Catégorie : Afrique

  • Les trois facettes de la Françafrique

    Françafrique : la fin d’un système nocif (1)

    Sortir des rapports vicieux

    Les Etats francophones d’Afrique et l’ex-puissance coloniale, la France, sont aujourd’hui à la croisée des chemins. On ne pourra certainement plus étouffer la voix qui sourd de toutes les souffrances des peuples africains opprimés et la France ne pourra certainement plus nier le constat de l’échec du système “françafrique”. Lors de la dernière visite d’Etat de Dramane Ouattara en France, le quotidien “Aujourd’hui” a barré sa Une d’une image fortement parlante : Un maigrelet qui portait sa pitance à la gueule grandement ouverte d’un repu.

    La dernière “Une” de l’hebdomadaire “Jeune Afrique”, l’organe panafricain le plus françafricain ne pouvant plus étouffer l’émergence de la question ne dit que ceci : « France-Afrique : le grand débat. Sur l’Afrique et le mode arabe, Hollande n’a rien à proposer ; Sarkozy a échoué, une autre politique est possible». Tout un programme révélateur d’une préoccupation naissante dans le cheminement des peuples que l’histoire a lié dans un destin commun. Les ex-colonies françaises vont-elles continuer d’être les marchepieds d’une France qui leur prend presque tout dans une “coopération” inique qui plombe aussi sa propre croissance ? Pendant que tous ces Etats d’Afrique, cinquante ans après leur indépendance, trainent encore les tares des accords dits de défense qui sont en fait des contrats occultes de prédation de leurs ressources, la France, elle-même, comme un enfant gâté qui attend tout d’une Afrique nourricière, n’a pu se construire une économie compétitive en Europe.

    La voilà, malgré tous ses tentacules coloniaux, à la traine de l’Allemagne qui en a pourtant été dépouillée après la deuxième guerre mondiale. Aussi sommes nous fondés à penser que cette problématique qui pointe à l’horizon de cette nouvelle ère de notre relation avec l’Occident, l’est pour la véritable renaissance de nos peuples. Si, selon “Jeune Afrique”, Hollande n’a pas de solution, c’est certainement parce qu’il sait que la méthode Gaullienne héritée de la conférence de Berlin de 1885 et du projet nazi de l’assujettissement totale de la France ne peut plus prospérer après ce que Nicolas Sarkozy en a fait dans son rapport avec l’Afrique. En n’ayant vraiment rien à proposer, Hollande nous offre là une bonne opportunité de vider le contentieux de plusieurs décennies de relations mafieuses improductives et d’écrire une nouvelle page de notre histoire commune.

    A ce propos, la conférence-débat sur le thème « et si le colonialisme n’était que l’histoire de l’exploitation forcée des ressources matérielles et humaines des colonisés ? Point de vue d’africains» qui a eu lieu le lundi 27 février 2012 à Paris est à recommander souvent pour que les autorités françaises comprennent que nous avons compris que dans l’intérêt de tous, nous refusons désormais de nous enfermer dans cette mentalité de sous-hommes …



    Françafrique : la fin d’un système nocif (2)



    L’houphouétisme, un autre nom de la Françafrique

    Pour la petite histoire, le mot françafrique a été employé pour la première fois dans un cadre officiel par feu Félix Houphouët Boigny. D’après Bernard Doza, dans son essai politique : “Liberté confisquée, le complot franco-africain”, c’est en 1955, lors du congrès du RDA en Guinée Conakry, que Houphouët scelle le sort des 14 Etats africains colonisés par la France dans le concept de la françafrique. « Notre vœu ardent, est que toutes les familles spirituelles françaises comprennent que le RDA est tourné vers l’ensemble du peuple français avec le désir de bâtir avec lui une communauté durable où les inévitables querelles de famille ne nuiront pas à la loyauté, à la confiance ni à la volonté de vivre ensemble. Qui peut douter que l’expérience françafrique constitue le meilleur espoir de l’Union Française ? Personne je crois…» dixit Houphouët Boigny qui, selon les investigations de Bernard Doza, sera récompensé plus tard par un strapontin dans le gouvernement français de Guy Mollet en 1956. Il venait ainsi de vendre la lutte du RDA en lâchant le parti communiste français pour s’apparenter à la droite Française.

    Les indépendances que la France a même trop tardé à accorder aux Etats africains dont les tirailleurs sont morts au front de la guerre contre le nazisme, ont été données contre la volonté d’Houphouët Boigny qui voulait faire de la Côte d’ivoire un Dom Tom français. Et c’est lui-même qui l’avoue le 7 décembre 1960 à travers cette formule devenue célèbre « Pour se marier il faut être deux, or la France n’a pas voulu aller à l’église, je suis resté sur les parvis avec les fleurs fanées à la main…». Tout ce rappel pour dire que l’houphouétisme est l’autre nom de la françafrique. «Tous ceux qui s’en réclament sous les tropiques en mesurent-ils suffisamment la portée ?» Est-on quelque fois naïvement obligé de se le demander !

    Mais qu’on ne s’y trompe pas parce qu’on ne peut plus se leurrer en s’enfermant comme une autruche dans des arguments brumeux, prétendument pertinents d’exclusion, de mauvaise gouvernance ou même d’anticolonialisme dogmatique pour ne pas comprendre que c’est la défense de l’empire français au détriment des intérêts de son propre peuple que mènent tous les houphouétistes du monde. Et quand un empire, comme tout empire, sort de ses gonds pour se défendre, armes au poing, contre l’idée de sa remise en cause, comme c’est le cas depuis le 19 septembre 2002 en Côte d’Ivoire, son déclin n’est plus loin.



    Françafrique : la fin d’un système nocif (3)


    Mentalité d’esclavagiste

    A ce stade de l’analyse, on ne peut pas objectivement occulter l’idée qui consisterait à défendre et à présenter l’houphouétisme ou la françafrique comme une idéologie au sens où on serait tenté de le définir comme une pratique rationnelle. Il aurait alors la même valeur que les autres pratiques politiques qui, pour être combattues les unes par rapport aux autres n’ont pas besoin de disparaitre. Dans toutes les sociétés politiquement bien structurées, les deux pôles idéologiques capitaliste et socialiste existent, s’alternent et se tiennent dans une sorte d’équilibre sociopolitique.

    Dans ces sociétés qui avancent à la vitesse de la lumière malgré ces confrontations idéologiques, les citoyens passent d’une conviction à une autre sans perdre leur âme parce que, ce qui différencie le capitalisme du socialisme est en fait un accessoire pratique face au fond rationnel qui les unit. Le libéralisme ou le capitalisme, le communisme ou le socialisme partent tous de l’idée essentiellement rationnelle que tous les hommes sont égaux et ils se valent tous en droit. Leur différence réside en ceci que les premiers créent à travers l’Etat les conditions d’une libre concurrence des citoyens ; les derniers, redoutant les clivages sociaux que crée la liberté totale de s’approprier selon sa capacité toutes les ressources existantes, exigent une plus forte implication de l’Etat dans la production et la redistribution équitable des biens publics.

    Apparemment, à cause du fil de la rationalité qui les tient tous, c’est en toute logique que l’alternance politique se régule seule. Quand le peuple pense par exemple que le libéralisme a trop approfondi les clivages sociaux au point de mettre à mal les fondements de l’Etat de droit, c’est lui qui change de système de gouvernance en donnant son suffrage au socialisme. Dans cette saine confrontation idéologique pour le contrôle de la république, c’est une dérive politique que de parler de race supérieure, d’ethnie, de rattrapage ethnique, de descendance égyptienne à qui doit échoir naturellement le ?trône présidentiel?. Toute chose à relent d’irrationalité que brassent les animateurs décomplexés de la Françafrique et qui fonde à penser que cette dernière n’est pas une idéologie.

    La Françafrique ou l’houphouétisme est simplement une mentalité, celle de l’esclavagiste. Imaginez tout ce qu’un esclave doit à son maître et tout ce qu’un maître attend de son esclave et vous saisirez mieux le type de rapport que la France officielle perpétue dans la Françafrique avec ses ex-colonies. Et vous comprendrez mieux pourquoi, tous autant qu’ils sont, les adeptes occidentaux de la Françafrique comme leurs relais africains sont allergiques au concept de souveraineté, de nationalisme et de la démocratie sous les tropiques.

    Joseph Marat

    Source : Le destin de la Côte d’Ivoire

    Tags : Françafrique, Tchad, Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, RCA, RDC, Congo, Sénégal, Burkina Faso, Alassane Ouattara, AlphaConde, esclavage, colonisation, expolitation, Franc CFA, FCFA, pillage,

  • Réponse à François Patuel

    Cher Patuel,

    Avant d’évoquer les atteintes délibérées ainsi que constantes de la part de l’ensemble des sytèmes tyranniques et néo-autocratiques surtout d’obédience françafricaine, il faudrait poser la question majeure de la souveraneté réelle de ces républiques bananières, car l’instauration de l’Etat fondé sur le droit, la démocratisation de la vie politique et le respect scrupuleux des droits fondamentaux, ne peuvent prendre véritablement forme dans une nation donnée, si cette dernière demeure soumise sans discontinuer par le colonialisme français.

    Cette réalité indéniable et dérangeante semble ne pas du tout intéresser les marchands de rêves que sont les pseudo-opposants.

    Tout est condamnable en toute situation, sauf les ingérences antidémocratiques et intolérables de la France officielle dans les affaires intérieures des pays africains.

    Quant aux prétendues CEDEAO, Union Africaine, francophonie et même l’ONU, elles n’osent simplement pas ouvrir la bouche ou « agir » en Afrique françafricaine, que sur autorisation de l’Elysée. Que peut-on attendre de bien de la part de ce genre d’institutions illégitimes, bureaucratiques, et foncièrement corrompues?

    Depuis 1960, les dévoyés serviteurs défendant les intérêts de la France sur le continent sont les mariennettes qu’elle impose au pouvoir à sa guise, et s’il vous plaît pour des longues décennies.

    Ne pas vouloir résoudre définitivement cette gravissime problématique d’asservissement sans fin, veut dire que l’arbitraire et l’indigence accompagneront durablement les divers sous-Etats françafricains.

    Les critiques permanentes, le mensonge et l’imposture ne changeront rien à la situation lamentable des uns comme des autres.

    Tout peuple inconscient, apeuré et surtout résigné mérite, avec raison, sa domination continuelle. Personne ne viendra sans nul doute, le secourir.

    Ali Muhammad Diallo (Twitter)

    Tags : France, françafrique, dictatures, despotisme, répression, colonisation, colonialisme, Tchad, Mali, Niger, BurkinaFaso, Sénégal, Guinée, RCA, RDC, Côte d’Ivoire,

  • Un site camerounais propose le Maroc pour la retraite de Paul Biya

    Le site Cameroun Magazine prévoit la chute du président Paul Biya et selon ses pronostiques, il se rendra au Maroc pour y écouler ses derniers jours. A ce titre, il rappelle un article publié par le blog Diaspora Saharaui sous le titre « Le Maroc, maison de retraite pour les dictateurs » à l’occasion du décès dans ce pays d’Edith Lucie Bongo Ondimba, l´épouse du défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba.

    « Ainsi, le Maroc prendra soin de tous les dictateurs africains qui l’ont soutenu dans son effort pour annexer le Sahara Occidental : Ahmed Sekou Touré, Paul Biya, Joseph Kabila, Obiang Nguema, Blaise Compaore, etc », dit-il.

    Cet article dévoile l’image du Maroc auprès des africains en tant que soustraitant de la France dans l’accueil et la protection de ses pions en Afrique. Un article qui rappelle la complicité du régime marocain avec les plus grands dictateurs de l’histoire dont Joseph Mobutu Sese Seko décédé au Maroc le 7 septembre 1997, ainsi que le Shah d’Iran lors de sa chute suite à la victoire de la révolution islamique guidée par El Khomeïni.

    Ces anciens dirgeants déchus par les révoltes populaires dans leurs pays respectifs s’installent au Maroc faute de trouver un chez-soi ailleurs. Ils y sont gâtés et ils y trouvent un paradis fiscaux pour garder l’argent qu’ils ont détourné au détriment de la misère et des souffrances de leurs peuples.

    Loin de la portée des tribunaux des droits de la personne, ils vivaient paisiblement avec des succulents repas et les meilleurs soins de santé. Pas mal comme retraite pour des hommes ayant causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

    Tags : Maroc, Cameroun, Paul Biya, Mobutu Sese Seko, Shah d’Iran, Edith Lucie Bongo Ondimba, retraite, dictateurs,

  • Franc CFA : Quand la France sort par la porte pour rentrer par la fenêtre

    Le 21 décembre 2019, un accord monétaire signé par le gouvernement français et les gouvernements de 8 Etats de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cet accord a donné lieu à une loi autorisant son approbation, loi qui a été adoptée en Conseil des Ministres le 20 mai dernier en France.

    Il s’agit de réformer les instances et le fonctionnement du Franc CFA, monnaie créée en 1945 et qui est donc, une survivance de l’ère coloniale contre laquelle ont lutté beaucoup de responsables politiques, parfois au prix de leurs vies, pour certains. Ont lutté également des économistes, des chercheurs, et des mouvements citoyens qui ont été de plus en plus nombreux ces dernières années pour sensibiliser les opinions publiques à la question monétaire et à la question centrale de la souveraineté monétaire.

    Cette loi propose de rebaptiser le Franc CFA « éco », mais au delà de cette symbolique, qu’en est-il exactement de cette réforme, des changements qu’elle a introduits? Acte-t-elle la mort du Franc CFA ou organise-t-elle une continuité ou maintient-t-elle la servitude monétaire?

     Pour Martial-Ze Belinga, économiste et sociologue, membre du comité scientifique de l’UNESCO pour l’histoire générale de l’Afrique, coauteur du livre « Sortir de l’incertitude de la monnaie A qui profite le Franc CFA », paru en 2016, la politique monétaire restera la même puisqu’on a toujours un encrage à l’euro et c’est une monnaie à change fixe avec les contraintes qu’on connaît sur cette monnaie. Sur le régime de change, rien n’a changé. La gouvernance générale de la monnaie n’a pas changé non plus. Les mêmes critères qui sont, d’ailleurs repris de la construction européenne, rien n’a changé de ce point de vue-là.

    « Il y a une proposition de changement de nom et une proposition de changement ethnique dans la garantie financière. C’est d’ailleurs ce que l’UE a retenu. C’est la modalité technique de la garantie financière qui change mais, fondamentalement, l’impression reste française » a-t-il ajouté.

    Pour N’dongo Samba Sylla, économiste chargé de programme à la fondation Rosa de Luxembourg à Dakar, coauteur de « L’arme invisible de la françafrique », parue en 2018, il y a deux Francs CFA : celui de l’Afrique de l’Ouest et celui de l’Afrique Centrale. La réforme qui a été annoncée en décembre concerne le Franc CFA émis par la Banque Centrale et les Etats de l’Afrique Centrale.

    Il a ajouté que ces réformes annoncées sont des réformes administratives parce que rien ne change à la politique monétaire, les mêmes relations asymétriques entre la France et les pays utilisant le Franc CFA, parce que le France CFA, au delà du nom, est un système qui repose sur des piliers qui sont là depuis 1939 .

    M. Sylla rappelle que la parité fixe avec la monnaie française, au départ sur le franc CFA et maintenant sur l’ECO. Rien n’a bougé. La possibilité pour les entreprises françaises de pouvoir rapatrier leurs fonds sans restriction, cela n’a pas changé non plus. Le principe que le trésor français soit le « garant » du Franc CFA et on sait que cette notion de garantie, en fait, n’a aucune valeur, parce que, historiquement parlant, ce sont les pays africains qui ont garanti la parité du Franc CFA vis-à-vis de l’euro. C’est des mécanismes disciplinaires mis en place pour que les pays africains ne puissent jamais avoir besoin de la garantie, un fait que même le texte de projet de loi reconnaît. Tant qu’il y a un accord de coopération entre les pays africains et la France avec ce statut de « garant » du trésor français, on est toujours dans le colonialisme monétaire.

    Tags : France, Franc CFA, Afrique de l’Ouest, CEDEAO, UEMOA, Afrique Centrale, 

  • Mali: Briefing et consultations au Conseil de Sécurité

    Aujourd’hui, jeudi 8 octobre, le Conseil de sécurité entendra un exposé de Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Il s’agit de la première réunion formelle dans la salle du Conseil depuis la mise en place des restrictions COVID-19 en mars, bien qu’il y ait eu plusieurs réunions récentes du Conseil dans la salle de l’ECOSOC. Des consultations sont prévues après la séance publique. La France, en tant que porte-parole du Mali, devrait proposer une déclaration présidentielle qui fera le bilan des progrès récents dans la mise en place d’une transition politique après le coup d’État du 18 août et exposera les attentes quant à la voie à suivre. Il abordera également probablement la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation au Mali de 2015, ainsi que les efforts de stabilisation au centre du pays.

    Une grande partie de la réunion d’aujourd’hui sera consacrée à l’évolution de la situation depuis le coup d’État et aux efforts visant à instaurer une transition politique. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et son médiateur désigné au Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, ont mené des négociations avec le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), formé par les soldats qui ont mené le coup d’État contre le président Ibrahim Keïta. La crise, qui aurait commencé comme une mutinerie avant de se transformer en coup d’État, faisait suite aux manifestations depuis juin de l’opposition et de groupes de la société civile appelant à la démission de Keïta pour mauvaise gestion, corruption, insécurité au Mali et décision controversée de la Cour constitutionnelle qui a annulé les résultats des élections législatives plus tôt cette année en faveur du parti au pouvoir de Keïta.

    Les négociations ont abouti à un accord pour une période de transition de 18 mois avant les nouvelles élections. La CEDEAO a insisté sur une transition politique menée par des civils comme condition pour lever les sanctions économiques que le bloc régional a imposées immédiatement après le coup d’État. Le 21 septembre, le CNSP a nommé président de transition Bah N’daw, ancien colonel et ministre de la Défense en 2014. Il a également nommé le chef du CNSP, le colonel Assimi Goïta, vice-président de transition. Le 28 septembre, Moctar Ouane, ancien ministre des Affaires étrangères et diplomate, a été nommé Premier ministre de transition. Un nouveau gouvernement de 25 membres, annoncé le 5 octobre, prévoit la nomination de colonels de l’armée aux postes de défense, de sécurité, d’administration territoriale et de réconciliation nationale.

    Dans son communiqué du 6 octobre levant les sanctions, la CEDEAO a cité les récentes nominations du président et du Premier ministre, entre autres développements. Alors que la CEDEAO aurait eu des inquiétudes quant au rôle de Goïta, celles-ci ont apparemment été atténuées lorsque la CNSP a publié la charte transitoire le 1er octobre, qui limite les responsabilités du vice-président à la défense et à la sécurité et exclut une disposition d’un projet antérieur de -président pour remplacer le président de transition, selon l’annonce de la CEDEAO. En levant les sanctions, la CEDEAO a réitéré les demandes que les nouvelles autorités libèrent tout le personnel militaire et civil toujours détenu depuis le coup d’État et dissolvent la CNSP. (Keïta a été libéré de détention fin août et s’est rendu aux EAU le 7 septembre pour y recevoir des soins médicaux).

    Les membres du Conseil de sécurité ont suivi les développements au Mali et la médiation menée par la CEDEAO. Dans un communiqué de presse du 19 août et une résolution du 31 août renouvelant le régime de sanctions au Mali, le Conseil a exprimé son soutien aux efforts de la CEDEAO. Lors de la réunion d’aujourd’hui, les membres pourront souligner l’importance pour le gouvernement de transition de respecter la période de 18 mois pour la transition, tout en exprimant leur intention de soutenir les nouvelles autorités. Les députés insisteront probablement sur le fait que la période de transition sera utilisée pour faire avancer les réformes visant à renforcer la démocratie et les institutions du Mali, y compris la réforme du secteur de la sécurité. Le coup d’État du 18 août était le deuxième coup d’État du Mali en huit ans et faisait suite à d’importants investissements financiers et humains internationaux en faveur de la gouvernance et de la sécurité.

    Alors que les troubles politiques à Bamako sont susceptibles d’être au centre des discussions de ce jeudi, les séances d’information trimestrielles du Conseil sur le Mali examinent généralement les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015 et les efforts visant à stabiliser le centre du Mali au milieu des violences terroristes et intercommunautaires. Le dernier rapport du Secrétaire général sur le Mali – partagé avec les membres la semaine dernière – note que les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’accord de paix sont «quasiment au point mort» depuis le début des manifestations en juin. Il indique également que les attaques de groupes extrémistes dans le nord et le centre du Mali, ainsi que les violences intercommunautaires dans le centre, se sont poursuivies «sans relâche». De son côté, le CNSP n’a pas tardé à affirmer, dès sa formation, son attachement à l’accord de paix et à coopérer avec diverses présences internationales, dont la MINUSMA, l’opération française Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel. Entre autres défis, le rapport du Secrétaire général souligne l’impact du COVID-19, observant que la récession économique mondiale déclenchée par la pandémie est susceptible de pousser 800000 Maliens supplémentaires sous le seuil de pauvreté et de contribuer à l’escalade des tensions socio-économiques et politiques.

    Au cours de cette session, les membres encourageront probablement la MINUSMA à poursuivre les priorités qu’elle a fixées pour soutenir l’accord de paix et aider à stabiliser le centre du Mali, tout en encourageant la mission à soutenir la transition politique du pays. La CEDEAO a annoncé la création d’un comité de suivi pour superviser la transition politique qui inclut Annadif.

    Les membres peuvent soulever des inquiétudes quant à une tendance à l’augmentation des violations des droits de l’homme et des abus liés à l’extrémisme violent, aux opérations de lutte contre le terrorisme et à la violence communautaire. Ces abus comprennent des allégations de cinquante exécutions arbitraires commises par les forces de défense et de sécurité maliennes et les forces internationales au cours d’une période de trois jours en mai dernier au cours d’opérations antiterroristes, comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général.

    Dans d’autres développements auxquels les membres peuvent faire allusion, la principale politicienne malienne Soumaïla Cissé, qui a été enlevée en mars, et la travailleuse humanitaire française Sophie Petronin, qui est détenue en captivité depuis près de quatre ans, auraient été libérées hier dans le cadre d’un échange de à 200 combattants extrémistes, négocié par les nouvelles autorités maliennes.

    Avec What’s in blue

    Tags : Mali, Conseil de Sécurité, CNSP, MINUSMA, CEDEAO, junte militaire, gouvernement de transition, ONU, Soumaïla Cissé, Sophie Petronin,

  • La Françafrique a de beaux jours devant elle

    Lors de l’élaboration des fondements et préceptes de la maçonnerie françafricaine, son pontife-négrier, Charles De Gaulle indiqua très bien que tout ce qui concerne la domination permanente des sous-préfectures bananières d’Afrique, relève exclusivement de l’Elysée, et en aucune manière à une autre institution étatique. C’est la parfaite illustration de la « démocratie » exemplaire de ce pays!

    Par conséquent, tout véritable débat sur le « devenir » de la maudite unité monnétaire, appelée le Franc CFA dans les pays l’utilisant dont le débat au parlement françaus reste illégalement interdit.

    Le jour bien lointain où il y aurait lieu dans l’ensemble des protectorats assrvis d’Afrique, ce serait effectivement le début du processus de l’affirmation des souveraintetés réelles.

    Ali Muhammad Diallo

    Source: Twitter

    Tags : Françafrique, Tchad, Niger, Mali, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée, RCA, RDC, Congo, Sénégal, 

  • Développement du gaz naturel et de l’énergie en Afrique subsaharienne

    À la fin des années 80, l’humanité a réalisé que le développement social et les activités économiques traditionnelles avaient conduit à des inégalités croissantes dans le monde et à une dégradation progressive de l’environnement. Dans ce contexte, la Commission internationale des Nations unies sur l’environnement et le développement a élaboré en 1987 les principes du développement durable, qui ont été adoptés par la communauté mondiale lors de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement cinq ans plus tard. Depuis lors, des mesures ont été prises au niveau international et national pour suivre ces principes, mieux connus sous l’acronyme ESG – Environnemental, Social, Gouvernance.

    Par Dimitri de Kochko*

    Bien que l’interprétation de l’ESG soit actuellement large, sa base formelle peut être considérée comme les objectifs de développement durable des Nations unies. En 2016, Les Nations unies ont élaboré un programme visant à atteindre 17 objectifs de développement durable d’ici 2030, dans le but général d’éradiquer au maximum la pauvreté, les inégalités et les dommages environnementaux.
    En même temps, les questions énergétiques, comme l’a fait remarquer Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie , sont inextricablement liées à la plupart des objectifs de développement durable – de l’amélioration de l’accès à l’électricité à des combustibles de cuisson plus propres, de la réduction des subventions énergétiques à la réduction de la pollution atmosphérique.

    6% de l’énergie mondiale pour 17% de la population

    Ce n’est donc pas une coïncidence si tous les pays africains ont adhéré à la fois au programme de développement durable des Nations unies et à l’accord de Paris sur le climat. L’Afrique, qui abrite 17 % de la population mondiale, est le continent le plus pauvre en énergie, ne représentant que 5,9 % de l’approvisionnement total en énergie primaire du monde (AIE : Bilans énergétiques mondiaux 2020. Juillet 2020). Aujourd’hui, environ 640 millions d’Africains – près des trois cinquièmes de la population totale – n’ont pas accès à l’électricité. Selon la Banque africaine de développement (groupe de la Banque africaine de développement), la pauvreté énergétique réduit la croissance du PIB de l’Afrique de 4 % par an.

    La situation la plus grave se trouve en Afrique subsaharienne, où le taux moyen d’électrification des ménages est de 42 %, alors que 595 millions de personnes, soit 55 % de la population, n’ont toujours pas accès à l’électricité de base (Dr Fatih Birol, Mouhamadou Makhtar Cissé. L’énergie peut aider l’Afrique à se remettre de la pandémie et de la récession (26 juin 2020). C’est inacceptable.

    La dépendance du bois de chauffage

    Un autre grand défi pour l’Afrique est l’extrême dépendance énergétique de la production et de la consommation de biocarburants (principalement le bois de chauffage). Ainsi, les biocarburants représentent plus de 45 % de l’approvisionnement énergétique total, contre 9 % en moyenne dans le monde. Par exemple, dans le plus peuplé des pays du continent, le Nigeria, malgré son abondance d’hydrocarbures et de sources d’énergie renouvelables, plus de 60 % de la population n’est pas connectée au réseau national et environ 112 millions de personnes dépendent uniquement du bois comme combustible. (Selon l’AIE : Bilans énergétiques mondiaux 2020. Juillet 2020).

    Ce bouquet énergétique a un impact anthropique important sur l’environnement et la faible empreinte carbone du continent n’est liée qu’à la consommation énergétique par habitant extrêmement faible de l’Afrique.

    Afrique du sud : centrales au charbon, pollution et pénurie

    La République d’Afrique du Sud (Afrique du Sud), l’une des plus grandes économies régionales, est représentative à cet égard. L’Afrique du Sud produit 31 % de l’électricité africaine et 54 % de l’énergie produite par l’Afrique subsaharienne. Environ 95 % de ses besoins en électricité sont couverts par la société publique sud-africaine à intégration verticale Escom.

    Selon le rapport annuel de l’Escom pour 2019, 91,4 % de la production d’électricité de l’entreprise provient de la production d’électricité au charbon. Selon le rapport de l’expert britannique Mike Holland, la pollution de l’air provenant des centrales électriques au charbon d’Escom provoque chaque année des dizaines de milliers de cas de bronchite et d’asthme chez les adultes et les enfants en Afrique du Sud.

    Dans le même temps, l’Afrique du Sud souffre depuis plusieurs années d’une pénurie d’énergie, qui a entraîné de graves pannes d’infrastructures et de ménages, ainsi qu’une récession économique prolongée. Cela est dû à la fois à l’épuisement des gisements existants d’anthracite de qualité et à l’insuffisance des investissements dans la modernisation des capacités de production. Ce dernier problème est principalement dû au désintérêt des investisseurs étrangers à investir dans une industrie qui subit une pression généralisée en raison de son empreinte carbone.
    N’y a-t-il vraiment aucune issue ?

    L’énergie verte suffira-t-elle ?

    On parle maintenant de la nécessité de développer l’énergie verte en Afrique – principalement la production d’énergie solaire et éolienne. C’est vrai, mais tant que nous constatons la variabilité de la production d’énergie à partir de sources renouvelables, et qu’elles ne peuvent pas concurrencer l’énergie conventionnelle au coût du kilowatt/heure. Face à l’extrême pauvreté de la population africaine et aux mesures de relance budgétaire limitées dont disposent les budgets du continent, cela devient un problème. Pourtant, de très importantes réserves de gaz naturel ont été découvertes dans le sud-est de l’Afrique. Ainsi, au Mozambique voisin, selon la société de recherche industrielle Rystad Energy, les réserves de gaz actuellement récupérables sont de 3,6 milliards de barils d’équivalent pétrole (environ 612 milliards de m3).

    Le gaz est là mais pour qui ?

    Compte tenu des importants investissements non seulement dans la production de gaz dans le pays, mais aussi dans les infrastructures (projet de construction d’un consortium dirigé par l’usine française de liquéfaction à double flux Total d’une capacité totale de 13,1 millions de tonnes par an), Rystad Energy prévoit que la production de gaz naturel du Mozambique d’ici 2039 sera de 347 milliards de m3 et que le pays deviendra le plus grand producteur de gaz en Afrique avec un coût de production d’environ 6 dollars par millier de pieds cubes (92,9 m3). Dans le même temps, il est prévu d’orienter la majeure partie de la production de gaz vers les marchés d’Europe et d’Asie du Sud-Est, plutôt que vers le marché intérieur africain.

    Toutefois, étant donné le développement de la production de gaz dans le pays voisin, l’Afrique du Sud a la possibilité de convertir une partie de ses capacités de production au gaz (On peut être sûr que des investissements étrangers seraient disponibles pour de tels projets). Cela peut aider à résoudre les problèmes énergétiques de l’Afrique du Sud et, grâce à la coopération au sein du Southern African Power Pool (SAPP), de tous les pays de la région d’Afrique australe. Il s’agit de stimuler la croissance économique et la création d’emplois en Afrique du Sud. Outre sa nature purement économique, le gaz peut améliorer considérablement la situation environnementale de la région. Après tout, les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques à gaz sont deux fois moins élevées que celles des centrales au charbon.

    Comme le fait remarquer Bobby Peek, environnementaliste sud-africain bien connu et directeur de la Fondation GroundWork, “Nous devons … assurer une transition équitable de l’énergie du charbon, qui tue les gens, et veiller à ce que les personnes qui n’ont pas accès à l’énergie actuellement aient accès à une énergie propre et saine. Nous devons également commencer à démanteler les centrales électriques au charbon polluantes et soutenir la création d’une nouvelle industrie électrique plus propre, plus saine et plus efficace sur le plan énergétique. Ne manquons pas cette occasion unique de créer une énergie plus saine pour des gens plus sains, pour une Afrique du Sud plus saine” .

    Au siècle dernier, le gaz a contribué à l’amélioration économique et écologique de l’Europe

    Dans les années 70-80 du siècle dernier, le passage progressif à la production d’électricité à partir du gaz a contribué à la modernisation des économies européennes et à une amélioration significative de leur écologie. Depuis lors, la tendance est mondiale. Selon les estimations des experts du Forum des pays exportateurs de gaz (FEG), d’ici 2050, la demande mondiale d’énergie augmentera de près de 30 %. Dans le même temps, le gaz naturel sera la seule ressource d’hydrocarbures qui fera passer sa part dans le bouquet énergétique mondial de 23 % à 27 % d’ici 2050, surpassant le charbon à la fin de 2020 et égalant le pétrole à la fin de la période de prévision.

    On peut également être d’accord avec les participants au sommet de la FEG, tenu en novembre 2019 à Malabo, en Guinée équatoriale, qui ont spécifiquement noté dans la déclaration finale que le gaz naturel devrait être au cœur du secteur énergétique africain, contribuant à son progrès conformément au concept de développement durable, pour surmonter la pauvreté énergétique et aider à combattre les émissions de CO2.

    Trop souvent dans l’histoire de l’humanité, l’accès à une énergie fiable et abordable a été un privilège pour quelques-uns, alors qu’il devrait être un droit fondamental pour tous.



    Répartition des incidences par centrale

    En utilisant les méthodes décrites ci-dessus, en tenant compte de la variation des émissions de polluants de chaque centrale, et la variation de la nocivité pour la santé des émissions de PM2,5, SO2 et de NOx respectivement, la charge totale estimée pour la santé décrite dans le tableau a été répartie entre les différentes centrales électriques.
    Il convient de noter que l’attention a été portée sur la formulation des impacts, en particulier pour la mortalité, où il est fait référence à des “décès attribuables par équivalence” plutôt qu’à une mortalité simplement en référence aux arguments du Comité de la santé du Royaume-Uni sur la question des “décès”, à la suite des effets des polluants atmosphériques (COMEAP) 13. Une référence aux “décès” pourrait signifier qu’un certain nombre de personnes spécifiques, et que seules ces personnes sont concernées, et peut-être même que ces individus seraient traçables. Le point de vue du COMEAP, partagé ici, est que la pollution de l’air agit aux côtés d’un certain nombre d’autres agents pour avancer l’heure du décès.

    Un individu dont la cause de décès est attribuée à une “maladie cardiovasculaire” aurait probablement développé cette maladie en raison de l’exposition à un certain nombre de facteurs de stress, notamment la pollution de l’air, le tabagisme, le régime alimentaire, le manque d’exercice physique approprié, etc. Le COMEAP a conclu que le nombre total de personnes susceptibles d’ être touchées par la pollution atmosphérique d’une manière ou d’une autre serait plus important que le nombre estimé de décès mais que l’estimation indiquerait une mortalité “en équivalence” due à la pollution de l’air.

    Sur l’auteur : Le Dr Michael Holland a participé à la quantification des impacts de la pollution de l’air des systèmes électriques depuis 1990, lorsqu’il a travaillé au cœur de l’influent projet CE-États-Unis d’étude sur les cycles des carburants financé par la Commission européenne, les États membres de l’UE et les États-Unis Département de l’énergie. Après l’achèvement de l’étude initiale en 1995, ce travail s’est poursuivi en Europe comme étude externe jusqu’en 2005. Depuis 1996, M. Holland a fourni une étude coûts-avantages sur l’analyse de la qualité de l’air et des politiques industrielles pour diverses organisations, y compris les gouvernements du Royaume-Uni, de la France, de la Suède, de la Chine et d’un certain nombre d’autres pays, ainsi que pour l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) et la Banque mondiale.



    *Dimitri de Kochko est journaliste indépendant, spécialiste des questions économiques et des relations internationales.

    Source : Afrique-Asie, 3 oct 2020

    Tags : Afrique subsaharienne, energie, électricité, charbon, gaz naturel, 

  • Oeuvre positive et impôt colonial: Le credo des races qui se prétendent supérieures

    Par Chemseddine Chitour*

    «Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde»

    Aimé Césaire (Discours sur le colonialisme)

    Encore une fois, l’actualité nous rattrape. Nous avons beau faire les civilisés en taisant nos douleurs ancestrales pour être politiquement corrects. Il n’empêche que ce vernis saute à la première réminiscence. Il s’agit cette fois d’un cri du cœur qui est celui du procès du colonialisme, encore et toujours. On apprend que 14 pays africains – les anciennes AOF et AEF fruit d’un imaginaire Empire français – ont été contraints par la France à payer l’impôt colonial pour les avantages de l’esclavage et de la colonisation. Nous voyons donc que la colonisation dans ce qu’elle a de positif comme oeuvre, n’est pas sortie de l’imaginaire délirant de quelques nostalgériques – nostalgiques de l’Algérie française- mais que la certitude d’appartenir à la race des seigneurs a un substrat plus profond.

    La double peine: massacres de masse et impôt colonial post-indépendance

    Il est pour le moins admis que le colon en fait, qui est venu tuer, piller, voler s’est enrichi honteusement – il n’est que de se souvenir du hold-up de la Casbah d’Alger- magistralement décrit par Pierre Péan – on y apprend en effet, que 200 millions de francs or ont été dérobés par les généraux de l’Armée d’Afrique qui eurent à se disputer le butin avec leurs troupiers, mais pas seulement, il y eut aussi des agioteurs qui s’enrichirent à vil prix, l’Algérie était à vendre et on dit que la richesse de la maison Sellière serait due en partie à la rapine du trésor d’Alger. On apprend par la même qu’il soumet à la double peine les anciennes colonies en leur demandant de rembourser les constructions réalisées pour son propre confort et qu »il revend au prix fort après usage.

    Dans cet ordre, Mawuna Remarque Koutonin écrit: «Le saviez-vous? 14 pays africains contraints par la France à payer l’impôt colonial pour les ´´avantages´´ de l’esclavage et de la colonisation. Le saviez-vous? Aujourd’hui encore, beaucoup de pays africains continuent de payer un impôt colonial en France, et ce malgré l’indépendance! (…) Lorsque Sékou Touré de Guinée décida en 1958 de sortir de l’Empire colonial français, et opta alors pour l’indépendance du pays, l’élite coloniale française à Paris s’est indignée, et dans un acte de fureur historique, demanda à son administration alors en place en Guinée de détruire, dans tout le pays, ce qui représentait, à leur yeux, les avantages de la colonisation français.» (1)

    «Trois mille Français quittèrent le pays, en prenant tous leurs biens et détruisant tout ce qui ne pouvait être déplacé: les écoles, les crèches, les bâtiments de l’administration publique furent détruits, les voitures, les livres, les médicaments, les instruments de l’institut de recherche, les tracteurs ont été écrasés et sabotés et les nourritures entreposées furent brûlées ou empoisonnées». (1)

    L’auteur nous apprend que les dirigeants de pays nouvellement indépendants ne pouvaient sortir des griffes de l’ancien colonisateur. Ils durent mettre en place une sorte de néo-colonialisme à distance sans les anciens colonisateurs: «Pour les pays nouvellement indépendant il fallut trouver des compromis avec la France. Sylvanus Olympio, le premier président de la République du Togo, un petit pays d’Afrique de l’Ouest, trouva une solution susceptible de calmer les Français: ne voulant pas continuer à subir une domination française, il refusa de signer le pacte de la colonisation proposé par De Gaulle, mais accepta en contrepartie de payer une dette annuelle à la France pour les soi-disant avantages obtenus lors de la colonisation française. Ce furent les seules conditions de la France pour ne pas détruire le pays avant de partir. Toutefois, le montant estimé par la France était si grand que le remboursement de la soi-disant «dette coloniale» était proche de 40% du budget du pays en 1963. Dès lors, la situation financière du Togo tout juste indépendant fut très instable, et afin de se sortir de cette situation, Olympio décida de sortir du système monétaire mis en place par la France coloniale le Fcfa (franc des colonies françaises d’Afrique), et créa la monnaie du pays. Le 13 Janvier 1963, trois jours après, qu’il ait commencé à imprimer les nouveaux billets, une escouade de soldats (soutenus par la France) s’empara et tua le premier président élu de l’Afrique indépendante: Olympio fut exécuté par un ex-Légionnaire français, le sergent de l’armée, Etienne Gnassingbé qui, au passage, reçut à ce moment une prime de 612 dollars de l’ambassade française locale pour le succès de sa mission.» (1)

    «En fait, au cours des 50 dernières années, un total de 67 coups d’Etat qui se sont passés dans 26 pays en Afrique, 16 de ces pays sont des ex- colonies françaises, ce qui signifie que 61% des coups d’Etat en Afrique ont été initiés dans d’anciennes colonies françaises. En ce moment même où j’écris cet article, 14 pays africains sont obligés par la France, à travers le pacte colonial, de mettre 85% de leurs réserves à la Banque centrale de France sous le contrôle du ministère des Finances français. Jusqu’à maintenant, en 2014, le Togo et environ 13 autres pays africains doivent encore payer la dette coloniale en France.»

    Le pacte de colonisation que l’on ne peut pas refuser

    Voici, conclut l’auteur, le bréviaire des 11 principales composantes de la poursuite du pacte de colonisation depuis les années 1950: Les pays nouvellement «indépendants» doivent payer pour l’infrastructure construite par la France dans le pays pendant la colonisation. Les pays africains doivent déposer leurs réserves monétaires nationales en France à la Banque centrale. En bref, plus de 80% des réserves de change de ces pays africains sont déposées dans les «comptes d’opérations» contrôlés par le Trésor français. La finalité reste: les pays africains n’ont pas accès à cet argent. La France leur permet d’accéder à seulement 15% de leur argent par an. S’ils ont besoin de plus, les pays africains doivent emprunter, à des taux commerciaux, sur les 65% de leur argent détenu au Trésor français. L’ancien président français, Jacques Chirac, a récemment parlé de l’argent des pays africains dans les banques en France. ´´Nous devons être honnêtes et reconnaître qu’une grande partie de l’argent dans nos banques vient précisément de l’exploitation du continent africain.» A titre de comparaison historique, la France a fait payer à Haïti l’équivalent moderne de 21 milliards de dollars de 1804 à 1947 (près d’un siècle et demi) pour les pertes causées aux marchands d’esclaves français suite à l’abolition de l’esclavage et à la libération des esclaves haïtiens.»

    En rançonnant la première République noire de 180 millions de Francs or, ramenés par la suite à 90 millions (17 milliards d’euros!) La grande fortune de la France vient en droite ligne du commerce triangulaire, l’esclavage. Les villes comme Nantes ont un passé tristement colonial dans le commerce du bois d’ébène. C’est le commerce des humains qui a permis de lancer l’industrialisation, les chantiers navals, l’acier. Sans l’esclavage, la France ne serait qu’un pays parmi les autres plus qu’un pays parmi d’autres.

    Le discours de Dakar symptomatique de l’appartenance à une race supérieure

    Relisons ensemble le discours de Dakar de Sarkozy du 26 juillet 2007, pour comprendre cette suffisance post-coloniale représentée par la «Françafrique», la France à fric dirions-nous pour être en phase avec la réalité du calvaire africain. Le président français déclare notamment que la colonisation fut une faute tout en estimant que le «drame de l’Afrique» vient du fait que «l’homme africain n’est pas assez entr é dans l’Histoire. […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès». (2)

    «Je ne suis pas venu, poursuit Nicolas Sarkozy, nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des crimes. Il y a eu la traite négrière, il y a eu l’esclavage, les hommes, les femmes, les enfants achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un crime contre les Africains, ce fut un crime contre l’homme, ce fut un crime contre l’humanité toute entière. (…) Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. (…) Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin (… ) Le défi de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire). (2)

    M. Sarkozy ne s’est jamais interrogé sur le fait que si les Africains, les Algériens, n’ont pas été brutalement envahis, pillés tués, perturbés dans leur identité, ils auraient peut-être rattrapé le train du progrès. La France a empêché par tous les moyens les Africains de rentrer dans l’Histoire.

    La révolte de 1871 en Algérie: meurtres, pillages, bagne et imposition de sanctions

    Un autre exemple des méfaits de la colonisation est celui qui a eu lieu en Algérie, sans être exhaustif, nous rapportons le tragique de l’insurrection de 1871 du bachagha Mokrani:
    «La répression lit-on est très sévère et se traduit, une fois matée l’insurrection, par des internements de plus de 200 et en Nouvelle-Calédonie (on parle des «Algériens du Pacifique») mais aussi par d’importantes confiscations de terres, qui ensuite ont obligé de nombreux Kabyles à s’expatrier. La Kabylie se vit infliger une amende de 36 millions de francs or. Meurtrie, plongée dans le dénuement le plus total, la population vécut alors une véritable tragédie, dont la mémoire fut transmise de génération en génération par la littérature et la poésie orale.» (3)

    «Malheureusement, le bilan des pertes algériennes en vies humaines ne cesse de s’alourdir depuis la fin de l’insurrection, pratiquement en juillet 1871. Cela explique la politique de la terre brûlée menée par les autorités coloniales qui ont recours à la liquidation physique pratiquée de sang-froid dans les douars et mechtas. Les peines prononcées dans les différentes phases des procès sont lourdes dans la mesure où la plupart des accusés sont condamnés à mort et la peine est exécutée pour bon nombre d’entre eux. Les autres ont vu leur peine commuée en détention à vie avec déportation comme Cheikh Al Haddad et son fils Aziz eu égard à leur rang: ils sont médaillés de la Légion d’honneur. Boumezrag est capturé, jugé et condamné à mort, mais verra sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité et sera déporté en Nouvelle-Calédonie. Boumezrag, Aziz et M’hand Al Haddad figurent parmi les quelque 500 Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie. Ils sont embarqués le 10 mars 1873 à bord des vaisseaux Calvados et de La Loire du port de Brest, en Bretagne. Après cinq mois de navigation, ils arrivent à Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, le 17 septembre de la même année. Des dizaines d’entre eux sont morts au cours du voyage, faute de nourriture et de soins. Le régime des déportés est des plus durs. Leurs bourreaux excellent dans l’art de l’asservissement et l’humiliation.» (3)

    «A cette insurrection essentiellement politique dans ses causes et dans ses grandes lignes, il aurait fallu une répression politique appliquée par le gouvernement, une répression ne s’inspirant que de la raison d’État, des intérêts de la colonisation et des nécessités du milieu indigène. Cette répression, indiquée dès les débuts par plusieurs officiers des affaires indigènes, aurait pu être: 1° – La déportation à vie, en Océanie, des unités familiales les plus compromises dans chacune des tribus insurgées. 2° – La confiscation des biens de ces familles. 3° – Une contribution de guerre payable en terre ou en argent et garantie jusqu’à complète libération par le séquestre apposé sur les terres des tribus compromises.»(3)

    «Ce furent, lit-on dans la même contribution, les tribunaux qui eurent la tâche ingrate de déterminer les peines encourues par les individus. De sorte que les mêmes gens furent traités, à la fois et simultanément, comme des belligérants vaincus, comme des sujets algériens, et comme des Français. Comme belligérants vaincus, ils se virent imposer par le gouverneur général, sur les propositions des chefs militaires, une amende de guerre de 36,582,298 francs, chiffre calculé d’après le nombre de fusils, le nombre de feux ou le quantum des impôts, et arbitrairement fixé en raison de la résistance faite à nos troupes ou même à nos agents administratifs: car, chose singulière et que personne ne releva. Cette contribution de guerre fut infligée à des tribus sahariennes et à des gens de l’Aorès et du Souf qui n’avaient jamais tiré un coup de fusil contre nous, mais qui étaient restés en état d’insoumission, quand personne n’était là pour les commander. Comme indigènes algériens, les insurgés furent frappés administrativement en vertu de la législation spéciale sur le séquestre, et ils durent payer, en terre ou en argent, une somme uniformément fixée à la valeur du cinquième de leur capital immobilier. Les individus les plus compromis, virent la totalité de leurs biens mobiliers et immobiliers confisqués, De ce chef, les insurgés payèrent environ 26,629,953 francs, qui furent représentés par des payements en argent jusqu’à concurrence de 7,933,860 francs, et par l’abandon de 446,406 hectares estimés a 18,696,093 francs.» (3)

    Au total, 100.000 Algériens morts, saisie des terres, émigration de beaucoup d’Algériens (surtout vers la Syrie), déportation d’une partie des révoltés, et parution de l’infâme code de l’indigénat en 1881, mais ceci est une autre histoire

    On ne peut parler justement des déportés sans citer quelques paroles douloureuses de la chanson interprétée magistralement par Akli Yahyaten – que Dieu lui prête longue vie – pour avoir su nous faire vibrer:

    «Aw ki dawni le tribunal jadarmiya kbaar wisghaar aa wissensla tewzen qantar darbouni aam wa n´haar 3ala dakhla haffouli raas wa aataouni zawra ou payas goulou lommi matebkeesh yal menfi waldek rabbi mayy khalleesh.»

    « Quand ils m’ont trainé au tribunal, les gendarmes en nombre, avec une chaine pesant un quintal, ils m’ont condamné à un an et un jour de déportation. A l’entrée, ils m’ont rasé la tête et m’ont donné une couverture et une paillasse. Dites à ma mère de ne pas pleurer, ton fils déporté ne sera pas abandonné par Dieu »

    Cette supplique revendique deux repères: la religion et la mère. Cette mère, dernier lien ombilical qui lui reste et qu´il doit tenter de rassurer. Cette mère est en fait, notre mère, cette Algérie souffrante de voir ses meilleurs fils lui être arrachés pour l´inconnu et sans espoir de retour. Nous sommes assurément des nains juchés sur les épaules de ces géants qui ont commencé le combat libérateur- il faut s´en convaincre – dès l´arrivée de l´envahisseur. (4)

    L´un des dossiers les plus pertinents que l´Algérie se doit de s´approprier est celui de la mémoire. Sans vouloir verser dans la concurrence victimaire, en Algérie nous avons trop tendance à pardonner par incompétence par crainte d´être mal vu, par paresse et surtout par méconnaissance de cette mémoire en miettes suite à un tsunami qui a eu lieu un certain jour de débarquement, le 14 juin 1830, sur une plage de Sidi Fredj. J´ai souvenance d´avoir vu, il y a quelques années, une délégation de petits descendants-Laïf a et les autres- des déportés de 1871. Ils étaient venus de Nouvelle-Calédonie à près de 20.000 km se ressourcer dans cette Algérie mythique que leur ont chantée leurs parents, de père en fils. J´avais naïvement demandé à ce qu´on mette en place une bibliothèque virtuelle pour consolider un lien de plus en plus ténu depuis près de 140 ans. Je ne suis pas sûr d´avoir été entendu.» (4)

    En définitive La déportation coloniale plonge ses racines dans le XV siècle avec la traite des Noirs et l’esclavage. La France qui a proclamé en 2001, crime contre l’humanité l’esclavage et la traite négrière (loi Taubira) s’est rendu coupable d’une justice à deux vitesses . Elle a commis un crime contre l’humanité à l’endroit des déportés algériens et de tous les autres déportés ? Mieux Ce crime est encore plus odieux puisque la loi d’amnistie de de 1880 exclut du champ d’application les déportés algériens en Nouvelle Calédonie . C’est aussi cela l’œuvre positive de la France en Algérie

    En définitive, le cri de Césaire retentit encore: il rappelle le caractère proprement inhumain de la colonisation à ceux qui sont aujourd’hui tentés d’en comptabiliser les «aspects positifs.»

    1.Mawuna Remarque Koutonin http:// www.siliconafrica.com/france-colonial-tax/http://www.mondialisation.ca/le-saviez-vous-14-pays-africains-contrain…
    2.http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_Dakar
    3. http://www.dellys-life.com/sciences/histoire/518-dellys1871.html
    4. http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/64496-L%E2%80%99amn%C3%A9sie-de-l%E2%80%99Alg%C3%A9rie-envers-ses-d%C3%A9port%C3%A9s.html

    * ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de janvier 2020 jusqu’à juin 2020.

    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    Source : Blog de Chemseddine Chitour

  • Les présidents africains assassinés de 1960 à 1990

    <p align=’justify’>Entre crise et coups d’Etat, pendant 20 ans, plus de 13 présidents africains ont été assassinés. De Monrovia au Caire en passant par Antananarivo, avec des joues innondées de larmes, les peuples pleuraient leurs présidents.

    EN 1963 : SYLVANUS OLYMPIO, PRÉSIDENT DU TOGO –

    Sylvanus Olympio est né le 6 septembre 1902 à Kpando dans le Togo allemand : cette partie du territoire résultant de la division de la colonie allemande entre la France et le Royaume-Uni après la défaite de l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale reviendra à l’administration britannique et sera rattachée au Ghana lors de l’indépendance. Son père, Epiphanio Elpidio Olympio (1873-1968), était un très riche commerçant et planteur de cocoteraies, né d’une femme yoruba, princesse nigériane d’Abéokuta, et de Francisco da Silva Olympio, brésilien ; il récupérait des esclaves établis à Agoué dans le but de les élever. La mère de Sylvanus, Fidélia Afe (1862-1967), était de l’ethnie mamprusi de la région de Dapaong, au nord du Togo. Les Olympio, famille fondatrice du Togo, sont aujourd’hui considérés comme l’une des familles les plus riches et puissantes d’Afrique de l’Ouest.

    EN 1966 : JOHN-AGUIYI IRONSI, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU NIGERIA

    Le major général Aguiyi-Ironsi (1924-1966), de nationalité nigériane, a été commandant de l’Opération des Nations Unies au Congo (ONUC) de janvier à juin 1964. Il a succédé à Christian Kaldager. Il a été membre du contingent nigérian au Congo de 1960 à 1964. Il a été président du Nigeria de janvier à juillet 1966.

    EN 1969 : ABDIRACHID-ALI SHERMAKE, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE SOMALIE

    ll a été Premier ministre du 12 juillet 1960 au 14 juin 1964, et président de la République à partir du 10 juin 1967 jusqu’à son assassinat. Alors en visite officielle dans la ville de Las Anod, il est abattu par un de ses propres gardes du corps. Le lendemain de son enterrement, le 21 octobre, l’armée somalienne prend le pouvoir à l’issue d’un putsch mené par le général Muhammad Siad Barre. Il est le père de Omar Abdirashid Ali Shermarke, lui aussi Premier ministre entre 2009 et 2010.

    EN 1972 : ABEID-AMANI KARUMÉ, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE ZANZIBAR

    Il était le chef de l’Afro Shirazi-Party. À la suite de la révolution zanzibarite qui déposa le dernier sultan en janvier 1964, trois mois après cette prise de pouvoir, Julius Nyerere président du Tanganyika et lui-même fondent la République unie de Tanzanie. Nyerere en est le président et Karume assure la vice-présidence. Karume a été assassiné le 7 avril 1972 à Zanzibar (ville). Quatre assaillants lui ont tiré dessus alors qu’il jouait au Bao au quartier-général du Parti Afro-Shirazi. Il est le père d’Amani Abeid Karume, qui a été élu deux fois président de Zanzibar en 2000 et en 2005. Son successeur est Ali Mohamed Shein.

    EN 1975 : RICHARD RATSIMANDRAVA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE MADAGASCAR

    Richard Ratsimandrava, né le 21 mars 1931 à Tananarive. Il est un militaire et homme d’État malgache. En 1972, sous le régime du Général Gabriel RAMANANTSOA, le poste de Ministre de l’Intérieur lui a été confié. Et c’est là que Richard RATSIMANDRAVA a eu l’idée de fonder sa politique intérieure basée sur la doctrine du « fokonolona » dont il a pensé comme seul cadre institutionnel économique pour le développement du pays. Le 5 février 1975, suite à une crise politique irrésolue, le Général RAMANANTSOA confie le pouvoir au Colonel Richard RATSIMANDRAVA. Il devient chef d’État de la république de Madagascar pendant six jours du 5 au 11 février 1975, date de son assassinat.

    EN 1975 : FRANÇOIS-NGARTA TOMBALBAYE, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU TCHAD

    François Tombalbaye, dit Ngarta Tombalbaye, est un homme politique tchadien né le 15 juin 1918 à Bessada, près de Koumra, et assassiné à N’Djaména lors d’un coup d’État le 13 avril 1975

    EN 1976 : MURTALA-RAMAT MOHAMMED, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU NIGERIA

    Le général Murtala Ramat Muhammed, né le 8 novembre 1938 à Kano et mort le 13 février 1976, est un homme d’État nigérian. Murtala Muhammed est né le 8 novembre 1938, l’un des onze enfants de Muhammed Risqua (Riskuwa) et d’Uwani Rahamat dans les quartiers de Kurama à Kano , au Nigéria. Mohammed a fait ses études à l’école élémentaire Cikin Gida, située dans l’enceinte du palais de l’émir. Il a ensuite été transféré à l’école primaire Gidan Makama à Kano, située juste à l’extérieur du palais. Il se rendit ensuite au collège de Kano en 1949 avant de fréquenter le célèbre collège gouvernemental à Zaria, où il obtint son certificat d’études en 1957.

    EN 1977 : MARIEN NGOUABI, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO-BRAZZAVILLE

    Marien Ngouabi est un officier et homme d’État congolais, né le 31 décembre 1938 à Ombele, mort assassiné le 18 mars 1977 à Brazzaville. Il a été président de la République du Congo (puis de la République populaire du Congo) du 31 décembre 1968 à sa mort.

    EN 1977 : TEFERI BANTE, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D’ETHIOPIE

    Teferi Bante (né en octobre 1921 et mort le 3 février 1977) est un homme d’État éthiopien. Du 28 novembre 1974 au 3 février 1977, il est le président du Derg, junte militaire au pouvoir après le renversement de l’empereur Hailé Sélassié.

    EN 1981 : ANOUAR EL-SADATE, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D’EGYPTE

    Anouar el-Sadate est né le 25 décembre 1918 à Mit Aboul Koum, Al-Minufuyah, en Egypte, dans une famille pauvre de 12 enfants. Il est diplômé de Académie Royale du Caire en 1938. Il succède Gamal Afbel Nasser à sa mort en 1969, El Sadate est élu Président et souhaite prouver la légitimité des nations arabes en entamant la Guerre de Kippour en 1973 afin de récupérer la Syrie perdue pendant la Guerre des 6 Jours. L’attaque inattendue du côté israélien mène à la victoire les Égyptiens. En 1977, lors d’un cessez-le-feu, El Sadate part pour Israël, et devient ainsi le premier homme politique arabe à y être reçu. Le monde arabe, qui le considère comme un traître, est offensé. En 1978, il signe avec le premier Ministre Menahem Begin l’Accord de David, qui leur vaut respectivement le Prix Nobel de la Paix. Suite à une période de violentes répressions des opposants, El Sadate est assassiné par le Jihad islamique le 6 octobre 1981, lors d’une parade militaire au Caire.

    EN 1981 : WILLIAM-RICHARD TOLBERT, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE LIBERIA

    William Richard Tolbert, Jr. (13 mai 1913 – 12 avril 1980) était un homme politique libérien, président de la République du Libéria de 1971 à sa mort en 1980. Pasteur baptiste, il a été président de l’Alliance baptiste mondiale de 1965 à 1970. Il fut aussi président de l’OUA entre 1979 et 1980.

    Au matin du 12 avril 1980, un groupe de soldats se rend à la résidence du président pour réclamer le paiement de leurs soldes. À leur tête, le sergent-chef Samuel Doe. Trouvant la maison sans garde et le président encore au lit, ils prennent le parti de massacrer Tolbert, qui est immédiatement éventré dans sa chambre et défenestré. Le sergent Doe devient ainsi le 21e président de la République du Libéria.

    EN 1987 : THOMAS SANKARA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE BURKINA-FASO

    Thomas Sankara, né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta et mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina Faso, est un homme d’État anti-impérialiste, révolutionnaire, socialiste, panafricaniste et tiers-mondiste voltaïque, puis burkinabè , chef de l’État de la République de la Haute-Volta rebaptisée Burkina Faso, de 1983 à 1987. Il prend le pouvoir le 4 août 1983 et devient président du Conseil national de la révolution, toujours épaulé par son ami Blaise Compaoré. Il fonde, un an plus tard, la République du Burkina Faso (qui signifie « le pays des hommes intègres »). Thomas Sankara met en place une véritable révolution, il veut sortir le pays de la pauvreté et lui donner son indépendance. Il donne du pouvoir aux jeunes, des mesures sont prises en faveur des femmes (lutte contre l’excision, par exemple) et il encourage l’alphabétisation des adultes tout en luttant contre la corruption. Le radicalisme de son régime inquiète cependant certains pays. Il est assassiné le 15 octobre 1987, mitraillé par un commando.

    EN 1989 : AHMED ABDALLAH, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DES COMORES

    Ahmed Abdallah Abdéremane ,né le 12 juin 1919, mort le 26 novembre 1989, est un homme d’affaires et homme politique comorien, longtemps membre du parlement français (Sénat) ensuite chef de l’État comorien

    EN 1990: SAMUEL-KANYON DOE, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE LIBERIA

    Homme d’État libérien, né le 6 mai 1951 à Tuzon (Liberia). Il monte en grade et devient sergent-chef en 1979. Comme d’autres Libériens autochtones, appelés Natives, Samuel K. Doe éprouve de la rancœur envers les Américano-Libériens, descendants des esclaves noirs d’Amérique affranchis qui fondèrent la colonie du Liberia en 1822. Après ce coup d’État, Samuel Doe, promu général, établit le Conseil de rédemption du peuple (C.R.P.), composé de lui-même et de 14 officiers, pour diriger le pays. Doe suspend la Constitution jusqu’en 1984, date à laquelle une autre est approuvée par référendum. En 1985, il remporte une élection présidentielle que certains observateurs dénoncent comme frauduleuse. Il est confronté à une opposition dans le pays et à l’étranger, où son régime est souvent critiqué pour sa corruption et sa brutalité. En juillet 1990, les forces rebelles menées par Charles Taylor ont atteint la capitale, Monrovia, mais Doe refuse de céder le pouvoir. Il sera capturé et assassiné quelques mois plus tard au cours de la guerre civile le 10 septembre 1990.</p>

    Recueilli par Iss Heridiny

    Tags : Afrique, françafrique, coup d’Etat, présidents africains assassinés,

    Source

  • Edem Kodjo : La race des seigneurs



    Fidèles à leur nature de charognards, les marocains, avec des torchons d’articles relayés par leurs sites, ont insulté l’âme d’Edem Kodjo, la personnalité à qui toutes les grandes grandes figures africaines ont salué en tant qu’illustre homme d’Etat panafricaniste engagé et penseur émérite.

    Edem Kodjo, ancien Premier Ministre du Togo et ancien Secrétaire Général de l’OUA, en sa qualité de Membre du Panel des Sages, a toujours mis son talent et son temps au service de la paix et de la médiation. Sa mort est une véritable perte pour le continent.

    Ses talents, sa gentillesse, générosité et lucidité ont été soulevés dans un article écrit par Célestin Monga, lorsque Edem Kodjo est intervenu auprès des autorités camerounaises pour le sortir de prison. Voici un extrait de ce texte datant de 1987.

    Edem Kodjo : La race des seigneurs

    Par Célestin Monga*

    Si la politique internationale était simplement une question d’intelligence, de brio, de compétence, de doigté et de talent, le Togolais Edem Kodjo, aurait été à peu près imbattable. L’ancien secrétaire général général de l’Organisation de l’Unité Africaine possède et maîtrise les dons intellectuels les plus éclatants du personnel diplomatique africain.

    Il a une prodigieuse mémoire des dates et des chiffres, une grande connaissance des dossiers et une précision dans l’expression qui…inquiètent ses interlocuteurs.

    Soutenir le regard de ses yeux vifs et transparents ôte toute envie de dire des bêtises. On comprend donc pourquoi il intimidait certains chefs d’État. Ceux qui ne l’aimaient pas et ceux qui le haïssaient cordialement reconnaissaient son envergure, sa forte personnalité.

    Souverain-né, susceptible et hauutain, romantique et redoutable, policé et élégant (il est toujours habillé en costume d’alpaga 100 % mohair ou en flanelle extra-fine, avec le manteau en cachemire), ironique et charmeur, il a l’air pour recueillir les honneurs. Il a été instruit dans ce but, il a toujours voulu être un grand homme et y est parvenu (presque) aisément. Enarque, il a été successivement administrateur, ministre et banquier avant d’être patron de l’organisation panafricaine, puis, professeur associé d’économie du développement à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il n’a que 49 ans, mais donne l’impression d’avoir le passé, le présent et même l’avenir derrière lui.

    Particulièrement affecté par les réactions -souvent empreintes de mauvais foi- qu’avaient suscité sur le continent africain sa décision d’admettre la République Arabe Sahrouie Démocratique à l’OUA en février 1982, il s’est découragé pendant quelques mois, avant de s’amuser de sa victoire posthume : l’organisation a entériné cette décision deux années après

    Après ses études, Célestin Monga travaille dans le secteur bancaire au Cameroun. Il est révélé au grand public par une lettre ouverte adressée aux autorités publiques, laquelle lettre lui vaut d’ailleurs des démêlés judiciaires  en 1990.

    *Senior Economist au Département Europe et Asie Centrale de la Banque mondiale, conseiller du premier vice-président de la Banque mondiale à Washington, directeur général adjoint de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel  et vice-président à La Banque africaine de développement.

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