Catégorie : Algérie

  • Algérie : Ouyahia et Sellal enfoncent Bouteflika

    Les deux anciens Premiers ministres ont chargé lourdement l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika hier à la cour d’Alger où ils comparaissaient lors du procès en appel de l’automobile. Abdelmalek Sellal n’a pas hésité à demander la présence de l’ex-chef d’État, défendant son «ami» Ahmed Ouyahia qui, comme lui, n’a fait, dit-il, qu’appliquer un programme officiel.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Sellal a répondu aux premières questions du juge en déclarant, donc, qu’il était chargé d’appliquer un programme gouvernemental adopté par le Parlement.

    «J’étais chargé de veiller à son application, dit-il. Le premier responsable, c’est Bouteflika, c’est lui qui devrait normalement être ici pour témoigner, il est vrai que le Président était malade, mais il supervisait absolument tout à travers son frère».

    «Chaque secteur a ses activités, moi j’étais chargé de superviser (…) Aujourd’hui, on m’accuse de corruption, j’aimerais mourir.» Sellal va plus loin dans ses déclarations, affirmant, cette fois, que Abdeslam Bouchouareb échappait à tout contrôle du gouvernement : «j’ai demandé, poursuit l’ancien Premier ministre, à ce qu’il soit isolé car je ne parvenais pas à le contrôler.»

    Question : «Qui a désigné Bouchouareb ?» Réponse de l’ancien Premier ministre : «Abdelaziz Bouteflika.» Lorsque le juge lui demande ensuite les raisons pour lesquelles il n’a pas démissionné dans une telle situation, Sellal répond : «Lorsqu’un haut responsable en fonction à l’époque a osé parler et dénoncer ce qui s’est passé, ils l’ont humilié, chassé de poste et emprisonné son fils, ce dernier a mangé des lentilles et des haricots avec nous en prison.» L’allusion à Abdelmadjid Tebboune et son fils est on ne peut plus claire. Lors de son procès, mercredi dernier, Khaled Tebboune avait affirmé avoir été emprisonné deux années durant pour avoir reçu deux bouteilles de parfum de Kamel Chikhi qui l’avait convié à visiter le nouveau siège de sa société.

    Ahmed Ouyahia s’est, lui aussi, défendu en affirmant que toutes les décisions émanaient de la présidence de la République. Aux différentes questions du juge, il répond : «J’ai été quatre fois Premier ministre, j’étais chargé d’appliquer un programme (…) ce n’est pas le chef du gouvernement qui offre des avantages mais les lois du pays.»

    L’ancien Premier ministre s’est également plaint qu’après «quarante ans de services, vous nous accusez de corruption et de blanchiment d’argent. Nous n’avons fait qu’appliquer un programme officiel.» «Mon épouse, poursuit-il, n’a pas de société, quant à mon fils, il a une société montée grâce à l’Ansej, où est le blanchiment d’argent là-dedans ?» Après une longue série de questions-réponses sur les modalités d’octroi des projets aux concessionnaires automobiles, il annonce avoir « demandé au Président Bouteflika d’établir une loi contre la corruption, il a refusé !» La journée d’hier a été également consacrée à l’audition de Youcef Yousfi.

    Ce dernier est allé, lui aussi, beaucoup plus loin dans ses déclarations que durant le premier procès où il s’est suffi, en quelque sorte, de répondre du mieux qu’il pouvait aux questions du juge de Sidi-M’hamed.

    L’ancien ministre de l’Industrie estime avoir été lésé, déshonoré lui et sa famille par un dossier dans lequel il se dit innocent. Il a évoqué des décisions émanant des plus hautes autorités du pays, il accuse également l’ancien ministre de l’Industrie d’avoir agi à sa guise pour mettre en place des mécanismes flous. «En prenant mes fonctions, poursuit Yousfi, je n’aurais jamais cru en arriver à une telle situation ni être accusé d’avoir porté atteinte aux intérêts de mon pays.»

    Nouvelle stratégie de défense ou révolte à l’égard de ce qu’ils considèrent comme étant une injustice face à l’impunité de l’ancien chef d’État qu’ils considèrent comme étant le premier responsable de tous les faits qui leur sont reprochés ? Hier, leurs propos étaient, en tous les cas, loin d’être passés inaperçus. Conduiront-ils pour autant à la convocation de Abdelaziz Bouteflika ?

    Le Soir d’Algérie, 2 mars 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Bouteflika, Abdelmalek Sellal, Ouyahia,

  • Drogue: le Maroc héberge le prédécesseur de Kamel El Bouchi

    Le Maroc est en train de mettre de la pression sur l’Algérie pour l’inciter à ouvrir les frontière terrestres fermées depuis 1994. Le forcing a augmenté d’un cran depuis l’éclatement de l’affaire de la saisie de 701 kg de cocaïne destinée au marché européen.

    Pour la plupart des gens au fait de ces histoires de drogue, toutes catégories confondues, le Maroc a été le plus touché par l’affaire de Kamel El Bouchi. Car, l’Algérie est devenue plus vigilante à l’égard de ce business et moins perméable au passage des drogues. Le Makhzen tente, donc, par tous les moyens d’obtenir l’ouverture des frontières pour casser le blocage de toutes les routes qui sont à l’origine de la nouvelle alliance narco-terroriste.

    Qui est Cherif Ould Tahar?
    Ancien cadre du Mouvement pour l’Unité du Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et élément incontournable du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), Cherif Ould Tahar était le contact privilégié des producteurs colombiens de Cocaïne.

    Pendant plus d’une décennie, Chrif, basé au nord du Mali, a été le principal fournisseur en cocaïne, de tous les pays européens de la Méditerranée.

    Cherif Ould Tahar était l’ami et le confident de Belmokhtar Mokhtar et de Abdelhamid Abou Zeid, les principaux chefs d’El Qaida au Sahel. Il bénéficiait de leur protection et profitait surtout de l’impunité au sein des territoires qu’ils contrôlaient au nord du Mali.

    Cherif était également associé à de hauts responsables du gouvernement malien. Des témoins, contactés par E-Bourse, racontent que du temps de l’ancien président malien Amadou Touré, des avions, en provenance de Colombie, atterrissaient en toute impunité au niveau de la région de Gao et de certaines pistes à Tombouctou pour livrer de la drogue à Cherif Ould Tahar.

    Des tonnes de cocaïne étaient livrées au Mali, au profit de Cherif qui s’arrangeait de les faire acheminer en Europe via des routes maritimes, subrepticement créées par des transporteurs qui simulaient des campagnes de pêche dans les eaux territoriales mauritaniennes. La drogue traversait plusieurs territoires pour atterrir en Europe, précisent ces témoins.

    D’ailleurs, à la veille de chaque arrivage, le marché parallèle du change de devise est ébranlé par la hausse vertigineuse de la demande en dollar par rapport à l’Euro. Les gambistes du Square Port Said n’étaient pas en mesure d’analyser ce phénomène de gens venus du Sud du pays afin d’acheter toutes les quantités de Dollar disponibles sur le marché.

    En fait, Cherif achetait sa marchandise aux colombiens contre des dollars et la revendait en Euro.

    Quand il s’agit de transactions qui dépassent généralement 100 millions de dollars à échanger contre l’Euro, le marché parallèle algérien est forcément déstabilisé.

    L’alliance de la drogue avec le terrorisme

    A la chute du gouvernement d’Amadou Touré et la tombée du nord malien entre les mains des terroristes d’El Qaida, une vaste offensive a été lancée en avril 2012 contre la région de Gao, ville malienne du nord.

    Le Consul et six membres de la mission diplomatique algérienne au Mali sont enlevés par les hordes terroristes.

    C’était une aubaine autant pour Cherif Ould Tahar que pour Belmokhtar et ses acolytes.

    L’arrivée timide de l’armée française, préoccupée beaucoup plus par la sécurisation de Bamako, n’a pas changé grand chose à ce business de la cocaïne colombienne destinée à l’Europe.

    Les avions en provenance de Bogota ont continué à atterrir au nord du Mali. Cherif a vu son business se développer avec une hausse exponentielle du chiffre d’affaires. Autant pour la taxe prélevée au profit de Belmokhtar en guise de Zakat, pour soutenir le Djihad.

    Le rôle de Cherif Ould Tahar a pris de l’ampleur avec un nouveau rôle qui lui a été dévolu par les terroristes d’El Qaida. En 2012, il a accueilli une délégation d’hommes d’affaires qataris qu’il a réuni à Gao avec Mokhtar Belmokhtar et l’état major d’El Qaida.

    Une nouvelle frontière est alors franchie: désormais, il fallait compter avec l’alliance des pétrodollars , le terrorisme et le narcotrafic.

    A partir de 2014, la France a réussi à reconquérir le nord du Mali grâce à l’implication des forces de certains pays africains, notamment le Tchad. Mais cela n’a pas affecté le business de Cherif.

    En février dernier, le journal nigérien, L’événement a consacré un long article à l’impunité de Cherif Ould Tahar autant au Niger qu’au nord du Mali.

    « A lui seul, Chérif Ould Tahar est un Etat dans plusieurs Etats. Pour preuve, il peut se permettre d’enlever en toute impunité des citoyens sans que cela n’émeuve les dirigeants sahéliens », écrit le journal.

    Suite à des pressions internationales, Chérif Ould Ataher ou Chérif Ould Tahar a été visé par un mandat d’arrêt international lancé en janvier 2013 par le procureur général près la Cour d’appel de Bamako. Ce mandat a été levé ensuite par les autorités maliennes dans le cadre du processus de négociation ayant abouti à la signature, le 15 mai 2015, de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

    Le nom de ce notable arabe de Gao est apparu une première fois dans l’affaire “Air Cocaïne” relative à l’avion qui a atterri, novembre 2009, avec 4 tonnes de drogue sur une piste artisanale aménagée à Tarkint.

    Tarkint est une commune du nord du Mali, située à 123 km de Gao. Un Boeing 727-200 venant du Venezuela via Guinée Bissau et transportant, selon l’ONU, de “la cocaïne et autres produits illicites” avait alors atterri près de Tarkint.

    L’avion est retrouvé en partie calciné. L’appareil a déchargé sa marchandise puis est sorti de la piste avant d’être incendié par les trafiquants, selon des recoupements faits sur place par des enquêteurs de l’ONU. Au départ, les informations faisaient état d’un crash survenu au décollage. Mais des fûts vides de carburant retrouvés sur le terrain ont prouvé l’hypothèse selon laquelle les narcotrafiquants de Cherif Ould Tahar ont délibérément incendié l’avion à la suite de l’accident qui s’est produit au moment du décollage.

    Changement de cap

    Fin 2014. D’un seul coup, ce business de la cocaïne est disloqué. L’alliance narco-terroriste est rompue. Belmokhtar regagne la Libye alors que Cherif Ould Tahar trouve l’asile au Qatar.

    Après l’embargo décrété contre ce pays, Cherif est contraint de quitter Doha. Il trouve refuge au Maroc où il mène une vie de VIP.

    Nul ne peut jurer que Cherif Ould Tahar a pris sa retraite et a cessé toute activité liée à la cocaïne.

    Le réseau de drogue créé alors autour du business de Kamel El Bouchi est venu justement combler une partie du vide laissé par l’absence de Cherif dans la plateforme nord malienne.

    L’ouverture, donc, des frontières avec le Maroc va certainement aggraver la vulnérabilité de l’Algérie et permettra la prolifération des routes du Hachich et de la cocaïne colombienne qui vont transiter par le pays.

    Source : E-bourseDZ, 31 jui 2018

    Tags : Maroc, Algérie, Sahel, Mali, Niger, trafic de drogue, cocaïne, Cherif Ould Taher,

  • Votre majesté, occupez-vous de vos oignons au Maroc, l’Algérie est une ligne rouge pour vous tous

    Certains médias de nos voisins marocains ne cessent d’attaquer l’Algérie. Des attaques injustes faites de mensonges, de dénigrements et de contre-vérités appelant pratiquement les Algériens à se révolter contre leurs dirigeants.

    Des articles aussi violents que bizarres sont publiés, à tour de bras, dans des journaux et sites, même sur des sites israéliens (Israël-flash) sous des plumes marocaines à l’exemple de ce courtisan nommé F.M qui dit vouloir la « démocratie » pour… l’Algérie.

    Tous ses articles – qui visent l’Algérie – sont un tissu de mensonges et de contre-vérité. Il ne fait que dénigrer et fausser la réalité. Au regard de quelques-uns de ses titres ont saisi parfaitement sa « spécialité » : «L’Algérie ; un dragon régional en papier », « À ceux qui attaquent le Maroc », « Une belle déculottée pour le mouvement du 20 février et ses ‘phagocyteurs’», «Dissidence au sein du Front Polisario », « Déliquescence de l’État algérien et provocation d’Alger », « La schizophrénie des généraux algériens envers le Maroc », « Le Maroc en mouvement et l’Algérie dans l’inertie totale », «L’oligarchie militaro-politique algérienne en position critique », etc…

    Il n’y a que le Maroc et ceux qui se font appeler « l’opposition algérienne à l’étranger », sis à Londres, ainsi que quelques critiques ‘d’indépendants’ qui passent leur temps à fustiger ou critiquer « le régime algérien », « le pouvoir des généraux », « la sécurité militaire » et tutti quanti. À la différence que chez les Marocains, transparaît, en plus, une certaine colère. Ces gens-là du Maroc, semblent dire aux Algériens, à chaque fois, « vous accédez à nos demandes et nos désidératas sinon on vous suscite des révoltes ». Comme s’ils en avaient le monopole et la capacité !

    Pour mettre le lecteur au clair, il doit savoir ce qui divise actuellement le Maroc et l’Algérie. En plus des vicissitudes de l’histoire qu’alimentent des clichés que font durer certains, surtout du côté marocain, il y a surtout le Sahara Occidental et l’ouverture de la frontière.

    Le Sahara occidental, que le Maroc occupe depuis 1975, après le départ des Espagnols, est vu par l’Algérie comme un problème de décolonisation dont la solution est l’autodétermination du peuple sahraoui. C’est donc, aux yeux de l’Algérie, conforme à la légalité (au droit international) et légitime (au regard de son histoire coloniale). Là est la divergence fondamentale. Écoutons notre « analyste » : « Alger voit également avec l’arrivée d’un régime démocratique pro-occidental à Tripoli un soutien de poids sur la question du Sahara marocain s’évaporer. » Le Maroc soutient donc ces félons pour ça ?

    La fermeture de la frontière par l’Algérie qui fait suite à l’attentat terroriste, en 1994, commis à l’hôtel Atlas Asni à Marrakech. Le roi Hassan II qui a vite fait d’accuser injustement « les services algériens » – malgré les mises en garde de certains officiels Français – impose, par humiliation, le visa d’entrée pour les Algériens tout en durcissant leurs conditions de séjours sur son territoire. En réponse, l’Algérie ferme carrément la frontière pour bien «les rassurer». Qui est perdant ? Le Maroc dit que c’est l’Algérie. Pourquoi alors cette obsession à demander en permanence son ouverture contrairement à l’Algérie qui temporise en conditionnant cette réouverture « aux [règlement des] problèmes qui ont entraîné sa fermeture» et à «…une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb », selon Zerhouni l’ex-ministre de l’Intérieur.

    En fait c’est bien le Maroc qui reste le grand perdant. Ce sont plus de 2 milliards de dollars/an de perdus ; faites le calcul sur 19 ans ! Environ 40 milliards de dollars de manque à gagner ! Voilà les vraies causes et les vrais motifs qui poussent les Marocains à de tels comportements contre l’Algérie et ses dirigeants. Les visas ont été levés en 2005/2006. Reste plusieurs questions, dont celle liée au Sahara Occidental.

    Toutes leurs critiques tournent autour du « pouvoir algérien », du « Sahara occidental », de « l’ouverture des frontières ». Ce qui est intéressant à dire c’est que toutes les interventions et critiques d’officiels ou de journalistes marocains, à propos de l’Algérie, se fixent toujours sur ces trois thèmes. Vous leur parlerez des « vendanges en Australie », ils s’arrangent pour introduire ces thèmes ! Une obsession maladive où l’on pressent chez eux un sentiment de frustration une envie de régler un compte à l’Algérie à travers leur récurrent souhait d’un chaos et incitation à la révolte. Certains poussent l’indécence jusqu’à nous reprocher d’avoir trop d’argent en incitant, alors, les Algériens à se révolter pour réclamer leur part ! Rien que ça !

    L’Algérie n’est ni un « dragon » ni un « papier »,C’est un territoire, un peuple, une histoire, comme le Maroc. Elle n’est pas en « déliquescence » ou en « inertie totale». Nous ne vivons pas « au seuil de la pauvreté ». Nous avons des pauvres, mais nous n’avons pas l’état de misère, de beaucoup, que nous constatons au Maroc. Observons aussi cette drôle affirmation «l’Algérie vient de confirmer son naufrage amorcé voici près de six décennies » (?!) (c’est-à-dire depuis 1954 le début de la révolution qui serait donc un ‘naufrage’?). S’il y a naufrage, il est immédiat, il ne dure pas « six décennies »; c’est stupide. Sinon on ne serait pas maintenant à subir d’incessantes pressions pour l’ouverture de la frontière afin de ‘booster’ son économie. Même Ban Ki Moon y met du sien.

    Enfin, l’Algérie n’a jamais pratiquée « une course effrénée à l’armement pour intimider son voisin marocain », mais a procédé au renouvellement d’une partie de son armement. Le Maroc a bien acheté des F 16 sans se voir faire des reproches par l’Algérie !

    Avec cette politique malveillante et ces ‘tactiques’ mesquines et puériles, les choses ne seront jamais prêtes d’évoluer vers l’issue que souhaitent les dirigeants marocains. Même dans vingt autres années !

    Djerrad Amar

    Courrier envoyé au journal les échos par Mr Djerrad Amar le 11 avril 2013 à 17h30

    Les Echos de Sidi Belabbès

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, contrebande, drogues, frontières,

  • La nouvelle Algérie de la citoyenneté

    La lutte contre la corruption se poursuit sans relâche dans la nouvelle Algérie du changement global et profond revendiqué par le peuple avide de liberté et de dignité. Telle est la mission «aussi lourde que les montagnes et aussi vaste que le désert» dévolue, sous l’œil vigilant du hirak, à la justice libérée des pesanteurs d’un régime autocratique et prédateur et appelée à consacrer le «droit de citoyenneté» dans «une Algérie des droits de l’homme où la justice occupe une place éminente».

    Le message de confiance, délivré par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, lors de la réunion des présidents des cours et des procureurs généraux avec les cadres centraux du ministère, traduit une volonté inébranlable de combattre le fléau de la corruption «sous ses formes» et d’œuvrer à la moralisation de la vie publique entachée, deux décennies durant, par «une collusion criminelle entre l’argent sale et le monde politique».

    Des «acquis reconnus par tout un chacun», concrètement exprimés par le démantèlement d’une oligarchie sans foi ni loi, façonnent le nouveau visage du système judiciaire interpellé par l’urgence d’une adaptation à une aussi «lourde mission». Une réforme globale est ainsi préconisée par le ministre de la Justice pour une optimisation des ressources humaines, la modernisation des instruments et une révision des textes juridiques.

    «La scène nationale connaît depuis plus d’une année une dynamique inédite appelant, haut et fort, à des réformes globales des institutions de l’Etat et à la moralisation de la vie publique au service des fondements de l’Etat démocratique et à la préservation des droits et libertés», a déclaré le ministre.

    La mue de la justice au service des citoyens est fondamentalement tributaire de la qualité de l’appareil judiciaire et du passage sans tarder à l’ère du «tout-numérique» conçu comme «la pierre angulaire» de la réforme judiciaire. Le défi est déterminant pour un secteur sur lequel reposent tous les espoirs de changement.

    Horizons, 1er mars 2020

    Tags : Algérie, Hirak,

  • Algérie – Maroc : La sobriété contre la schizophrénie

    Boukadoum réagit aux propos de Bourita : La sobriété contre la schizophrénie

    Moins de vingt quatre heures après les déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères, à travers lesquelles celui-ci s’en est pris à l’Algérie, dans un style qui ne sied guère au poste qu’il occupe, la réaction du ministère algérien des AE ne s’est pas fait attendre.

    A Nasser Bourita, qui a transgressé toutes les règles de la diplomatie, en ironisant sur le rappel par l’Algérie de son ambassadeur en Côte d’Ivoire, après que ce pays ait pris la décision d’ouvrir un consulat à El Aaiun au Sahara occidental, Sabri Boukadoum a opposé un style sobre et non moins tranchant.

    Pour rappel, vendredi dernier et lors d’une conférence de presse animée avec son homologue du Burundi, le représentant du Makhzen s’est laissé aller délibérément à des propos insultants et intrigants à la fois. Désignant l’Algérie sans la citer, il a estimé sur un ton très irrespectueux que « celui qui se prépare à rédiger des communiqués et rappeler son ambassadeur pour consultation doit continuer sur cette voie », avant de se laisser entraîner par les effluves d’une haine, qui cache mal une panique avérée.

    Pour lui, le rappel de l’ambassadeur algérien à Abidjan constitue « une preuve de plus que pour l’Algérie, la question du Sahara est peut-être sa première cause nationale » ! Il aurait fait part aussi de sa surprise que l’Algérie, qu’il ne cite pas nommément, ait rappelé son ambassadeur en Côte d’Ivoire pour « consultations » alors qu’elle n’a jamais pris ce type de mesure pour protester contre les États ayant ouvert des ambassades à Al Qods. Comble de l’indécence, et c’est le moins que l’on puisse dire.

    Ce qu’il faut retenir, c’est qu’entre les propos de Nasser Bourita et ceux de Sabri Boukadoum, il existe tout un monde séparant la délinquance en costume cravate de la vraie diplomatie, que seuls les hommes nourris à la culture d’Etat sont en mesure de mener, quelles que soient les circonstances.

    S’exprimant au cours d’une conférence de presse animée conjointement avec le secrétaire général de la ligue arabe en visite à Alger, Boukadoum a exprimé ses regrets pour les propos tenus par le MAE marocain qualifiés de « provocateurs » tout en soulignant que l’Algérie ne construit pas ses relations sur la base d’ « insultes et de parjures ».

    Contrairement au ministre marocain des AE, qui n’a pas hésité à se donner en spectacle devant son homologue du Burundi, le ministre algérien des AE a gardé son sang froid, et ne s’est guère permis la moindre incartade, s’exprimant dignement et dans un langage approprié.

    A propos d’Al Qods, s’il y’ a un pays, qui doit la tête de l’opposition au transfert des ambassades dans la ville sainte, c’est bel et bien le Maroc, dont le roi est supposé président du comité Al Qods. Mohamed VI a hérité ce titre de son père, le roi Hassan II. Jusqu’à preuve du contraire, il n’a été d’aucun apport pour la ville sainte. Au contraire, il est prêt à normaliser avec Israël et a installer son ambassade à Al Qods, si demain les USA reconnaissent sa souveraineté sur le Sahara occidental !

    L’Est Républicain, 1 mars 2020

    Tags : Sahara Occidental, Algérie, Maroc, Front Polisario,

  • Guerre secrète du renseignement marocain contre l’Algérie (1/2)

    Anouar Malek

    L’impasse du Polisario et la manipulation de l’opinion publique

    En fait, le renseignement marocain est arrivé à une impasse, née en réalité d’une position « de principe » qui ne permet aucune concession, à savoir garder le Sahara sous domination. Un responsable des services secrets marocains avait dit textuellement : « Le Polisario sans l’Algérie ne peut rien faire, et partant de ce constat, il est impératif soit d’attiser les tensions entre les deux parties, soit de tenter de « casser le maillon fort » de l’équation, à savoir l’Algérie ».

    En fait, le renseignement marocain est arrivé à une impasse, née en réalité d’une position « de principe » qui ne permet aucune concession, à savoir garder le Sahara sous domination. Un responsable des services secrets marocains avait dit textuellement : « Le Polisario sans l’Algérie ne peut rien faire, et partant de ce constat, il est impératif soit d’attiser les tensions entre les deux parties, soit de tenter de « casser le maillon fort » de l’équation, à savoir l’Algérie ».

    • Depuis que j’ai dévoilé les dessous de la ville de Dakhla sur les pages d’Echorouk, j’ai décidé de dire tout ce que je connais sur le Makhzen et les services secrets marocains, après trois années passées à les étudier de près. Non pas en divulguant des informations qui ont été dites ça et là, ni en reprenant l’historique de l’appareil du renseignement du Palais royal, mais en mettant sur la place publique mon expérience personnelle et des informations que j’ai puisé dans le fonds secret des renseignements marocains et dans les étapes importantes d’un périple qui ne doit pas être mis aux oubliettes de l’Histoire. Je pars aussi dans mes propos à partir d’entrées dont j’ai eu un accès privilégié, et non pas à partir d’un esprit vindicatif, d’un règlement de comptes comme pourraient l’interpréter certains. Mon témoignage n’est pas non plus un motif pour être mis sous les sunlights des querelles qui secouent la région maghrébine, ni une « mission commandée » menée pour le compte d’un service secret, mais simplement – et humblement- une mission journalistique pour percer à jour des vérités cachées concernant un service secret qui a eu, et qui a son influence et ses coups fourrés dans le cours de la politique de la région et même au-delà.

    • Auparavant, mes critiques envers le Polisario, concernant la situation des droits de l’Homme, a été utilisé à tort et à travers, et j’estime –avec toute la moralité et le professionnalisme qui siéent à un homme dans pareille situation- que le temps est d’en parler ouvertement, d’autant plus que le temps passe et que l’homme n’est pas le gérant de sa propre destinée, mais je me dois aussi de dissocier le peuple marocain frère de ce que je vais porter sur ses services comme jugements, lesquels jugements ne pourraient que ravir les ennemis.

    • Mon périple journalistique a été suivi de près, et dès le début, par Echorouk, à travers son directeur Ali Fodhil, et, en fait, mes reportages à Dakhla étaient destinées à Echorouk, qui avait donné à mon travail toute l’importance qui lui seyait.

    • Sur le seuil du renseignement marocain

    • Tous les services de renseignement du monde travaillent en secret pour sécuriser les structures de l’Etat et assurer les intérêts de leur pays. Il est évident aussi que ces services possèdent leurs appareils légitimes et légaux et leurs méthodes illégales et illégitimes. Beaucoup d’entre elles « opèrent un sale boulot », comme les assassinats, les liquidations, la désinformation -pour justifier une politique injuste, dompter des adversaires ou imposer un agenda défini. Sous ces derniers qualificatifs, on peut placer le Mossad, ou encore la CIA, lesquels mènent en Palestine, en Irak et en Afghanistan un travail de ce genre.

    • Toutefois, lorsqu’un service secret est en situation d’occupant, il est plus dangereux encore, car il se trouve dans une position indélicate. A partir de là, on peut mieux appréhender la position des services secrets marocains, lesquels vivent une véritable impasse au sujet du Sahara Occidentale, que l’ONU place sous le volet de « liquidation d’occupation » et que la communauté internationale qualifie de « dernière colonie en Afrique ».

    • Pour se tirer d’embarras, les services secrets marocains travaillent sur deux fronts. Le premier est le front « Algérie », de par sa position de pays inflexiblement allié au Sahara Occidentale, le second étant celui de la communauté internationale et du contexte régional. Ce qui nous intéresse ici, évidemment, est le volet relatif à l’Algérie. Nous allons révéler des choses qui se situent bien loin de ce que la position officielle du Maroc, et même les propos du Palais royal, affichent.

    • En fait, le renseignement marocain est arrivé à une impasse, née en réalité d’une position « de principe » qui ne permet aucune concession, à savoir garder le Sahara sous domination. Un responsable des services secrets marocains avait dit textuellement : « Le Polisario sans l’Algérie ne peut rien faire, et partant de ce constat, il est impératif soit d’attiser les tensions entre les deux parties, soit de tenter de « casser le maillon fort » de l’équation, à savoir l’Algérie ».

    • Partant de là, il est devenu clair que les services marocains s’y est investi à fond dans cette mission, quitte à commettre assassinats ciblés, oppression des opposants et du peule sahraoui, écrivant par ces actions un long registre, très riche en violations des droits de l’Homme, que ce soit au Rif, dans les territoires occupés ou dans certaines villes marocaines même. Ces mêmes services se sont aussi hasardés dans des aventures gravissimes, que ce soit pour liquider des opposants politiques ou pour se débarrasser de complices des putschs militaires manqués contre le roi. Le registre va de Ben Barka à Hichem El Mandari, en passant par Oufkir et les détenus de la triste prison de Tazmamart.

    • Dans ses priorités, le renseignement marocain se concentre sur l’Algérie, mais aussi sur l’Espagne et la Mauritanie, et ce pour des raisons stratégiques, dont les enjeux seront clarifiées plus loin…

    Des médias orientés et une propagande sale

    De même, tout le monde connaît les chaînes paraboliques qu’a lancées le Maroc. En plus des stations qui appartiennent à l’état, on trouve medi@sat qui est financée par la France et la Maroc. En effet, si on regarde ces chaînes, on constatera « la Marocanité du Sahara occidental », et de montrer l’Algérie comme étant un pays comme la Somalie ou le Soudan où règnent l’insécurité, la faim et le crime. C’est un acte qui veut imposer une certaine réalité en ce qui concerne le Sahara occidental et ternir l’image de l’Algérie sur le plan régional et sur le plan international.

    • Cela représente un des grands et dangereux aspects avec lesquelles les services de renseignements marocains tablent pour la thèse et a  propre propagande marocaine envers le Sahara occidental, et aussi pour frapper profondément l’Algérie. Le Makhzen marocain a toujours voulu la représenter comme étant une partie intégrale et active dans le conflit qui oppose le royaume et le Polisario. Ce tapage médiatique s’est traduit par l’arsenal qu’utilise le Maroc dans cette secrète et salle guerre. Le Maroc a tracé sur les médias, même les indépendants, les lignes rouges qu’il ne faut pas outrepasser. Le Makhzen a tenu d’insister à ce que les médias, notamment ceux qui s’alignent avec sa politique et sa vision, à maintenir le nom de « Sahara marocain » ou bien « les régions  du sud du Maroc », par conséquent, aucun journal ou écrivain ou officier de dépasser cette ligne rouge mortelle. Ce qui veut dire par la, sa fin et la destruction de sa carrière professionnelle et même sa vie privée.

    • De même, tout le monde connaît les chaînes paraboliques qu’a lancées le Maroc. En plus des stations qui appartiennent à l’état, on trouve medi@sat qui est financée par la France et la Maroc. En effet, si on regarde ces chaînes, on constatera « la Marocanité du Sahara occidental », et de montrer  l’Algérie comme étant un pays comme la Somalie ou le Soudan où règnent l’insécurité, la faim et le crime. C’est un acte qui veut imposer une  certaine réalité en ce qui concerne le Sahara occidental et ternir l’image de l’Algérie sur le plan régional et sur le plan international.

    • Sans prendre en considération la liberté la presse au Maroc, et tout le monde est au courant des journaux qui on été fermés, à l’instar de « Nichan », ou celle qui on été forcé de changer leur façade, tel que « Akhbar Al Youm » et « Al Machaal ». Certains journalistes ont été incarcérés et d’autres ne sont pas autorisés à écrire comme Ali Lamrabet qui a dépassé les lignes rouges en ce qui concerne la cause du Sahara occidental qui est considérée comme la  première cause « nationale ».

    • Si on parlerait du vécu de la liberté de la presse au Maroc des livres entiers ne serons pas suffisants, mais nous nous contenterons de l’aspect qui nous concerne et qui sont les quelques axes de cette dangereuse  propagande qui vise l’Algérie. Nous pouvons citer par exemple :

    • 1-la propagande pour la vision marocaine :

    • Le but principal de tous les médias marocains c’est d’appeler mondialement à l’autonomie ou à la régionalisation élargie qui présenté comme étant le seul et unique solution du Sahara occidental en montrant uniquement les points positifs. Chose qui est flagrante, en faisant recours au faux notoire, aux illusions et aux mensonges. En outre, en œuvrant à prouver que les sahraouis adhèrent à cette option, en montrant certains d’entre eux ou des marocains vêtus d’habit Sahraouis donnant allégeance au trône. Nous source nous prouvent que la plupart de ces allégeances ont été obtenus par force. Parfois, des rapports  journaliers mal orientés qui n’a pas aucune relation avec le quotidien. Pour preuve flagrante, la rencontre de Dakhla de 28 juillet passé, que j’ai témoigné personnellement. En effet, les supporters du front Polisario ont maîtrisé la rencontre  en revendiquant l’autodétermination en obligeant les participants à arrêter la rencontre. Cependant, lés médias du Makhzen ont voulu lui donner un aspect mondial et que les participants ont unanimement revendiqué l’autonomie, ce qui n’est pas du tout passé.

    • Mensonges et semence du doute

    • C’est la pire des choses que les médias marocains ont faites. En effet, ils montent beaucoup et sèment des doutent et de mensonges qui n’ont aucun fondement, notamment sur les relations entre l’Algérie et Polisario. De temps en temps on lisait des informations fabriquées dans une cellule privée de Al Mansouri, le chef des renseignements, qui était le premier responsable de l’agence de presse officielle. Encore plus, nos sources précisent que des universitaires spécialisés dans les médias et dans les affaires militaires, stratégiques, sciences politiques, sécurité et le droit international participent à cette cellule.

    • Cet axe est également aperçu avec la fabrication des déclarations des personnalités politiques et même celles des opposants algériens. Les médias marocains diffusent ce qui arrangent les gendarmes à la manière de « halte aux gens qui font la prière » ou « n’approchez pas la prière » et oubliant toujours « ceux qui oublient leur prière » ou «  lorsque vous étés ivres ». Nombreux d’interviews ont été fabriqués et de nombreux de déclarations ont étaient émises pour servir les intérêts des gendarmes marocains.

    • J’ai subi ceci à maintes reprises. Ma première histoire avec eux remonte lorsque j’ai interviewé  l’écrivaine et journaliste égyptienne, Wafaa Ismail, pour le compte du journal « Akhbar Al Arab » en 2007 à Canada. Le journal « Sahifat Al Oma » du 01/04/2007 a diffamé les informations en voulant favoriser les intérêts des gendarmes marocains

    Création de situations suspectes sous des noms d’Algériens 

    Après la faillite de la presse marocaine de faire la publicité d’un « Sahara marocain », le renseignement marocain s’est orienté vers une autre astuce : créer des sites sous le nom d’Algériens vivant à l’étranger. Sur ce genre de sites, la constante c’est l’approbation du Plan d’autonomie marocain. L’objectif est de créer l’illusion qu’il existe une opinion publique qui est contre la politique algérienne, et que la position officielle de l’Algérie ne dépasse pas les seuls tenants du pouvoir.

    • Il existe sur la Toile une quantité extraordinaire de sites web très suspects, dont les auteurs affirment être des opposants politiques, indépendants, vivant à l’étranger, en Europe ou aux Etats-Unis, alors qu’ils ne sont que simples agents de service des renseignements marocains.

    • Certains de ces sites, et pour faire le jeu jusqu’au bout, n’hésitent pas à critiquer ouvertement la politique de Rabat, les partis, le fonctionnement du Parlement marocain, et même parfois rédigent des brûlots sur le Rif et l’amazighité au Maroc. Le seul sujet qu’ils ne touchent pas, c’est « les régions marocaines du Sud », ou encore « l’unité territoriale du Maroc ». Cela est une constante dans ces sites.

    • Presque tous ces sites sont financés par le renseignement marocain. Une des preuves les plus évidentes c’est la publicité provenant d’Air Maroc, des banques et des institutions marocaines. Nous reparlerons de cela ultérieurement.

    • Après la faillite de la presse marocaine de faire la publicité d’un « Sahara marocain », le renseignement marocain s’est orienté vers une autre astuce : créer des sites sous le nom d’Algériens vivant à l’étranger. Sur ce genre de sites, la constante c’est l’approbation du Plan d’autonomie marocain. L’objectif est de créer l’illusion qu’il existe une opinion publique qui est contre la politique algérienne, et que la position officielle de l’Algérie ne dépasse pas les seuls tenants du pouvoir.

    • Par la magie de la prolifération de sites de pseudo-Algériens vivant à l’étranger, une opinion veut se former pour donner l’impression qu’il existe bel et bien une plate-forme politique algérienne qui va dans le même sens que l’opinion marocaine. C’est là ou réside le danger d’une telle illusion…

    • Une des anecdotes de ces entourloupes, est la création du site « Algérie Times », dont je fus, moi et un ingénieur d’origine algérienne et vivant au Canada, un des deux fondateurs. Cet ingénier suivait toutes mes interventions télévisées et couchait cela sur papier avant de les introduire sur site. Le site « Hespress » en fut charmé et publia la naissance de ce site, et beaucoup d’avenir lui fit prédit.

    • Quelques jours après la naissance de ce site, cet ingénieur fit changer le serveur et les mots de passe, clés essentiels pour entrer dans ce site, et tout à coup, je n’avais plus l’accès au site comme administrateur. Lorsque l’affaire ce fut ébruitée, le site changea d’adresse et de numéro de téléphone du webmaster, et lorsque je me suis déplacé moi-même à l’adresse indiquée, à Paris, je tombais…sur une vieille femme. Quand au numéro de téléphone, ce n’est pas la peine de dire qu’il n’existait pas non plus. Un peu de temps plus tard, le site fut vendu à un groupe appelé « le Congrès marocain d’Amérique » et racheté par un Américain d’origine maghrébine nommé Jalil. Ce même personnage a été derrière le lancement d’un autre site, « Maroc Post », qui a été immédiatement fermé, après qu’il eu racheté « Algérie Times ».

    • Pour donner un peu de crédibilité au site, Jalil fit confectionner un entretien avec un pseud-journaliste algérien, dénommé Tlemçani Bouyounès, né en 1960, à Jijel, ayant obtenu un magistère en informatique et vivant à Londres, Jalil se faisant passer pour le rédacteur en chef du site « Algérie Times ». Le nom de cet Algérien vivant à Londres est bien entendu introuvable à Londres…

    La « fabrication » de l’information

    J’ai exigé que le nom de ce demandeur d’asile me soit communiqué, mais Mekaoui refusa net, arguant que l’intéressé ne veut pas pour le moment être connu, pour des raisons de sécurité. Il m’a refilé toutefois un numéro de téléphone, -un Djezzy- et j’ai appelé le Monsieur, qui, de toute évidence, attendait ce coup de fil. Avec un accent proche de celui d’Annaba, il me confirma l’arrestation et le bombardement, et me donna l’impression qu’il connaissait bien les casernes algériennes et les rudiments de l’armée. Plus tard, ce personnage quitta le circuit, et évidemment, on n’a jamais su plus sur lui, parce que tout simplement, il n’a jamais existé en tant que refugié politique…

    • Ce genre de création d’informations fictives est monnaie courante dans la guerre du renseignement marocain contre l’Algérie, et je voudrais ici vous en relater une, spécialement une, dont je fus malgré moi l’agent de propagation, après que je fus mystifié par un site dont on a parlé auparavant : il s’agit de « Algeria Times ». Lorsque je découvris le pot-aux -roses, je préférais garder le silence jusqu’à ce que tous les atouts soient réunis de mon coté pour dévoiler la chose.

    • Le 4 aout 2009, le site publie une information concernant l’interpellation de cinq leaders du Polisario, dont le ministre délégué Mohamed Yeslem Yebset. L’information fit grand bruit. Juste après, une autre information publiée le 10 aout 2009, sous le titre de « des véhicules du Polisario en contact avec la « katibat des Molathamine » ont essuyé des tirs de la part de l’aviation militaire algérienne, lequel raid a fait huit morts. Cette information trouva écho auprès de la presse marocaine, mais pas autant que la première.

    • Je reçus l’information de l’arrestation du ministre délégué de la part d’Abderrahmane Mekaoui, un professeur à l’Université Mohamed V, à Casablanca, qui m’avait demandé de faire fonctionner mon site pour entamer des recherches le concernant. Aussi, lui demandai-je de tempérer afin de connaître pour plus de crédibilité les sources de cette information. Mon interlocuteur me cita sa source : un Algérien récemment arrivé –en juillet 2009- au Maroc pour demander l’asile politique. J’ai exigé que le nom de ce demandeur d’asile me soit communiqué, mais Mekaoui refusa net, arguant que l’intéressé ne veut pas pour le moment être connu, pour des raisons de sécurité. Il m’a refilé toutefois un numéro de téléphone, -un Djezzy- et j’ai appelé le Monsieur, qui, de toute évidence, attendait ce coup de fil. Avec un accent proche de celui d’Annaba, il me confirma l’arrestation et le bombardement, et me donna l’impression qu’il connaissait bien les casernes algériennes et les rudiments de l’armée. Plus tard, ce personnage quitta le circuit, et évidemment, on n’a jamais su plus sur lui, parce que tout simplement, il n’a jamais existé en tant que refugié politique…

    • Je demandais alors d’entrer en contact avec des Sahraouis, pour connaître plus sur ces deux informations. Mekaoui me refila le numéro de quelqu’un qui s »appelait Ould Mohamed, qui se faisait passer pour un des proches de Mostafa Sayed. Il jura que l’arrestation du ministre délégué est réelle, et précisa : « La police du Polisario a resserré l’étau sur les personnes suspectes, ou qui avaient des velléités pour rejoindre le Maroc, le mettant littéralement sous contrôle ». Un autre personnage sahraoui, parlant avec l’accent des Sahraouis, m’appela, avec un numéro algérien, et me confirma l’incident.

    • C’est alors que je pris la décision de publier les informations telles qu’elles m’ont été relatées par Mekaoui. Un grand écho donna suite à cela, et je fus invité par « Médi Sat1 », le 19 aout 2009. Je confirmais en direct les informations, et mon intervention fut diffusée, mais certaines parties ont été supprimées. Plus tard, lorsque je fus extorqué de mon site, j’essayais de faire comprendre aux gens que je n’avais plus de lien avec ce site, qui continua à utiliser mon nom, mais en vain.
    • Tous les contacts ont été rompus avec moi, et Mekaoui ne me répondait plus au téléphone…

    • Ceci est un résumé de notre volet sur la « fabrication de l’information » par les services de renseignement marocains. L’information est d’abord, diffusée. Par la suite, elle trouve tout un circuit pour lui faire des échos dans le sens voulu. Le site cité, « Algéria Times » reste encore algérien, et c’est ce qui apparaît toujours dans des journaux marocains comme « Al Alam », organe du parti au pouvoir.

    • Pour rappel, Ahmed Ould Souilem, qui a retourné casaque pour se jeter dans les bras des renseignements marocains, avait lui-même, affirmé que le site « Algeria Times » est dirigé par les services des renseignements algériens. Toutefois, dès que le Makhzen l’eusse mis au courant que le site a été rattaché à eux, ce même personnage a commencé à l’encenser en long et en large

    Utilisation d’Internet et infiltration des journalistes influents 

    Dans sa guerre contre l’Algérie, le renseignement marocain utilise tous les stratagèmes pour arriver à ses fins. Internet et les médias, après l’échec de la presse marocaine à former une opinion favorable au Plan d’autonomie, constituent ses autres points de fixation.

    • «Les services de renseignements marocains ont axé sur les médias pour propager les idées du Makhzen. Un département spécialisé dans la presse en général, la presse en ligne en particulier a été créé. Il existe une équipe spécialisée dans le commentaire des informations publiées dans les journaux et sur la toile, elle focalise sur les sites les plus en vogue comme Echoroukonline, Al Jazeera.net et Al Arabiya.net ».

    • «Certains m’ont même affirmé que pour Echorouk On Line, tout un staff a été mobilisé pour suivre et commenter les informations et articles qui y sont publiés. Ces personnes sont chargées de défendre les choix du Maroc en faisant croire qu’elles sont la voix du peuple afin de permettre la publication de leurs commentaires. Elles se font même passer pour des sahraouis parfois».

    • Une équipe est également mobilisée pour les forums de discussions et les sites interactifs comme Facebook et Twiter. Ces “agents” s’y inscrivent sous des faux noms et des photos de personnes décédées ou emprisonnées. Ils s’emploient à établir un large réseau de relations pour enrôler un maximum de monde, particulièrement les personnes influentes tels les militaires».

    • «Un autre bureau est chargé des blogs et des comptes personnels appuyés par le son et l’image. Quelqu’un se charge de mener et d’orienter les débats dans le sens voulu».

    • «En suivant nombre de sites et de forums s’intéressant à la région du Maghreb ou disposant d’une rubrique sur le Maghreb Arabe, comme le forum d’Echorouk, le forum d’Al Jazeera et autres, j’ai eu la certitude que ces équipes sécrètes œuvrent à semer la zizanie et la haine entre les deux peuples algérien et marocain. Ces réseaux de renseignements font tout pour faire croire que les algériens détestent les marocains, ce qui explique la démarche du palais royal surtout lorsqu’il s’agit de la question sahraouie. Et à travers mon propre site “La voix de l’exil”, je peux affirmer sans aucune hésitation que les commentaires contradictoires parviennent d’un seul lieu, le Maroc, et certains vont jusqu’à se faire passer pour des algériens».

    • «Les autorités marocaines interdisent aux médias du territoire marocain de publier ou de promouvoir des directives contraires à leur thèse sur le Sahara Occidental qu’elles assiègent. Les correspondants agréés doivent avoir l’aval des services de la sûreté et subissent des contrôles réguliers quelque soient leurs patrons au Makhzen. Les journalistes opposants ou free-lance sont interdits d’entrée au Sahara occidental et les journalistes étrangers ne peuvent avoir aucun contact avec les sahraouis, ni avec les nomades ni dans les grandes villes telles El-Ayoun où foisonnent les postes de contrôle de la gendarmerie royale très rigoureux et les patrouilles de soldats».

    • «Les services secrets marocains tentent d’infiltrer les chaines telles Al-Jazzera  et d’acheter des journalistes de grandes agences de presse ou de grands journaux. Par ailleurs, le journaliste autorisé à se rendre au Sahara occidental n’a aucune liberté d’action sauf en cas de comportement adéquat, et ceux qui reviennent chanter les louanges du Makhzen ont soit subi des pressions, soit touché des pots-de-vin».

    • «Quant à la presse et aux organes d’information marocains qui refusent de se soumettre au Makhzen, ils subissent de fortes représailles à travers les poursuites judiciaires, la mauvaise publicité et même la banqueroute pour qu’il ne reste rien qui puisse confondre le système dirigeant et démasquer les familles du Makhzen qui ont la mainmise sur toutes les fortunes et procèdent à un pillage flagrant des richesses du pays».

    Le patron des services secrets marocains affirme qu’Echorouk le dérange au plus haut degré 

    Par la force des choses, et un peu par habitude, ces agents sont devenus des acteurs de premier plan dans les activités suspectes et invisibles, qui touchent à l’intégrité territoriale de l’Algérie et à sa sécurité. Ces agents sont tout aussi actifs concernant la contrebande de la drogue, des armes et des explosifs vers l’Algérie via les monts de l’ouest marocain.

    • Les plans préparés pour tenter de créer des tensions en Algérie constituent à la fois un aspect très important et  très dangereux des modes opératoires des services secrets marocains. C’est même un axe autour duquel s’article tout le travail secret du renseignement du Makhzen. C’est dans ses sous-sols secrets que se décident des choses d’une extrême gravité, dont l’objectif est de maintenir l’attitude du Palais en l’état, combien même elle est sujette à des contestations populaires graves.

    • Préparation des plans pour attiser les tensions en Algérie

    • La mobilisation d’agents traitants à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc constitue la première fixation du renseignement marocain. Ces agents sont « traités », orientés et mobilisés autour d’un ou de plusieurs objectifs, sur lesquels les agents sont tenus d’apporter des informations sans cesse mises à jour par le biais de rapports et de compte-rendu épisodiques ou réguliers.

    • Par la force des choses, et un peu par habitude, ces agents sont devenus des acteurs de premier plan dans les activités suspectes et invisibles, qui touchent à l’intégrité territoriale de l’Algérie et à sa sécurité. Ces agents sont tout aussi actifs concernant la contrebande de la drogue, des armes et des explosifs vers l’Algérie via les monts de l’ouest marocain.

    • Pour le moment, nous ne disposons pas d’informations précises concernant ces réseaux, mais on sait bien –à la faveur de la fausse information de l’arrestation de cinq délégués du Polisario –  qu’ils sont très actifs dans l’espionnage contre l’Algérie.

    • Une autre fourberie est mise à contribution par les services secrets marocains pour venir à bout de l’Algérie : c’est l’utilisation à leur profit des opposants, des mécontents  et des victimes de la décennie sanglante en Algérie. Pour ceux-là, ils mettent plusieurs circuits pour les attirer puis pour les utiliser dans des missions et des agendas précis.

    • Le mode opératoire des services marocains envers ces personnages est de commencer à diffuser leurs contestations, désapprobations ou exigences. Des entretiens interviennent par la suite pour mener « l’opposant à déballer le sac ». La colère de cet opposant est évidemment mise à profit pour lui en faire dire plus et le pousser à dire même plus loin que sa pensée véritable. L’entretien est publié sous une forme qui donne toujours à croire qu’en Algérie, il existe une opposition sérieuse à la politique officielle de l’Etat, notamment concernant le Sahara occidental, position inchangée depuis 35 années.

    • Chez les services secrets de Sa Majesté

    • Dans un de mes périples marocains, j’ai eu à faire une rencontre « intéressante » avec les services secrets du Palais. Un jour, rendez-vous me fut donné. Lorsque je pointais, je trouvais un chauffeur à ma rencontre, lequel m’informa que notre ami commun l’attendait un peu plus loin. Je montais dans la voiture et me retrouva quelques minutes plus tard à l’intérieur d’une villa grand standing. Le chauffeur, d’une cinquantaine d’années, freina juste devant une porte gardée par trois hommes en civil, dont le commandant Ahmed, et de par les aspects coquets des lieux, j’en conclus que je devais être devant une résidence officielle de l’Etat.

    • Je fus dispensé par le commandant de passer devant le scanner, mais je dus éteindre le téléphone dès l’entrée, car les directives étaient strictes en ce sens.  Je ne dus pas attendre très longtemps, car cinq minutes seulement après m’avoir fait asseoir dans un salon, cinq hommes pointèrent devant moi, et je reconnus immédiatement celui qui devait être le patron des services secrets marocains : Mohamed Yassine Al Mansouri. Celui-ci devançait les autres et prit immédiatement la parole : « Bienvenue dans votre deuxième pays, le Maroc, bienvenue ! ». Le commandant me le présenta, et je confirmais qu’il s’agissait bel et bien du puissant patron des services marocains Mohamed Yassine Al Mansouri, un des hommes forts du pays, et un des plus proches collaborateurs de Sa Majesté le Roi Mohamed VI.

    • Evidemment, j’ai été surpris et un peu désappointé par cette façon de faire, car personne ne m’avait prévenu de cette rencontre. Toutefois, Mohamed Yassine Al Mansouri fit vite de me rassurer que cela a été nécessaire pour des raisons évidentes de sécurité. Il dit aussi qu’il souhaitait personnellement cette entrevue après l’échec de la première rencontre à Lisbonne, s’attardant volontiers sur mes entretiens données à des chaines satellitaires qu’il dit apprécier et suivre avec tout l’intérêt possible.

    • Il engagea la conversation dans le sens qu’il souhaitait, concernant ma situation en France et les conditions de mon séjour aussi. Il parla aussi de l’opposition algérienne à l’étranger, qu’il dit beaucoup respecter.

    • Il chercha à connaître des détails de mes années dans l’armée, mais je dus lui affirmer qu’il s’agissait pour moi d’une période passé et d’un chapitre clos. Alors, il enchaina sur Boujerra Soltani, et me dit qu’il a suivi toutes les péripéties de l’affaire et qu’il était à mes cotés jusqu’à ce que je recouvre l’intégralité de mes droits dans cette affaire.

    • Mon livre sur « le Déluge de corruption et l’avancée de Ben Laden en Algérie » a été aussi un de ses sujets de discussions, et il m’avoua avoir lu le livre avec beaucoup d’intérêt. Mais sa fixation a été plus sur les réunions de Genève concernant les manquements aux droits de l’Homme et l’incrimination de l’Algérie dans ces délits. Pour lui, c’est une avancée importante que l’Algérie soit incriminée dans des accusations pour tortures et disparitions forcés, et me demanda d’aider les gens qui veulent faire entendre leurs voix dans ce sens précis.

    • Je me hasardais alors à lui poser une question relative au « Maroc de l’Est », qui revenait souvent dans la presse marocaine, et il me dit alors, qu’il était disposé à fermer les yeux sur ce sujet, « mais alors l’Algérie devrait aussi fermer les yeux sur les séparatistes et les rebelles du Sahara Marocain ». Pour ce faire, il dit qu’il avait sous la main des cartes de pression, comme par exemple faire sortir des dossiers encombrants sur les généraux au sujet du Sahara et sur le terrorisme international qui prend source à partir de l’Algérie ». Il dit enfin, qu’il respectait et aimait l’Algérie et le peuple algérien, mais qu’il aimait plus son pays, et que la question sahraouie était de toute évidence une question de souveraineté ».

    • Concernant la possibilité que les Nations Unies contraignent les parties du conflit à aller vers une solution de l’autodétermination, il répondit à l’aise : « Cela ne se fera jamais, car les Nations Unies ne sont qu’une annexe entre les mains des grandes puissances, dont principalement les USA, et que Dieu merci !- les Américains sont nos alliés ».

    • Avant de nous séparer, le sujet versa sur les médias, les querelles entre l’Algérie et l’Egypte à travers leurs journaux, et là, il montra de la colère envers les Egyptiens qui ont versé dans des insultes de bas étage contre les chouhada, mais fit vite de revenir à Echorouk, qui les « dérange au plus haut degré par son appui aux séparatistes», le qualifiant de « journal de fitna que les autorités algériennes ont tout intérêt à fermer », du moins « jusque après la coupe d’Afrique, pour atténuer les tensions entre les deux peuples ».

    • Lorsque je lui dit que j’y écrivais de temps à autre, et que sa rédaction n’est pas aussi déplaisante qu’il le dit, il répondit : « Je le sais, mais ce journal ne publie pas tes écrits sur les séparatistes. En fait, ce journal veut seulement se donner l’air d’être une tribune qui donne la parole à tous ».

    Echouroukonline, oct 2010

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, Anouar Malek, DGED, services secrets marocain,

  • FRANTZ FANON L’homme de rupture

    Un intellectuel de génie

    Je n´aime pas l´Afrique des yes men et des béni-oui-oui, l´Afrique des hommes couchés […] l´Afrique des négresses servant l´alcool d´oubli sur le plateau de leurs lèvres. A. Béville

    Le 20 juillet 1925, naquit Frantz Fanon. Comme Césaire et E. Glissant, il est natif de la Martinique. L´action et l´oeuvre de Fanon s´inscrivent dans une logique de rupture totale avec le passé. Passé d´une aliénation et d´un servilisme longtemps subis. Au-delà de ce que peut nous révéler cette oeuvre sur le plan de l´examen médical, de tout le fatalisme psychiatrique et de la symptomatologie des formes aliénantes, l’écriture de ce grand homme a d´abord été un cri. Un cri de libération subjective, de la charge de mépris et de l´attitude condescendante du blanc, qui pèsent sur lui, en tant qu´individu. « Et puis il nous fut donné d´affronter le regard de l´homme blanc » (Fanon, Peau noire, masques blancs, p.6). Un cri d´affranchissement de la lourde hypothèque « blanche », qui obère depuis des siècles, l’émergence d´une dignité dans la société noire. Celle-ci est faite de violence inouïe à l´égard de l´esclave et de l´indigène par le colonisateur, qui a rythmé  » la destruction des formes sociales et démoli sans restrictions les systèmes de références. » (Fanon, Les Damnés de la terre p.29).

    Enfin, un cri à portée universelle, comme dialectique de la délivrance du corset de fer imposé par le capital et l´exploitation de l´homme déshumanisé. Cette phénoménologie de la souffrance et de l´aliénation explique le rejet hors du champ de l´humain de l´homme noir, pour le transformer en ce Noir antithétique de l´homme blanc. Une face nègre et un visage pâle pour la même médaille. Une figure antinomique par la perte de son statut d´homme, défini par celui-là même, son non-semblable blanc. Dorénavant, ce Nègre se trouve coincé dans une zone de non-être, relégué dans un no man´s land brumeux, indistinct, repoussé dans les ténèbres d´une altérité mystérieuse et étrange.

    A ce stade, un monde bipolaire, manichéen, se dessine autour de lui  » un monde coupé en deux et habité par des espèces différentes »(Les Damnés). Le Noir migre de l´univers des hommes vers celui de l´animal, son séjour est caractérisé par un espace sémiotique que délimitent des symboles zoologiques: reptation, émanations, hordes, pullulement etc. Dans cette conception, Fanon gomme le flou caricatural qui l´entoure, et redessine, d´une façon claire, ses contours palpables. Il arrache à cet homme les oripeaux, dont les oeuvres philanthropiques d´une Europe pleine de morgue l´ont vêtu, pour le présenter dans sa nudité native, laissant découvrir ses muscles, sa sueur et son sang. Ce Noir encore, silhouette obscure, dont on ne perçoit qu´ombre incertaine et mouvance brumeuse, va cristalliser à présent autour de lui un énoncé identitaire, posé à travers une conscience double: celle de l´institutionnalisation de l´état de l´esclavage et de la race. Celle d´une subordination et d´une couleur, comme l´a fort bien suggéré G. Fabre dans ses travaux sur le théâtre noir (1). Se (dé)couvrant ainsi, le Noir essayera d´échapper à sa condition, à la condition inhumaine qu´on a taillée pour lui sur mesure. Il tentera de se dépasser en se reniant, d´oublier ce qu’il est, en se consumant. Il s´empêtre dans la confusion des deux instances personnelles: le « je » et le « tu » pour devenir un « il », entité impersonnelle et abstraite. Il (se) fabrique son remake…blanc. Une pâle copie de la copie de son maître. Une figure de laideur incolore. Il a compris que son destin était blanc. Alors il veut être blanc. »Il ya longtemps que le Noir a admis la supériorité du Blanc, et tous ses efforts tendent à réaliser une existence blanche. »(Fanon, Peau noire, masques blancs, p.205). Ce reniement ontologique dépasse la problématique contentieuse du Maître et de l´Esclave, dont Hegel a fait sienne la réflexion, dans la Phénoménologie de l’Esprit (2). Ces deux consciences antagoniques incluent des notions de domination, de supériorité. Et, par un long processus historique, dans la perspective hégélienne, l´esclave arrive à une reconnaissance, voire à une égalité avec le maître, à partir d´une progressive évolution et d´un renversement des valeurs. Or, le Noir dans l´inconscient du Blanc est statutairement non-humain, par conséquent son accomplissement dans l´Histoire est toujours retardé et peut-être jamais réalisable. Ce rapport unilatéral, imposé par la force par le colonisateur, contredit toute possibilité de reconnaissance réciproque. Là, se dresse de toute sa hauteur altière, cet éminent psychiatre, ce théoricien de la domination, cet Algérien, cet Antillais, ce Fanon universel, au caractère tranchant et à l´âme entière, pour dire aux consciences serviles et aux nuques soumises, que les maux dont ils souffrent sont la conséquence de leur résignation. Mais qu´ils peuvent s´en guérir. Le combat juste est leur seule arme de libération. Celle-ci » ne peut être le résultat d´une opération magique, d´une secousse naturelle ou d´une entente à l´amiable » (Les Damnés, p.25). C´est une claire mise en garde contre les discours oiseux et l´euphorie d´une eschatologie salvatrice, sur fond de douce béatitude. Fanon connaît les sociétés qu´il décrit, et l´analyse qu´il en fait n´est pas sans référent dans la réalité, elle est précise et d´une portée considérable. Son message n´a pas de frontières. Il ne fut pas le seul, d´autres avant lui avaient pris la parole, rendu visible leur réalité, et sensibles leurs causes. Césaire, Damas, Senghor, Cheikh A. Diop, chantres de la négritude et défenseurs de la culture noire; Martin L. King, Malcom X, Amiri Baraka, héros de la Renaissance noire, ou activistes dans la double lutte, féministe et raciale: Ida B Wells-Barnet, Ella Baker, Rosa Parks, Fannie Lou Hamer, et bien d´autres leaders noirs emblématiques, dans une Amérique raciste. Mais le combat de Fanon serre de plus près la réalité. Il pose une échelle d´actions qui passe de l´exorcisme des passions individuelles, à l´effort collectif de désaliénation, de décolonisation et qui est contre toutes les formes de domination. Seule l´action politique et révolutionnaire demeure efficiente. Mêlant ses recherches et ses préoccupations intellectuelles à l´action politique, dans cette Algérie qui constitua pour lui une terre d´accueil, il y découvrit les tourments d’une humanité seconde et ses peines intolérables. Ce grand révolutionnaire convaincu et sincère prédisait un avenir en tout cas meilleur que le présent vécu. A condition de secouer cette longue nuit coloniale: « La grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés »(Les Damnés, p.235).

    Fanon rejette l´idée de spécificité d´une « essence noire », dépassable, dont parlait Sartre, dans la préface Des Damnés de la terre. Ce dernier reste prisonnier de l´idée de réalisation d´une société humaine, nivelée dans ses contradictions, et sans race; tout comme Marx le resta dans son utopique idéal communautaire, sans Dieu ni classe. L´existence d´une particularité, ou d´une culture nègre, n´est pas liée à une essence. Elle est le produit d´une histoire. Son existence combine cette spécificité africaine, où s´expriment les rythmes, l´organisation des modes de vie, la littérature orale, tous les paradigmes qui spécifient cette convergence et ses affinités dans le monde nègre, avec la réalité sur les cruelles déportations outre-Atlantique, l´esclavage institutionnalisé, les séduisantes et trompeuses missions civilisatrices. Quant à l´essence, elle ne peut être que: « Cette essence divine par quoi se manifeste l´éminente dignité de la nature humaine, » comme l´a rappelé solennellement le Dr Price-Mars, au cours du 1er congrès des Ecrivains et Artistes noirs.(3) Elle est, selon l´esthétique noire, suprahumaine, détachée du contexte historique qu´elle transcende. Persistants, l´esclavagiste et plus tard le colonisateur justifient cette notion « d´âme noire » qui n´est en fait qu´un prolongement indéfini, un approfondissement, comme l´a exprimé Césaire, du « processus de chosification » de l´homme. Historiquement, les premières expéditions coloniales avaient commencé sous l´égide de l´église. Une bulle pontificale légitimait la guerre contre le peuple indien, estimant comme un devoir chrétien, son asservissement. C´est le pape Alexandre VI qui, en 1493, autorisait la violence sur les Indigènes, afin, prétendait-il, de sauver leur âme pécheresse. Le massacre des populations, l´occupation des terres et le pillage de l´or se sont rarement produits sans la bénédiction cléricale. Peu de temps avant, c´était l´effervescence de la Reconquista dans une Espagne houleuse, marquant la fin tragique du règne islamique, suivie d´expéditions punitives contre les populations non chrétiennes, la chasse aux Juifs et aux Musulmans, et les exécutions expéditives de ceux qui résistaient aux conversions forcées au christianisme. Au IVe siècle, Saint Augustin justifiait l´esclavage; au VIIe, Isodore de Séville expliquait que les esclaves, étaient coupables et méritaient leur sort, à cause du péché originel. Le fait colonial est étroitement lié à ces étapes historiques. L´Occident moderne a bâti son histoire coloniale sur ces vestiges de « grandeur » que Fanon a démystifiés et sans cesse bousculés. Il rappelle à cette Europe va t-en- guerre le travestissement des Lumières, les formules creuses d´égalité et de fraternité, l´aventure spirituelle, qui ont été paradoxalement, les premières valeurs mises en avant, dans le but de circonvenir les peuples, puis de les coloniser. Même le christianisme noir est dévalorisé par les Missionnaires d´Europe, « à croire qu´il n´existe pas une attitude chrétienne de respect à l´égard des cultures indigènes », s´écrie un congressiste(4). Ainsi les fameuses missions civilisatrices ne furent que vastes détours, artifices de séduction, un moyen  » d´évangéliser les Nègres jusqu´aux os, afin de se rendre dociles leurs âmes jusqu´au jour du massacre, chercher ainsi à en faire un peuple chanteur de « Negro-spirituals », s´indigna Cheikh Anta Diop(5).

    Voilà un demi-siècle que le temps nous a séparés de cet intellectuel de génie, à l´oeuvre considérable. Mais Fanon nous est inséparable. Il n´a pas encore pleinement la place qui sied à cet auguste personnage. Mais il a une immense place dans nos coeurs. Il n´appartenait à aucune coterie littéraire, ni aréopage intellectuel. C´est un savant qui a su dépasser le conformisme scolaire, et su éviter de suivre les brisées d´une sociologie emmurée dans les limites d´un impérialisme de la pensée. Praticien incomparable et penseur libre, cet esprit acharné a mis toute son énergie, durant sa courte vie, au service de l´homme et de l´Histoire. Il a refusé l´embrigadement de l´orthodoxie universitaire qui, cachée derrière un écran méthodologique, l’aurait poussée à une pratique qu’il refusait. En effet, il ne voulait pas soumettre ses analyses à l´étroitesse des règles, dont les cadres préétablis auraient servi de repères exclusifs, où sa pensée devait fatalement tenir. D´ailleurs, il montrait une défiance à l´égard des exposés doctrinaux, issus des laboratoires d´idées préfabriquées, et choisit, pour cela, des moyens d´investigation pratiques et le point de vue heuristique. L´hôpital de Blida où il faisait ses consultations psychiatriques, et le contexte historique d´une Algérie colonisée, ont favorisé ses efforts qui tendaient à une harmonisation du penser et de l´agir. Un demi-siècle, et les résonnances profondes de ses appels ne cessent de nous interpeller, comme une profession de vérité et d´espoir. On est toujours saisi par l´universalité de son message lancé à la face du monde, et de cette Europe infatuée. C’est un juste combat, celui en définitive de la restauration d´une dignité, dans l´espérance d´une réparation, fût-elle symbolique, tant attendue certes, mais sans haine, ni dédommagement rétroactif.

    Le 6 décembre 1961 décéda Frantz Fanon. Son corps fut ramené de Tunisie. Un hommage des dirigeants de l’A.L.N lui fut rendu. D´abondantes larmes coulèrent et l´un d’eux, sorti des rangs serrés des Moudjahidines, prononça d´une voix aux inflexions émouvantes, une oraison, juste, austère, et sans pimpante fioriture, à la mesure du grand homme qu´il fut et du visionnaire qu´il restera.

    L’extrait suivant a été rapporté par le journal El Moudjahid, organe du FLN où Fanon a aussi collaboré.

    C´est fini.
    Le cercueil repose sur un lit de branches de lentisque, au-dessus des rondins de chêne-liège. En cette fin d’après-midi, le soleil décline. Au loin, on devine la plaine dont nous séparent des crêtes douces, bleutées dans la lumière ouatée de l´hiver. Tout respire la beauté et le calme.
    Le dernier voeu de Frantz Fanon est accompli: il repose parmi ses frères, en terre algérienne.

    (1)G.Fabre, Le Théâtre noir aux Etats-Unis, Ed. Cnrs, 1982.
    (2)Ed.Gallimard, 1991
    (3) in Présence Africaine, No spécial, Septembre, 1956.
    (4) Idem
    (5) Idem, Cité par T. Ekollo.

    Abdelkader BENARAB

    Tags : Algérie, France, colonialisme, guerre d’Algérie,

  • L’insistance du Maroc pour appartenir aux pays du Sahel

    Jaloux de la position de l’Algérie dans la région du Sahel, les autorités marocaines se sont affolées de trouver un prétexte pour que le Maroc soit compté parmi les pays qui composent le Sahel. Voici ses arguments à cer égard:

    • Les deux réunions qui ont eu lieu au Mali au sujet d’abord du suivi de la feuille de route « ensemble pour le renouveau du Mali » (donateurs) et ensuite de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, ont permis à la délégation du Maroc de se positionner fortement dans le soutien et l’appui aux processus visant la stabilité du Mali et du Sahel.

    • Le concept avancé par notre délégation que  » c’est la menace qui détermine l’espace  » et qui vise à mettre un terme au concept  » pays du champ » a été repris par un grand nombre de délégations présentes qui ont souligné que c’est ce concept qui devrait déterminer l’étendue de la zone « sahel » et non l’inverse.

    • Ainsi sur le plan conceptuel la notion « pays du champ » est dépassé et n’a été citée aucune fois tout au long de la réunion.

    • Par extension, il peut même être avancé que le « G5 », notion inventée par l’Europe et principalement par la France, n’a pas connu un grand soutien.

    • Le nouveau concept que c’est « la menace qui détermine l’espace » a été enrichi par la notion que le Sahel est avant tout un espace homogène du point de vue géographique et culturel qui s’étend de l’Atlantique à la mer rouge et que par rapport aux critères de la menace et de la sécurité, il devra être approché dans sa totalité, sans distinction, ni différenciation.

    • Admettant la pertinence du concept « la menace qui détermine l’espace »,  délégation du Mali et de la Mauritanie ont souligné que le G5 est un groupement non exclusif et reste ouvert à la participation de tout autre pays du Sahel qui en manifeste le souhait.

    • Le Président IBK a d’ailleurs souligné que le Président Macky Sall a abordé avec lui la question et il lui a affirmé que le G5 n’est pas un groupe fermé et que le Sénégal pouvait y adhérer.

    • Le représentant du Bénin a souligné dans son intervention que le Bénin se considère comme appartenant au Sahel.

    • Tout concourt finalement à ce que la CEN-SAD soit l’organisation idoine pour peu qu’elle saisisse cette opportunité. En effet la CENSAD correspond largement à cette configuration.

    • S’agissant de la situation au Mali , il était prévu qu’ une réunion ait lieu le Samedi à KIDAL sous présidence algérienne entre le gouvernement et les groupes armés du Nord . Le MAE mauritanien m’a confirmé la tenue de cette réunion mais m’a affirmé que la Mauritanie, le Niger et le Tchad qui y étaient conviés ont fait savoir qu’ils n’y prendront pas part. Le MAE mauritanien estime que le jeu n’est pas clair et que la partie malienne n’a pas précisé ses attentes. D’autres sources, ont souligné que l’attitude « trop discrète » du gouvernement malien quand à ses objectifs, n’est pas à même de faire adhérer autour de lui un maximum de pays.

    • La Secrétaire d’État Française au développement et à la Francophonie qui avait pris part à la réunion « Ensemble pour le Mali » s’est rendue à Tombouctou le Vendredi et semblait optimiste par rapport au retour de la sécurité dans le Nord Mali. Les événements survenus à KIDAL démentent ce sentiment et ont torpillé la réunion prévue.

    Sahel / « la menace qui détermine l’espace »

    • Les deux réunions qui ont eu lieu au Mali au sujet d’abord du suivi de la feuille de route « ensemble pour le renouveau du Mali » (donateurs) et ensuite de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, ont permis à la délégation du Maroc de se positionner fortement dans le soutien et l’appui aux processus visant la stabilité du Mali et du Sahel.

    • Le concept avancé par notre délégation que  » c’est la menace qui détermine l’espace  » et qui vise à mettre un terme au concept  » pays du champ » a été repris par un grand nombre de délégations présentes qui ont souligné que c’est ce concept qui devrait déterminer l’étendue de la zone « sahel » et non l’inverse.

    • Ainsi sur le plan conceptuel la notion « pays du champ » est dépassé et n’a été citée aucune fois tout au long de la réunion.

    • Par extension, il peut même être avancé que le « G5 », notion inventée par l’Europe et principalement par la France, n’a pas connu un grand soutien.

    • Le nouveau concept que c’est « la menace qui détermine l’espace » a été enrichi par la notion que le Sahel est avant tout un espace homogène du point de vue géographique et culturel qui s’étend de l’Atlantique à la mer rouge et que par rapport aux critères de la menace et de la sécurité, il devra être approché dans sa totalité, sans distinction, ni différenciation.

    • Admettant la pertinence du concept « la menace qui détermine l’espace »,  délégation du Mali et de la Mauritanie ont souligné que le G5 est un groupement non exclusif et reste ouvert à la participation de tout autre pays du Sahel qui en manifeste le souhait.

    • Le Président IBK a d’ailleurs souligné que le Président Macky Sall a abordé avec lui la question et il lui a affirmé que le G5 n’est pas un groupe fermé et que le Sénégal pouvait y adhérer.

    • Le représentant du Bénin a souligné dans son intervention que le Bénin se considère comme appartenant au Sahel.

    • Tout concourt finalement à ce que la CEN-SAD soit l’organisation idoine pour peu qu’elle saisisse cette opportunité. En effet la CENSAD correspond largement à cette configuration.

    • Il vous appartiendra lors de la réunion « 5+5 » de continuer à faire prévaloir ce concept.

    Tags : Maroc, Algérie, Sahel, terrorisme, Mali, Niger, Burkina Faso,

  • Maroc : Bourita semble avoir avalé sa langue

    Il semble que les individus qui dirigent le Maroc ont mal à distinguer entre diplomatie et coups de poings.

    En effet, à force d’abuser de la stratégie de la tension avec les voisins, avec au fond les ressources du Sahara Occidental, les marocains ont décidé d’offrir au public un spectacle journalier en vue d’amuser la galerie. Un spectacle digne des pires pièces de théâtre jamais créées.

    C’est ce que Bourita a appelé dans ses rapports, politique de fermeté dans l’espoir de voir le soutien de la France apporter ses fruits. Une prétendue « fermeté » qui les a poussés à désavouer deux fois l’Envoyé onusien pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, et organiser des manifestations populaires pour insulter le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

    Bourita et ses consorts avait trouvé dans le silence de Bouteflika le terrain idéal pour lancer ses attaques. Au point de rejoindre l’Union Africaine dans le but de la faire imploser. Pour cela, il compte avec le soutien des pays de la françafrique : Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Gambie, Guinée et République Centrafricaine.

    Cette situation de vide diplomatique qui a caractérisé l’Algérie semble arriver à sa fin avec l’élection d’Abdelmajid Tebboune. Concernant les relations avec le Maroc, le président algérien n’y est pas allé par quatre chemins pour faire comprendre que s’il y a « fermeté », elle viendra d’Alger et son but est celui de résoudre le conflit du Sahara Occidental sur la base de la légalité internationale, à savoir un référendum d’autodétermination.

    Tebboune avait donné le ton quelques jours avant son élection lorsqu’il a  déclaré que les marocains doivent s’excuser d’avoir accusé injustement leur voisin. Sa fermeté a été corroboré lors de ses entretiens avec Le Figaro et Russia Today. Il n’a pas manqué de rappeler que le Maroc a trahi son voisin de l’Est à une époque où ce dernier était en guerre acharnée contre le terrorisme. Pire encore, pour ne rien épargner à l’Algérie, Rabat a procédé à l’expulsion de milliers de ressortissants algériens qui vivaient au Maroc.

    M. Tebboune a montré ainsi les prémices de l’offensive diplomatique qu’il compte mener pour rendre à l’Algérie le poids diplomatique dont elle jouissait dans le passé.

    En raison de la clarté et fermeté du président Tebboune, Nasser Bourita semble avoir avalé sa langue. Un silence qui dit long sur la déception d’un chef d’une diplomate marocaine dont l’ambition l’a conduite à la perdition.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Nasser Bourita, Algérie, Abdelmajid Tebboune,

  • Tebboune à Russia Today :  » L’Algérie aspire à renforcer ses relations avec la Russie »

    Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’Algérie aspirait à renforcer ses relations avec la Russie pour les hisser au niveau de l’entente et du rapprochement politiques entre les deux pays. Lors d’une entrevue accordée à la chaîne de télévision « Russia Today Arabic » diffusée vendredi, M. Tebboune a déclaré: « Nous souhaitons hisser nos relations avec la Russie, qui est quasiment un pays frère et non ami seulement, au niveau de l’entente politique et de la similitude des principes de libération », ajoutant vouloir voir ces liens franchir une nouvelle étape « pour le renforcement des relations économiques et culturelles avec ce pays auquel nous vouons estime et respect ».

    Dans ce sillage, le Président de la République a indiqué que l’Algérie était honorée de tisser des liens étroits avec la Russie, pays au legs historique et culturel, qui soient à la hauteur du rapprochement politique et de la convergence des vues entre les deux pays. « L’Algérie n’a et n’aura aucun problème avec la Russie, vu que nous partageons les mêmes principes », a-t-il soutenu. Dans le cadre des démarches communes visant le renforcement des relations bilatérales, le Président Tebboune a indiqué avoir reçu une invitation de son homologue Vladimir Poutine pour une visite en Russie, ajoutant que cette visite, qui le « réjouit », a dû être ajournée en raison de son agenda « chargé ».

    A une question sur le retour de la diplomatie algérienne au-devant de la scène internationale, à la faveur d’une intense activité, M. Tebboune a affirmé que l’Algérie, « par sa crédibilité et son intégrité », est « apte à jouer le rôle de médiateur » et « sa démarche est désintéressée car procédant des principes de sa Glorieuse révolution du 1er Novembre », rappelant « la grande expérience de l’Algérie dans ce domaine, notamment en matière de médiation et ce depuis l’indépendance ».

    « Le retour de la diplomatie algérienne est une revendication populaire, issue de la profonde conviction des Algériens en les vertus de l’unité, particulièrement lorsqu’il s’agit de nos frères (…). Il nous est difficile de voir un peuple arabe souffrir et de ne pas agir. Le cas est le même pour des peuples non arabes, la diplomatie algérienne est connue pour son rôle dans plusieurs questions à travers le monde (Timor Oriental, Sao Tomé et Principe, l’apartheid en Afrique du Sud, la question palestinienne, le Sahara occidental ainsi que le dossier libyen), a-t-il souligné.

    Pour le dossier libyen, le Président Tebboune a estimé que « les démarches de l’Algérie pour le règlement de la crise dans ce pays frère obéissent certes aux dénominateurs communs entre les deux pays et peuples, algérien et libyen, comme la langue, la religion et le voisinage mais surtout à un devoir de reconnaissance +inoubliable+ pour le peuple algérien à l’égard du peuple libyen à savoir son soutien à notre Guerre de libération nationale ».

    Quant aux nombreuses visites de responsables étrangers en Algérie, le Président Tebboune, a précisé que l’Algérie, partant de son principe de non alignement, veillait à « observer l’équidistance vis-à-vis de tous les protagonistes et tous les intervenants dans n’importe quelle question », assurant que « quand on veut jouer un rôle de médiateur, on doit faire attention à ne prendre partie ».

    Soulignant que tous les intervenants dans le dossier libyen « sont des pays frères et amis, que ce soit l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, la Turquie ou la Russie », M. Tebboune a soutenu que « la voix de l’Algérie peut, ainsi, être écoutée, d’autant que son seul souci est de stopper l’effusion de sang dans ce pays frère et mettre un terme à la tragédie que vivent les Libyens, sans aucunes visées politiques, économiques ou expansionnistes ».

    Concernant la Turquie, le président de la République a déclaré: « nous avons avec ce pays de solides relations séculaires, et nos relations se poursuivent », cependant, a-t-il insisté, « l’Algérie ne peut être impliquée dans une politique qu’elle n’aura pas choisie. Notre politique, c’est nous qui la choisissons et ne peut nous être imposée », a-t-il ajouté. S’agissant de la visite prévue de l’Emir de Qatar, le Président de la République a indiqué que « l’Emir de Qatar est un frère qui est le bienvenu », précisant que « nous n’attendons aucune contrepartie ni des frères qataris, émiratis, saoudiens, égyptiens ni même d’autres pays amis ».

    Dans le même contexte, M. Tebboune a fait savoir qu’il voulait effectuer une visite en Arabie Saoudite, « mais mon agenda interne chargé avec l’ouverture de plusieurs chantiers m’a amené à reporter la visite à ce pays auquel nous vouons fraternité et considération », a-t-il expliqué.

    Concernant les relations avec le Maroc et la possibilité d’ouverture des frontières, le président de la République a affirmé que « pour qu’un mal disparaisse, il faudrait que ses causes le soient », soutenant qu’ »aucun reproche ne peut être fait à l’Algérie pour une insulte au Maroc ou à son peuple… ». « Le peuple algérien voue des sentiments d’estime et de fraternité à son frère marocain… », a-t-il ajouté, relevant la réciprocité du peuple marocain comme l’a démontrée l’ambiance de joie partagée dans plusieurs villes marocaines lorsque l’Algérie a remporté la dernière Coupe d’Afrique, organisée en Egypte.

    Quant aux frontières avec le Maroc, le Président Tebboune a dit que leur fermeture avait été « une réaction », précisant que cette fermeture « pour une deuxième fois, avait été plus douloureuse que lors de la première ».

    Dans ce cadre, il a rappelé la rencontre tripartite qui a réuni le défunt président Chadli Bendjedid et les Rois Fahd Ben Abdelaziz et Hassan II avant la réouverture pour la deuxième des frontières, lors de laquelle e Président Chadli avait déclaré: « Je crains la fermeture, une autre fois, des frontières qui serait très douloureuse pour les relations bilatérales ».

    Dès lors, a poursuivi le Président Tebboune, il a été convenu de laisser le dossier du Sahara Occidental entre les mains des Nations-Unies et de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) (UA actuellement), avec le rétablissement des relations de fraternité et des échanges commerciaux ». La décision de fermeture des frontières intervenait dans « une conjoncture qui nous était très défavorable et éminemment critique pour nous accuser de terrorisme et imposer le visa aux Algériens, d’autant qu’à ce moment un pays européen cataloguait tous les Algériens de +terroristes+ et avait fermé son espace aérien à l’Algérie (…) », a-t-il souligné.

    Mettant en avant la profondeur des liens entre les pays du Maghreb arabe, M. Tebboune a estimé qu’il « est difficile de parler le même discours lorsqu’il y a des intentions sous-jacentes. Nous, nous sommes clairs et notre pays est très lisible dans sa politique ». Dans ce contexte, le président a conclu en souhaitant « voir la situation, avec le Maroc pour lequel nous n’avons aucune animosité, aplanie loin de toute manoeuvre ou tentative d’isolement de l’autre… ».

    Concernant la position de l’Algérie au sujet de ce qui a été qualifié de +Deal du siècle+, le président de la République a rappelé que « la position de l’Algérie vis-à-vis de la Cause palestinienne, est une position de principe immuable », exhortant les Palestiniens à la réunification des rangs pour sortir de « la situation de division et de dispersion » que vit la Palestine et même les pays arabes. Se disant « convaincu » que ce deal « ne pourra aboutir, car non fondé sur des bases logiques, historiques ou éthiques, ni même sur les principes du droit international », M. Tebboune a déclaré que ce plan « est voué logiquement à l’échec » et que l’Etat palestinien « sera inéluctablement instauré ».

    Pour ce qui est du rôle que peut jouer l’Algérie, le président de la République a indiqué que les Etats Unis « sont un pays ami avec lequel nous n’avons jamais eu de problème. La voix de l’Algérie est la voix du droit. Il est question-là, de l’histoire d’une nation et n’ont d’une transaction commerciale », a-t-il soutenu. Affirmant qu’un « peuple entier ne peut pas être rayé comme ça de la carte », il a rappelé « les voix qui s’élèvent contre ce Deal au sein du Congrès américain et de l’Union européenne (UE), outre son rejet par les Etats issus des Mouvements de libération et même par une grande partie de la société israélienne, ce qui confirme que son sort c’est l’échec », a-t-il déclaré. « Il faut aller vers un Etat palestinien indépendant aux frontières de 1967 avec El Qods Echarif pour capitale », a soutenu le président de la République.

    Pour ce qui est de la Syrie, M. Tebboune a réaffirmé que l’Algérie, fidèle à ses principes, « ne peut accepter aucune atteinte à un ays arabe », rappelant que « la Syrie est l’un des pays fondateurs de la Ligue Arabe et un pays séculaire, dont l’effondrement ne nous est jamais venu à l’esprit ». Ce qui a affaibli la Syrie au niveau international », a-t-il expliqué, « c’est d’être le seul pays à n’avoir jamais envisagé la normalisation (avec Israël) et d’être un Etat de front, une position qui a sous-tendu, des années durant, sa politique, son économie et ses institutions, d’où un rétrécissement de l’espace démocratique et des libertés ».

    Concernant le calendrier des réformes politiques en Algérie, le Président Tebboune a affirmé que « le chantier de la révision constitutionnelle sera achevé au plus tard d’ici le début de l’été, et, avant la fin de l’année, nous aurons terminé avec la Constitution et le Code électoral pour parvenir, ainsi, aux élections législatives et locales ».

    Pour ce qui est des appels à la dissolution du Parlement et à l’organisation de législatives anticipées avant l’amendement de la Constitution, M. Tebboune a expliqué que « la logique dans la construction d’une maison, voudrait que l’on commence par les fondations ». La Constitution, a-t-il dit, est « le fondement de tout Etat et il n’est pas normal de commencer par des élections avant de définir le rôle des élus et la question du contrôle ».

    « Les mêmes raisons produisant les mêmes effets, la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections législatives conduira au même résultat, car l’argent sale continue à circuler et le trafic d’influence existe encore ». « Une fois réglementés tous ces aspects juridiques et criminalisées certaines pratiques, nous pourrons aller vers un Parlement dont la majorité des membres seront des jeunes intellectuels ayant suffisamment d’autorité morale pour agir », a-t-il poursuivi.

    En réponse à une question sur le Hirak populaire que vit le pays depuis une année, le Président de la République a affirmé « avoir qualifié le Hirak de +béni+ en connaissance de cause », précisant que « l’Etat algérien a frôlé l’effondrement et la disparition de ses institutions et cela s’inscrivait dans le cadre de l’agenda de ceux qui voulaient faire de l’Algérie une autre Syrie, une autre Libye ou un autre Irak ».

    Par ailleurs, M. Tebboune a indiqué que « le Hirak a sauvé l’Etat algérien également des dérives autocratiques et des velléités de perduration de la tragédie politique que vivait l’Algérie ». Après avoir rappelé le rôle du peuple algérien dans toutes les étapes phares de l’Histoire du pays, notamment durant la Guerre de libération nationale, M. Tebboune a souligné que « par ce Hirak, le peuple algérien a montré qu’il était un peuple pacifique, cultivé et politisé et qu’il n’était nullement violent ou terroriste comme le prétendaient même certains frères ».

    Les Algériens, a-t-il poursuivi, « ont donné ainsi des leçons au monde, notamment quant au caractère républicain de l’Armée nationale populaire (ANP), laquelle a démontré par son patriotisme qu’elle était la digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN) », rappelant à ce propos qu’ »aucune goutte de sang n’a été versée ». « En barrant la route au cinquième mandat et au prolongement du quatrième, le Hirak a fait tomber les têtes qui ont mené le pays à cette situation et conduit à la poursuite de tous ceux qui exploitaient l’économie nationale à des fins personnelles et qui sont aujourd’hui en prison », a-t-il ajouté dans ce sens.

    Concernant le reste des revendications du Hirak, le Président Tebboune a précisé qu’il s’agit « maintenant de revoir le mode de gouvernance du pays, de garantir la plus large marge possible de libertés et d’instaurer l’équilibre entre les institutions pour éviter la domination de l’une ou l’autre, et partant, se prémunir contre tout dérapage vers l’autocratie et l’autoritarisme ».

    S’agissant des citoyens qui continuent d’investir la rue chaque vendredi, le président Tebboune a déclaré: « personnellement, je n’y vois aucun inconvénient, c’est leur droit et c’est ça la démocratie ». « La seule crainte, c’est les dérapages résultant de l’infiltration des rangs du peuple, même s’il en est conscient », a-t-il ajouté. Au volet économique, le Président Tebboune a affirmé que l’Algérie aspirait, sous son mandat, « à l’édification d’une économie propre et intègre, dont la principale finalité est la création de richesse et d’emplois et le traitement de la tragédie sociale infligée au citoyen ». « Il est impératif de sortir de la dépendance à la rente pétrolière et ‘aller à la quête d’autres ressources afin d’asseoir une économie qui n’est pas axée sur l’importation mais fondée sur des bases logiques et nationalistes, une économie profitant au pays et au citoyen et non à un clan d’oligarques », a-t-il insisté.

    Concernant le gaz de schiste, le Président de la République a rappelé que cette question « a été instrumentalisée pour susciter la colère ». « Je n’ai jamais dit que nous allions exploiter le gaz de schiste », a-t-il précisé, soulignant « avoir simplement relevé, chiffres à l’appui, que le développement et la croissance de l’Algérie nous ont amenés à consommer la moitié de notre production gazière ». Et d’affirmer « la décision est subordonnée aux conclusions des experts, c’est eux les spécialistes ».

    Dans ce contexte, M. Tebboune a déclaré que l’Algérie avait des trésors de ressources, dont la plupart non connus, mettant en avant « l’agriculture aussi bien dans le nord que dans le sud du pays ». L’agriculture saharienne, a-t-il relevé « n’est pas assez exploitée en dépit de l’existence d’eaux souterraines estimées à 15.000 milliards de m3, parfois à moins de 50m de profondeur, sans parler des grandes étendues de terres ». »Avec peu des moyens techniques, l’agriculture algérienne a pu produie, fin 2018, l’équivalent de 18 milliards USD », a-t-il poursuivi, évoquant « le potentiel humain important avec la sortie, chaque année, de 200.000 étudiants des universités algériennes ».

    Concernant le sujet de la devise, M. Tebboune a réaffirmé d’abord qu’une fois la situation économique améliorée », il « augmentera la valeur de l’allocation touristique pour préserver la dignité des Algériens ». Le marché parallèle de la devise servait « la contrebande », « d’où l’impératif de construire une économie propre et transparente avec une industrie réelle et non factice, une économie qui apporte des solutions au pays », a-t-il ajouté. M. Tebboune a mis en avant, dans le même ordre d’idée, l’importance de promouvoir le tourisme, de libérer l’initiative et de faciliter l’accès des jeunes aux crédits. Interrogé sur ses impressions au sujet du film documentaire sur « les zones d’ombre », projeté devant les walis lors de leur dernière rencontre avec le Gouvernement, le président de la République a indiqué que « ces images sont réelles et je les connaissais de par mon expérience en tant que responsable local, des années durant ».

    «Le plus triste est que personne ne s’est intéressé à la souffrance de ces citoyens et que tous étaient focalisés sur l’embellissement des villes », a-t-il déploré. Ace propos, le Président Tebboune a fait état de l’importance qu’il attachait au monde rural pour plusieurs raisons, notamment historiques, rappelant « les affres endurées par les populations rurales durant le colonialisme et même durant la période du terrorisme avec 70% des victimes ».

    La tribune des lecteurs, 24 fév 2020

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