Catégorie : Algérie

  • Algérie : La gestion démocratique des…fourbes

    En vrac par Madjid Khelassi

    Corona ou pas corona…Le passage devant la justice des ex-membres du système Boutef ne connaît ni pause ni ajournement. Et depuis quelques jours, c’est une grosse pointure de l’ancien régime qui défraie la chronique.

    Abdelghani Hamel, ex-premier flic du pays, ou plus prosaïquement Directeur général de la sûreté nationale- DGSN, comme on dit dans les commissariats.

    Il est poursuivi avec l’ensemble de sa famille dans plusieurs affaires dont entre autres, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, trafic d’influence, abus de fonction, obtention de foncier par des moyens illégaux.

    Ce n’est pas un procès mais une saga judiciaire digne d’un époustouflant thriller. Cela pourrait s’intituler : gestion démocratique des fourbes…tant les protagonistes de cette affaire se sont alignés comme des oignons pour « rendre service » à Si El Hamel et sa famille.

    Terrains agricoles et assiettes touristiques en milliers d’hectares, appartements, villas, locaux commerciaux, ports secs.

    Walis serviles, chefs de sûreté de wilaya religieusement obéissants, ministres indignes, directeurs des domaines marrons, banquiers-entremetteurs peu regardant sur le fric du peuple.

    Des entreprises labyrinthiques, des comptes bancaires à foison, milliards sur milliards à donner le tournis au plus matheux des juges.

    Un des rejetons qui gagne 130 milliards en 3 ans, la fille qui s’égare jusqu’à ignorer où commencent et où finissent ses affaires, la mère perdue dans ce magma de monstruosités. L’inventaire ne rechignerait Prévert himself !

    L’affaire El Hamel ou la face trompeuse des mondes gigognes de l’exercice du pouvoir, qui mêlent mission de service public et rapine. Éthique et malversations, abus de fonction et enrichissement sans gène.

    L’affaire El Hamel, qui loin d’être sans pareille est la chronique d’un pillage programmé.

    Les poursuivis dans cette affaire nient en bloc, affirment que les Hamel ont obtenu ces avantages comme le reste des citoyens !!! Argent et bakchich, prévarication et fourberie…gigantesques entrelacs du crime en col blanc. Et galerie de personnages qui ne sont pas moins que les enfants dégénérés d’un système qui ne l’est pas moins.

    Zoukh a donné instruction pour ne pas inquiéter Chahinez Hamel, dit l’un des prévenus…La consanguinité du poste et des méfaits fut un mariage programmé dans la gestion démocratique des…fourbes.

    La Nation, 16 mars 2020

    Tags : Algérie, justice, corruption, Hamel, tribunal,

  • Le pétrole à moins de 30 dollars : Vive la crise si on se réveille enfin !

    «Albahrou ouara akoum oua al ‘adou amamakoum» (Paroles attribuées à Tarek Ibn Zyad lors de son arrivée en Espagne en 711)

    Ça y est! Ce que l’on craignait est arrivé, les prix du pétrole ont plongé à moins de 30 dollars (29,09 $ le baril le 15 janvier 2016 pour le Brent et 2,13 le million de BTU pour le gaz naturel coté au Nymex). Une nouvelle baisse des prix «ne peut être exclue», a déclaré Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank à Reuters Forum Global Oil. Il a averti que 25 $ le baril «est tout à fait possible, mais pas beaucoup plus bas que cela». La production américaine s’établissait à 9,227 millions de barils avec une quantité de raffinage de 16, 423 millions de barils/jour au 8/01/2016. (1)

    La différence étant importée ce qui amène interrogation: d’un côté, le Congrès autorise les Etats-Unis à exporter, de l’autre, ce pays importe 7,196 millions de baril/jour! La seule certitude est que les stocks de sécurité sont pleins à 482 millions de barils soit 60 jours d’importation et plus de 100 millions de barils/jour par rapport à la même période de 2015. Cela veut dire que la recommandation de l’AIE aux pays de l’Ocde leur permet indirectement de manipuler les prix et absorber des chocs en déstockant. Adam Smith et sa main invisible sont une vue de l’esprit à moins d’admettre qu’Adam Smith nous a bernés et qu’en fait il est manchot.

    Un chaos mondial

    Par ailleurs, les Bourses ne sont pas épargnées, il y a une sorte de sauve-qui-peut. «Depuis le début du mois en effet, lit-on dans un éditorial du journal Le Monde, les Bourses de Chine ont chuté de 20%, tandis que, à New York, Wall Street a reculé de plus de 8%. Cette baisse brutale est le reflet d’une triple crise – chinoise, pétrolière, américaine -, qui menace l’économie mondiale.(…) Le système[chinois] ne s’effondre pas, mais la deuxième économie du monde connaît des soubresauts dangereux pour ses partenaires. A commencer par la baisse du yuan. Pour l’instant, Pékin se bat contre les marchés pour freiner la dévaluation de sa devise – ses réserves monétaires ont fondu de plus de 100 milliards de dollars en décembre -, mais combien de temps sera-t-il possible de résister à la spéculation?» (2)

    Le baril de brut est passé sous les 30 dollars, en recul de plus de 15% depuis le début de l’année. Au plus bas depuis douze ans, il entraîne avec lui l’ensemble des matières premières. Pour mémoire, l’or noir s’échangeait encore à 115 dollars il y a dix-huit mois. N’en déplaise aux automobilistes, ce prix est beaucoup trop bas. Jusqu’à 70 dollars, un pétrole bon marché est favorable à la croissance mondiale. En deçà, il a des effets récessifs: les pays producteurs sont obligés de réduire leurs importations et leurs investissements, ils se trouvent exposés à de graves risques politiques et sociaux, tandis que les compagnies pétrolières sabrent dans les investissements. Ce double choc se répercute sur les Etats-Unis. Les entreprises sont chahutées en Bourse. Contre-choc pétrolier oblige, le secteur de l’énergie est en chute libre, et les faillites qui se multiplient affectent, par ricochet, les valeurs bancaires (…) Mais l’activité de l’industrie s’est contractée ces derniers mois, pour retomber à son plus bas niveau depuis 2009, et la consommation marque des signes d’essoufflement. Bref, l’Amérique freine dangereusement, alors que la Réserve fédérale vient tout juste de remonter ses taux d’intérêt après des années d’argent facile.»(2)

    Comment les prix du pétrole pourraient augmenter?

    Les rentiers de l’Opep ne savent pas que la perte occasionnée par un dumping qui met les prix au plancher est de loin plus importante qu’une réduction de quota. Un petit calcul montre qu’une réduction de 10% de la production de l’Opep soit 3,1 millions de barils à répartir d’une façon équilibrée en réduisant la part de l’Arabie saoudite qui a pris les quotas de l’Iran du fait des sanctions et de l’Irak, permettrait de faire remonter les prix jusqu’à 60, voire 70 $. Les pays industrialisés, notamment pétroliers, américains ne verraient pas cela d’un mauvais œil. Pour l’Algérie passer de 1 million de barils/j à 30 dollars, voire moins à 800.000 barils /jour à 60 dollars le gain est évident. Mais qui va faire entendre raison aux rentiers du Golfe? Seule alors une injonction américaine leur fera entendre raison. Cela ne se fera pas car les Américains ont pour objectif de terrasser économiquement la Russie. Les producteurs américains ont des moyens de rebondir le moment venu.

    L’équation iranienne

    Nous savons que l’Opep est à la fois clouée au sol par les problèmes de parts de marché imposées par les Saoudiens, mais aussi par la rivalité entre ces deux pays. Alors que le conflit entre l’Iran et l’Arabie saoudite continue, un renforcement des liens entre les acteurs improbables pourrait être en cours.Israël et l’Arabie saoudite ont trouvé un terrain d’entente dans leurs efforts pour combattre l’influence iranienne dans la région, selon le Wall Street Journal. Alors que ces deux pays n’ont pas de relations diplomatiques formelles.

    Les sanctions internationales contre l’Iran ont été levées. Selon l’Aiea Téhéran a respecté ses engagements. C’est un bon jour pour le peuple iranien puisque les sanctions vont être levées», a déclaré Mohammad Javad Zarif, cité par l’agence de presse Isna. Téhéran va revenir en force sur le marché pétrolier. «Elle va cibler l’Inde, et envisage d’augmenter les exportations de 500.000 barils par jour (bpj). L’Iran dispose de 22 très grands transporteurs de brut (Tgtb) flottant au large de ses côtes, avec 13 entièrement ou presque entièrement.» (3)

    Les énergies propres: Embellie durable

    Dans toutes ces incertitudes, le développement des énergies renouvelables ne connaît pas de ralentissement, au contraire! 2015 a été une bonne année pour l’installation de capacité d’énergie renouvelable, avec 64GW pour l’éolien et 57GW pour l’énergie solaire photovoltaïque soit une augmentation de près de 30% par rapport à 2014. Les investissements dans l’énergie propre ont bondi en Chine, en Afrique, aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Inde en 2015. Les investissements ont atteint 328.9milliards de $, en hausse de 4% par rapport à 2 014. Parmi les pays émergents citons le Mexique (4,2 milliards $, en hausse de 114%), le Chili (3,5 milliards $, en hausse de 157%), l’Afrique du Sud (4,5 milliards $, en hausse de 329%) et le Maroc (2 milliards $, partant de zéro en 2014). Ceci est dû à la baisse du coût de l’énergie solaire photovoltaïque, ce qui signifie que plus de capacité pourrait être installée pour le même prix. Au cours des 18 mois à la fin de 2015, le prix du Brent a plongé de 67% à partir de 112,36 $ à 37,28 $ le baril. Le gaz naturel aux États-Unis a chuté de 48% sur l’indice Henry Hub de 4,42 $ à 2,31 $ par million de British Thermal Units.» (4)

    « Michael Liebreich, président du conseil consultatif à Bloomberg New Energy Finance, a déclaré: «Ces chiffres sont une riposte magnifique à tous ceux qui attendaient l’investissement de l’énergie propre à caler sur la chute des prix du pétrole et du gaz. «Le vent et l’énergie solaire sont actuellement adoptées dans de nombreux pays en développement comme une partie naturelle et importante du mix de production: le plus grand financement dans l’éolien terrestre était pour 1.6GW Nafin Mexique, $ 2,2 milliards environ. Le solaire thermique ou CSP développé par NOORo au Maroc, à 350 MW de 1,8 milliard $.»(4)

    «La Chine a de nouveau été de loin le plus grand investisseur dans les énergies propres en 2015, augmentant sa domination de 17% à 110.5 milliards $. Les États-Unis ont investi 56 milliards $, en hausse de 8% sur l’année précédente L’Europe vit de nouveau la baisse des investissements en 2015, à 58.5 milliards $, en baisse de 18% sur 2014 et son chiffre le plus faible depuis 2006. Le Royaume-Uni est de loin le marché le plus fort, avec des investissements en hausse de 24% à 23.4 milliards de $. L’Allemagne a investi 10,6 milliards $, la France a connu encore une plus grande chute de l’investissement, de 53% à 2,9 milliards $. L’Afrique et le Moyen-Orient sont deux régions avec un grand potentiel pour l’énergie propre, compte tenu de leurs populations croissantes, ressources solaires et éoliennes abondantes. En 2015, ces régions combinées ont vu l’investissement de 13,4 milliards $, en hausse de 54% sur l’année précédente.» (4)

    Qu’en est-il du gaz de schiste?

    Plombée par des prix du pétrole bas, l’industrie des gaz de schiste a mangé son pain blanc. Il semble que de graves problèmes commencent à être visibles, à la gabegie d’eau douce utilisée, aux centaines de produits chimiques ajoutés, au non-traitement correct des eaux récupérées avec toutes les conséquences en termes de nuisances et de détérioration de la santé, il faut ajouter un phénomène dangereux celui des tremblements de terre. Une publication récente montre le sort peu enviable des habitants de l’Oklahoma: «Pour les habitants de l’Oklahoma, c’est presque devenu une routine. La terre tremble régulièrement. Le 6 janvier, deux séismes d’une magnitude de 4,7 et 4,8 ont secoué la région septentrionale de cet Etat du centre des Etats-Unis. En 2015, l’Oklahoma a recensé plus de 900 tremblements de terre d’une magnitude proche de 3, soit deux et demi par jour. Pour 2016, les prédictions ne sont pas meilleures ».(5)

    « Selon le National Earthquake Information Center de Golden, dans le Colorado, la barre des mille séismes devrait être franchie. La région centrale du pays n’avait enregistré que 21 séismes de magnitude 3 et plus entre 1973 et 2008. L’Oklahoma n’est pas le seul Etat touché par des séismes induits par l’activité pétrolière et gazière. La Californie, le Dakota du Nord ainsi que le Texas connaissent le même type de phénomène. Dans certaines régions du Texas, des pétitions demandant l’arrêt du ‘fracking » ont été signées.» (5)

    Outre ces anomalies, les gens ont du méthane et autres produits toxiques dans leurs eaux. Ils ont même mis en place des systèmes de ravitaillement en eau potable parce qu’ils développaient des maladies à force de consommer celle du robinet.

    Que devons-nous faire dans le pays?

    70% de la consommation énergétique nationale sont consacrés aux ménages, au transport et autres consommations sans production de valeur ajoutée, et seulement 30% dans l’industrie, cette tendance va dangereusement perdurer à moins d’une politique énergétique destinée à la réduire, à diversifier sa nature. Cela ne peut pas se faire sans une vision d’ensemble et la transition énergétique n’est pas de la responsabilité unique du ministère de l’Energie, mais de tous les autres secteurs. Nous devons aller vers le développement durable en mettant à profit d’une façon rationnelle les ressources de la rente pétrolière et gazière pour mettre en oeuvre la transition énergétique du pays.

    Cette transition énergétique, qui nécessite l’adhésion de la société entière pour sa réussite, doit aussi se traduire par une sobriété énergétique et une utilisation pondérée des énergies fossiles». L’objectif étant de sortir définitivement de la rente d’une façon intelligente et, en même temps, laisser un viatique aux générations futures. En un mot, l’économie algérienne ne doit pas lier son avenir aux convulsions erratiques d’un baril de pétrole. Pour les experts, la réalisation de cette transition énergétique, une sorte de «plan Marshall», est nécessaire, englobant un modèle de consommation allant jusqu’à 2050.

    Ce «plan Marshall» doit également revoir la question du soutien aux prix de l’énergie, qui est anormal car profitant aussi aux classes aisées. Les économies d’énergie, qui vont mettre fin à une consommation débridée, ne peuvent être opérationnelles que si un juste prix est pratiqué, Savons-nous que le prix du gaz naturel est facturé en Algérie 20 fois moins cher que son prix à l’international et que celui du gasoil est facturé 5 fois moins cher que dans les pays voisins?

    La transition énergétique vers le Développement humain durable (il faut s’efforcer de ne laisser personne sur le bord de la route) que nous appelons de nos voeux doit aussi tenir compte de plusieurs paramètres, un large recours aux énergies renouvelables, la protection de l’environnement et surtout la rationalité dans la consommation. Il faut savoir en effet, que notre plus grand gisement d’énergie est celui des économies d’énergies évalué entre 10 et 20%. Cela veut dire que près de 5 à 10 millions de tonnes pourraient être épargnées et laissées aux générations futures.

    Le solaire et l’éolien sont largement rentables dans tous les pays sauf, curieusement dit-on en Algérie! Pourquoi? Est-ce que la main-d’oeuvre est chère? Alors qu’elle est au moins trois fois moins chère! Est-ce que parce que le gisement solaire n’est pas assez incitatif, alors que l’on sait qu’il est presque trois fois plus important que celui de l’Allemagne en intensité et dix fois en surface! Est-ce que parce que nous n’avons pas de matière première (le silicium, alors qu’on nous annonce la découverte d’ un gisement de 6 millions de tonnes). Est-ce que parce que nous n’avons pas les compétences? Nous produisons bon an mal an 150 000 diplômés! Que font-ils sinon verser dans l’informel! Est-ce qu’il n’y a pas d’entreprises qui s’y sont lancées dans le solaire malgré toutes les entraves bureaucratiques? non, rien de tout cela!

    La raison est que les pouvoirs publics sans vision d’ensemble qui toucherait tout les départements ministériels,- c’est cela la transition énergétique vers le Développement humain durable que nous appelons de nos voeux – veulent tout faire et ne laissent pas l’initiative aux entreprises privées de se lancer moyennant des dispositifs d’accompagnement dans la production de panneaux solaires et de participation à cette stratégie d’ensemble dans le cadre d’une transition énergétique à expliquer aux citoyens et faire en sorte que chacun prenne sa part de responsabilité.

    Une utopie mobilisatrice serait de décider dans les faits, pas dans le verbe, du développement du Sahara (un véritable Snat); Création de villes nouvelles adossées à des périmètres développés pour l’agroalimentaire avec la disponibilité d’eau d’électricité renouvelables. Si seulement 10% des 300.000 logements étaient dédiées aux villes nouvelles, ce sera une sorte de conquête intelligente du Sud. Plus globalement s’il est demandé aux citoyens de rationaliser leurs dépenses, notamment d’énergie, d’eau, alimentaires, ils le feront quand ils auront acquis la certitude qu’il y a une stratégie d’ensemble qui touche les faibles comme les puissants à des degrés divers.

    Le citoyen lambda est prêt à faire des sacrifices si le fardeau de ces mesures d’ajustement est réparti d’une façon appropriée. A commencer par le train de vie de l’Etat qui peut et qui doit être réduit d’au moins 20%. Une mesure spectaculaire serait par exemple que la flotte de véhicules de l’administration se mette au sirghaz, que les véhicules importés possèdent la double carburation (avec le sirghaz) et que les dépenses de prestige sans valeurs ajoutées soient supprimées. Vive la crise si elle nous permet de nous réveiller ! Ce plan Marshall est encore finançable. «Albahrou ouara akoum oua al adou amamakoum» se serait exclamé Tarik Ibn Zyad lors de son arrivée en Espagne en 711. Mutatis Mutandis nous sommes dans la même situation. Le moment est venu de donner une utopie mobilisatrice à cette jeunesse en panne d’espérance.

    1. http://oilprice.com/newsletters/free/opintel15012016

    2. Le retour des tempêtes financières. Le Monde du 17 janvier 2016

    3. http://www.reuters.com/article/us-iran-oil-exports-idUSKCN0UT098

    4. http://about.bnef.com/press-releases/clean-energy-defies-fossil-fuel-price-crash-to-attract-record-329bn-global-investment-in-2015/

    5.Stéphane Bussard http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/01/15/dans-l-oklahoma-le-gaz-de-schiste-provoque-des-seismes-arepetition_4847904_3244.html#l51Fs3YAXOSKZbwO.99

    Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/233549-il-faut-un-plan-marshall-du-developpement-durable.html

    Professeur Chems Eddine Chitour

    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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    Tags : Algérie, pétrole, prix,

  • Algérie : Faut-il suspendre le Hirak ?

    Faut-il ou non suspendre le Hirak pour réduire le risque de contamination au coronavirus ? Loin des vœux des tenants du pouvoir, le débat est officiellement lancé parmi les acteurs du mouvement populaire. Sur les réseaux sociaux, l’idée est déjà largement discutée.

    « Nous devons prendre au sérieux la menace », «c’est une situation d’urgence sanitaire », « suspendre les marches est aussi un geste révolutionnaire »… tels sont, entre autres les arguments avancés par les partisans d’une « halte sanitaire ». Il semblerait que la propagation rapide du virus et l’enregistrement de plus d’une vingtaine de cas confirmés de personnes atteintes de cette maladie (48 cas et 4 décès), a fini par donner à réfléchir à de nombreux hirakistes.

    Et des voix commencent à s’élever pour appeler les citoyens à la raison. Conscients de la gravité de la situation et sans tomber dans le même alarmisme, des personnalités connues pour leur adhésion totale aux revendications du mouvement populaire s’expriment en faveur de cette suggestion.

    Le vice-président de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Saïd Salhi, s’exprime dans ce sens. «L’appel à la suspension des manifestations peut être une initiative révolutionnaire. Au lieu de l’appel à remplir les rues, le Hirak peut demander de les vider et lancer une campagne nationale d’auto-organisation nationale et de sensibilisation pour faire face à la maladie », écrit-il sur sa page Facebook.

    « Je ne suis pas de ceux qui vont faire de la surenchère sur une question de santé publique et de sécurité nationale, la santé et la vie de nos concitoyens n’a pas de prix. Oui, il faut prendre au sérieux la menace du Corona. Mais encore une fois, la première responsabilité incombe au pouvoir qui se doit de mobiliser le pays, tout le pays dans la sérénité et la solidarité, mettre en place un plan national de prévention, de lutte contre le Corona, un plan qui ne concerne pas seulement le Hirak, mais tous les aspects de la vie de tous les jours, tous les espaces publics (marchés, transports, lieux de cultes, cafés, places publiques…) », ajoute-t-il.

    « La suspension temporaire s’impose » L’ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi enchaîne, pour sa part, dans le même sens. « L’Algérie connait une situation d’urgence sanitaire imposée par la dangerosité du coronavirus, la précarité de notre système de santé et le non suivi des mesures préventives nécessaires qu’on observe dans les autres pays », précise-t-il.

    De ce fait, dit-il, « la suspension temporaire des manifestations s’impose comme un devoir national pour préserver la santé publique, et ne constitue nullement une atteinte au droit du citoyen à se déplacer et à manifester pacifiquement pour porter ses revendications légitimes de justice et de liberté, dans des conditions sanitaires sûres ».

    Les appels, dans ce sens, se sont multipliés depuis samedi dernier. « Le Hirak veut une vie meilleure pour les Algériens. La vie meilleure impose aujourd’hui la suspension momentanée du Hirak et la prise de mesures de prévention pour préserver la vie des gens. Le pouvoir est aussi appelé à prendre des mesures préventives, à libérer les détenus du Hirak et à cesser de les harceler », estime pour sa part, le journaliste Hafid Darradji.

    Le célèbre chercheur algérien, Nourredine Melikchi appelle, lui aussi, à suspendre les marches. Certains internautes appellent aussi les manifestants à éviter « au Hirak une nouvelle accusation d’être à l’origine d’une catastrophe sanitaire ».

    Jusqu’à présent, le débat est contradictoire. Des internautes estiment que « les transports et les espaces publics ne sont pas fermés et ils accueillent des foules nombreuses ». « Pourquoi se focaliser uniquement sur le Hirak ? C’est une ruse », commentent des facebookers.

    Samir Rabah

    L’Est Républicain, 16 mars 2020

    Tags : Algérie, Hirak, coronavirus, contagion, manifestations,

  • Algérie : Sellal, Khelil, Bouterfa, Tamazirt, Temmar, Benmeradi bientôt devant les juges

    Sellal, Khelil, Bouterfa, Tamazirt, Temmar, Benmeradi bientôt devant les juges : Les scandales BRC, Sonatrach, SNC Lavalin et Batigec remontent à la surface

    Les dossiers de six nouvelles affaires de corruption impliquant notamment d’anciens ministres jouissant du privilège de juridiction, à l’instar de l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal et des anciens ministres de l’Energie et de la Poste et des télécommunications, respectivement Chakib Khelil et Imane-Houda Feraoun, ont été transmis aux conseillers instructeurs près la Cour suprême, a indiqué hier le Procureur général près ladite juridiction dans un communiqué.

    « Dans le cadre du traitement des affaires de corruption, des dossiers ayant fait l’objet d’ordonnances d’incompétence ratione personae ont été transmis par la Cour de justice d’Alger à la Cour suprême, car impliquant des personnes jouissant du privilège de juridiction. Les dossiers ont été transmis aux conseillers instructeurs », précise-t-on de même source.

    La première affaire concerne la société « SNC LAVALIN » dans laquelle Khelil Chakib Mohamed, ancien ministre de l’Energie et des mines, Bouterfa Noureddine, PDG de la Sonelgaz, un ancien ministre et d’autres co-accusés » poursuivis pour « acceptation, de façon directe ou indirecte, d’indus avantages et leur octroi à autrui pour services rendus lors de l’exercice de leurs fonctions » et « octroi volontaire à autrui de privilèges injustifiés lors de la conclusion de contrats, d’accords, de marchés et d’avenants, contraires aux dispositions législatives et règlementaires, à l’occasion de la préparation et de l’entame de négociations pour la conclusion et l’exécution de marchés publics et de contrats au nom de l’Etat et des institutions publiques économiques ».

    Plusieurs charges ont été retenues à l’encontre des accusés, dont « dilapidation de deniers publics, exploitation de l’influence effective et supposée dans le but de bénéficier d’indus privilèges, abus de fonction volontaire pour l’obtention d’indus avantage, perception directe ou indirecte de bénéfices des contrats, des appels d’offres et de marchés conclus par la société qu’il gère ou dirige ». Il s’agit aussi de charges de « blanchiment de fonds et de revenus criminels issus de la corruption » et « transfert de biens et de fonds issus de revenus criminels dans le but d’en dissimuler l’origine illicite, et acquisition et possession de biens et de fonds issus de revenus criminels ».

    La deuxième affaire concerne la société « Batigec » dans laquelle « Temmar Hamid, ancien ministre des Participations et de la promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, directeur général du Domaine national et d’autres co-accusés », sont poursuivis pour « conclusion de contrats contraires aux dispositions législatives et règlementaires en vigueur en vue d’accorder d’indus avantages à autrui, dilapidation de derniers publics et leur utilisation illicite à son profit ou au profit d’autrui ou d’une autre entité, exonération ou abattement illégal d’impôts et taxes , abus de fonction et négligence manifeste entrainant la perte de deniers publics ».

    Impliquant « Khelil Chakib Mohamed, ancien ministre de l’Energie et des mines et d’autres co-accusés », la troisième affaire concerne la société « Brown and Root Condor (BRC) », a indiqué la même source, précisant que les charges retenues contre les accusés sont « la conclusion de contrats contraires aux dispositions législatives et réglementaires, détournement, dilapidation et usage illégal de deniers publics et bénéfice du pouvoir et de l’influence des agents d’instances pour augmenter les prix, outre le bénéfice injustifié d’exonérations et d’abattements dans les taxes et impôts ».

    La quatrième affaire concerne le complexe de Corso, dans laquelle sont accusés « Tamazirt Djamila épouse Ikhtache ancienne ministre de l’Industrie et des Mines et d’autres co-accusés », pour « abus de pouvoir volontaire à l’effet d’accorder d’indus privilèges en violation des lois et réglementations, octroi d’avantages indus lors de la passation de marchés publics, dilapidation volontaire et détournement de deniers publics dans le cadre de l’exercice des fonctions, trafic d’influence, conflit d’intérêts, fausse déclaration des biens, blanchiment d’argent et de revenus criminels issus de la corruption ».

    La cinquième affaire concerne le dossier de Metidji Hocine Mansour, et dans laquelle sont accusés  » Sellal Abdelmalek, ancien Premier ministre, Rahiel Mustapha Karim, ancien ministre directeur du cabinet du Premier ministre et d’autres co-accusés », pour « octroi d’indus avantage à autrui, dilapidation de deniers publics, abus de fonction, trafic d’influence et participation au financement occulte de la campagne électorale ».

    La sixième et dernière affaire est liée à Algérie Télécom (AT), dans laquelle sont accusés, Faraoun Houda-Imane, ex-ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, et d’autres co-accusés pour  » infractions aux dispositions législatives et réglementaires, par l’octroi d’indus avantages à autrui lors de la passation de marchés publics, dilapidation de deniers publics et abus de fonction ».

    K.B.

    Source

    Tags : Algérie, Sellal, Khélil, Faraoun Houda-Imane, Tamazirt, Temmar, Benmeradi,

  • Sommes perçues indûment par ses deux journaux : l’ANEP enfonce Rabah Madjer et va déposer plainte

    L’ancienne gloire de l’équipe nationale de football, Rabah Madjer, vient d’être pris en flagrant délit d’hors jeu dans une affaire d’octroi illégal de publicité par l’ANEP à ses deux défunts journaux El Balagh et El Balagh Erriadhi édités par la SARL Bahia Presse à Oran.

    En effet, un article publié dimanche par notre confrère Le Soir d’Algérie révélé que la famille de l’ex-entraîneur national Rabah Madjer avait deux journaux : El Balagh et El Balagh Erriadhi et que ces deux publications continuaient de recevoir l’argent de la publicité de l’ANEP même après la cessation de parution de ces deux titres.

    L’enquête a montré selon le Soir, que l’ANEP a versé un montant d’environ 8 000 000,00 DA aux journaux de la famille Madjer.

    L’agence publique de publicité a confirmé aujourd’hui lundi ces versements indus via un communiqué en annonçant par ailleurs le dépôt d’une plainte auprès du tribunal compétent.

    On y apprend ainsi que le 2 février 2020, il avait été constaté que la Sarl Bahia Presse, conventionnée avec l’ANEP-URP Oran en date du 09/08/2016 pour ses deux journaux paraissant à l’Ouest du pays, avait procédé à la dissolution de son entreprise le 3/11/2019 sans aviser le contractant (ANEP-EPE/SPA) ».

    Suite à quoi la Direction générale dit avoir «suspendu sur-le-champ toute attribution d’encarts publicitaires auxdits journaux tout en informant la tutelle et les services concernés de cette situation illégale».

    L’ANEP relève que de «novembre 2019 à janvier 2020, durée où la SARL Bahia Presse était dissoute, le montant des insertions publicitaires pour ces deux supports s’élève comme suit:

    – « El Balagh »:

    Facture numéro 11 du 30/11/2019 : 1.345.295,00 DA/ TTC

    Facture numéro 12 du 31/12/2019 : 1.599.360,00 DA/TTC

    Facture numéro 01 du 31/01/2020 : 1.299.480,00 DA/TTC

    – « El Balagh Erriadhi »:

    Facture numéro 11 du 30/11/2019 : 1.245.335,00 DA/TTC

    Facture numéro 12 du 31/12/2019 : 1.416.100,00 DA/TTC

    Facture numéro 01 du 31/01/2020 : 1.299.480,00 DA/TTC

    Aussi, les factures d’octobre 2019 (« El Balagh », facture numéro 10 du 31/10/2019 : 1.516.060,00 DA/TTC et

    – « El Balagh Erriadhi », facture numéro 10 du 31/10/2019: 1.607.690,00 DA/TTC) de ladite Sarl ont été suspendues au vu d’un éventuel préjudice engendré avec les clients et ce, jusqu’à ce que la justice rende son verdict ».

    Par ailleurs, la Direction générale de l’ANEP affirme «qu’aucun paiement depuis octobre 2019 (soit la somme de 11 328 800,00 DA) n’a été effectué à ladite Sarl dissoute malgré moult réclamations de sa part », ajoutant que «les factures susmentionnées ont été bloquées».

    Autrement dit, l’agence ANEP confirme qu’elle à bel et bien versé environs 8.000.000.00 de dinars dans les comptes des deux journaux de Rabah Madjer et sa famille. Et au-delà de cette grave infraction dont se sont rendus coupables les gérants de la SARL Bahia Presse, il y a lieu de s’interroger sur l’incroyable passivité des responsables de l’ANEP qui n’ont pas jugé utile d’enquêter sur ces publications fantoches qu’elle arrosaient de publicité.

    Sans doute que cette affaire n’est que la face visible de l’iceberg. Pour Rabah Madjer, c’est un autre scabreuse affaire qui va ternir son image de marque après celle du fameux lot de terrain de prés de 3400 m2 dont il a bénéficié au niveau de la «Sablette» pour y construire un méga complexe «sportif et social» et qui sera sûrement remis au goût du jour.

    Algérie1, 17 mars 2020

    Tags : Algérie, Rabah Madjer, Sablette, ANEP,

  • Algérie / Procès Hamel : les révélations de l’ancien directeur des domaines de Tipaza

    Le procès de Abdelghani Hamel a repris ce samedi matin au tribunal de Sidi M’hamed. La journée a été consacrée à l’audition de Abdelghani Zaalane et Mohamed Boudiaf poursuivis en qualité d’anciens walis d’Oran dans cette affaire.

    L’ancien directeur des domaines de Tipaza a été lui aussi auditionné, mais contrairement aux deux anciens ministres qui ont nié tous les faits qui leurs sont reprochés, Ali Bouamriane a révélé à la Cour les «pressions terribles» qu’exercait à son encontre chef de sûreté de la wilaya de Tipaza pour aider «les enfants de Hamel à obtenir ce qu’ils voulaient».

    Ce dernier a également fait savoir que ces pressions étaient exercées pour que «les procédures d’octroie de deux terrains leurs soient accordés, mais j’ai refusé de signer les décisions car l’une de ces terres se trouvait dans une zone touristique et l’autre dans une zone agricole». Ali Bouamriane a également déclaré à la juge que des hommes d’affaires et d’anciens responsables de cette wilaya «multipliaient eux aussi les interventions pour l’obtention d’avantages».

    L’ancien ministre des travaux publics, Abdelghani Zaalane, a pour sa part reconnu avoir signé une décision d’octroie de deux terrains au profit de Chafik et Ameyar Hamel affirmant que leur «dossier était complet et légal». Mohamed Boudiaf, ancien ministre de la santé, a quand à lui nié avoir signé toute décision avantageant les enfants de Abdeghani Hamel.

    Tags : Algérie, Hamel, Zaalane,Chafik, Ameyar,

  • L’avenir de l’Algérie est entre les mains de ses enfants

    Coronavirus : La vague emportera tout sur son passage

    La sixième puissance de la planète est entrée en confinement total. Emmanuel Macron sera le premier président de la cinquième République à prendre des mesures de restriction des libertés individuelles et collectives.

    Après, l’Italie et très bientôt l’Espagne, la France entre dans une zone inconnue où la démocratie n’aura certainement pas droit de cité. Cette réaction, que les observateurs ne qualifient pas de disproportionnée, vient confirmer l’urgence de la situation que traverse la planète.

    C’est en effet, sans précédent dans l’histoire de l’humanité qu’une pandémie mondiale qui provoque le confinement de pays entiers et la mise en berne de tous les principes démocratiques, n’était envisagée que dans les films d’anticipation. Personne n’imaginait un seul instant que la communauté internationale puisse en arriver à cet extrême. Il faut dire, au passage, que la pandémie est loin de connaître un reflux.

    D’autres pays de même importance, voire plus puissantes que la France en arriveront à prendre des décisions radicales dans l’espoir de contenir la progression du virus. Ce dernier qui met à mal tous les systèmes de santé des pays où il s’est déclaré, est en passe de provoquer un effondrement économique mondial.

    C’est dire qu’en cas d’échec, des mesures « anti-démocratiques » prises par l’Italie et la France, ainsi que d’autres pays dans un futur proche, c’est la grande question de la subsistance qui sera durement posée. Cela amènera les Etats à prendre des mesures plus dures et étalées dans le temps.

    Les sociétés mis sous des conditions aussi difficiles sauront-elles garder leur patience ? Ne verrons-nous pas des situations de passe droits, de signes de graves injustices, de favoritisme au profit de classe sociale ? En d’autres termes, l’humanité ne risque-t-elle pas de faire un saut dans le passé et connaître une régression historique ? Toutes ces questions que des scénaristes avaient imaginées ont toutes les chances de se produire en ce 21e siècle.

    Et l’Algérie dans tout cela, diriez-vous. Elle n’échappera pas à la vague qui est en passe de balayer tout sur son passage. Mais il reste une chance inouïe pour le pays d’éviter le cataclysme. Si chaque citoyen prend sur lui de réduire ses déplacements et veille à sa santé et à celle de ses proches, la vague n’emportera pas la Nation. C’est dire que l’avenir de l’Algérie est entre les mains de ses enfants.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 16 mars 2020

    Tags : Algérie, France, coronavirus, pandémie, épidémie,

  • La révolution algérienne: la lutte pour la décolonisation continue

    L’Algérie traverse une phase révolutionnaire. Le soulèvement de masse qui a commencé en février 2019 se poursuit depuis plus d’un an et montre une incroyable résilience et soumoud (constance en arabe). Des centaines de milliers de personnes sont toujours dans les rues, se joignant à d’énormes manifestations hebdomadaires tous les mardis et vendredis (et récemment certains samedis et dimanches), exigeant un changement démocratique radical et la démilitarisation de la république.

    Le 22 février 2020, premier anniversaire de l’émergence du mouvement populaire sur la scène politique, des millions de personnes ont renouvelé leur croyance en la révolution et exprimé leur détermination à poursuivre la lutte en organisant des marches massives dans diverses parties du pays. En réaction à l’annonce par le président Tebboune actuel de marquer la date comme une journée nationale de «cohésion entre le peuple et l’armée», les manifestants ont scandé «Nous ne sommes pas venus pour célébrer; nous sommes venus vous expulser! « 

    Le peuple a réaffirmé sa demande d’un État civil dans un slogan puissant qui est devenu symbolique de l’objectif principal du soulèvement, en particulier depuis la mascarade électorale de décembre 2019: «Tebboune est un faux président. Il a été imposé par l’armée et n’a aucune légitimité… Le peuple a été libéré et ce sont eux qui décident… Un État civil maintenant! »

    RÉALISATIONS ET VICTOIRES

    Tout au long de l’année, le mouvement populaire (Al Hirak Ach’abi) a accompli beaucoup de choses. Le Hirak a forcé le Haut Commandement Militaire (MHC) à prendre ses distances avec le clan présidentiel et a effectivement destitué Bouteflika, président depuis 20 ans. Il a également avorté deux élections présidentielles: la première en avril, au cours de laquelle Bouteflika se présentait pour un cinquième mandat et la deuxième le 4 juillet, qui était considérée comme un front pour maintenir la primauté du MHC. Quoi que nous pensions de la campagne anti-corruption hautement médiatisée du régime – qui est en grande partie de la fumée et des miroirs et des règlements de comptes entre diverses factions – le fait que des oligarques de haut niveau et des individus autrefois puissants, y compris d’anciens premiers ministres, des chefs des services de sécurité et les frère du président déchu, sont en prison, est une grande réussite en soi. Cela ne serait pas arrivé sans les mobilisations populaires et les appels à la responsabilité et à la fin de la corruption: «Vous avez dévoré le pays… Oh vous les voleurs!», «Vous serez tous punis»…

    Malgré toutes les chances contre lui et les efforts de l’État pour diviser, coopter et épuiser le mouvement, il a maintenu une unité et une paix exemplaires. Cela a été démontré dans divers slogans tels que: « Les Algériens sont frères et sœurs, le peuple est uni, vous traîtres. » L’une des plus grandes réussites du soulèvement populaire est peut-être le changement de conscience politique et la détermination à lutter pour un changement démocratique radical. Les gens ont découvert leur volonté politique et se sont rendu compte qu’ils contrôlaient leur propre destin. Ce processus libérateur a déclenché une quantité inégalée d’énergie, de confiance, de créativité et de subversion.

    Après des décennies à restreindre la société civile, à faire taire les dissensions et à atomiser l’opposition, le fait que le mouvement continue de se renforcer après plus d’un an dans la rue, sans reculer ni s’affaiblir mais aller de l’avant, est vraiment remarquable et inspirant. Le Hirak a réussi à démêler les toiles de tromperie déployées par le MHC et sa machine de propagande. De plus, l’évolution de ses slogans, chants et formes de résistance est révélatrice de processus de politisation et d’éducation populaire. La réappropriation des espaces publics a créé une sorte d’agora où les gens discutent, débattent, échangent des points de vue, discutent de stratégie et de perspectives, se critiquent ou s’expriment simplement de nombreuses manières, y compris à travers l’art et la musique. Cela a ouvert de nouveaux horizons pour résister et construire ensemble. Ceux qui ont déclaré le Hirak mort ont obtenu leur réfutation. Le mouvement populaire est là pour rester et a indiqué sa détermination à forcer le système à céder: « Le peuple veut l’indépendance! », « C’est nous ou vous, nous jurons que nous ne nous arrêtons pas! »

    La production culturelle prend un autre sens car elle est associée à la libération et perçue comme une forme d’action politique et de solidarité. Loin des productions folkloriques et stériles sous le patronage suffocant de certaines élites autoritaires, nous voyons plutôt une culture qui parle aux gens et fait progresser leur résistance et leurs luttes à travers la poésie, la musique, le théâtre, les dessins animés et le street-art.

    Les femmes ont également joué – et jouent toujours – un rôle crucial dans le soulèvement, comme en témoigne leur forte présence dans les marches et les manifestations dans tout le pays, y compris dans les zones très conservatrices. Ils sont activement impliqués dans le mouvement des étudiants qui a réussi à maintenir ses marches du mardi depuis plus d’un an maintenant. Certains d’entre eux ont subi la répression et même la prison, mais ils continuent de montrer leur dévouement sans faille à la lutte. Certaines organisations féministes font de leur mieux pour placer la libération des femmes au centre de cette révolution démocratique et la présence de personnalités révolutionnaires telles que Djamila Bouhired et Louisette Ighilahriz dénote que les luttes pour la souveraineté populaire et la libération des femmes sont liées et en cours. À l’occasion de la Journée internationale de la femme (8 mars), les femmes algériennes ont scandé dans les rues: « Nous ne sommes pas là pour célébrer, nous sommes là pour vous déraciner! »

    Ce n’est pas seulement un soulèvement de la classe moyenne. Les classes populaires des quartiers marginalisés, les jeunes chômeurs, les travailleurs pauvres sont tous impliqués, marchant pour la liberté et exprimant également leur indignation face à leur exclusion socio-économique et leur colère face aux processus de paupérisation dont ils sont victimes. « Antouma Asbabna! » crient-ils, ce qui signifie à peu près « Vous êtes responsable de notre misère! » Beaucoup de slogans et de chants célèbres et poignants ont été l’invention et la création de cette «jeunesse sans horizons» qui a soudainement vu une lumière au bout du tunnel. La Casa d’El Mouradia (en référence à la populaire série télévisée La Casa de Papel) est un hymne de la révolution qui est née des fans de football et a dépassé les stades pour embrasser et enhardir le Hirak.

    C’EST UNE RÉVOLUTION!

    L’Algérie n’a pas connu des événements aussi importants depuis son indépendance de la domination coloniale française en 1962, et c’est ce qui en fait un moment révolutionnaire et une conjoncture pleine de potentiel de radicalisation et d’escalade de la lutte.

    La révolution algérienne en cours pourrait ne pas correspondre à l’imaginaire dominant sur les révolutions, celui des insurrections de masse menées par un parti révolutionnaire d’avant-garde renversant des régimes et prenant le pouvoir, affectant une sorte de rupture avec le passé conduisant inévitablement à l’instauration de la nouvelle politique et ordre économique avec différentes classes dirigeantes. Celles-ci ont tendance à être des processus violents façonnés par des affrontements sanglants avec les appareils répressifs de l’État, parfois par le biais de la lutte armée.

    Selon les mots de Lénine, «Pour qu’une révolution ait lieu, il est généralement insuffisant pour les classes inférieures de ne pas vouloir vivre à l’ancienne; il faut aussi que les classes supérieures ne puissent pas vivre à l’ancienne. » Lorsque nous appliquons cela à l’Algérie, nous pouvons voir que c’est en fait ce qui se passe: les gens n’acceptent plus le statu quo et la classe dirigeante actuelle a du mal à contenir le mouvement, malgré tous les moyens à sa disposition à cette fin: répression, violence physique, arrestations, emprisonnement, restriction de la liberté de circulation, suppression des libertés des médias, tactiques de division et de domination par la propagande haineuse, stratagèmes trompeurs pour donner l’impression que des changements se produisent, etc.

    Il est vrai qu’il n’existe actuellement aucun parti d’avant-garde révolutionnaire représentant les intérêts des travailleurs pauvres et des masses populaires capables de diriger la révolution. Il est également vrai que les travailleurs ne participent pas activement à la révolution en tant que travailleurs en raison de la faiblesse et de la fragmentation du mouvement syndical indépendant. Et il est vrai que le soulèvement n’a pas encore remanié le système ni réussi à créer une rupture radicale avec l’ancien régime car les élites oligarchiques et militaires sont toujours au pouvoir, bien qu’avec quelques remaniements dans la configuration des classes dirigeantes. Cependant, le caractère révolutionnaire du mouvement populaire est là pour tous.

    Au cours de l’année écoulée, ce mouvement a surmonté tant d’obstacles, évité de dangereuses polarisations et fait preuve d’un génie indéniable pour voir à travers les manœuvres du régime; répondant toujours par des slogans et tactiques très créatifs, flamboyants, intelligents et radicaux. Par exemple, la jeunesse a rendu très difficile pour les candidats à la présidentielle de mener leurs campagnes dans divers endroits du pays en bloquant l’accès à leurs villes ainsi qu’en perturbant les réunions. Les gens ont activement boycotté les élections du 12 décembre en fermant certains bureaux électoraux dans la région de Kabylie et en organisant des manifestations le jour des élections. Lorsque les résultats ont été annoncés le lendemain, les gens sont descendus dans la rue pour dénoncer la mascarade électorale.

    Suite à l’annonce que le projet de loi sur les hydrocarbures favorable aux multinationales serait discuté au parlement en novembre 2019, les gens sont spontanément descendus dans la rue pour la première fois un dimanche (début de la semaine de travail en Algérie) pour protester devant la le Parlement dénonce les tentatives des élites compardores de saper davantage la souveraineté de leur pays. Et une réaction similaire a eu lieu lorsque le président Tebboune a annoncé en janvier que l’Algérie exploiterait son potentiel de gaz de schiste. Les gens ont répondu: « Tu manques à Paris, pas ici! » en référence aux multinationales françaises comme Total intéressées à exploiter les ressources schisteuses en Algérie.

    Les Algériens savent de quoi les militaires sont capables et malgré le traumatisme de la décennie noire (la guerre odieuse contre les civils des années 90), ils insistent courageusement: « Un Etat civil pas un Etat militaire! » Ce faisant, le système algérien est exposé pour ce qu’il est: une dictature militaire se cachant derrière une façade «démocratique».

    ANTI-COLONIAL ET SOUVERAIN AU CŒUR

    Donc, au-delà des arguments largement sémantiques sur le fait qu’il s’agisse d’un mouvement, d’un soulèvement, d’une révolte ou d’une révolution, on peut dire avec certitude que ce qui se passe de nos jours en Algérie est un processus transformateur riche en potentiel émancipateur. L’évolution du mouvement et ses revendications spécifiquement autour de «l’indépendance», de la «souveraineté» et de «la fin du pillage des ressources du pays» sont un terrain fertile pour les idées anticoloniales, anticapitalistes, anti-impérialistes et même écologiques et peuvent ouvrir la voie à une lutte progressive en mobilisant les forces sociales concernées: travailleurs (formels et informels), paysans, jeunes sans emploi, masses populaires, etc.

    Ce qui renforce cette affirmation, c’est le fait que cette révolution algérienne, comme son précédent des années 50, est profondément anti-coloniale. Il s’agit d’une caractéristique unique qui la différencie dans une certaine mesure des autres soulèvements en Afrique du Nord et en Asie occidentale et, à mon avis, mérite plus d’attention et d’analyse. Compte tenu de leurs expériences subies sous l’un des colonialismes de colons génocides et racistes les plus cruels, beaucoup soutiennent que les Algériens ont nourri un profond sens de la justice sociale, toujours présent et perceptible jusqu’à aujourd’hui. Les Algériens font un lien direct entre leur lutte actuelle et la lutte coloniale anti-française des années 50 et voient leurs efforts comme la poursuite de la décolonisation. En scandant «Les généraux à la poubelle et l’Algérie seront indépendants», ils dévoilent le récit officiel vide (autour de la glorieuse révolution) et révèlent qu’il a été utilisé sans vergogne par les bourgeoisies antinationales pour poursuivre scandaleusement l’enrichissement personnel.

    Les Algériens récupèrent ainsi les pouvoirs révolutionnaires et réaffirment leur désir d’être les vrais héritiers des martyrs qui ont sacrifié leur vie pour la libération de ce pays. Nous avons vu tant de slogans et de chants qui ont capturé ce désir et fait référence à des vétérans de la guerre anti-coloniale tels que Ali La Pointe, Amirouche, Ben Mhidi et Abane: «Oh Ali [la pointe] vos descendants ne s’arrêteront jamais jusqu’à ce qu’ils arrachent leur liberté! » et « Nous sommes les descendants d’Amirouche et nous n’y retournerons jamais! »

    Ces sentiments anticoloniaux et la réaffirmation que l’indépendance officielle n’a pas de sens sans souveraineté populaire et nationale sont réaffirmés par une hostilité ferme à toute ingérence étrangère et à toute intervention impérialiste. Et cela va des puissances occidentales à la Russie, la Chine, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, etc. Autant dire que le Hirak algérien est un mouvement anti-systémique avec une politique anti-coloniale.

    DÉFIS FACE AUX HIRAK

    Comme pour toute révolution, les forces contre-révolutionnaires se mobilisent pour dérailler, écraser ou contenir. Et cela se fait à plusieurs niveaux: politique et économique, matériel et discursif, local et régional. Pour un compte rendu détaillé de la façon dont la contre-révolution s’est manifestée en Algérie, veuillez consulter l’essai de Brahim Rouabah sur cette question. Cependant, il convient de souligner ici quelques points.

    Les périodes de révolutions et de soulèvements peuvent également être des périodes où se renforcent des politiques économiques impopulaires et accordent davantage de concessions aux investisseurs étrangers. Les cas de la loi de finances 2020 et de la nouvelle loi Hydrocarbures sont édifiants. La loi de finances devrait rouvrir la porte aux emprunts internationaux et imposer des mesures d’austérité sévères en supprimant diverses subventions et en réduisant les dépenses publiques. Au nom de l’encouragement des investissements directs étrangers (IDE), il prévoit d’exempter les multinationales des tarifs et des taxes et d’augmenter leur part dans l’économie nationale en supprimant la règle d’investissement de 51/49 pour cent qui limite la part de l’investissement étranger dans tout projet à 49 pour cent, sapant encore plus la souveraineté nationale.

    Concernant la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui est entrée en vigueur en janvier 2020, l’ancien ministre de l’Énergie n’a pas hésité à déclarer en octobre dernier que le projet de loi avait été élaboré après «des négociations directes avec les cinq majors pétrolières». La loi est favorable aux multinationales et permettra aux sociétés pétrolières d’obtenir des concessions à long terme, de retirer les revenus des expatriés, de les décharger de leurs responsabilités fiscales et des transferts de technologie. Un autre signal positif pour les multinationales est la nomination d’un nouveau ministre de l’énergie qui a contribué à l’élaboration de la nouvelle loi, qui, en plus des incitations et des concessions mentionnées ci-dessus, ouvre la voie à des projets destructeurs tels que l’exploitation du gaz de schiste au Sahara et ressources offshore en Méditerranée.

    Nous ne pouvons donc pas pleinement apprécier la situation politique en Algérie sans scruter les influences et les interférences étrangères et appréhender la question économique sous l’angle de l’accaparement des ressources naturelles, du (néo) colonialisme énergétique et de l’extractivisme. Cela comprend les énormes concessions faites aux multinationales et les pressions venant de l’extérieur pour exécuter une libéralisation plus poussée afin de supprimer toutes les restrictions au capital international et d’intégrer pleinement l’Algérie dans l’économie mondiale dans une position totalement subordonnée. C’est dans ce contexte que nous devrions assister au récent voyage des services du FMI en Algérie.

    La campagne contre-révolutionnaire actuellement en cours en Algérie n’est pas conduite uniquement au niveau local mais aussi par une constellation d’acteurs régionaux et internationaux d’État et d’entreprises: au niveau régional, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Égypte mènent la contre-révolution et utilisent leur de l’argent et de l’influence pour arrêter et écraser les vagues de révolte potentiellement contagieuses dans la région. On sait que le MHC (Haut Commandement Militaire) algérien entretient de très bonnes relations avec les Emiratis. Le défunt chef du MHC, le général Gaid Salah a été durement critiqué par le mouvement populaire de réception des ordres des Emirats Arabes Unis: «Gaid Salah est le laquais des Emirats Arabes Unis». Son successeur, le général Chengriha a effectué une visite dans le pays fin février et a été exposé à plusieurs foires aux armements.

    Il est également révélateur que le président Tebboune ait choisi l’Arabie saoudite comme destination de sa première visite d’État après son élection. En ce qui concerne l’Égypte, la collusion entre les deux frères du crime est évidente. En fait, la première visite d’Etat d’El Sissi après le coup d’État a eu lieu en Algérie en juin 2014, dans le but de discuter de la coordination en matière de sécurité et d’énergie. Aux côtés des Saoudiens et des Emiratis, les Égyptiens ont rendu la pareille par le biais de fermes trolls et de campagnes de désinformation afin de discréditer le Hirak algérien. Au niveau mondial, les puissances occidentales telles que la France, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, ainsi que leurs grandes sociétés, sont toutes complices et soutiennent le régime algérien et ne veulent aucune menace pour leurs intérêts économiques et géostratégiques.

    Ajoutez à cela la situation en cours en Libye voisine où se déroule une guerre par procuration impliquant de nombreux acteurs: France, Italie, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Egypte, Turquie, Russie, Soudan, Jordanie… Ce qui se passe là-bas est profondément préoccupant pour le processus révolutionnaire en Algérie et au-delà: une escalade de la guerre non seulement déstabilisera toute la région mais mettra également un frein au mouvement populaire en Algérie.

    Un autre défi auquel est confronté le Hirak est la perspective de nouvelles divisions qui doivent être absolument évitées. Le Hirak a réussi à surmonter les divisions entretenues par le régime pendant des décennies. Nous avons vu comment les gens scandaient: «Arabes, Kabyles, tous frères et sœurs!» en réponse aux tentatives d’attiser les flammes de la discorde en poussant à une campagne de haine contre les Kabyles et en interdisant le brandissement du drapeau culturel amazigh. L’Algérien Hirak doit montrer une fois de plus le même rejet de la vieille polarisation «islamistes contre laïcs» qui a tendance à être imposée par les eradicateurs, ces «laïcs» et les «démocrates» qui se sont rangés du côté du régime militaire meurtrier de sa campagne d’éradication de tous les «islamistes» et de leurs sympathisants dans les années 90 suite au coup d’État militaire.

    Premièrement, tous les islamistes ne sont pas pareils et tous ne prêchent pas la violence. Certains d’entre eux ont appris des erreurs du passé et ont évolué vers l’acceptation de principes démocratiques comme le cas d’Al Nahda en Tunisie. Et certains d’entre eux n’ont jamais été compromis par les relations avec le régime en place. Il semble que les gens qui refusent de bouger sont ces éradicateurs «démocrates» qui ont tendance à être ces élites colonisées francophones qui ont intériorisé une conception anti-religieuse (actuellement islamophobe) de la laïcité (laïcité en français) et qui devraient reconnaître qu’ils ont commis un engagement politique majeur erreur du côté des militaires à l’époque. Le contexte actuel d’acceptation de l’Autre, où les gens résistent et se battent ensemble – quels que soient leur milieu social et leur idéologie – est un espace où ces types de polarisations qui divisent doivent être surmontés. Cela a été démontré une fois de plus par un nouveau slogan pertinent: «Ce ne sont pas des islamistes, ce ne sont pas des laïcs… C’est le gang qui nous vole ouvertement».

    En l’absence d’une force politique hégémonique capable de diriger le mouvement et de transformer ses revendications en un projet politique et économique cohérent, il devient essentiel pour toutes les forces d’opposition, islamistes ou laïques, de droite ou de gauche de créer un large front tactique déplacer sensiblement l’équilibre des forces sur le terrain vers le mouvement populaire et forcer le régime militaire à négocier et à concéder. C’est une leçon que le soulèvement algérien peut apprendre de son homologue au Soudan. Le vide créé par des décennies de répression politique, de fragmentation et de cooptation des acteurs politiques permet au régime de continuer à prendre des initiatives et même à créer certaines réalités sur le terrain. Cela doit être dépassé en se ralliant autour d’un bloc oppositionnel unifié qui fera avancer une feuille de route de transition alternative.

    La condition pour rejoindre un tel front / alliance devrait être la croyance en une véritable transition démocratique qui ouvrira les possibilités d’un changement radical. Il va sans dire que les forces progressistes et patriotiques doivent maintenir leur indépendance et poursuivre la lutte au niveau socio-économique contre les libéraux dans leurs variantes laïques ou islamistes et contre toutes les forces conservatrices qui portent un programme social réactionnaire. Les élites politiques doivent relever le défi et assumer leur responsabilité historique.

    SE PRÉPARER POUR LA LONGUE LUTTE À VENIR

    Le soulèvement algérien a entamé sa deuxième année et malgré les immenses difficultés et défis, le mouvement continue ses immenses mobilisations hebdomadaires. Ce premier anniversaire doit être considéré non seulement comme un moment de célébration mais aussi comme un moment de réflexion collective et d’apprentissage de ses réalisations ainsi que de ses lacunes et de ses erreurs. Nous sommes dans une situation d’équilibre relatif dans l’équilibre des forces au sol. Le Hirak n’a pas pu renverser le régime et ce dernier n’a pas pu épuiser le mouvement. Les Algériens mobilisés au Hirak n’abandonnent pas et refusent d’approuver la façade démocratique de la dictature.

    Le système ne cédera pas facilement. Pour cette raison, l’équilibre des forces doit être déplacé de manière significative vers les masses en maintenant la résistance (marches, manifestations, occupations des espaces publics, grèves générales, autres actes de désobéissance civile, etc.) pour forcer le régime à céder le pas aux demandes des gens . Le Hirak doit réaliser d’autres gains et victoires afin de se consolider et cela doit se faire à travers:

    1) Structurer le mouvement à la base en poussant et en encourageant l’auto-organisation locale sur le lieu de travail, à travers des comités de quartier, des collectifs d’étudiants et de femmes, des représentations locales indépendantes et l’ouverture de plus d’espaces de discussion, de débat et de réflexion afin d’avoir une plateforme solide ou un programme cohérent. Cela inscrira la dynamique à moyen et long terme et pourrait imposer une situation de double pouvoir.

    2) Insister sur les libertés individuelles et collectives d’expression et s’organiser tout le temps et militer sans relâche pour la libération de tous les prisonniers politiques.

    3) Et enfin marier la justice sociale et les droits socio-économiques aux exigences démocratiques. Parce que si l’Algérie continue sur cette voie de libéralisation et de privatisation, nous verrons certainement plus d’explosions sociales et de mécontentement car un consensus social ne peut être atteint tant que la paupérisation, le chômage et les inégalités qui en résultent se poursuivent. Le récent effondrement des prix du pétrole pourrait bien enfoncer le dernier clou dans le cercueil d’un système rentier qui dépend fortement des exportations de pétrole et de gaz pour sa survie.

    Dans ce contexte, les Algériens ne doivent pas creuser leurs propres tombes en arrêtant leur révolution à mi-chemin. La lutte pour la démocratisation sera longue et doit se poursuivre. Espérons simplement que 2020 apportera plus de victoires au mouvement du peuple algérien.

    Cet article a été publié pour la première fois sur ROAR.

    Source

    Tags : Algérie, révolution, décolonisation,

  • Algérie – France : Consultations politiques entre les Secrétaires Généraux des Ministères des Affaires Etrangères

    Consultations politiques entre les Secrétaires Généraux des Ministères des Affaires Etrangères algérien et français

    La sixième session des Consultations politiques algéro-françaises au niveau des Secrétaires Généraux des Ministères des Affaires Etrangères s’est tenue, ce jour 5 mars 2020 à Alger, sous la co-présidence de Monsieur Chakib Rachid KAID, Secrétaire Général du Ministère des Affaires Etrangères, et de Monsieur François DELATTRE, Secrétaire Général du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères.

    Cette échéance, qui s’inscrit dans le cadre de la concertation régulière entre l’Algérie et la France, a donné lieu à un examen d’ensemble des relations et de la coopération liant les deux pays ainsi qu’à la mise en perspective des moyens à même de les renforcer, conformément à l’agenda politique convenu pour le premier semestre de l’année en cours.

    Ces Consultations ont également été l’occasion de faire le point sur les préparatifs de la tenue à Alger, le 12 mars prochain, des travaux de la sixième session du Comité Mixte algéro-français de coopération économique (COMEFA) et d’échanger sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, particulièrement le dossier libyen, la question du Sahara Occidental, la situation au Sahel et au Mali ainsi que d’autres questions globales liées à la lutte anti- terroriste et les changements climatiques.

    A l’occasion de son séjour à Alger, Monsieur François DELATTRE a été reçu par le Ministre des Affaires Etrangères, Monsieur Sabri BOUKADOUM.

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    Tags : Algérie, France, consultations, MAE,

  • Pour la surveillance médiatique de l’Algérie, le Maroc a payé 156.000 euros par an à un cabinet de conseils

    Selon une facture révélée par le hacker Chris Coleman, le Maroc a payé 39.000 euros par trimestre au cabinet Communication&Institutions pour la veille médiatique de l’Algérie.

    Selon un email envoyé par Gaetan De Royer, le paiement correspond aux missions suivantes :

    – assistance conseil Maroc (CI 11289) ;

    – monitoring Algérie (CI 11288) ;

    – revue de presse quotidienne (CI 11287), (prestation réalisée à la demande de M. Karim B );

    – veille web (CI 11286), (prestation mise en place en mars 2011).

    « Nous avons provisionné les frais d’alertes, vidéo transmission, transcripts et droits d’auteurs pour la période de août à décembre selon les montants habituels prévisibles », précise-t-il.

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