al-Megrahi, 55 ans, « pourrait avoir été victime d’une erreur judiciaire », a estimé une commission indépendante écossaise, sur la base d’éléments nouveaux recueillis pendant trois ans d’enquête. »

    « Dans leur rapport, les huit membres de la Commission pour l’examen des affaires criminelles estiment que « certaines des choses (…) découvertes pourraient signifier que le condamné est innocent, certaines qu’il est coupable », mais « c’est à un tribunal d’en décider ». »

    « L’affaire est donc renvoyée à la cour d’appel d’Edimbourg. Trois de ses juges examineront le rapport lors d’une procédure pouvant durer jusqu’à un an. La cour aura à choisir entre rejeter l’appel, ordonner un nouveau procès ou libérer le condamné. Al-Megrahi, détenu près de Glasgow, a toujours clamé son innocence. »

    En conclusion, Langellier écrit : « Dans une lettre adressée à l’ONU en août 2003, la Libye a reconnu sa responsabilité dans l’attentat. Elle a signé peu après avec Londres et Washington un accord d’indemnisation des victimes – portant sur 2, 7 milliards de dollars – qui a permis la levée des sanctions imposées à Tripoli par l’ONU et les Etats-Unis. »

    Rappelons que Pierre Péan, dans son livre Manipulations africaines (Plon, 2001), avait contesté la crédibilité de la piste libyenne. On pourra lire des extraits de ses thèses dans « Les preuves trafiquées du terrorisme libyen », Le Monde diplomatique, mars 2001. On notera le rôle du juge Bruguière, celui-là même qui a mordu la poussière lors des élections législatives de juin 2007 (sous la bannière de l’UMP).

    Gaza, la Palestine et l’Arabie saoudite

    Alors même que Mahmoud Abbas multiplie les déclarations intransigeantes concernant un éventuel dialogue avec le Hamas, l’Arabie saoudite, qui a parrainé les accords de La Mecque, semble développer une autre stratégie. Lors de sa tournée au Proche-Orient (après son voyage en France et en Europe), le roi Abdallah devait rencontrer Abbas à Amman. Cette rencontre a été annulée ,et la presse de la région donne comme explication le mécontentement du roi devant le refus obstiné d’Abbas d’explorer la voie du dialogue national. De plus, le président Moubarak, inquiet de la situation à Gaza, serait sur la même longueur d’onde que le souverain saoudien.

    D’autre part, Le Monde diplomatique de juillet publie un article que j’ai écrit sur la crise actuelle en Palestine, intitulé « Comment le monde a enterré la Palestine », dont vous aurez un aperçu sur notre site, mais pour le lire intégralement il faut acheter le journal 🙂

    A ceux qui douteraient encore que la création d’un gouvernement d’urgence par Abbas créerait les conditions d’une avancée de la paix, je conseille la lecture de l’analyse de Yezid Sayigh, « Hamas coup in Gaza », publiée par The International Institute for Strategic Studies, Londres.

    Un Maroc de façade

    Le Comité pour la protection des journalistes publie le un rapport accablant intitulé joliment Un Maroc de façade, signé de Joel Campagna et Kamel Labidi. Ce texte existe aussi en anglais et en arabe.

    En voici quelques extraits.

    (…) « Ce printemps, des responsables du gouvernement ont commencé à parler d’amendements au Code de la presse et de l’édition, appelant à la création d’un conseil national de la presse ayant le pouvoir de priver de publicité et d’interdire des journalistes pour de prétendues violations des règles déontologiques. Le projet de révision ne touche pas aux actuelles interdictions formulées en termes vagues sur le manque de respect à la monarchie, à l’islam, et sur la diffamation envers les institutions de l’Etat comme l’armée et l’appareil judiciaire. S’il limite le nombre d’infractions pouvant conduire un journaliste en prison, le projet de loi augmente cependant les amendes maximales pour des violations présumées de la loi. »

    « En réaction à ces tendances inquiétantes, le CPJ a envoyé une délégation à Rabat et à Casablanca, qui a passé dix jours à rencontrer des journalistes marocains et des membres du gouvernement, enquêter sur les restrictions faites aux médias, évaluer leur impact, et exprimer leur inquiétude aux autorités. S’il se vante d’avoir une presse écrite vivante, estime le CPJ, le Maroc a fini par compter sur un système feutré de contrôle judiciaire et financier pour continuer à tenir sous surveillance les journalistes entreprenants. Le bilan montre que les conditions de la liberté de la presse sont loin de la reluisante version fournie par les autorités et par beaucoup de journalistes. »

    (…) « Mais malgré un soi-disant régime parlementaire et une société civile dynamique, le pouvoir réel demeure fermement entre les mains du roi et du makhzen, un cabinet fantôme composé principalement de représentants du Palais, de dirigeants de l’appareil de sécurité et de l’armée, qui agissent en sous-main et donnent les principales orientations. Les critiques du régime disent que le roi et un petit groupe de proches collaborateurs accumulent le pouvoir plutôt qu’ils ne le libèrent, comme l’exigerait une vraie démocratie. La menace grandissante du terrorisme a aggravé les choses. Plusieurs attaques-suicides ont secoué Casablanca le 16 mai 2003, tuant 44 personnes. D’autres attaques, de plus faible ampleur, ont eu lieu depuis. Cet extrémisme violent combiné à un mouvement islamiste croissant a maintenu le Palais sur les dents et a peut-être poussé certains Marocains à vouloir donner la priorité à la sécurité sur les libertés publiques. »

    Diffférents moyens sont utilisés pour faire pression contre la presse, notamment les tribunaux qui condamnent les journaux à de lourdes peines. La publicité est un autre « argument ».

    « L’usage par les autorités de la publicité en guise de récompense ou de punition est un autre outil effectif. Selon de nombreux journalistes, compagnies d’Etat et agences gouvernementales privent les journaux critiques de ressources publicitaires cruciales. »

    « Les compagnies privées proches du roi et du gouvernement ont aussi retiré leurs annonces de journaux ayant eu une prise de bec avec le gouvernement. Quand Le Journal a été provisoirement interdit en 2000, le magazine a perdu 80 % de ses publicités, selon Jamaï. L’éditeur de Al-Ousbouiya Al-Jadida, Abdelaziz Koukas, note que son hebdomadaire indépendant gagnait auparavant environ 100 000 dirhams (12 000 $) par mois en recettes publicitaires mais que, depuis qu’il a été accusé d’offense au roi pour avoir publié, en 2005, un entretien avec Nadia Yassine, fille du dirigeant islamiste Abdel Salam Yassine, il n’a perçu qu’un total de 250 000 dirhams (30 000 $) en publicité. De grandes compagnies comme Royal Air Maroc, ONA et Meditel ont toutes arrêté d’acheter des espaces publicitaires, dit-il. »

    « La disparité des recettes publicitaires entre publications indépendantes et progouvernementales est évidente. Des journaux soutenant le régime, comme les quotidiens Aujourd’hui le Maroc et Le Matin, sont remplis de pages de publicité. « Dans Le Matin, il n’y a pas une page sans publicité », observe Anouzla en feuilletant l’édition du 2 avril. »

    En conclusion, les auteurs du rapport écrivent :

    « En dépit de l’amélioration par rapport aux années 1990, le CPJ conclut que la liberté de la presse a régressé notablement au cours des cinq dernières années. Malgré les progrès du Maroc, il reste encore beaucoup à faire dans un pays qui se décrit lui-même comme une monarchie constitutionnelle. »

    « Huit ans après le début du règne du roi Mohammed, les dirigeants marocains doivent joindre les actes à la parole afin de démontrer leur engagement public en faveur de la démocratisation et de la liberté de la presse. La loi sur la presse actuellement en révision fournit une occasion propice à l’abolition de mesures qui permettent au Maroc d’emprisonner ou d’interdire des journalistes de la même manière que ce qui se passe dans d’autres pays arabes, présentés comme beaucoup plus répressifs. Une réforme judiciaire est nécessaire pour éliminer les poursuites à caractère politique et les coups bas. Car enfin, quand des juges rendent des verdicts alors que la défense ne se trouve pas dans le prétoire, le soutien déclaré du Maroc à la modération et à l’Etat de droit ne peut que sonner creux. »

    Alain Gresh

    Le Monde diplomatique, 3 juillet 2007

    Tags : Maroc, Makhzen, réformes, Etat de droit, démocratie, répression, libertés, expression, presse, journaux, journalistes,

  • Les musulmans et la démocratie

    En matière de relation entre l’islam et la démocratie, une grande partie des idées reçues est fausse.

    D’abord, beaucoup sont ceux qui imaginent que c’est l’islam en tant que religion qui est hostile à la démocratie. Ensuite, il y a ceux qui pensent que se sont les musulmans -à cause de leurs sous-développement- qui sont hostiles à l’idéal démocratique. Et les deux, s’appuyant sur les vérités des sociétés musulmanes actuelles, concluent que les musulmans sont par nature anti-démocratiques.

    Pour répondre à ces malentendus, j’ai choisit d’aborder la question sous deux angles différents. D’abord, sur le plan pratique, les pays musulmans sont-ils des démocraties ? Ensuite -et surtout- sur le plan théorique, quel regard porte les musulmans sur la démocratie ?

    La démocratie dans les pays musulmans :

    Il y a dans le monde aujourd’hui, 47 pays à majorité musulmane dans lesquels vivent entre 1,2 milliard et 1,5 milliard de musulmans constituant ainsi 20 % de la population mondiale.

    Les 47 pays musulmans sont répartits sur tous les continents et le plus grand nombre d’entre eux se trouve au Proche-Orient et en Asie.

    Contrairement à ce que pensent beaucoup, les pays arabes constituent moins de la moitié des pays musulmans et les arabes ne représentent que le 1/4 des musulmans.

    Afin de bien comprendre le phénomène que nous analysons, il faut diviser le monde musulman en plusieurs catégories :

    1- L’Islam asiatique –exclusion faite du Moyen-Orient- est parfaitement démocratique. Le plus grand pays musulman qu’est l’Indonésie est démocratique. Et la plus grande démocratie dans le monde qu’est l’Inde est gouverné par un musulman.

    2- L’Islam Africain –exclusion faite de l’Afrique du Nord- a fait d’énormes pas vers la démocratie. Le Sénégal et le Mali sont aujourd’hui reconnus comme des démocraties.

    3- L’Islam Arabe –comprenant l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient- n’est pas démocratique. Aucun pays des 23 pays arabes n’est incontestablement reconnu comme démocratique. Mais là aussi il y a des nuances à faire :

    Au Maghreb Arabe : 4 des 5 pays du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie et Tunisie) sont en transition démocratique.
    Au Machreq Arabe : L’ensemble de ces pays, en raison des régimes monarchiques qui gouvernent la majorité d’entre eux, sont encore loin de la démocratie. Exception faite du Liban (qui peut être considéré comme le pays arabe le plus démocratique) et le Kuweit qui se trouve en transition démocratique.

    Deux conclusions peuvent être tirées de ce tableau :

    1- La majorité des musulmans (950 millions de personnes) vivent dans des régimes démocratique ou en transition vers la démocratie.

    2- C’est dans le monde arabe qu’il y a le moins de démocratie. C’est le monde arabe qui donne de l’Islam une mauvaise image en matière de démocratie.

    On a ainsi clarifié certaines questions à propos de la démocratie dans le monde musulman en général, il importe maintenant de s’interroger sur le pourquoi de l’absence de la démocratie du monde arabe en particulier. Autrement dit, Cette absence s’explique-t-elle, comme le pense certains, par le refus des populations arabo-musulmanes de la démocratie ?

    La démocratie dans l’opinion musulmane :

    Dans les 10 dernières années, deux vagues de sondages ont étés réalisés par World Values Survey à propos de l’opinion des musulmans sur la démocratie.

    Les sondages réalisés en 1995-1996 et en 2002-2003 dans cinq pays arabes (Algérie, Egypte, Jordanie, Arabie saoudite, Maroc) et neuf pays musulmans (Albanie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Bosnie, Indonésie, Iran, Kirghizstan, Pakistan, Turquie) nous fournissent de très importantes indications.

    En effet, la démocratie a une image très positive dans tous les pays arabes. Ainsi 61 % des personnes interrogées dans les pays arabes sont d’accords pour dire que « la démocratie peut avoir de nombreux problèmes, mais c’est la meilleure forme de gouvernement » contre 52 % des personnes interrogées dans 16 pays de l’Europe Occidental et … 38 % seulement dans l’ensemble Etats-Unis, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande.

    Ainsi, non seulement les arabes sont favorables à la démocratie mais ils sont ceux qui ‘‘l’aiment’’ le plus dans le monde entier.

    Nous voyons clairement que l’inexistence de démocratie dans le monde arabe n’est pas en elle même imputable aux musulmans.

    Peut–on l’imputer alors à certaines interprétations extrémistes de l’Islam qui ont vu le jour dans le monde arabe et ne se sont pas développées dans le reste du monde musulman ?

    Le débat est ouvert …

    Source : Islamiqua, 18 nov 2006

    Tags : Islam, démocratie, laïcité, religion, foi, culte,

  • Maroc : Les marocains et le sexe !

    Eh oui ! les marocains ont une vie sexuelle ! Les statistiques revèlent que 98% de la population marocaine ( entre 13-50 ) pratiquent la masturbation. Ce chiffre ne parle pas que des ados qui commencent à peine à se de découvrir, mais ça parle aussi des femmes insatisfaites, de maris en froid avec leurs femmes, du professeur père de famille qui fantasme sur la super paire de nichons de la directrice et aussi et surtout de ceux qui crient partout qu’ils b… tout ce qui bouge. 98%, c est presque tout le monde. Alors, quelles sont les causes d’une statistique aussi élevée ? Qu’est ce qui fait que nos femmes, du moins la plupart sont insatifaites sexuellement? Et aussi, qu’est-ce qui fait qu’un père de famille qui a tout pour etre heureux, se laisse distraire par ce jeu dangereux qui n’a rien d’un jeu en l’occurence l’adultère ?

    Primo, au Maroc le sexe est et reste un sujet tabou. Mais un marocain est, comme tout être humain pardi, sexué de la tête aux pieds. Mais alors, qu’est-ce qui fait que les Marocains sont des cancres sexuellement parlant? C’est simple. Pour la seule et unique bonne raison qu’un marocain par définition est quelqu’un qui connait tout, et donc par là, il est de naissance doué pour les rapports sexuels.

    Le marocain est donc quelqu’un qui a imposé à son cerveau le fait qu’il était un bon coup, et du coup, c’est devenu normal chez lui de croire qu’il l’est et ne lui vient même pas à l’esprit qu’il ne sait pas s’y prendre. Ce qui nous permet de conclure que le marocain est un as de sexe (enfin c’est ce qu’il croit ).

    Deuxio, la quasi-totalité des marocains n’ont jamais eu et n’auront pas d’education sexuelle. Il faut dire que la plupart des marocains ignorent que les femmes ont, elles aussi, un orgasme. Il’n y a pas si longtemps que ça, j’ai décidé de faire une petite étude ou dois-je dire une petite enquête, j’ai donc décidé de demander à une vingtaine de personnes, des contacts MSN que je connais pas, de me dire ce que c’était qu’un clitoris. Personne ne savait ce que c’est. Mais quand je fesais l’éffort d’expliquer à ceux qui m’ont demandé des explications (seulement 10 me l’ont demandé) y a un seul qui l’a reconnu (il était marié) et encore d’une manière très … comment dire … je trouve pas le mot exact pour décrire ce qu’il m’a dit, je vous laisse en juger vous meme  » aaaahhhh bghiti tahdar 3la dik la7jira li 3Andhoum, li ila warrakti 3liha bjahd kikhrouj lboul » ( moi en tout cas, ça me fait rire :d:d:d la foction du clitoris chez ce type se résume à ça )

    J’ai essayé de savoir ce que cette personne savait à propos du clitoris à part ce truc qu’elle vient de me sortir. Je lui ai donc demandé s’il savait que la femme pouvait avoir beacoup de plaisir voire atteindre l’orgasme par simple stimulation de cette zone? Et là, le mec semblait ignorer totalement ce truc, mais comme tout marocain qui se respecte, m’a sorti le truc de « bien sûr » avec la pose du mec sur de lui et tout.

    Tertio, la notion de l’orgasme féminin varie d’une personne à une autre allant du mec qui croit que la femme atteint l’orgasme en un temps record, qu’elle n arrete pas « d’éjaculer » tout au long de la période de la pénétration (confusion du plaisir et de l’orgasme), à celui qui croit que la partenaire atteint l’extase en même temps que lui. Pour faire bref, le marocain en général tire son coup et se tire avec la certitude d’être un bon coup.

    Conclusion, les marocains accordent peu d’importance aux préliminaires. Enfin, et cette fois-ci du coté du sexe féminin, chose qui agace beaucoup d’hommes, la passivité de nos femmes. On dirait qu’on fait l’amour à des cadavres. Nos femmes ne sont pas coquines, soit pour ne pas paraitre comme des filles faciles (même en étant mariées), soit tout simplement, par timidité, chez nous le sexe, ne se pratique pas à deux mais à un et demi :p.

    (N.b : ces statisques n’ont rien d’officiel, elles sont là juste pour les besoin de l’article.)

    Source : Le blog insolite du disciple du diable

    Tags : Maroc, sexe, sexualité, éducation sexuelle, homme, femme, amour, mariage,

  • Nelson Mandela et le Mossad

    La presse a largement répercuté une information récemment publiée par le journal sioniste Haaretz qui, citant des archives de l’Etat sioniste,affirme que le leader sud-africain Nelson Mandela aurait été entraîné au maniement des armes et aux techniques de guérilla en Ethiopie par le Mossad, les tristement célèbres services secrets franco-anglo-américano-sionistes,

    Une « information » qui tombait à pic pour conforter la thèse selon laquelle la fine équipe au pouvoir à Tel Aviv ne se serait pas rendue aux obsèques de Mandela pour des raisons pécuniaires, Et pour laver des années de coopération soutenue avec le régime d’apartheid.

    Ce genre de photo est supposé étayer la thèse d’une collaboration de Mandela avec le Mossad

    Mandela n’a jamais été formé par des agents israéliens, affirme la Fondation Nelson Mandela

    La Fondation Nelson Mandela a rejeté des informations selon lesquelles l’ancien président a reçu un entraînement par des agents israéliens en 1962.

    Sapa, The Mail & Guardian (Afrique du Sud) 21 décembre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

    «Les médias se sont fait l’écho d’une histoire selon laquelle en 1962 Nelson Mandala avait été en relation avec un agent israélien en Ethiopie, » déclare la Fondation dans un communiqué. «La Fondation Nelson Mandela peut confirmer qu’elle n’a trouvé aucune indication dans les archives privées de Nelson Mandela… qu’il aurait été en relation avec un agent israélien pendant sa tournée dans des pays africains cette année là.»

    Le site web du journal britannique The Guardian a rapporté vendredi que Mandela avait apparemment reçu une formation au maniement des armes par des agents du Mossad en Ethiopie en 1962 sans que les services secrets israéliens aient connaissance de sa véritable identité. The Guardian basait son article sur «un courrier secret intrigant déposé dans les archives de l’Etat israélien.»

    Le site rapportait que la missive, révélée par le journal israélien Haaretz – deux semaines après le décès de Madiba – indiqauit qu’il avait été formé à l’utilisation des armes et aux techniques de sabotage et avait été encouragé à développer des sympathies sionistes. La Fondation a cependant démenti qu’une telle chose se soit produite.

    «En 1962, Mandela a suivi une formation militaire au Maroc avec les combattants algériens de la liberté et avec l’Ethiopian Riot Battalion à Kolfe près d’Addis Abeba, avant de rentrer en Afrique du Sud en juillet 1962.

    « En 2009, un maître de recherche de la Fondation Nelson Mandela avait séjourné en Ethiopie et s’était entretenu avec les survivants parmi les hommes qui avaient contribué à la formation [militaire] de Mandela et aucun indice d’une connexion israélienne n’était apparu » lit-on dans la déclaration.

    Source : Mounadil djazairi

    Tags : Afrique du Sud, Nelson Mandela, Israël, Aparheid, racisme,

  • Sahara Occidental : Premier examen au Conseil de Sécurité du projet de résolution

    CONSEIL DE SÉCURITÉ- SAHARA OCCIDENTAL : Premier examen du projet de résolution

    Le Conseil de sécurité des Nations unies devait se réunir, hier, pour examiner le projet de résolution proposé par les États-Unis sur la prolongation du mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO).

    Selon le site électronique sahraoui El confidentiel sahraoui qui a eu une copie du texte, le projet de résolution présenté par les États-Unis au «Groupe des amis du Sahara occidental» demande une prolongation du mandat de la mission jusqu’au 31 octobre 2021. Le texte proroge le mandat de la MINURSO pour une autre année et « se concentre sur le besoin urgent pour les parties de poursuivre le processus actuel dirigé par les Nations unies pour parvenir à une solution juste » réaliste, pratique et crédible « au conflit au Sahara occidental.

    Le projet des États-Unis souligne également que toute solution au problème doit être fondée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Au cours de la semaine prochaine, des experts des quinze membres du Conseil de sécurité se réuniront pour tenter de parvenir à un consensus sur une résolution finale qui serait mise aux voix le 28 de ce mois. Selon le texte , « Le Conseil de sécurité réaffirme son engagement d’aider les parties au conflit à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, fondée sur un compromis qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’accords compatibles avec les principes et les objectifs de la Charte des Nations unies, et en observant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard. »

    Le projet de résolution souligne également « l’importance d’améliorer la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis, et encourage les parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc à travailler davantage avec la communauté internationale pour développer et mettre en œuvre des mesures indépendantes et crédibles pour garantir le plein respect des droits de l’Homme, en tenant compte de leurs obligations pertinentes en vertu du droit international. » Le projet de résolution indique que le Conseil de sécurité appelle « les parties à poursuivre leurs efforts respectifs pour améliorer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental » (…) et encourage une meilleure coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), notamment en facilitant les visites dans la région ».

    Le Conseil de sécurité, selon le projet, demande au Secrétaire général de faire rapport périodiquement au Conseil de sécurité, et à tout moment qu’il juge approprié pendant la durée du mandat, y compris dans les trois mois suivant le renouvellement de ce mandat et à nouveau avant son expiration, l’état et les progrès des négociations sous ses auspices, sur la mise en œuvre de cette résolution, les défis pour les opérations de la MINURSO.

    Le projet souligne qu’après examen du rapport du Secrétaire général du 2 octobre 2020, la résolution américaine décide notamment :

    « – De prolonger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2021. – Souligne la nécessité de parvenir à une solution politique réaliste, viable et durable à la question du Sahara occidental fondée sur l’engagement et l’importance d’aligner l’approche stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations unies à cette fin.

    – Exprime son plein soutien aux efforts en cours du Secrétaire général et à son soutien au processus de négociations pour parvenir à une solution au conflit au Sahara occidental.

    – Réaffirme la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu et appelle les parties à adhérer pleinement à ces accords, à honorer leurs engagements envers l’Envoyé personnel et à s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre les efforts de l’ONU.

    – Prie instamment les parties de respecter leurs obligations et garanties pertinentes et de s’abstenir de toute action qui pourrait saper les négociations facilitées par l’ONU ou déstabiliser davantage la situation au Sahara occidental.

    – Demande à toutes les parties de coopérer pleinement avec les opérations de la MINURSO, y compris leur libre interaction avec tous les interlocuteurs, et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité, la liberté de mouvement et l’accès immédiat de l’ONU et du personnel associé pour remplir leur mandat, conformément aux accords existants. ».

    Ce premier projet de résolution pourrait connaitre des modifications, d’autant qu’il n’apporte aucune observation critique du rapport du Secrétaire général, fortement critiqué par le Front Polisario et sur la part belle qu’il fait au Maroc qui bloque le processus de paix et ses violations des droits de l’Homme, notamment à El-Ayoun où est assiégée l’icône du peuple sahraoui Aminatou Haider.
    Mokhtar Bendib

    AIDE HUMANITAIRE AUX RÉFUGIÉS SAHRAOUIS
    L’Union européenne appuie l’action du HCR

    L’Union européenne soutient le HCR (Haut-commissariat pour les réfugiés) pour poursuivre la distribution d’eau aux réfugiés sahraouis, selon L’Agence des Nations unies pour les réfugiés, indique un communiqué du HCR- Alger. L’organisation humanitaire s’est félicitée de la contribution de 600 000 € de l’Union européenne (UE) pour une aide humanitaire essentielle aux réfugiés sahraouis dans les cinq camps de réfugiés dans la région de Tindouf, ajoute le communiqué. “Il est prioritaire pour l’UE d’assurer à tous les réfugiés sahraouis l’accès à l’eau potable pour leur usage domestique.

    La menace du coronavirus étant toujours présente, une quantité d’eau suffisante est plus que jamais nécessaire afin de maintenir un niveau d’hygiène minimal, permettant le lavage des mains de manière fréquente ‘’, estime le HCR. ‘’ L’UE est pleinement engagée à continuer de soutenir les réfugiés sahraouis », a déclaré Patrick Barbier, Responsable des opérations d’aide humanitaire de l’UE en Algérie. L’UE est un donateur humanitaire actif et de longue date dans les camps. Elle soutient les activités humanitaires vitales de nombreuses organisations des Nations unies et partenaires dans divers domaines, allant d’une assistance alimentaire et des soins de santé à l’eau, l’assainissement et l’hygiène (WASH)’’.

    “Le HCR tient à remercier l’UE pour son soutien continu à la population réfugiée sahraouie, en particulier pour l’approvisionnement en eau potable de la communauté sahraouie », a déclaré de son côté le Représentant du HCR, Agostino Mulas. Les services et infrastructures WASH sont en cours d’amélioration dans les camps de Tindouf.

    Le HCR fournit environ 700,000 m3 d’eau potable par an en assurant en permanence le fonctionnement et l’entretien des installations existantes, en installant de nouvelles et en contrôlant la qualité de l’eau. Pour son programme 2020, le HCR Algérie est actuellement financé à 44%, avec environ 16,6 millions de dollars US reçus sur un total de 37,4 millions de dollars US requis.
    M. Bendib

    Le Courrier d’Algérie, 20 oct 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, ONU, MINURSO, Conseil de Sécurité,


  • Algérie : Fitna chez les frères

    C’est peut-être la première fois que les partisans purs et durs de l’islam politique se retrouvent devant une épreuve décisive qui va renseigner sur leur poids réel dans la société. En appelant à voter « Non» sur le projet de révision de la constitution lors du référendum du 01 novembre prochain, le MSP de Abderrezak Makri et le mouvement Adala d’Abdallah Djaballah prennent un sérieux risque de subir une désaffection populaire si jamais le «Oui» venait à l’emporter majoritairement.

    En choisissant cette option de « légitimer » le processus politique tout en s’opposant à son contenu pour des considérations idéologiques liées entre autres, à la sanctuarisation de Tamazight comme une constante, les « frères », pourraient se voir réduits à leur plus simple expression. Un courant qui prétend être dominant au sein de la société mais qui, dans la vraie vie, est largement surdimensionné.

    Au soir du 1er novembre, cette aile dure de l’islamisme qui a le vent en poupe dans les médias grâce à des chaines de télévision privées friandes des sujets de religion, on en saura un peu plus sur sa «taille» réelle.

    Abderrezak Makri et Abdellah Djaballah et leurs ouailles qui bombent le torse et se prévalent d’êtres les gardiens du temple de novembre et de l’Islam, seront en effet confrontés au verdict des urnes. Un verdict qui risque de leur être fatal en terme de représentativité du fait que les autres partis de la mouvance démocratique et laïque ont quant à eux choisi de boycotter le référendum. Mais le MSP et Adala vont, à leur corps défendant, aider à faire gonfler le taux de participation mais ne réussiront jamais à imposer leur «Non».

    Ceci d’autant plus que leurs frères de sang et de cœur d’El Bina El Watani de Bengrina et d’El Islah de Filali Ghouini ont quant à eux décidé de donner leur onction au projet présidentiel dont ils ne voient aucune «atteinte» à l’identité nationale ni à la religion. Du coup, c’est la fitna au sein de la famille islamiste qui se retrouve comme éclatée entre partisans et adversaires du pouvoir.

    C’est dire que les résultats du référendum, indépendamment de la victoire qui ne fait pas l’ombre d’un doute, auront au moins le mérite de montrer le poids des islamistes qui défient à la fois les partisans du «Oui» et du boycott.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 20 oct 2020

    Tags : Algérie, partis islamistes, constitution, référendum,

  • L’héritage empoisonné d’Emmanuel Macron

    Valeurs

    En France, un professeur a été lâchement et brutalement assassiné vendredi dernier, provoquant l’effet d’un véritable électrochoc de la classe politique, des médias et d’une large majorité de Français qui s’inquiètent plus que jamais de voir certaines de leurs valeurs et liberté être combattues sur leur sol par des islamistes aux méthodes abominables. Et si Emmanuel Macron avait déjà posé les jalons d’une prochaine réforme de la laïcité pour combattre le communautarisme, l’horrible attentat dont a été victime un professeur de collège pourrait pousser le Président français et ses équipes à se faire encore plus intransigeants contre ceux qui veulent soumettre la France et qui usent une fois encore des réseaux sociaux pour s’organiser, même à la plus petite échelle.

    Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a ainsi souligné dimanche la «responsabilité» de ceux qui ont participé au «lynchage public» de l’enseignant Samuel Paty sur internet avant l’assassinat de l’enseignant, mais aussi celle des réseaux sociaux. «Je suis convaincu que ceux qui ont participé à ce lynchage public de cet enseignant, il y a des vidéos qui ont été postées sur les réseaux, il y a peut-être d’autres mobilisations qu’on n’a pas vues, sont d’une certaine manière responsables de ce qui s’est passé», a-t-il estimé.

    «Je ne suis pas la justice, je ne suis pas la police, mais il faut une réponse absolument exemplaire sur ce sujet-là», a-t-il ajouté. Le porte-parole du gouvernement a en outre estimé que les réseaux sociaux «ont une responsabilité», remarquant que «les choses ont démarré sur les réseaux sociaux et se sont terminées sur les réseaux sociaux». Donc, «on doit arriver à mieux les encadrer».

    Après la censure de la loi Avia par le Conseil constitutionnel au nom de la liberté d’expression, il a indiqué que le gouvernement travaillait à «un dispositif juridique de lutte contre la haine sur les réseaux sociaux». Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté, doit recevoir aujourd’hui les patrons de ces réseaux. Y a-t-il eu des ratés de la part de l’Éducation nationale ? L’enquête va permettre de «voir s’il y a eu des angles morts ou pas», a indiqué Gabriel Attal, en remarquant que «la principale du collège, de l’avis de tous, a été absolument exemplaire dans son action». «On en tirera des enseignements, rien ne sera mis sous le tapis», a-t-il promis.

    Gabriel Attal a, par ailleurs, précisé que le gouvernement travaillait avec les enseignants et leurs représentants syndicaux pour que «quelque chose de spécifique et d’historique se passe à la rentrée scolaire» après la Toussaint dans les établissements. Il a jugé «pas acceptable» que des professeurs puissent «s’autocensurer» sur les sujets de laïcité car ils auraient «peur de la réaction de leurs élèves dans les endroits les plus difficiles», ce qui risque d’être «encore plus le cas» après cet assassinat. Reste à voir si les autorités françaises s’appuieront pour corriger cet état de fait sur les lois déjà existantes et qui répondent à de nombreux problèmes rencontrés aujourd’hui par les professeurs, agents administratifs, élus de la République, ou simples citoyens, ou si le gouvernement décidera de muscler encore un peu plus l’appareil législatif en place, qui doit déjà être revu dès le 2 décembre avec la présentation de la nouvelle loi sur la laïcité.

    Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron doit affronter ce dossier de front et traiter ce problème de société que lui ont légué ses prédécesseurs qui ont toujours préféré ignorer et même souvent dénigrer ceux qui tentaient de les alerter sur les dangers de l’islamisme en France et de son emprise de plus en plus menaçante, notamment dans les banlieues des grandes villes.

    Source : Le Jour d’Algérie (Le titre a été modifié)

    Tags : France, Islam, Islamisme, terrorisme, Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui,

  • Tensions géostratégiques, sécurité collective et nouvelles conflictualités dans la région sahélienne

    par Abderrahmane Mebtoul*

    Les tensions actuelles à nos frontières interpellent l’Algérie pièce maîtresse de la stabilité de la région, à travers les actions de l’ANP et les différents services de sécurité.

    C’est que les enjeux au Maghreb et au Sahel préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques dans une zone sensible, rentrant dans le cadre de la nouvelle stratégie mondiale, à laquelle l’Algérie ne saurait échapper et d’une manière générale toute l’Afrique. Ces enjeux sont intiment liés aux nouvelles mutations mondiales actuelles qui devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. La « sécurité collective », expression dont l’usage s’est développé, dans les années 1930, constitue une tentative de réponse au déchaînement de violence des deux guerres mondiales, du xxe siècle. Intiment quant à la formation à la paix (CP), elle soulève des défis politiques, économiques sécuritaires et notamment la relation entre la formation et la manière dont les parties externes s’engagent dans le règlement des conflits et notamment la relation entre les États, les organisations internationales et les sociétés civiles, mondiale et locales et leurs influences pour une paix durable, fondée sur la dialogue des cultures , la tolérance facteur de stabilité de toute l’Humanité pour un monde solidaire.

    1. Problématique de la sécurité collective au Maghreb et au Sahel

    1.1- Préambule : quelques éclaircissements sur le concept de sécurité collective

    Aux antipodes de la sécurité par l’équilibre des puissances qui avait marqué le système international au xixe siècle, la sécurité collective repose, elle, sur le « déséquilibre des forces. Ce système a d’abord été institutionnalisé, au lendemain de la Grande Guerre, par la Société des Nations (SDN), puis a été repris en 1945 par l’Organisation des Nations unies (ONU). Loin d’avoir donné les résultats que ses promoteurs avaient placés en lui ; il marque néanmoins un tournant dans l’histoire des relations internationales. Une approche globale comme facteur d’adaptation, selon les experts militaires, est nécessaire au nouveau contexte : la cohérence, l’anticipation, l’adaptabilité, la permanence, la « légitimation » et la « résilience ». C’est que les crises internationales ont toujours concerné de nombreux acteurs. Mais traditionnellement, en dehors de l’organisation de sécurité collective à vocation universelle et à compétence générale qu’est l’ONU, leur gestion revenait, avant tout, aux États. Or de nombreux autres acteurs y participent désormais notamment les organisations non gouvernementales et les organisations d’intégration régionale. On le constate, le champ est composé d’une multitude d’acteurs et d’approches qui implique, de facto, un morcellement des actions et une difficulté à avoir un impact significatif sur le terrain. De nombreuses études tentent de catégoriser les principaux acteurs de ces conflictualités émergentes. La plupart d’entre elles opposent les États, dotés de forces armées régulières, à des acteurs non-étatiques, laissant apparaître de nouveaux adversaires. Cette opposition, selon les experts en géostratégie entre États et acteurs non-étatiques, ne semble pas totalement satisfaisante car elle ne reflète pas l’ensemble des systèmes asymétriques. En effet, une typologie des acteurs ne peut se faire qu’en prenant en compte plusieurs critères : les motivations, l’organisation et les modes d’action. De nouvelles conflictualités sont apparues où leurs acteurs se caractérisent souvent par l’illisibilité de leur organisation, l’imprévisibilité de leurs actions multiformes qui privilégient la violence dûment mise en scène par la recherche du sensationnel et de la médiatisation. Grâce aux nouvelles technologies et à leur prolifération non maîtrisée, ces conflictualités sont susceptibles d’utiliser toute la panoplie des capacités actuelles : armement sophistiqué, maîtrise de l’information, diversité des types d’agression (capacité d’exporter une menace n’importe où dans le monde), générant des menaces (cyber-délinquance, cyber-criminalité, etc.) qui mettent en évidence l’insuffisance des systèmes de sûreté ou de substitution dans les sociétés modernes. En effet, les moyens modernes de communication facilitent l’expression libre et la circulation, via les réseaux, des idées les plus extrêmes, dans un but revendicatif, subversif ou prédateur. Elles peuvent atteindre tous les pans de la société : cohésion sociale, légitimité de l’autorité, pertinence du modèle économique, sociétal ou religieux. Ainsi véhiculées, les techniques d’« agression » de toutes natures se propagent, et contribuent d’autant plus à la fragilisation des « cibles » potentielles qu’elles s’appuient souvent sur l’image, support d’émotion et propice aux comparaisons.

    1.2- Le Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales

    Devant privilégier, en premier lieu, ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), le Maghreb se doit d’agir en fonction d’un certain nombre de principes et à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région, que ce soit dans le cadre d’une coopération avec l’Otan, en fait avec les USA, ou avec les structures de défense que l’Union européenne entend mettre en place, également avec la Russie et la Chine pour ne citer que les principaux acteurs mondiaux. Les derniers évènements au Sahel, faute d’une coordination, montrent son incapacité à agir sur des évènements majeurs. La fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis, le 11 septembre 2001 représentent un tournant capital dans l’histoire contemporaine. Le premier évènement marque la fin d’un monde né un demi- siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite, des décennies durant, par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour le Maghreb ? Interpellée et sollicitée, le Maghreb s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du dialogue méditerranéen de l’Otan ou du partenariat euro-méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, le Maghreb devant faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. C’est dans ce cadre que doit être placée la stratégie du Maghreb dans le dialogue méditerranéen de l’OTAN. Le cadre défini au sommet de l’Otan de promouvoir le dialogue méditerranéen de l’Otan, au rang de «véritable partenariat», (le même sommet d’Istanbul faisant une offre de coopération à la région du Moyen-Orient élargi qui est adressée aux pays qui le souhaitent, ceux qui sont membres du Conseil de coopération du Golfe étant cités explicitement) ambitionne de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région méditerranà ©enne par le truchement d’un certain nombre d’actions au nombre de cinq qui se veulent complémentaires avec d’autres actions internationales : a.- le renforcement de la dimension politique du dialogue méditerranéen avec l’Otan ; b.- l’appui au processus de réformes de la défense ; c.- la coopération dans le domaine de la sécurité des frontières ; d.- la réalisation de l’interopérabilité ; e- la contribution à la lutte contre le terrorisme.. Face à ces propositions quelle est l’attitude des pays du Maghreb devant consolider l’intégration maghrébine pour devenir une entité économique fiable au moment de la consolidation des grands ensembles ? Les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener les pays du Maghreb à se doter d’une politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre. Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité, de manière juste et durable. C’est sur cette base, me semble-t-il, que les pays du Maghreb doivent s’engager dans le dialogue méditerranéen de l’Otan et dans d’autres initiatives régionales ou sous-régionales notamment européennes. Car face à l’Otan, existe une volonté politique de l’Union européenne d’avoir une stratégie de défense et de sécurité qui concerne le Maghreb. Sur le plan militaire et géostratégique c’est à travers les activités du groupe dit des «5+5» que peut être apprécié, aujourd’hui, la réalité d’une telle évolution. C’est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer, ensemble, une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent. Pour le cas du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie qui ont (qui a signé) l’Accord de libre échange avec l’Europe, en matière de défense et de sécurité, des consultations relatives à la mise en place d’un dialogue entre le Maghreb et l’Union européenne ont lieu sous forme de consultations informelles et de réunions formelles. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l’OTAN et la coopération de lutte contre le terrorisme avec l’UE dans le cadre de la PESD. – D’une manière générale et au vu de ce qui se passe au Sahel, il y a urgence pour l’Algérie et le Maghreb d’une stratégie d’adaptation. Pour ma part lors d’un déplacement aux USA lors d’une rencontre avec un grand responsable au département du Trésor US à Washington, j’avais émis cette hypothèse naïvement que l’Algérie et le Maghreb devaient tirer profit des divergences entre la France et les Etats-Unis d’Amérique. Il m’avait répondu clairement : «il n’y a parfois que des divergences tactiques de court terme mais aucune divergence stratégique entre les Etats-Unis d’Amérique et la France et plus globalement avec l’Europe». J’en ai tiré la leçon afin de comprendre les enjeux géostratégiques alors que certains veuillent encore opposer les USA à la France sur le dossier du Sahel et notamment du Mali, se croyant encore aux années 1960/1970 de la confrontation des blocs. Il est entendu qu’à la fin de toute guerre ce sera la diplomatie qui prendra la relève.

    1.3.-La problématique sécuritaire au Sahel

    La situation actuelle au Sahel pose la problématique de la sécurité de l’Algérie et fondamentalement l’urgence d’une coordination régionale notamment l’intégration de la sphère informelle qui dépasse les % de la superficie économique posant la problématique de l’intégration du Maghreb (plus globalement de l’Afrique du Nord) (2) pont entre l’Europe et l’Afrique afin de faire de cette zone une région tampon de prospérité. Le terrorisme menace planétaire, se nourrit fondamentalement de la misère, en se livrant au trafic de tous genres, rançons, drogue, armes, etc. Le Maghreb, pour peu que les dirigeants dépassent leurs visions étroites d’une autre époque, a toutes les potentialités pour devenir une grande puissance régionale avec une influence tant économique que militaire, dans la mesure où en ce XXIème siècle l’ère des micros Etats étant révolue et que la puissance militaire est déterminée par la puissance économique. Pour cela, des stratégies d’adaptation au nouveau monde pour le Maghreb sont nécessaires, étant multiples, nationales, régionales ou globales mettant en compétition/confrontation des acteurs de dimensions et de puissances différentes et inégales. Face aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celles des hommes, les stratégies de riposte doivent être collectives. Cependant, dès lors qu’elles émanent d’acteurs majeurs et de premier plan, elles s’inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités car évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent, aujourd’hui, à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres. Cette région est l’objet de toutes les convoitises (notamment USA via Europe / Chine) car incluse dans une sous-région qui n’en finit pas de vouloir se construire. Le continent Afrique est un enjeu géostratégique majeur au XXIème siècle avec plus de 25% de la population mondiale, avec d’importantes ressources non exploitées, sous réserve d’une meilleure gouvernance et d’intégration sous régionales à l’horizon 2030 l’axe de la dynamisation de la croissance de l’économie mondiale devant se déplacer de l’Asie vers l’Afrique, expliquant en partie les tensions actuelles (3). Le Maghreb, sous segment de ce continent, est appelé de se déterminer par rapport à des questions cruciales et de relever des défis dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils dépassent en importance et en ampleur les défis qu’il a eu à relever jusqu’à présent. Pour l’Algérie, les puissances occidentales reconnaissent que rien ne peut se faire durablement sans l’Algérie par sa position géographique, étant, par ailleurs, une grande puissance militaire régionale. D’autant plus que ce conflit peut avoir des répercussions sur toute la région Europe/Afrique via le Maghreb, que sur la sécurité intérieure de l’Algérie, notamment toute la zone Sud où sont concentrés les principaux gisements pétroliers et gaziers sans compter que bon nombre de familles, notamment Touaregs du Sud ont des liens étroits souvent familiaux avec les familles au niveau du Sahel et notamment au Mali.

    2.- Face aux mutations géostratégiques, axes directeurs pour la construction de la paix mondiale

    2.1- Quelques éclaircissements sur le concept de CP

    La Construction pour la paix (CP) est un champ qui se développe rapidement et dont la valeur ajoutée est reconnue au niveau des institutions internationales, des Etats, de la société civile. Comme tout autre type de formation, la formation à la paix soulève de nombreuses questions auxquelles nous nous devons de répondre, afin de garantir sa qualité Les défis politiques touchent à la relation entre la formation et la manière dont les parties externes s’engagent dans le règlement des conflits. Cela inclut leurs objectifs et leurs programmes. Les défis politiques comprennent également la relation entre les États, les organisations internationales et les sociétés civiles mondiale et locales et leur influence sur la formation. Il convient également de mentionner les défis politiques inhérents au processus d’apprentissage lui-même.

    Les défis politiques sont très étroitement liés au débat sur l’objectif de la form ation à la paix, qui est de préparer des individus à avoir une influence positive sur le conflit. Les différents acteurs ont des points de vue disparates quant à la manière de réaliser cela le plus efficacement possible. Par conséquent, il existe parfois une tension entre, d’une part, les processus de paix traditionnels menés par les États (la diplomatie officielle) et par l’armée et d’autre part, les processus engagés par des civils, qui résultent de traditions telles que la non-violence active et le dialogue à la base. Les deux approches luttent chacune à sa façon, pour trouver des solutions aux problèmes contemporains de violence généralisée et de guerre. Dans sa résolution intitulée ‘Projet de programme mondial pour le dialogue entre les civilisations’ (A/56/L.3), l’Assemblée générale présente solennellement ce Programme mondial. Le dialogue entre les civilisations y est décrit comme un processus engagé entre les civilisations et en leur sein, fondé sur l’inclusion et le désir collectif de tirer enseignement d’hypothèses, de mettre en évidence les valeurs communes essentielles et d’y intégrer diverses perspectives. Au nombre des objectifs du dialogue énoncés dans le programme, figurent notamment la recherche de terrains d’entente entre les civilisations afin de relever les défis qui menacent les valeurs communes, les droits de l’Homme et les acquis de l’Humanité dans divers domaines. Le dialogue entre les civilisations, est-il indiqué dans le Programme, peut contribuer à des progrès dans différents domaines dont la promotion du renforcement de la confiance aux échelons local, national, régional et international. Il est également précisé que la participation à ce dialogue doit inclure des membres de toutes les civilisations. Le programme d’action invite les Etats, le système des Nations unies et les organisations internationales et régionales ainsi que la société civile à mettre en œuvre, notamment des programmes visant à développer le dialogue et la compréhension et à bannir l’intolérance, la violence et le racisme entre les peuples, en particulier les jeunes. Il invite également les gouvernements, les organismes de financement, les organismes de la société civile et le secteur privé à mobiliser les ressources nécessaires à la promotion du dialogue entre les civilisations en contribuant, notamment au Fonds d’affectation spéciale créé à cette fin par le Secrétaire général en 1999. C’est que les conflictualités du monde contemporain et la solution finale, la Paix, ne sont pas seulement économiques ou sécuritaires, mais également et surtout ont, pour essence, une profonde crise morale devant se fonder sur une profonde rénovation de la perception du monde. Depuis que le monde est monde nos sociétés vivent d’utopie. Comme le dit l’adage populaire « l’espoir fait vivre.» D’ailleurs, au niveau des sociétés, nous assistons à une pièce de théâtre où chacun a un rôle déterminé, les pouvoirs en place avec leurs cours et leurs discours contribuant à cette utopie. Les guerres et les révoltes sociales en sont le contrepoids. Les messages de paix, de tolérance fondés sur le dialogue productif, tant au niveau planétaire qu’au sein des sociétés, sont-ils des messages d’utopie ou seront-ils concrétisés dans un avenir proche pour éviter, par exemple, que la religion ne soit utilisée à des fins de tension entre le monde musulman et l’Occident, comme arme de guerre fratricide ? C’est que les guerres de religion ont fait recette – rappelons les guerres entre catholiques et protestants, la persécution des juifs – et l’on a pu, paradoxalement, utiliser ces termes antinomiques de « guerre sainte », alors que les livres saints ont pour fondement tolérance et respect d’autrui. Or, depuis de longues années, je suis convaincu, avec de nombreux intellectuels de différentes sensibilités et nationalités, que la symbiose des apports du monde musulman et de l’Occident par le dialogue des cultures – Islam, Judaïsme et Christianisme étant des religions de tolérance, pour ne citer que ces grandes religions monothéistes -, devant respecter toute croyance de chacun, permettront d’éviter ces chocs de civilisations préjudiciables à l’avenir de l’Humanité. Le renforcement des relations entre le monde musulman et l’Occident, la promotion des synergies culturelles, économiques, politiques sont seules à même d’intensifier une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud, et ce, afin de faire de notre univers un lac de paix d’où seront bannis l’extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par une paix durable au Moyen-Orient, ce berceau des civilisations où les populations juives et arabes partagent une histoire millénaire de cohabitation pacifique.

    2.2-Sociétés civiles et fécondation réciproque des cultures

    Il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car elles sont source d’enrichissement mutuel, permettant de communiquer avec des cultures lointaines à travers des réseaux décentralisés auxquels la société civile – intellectuels, diplomates, entrepreneurs, médias grâce au rôle important de l’Internet – doit jouer une fonction stratégique, car les nouvelles relations internationales, fondées sur les relations personnalisées entre chefs d’État, ont de moins en moins d’effets. Ces réseaux doivent favoriser les liens communicationnels, les aires de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Dans ce cadre, il y a lieu d’accorder une attention particulière à l’action éducative, car l’homme pensant et créateur devra être à l’avenir le bénéficiaire et l’acteur principal du processus de développement. C’est pourquoi je préconise la création de grands pôles par grands continents (universités et de centres de recherches) loin de tout esprit de domination, comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles.

    Le monde musulman et l’Occident représentent deux régions géographiques présentant une expérience millénaire d’ouverture et d’enrichissements mutuels, tant sur le plan économique que culturel. Certes, nous avons assisté au déclin du monde musulman, notamment sur le plan de la recherche scientifique, alors que par le passé il était pionnier. Pour un devenir commun, il est indispensable que la majorité des dirigeants du monde musulman – qui ont une lourde responsabilité de la situation de misère de leur population faute d’une bonne gouvernance, bien qu’il existe des exceptions, certains pays étant devenus émergents – et l’Occident développent toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l’intérieur de cet ensemble, et ce, afin de favoriser six objectifs solidaires.

    Premièrement : l’État de droit et la démocratie politique, en tenant compte des anthropologies culturelles car une société sans sa culture et son histoire est comme un corps sans âme.

    Deuxièmement : l’économie de marché concurrentielle à vocation sociale, loin de tout monopole, qu’il soit public ou privé.

    Troisièmement : la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires.

    Quatrièmement : la mise en œuvre d’affaires communes, en n’oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et que dans la pratique des affaires il n’y a pas de sentiments. Mais l’on doit éviter que la logique du profit ne détruise les liens sociaux, d’où l’importance stratégique de l’État régulateur conciliant les coûts sociaux et les coûts privés.

    Cinquièmement : intégrer l’émigration. Ciment des liens culturels, elle peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération et de ce dialogue nécessaire, de ce rapprochement du fait qu’elle recèle d’importantes potentialités cultuelles, économiques et financières. La pro motion des relations entre l’Orient et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d’intervention l’initiative de l’ensemble des parties concernées.

    Sixièmement : tout en tenant compte effectivement de sa situation socio-économique, l’Occident doit favoriser la libre circulation des personnes, tout en engageant un véritable co-développement – à ne pas confondre avec l’assistanat – au profit des pays musulmans en retard, tenant compte du nouveau défi écologique qui devrait entraîner des mutations tant économiques que socioculturelles, voire politiques.

    2.2-Un monde cruel et dangereusement déséquilibré

    L’objectif stratégique est de repenser l’actuel système économique mondial, et donc la représentation au niveau des institutions internationales, le système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l’avenir de l’Humanité avec des poches de pauvreté croissantes même dans les pays développés, un phénomène d’ailleurs accéléré par les gouvernances les plus discutables de la part de certains dirigeants du Sud. La population mondiale s’élève actuellement à 7,6 milliards et devrait atteindre 8,6 milliards en 2030, 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100, selon un récent rapport des Nations unies. Or, sur plus de 7 milliards d’âmes, les 2/3 sont concentrées au sein de la zone Sud avec moins de 30 % des richesses mondiales : en ce début du XXIe siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres, situés en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud et en Amérique Latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de 2 milliards d’individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’Humanité si rien de décisif n’est entrepris. Faute de relever le défi de lutte contre la pauvreté, le sous-développement d’une grande partie de l’Humanité constituera, au cours des années à venir, une menace pour les pays développés et, d’une manière générale, pour l’ensemble du monde. Pour une paix durable, l’histoire commune nous impose d’entreprendre ensemble. Certes, les relations entre l’Occident et le monde musulman, sont souvent passionnées, surtout récemment avec l’avènement du terrorisme que l’on impute à tort à la religion de tolérance qu’est l’Islam. Espérons que les tensions seront dépassées, dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation, notamment sur le plan sécuritaire, car le terrorisme étant une menace planétaire. Le devenir solidaire conditionne largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience commune. Le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d’inéluctables tensions sociales. Tout cela renvoie à des enjeux géostratégiques de première importance qui concernent l’Humanité, comme une gouvernance rénovée à l’échelle mondiale et concernant l’ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité. En effet, avec l’interdépendance accrue de nos sociétés, les nouvelles mutations mondiales – avec l’avènement de la quatrième révolution économique – préfigurent, à l’horizon 2020/2030, un important bouleversement géostratégique avec la montée en puissance des pays de l’Asie, dont la Chine au premier rang. Face à cette fin de l’unilatéralisme et confrontés aux pressions sociales, les gouvernants ne sont-ils pas toujours enclins à inventer un ennemi à combattre ? Dans la nature innée des hommes ne se trouve-t-il pas le penchant vers la tyrannie et l’oppression mutuelle, comme l’a rappelé le grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun? Pourtant, l’histoire commune nous impose d’entreprendre ensemble. Comme le dit l’adage arabe avec une profonde philosophie, « une seule main ne saurait applaudir ». C’est le modeste message de cette contribution.

    2.3.- La philosophie diplomatique et sécuritaire de l’Algérie, éviter les fractures contemporaines

    L’Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée. De Saint-Augustin à l’Emir Adkeldader, les apports algériens à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux fractures contemporaines. L’ère des confrontations n’a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Connaître l’autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître. Évitons toute intolérance où certaines civilisations sont supérieures à d’autres: car, il y a de bonnes et de mauvaises civilisations, où en ce monde interdépendant , nous assistons à la formation de plus en plus étendue d’une civilisation de l’universel qui n’est que la résultante et le fruit des apports et des contributions des différentes civilisations humaines depuis la nuit des temps. Pour terminer je citerai Voltaire « Monsieur je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez toujours le dire et Roger Garaudy, « il n’y a de véritable dialogue des civilisations que si chacun est pénétré de cette certitude que l’autre homme, c’est ce qui manque pour être pleinement un homme ».

    *Dr – Professeur des Universités, expert international en management stratégiste :

    Références

    Pr Abderrahmane Mebtoul

    Ministère de la Défense Nationale -Institut Militaire de Documentation, d’Evaluation et de Prospective IMDEP 08/01/2019 Alger Séminaire international « Sécurité collective et nouvelles conflictualités : les défis contemporains de la construction de la paix Intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul expert international « Mutations géostratégiques, conflictualités et sécurité collective au Maghreb et au Sahel ».

    Contribution du professeur Abderrahmane Mebtoul- Institut Français des Relations Internationales – IFRI- « La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 » et du même auteur « la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013). L’Afrique, le Maghreb face aux enjeux des flux migratoires » site Afrik Press Paris France deux parties 24/27 juin 2018

    4.- Sur les mutations géostratégiques militaires, politiques sociales et économiques au niveau du Maghreb et de la région méditerranéenne – voir la Revue IEMed 2017 -Barcelone -Espagne , un important collectif analysant la sécurité, le politique, l’économique, le social et le culturel de la région méditerranéenne auquel a contribué le professeur Abderrahmane Mebtoul sur le thème « impact de la baisse du cours des hydrocarbures sur les équilibres macro-financiers et macro-sociaux de l’économie algérienne : urgence d’une nouvelle politique économique », sous la direction du professeur Senen Florensa, ancien diplomate et ministre espagnol, Président de l’ Annuaire IEMed (516 pages), préfacé par Johannes Hahn Commissaire européen à la Politique de voisinage aux négociations d’élargissement. Ont contribué 51 personnalités internationales (ministres- diplomates- politiques, militaires, économistes , sociologues, historiens-écrivains ) des deux rives de la Méditerranée en huit chapitres interdépendants : 1.-le conflit arabo-israélien revisité -2.-les défis à venir de l’Union européenne -3.-l’avenir de l’Islam 4.-(Dé) Radicalisation et sécurité et leurs effets – sur la région méditerranéenne – 5.-Bilan et partenariat des pays -les pays méditerranéens / Union européenne -Balkans occidentaux -Maghreb -Moyen Orient et Turquie -Les autres acteurs 6.-secteurs stratégiques (sécurité et politique) -7.-Economie et territoire – 8.-Société et culture

    Le Quotidien d’Oran, 20 oct 2020

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