Auteur/autrice : mahembarec

  • Maroc : Le Makhzen harcèle la soeur de Maati Monjib et le pousse à la grève de la faim


    En manque d’argument de de preuves, le régime marocain que les français amateurs des « bienfaits » de La Mamounia adorent louer et édulcorer s’en prend à la soeur du professeur Maati Monjib dans le but de le museler. Celui-ci vient d’annoncer, dans un communiqué, qu’il entame une grève de la faim.

    Voici le texte de ce communiqué:

    J’annonce que je suis obligé encore une fois d’entamer une grève de la faim pour protester contre l’harcèlement policier et judiciaire contre ma famille et notamment ma jeune soeur qui subit depuis quelques jours des interrogatoires marathoniens. La voiture officielle de la police se gare devant chez elle pendant des heures dans un quartier populaire, ce qui provoque une pression aussi terrible que sournoise et les rumeurs les plus folles…

    Je déclare de nouveau ici que je suis totalement innocent des accusations financières mensongères et à but diffamatoire et que je n’ai jamais menacé la sécurité de l’Etat: choses qu’on me reproche sans la moindre preuve.

    Cette grève d’avertissement durera trois jours.

    Mes revendications sont tout simples: l’arrêt du harcèlement policier et judiciaire contre ma soeur et l’arrêt de la très forte campagne diffamatoire menée contre moi et ma soeur par les officines de la police politique comme ChoufTV, Alahdath Almaghribya, le360, Barlamane .com….

    Si ces revendications, qui sont d’ordre purement humain, ne sont pas satisfaites je serai obligé d’entamer une grève de la faim illimitée. Car la vie, liberté et la dignité ont la même valeur pour moi.

    Tags : Maroc, Maati, Monjib, Makhzen, liberté d’expression, répression,

  • Maroc : Sit-in de Solidarité avec Omar Radi


    Communiqué

    Communiqué de la coordination Casa – Rabat pour la liberté d’Omar RADI et tous les prisonniers d’opinion

    Halte à la fabrication des accusations et à l’instrumentalisation des affaires de mœurs

    Liberté pour le journaliste Omar RADI et tous les prisonniers politiques

    La coordination Casa – Rabat pour la liberté d’Omar RADI et tous les prisonniers d’opinion a tenu une réunion (par visioconférence), le vendredi 9 octobre 2020, afin d’examiner les récents développements du procès du journaliste et militant Omar Radi poursuivi en état de détention pour des chefs d’inculpation manifestement formulés sur mesure pour un procès préfabriqué.

    L’affaire vient de connaître un nouveau développement qui constitue une tentative grave évidente de priver Omar RADI de ses moyens de défense.

    C’est ainsi qu’après avoir accusé Omar RADI de viol, deux mois se sont écoulés avant que le ministère public ne s’avise de poursuivre le seul témoin des faits – Imad STITOU – qui est justement un témoin à décharge. ce dernier avait attesté dès l’enquête préliminaire de la gendarmerie du caractère consensuel de la relation sexuelle incriminée, et à l’issue de l’enquête préliminaire où toutes les parties ont été écoutées, il ne pesait aucune accusation contre Imad STITOU. Le ministère public a décidé de l’inculper a son tour de « complicité », et de demander au juge d’instruction dix semaines après le début de son travail de procéder à une investigation.

    La coordination considère que ce nouveau développement constitue une manifestation de l’acharnement injustifié des autorités contre la presse libre au Maroc en général, et contre ces deux journalistes en particulier et qu’il pèse dans le sens de l’innocence de ces deux journalistes.

    En changeant le statut du seul témoin (a décharge), le ministère public tente de priver Omar RADI d’un procès équitable et de lui enlever une preuve de son innocence de l’inculpation qui pèse sur lui.

    La tentative poursuivi par certains médias aux ordres de persuader l’opinion publique d’une «participation au viol » de IMAD STITOU, tout comme celle d’instrumentaliser les violences faites aux femmes de manière plus générale, s’inscrit dans la stratégie des appareils sécuritaires visant à discréditer les voix libres et les voix opposantes par l’usage des affaires de mœurs. C’était déjà le cas des poursuites engagées à l’encontre des journalistes Hicham MANSOURI, Taoufiq BOUACHRINE, Hajar RAISSOUNI et Soulaiman RAISSOUNI.

    La coordination Casa – Rabat pour la libération de Omar RADI
    ANNONCE l’organisation d’un Sit-in devant la Cour d’appel de Casablanca, le mardi 13 octobre à 9h30, À L’OCCASION DE L’AUDIENCE D’INSTRUCTION

    DÉNONCE l’isolement dans lequel est maintenu Omar RADI depuis plus de deux mois et il réitère son appel à la libération immédiate d’Omar Radi et l’abandon des poursuites à son encontre ;

    Condamne et dénonce les manœuvres visant à priver Omar RADI de ses moyens de défense ;

    Condamne l’instrumentalisation d’affaires de mœurs pour bâillonner les voix critiques

    Exprime, par ailleurs, son soutien à l’historien et journaliste Maâti MONJIB et aux membres de sa famille visés par une enquête préliminaire sur de prétendues infractions de blanchiment de capitaux;

    Relance son appel à tous les organes démocratiques défendant les libertés au Maroc à unir leurs forces et privilégier l’unité de lutte pour faire face à l’attaque généralisée contre les journalistes, la liberté d’expression et les droits du peuple marocain ;

    Le journalisme n’est pas un crime

    Les libertés d’opinion et d’expression ne sont pas des crimes

    Tags : Maroc, Omar Radi, répression, liberté, presse, journalisme,

  • Maroc : Isarël demande l’extradition de deux criminels israéliens

    Les services de sécurité du Maroc et d’Israël sont arrivés à un accord en vue d’extraditer deux criminels recherchés par Tel Aviv.

    Etant donné qu’il n’y a pas de relations officielles entre les deux pays, Golan Avitan y Chiko (Moshe) Beit Adah seront livrés à travers l’Espagne.

    Selon des déclarations accordés au site Mako par un officiel de la police israëlienne, « il s’agit de deux criminels dangereux qui ont fui Israël pour échapper à la justice ». « Nous avons de bonnes relations avec de nombreux policiers du monde entier, en plus de diverses agences de sécurité qui nous aident à mettre la main tous les criminels israéliens en fuite – où qu’ils soient. Ils pensent que nous les laisserons profiter de la vie en toute impunité, mais ils se trompent « , affirme-t-il.

    Un envoyé de responsables de la police marocaine s’est rendu en Israël pendant environ une semaine et a organisé une série de réunions avec des responsables de la police israélienne pour organiser l’extradition, rapporte Mako.

    L’arrestation d’Avitan il y a environ un an et demi a été effectuée à la lumière d’informations fournies à la police marocaine par la police israélienne. Avitan était l’un des principaux criminels de l’organisation criminelle d’Yitzhak Abergil et était un suspect dans l’affaire 512.

    Beit Adah, qui dirige un réseau de falsification de documents, était également un suspect dans l’affaire 512 pour violence et accusations de drogue. Les responsables marocains ont récemment réussi à trouver des preuves supplémentaires contre Beit Adah et les membres du réseau de falsification de documents.

    Une cinquantaine de suspects appartenant à des familles du crime organisé israélien ont été arrêtés en 2015 dans le cadre de l’affaire 512, qui couvrait un réseau mondial de trafic de drogue, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale géré par la famille Abergil alors qu’elle se trouvait au sommet de la pègre israélienne, principalement entre 2002 et 2006.

    Avitan a fourni les télécommandes pour activer les charges explosives utilisées dans une attaque contre un bâtiment utilisé pour échanger de l’argent en 2003 à Tel Aviv. La cible de l’attaque était Zev Rozenstein, un ennemi d’Abergil. Trois personnes ont été tuées dans l’attaque et une vingtaine de personnes ont été blessées, selon Mako.

    Le criminel avait initialement été inculpé de trois chefs d’accusation de meurtre, mais son avocat a réussi à réduire les accusations à des accusations beaucoup plus légères, ramenant sa peine à neuf ans de prison et par la suite à le faire remettre en résidence surveillée avec un bracelet de suivi et une caution. de 11 millions de shekels dans un fonds de logement pour garantir qu’il ne fuirait pas le pays.

    Il y a environ deux ans, Avitan a affirmé qu’il avait besoin d’aller chez un dentiste et a réussi à s’échapper sur un yacht d’Ashkelon à Chypre, puis en Espagne et au Maroc. Le dépôt a été remis à l’État après avoir violé l’accord d’assignation à résidence.

    Avitan a réussi à obtenir la citoyenneté marocaine et sa femme l’a rejoint plus tard et a également obtenu la citoyenneté. La police marocaine a découvert plus tard que les deux hommes avaient obtenu la citoyenneté après avoir payé des milliers d’euros au réseau israélien de falsificateurs de documents géré par Beit Adah.

    Un responsable de l’application de la loi a déclaré à Mako que l’accusation exigera qu’Avitan reçoive trois peines à perpétuité et n’acceptera aucun accord de plaidoyer.

    La citoyenneté marocaine de Beit Adah et d’Avitan sera révoquée.

    « Naturellement, nous n’avons pas l’intention de faire référence à des actions menées en Israël ou à l’étranger, et ces déclarations ne confirment ni ne nient le contenu de la question », a déclaré la police israélienne dans une réponse à Mako.

    Source : Jerusalem Post, 11 oct 2020

    Tags : Maroc, Israël, mafia, crime organisé, extradition, Golan Avitan, Chiko (Moshe) Beit Adah,

  • Maroc : Des milliers de citoyens déçus par la prolongation de la fermeture des frontières

    L’aspiration de milliers de Marocains s’estompe

    La prolongation de l’état d’alarme dans le pays alaouite jusqu’au 10 novembre accroît la possibilité que ses frontières avec l’Espagne ne rouvriront pas pour le reste de l’année.

    La prolongation, pour un autre mois, de l’état d’alarme au Maroc, connue ces derniers jours, a fait disparaître les espoirs de milliers de citoyens du pays voisin qui vivent en Espagne et qui ont déjà accumulé sept mois sans pouvoir rentrer chez eux. lieu d’origine.

    Le 14 mars, la fermeture de ses frontières a été décrétée avant le début de la pandémie de coronavirus, tentant par tous les moyens que le pays était isolé par terre, mer et air, à l’exception des services essentiels, comme cela se produit sur la ligne entre Algeciras et Tánger Med pour le transport de marchandises.

    Après les mois les plus durs et l’arrivée de l’été, il semblait que l’assouplissement des mesures adoptées par des pays européens comme l’Espagne, la France ou l’Italie allaient également se poursuivre en Alaouite, cependant, l’alerte a été prolongée d’un mois. un mois, jusqu’au 10 octobre, date de la fin du dernier mandat, bien que les autorités sanitaires aient une fois de plus conseillé que les limites restent étroitement fermées pendant au moins 30 jours de plus.

    Pendant tout ce temps, outre la programmation des rapatriements depuis l’ambassade en Espagne, les frontières n’ont été ouvertes, depuis la mi-juillet, que grâce à la reprise des liaisons aériennes et maritimes avec seulement deux villes spécifiques, Gênes, en Italie, et le français de Séte, laissant les ports espagnols tels que Tarifa, Malaga ou Almería sans communication, en plus du plus utilisé, celui d’Algésiras, et les passages terrestres de Ceuta et Melilla, avec les dommages qu’il a causés aux entreprises qui opèrent sur ces lignes, ils n’ont pas pu compter chaque été sur les bénéfices fondamentaux du PEO.

    Cet appareil a été suspendu après 34 ans, de sorte que des centaines de milliers de voyageurs n’ont pas pu traverser de l’autre côté du détroit pour renouer avec leurs familles, même pas à des dates très sensibles pour la communauté musulmane, donc tous Il présage que les frontières resteront fermées pour le reste de l’année, car sinon, il pourrait y avoir un risque de déplacement massif vers Noël, en raison de l’arrêt dans les écoles européennes, ce qui ne semble pas souhaitable. si l’intention est que le virus ne continue pas de se propager.

    Source : El Estrecho digital, 11 oct 2020

    Tags : Maroc, coronavirus, covid 19, pandémie, frontières,

  • Dossier: Le Maroc et le Mossad

    Par Inès Bel Aiba (à PARIS) Younès Alami, Ali Amar & Aboubakr Jamaï (Journal)

    Dès le début des années 60, le Maroc et les services secrets israéliens ont tissé des liens. Ils débutèrent avec la question de l’exode des juifs marocains vers Israël pour s’étendre à une coopération plus étroite.

    L´histoire des relations entre l’un des services secrets les plus emblématiques du monde, le Mossad israélien, et le royaume chérifien remonte aux premières années de l’indépendance du Maroc. A l’époque, Israël, polygone territorial façonné par les grandes puissances au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, recherche à tout prix des moyens de survivance dans un environnement arabe en ébullition et forcément hostile. L’Etat hébreu est conscient que son avenir dépend avant tout de sa démographie et de sa capacité à entretenir des relations stratégiques avec nombre de jeunes nations encore non-alignées. Le Maroc correspond aux desseins des sionistes.

    Selon Agnès Bensimon, auteur du célèbre « Hassan II et les Juifs », c’est parce que les services secrets israéliens ont fourni des renseignements très précis quant à un complot visant à tuer le prince héritier en février 1960 que les relations entre le Maroc et Israël ont débuté. L’historien Yigal Bin-Nun dément une telle version des faits. Pour lui, c’est en 1963 que la coopération officielle entre les deux pays a commencé.

    Quel intérêt pour Hassan II ?

    Les Israéliens avaient contacté Emile Benhamou, un ami d’enfance de Mohamed Oufkir, afin qu’il les fasse entrer en contact avec le chef des services de sécurité marocains. Après plusieurs tentatives, la rencontre est finalement arrangée en février 1963 chez Benhamou lui-même, rue Victor Hugo à Paris, entre l’agent Yaakov Karoz et Oufkir. Les Marocains craignent qu’un membre de l’opposition ne se fasse passer pour un représentant du Palais pour acheter des armes. Le Mossad confirmera plus tard qu’il s’agissait d’une fausse alerte. Les relations entre le Maroc et Israël deviennent dès lors officielles.

    Hassan II craignait que son trône ne soit menacé par le panarabisme. Il faisait mine de sympathiser avec la vague nassérienne qui submergeait le monde arabe ; en réalité, il le faisait pour ne pas se laisser distancer par l’opposition.

    Selon Yigal Bin-Nun, le Roi a peut-être voulu se rapprocher d’Israël parce qu’il était attiré par ce qu’on appelait alors le « miracle israélien ».

    Beaucoup étaient fascinés par la capacité qu’avait eu ce jeune Etat à « fleurir le désert », selon l’expression consacrée. L’inexistence des relations israélo-arabes était propice à un rapprochement entre le Palais et les dirigeants israéliens, d’autant plus que Ben Gourion avait décidé d’opter pour la politique dite des Etats périphériques : il fallait développer une ceinture d’Etats lointains mais conciliants.

    L’intrusion du Mossad au Maroc s’est faite par des voyages clandestins de nombreux agents du Mossad et de leur chef Isser Harel, entre 1958 et 1960. Le premier eut lieu le 1er septembre 1958. Si les autorités marocaines eurent vent de sa visite, elles n’en laissèrent rien paraître, préparant ainsi le terrain à « l’accord de compromis » conclu entre le Palais et Israël favorisant l’exode des Juifs marocains. Plus tard, les officiers Oufkir, Dlimi et bien d’autres se rendirent clandestinement en Israël et des politiques et militaires israéliens firent durant de longues années le chemin inverse.

    Des liens ambivalents

    Les archives nationales d’Israël regorgent de documents historiques qui retracent ces liens. Les Marocains auraient souvent demandé aux Israéliens de les renseigner sur les Etats arabes favorables à un renversement de la monarchie alaouite. Israël aurait aussi soutenu le Maroc dans sa « Guerre des Sables » avec l’Algérie en livrant des blindés .

    Des officiers de Tsahal et du Mossad ont formé et encadré la jeune armée royale et les services de sécurité dont le célèbre Cab-1, l’embryon de la DST.

    En retour, et malgré l’envoi de troupes au Golan jugé « anecdotique », le Maroc n’a eu de cesse de normaliser l’existence de l’Etat hébreu auprès du monde arabe, en jouant par exemple un rôle capital dans l’accord de paix avec l’Egypte qui coûta la vie à Anouar Sadate ou encore d’ouvrir à Rabat et à Tel-Aviv des antennes diplomatiques. Plus récemment, Israël aurait continué à aider « technologiquement » le Maroc au Sahara, notamment dans la sécurisation du Sud par la construction du Mur de défense, ceinture modernisée de la fameuse ligne Barleev expérimentée dans le Sinaï ou diplomatiquement via le lobby pro-israélien aux Etats-Unis.

    Hassan II, Descartes et l’Etat hébreu

    La longue et tumultueuse histoire des relations entre Israël et le Maroc est marquée par une émigration progressive des Juifs marocains vers la « Terre promise ». Une émigration tolérée à la veille de la création de l’Etat d’Israël dans les années 48-49, clandestine à l’orée de l’indépendance marocaine et monnayée à partir de 1961 par le gouvernement marocain néo-indépendant. Un processus ayant pour corollaire les circonvolutions inhérentes à la politique interne marocaine et à l’analyse du phénomène par un homme, le défunt Roi Hassan II.

    De 1956 à 1961, le gouvernement marocain est dans une logique de durcissement quant à la liberté de circulation de ses ressortissants israélites. Des mesures restrictives accompagnées de brimades administratives (fin des relations postales entre les Etats) inquiètent fortement les gouvernements israéliens à cette période. Si les exactions commises à l’encontre de la minorité juive sont rares, Israël est dans une logique de peuplement de ses territoires, une logique dans laquelle la communauté marocaine constitue un réservoir important.

    C’est dans ce climat tendu que le prince Moulay Hassan, Premier ministre de fait, accomplit une visite au Caire, où il y rencontre le raïs Gamel Abdel Nasser qui lui promet soutien et collaboration, un rapprochement qui agace fortement l’Etat hébreu. Imaginer des solutions pour exfiltrer les ressortissants juifs devient dès lors une priorité pour Israël, mais la voie diplomatique devait être maintenue coûte que coûte.

    C’est dans ce cadre que l’éditeur français René Julliard organisa le 2 décembre 1959 une rencontre entre le consul d’Israël à Paris, Mordekhay Shneurson, et l’ambassadeur marocain Abdellatif Benjelloun.

    Une discussion tendue s’engagea entre les deux hommes et le consul israélien, dans une lettre adressée au directeur de cabinet de la ministre des Affaires étrangères, conclut de la manière suivante : « Cet entretien prouve qu’il n’y a aucun bénéfice dans nos tractations actuelles avec les Marocains. Tous nos efforts n’aboutissent à rien, il ne reste que l’action ».

    La solution politique s’éloignait, elle sera ravivée quatre mois plus tard par un canal inattendu. L’opposant marocain Mehdi Ben Barka prendra attache avec les Israéliens dans un contexte politique national extrêmement tendu. En mars 1960, Ben Barka assurera les Israéliens de sa défiance envers le régime de Nasser et de son admiration pour le modèle socialiste israélien.

    Il demandera un soutien moral et financier dans sa lutte contre le régime de Hassan II. Dès lors, les officiels israéliens demeureront quatre mois durant dans une logique dubitative. Fallait-il maintenir le contact avec un gouvernement marocain fermé aux discussions ou envisager une solution alternative mais plus risquée avec l’opposition au régime ? La réponse viendra du prince Moulay Hassan qui jeta les ponts à une ouverture progressive des frontières pour les ressortissants juifs marocains.

    Moulay Hassan exigea la discrétion absolue sur le sujet et rencontra à Rabat l’envoyé officieux du gouvernement israélien, le représentant du C ongrès juif mondial Alexandre Easterman. Le prince eut alors l’analyse suivante, une analyse à deux niveaux qui permettra d’amorcer les modalités définitives d’un accord entre les deux parties.

    D’un côté, il craignait que si les portes de l’émigration s’ouvraient, les Juifs ne quitteraient en masse le pays et par conséquent un grave problème économique se déclenche. Même si un petit nombre seulement de Juifs quittait le Maroc, ils seraient rapidement imités par d’autres, ce qui risquait de provoquer « une force grégaire ».

    Mais le futur Roi contrebalança cet argument par une analyse pragmatique sur l’avenir de la communauté juive au Maroc : « soyons réalistes, l’expérience nous a appris que dans le processus de développement de pays venant d’accéder à l’indépendance, la classe défavorisée de la population, désenchantée par les difficultés, s’attaque d’abord aux étrangers, ensuite elle s’en prend aux minorités religieuses »(1). Avec cet argument, Moulay Hassan rejoignait les thèses alarmistes du Mossad sur la précarité à long terme de la communauté.

    Dès lors un accord dédommageant le pays de la perte d’une partie de ses forces vives, d’une élite productive mais qui aurait du mal à s’intégrer dans le Maroc indépendant, pouvait sérieusement être envisagé. Cette attitude permit au futur Roi de s’installer de manière pérenne dans un sillage moderniste.

    Analysant la position paternaliste de son père le roi Mohammed V à Easterman, le prince décrivit à froid son futur positionnement quant à la question israélienne : « Il ne pense pas comme vous et moi.

    Nous sommes des Occidentaux et lui, contrairement à nous, n’examine pas la question d’une manière cartésienne ». Une position confortable pour les deux parties. Pour Israël, elle permettait d’asseoir les relations avec un pays arabe éloigné du Proche-Orient et qui pourrait faire office d’intermédiation en cas de conflit (il en sera ainsi de même avec la Turquie et la Jordanie).

    Ben Barka était dans la même logique mais l’éviction quelques mois plus tard du gouvernement socialiste d’Abdallah Ibrahim et l’arrivée officiellement aux affaires du prince comme Premier ministre sonneront le glas d’une option qui avait très peu de chances d’aboutir.

    Ben Barka et Israël

    « Je sais qui a tué Ben Barka, je sais pourquoi et je sais où son corps se trouve aujourd’hui ». Yigal Bin-Nun dit ce qu’il veut bien dire de « l’affaire Ben Barka ». L’historien prépare un livre sur l’icône de la gauche marocaine et dit ne pas souhaiter voir ses révélations faire la Une des journaux sans véritable appareil argumentatif. Tout ce que l’on saura, c’est que Mehdi Ben Barka a été tué par erreur et que son corps repose quelque part en France. Que la fameuse histoire de la cuve est fausse et que le livre de Boukhari est un tissu de boniments.

    Qu’il n’y a rien sous la mosquée de Courcouronnes. Que Mohamed Oufkir n’a probablement rien à voir avec l’enlèvement et l’assassinat et que le seul nom récurrent est celui de Dlimi. Que tout a été organisé par Miloud Ettounsi, alias « Chtouki »…

    Bien plus que « saheb lihoud »

    Mais ce n’est pas tout. Yigal Bin-Nun veut bien donner quelques détails sur un autre sujet explosif : les relations de Mehdi Ben Barka avec Israël et le Mossad. Il affirme que Ben Barka était bien plus que « Saheb Lihoud » ; il aurait eu des contacts presque quotidiens avec le Mossad, notamment avec le numéro 2, Yaakov Karoz. Des relations idylliques qui commencèrent à se ternir lorsque Ben Barka parla ouvertement de prendre le pouvoir au Maroc et demanda non seulement de l’argent, mais aussi des armes à Israël. De là date la rupture supposée entre le Mossad et lui, qui explique les propos véhéments contre la présence d’Israël dans les pays d’Afrique et d’Asie lors d’un discours qu’il a tenu au Caire en 1963. Mehdi Ben Barka, tel que le décrit Yigal Bin-Nun, était également attiré par le modèle de développement israélien.

    Il aurait demandé à ses interlocuteurs du Mossad des livres pour apprendre l’hébreu ainsi que des manuels concernant le développement rural et agricole en Israël afin de s’en inspirer au Maroc.

    Le chercheur israélien s’est basé sur des témoignages d’acteurs de l’époque toujours en vie, mais aussi et surtout sur les archives déclassifiées de l’Etat hébreu.

    La relation de Mehdi Ben Barka avec Israël, daterait de mars 1960. Deux documents des comptes rendus classés aux archives nationales du ministère israélien des Affaires étrangères Israélien, dont l’auteur est André Chouraqui, dirigeant de l’Agence juive, rapportent le contenu des rencontres entre ce même André Chouraqui et Mehdi Ben Barka à Paris en Mars 1960. Le contexte politique marocain est pour le moins tendu.
    Le gouvernement Abdallah Ibrahim et Mehdi Ben Barka sont en conflit ouvert avec le prince héritier Moulay Hassan. Dans l’un des comptes rendus, Chouraqui écrit : « Au cours de son voyage en Orient, le sultan a mis Ibrahim à l’écart des conversations avec Nasser et les autres souverains du Proche-Orient ».

    Le Sultan est revenu transformé au moins sur ce point. Il sait qu’on peut gouverner un Etat seul et « au besoin » en mettant en prison des milliers de personnes. Ibrahim, par contre, a vu que la politique arabe dont il était l’instigateur n’est plus payante et qu’elle se retourne actuellement contre lui ; d’où, pour lui et ses amis, la nécessité de trouver de nouvelles alliance. Il les cherche alors du côté de l’Occident, des juifs et des forces de gauche.

    « Selon ce document, Mehdi Ben Barka affirmait à ses interlocuteurs que le gouvernement Ibrahim avait pris position pour le général Kassem, président de l’Irak dans le conflit qui l’opposait à Gamal Abdenasser au sein de la Ligue Arabe. Mehdi Ben Barka aurait dit lors de ces rencontres que le mouvement qu’il représentait avait fait le choix de la démocratie que pouvait représenter le général Kassem et les pays africains qui se démocratisaient, plutôt que de suivre le modèle nassérien anti-démocratique.

    Rencontres soutenues

    D’après le document, Ben Barka aurait proposé une solution pratique à un problème qui embarrasse Israël et la communauté juive marocaine : la rupture des rapports postaux entre Israël et le Maroc. Résultat de l’adhésion du Maroc à la Ligue Arabe, cette rupture avait suscité la mobilisation des organisations juives. Un intense travail de lobbying avait été effectué.

    Pourquoi le leader du progressisme marocain fait-il autant d’efforts vis-à-vis des lobbies pro-israélien et d’Israël lui-même ? Dans ce fameux document, André Chouraqui écrit : « La deuxième chose qui résulte de ce premier entretien avec Ben Barka est que celui-ci a, avec empressement, accepté l’invitation de visiter Israël. Si cela se réalise, cela aura des conséquences lointaines non négligeables.

    Ben Barka, en s’ouvrant à nous, attend de nous un appui moral auprès des Juifs marocains et, très probablement aussi, un appui matériel s’il entre en guerre ouverte contre la monarchie. Il aura besoin d’argent et d’armes. Il m’a laissé entendre cela d’une manière assez claire ». Selon les archives israéliennes, André Chouraqui organisera, le 26 mars 1960 à Paris, une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Yacoov Karoz , numéro deux du Mossad.

    Yigal Bin-Nun produit à l’appui de sa thèse un autre document d’archives provenant du Congrès mondial Juif (CMJ). Il s’agit là aussi d’un compte rendu d’une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Alexandre Easterman du CJM, à Paris le mardi 5 avril 1960.
    Selon ce document, c’est à la demande du leader marocain que la rencontre eut lieu. Easterman y rapporte l’argumentaire déployé par Ben Barka pour s’assurer l’aide du CJM dans son combat contre le pouvoir réactionnaire représenté par la monarchie marocaine.

    Ben Barka aurait évoqué une fois encore, l’opposition de son mouv ement à la politique anti-démocratique de Nasser, et le soutien dont il jouit auprès de nombreux pays africains.

    Alexandre Easterman écrit avoir questionné Ben Barka sur la rupture des rapports postaux entre le Maroc et Israël, le refus de permettre de délivrer des passeports aux Juifs marocains pour leur permettre d’émigrer en Israël et le refus d’Abdallah Ibrahim de le recevoir quand il s’était rendu au Maroc.

    Ben Barka aurait évoqué là aussi les forces réactionnaires qui rendent toute politique d’ouverture impossible vis-à-vis d’Israël. Il aurait promis à son interlocuteur qu’il s’arrangerait pour que Abdallah Ibrahim le rencontre lors de sa prochaine visite au Maroc.

    Selon ce compte rendu, Mehdi Ben Barka a réitéré sa demande d’assistance. « Il (Mehdi Ben Barka) espérait que le CJM allait se joindre aux autres éléments libéraux pour soutenir son groupe par tous les moyens, et que c’était dans l’intérêt des Juifs que le Congrès devait le faire.

    Je lui ai demandé ce qu’il entendait par soutien, et il a répondu :  »Soutien moral et matériel ». Il n’a pas précisé ce qu’il entendait par là et je ne lui ai pas demandé », rapporte Easterman dans ce document. En conclusion, le dirigeant écrit très cyniquement : « J’ai appris à Paris que Ben Barka avait rencontré nombre de personnes et de délégations juives durant ces dernières semaines. Il apparaît donc qu’il ne m’a pas accordé un privilège spécial en me rencontrant si ce n’est le fait de s’être déplacé chez moi plutôt que le contraire. » Et d’ajouter : « La nouvelle, et sans précédente sollicitude de Ben Barka à l’égard des Juifs, montre indubitablement sa volonté de nous rassurer, à la lumière de ce qui s’est récemment passé au Maroc.

    Ses promesses de tout arranger signale son souhait d’obtenir un soutien juif, quel que soit le sens qu’il donne au mot soutien. D’un autre côté, tout ceci suggère que sa position est bien plus faible qu’il ne veut nous le laisser croire. »

    « Hoche », l’agent du réseau de la Misgeret

    « Faire partir les gens ». C’est avec sobriété qu’il décrit l’émigration clandestine des juifs du Maroc vers Israël. Il ne semble pas prendre la mesure de ce qui s’est passé, ni en évaluer l’importance. Il souhaite pourtant garder l’anonymat : une peur, ou plutôt une prudence héritées des années où il a travaillé comme agent actif de la branche du Mossad qui s’occupait de « l’évacuation ». Il accepte qu’on l’appelle « Hoche », l’un des nombreux noms de code qu’il a dû porter à cette époque.

    Hoche est né à Fès en 1932. Fils d’un militaire français (« nous, on n’est pas des Français du décret Crémieux ») et d’une mère marocaine, il fait son service militaire pour « voir du pays ». De retour au Maroc après être passé par l’Indochine, l’Egypte et le Liban, il est recruté, par l’intermédiaire de l’un de ses amis, pour faire partie du Mossad et aider à évacuer les juifs du Maroc vers Israël. « Je devais garder le secret absolu.

    On devait jurer sur la Torah qu’on ne dévoilerait rien de nos activités ; c’était un véritable rituel, une cérémonie où l’on ne voyait pas le colonel de l’armée israélienne qui supervisait tout ça ». En 1955, il est envoyé un mois et demi en Israël pour participer à un stage de formation collectif. « On nous a mis dans des camps isolés et clandestins, dont personne ne connaissait l’existence. On nous apprenait à nous battre et à nous défendre, à mener les opérations sans jamais nous faire repérer par la police. Nous étions une cinquantaine en tout et nous ne devions pas nous parler, ni connaître nos vrais noms ».

    Il se souvient que Moshé Dayan et Isser Harel sont venus les voir pour leur parler et les encourager. De retour au Maroc, il est affecté à « l’Etat-major », à Casablanca, dont les réunions se déroulent dans un appartement de l’immeuble Liberté.

    C’est là qu’il reçoit les premiers ordres : superviser les opérations d’évacuation toutes les deux semaines environ, sans intervenir lui-même, sauf en cas de problème. « Nous arrivions la nuit sur une plage isolée. Nous attendions que le bateau nous envoie des signaux lumineux pour lui renvoyer un message codé. Les gens qui voulaient partir venaient de partout, de Marrakech, d’Essaouira. On en a fait des choses… ».

    Mais l’événement dont il est le plus fier s’est déroulé une nuit où il a utilisé sa voiture personnelle et a refusé de la faire entrer trop avant vers la plage, de crainte que quelqu’un ne note le numéro de sa plaque d’immatriculation et ne découvre son identité. Cette nuit-là, le reste des voitures des agents du Mossad a été encerclé par des Marocains -« les Arabes », comme les appelle Hoche-qui avaient observé le va-et-vient des bateaux et des véhicules et qui pensaient qu’il s’agissait de contrebandiers. Ils avaient donc bloqué la sortie en l’obstruant à l’aide de gros rochers.

    Il se trouve que cette nuit est celle qu’a choisie Isser Harel, le chef du Mossad en Israël, pour voir comment se passait l’émigration clandestine au Maroc. Sans la voiture de Hoche à l’extérieur, Harel était découvert. Hoche et le chef du Mossad se sont donc faufilés jusqu’au véhicule et ont réussi à se diriger vers l’aéroport où Harel est parti pour la France, puis pour Israël.

    Mais après le démantèlement du réseau de la Misgeret, Hoche décide de s’installer en Israël après un séjour de quelques mois en France. Il effectue un stage au ministère de la Défense israélien pendant deux ans mais est très vite confronté à la réalité de la société israélienne de l’époque : « J’étais suivi par une Polonaise, alors, moi évidemment, qui venais du Maroc… Aujourd’hui, il paraît que ça a changé. Mais je peux vous dire que pour les juifs d’Afrique du Nord, ce n’était pas facile. Un jour, on m’a même dit « Ici, on n’aime pas les Noirs ». C’est comme ça qu’ils appelaient les sépharades ».

    Hoche perd l’illusions d’une vie paisible en Israël et s’installe en France. Aujourd’hui, il nie avoir agi pour l’unique intérêt d’Israël : « On m’accuse d’avoir fait tout cela contre le Maroc ; mais à l’époque, on croyait vraiment qu’il était urgent de faire partir les gens parce qu’on craignait un danger futur ».

    (1) rapport d’Alexandre Easterman. Archives sionistes centrales Jérusalem Z6/1763


    Par Inès Bel Aiba (à PARIS) Younès Alami, Ali Amar & Aboubakr Jamaï

    Le Journal hebdomadaire

    Tags : Maroc, Mossad, Hassan II, Ben Barka, gauche marocaine, 

  • France : Mouvance

    Par Fouzia Mahmoudi

    Alors qu’il ne reste plus qu’une année et six mois avant la prochaine élection présidentielle française, la gauche semble toujours incapable de se mobiliser pour s’unir et surtout pour désigner un candidat unique qui pourrait peut-être concurrencer les deux grands favoris du scrutin, Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

    De son côté, comme beaucoup de ses anciens collègues du Parti socialiste qui ont lancé leurs propres petits mouvements politique, l’ex-Premier secrétaire du PS lance son «réseau» baptisé «Nouvelle société», un projet centré sur les questions «sociales et climatiques et le patriotisme républicain». Jean-Christophe Cambadélis a, en effet, lancé il y a quelques jours à Paris sa propre mouvance, pour aider la gauche à se «réinventer» et être une «alternative» en 2022.

    «La présidentielle qui vient sera redoutable à cause de l’effondrement du clivage droite-gauche. Il a libéré le populisme qui rôde autour de notre démocratie», a affirmé Jean-Christophe Cambadélis, en mettant en garde contre «le national populisme du RN».

    Face à «la désagrégation républicaine et les symptômes d’une société malade, d’une République affaiblie», il a estimé qu’il était temps de «refonder un courant de la raison». «Il faut libérer la République de la Ve République, il faut insuffler du girondisme dans la République et construire un nouveau compromis historique entre l’État et les collectivités locales», a-t-il notamment affirmé.

    Le projet de «Nouvelle société» est centré sur «l’intégrité humaine, les questions sociales et climatiques et le patriotisme républicain». Selon lui, «une République moderne doit s’articuler autour de principes clairs : l’égalité réelle, la liberté ordonnée, la fraternité laïque». «Nous allons proposer dans le débat à gauche cette devise républicaine revisitée», a-t-il dit. «La laïcité est au cœur de notre contrat social, elle est la seule garantie du vivre-ensemble».

    Jean-Christophe Cambadélis a également promis que son réseau allait «travailler à un mémorandum pour la République», afin d’«imposer le renouveau républicain dans le débat de la présidentielle et dans le débat à gauche».

    Parmi la centaine de participants (l’accès était restreint pour cause de coronavirus) figuraient notamment deux nouveaux maires PS, Michaël Delafosse (Montpellier) et Karim Bouamrane (Saint-Ouen). Corinne Narassiguin, numéro deux du PS, représentait son parti.

    Reste à savoir, et à espérer pour Cambadélis, si cette nouvelle mouvance issue du Parti socialiste réussira à susciter plus d’enthousiasme que l’ont fait les autres petits mouvements et petits partis de gauche créés ces dernières années et qui loin de rassembler les électeurs et partisans de gauche n’ont fait que les fractionner en des factions toujours plus petites et isolées. F. M.

    Le Jour d’Algérie, 12 oct 2020

  • Algérie : La force des symboles

    Le président Tebboune s’est rendu hier au siège du MDN, aux Tagarins dans une visite, la troisième du nom depuis son élection à la tête du pays, le 12 décembre 2019.
    Loin d’être une coquetterie protocolaire, cette visite, pour les observateurs qui savent lire entre les lignes est riche en symboles. Le président Tebboune entend visiblement traduire « l’Algérie nouvelle » même de ses rapports avec l’institution militaire, en opérant sur ce registre une rupture avec son prédécesseur qui dans sa volonté de ne pas être un « trois quarts de président », limitait ses déplacements au siège du ministère de la Défense, généralement, à la date du 1ernovembre ou 5 juillet pour la remise des grades, suite à des promotions dans la hiérarchie.

    Le message subliminal de visites du président Tebboune au MDN est de montrer qu’il existe une relation apaisée ente la Présidence de la République et l’armée, deux institutions qui travaillent en synergie, selon un nouveau cadre qui sera consacré dans le marbre de la nouvelle constitution sur laquelle les Algériens sont appelés à se prononcer le 1er novembre.

    A travers sa visite hier au siège du MDN et à la lumière de son discours diffusé en visioconférence aux six régions militaires, aux unités opérationnelles, aux Grandes écoles, le président de la République entend faire prendre à l’institution toute sa part dans ce chantier majeur de la constitution qui va redessiner le destin de l’Algérie.

    Autant l’ALN aura été un acteur majeur dans la renaissance de l’Algérie post coloniale, autant l’ANP son héritière, doit avoir ce même rôle dans « l’Algérie nouvelle » que le président Tebboune entend ériger. Et en choisissant le 1er novembre pour le référendum, à l’occasion du 66ème anniversaire du déclenchement de la Révolution, le président, veut mettre en parallèle, en les faisant conjuguer au présent, les deux événements fondateurs que sont le déclenchement de la révolution pour la renaissance de l’Algérie et le vote pour la nouvelle constitution porteuse de l’Algérie nouvelle.

    La mise à l’honneur de l’institution militaire dans ce contexte préélectoral, ne signifie pas pour autant son immixtion dans le jeu politique, suggère le président Tebboune qui avance au contraire sa professionnalisation. «Notre armée, connue pour son professionnalisme et sa discipline, est source de notre fierté et ses performances et victoires dans des domaines où elle n’en a de cesse d’honorer notre pays aux plans militaire, technologique, économique, humain et professionnel, sont des exemples à méditer», a assuré le Président de la République.

    «Digne héritière de l’ALN, l’ANP compte à son actif une grande expérience et des expertises acquises durant sa lutte, sans relâche, contre le terrorisme, à la lumière des conditions difficiles vécues par le passé», a ajouté le Président Tebboune, relevant que «l’interaction positive de l’ANP avec les nouvelles donnes scientifiques et technologiques, l’habilite à accomplir pleinement son devoir à la hauteur de la confiance dont notre vaillant peuple l’a investie.

    Ces propos du président Tebboune viennent en écho à la déclaration faite la semaine dernière par le chef d’Etat –major Said Chengriha à l’envoyé du Washington Post auquel il disait en substance « Nous sommes une armée professionnelle, nous ne savons pas faire de politique. »

    H.Khellfi

    L’Est Républicain, 12 oct 2020

  • Algérie : Similitudes Intrigantes

    par Abdelkrim Zerzouri

    Quels liens peuvent connecter ces crimes odieux commis contre trois femmes, dont les corps brûlés ont été découverts, ces derniers jours, celui d’une adolescente à Thenia (dimanche 4 octobre), puis une jeune femme de 32 ans dans une forêt à El Eulma et celui d’une troisième victime âgée de 20 ans le samedi 10 octobre à Tamanrasset ? Ce n’est pas l’œuvre d’un tueur en série, qui commet généralement ses crimes dans un périmètre réduit, une même ville, mais il s’agit bel et bien d’une barbarie en série qui devrait avoir ses explications et trouver son châtiment.

    Au-delà de l’exécution de la peine de mort qu’on revendique contre les monstres violeurs et assassins de femmes et d’enfants, des droits de la femme et du respect qu’on lui doit en tant que mère, sœur et épouse, de l’indispensable renforcement de l’organisation de la société civile en matière de prise en charge des femmes en détresse ou en danger, l’actualité macabre qui domine les évènement ces derniers jours, en l’occurrence les trois femmes assassinées et brûlées en moins d’une semaine, met plein les yeux sur les similitudes intrigantes entre ces crimes abominables.

    Première d’entre elles, le sexe des victimes, des femmes, qui confirme les féminicides, terme apparu pour la première fois en 2015 dans le dictionnaire (Le Robert), qualifiant le meurtre d’une femme par un homme, il est aussi repris par l’ONU et l’OMS mais pas encore reconnu dans la terminologie ou la législation pénale locale, qui ne retient que le terme d’homicide qu’il s’agisse de l’assassinat d’une femme ou d’un homme.

    En second lieu, les tueurs ont employé le même procédé d’une rare sauvagerie qui chercherait à avoir son impact médiatique et provoquer un choc dans la société, en achevant leurs victimes presque de concert entre eux, ou en s’inspirant du premier crime qui a été largement relayé par les médias et les réseaux sociaux, avant d’abandonner les corps brûlés vifs ou après le décès (les autopsies devraient éclaircir le point).

    Les mobiles des crimes, en troisième lieu, ne sont pas encore établis officiellement, puisque les enquêtes sont en cours et deux meurtriers courent toujours (le premier se trouve entre les mains de la justice à Boumerdès, juridiction couvrant la localité de Thénia, où le corps de Chaïma a été découvert), mais l’identification ou la définition commune des meurtres est la monstruosité.

    Les statistiques macabres signalaient une trentaine de féminicides ou d’homicides ayant ciblé de différentes manières des femmes durant l’année en cours, généralement commis par des hommes proches des victimes, notamment les conjoints, chose qui renseigne sur l’ampleur de cette triste réalité qui n’honore pas les hommes, mais les trois derniers crimes abjects qui ont les mêmes traits de ressemblance se distinguent aussi par le timing très court entre eux, soit un crime chaque deux jours, et par la période elle-même, très sensible sur les plans socioéconomique et politique, notamment.

    Comme si on cherchait à porter le coup de grâce au moral d’une société très impactée socialement et économiquement par la pandémie du Covid-19 et qui se cherche une voie de sortie de la profonde crise politique dans laquelle l’a précitée l’ancien système ?

    Même si le rapprochement ne découlerait pas d’une machination diabolique, le résultat n’est pas loin, lui, du coup de boutoir considéré.

    L’onde de choc de ces crimes a déclenché l’effroi au sein de la société et donné lieu à des manifestations de colère à travers plusieurs villes du pays. Une peine incommensurable, qui devrait appeler à une vigilance accrue pour épargner plus de malheurs.

    Le Quotidien d’Oran, 12 oct 2020


  • Maroc-Ceuta-Melilla : La frontière économique la plus dramatique du monde


    HIER, a été présenté à Madrid le rapport « Ceuta et Melilla ou comment transformer une crise grave en la meilleure des opportunités », préparé par l’économiste expert en planification stratégique et ancien vice-ministre du Commerce, des Transports et du Tourisme de Melilla, Jaime Bustillo, et le conseiller de l’économie, des finances, de l’administration publique et de l’emploi de Ceuta, Kissy Chandiramani.

    L’étude analyse la situation économique de notre ville, qui pendant des années a largement dépendu des échanges douaniers avec le Maroc et qui, après la fermeture douanière, doit se fixer de nouveaux objectifs de développement.

    Non sans raison, la frontière entre les deux villes autonomes et le pays voisin est décrite comme « la frontière économique la plus dramatique du monde ». L’inégalité entre deux territoires contigus est l’une des plus élevées de la planète et les décisions du Maroc, avec le verrouillage des douanes, la fin des échanges atypiques et la construction d’un grand port à Nador, ont mis en échec l’économie de Melilla.

    Les auteurs du rapport se sont engagés à rechercher de nouvelles niches économiques pour notre économie et voient une opportunité qui permet à Melilla de redresser son économie et d’assurer l’avenir et le développement de la ville.

    Mais pour cela il faut que tous les agents qui interviennent dans l’économie de Melilla soient conscients que ce changement est inévitable. L’administration locale, le gouvernement national, les organisations européennes, les employeurs et les travailleurs doivent être conscients que le scénario a changé et que ce qui valait autrefois est désormais impossible à perpétuer dans le temps et qu’il continue de fonctionner avec les mêmes paramètres que ces dernières décennies.

    Il faut donner un dernier coup de pouce. Nous attendons depuis trop longtemps que la dynamique économique et commerciale précédente se rétablisse, mais cela ne se produira pas. Il faut être conscient du problème et s’y attaquer une fois pour toutes.

  • Melilla porte plainte contre le Maroc pour refus de rapatriement des espagnols

    Le PP réussit à amener l’Europe à enquêter sur les raisons pour lesquelles les couloirs humanitaires entre l’Espagne et le Maroc ont été « unidirectionnels »

    La Commission européenne a ouvert une commission d’enquête après la plainte présentée par le PP de Melilla pour la réalisation des couloirs humanitaires entre l’Espagne et le Maroc de manière « unidirectionnelle », après les rapatriements de plus d’un millier de Marocains bloqués à Ceuta et Melilla après la fermeture de frontière, alors qu’aucun Espagnol des centaines de compatriotes qui sont toujours bloqués dans le royaume maghrébin depuis le 13 mars n’est entré.

    MELILLA, 9 (EUROPA PRESS)

    La Commission européenne a ouvert une commission d’enquête après la plainte présentée par le PP de Melilla pour la réalisation des couloirs humanitaires entre l’Espagne et le Maroc de manière « unidirectionnelle », après les rapatriements de plus d’un millier de Marocains bloqués à Ceuta et Melilla après la fermeture de frontière, alors qu’aucun Espagnol des centaines de compatriotes qui sont toujours bloqués dans le royaume maghrébin depuis le 13 mars n’est entré.

    Cela a été annoncé par la députée locale du PP de Melilla Fadela Mohatar lors d’une conférence de presse, après que le président de la commission des pétitions du Parlement européen, l’eurodéputé espagnol du PP Dolors Montserrat, ait communiqué ce vendredi par écrit le transfert de ce enquête au gouvernement européen après dans ces sept mois les couloirs humanitaires aux frontières de Ceuta et Melilla ont servi pour que «les Marocains bloqués dans les deux villes» après la crise du coronavirus rentrent chez eux, tandis que les Espagnols bloqués dans les villes du Maroc comme Nador, Tanger ou Tétouan « ils ne peuvent pas franchir le poste frontière ».

    Mohatar a déclaré que « la Commission européenne va ouvrir une enquête préliminaire sur les couloirs humanitaires créés entre l’Espagne et le Maroc, pour une éventuelle violation des droits des habitants de Melilla et Ceuta pris au piège de l’autre côté ».

    Le député local a souligné que « seul le PP a agi en tant que porte-parole face à la violation des droits de ces citoyens », après la semaine du mercredi 30 septembre au mardi 6 octobre, plus d’un millier de Marocains ont pu rentrer au Maroc après Sept mois bloqués dans les deux villes en raison de la décision unilatérale du royaume alaouite de fermer ses frontières depuis le 13 mars, un jour avant la déclaration de l’état d’alarme en Espagne en raison de la crise des coronavirus.

    «Le PP a dénoncé à lui seul les souffrances de centaines de personnes de Melilla qui ont été victimes de discrimination, même aujourd’hui, dans le couloir humanitaire établi à la frontière de Beni Enzar entre l’Espagne et le Maroc, et nous avons déjà la confirmation officielle que la Commission européenne va enquêter», Le parlementaire populaire de Melilla a conclu.

    Source : El Confidencial digital, 9 oct 2020

    Tags : Espagne, Maroc, Melilla, Ceuta, rapatriement, coronavirus, covid 19, plainte, commission européenne, PP,