Catégorie : Algérie

  • Algérie : Le temps de la récup

    » Plus grave encore, il avait également mis à profit l’allégement de ses conditions de détention pour adresser une lettre fort explicite au terroriste Gousmi. Cette dualité et cette hypocrisie, Ali Benhadj s’en fera un masque idoine et salvateur depuis sa sortie de prison « .

    Par Mohamed Abdoun 

    La visite que trois activistes du hirak ont rendue à Ali Benhadj est loin d’être anodine. Elle n’est pas anecdotique non plus. Elle s’inscrit, à mon humble sens, en droite ligne des positionnements et repositionnements des uns et des autres, pour le temps de récolter les fruits du hirak seraient bel et bien venus.

    Si même le pouvoir a tenté le coup, il était normal et attendu que des acteurs autrement plus » habilités » tentassent eux aussi de surfer cette formidable et historique vague. Une vague comme le pays n’en a jamais connu de toute son histoire. Cela a donc commencé avec ce groupe qui a tenté de jouer très gros en projetant s de tenir une rencontre à la salle Harcha. Rien que ça !

    Il est à peu près certain qu’une pareille initiative n’aurait jamais été envisagée si des » garanties « , certes légères et inassumées in fine, n’avaient pas été données par des acteurs activant au sein du pouvoir ou de sa périphérie. Entendons-nous bien. Une pareille déferlante populaire a de quoi faire rêver et saliver n’importe quel acteur politique. Beaucoup ont senti ce tournant historique et ce début de décantation.

    Beaucoup doivent envisager de récupérer à leur compte cette fantastique énergie, cette invincible force populaire. Celle-ci n’est d’ailleurs pas sans rappeler le fantastique raz-de-marée des Aârouchs qui, à l’époque, avait largement submergé les partis politiques ainsi que les différents MCB qui activaient à cette époque. Cela leur a été au reste fatal. Le mouvement des Aârouchs a quant à lui succombé à cette irrésistible » tentation de la récup «.

    Le hirak actuel, lui, en est parfaitement immunisé, comme expliqué en détails dans un précédent édito. Cela n’a pas empêché d’autres tentatives, plus pathétique encore, à l’image de la visite de Bouchachi and co au domicile d’Ali Benhadj. Ce dernier n’est pas un » islamiste » quelconque. Il assume une grande part de responsabilité, tant politique que pénale, dans la grande tragédie algérienne.

    L’homme, est-il encore besoin de le rappeler ici, a toujours refusé de dénoncer le terrorisme criminel et aveugle, ni même d’aller à faire taire les armes. Plus grave encore, il avait également mis à profit allègement de ses conditions de détention pour adresser une lettre fort explicite au terroriste Gousmi.

    Cette dualité et cette hypocrisie, Ali Benhadj s’en fera un masque idoine et salvateur depuis sa sortie de prison. Il n’est absolument pas digne de confiance. Aller à sa rencontrée, supposé faire jouer la carte islamiste, est avant tout une fuite en avant suicidaire opérée par des acteurs dépassés par les événements et craignant que le hirak ne leur échappe. Ils viennent ainsi, et de la manière la plus volontaire qui soit, de lâcher la proie pour l’ombre. A coup sûr, un bon suicide politique doit ressembler à cela…

    La tribune des lecteurs, 24 fév 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Ali Benhadj, FIS, terrorisme, GIA, islamistes,

  • Algérie : Economie / Réussir la rupture avec le passé

    Dans une Algérie traversée par de nombreux bouleversements depuis le quatrième mandat de Bouteflika, il ne se passe pas un jour sans se heurter contre un constat de profonde dégradation, de pourrissement et d’abus au parfum de l’oligarchie qui a régné 20 ans durant sur la société et l’économie nationale. L’aveugle avidité qui a fait des bruts des bandits de grands chemins, ont laissé un pays exsangue, financièrement, voire même socialement si l’on s’éloigne de la trompeuse façade des grands pôles urbains modernes et luxuriants.

    Le porte-parole du gouvernement en personne le reconnait, affirmant sur les ondes de la radio nationale que «l’Etat algérien est, depuis un an, dans un état de délabrement total». En récupérant les commandes du navire qui chavirait au grès de la voracité des responsables génération Bouteflika, grâce au noble et gigantesque Hirak, le tableau ne suscita qu’hallucinations et désespoir. Le legs économique est catastrophique, et pour reprendre encore les propos de plusieurs membres de l’actuel exécutif, le président Abdelmadjid Tebboune n’a hérité que d’une situation larvée, entre autre marquée par de très fortes inégalités sociales, par le rapt inimaginable de la trésorerie de l’Etat qui s’élève à 1250 milliards de dinars, une créance de 10 milliards de dollars, «objectivement impossible à rembourser», confiait le porte-parole du gouvernement mardi dernier !!!

    C’est un secret qui projette les faisceaux de la planète sur les exécrables et honteux ministres, hommes d’affaires, valets du système, ces hommes courageux dans la dilapidation des biens de la Nation, des diables aux vaisseaux irrigués par la tentation du diable, méprisant n’importe quel aveu, cet instrument de l’expiation dont ils pensaient que cette dernière ne les concernerait jamais. Cette mafia des temps modernes bénéficiait de crédits choquants sur un simple appel téléphonique et sans jamais se référer à un dossier. Une véritable violence à la société. Ainsi se présente le chapiteau dans lequel le Cabinet de Premier Ministre Abdelaziz Djerrad entame les processus de reconstitution économique et sociale du pays.

    La bataille du développement économique s’avère rude. Les besoins pour assurer cet objectif sont considérables, pouvant même tutoyer des seuils pharaoniques. La transition politique et économique se pose comme le défi suprême de l’Algérie, baigné dans une démocratie participative et d’économie de marché qui œuvre à la création de richesses et d’emplois, ainsi qu’à la lutte contre la corruption et la bureaucratie. Le Président de la République et son Gouvernement affichent leur détermination à mettre la Nation à l’abri de tous les dangers, en impliquant le dialogue, la concertation et le partenariat continu et sincère. En fait, l’objectif nodal de cette Révolution, sur le terrain comme dans l’esprit, porte un seul mot: la rupture avec le passé. Rupture avec les modes de gestion lourds et insidieux, et d’autre part, en direction d’une société nouvelle sans n’en exclure aucun acteur productif et honnête. L’intention déjà exprimée lors de la campagne électorale, puis réaffirmée lors de la récente rencontre Présidence-Gouvernement-Walis, visant à créer une «Nouvelle République née des aspirations populaires».

    Ce choix se fonde sur trois priorités incontournables et inaliénables: «le développement humain, la transition énergétique et la transformation numérique». Les trois leviers du programme du candidat Abdelmadjid Tebboune. Certes, notre économie est à bout de souffle, mais elle regorge de ressources abondantes. Quand beaucoup d’experts et d’instituts d’études français prévoyaient l’écroulement du pays, des solutions pour rétablir la courbe descendante des indicateurs économiques ont été activées. Il s’agit d’un ensemble de mesures pour l’édification d’une économie diversifiée, axée particulièrement sur une réelle industrie et non sur celle de la quincaillerie, sur l’encouragement des exportations et sur la réduction des importations. Référence à cette irréductible balance commerciale dont les yoyos ont battu tous les records fin 2019 avec des statistiques inattendues et dangereuses de -35%. La bataille pour le redressement ne dispose d’aucune excuse pour réussir: elle nous impose de limiter, et drastiquement, les importations, notamment ces gâteries pour les castes qui vivent dans le luxe, à savoir les fruits exotiques, les boissons de luxe, céréales, les chocolats, confiseries, cosmétiques que même les Européens des couches moyennes ne peuvent se permettre. La guerre pour retrouver les couleurs d’une Algérie économiquement sereine et indépendante, transite obligatoirement par des décisions incontournables, comme celles des importations qui choquent par rapport à notre contexte, voire même celles des véhicules de moins de trois ans, l’occasion pour la pègre et les trafiquants des voitures d’occasion de les refiler aux Algériens insouciants des conséquences que ce marché entraînera sur l’environnement du pays, déjà passablement pollué.

    Enfin, retrouver la prospérité signifie de sortir de la règle maléfique qui nous broie, celle d’une économie exclusivement tournée vers l’exploitation des matières gazières et pétrolières. Les indicateurs macroéconomiques ne changent pas: 95% de note trésorerie en monnaie forte proviennent de ces dons du ciel qui, naturellement et forcément se tarissent, ainsi que des deux tiers des recettes fiscales. Le pétrole a contribué à nous extirper de l’insécurité et de la disette pendant trois décennies. L’«après-pétrole» a toujours été un slogan creux, avec les épopées de Sellal et de Ouyahia, notamment, pour avoir servi à la redistribution et de la captation de la rente entre les mains des oligarques et des affairistes proches du pouvoir corrompu. A présent, place à une économie totalement intégrée. Même s’il faut s’ouvrir aux emprunts extérieurs et aux capitaux étrangers. Mais ceci est une autre histoire….

    Par Fayçal Haffaf

    Ouest Tribune, 19 fév 2020

    Tags : Algérie, économie, finances,

  • Algérie : Mahrez, l’”arme fatale” de Manchester City contre le Real

    Un média britannique a dépeint le joueur international algérien Riyad Mahrez comme une “arme secrète” de son club lors du choc qui mettra aux prises Manchester City et le Real Madrid.

    Le stade de Santiago Bernabeu à Madrid sera mercredi soir le théâtre d’une superbe affiche des 1/8 de finale Ligue des champions d’Europe entre les Merengue et les Citizens.

    Le journal britannique “The Independent” a rapporté lundi que Riyad Mahrez constituait “une arme fatale” du coach de Manchester City Pep Guardiola lors du match aller qui opposera son club au Real Madrid. Selon le même titre, Mahrez a retrouvé son haut niveau technique en enchaînant de belles performances.

    En effet, le capitaine des Verts pourrait éventuellement faire partie du onze entrant face aux Merengue compte tenu de ses contributions significatives soit en marquant, soit en délivrant des passes décisives comme ce fut le cas lors du dernier match disputé samedi dernier face à son ancien club Leicester.

    Les Citizens misent énormément sur la Ligue des champions d’autant plus que le titre de championnat semble s’éloigner davantage au profit de Liverpool qui conforte sa 1e place et creuse l’écart à 22 points sur son dauphin.

    Echouroukonline, 25 fév 2020

    Tags : Algérie, football, Manchester City, Real Madrid, sport, Mahrez,

  • Comment le Maroc insistait sur la participation de l’Algérie aux négociations sur le Sahara Occidental

    L’Envoyé pour le Sahara Occidental à Rabat : des progrès en public, des problèmes en privé

    Classé par: Charge d’Affaires, a.i., Robert P. Jackson pour des raisons 1.4 (b) et (d).

    1. (S) Résumé: Envoyé personnel de l’UNSYG pour le Sahara occidental Christopher Ross a quitté le Maroc après sa deuxième visite le 30 juin sans accord final sur les pourparlers informels proposés. Malgré déclarations positives en public, ni lieu ni date été convenu pour les réunions informelles, destinées à relancer les négociations parrainées par l’ONU, au point mort pendant près d’un an et demi. Apparemment, après avoir appris que l’Envoyé de l’UNSYG n’avait apporté aucune réponse de Bouteflika sur une meilleure coopération bilatérale, le roi Mohammed VI a décliné à la dernière minute recevoir l’ambassadeur Ross. Les contacts du MAE nous ont également dit que malgré le consentement algérien à assister aux réunions informelles (comme demandé Réf B), le GOM voulait maintenant des assurances que le GOA va « pleinement » participer, et a demandé à Ross une feuille de route sur la façon dont des réunions informelles mèneraient à des négociations. L’annonce de la volonté du Polisario de participer a rendu difficile l’accord du gouvernement du Maroc (GOM), mais Ross a d’autres lieux potentiels. À Rabat, Ross a également rencontré le secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) Habib Ben Yahya pour parler d’intégration régionale et a rencontré le politicien monté et ami du roi Fouad Ali El Himma. Les Marocains ont convenu avec Ross de suivre à New York. Ils ont demandé l’engagement du gouvernement américain (USG) et les autres Amis avec l’Algérie. Une poussée diplomatique pour la flexibilité par les deux pays pourrait aider à obtenir que le processus se remette sur la bonne voie. Résumé de fin.

    Rotation positive sur un dernière balle diplomatique

    2. (U) Le ministre des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri a été rejoint par le chef du service de renseignement extérieur et de facto conseiller national en sécurité Mohamed Yassine Mansouri et le directeur Général du MAE pour les relations multilatérales Nasser Bourita pour des réunions prolongées le 29 juillet avec l’envoyé personnel du Secrétaire Général (PESYG) l’Ambassadeur Christopher Ross, qui était accompagné de membres du personnel de la DPA et du DPKO. Ils étaient rejoint au dîner par le chef du CORCAS, Kalihenna Ould Errachid, qui les a également rencontrés séparément. Ould Errachid a été renforcé par la récente victoire de son parti aux élections du conseil local de Laayoune, la capitale du Sahara occidental. Ross et la délégation ont également rencontré le ministre de l’Intérieur Chakib Benmoussa. Dans un commentaire à la presse, Fassi Fihri a déclaré que le Maroc était disposé à participer aux réunions informelles.

    3. (C) Selon une lecture du 1er juillet du représentant local de l’ONU Mourad Wahba, la réunion a abouti à un accord marocain pour assister aux réunions informelles proposées par Ross, mais avec une condition: que l’Algérie participe ouvertement, quoique de manière informelle. (Remarque: la référence A a indiqué que l’Algérie avait accepté à se joindre aux pourparlers informels, que les Marocains avaient demandés par Réf B. Note de fin.) L’Algérie n’avait pas accepté le profil que le GOM a exigé comme condition. Ni date ni le site n’ont été fixés mais Ross a une bonne offre de la Norvège pour héberger les pourparlers, qui pourraient encore avoir lieu début août.

    4. (S) Ross est resté sur soif jusqu’à la dernière minute pour savoir s’il aura une réunion avec le roi Mohammed VI. La réunion n’a finalement pas eu lieu. Il est probable que lors de ses réunions préparatoires avec le ministre des AE, Ross n’a pas été en mesure de déclarer qu’il avait un
    réponse du président Bouteflika, malgré deux visites effectuée à Alger, aux propositions sur les relations bilatérales qur Ross avait transmises en février du roi au Président Algérien.

    Ce qu’un Marocain veut

    5. (C) Le Directeur général du MAE pour les affaires multilatérales Nasser Bourita, un expert du GOM sur la question du Sahara occidental, a ensuite déclaré au Conseiller en Affaires Politiques que le roi avait déjà accepté le cycle informel en principe lors de la visite de l’envoyé en Février. Cependant, le Maroc avait encore des questions qui avaient besoin d’être clarifiées par Ross; L’accord algérien de participer en tant qu’observateurs seulement n’étaient pas suffisant. Dans les réunions informelles, tous participeraient aux discussions. L’Algérie doit participer pleinement, même de manière informelle.

    6. (C) Bourita a dit que le Maroc voulait également de Ross une vision, en fait une feuille de route indiquant où mènera l’informel, avant d’arriver à un accord. Y aurait-il plusieurs rencontres informels? Y avait-il une date cible pour les négociations? Les rencontres informels vont-ils apporter un agenda? Il craignait que les informels ne deviennent un tout nouveau processus / format. Enfin, il a déclaré que le GOM restait mécontent avec la localisation de Vienne, car il a été annoncé par le Polisario. Pourquoi le GOM devrait accepter un fait accompli du Polisario? L’annonce du Polisario a montré que le Front ne respecterait pas la confidentialité que Ross voulait pour les pourparlers informels.

    Prochaines étapes

    7. (C) L’ambassadeur Bourita a déclaré que Ross continuerait de travailler les détails avec les parties et les Amis de New York sur les nombreuses questions ouvertes; il s’agit notamment du niveau des réunions informels, qui pourrait être inférieur au niveau ministériel de Manhasset. Le 9 juillet, Bourita a convoqué à nouveau le Conseiller Politique pour souligner l’intérêt marocain pour une participation algérienne substantielle dans les réunions informelles para incluir les problèmes bilatéraux. Il a demandé que le gouvernement américain et d’autres amis s’engagent avec l’Algérie pour encourager la flexibilité. Le Conseiller Politique a rappelé la réticence algérienne traditionnelle, et espère que le Maroc pourra éviter de mettre en danger les informels, et un redémarrage du processus de négociation au point mort depuis longtemps.

    Réunions unilatéral de Ross à Rabat

    8. (SBU) À la suggestion de l’ambassade, Ross a pris la initiative de rencontrer le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe Habib Ben Yahya, qui l’a informé des efforts de l’UMA pour promouvoir l’intégration régionale fonctionnelle économique de bas niveau. Dans ses remarques à la presse, Ross a parlé de ses efforts pour promouvoir l’intégration, se référant à la partie de son mandat visant les relations maroco-algériennes.

    9. (C) Le 28 juin, Ross, son équipe et le Conseiller Politique se sont rencontrés officieusement avec Fouad Ali El Himma, l’ami le plus proche du roi Mohammed VI et le moteur du nouveau parti d’authenticité et de modernité (PAM). Le PAM, bien que créé il y a seulement un an, a remporté la majorité de sièges dans les dernières élections municipales. Le secrétaire général du parti PAM Mohammed Cheikh Biadillah, sahraoui et ancien ministre de la Santé, a rejoint la réunion à la résidence d’El Himma. En plus de politique intérieure, ils ont détaillé leurs efforts infructueux pour vaincre la machine politique de Kalihenna Ould Errachid, actuel président du Conseil royal du Sahara (CORCAS), dans le élections municipales à Laayoune, capitale du Sahara occidental. Sans remporter de siège dans la capitale, le PAM a réussi à unir l’opposition, et Biadillah lui-même, un ancien leader du Polisario a été élu vice-président du conseil de Samara, une autre ville près de la berme. Lui et El Himma ont indiqué que le PAM poursuivra sa lutter contre la Clan Kalihenna. (Remarque: Ross avait transmis en février au GOM les objections du Polisario contre la présence de Kalihenna au sein de la Délégation du GOM. Note de fin.) Ce soir-là, à la réception de l’ambassade du 4 juillet, Ross a rencontré des Sahraouis de ce côté-ci de la berme, ce qui lui a permis de mieux comprendre le point de vue des résidents du territoire du Sahara occidental, qu’il n’a jusqu’à présent pas visité.

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    Commentaire
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    10. (C) La visite a abouti à la première acceptation publique par le GOM de la réunion informelle proposée, bien qu’il l’a déjà acceptée en principe. On ne sait pas si les conditions du GOM et les objections sur les détails reflètent des questions de principe ou de ressentiment; il peut avoir déplacé les buts sur ses conditions pour les discussions. Les Marocains restent sûrement préoccupés par le fait que leur efforts pour améliorer l’entente avec l’Algérie ne va mener nulle part, malgré les efforts de Ross dans son mandat élargi. Il est loin d’être certain que ces questions puissent être résolues le temps de permettre la convocation des réunions informelles avant mi-août. Tout report risque d’être perturbé par le Ramadan, qui les feraient coïncider avec les travaux de l’AGNU en septembre. Il n’est pas certain que même avec les délégations limitées à deux, que le Maroc n’amènerait pas Kalihenna ou un autre sahraoui pro-marocain. Pour l’instant, la discussion se déplace vers les couloirs de l’ONU. L’appel des Amis à la flexibilité de la part des Algériens et des Marocains pourrait aider à franchir cette étape encore élémentaire dans la renaissance des négociations du Sahara occidental et que le dialogue inter-Mahgrebin reprenne son cours. Fin du commentaire.

    Jackson

    Source : Câble Wikileaks, 10 jui 2009

    Tags : Sahara Occidental, Algérie, Maroc, Front Polisario, Christopher Ross,

  • L’Algérie annule pour la deuxième fois la visite de la ministre espagnol des Affaires étrangères au dernier moment

    L’Algérie semble se réveiller d’un long sommeil dans lequel la France, le Maroc et l’Espagne ont fait preuve d’une insolence sans mesure.

    Plus de 45 ans après, cette meute de charognards n’a pas perdu l’espoir de s’accaparer des ressources naturelles du Sahara Occidental. Au contraire, ils sont devenu de plus en plus agressifs grâce à la complicité de l’institution onusienne, devenu une boîte qui veille sur leurs intérêts dans l’ancienne colonie espagnole.

    Cependant, il semble que cette époque de mépris et humiliation est révolue. Le président Abdelmajid Tebboune n’est pas prêt à se laisser faire par des pays qui se trouvent derrière l’instabilité, la pauvreté et le terrorisme vécus par les peuples de la région.

    Alger vient d’annuler, pour la deuxième fois, la visite de la ministre espagnole des affaires étrangères d’un pays devenu une marionnette de l’État narco-terroriste du Maroc. Après avoir semé la zizanie, les espagnols osent déclarer qu’ils veulent parlent sécurité avec l’Algérie.

    Selon les fabulations du journal El País, la ministre se rendra en Mauritanie mardi pour participer pour la première fois à une réunion des cinq pays qui composent le G-5. « González Laya a souhaité ouvrir son agenda aux deux quartiers qui posent le plus de défis à l’Espagne, le Maghreb et le Sahel. Dans cette nouvelle étape, la diplomatie espagnole vise à «étendre et diversifier» les liens avec ces régions stratégiques ».

    En fin, à Alger le sentiment d’amertume est fort suite aux nombreuses trahisons de ces pays sans scrupules et qui ont poussé l’UE à octroyer un « statu avancé » à un pays dont les accointances avec le terrorisme et le trafic de drogue sont plus que prouvées.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Espagne, ONU, MINURSO,

  • Algérie : Tebboune dévoile l’origine du conflit avec le Maroc

    Algérie/Maroc – Le président Tebboune s’est prononcé sur les relations algéro-marocaines, en évoquant les relations conflictuelles entre les deux pays.

    Durant son entretien avec la chaîne de télévision RT (Russia Today), ce 19 février, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a révélé la genèse du conflit entre l’Algérie et le Maroc, évoquant notamment la fermeture des frontières entre les deux pays voisins.

    « Les Algériens ont un sympathie particulière et une affection sincère pour les frères marocains. Lors de la victoire de l’Algérie à la CAN 2019, les deux peuples ont célébré dans la communion cet événement dans plusieurs villes marocaines. », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Concernant la question des frontières, leur fermeture a été une réaction doublement douloureuse comme réponse aux actions de la partie marocaine. Il y a d’ailleurs eu une rencontre [en 1987] entre le président algérien Chadli Bendjedid, président de l’Algérie, Hassan II, roi du Maroc, et en présence du roi Fahd d’Arabie Saoudite, où Chadli avait mis en garde contre une nouvelle fermeture des frontières. »

    Tebboune poursuit, en reprochant au Maroc d’avoir accusé les algériens de terroristes et d’avoir planté un couteau dans le dos, d’un pays frère, alors que ce dernier passait par une période extrêmement difficile. « L’Algérie a été accusée [par le Maroc] de terrorisme alors qu’un pays européen considérait tous les algériens comme de terroristes. Un pays frère n’est pas censé nous porter un tel coup. Sans parler de la fermeture [des frontières] et l’imposition d’un visa pour les ressortissants algériens. Nous avons eu une réaction naturelle face à cet incident. », explique-t-il.

    « Il est difficile d’être sur la même longueur d’ondes lorsque des anciennes rancœurs sont ravivés par des manœuvres, des complots, des collusions avec des ennemis et des liaisons mal-intentionnées. », confie le président avant de conclure : « Nous gardons espoir, et si Dieu le veut, les problèmes seront résolus. »

    Dzair daily, 22 fév 2020

    Tags : Algérie, Maroc, frontières, Maghreb,

  • Algérie : L’Histoire pour seul juge

    Ce vendredi, le hirak a bouclé sa première année. 53 vendredis sans discontinu qui ont façonné la nouvelle Algérie et surtout changé le cours de l’histoire, qui ne s’est pas écrite comme voulue par l’ancien régime, mais comme voulue par le peuple et sa volonté indestructible. Un 53é vendredi attendu et célébré par l’écrasante majorité des Algériens.

    Mais aujourd’hui, l’histoire doit s’écrire sur la naissance de ce mouvement, sans pareil dans les annales de l’Algérie, mais aussi dans le monde. Et si le monde entier a découvert le vendredi 22 février une masse humaine estimée à des millions de personnes défiler dans les rues des grandes villes du pays, la grande question à laquelle doit répondre l’histoire, c’est de savoir ce qui s’est passé le jeudi 21 février et comment cet élan populaire a pris la forme qu’on lui a connu le lendemain et comment il est arrivé à bout d’un système qui a tout verrouillé pendant de longues 20 années, pour paniquer d’un coup et s’effondrer totalement un certain 2 avril avec la démission de l’ancien président dans une scène surréaliste retransmise par la télévision nationale.

    Une chute qui allait révéler et lever le voile sur un système de gestion basé sur la rapine, le vol et la corruption qui a mis l’Algérie sous l’entonnoir, et qui devait emporter tout l’Etat national, comme l’a si bien dit le président de la République Abdelmadjid Tebboune lors de sa dernière rencontre avec la presse nationale. «Le Hirak béni a préservé le pays d’un effondrement total… l’Etat national a failli s’effondrer totalement comme ce fut le cas dans certains pays, aujourd’hui, en quête de médiations pour le règlement de leurs problèmes…L’effondrement de l’Etat national est synonyme de l’effondrement de toutes ses institutions et toutes les données laissaient présager un tel scénario… Dieu merci, le peuple a, grâce à sa maturité, déjoué le complot tout en réussissant à réaliser plusieurs de ses revendications».

    Les mots sont forts et révèlent le grand complot dont était la cible notre pays. Le pays se dirigeait vers l’éclatement total. Et c’est pour toutes ces raisons et d’autres encore graves que l’histoire doit s’écrire sans concession et sans manipulation sur ce moment majeur de l’histoire de notre pays, alors qu’il est à la veille de l’édification de cette nouvelle Algérie qui doit couper tous les ponts avec ces années d’imposture et de diktat pour que jamais de telles dérives ne soient possibles dans l’avenir.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 21 fév 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Tebboune,

  • Algérie : « Les choses commencent à s’apaiser » (Président Tebboune)

    Abdelmadjid Tebboune au figaro : « Les choses commencent à s’apaiser »

    Pour son premier entretien à un journal étranger, le président Abdelmadjid Tebboune a choisi de s’exprimer sur les colonnes du journal français Le Figaro.

    Le chef de l’État répond sur de nombreux sujets : Hirak, nouvelle Constitution, situation économique, relations avec la France…

    Le Hirak

    La première question concerne le Hirak, qui fête son anniversaire samedi 22 Février. Pour le président de la République, les choses commencent à s’apaiser dans le pays. « Bien qu’il y ait encore, tous les vendredis, une présence citoyenne dans la rue, les choses commencent à s’apaiser ». Selon Tebboune, presque toutes les demandes du Hirak ont été satisfaites : « il n’y a pas eu de cinquième mandat, ni de prolongation du quatrième mandat, puis le président a démissionné ».

    « Les têtes les plus visibles de l’ancien système sont également parties, et la lutte a été engagée contre ceux qui ont mis l’économie à genoux. Reste les réformes politiques, j’en ai fait ma priorité, et je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance », a-t-il ajouté. « De nombreux Algériens ont compris qu’on ne peut pas réformer, réparer, restaurer ce qui a été détruit pendant une décennie, en deux mois », a-t-il expliqué.

    Une nouvelle Constitution avant l’été

    Pour Abdelmadjid Tebboune, la révision constitutionnelle constitue « la priorité des priorités ». « 600 partis, associations, syndicats,corporations, etc : Ils auront un mois pour en débattre librement, et il reviendra ensuite vers le comité de rédaction. La mouture finale sera soumise aux deux chambres du Parlement, puis à un référendum populaire », a-t-il détaillé, affirmant que la nouvelle Constitution sera prête « au plus tard d’ici le début de l’été ».

    Le rôle de l’armée

    Le Hirak veut aussi « un État civil, non militaire ». Quel est, selon vous, le véritable rôle de l’armée algérienne, et vous sentez- vous redevable envers elle ? Le slogan « Un État civil, non militaire » date du 19 juin 1965 !, affirme Tebboune. Selon lui, « L’armée accomplit ses missions constitutionnelles, elle ne s’occupe ni de politique, ni d’investissement, ni d’économie. Elle est là pour sauvegarder l’unité nationale, protéger la Constitution et les Algériens contre toute infiltration terroriste,et toute tentative de déstabilisation du pays. Vous ne trouverez aucune trace de son immixtion dans la vie du citoyen si ce n’est lors du service national ».

    Se sent-il redevable envers l’armée, lui demande le journaliste du Figaro ?

    « Moi, je ne me sens redevable qu’envers le peuple qui m’a élu en toute liberté et transparence. L’armée a soutenu et accompagné le processus électoral, mais n’a jamais déterminé qui allait être le Président. Si je me suis engagé dans la Présidentielle, c’est parce que j’avais un arrière-goût de travail inachevé. Vous savez dans quelles circonstances j’ai quitté la primature. Mon pays étant en difficulté, j’ai pensé pouvoir apporter un plus même si je savais que c’était un sacrifice pour ma famille et moi-même. C’est un devoir », a-t- il répondu.

    La lutte contre la corruption

    Le placement en détention de nombreuses figures de l’ancien régime de Bouteflika ne signifie pas la fin de « mafia politico-financière », a expliqué Tebboune. « La tête de la mafia a été coupée, mais pas le corps. De l’argent sale circule encore. Chaque jour de nouveaux responsables, des pseudos hommes d’affaires se retrouvent devant la justice. Les fondements de l’État algérien doivent être sains. Ce qui nous attend est bien plus grand que les travaux de Sisyphe », a-t-il ajouté.

    Situation économique

    Le président Tebboune veut miser sur la jeunesse, pour relancer l’économie et sortir de la dépendance aux hydrocarbures. « Des jeunes formés sur les bancs de l’école algérienne, sont sollicités pour leur dynamisme et leur savoir-faire, partout dans le monde, aux États-Unis, en Europe… C’est dans cet esprit universaliste et par une compétition saine et moderne, que nous allons construire un nouvel édifice économique basé sur la valorisation de la production nationale, l’économie de la connaissance et la transition énergétique », a-t-il dit.

    Le chef de l’État s’est une nouvelle fois attaqué à « l’importation débridée ». « L’Algérie est vue par ses partenaires, comme un grand marché de consommation. Nos maux viennent de l’importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption favorisée par de nombreux pays européens où se faisait la bancarisation, la surfacturation, les investissements de l’argent transféré illicitement. Cela a tué la production nationale. Nous allons par exemple, arrêter l’importation de kits automobiles. L’usine Renault, qui est ici, n’a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc. Comment créer des emplois alors qu’il n’y a aucune intégration, aucune sous-traitance ? », a-t-il annoncé.

    Binationaux : abrogation de l’article 51

    L’Article 51 de la Constitution sur les binationaux sera abrogé dans le nouveau texte. « L’immigration d’origine algérienne à l’étranger, a toute sa place ici, et nous œuvrons pour qu’il n’y ait plus de séparation entre les citoyens émigrés, et ceux qui sont restés au pays. Ils ont les mêmes droits et possibilités », a-t-il dit.

    Question mémorielle

    « J’ai eu quelques contacts avec le président Macron, et je sais qu’il est honnête intellectuellement, qu’il n’a aucun lien avec la colonisation. Il essaye de régler ce problème qui empoisonne les relations entre nos deux pays ; parfois il est incompris, et parfois il fait l’objet d’attaques virulentes de la part de lobbies très puissants », a expliqué Tebboune, concernant la question de la mémoire. Tebboune s’est ensuite exprimé sur les relations avec la France, accusant des lobbys dont celui du Maroc, de tenter de les saborder. « Nous sommes pour des relations sereines avec la France, fondées sur un respect mutuel. À un certain moment, il faut regarder la vérité en face.

    Un premier pas est de reconnaître ce qui a été fait, le deuxième pas est de le condamner. Il faut du courage en politique. Mais il y a un autre lobby (le Maroc NDLR), dont toute la politique repose sur l’endiguement de l’Algérie, et qui est présent en France. C’est un lobby, aux accointances économiques et sociales, qui a peur de l’Algérie. Même quand l’Algérie intervient pour proposer des règlements pacifiques à des crises, ce lobby tente de s’immiscer sous prétexte qu’il est également concerné », a-til expliqué.

    Par : RAHIMA RAHMOUNI

    Le Midi Libre, 22 Fevrier 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelmajid Tebboune, mémoire, France,

  • Algérie : Un mouvement unique au secours de l’Etat national

    Le hirak boucle sa première année

    Demain, le mouvement populaire communément appelé hirak aura bouclé une année d’existence. Ce mouvement «unique» dans le monde de l’avis même des spécialistes, de par son caractère pacifique a pu mettre fin à une dérive autocratique et mettre le cap sur une nouvelle gouvernance en adéquation avec l’évolution de la société, sauvant l’Etat national d’un effondrement.

    Par S. A. Mohamed

    De par sa longévité et l’attachement à son caractère pacifique, ce mouvement, inédit depuis l’indépendance de l’Algérie, s’érige, à l’instar de la guerre de Libération nationale, en modèle de référence dans le monde. Il aspire à donner un nouveau statut à la notion de citoyenneté, impliqué dans la gestion des affaires publiques et déterminé à prendre son destin en main.

    Le 22 février 2019, des dizaines de milliers de citoyens, toutes tranches d’âges et catégories professionnelles confondues, manifestent dans toutes les villes du pays pour s’opposer au projet du 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika, dénoncer la corruption menaçant les fondements de l’Etat et réclamer un changement radical de la gouvernance. Sous la pression du hirak, l’élection présidentielle qui devait se tenir le 18 avril, est reportée.

    Après la démission de Bouteflika, le 2 avril, une deuxième date, le 4 juillet, est fixée, mais le scrutin n’a pas lieu, faute de candidats. Suite à ces deux reports, le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, convoque le corps électoral pour l’élection présidentielle devant se tenir le 12 décembre. Le Parlement adopte deux projets de loi pour encadrer cette consultation : le premier relatif à la création d’une Autorité indépendante permanente chargée des élections et le second amendant la loi organique relative au régime électoral.

    Le commandement de l’Armée nationale populaire (ANP) assure qu’il accompagnera l’élan populaire pacifique et veillera à réunir les conditions de la présidentielle, affirmant que cette élection constitue l’option «la plus sûre et la moins coûteuse» pour le pays. Le commandement de l’ANP apporte également son soutien à la justice dans la lutte contre la corruption.

    De hauts responsables politiques, dont deux anciens Premiers ministres – une première depuis l’indépendance du pays – et des hommes d’affaires sont jugés et condamnés, notamment pour des faits d’abus de fonction, indus privilèges, corruption et blanchiment d’argent. Elu le 12 décembre à la présidence de la République, Abdelmadjid Tebboune proclame, lors de sa première prise de parole, «tendre la main» au hirak, rappelant l’avoir, à maintes reprises, qualifié de «béni».

    Le nouveau chef de l’Etat appelle, dans ce sens, à un «dialogue sérieux au service de l’Algérie» pour construire la «nouvelle République». Au cours de sa participation au Sommet de l’Union africaine, tenu le 9 février à Addis Abeba, le président Tebboune avait tenu à rendre hommage au hirak, en soulignant qu’il constitue une «énergie salvatrice» pour l’Algérie, «résolument décidée à changer son système de gouvernance et à construire un Etat garantissant la justice sociale et la suprématie de la loi».

    Lors de la présentation du Plan d’action du gouvernement à l’Assemblée populaire nationale, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a brossé un tableau sans complaisance du mode de gouvernance ayant prévalu ces dernières années, dénonçant «une gestion catastrophique de l’Etat ainsi que des pratiques autoritaires ayant mené au pillage et à la dilapidation des richesses du pays et à la destruction systématique de ses institutions et de son économie dans le but à accaparer ses biens».

    Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, a, de son côté, exprimé mardi son soutien à l’appel du hirak à consacrer le 22 février comme journée nationale. Des observateurs voient dans le maintien de la mobilisation populaire un gage que le processus de changement ne déviera pas de son objectif.

    Les Débats, 20 fév 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelmajid Tebboune,

  • L’emprise marocaine sur la Tijâniyya en Afrique

    Le soufisme est cette quête en Islam d’une spiritualité pure connue pour sa tolérance. Le Maroc, terre de brassages et de passages a une longue tradition soufie. Afin de mieux la connaître, nous vous donnons rendez-vous chaque semaine pour en exploiter quelques facettes.

    Fondée en 1781 à Abû-Samghûn près de ‘Ayn-Mâdî par Ahmed Tijani, la confrérieTijâniyya a connu sa plus grande expansion après la mort de son fondateur. Ce dernier s’est installé définitivement à Fès en 1798 jusqu’à sa mort en 1815. Si la fondation a eu lieu dans une région frontalière entre le Maroc et l’Algérie, l’implantation de cette confrérie allait se matérialiser avec la fondation de la première zâwiyya tijânîe à Fès en 1801.

    C’est à partir de là que cette confrérie a pu s’implanter en Algérie et surtout à Ayn-Madî, que le fondateur avait quitté pour Fès sous les pressions des gouverneurs turcs et d’une bonne partie des habitants de cette localité, en Tunisie et en Afrique subsaharienne.
    Aujourd’hui, les adeptes de la Tijâniyya en Afrique de l’Ouest constituent une majorité au sein des adeptes de la Tijâniyya dans le monde musulman. Le Sénégal a lui seul compte des millions d’adeptes partagés entre deux obédiences : la Tijâniyya Niassène qui a son foyer et son lieu de pèlerinage à Kaolack et la Tijâniyya héritière d’El Hâjj Malick Sy (m. 1922) et son pèlerinage de Tivaouane en plein pays wolof.

    Ces deux obédiences restent attachées à la zâwiyya de Fès et ce malgré les concurrences et les divisions qui les secouent. L’introduction de la Tijâniyya en Afrique de l’Ouest s’est faite par le biais des Tijânîs marocains, mauritaniens et surtout de ses figures emblématiques M. al-Hâfed (m. 1830), le peul al-Hâjj ‘Umar (m. 1864) et les Marocains Akansûss ; Tayeb Sufyânî et A. Skîrej (m. 1944). La Tijâniyya s’est bien implantée en Afrique entre 1830 et 1880, mais c’est surtout à l’époque coloniale que son implantation a connu son essor.
    La Tijâniyya s’est bien implantée en Afrique entre 1830 et 1880, mais c’est surtout à l’époque coloniale que son implantation a connu son essor.

    Notre point de vue est qu’au départ, vers 1896, il y a eu un projet des autorités coloniales françaises de fonder une tarîqa tijâniyya en Afrique de l’Ouest, rattachée à la Tijâniyyyaalgérienne, pour contrer l’influence de la Tijâniyya ‘umarienne dans la région de Nioro (au Maliactuel), et limiter l’influence de la Tijâniyya marocaine, à une époque où le Maroc était encore indépendant. Ce projet colonial peut paraître étrange. Mais la documentation disponible montre pourtant qu’il a existé.

    L. Rinn avait constaté en 1884 que la Tijâniyya pourrait constituer un ordre confrérique “national ” qui serait en mesure de rendre divers services à l’administration coloniale et de réduire la marge de manœuvre des autres confréries dites anti-française. De leur côté,Deppont et Coppolani parlent du projet de faire intervenir la Tijâniyya dans l’entreprise de rattachement de l’Afrique de l’Ouest à l’Algérie. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les divers envois, sur ordre de l’administration française, de lettres et de personnages des zâwiyas algériennes vers ces contrées.

    Après quatre années de recherches sur les failles, les différences et l’influence spirituelle et politique de toutes les zâwiyas tijânîes au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, le projet d’envoi d’émissaires au Sénégal et au Soudan avait pris une certaine consistance. Mais la logique coloniale s’est heurtée à la stratégie du colonisé. De ce fait, le gouverneur de l’Algérieet les commandants de subdivisions se sont trouvés dans une situation délicate.

    En effet, les renseignements donnés par sîdî al-Bashîr (m.1911) de ‘Ayn-Mâdî niaient tout rapport permanent entre la zâwiya de Fès et celles de l’Afrique de l’Ouest et espérait ainsi prendre en charge la mission envisagée par les autorités coloniales. Les autorités françaises n’avaient pas compris que le chef de ‘Ayn-Mâdî n’était pas le chef d’un ordre centralisé et qu’il était ignorant des affaires de la Tijâniyya.

    D’autre part, dans la zâwiya de Guemmâr sîdî Muhammed La‘rûssî qui n’avait pas raté l’occasion de montrer son savoir, supérieur à celui de sîdî al-Bashîr de ‘Ayn-Mâdî, et d’afficher nettement sa volonté de servir le projet français, donnait, contrairement à sîdî al-Bashîr, des renseignements concrets sur les rapports réels entre la zâwiya de Fès et l’Afrique de l’Ouest : “L’action des Tidjanis marocains s’exerce surtout au Sénégal et auSoudan français occidental où les khouans de l’ordre sont bien plus nombreux que dans l’oued Guir et au Souf”.

    Mais le chef de Guemmâr n’avait pu donner satisfaction en ce qui concernait ses rapports avec les Tijânîs ouest-africains, qu’il ignorait complètement. Le jeu de La’rûssî était de nier toute relation avec les Tijânîs de ces régions pour signifier aux autorités qu’il y avait là une mission à tenter et qui pourrait lui revenir.

    Les contradictions entre les déclarations du chef de ‘Ayn-Mâdî et celles de Guemmâr allaient nourrir un doute chez les autorités françaises qui avaient une troisième source de renseignements. En effet, les ministres et les gouverneurs des colonies en Afrique affirmaient l’absence de toute influence de la Tijâniyya algérienne en Afrique de l’Ouest contrairement à la zâwiyya de Fès dont la présence était reconnue.

    BIO
    Jillali El Adnani, né en 1966 à Tiflet, docteur en histoire de l’Université de Provence, Aix-En-Provence, est chercheur-associé à l’Iremam d’Aix-en-Provence et ancien fellow au Wissencshaftslolleg de Berlin. Il est l’auteur de La Tijâniyya, 1781-1881, les origines d’une confrérie religieuse au Maroc aux éditions Marsam.

    Quelle suite donner au projet après quatre années d’investigations ? Etait-il possible que l’administration coloniale suscite l’envoi d’un émissaire lié à ‘Ayn-Mâdî alors que sîdî al-Bashîrignorait quels étaient les Tijânîs influents et même les noms des Tijânîs au Sénégal et auSoudan français ?

    Il avait aussi fallu l’intervention du gouverneur de l’A.O.F pour se renseigner et établir une liste de muqaddems tijânîs, qui pourraient être contactés par les chefs des zâwiyas de ‘Ayn-Mâdîet de Guemmâr. Comment les zâwiyyas algériennes pourraient-elles mener un projet visant à déstabiliser l’emprise de la zâwiya de Fès en Afrique de l’Ouest et à changer le visage de la Tijâniyya ‘umarienne anti-française et liée à la Tijâniyya marocaine ?

    De nos jours, le régime et le ministre des affaires islamiques algérien ignorent que la confrérie tijâniyya n’est pas un ordre qui marche d’un seul pas, que la direction spirituelle est éclatée entre les différentes zâwiyyas. On oublie que la longue fréquentation du pouvoir colonial par la confrérie s’est traduite par une désaffection progressive des fidèles et un affaissement de sa puissance. La Tijâniyya a toujours réalisé ses succès loin des espaces dominés par des pouvoirs politiques centralisés. La cohabitation entre le politique et le religieux dans le cadre d’une action assistée ne peut qu’affaiblir davantage la Tijâniyya.

    Quel avenir pour la Tijâniyya marocaine ?

    Les sources coloniales nous permettent de dire que les descendants d’Ahmed Tijânî qui ont quitté le Maroc vers 1820 n’ont pas bénéficié de faveurs et de cadeaux de la part des intendants ou des Tijânîs marocains. Ce sont les Tijânîs algériens, y compris les descendants, qui ont envoyé des sommes d’argent pour la restauration ou l’agrandissement de la zâwiyya deFès.

    Il est à signaler que les rapports n’étaient jamais continus et que l’initiative venait toujours des Tijânîs algériens, qui étaient poussés par l’administration coloniale. Le rapprochement entre la Tijâniyya marocaine et algérienne était donc très lié au projet de la conquête du Maroc. C’est grâce à la famille al-‘Abdellâwî et A. Skirej que ces relations ont été revitalisées.

    Actuellement, la politique du pouvoir algérien est d’attirer les tijânîs africains vers les zâwiyas de ‘Ayn-Mâdî et de Kourdane. Des émissaires sont très actifs au Sénégal et dans d’autres pays pour tenter de détourner les pèlerins vers l’Algérie. Nous avons constitué un dossier de presse traitant des rapports de la Tijâniyya marocaine et sénégalaise et où certains journalistes sénégalais publiant dans le journal «Le soleil», «Walfadjri», «L’info» et autres tentent de traiter des convoitises algériennes entre 1990 et 2000. Le grand khalife Abdoul Aziz Sy Junior inspiré de la réalité sénégalaise et internationale parle de projet de création d’un haut conseil de la Tijâniyya sur inspiration du Roi défunt Hassan II.

    A la question du journaliste qui reprend la remarque de l’ambassadeur d’Algérie à Dakaraffirmant que la plupart des adeptes tijânîs ignorent le patrimoine de la Tijâniyya dans le sud algérien, Abdoul Aziz Sy Junior répond : «Je ne pense pas que ce soit le cas. Nous n’ignorons pas le fait que le fondateur de la Tarika (confrérie), en l’occurrence Ahmed Tidiane (ainsi), a vu le jour à Aïn Mahdi en Algérie. Nous savons également qu’il a fait l’essentiel de son ascension spirituelle et acquis l’ensemble de ses titres mystiques à Fès, au Maroc»( Journal, L’Info, N° 217, Jeudi 1er juillet 1999.)

    La détention par la zâwiyya de Fès de la sépulture du fondateur compte beaucoup pour la Tijâniyya marocaine et sénégalaise.

    Il faut dire que les Tijânîs sénégalais entretiennent des rapports de visites restreintes et de ziaras consistant en cadeaux et dons comme le rappelle Abdoul Aziz Sy Junior dans son interview. La détention par la zâwiyya de Fès de la sépulture du fondateur compte beaucoup pour la Tijâniyya marocaine et sénégalaise. Il faut reconnaître que les rapports spirituels, notamment au niveau des diplômes sont dominés par l’apport des Tijânîs marocains. Il suffit de mesurer la présence et l’influence de la personne d’A. Skirej dans les carrières religieuses et spirituelles des Tijânîs sénégalais pour se rendre compte des limites d’une stratégie économique et financière dans le détournement du pèlerinage sénégalais vers un autre lieu que la ville deFès.

    Qu’il s’agisse de la politique musulmane française ou de la politique chérifienne ou encore de celle du gouvernement algérien, le pèlerinage des Sénégalais dans ses rapports avec le tombeau d’Ahmed Tijânî et de la confrérie Tijâniyya est devenu un enjeu politique et économique. La politique algérienne menée en ce moment vise à contourner et à surclasser l’influence marocaine.

    Cette évolution tient au fait que le pèlerinage de Fès ne se résume pas à l’accomplissement de rites religieux mais recèle aussi une signification et une portée qui dépassent le domaine de la religion. En effet, le tracé de ce pèlerinage dessine les contours d’une emprise spirituelle et politique marocaine sur l’espace qui va du Sahara via la Mauritanie jusqu’au Sénégal et certains pays ouest-africains.

    On remarquera aussi que l’avenir du pèlerinage de Fès et de cette emprise spirituelle marocaine tient plutôt de ses assises historiques solides et des bonnes relations entre le Maroc et leSénégal et certains pays ouest-africains. Il faut dire que le Bulletin Officiel du Maroc, annonçait le 28 juin 1957, déjà, l’ouverture prochaine d’un consulat du Maroc à Dakar. Cette annonce a constitué un point noir pour le ministre de la France d’Outre-mer et le haut commissaire de la république en Afrique occidentale française qui ont lié ce projet avec les répercussions des revendications marocaines sur le Sahara par Feu Mohammed V et Allal el Fassi ainsi que d’autre personnages comme le leader de l’Istiqlal dans la région du Souss Abbès El Kabbaj.

    Faut-il rappeler que les stratégies marocaines n’avaient pas souvent bien mis en place une dynamique tijânîe pour se maintenir ou s’implanter davantage dans les pays africains et sauvegarder le réseau Rabat-Nouakchott-Dakar et ses ramifications dans le Tchad, leDarfour et le Nord du Nigeria? Je ne veux pas parler des missionnaires marocains ayant parcouru le Soudan ou encore le Nigeria mais je me demande est-ce que ces deux pays rentrent dans la stratégie marocaine pour revivifier et consolider les liens avec certains pays africains ?

    On pourrait conclure avec cette anecdote du saint tijani sénégalais Cheikh Ibrahim Niassequi a accompagné le Président Jaâfar Noumeiri dans son avion à Khartoum. A l’arrivée,Noumeiri remarquait qu’il y avait des centaines de milliers de soudanais pour l’accuellir. A sa descente d’avion, il se rendit compte que c’étaient les sympathisants et fidèles tijanis venus accueillir leur idole le tijani Ibrahim Niasse.

    Le Soir Echos, 26 août 2011

    Source

    Tags : Maroc, Algérie, Mauritanie, Tijaniya, soufisme, religion, Afrique de l?ouest,