Catégorie : Algérie

  • Nomination du premier ministre Algérien : Est-ce une nouvelle Algérie qui s’amorce ?

    L’Algérie commence à retrouver les apparences de la normalité. Elle dispose d’un nouveau président qui à peine déclaré vainqueur, et malgré la détermination du hirak qui le juge illégitime, tend la main et promet monts et merveilles. Combien la détermination de la rue est vivace, celle de Tebboune semble plus coriace.

    Effectivement le mouvement protestataire se poursuit tout en prenant des formes différentes mais cette fois loin de toute confusion institutionnelle. La mise en avant permanente et ostensible d’un chef d’état-major qui relevait d’une anomalie, n’est plus d’actualité. Voici donc l’armée de retour dans ses casernes. Certains diraient, de retour dans les coulisses de son imperium. Peut importe. On sait pertinemment que l’armée ne déteste rien tant que d’être exposées. Elle a d’autres monts à escalader.

    En nommant M. Djerad, Tebbounne clarifie le visage du nouvel exécutif algérien. Technocrate et haut cadre d’état, il ne va surement pas piocher dans les moisissures des vielles caves à ministres ou le pouvoir algérien avait pris l’habitude de puiser pour pourvoir aux fonctions ministérielles.

    Ce qu’il faut retenir c’est que Djerad, en 2003 avait payé chère sa proximité avec Benflis. Victime d’un limogeage du poste de secrétaire général du ministre des affaires étrangères, il avait estimé à l’époque qu’il était absolument nécessaire que les serviteurs de l’État soient mis à l’abri de tout abus du pouvoir. Djerad qui heureusement n’a pas obtenu le pardon du clan entourant Abdelaziz Bouteflika, peut se considérer aujourd’hui très chanceux ! Son retrait du comité central du FLN après la nominalisation de Ould Abbes en 2016 va surement faire monter sa côte auprès des Algériens.

    Outre son parcours pas très favorables au clan des Boutefs, M. Djerad était assez ouvert en direction du Hirak. Il a approuvé ouvertement l’exigence des manifestants, celle du départ immédiat des figures du régime Bouteflika. Djerad, aura parfaitement compris aujourd’hui qu’il faut satisfaire les attentes populaires et que compter sur l’effet d’usure du mouvement de revendication d’une Algérie meilleurs, semble désormais illusoire.

    Le pouvoir est devant une conscience politique populaire qui s’exprime spontanément, les manipulations qui ne sont pas à exclure, seront toujours dépassées par l’ampleur des événements. L’appareil politique algérien, est assez rusé pour comprendre que dans le face-à-face avec le système, le peuple est en première ligne. Même si pour le moment, ce mouvement populaire n’a pas encore transformé sa masse sociale en force politique, et qu’il a encore du mal à dégager un leadership, un autre visage de l’Algérie se dessine diffèrent de celui habituellement offert par un pouvoir vicieux.

    Mayassa H-Khoudja

    Algérie Network, 28 déc 2020

    Tags : Algérie, Djerad, Tebbounne, Bouteflika,

  • L’Algérie, une puissance régionale de premier plan

    Un souvenir, un regret

    Il est bien difficile en France de traiter de l’Algérie de manière totalement extérieure et dépassionnée. La guerre d’Algérie, la violence de la rupture après cent trente ans de colonisation, les exactions, les départs forcés, la mémoire de la domination, l’impact du conflit sur la société française restent des blessures ouvertes. Il en est de même en Algérie, où le souvenir de la France est très vivace, obsédant, constamment ravivé par la présence au sein de l’ancienne puissance coloniale d’un nombre croissant d’Algériens ou de binationaux, par la continuité d’échanges multiples entre les deux sociétés. Les générations ont passé, la guerre d’Algérie est une mémoire vive et à beaucoup d’égards elle n’est pas terminée.

    Mémoire vive, mais aussi mémoire en partie refoulée et latente. Quels Français d’Algérie ou leurs descendants ne gardent pas la nostalgie de ce qui fut leur pays, dont ils furent chassés ? Quels sont ceux qui y ont vécu, même temporairement, qui ne conservent pas l’amitié de son peuple et l’admiration de ses paysages ? Quant aux Algériens, combien ne considèrent-ils pas la France comme un pays qui leur est proche, pour le pire et le meilleur ? Le pire, la conquête brutale, l’injustice de la discrimination, les massacres de la guerre de libération. Le meilleur, la langue et la culture dont elle est le véhicule, les valeurs mêmes que la colonisation a trahies, l’attraction exercée par ce qui reste un pays d’accueil pour nombre d’entre eux.

    Dans Le  Joli Mai, film témoignage de Chris  Marker tourné en  1962 1 , un jeune Algérien vivant en France, militant pour l’indépendance et inquiété pour son engagement, déclare : « La France est notre mère. C’est une mère sévère, mais c’est notre mère. » Qu’est-il devenu ? Peu d’Algériens, sans doute, accepteraient aujourd’hui cette position. Le ressentiment l’emporte, même si l’attirance reste forte. Sans doute faut-il distinguer entre État et société. L’État algérien tient la France en méfiance et en fait volontiers le bouc émissaire de difficultés internes. La société est plus ambiguë, et la fierté nationale, très forte, va souvent de pair avec un sentiment de familiarité à l’égard des Français. Au fond, même tendues, les relations francoalgériennes demeurent des relations de famille.

    Voici plus d’un demi-siècle que l’Algérie est indépendante. C’est beaucoup au regard d’une vie humaine, c’est peu au regard de l’histoire. Le Maghreb, l’Afrique, le monde ont beaucoup changé. D’environ neuf millions d’habitants en 1962, l’Algérie est par exemple passée à plus de quarante millions, plus que quadruplant sa population. Nombre de données se sont cependant imprimées durablement dès la naissance de l’État algérien. Il reste dominé par les traits qui ont marqué sa création. Problèmes de construction de l’État et de la nation, d’équipement et de développement, volonté d’indépendance, de répudiation totale du régime colonial, d’affirmation sur la scène internationale… En même temps, la brève histoire de l’Algérie a été mouvementée et cruelle, comme si la guerre originelle comportait récurrences ou menaces permanentes. Le pays est devenu une puissance régionale de premier plan, mais il est toujours sous pression

    Une puissance régionale de premier plan

    L’Algérie est le plus grand pays d’Afrique, le plus peuplé et le plus puissant des pays de l’ancien empire colonial français du continent, la seconde population arabe après l’Égypte, un verrou contre le terrorisme. Elle affirme fortement son identité arabo-islamique. Elle est animée par une permanente volonté d’indépendance diplomatique et stratégique. Chacun de ces éléments comporte ses défis et contraintes. Dans une région marquée par une instabilité croissante, le pays apparaît comme un pôle de stabilité, tout en restant sous une menace extérieure diffuse et difficile à maîtriser.

    Une position unique en Afrique

    Le gigantisme du territoire algérien, surtout par rapport à ses voisins immédiats du Maghreb, doit être mis en relation avec l’étroitesse de son espace fertile et peuplé, une large et profonde bande côtière au bord de la Méditerranée occidentale. Le Sahara est loin d’être sans ressources. Il est à l’inverse riche en hydrocarbures, mais son immensité, ses frontières ouvertes sur des voisins dont beaucoup sont fragiles et pour certains défaillants – Tunisie, Libye, Niger, Mali, Mauritanie, Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) du Front Polisario, que l’Algérie seule reconnaît et soutient fermement – sont autant de défis sécuritaires pour le pays. Le Sahara est entre autres choses le chemin de multiples trafics criminels et de migrations incontrôlées en provenance de l’Afrique subsaharienne. En revanche, l’importance de la population algérienne dans son environnement régional, environnement qui plus est francophone pour l’essentiel, au moins pour les catégories dirigeantes, est un élément d’influence que le pays ne met peut-être pas suffisamment à profit.

    L’Algérie dispose aussi de la deuxième armée du continent, avec ses composantes terrestres, aériennes et maritimes. Son équipement s’alimente à des sources variées – Russie, Chine, pays européens – avec un grand souci de diversification et un effort de développement national d’une industrie de défense. Le lien entre politique de défense et politique étrangère servie par un réseau diplomatique de qualité est puissant, le souci de cohérence constant, ce qui est un signe parmi d’autres du poids de l’armée dans le pays. Aussi bien le partenariat avec l’Algérie est-il recherché, même s’il est incommode en raison d’un souverainisme sourcilleux, et toujours incertain du fait de l’opacité du pouvoir et de son goût pour les menées souterraines. Un souci, le Maroc, l’autre grande puissance du Maghreb, pays frère et rival dont les principes internes et internationaux lui sont opposés – une monarchie à fondement religieux, un enracinement occidental marqué. Mais surtout, considération géopolitique, affleure le désir algérien d’avoir un accès à l’Atlantique, dont la RASD serait l’instrument.

    Un verrou contre le terrorisme

    L’Algérie a un lien ancien avec le terrorisme, puisque le Front de libération nationale (FLN) y a largement recouru lors de la guerre d’indépendance, avant le terrorisme suicidaire de l’Organisation armée secrète (OAS) – un terrorisme qui a frappé les institutions publiques, les populations civiles sur place comme en métropole. Sans doute la stratégie du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) a été autant sinon plus politique et diplomatique que terroriste. Elle a en outre bénéficié d’un soutien croissant de la population musulmane, mais enfin, avant même que le terrorisme palestinien ne se réclame d’une cause légitime, le mouvement de libération algérien s’en est fait le parangon. Il a appelé des mesures coercitives rigoureuses de la part du colonisateur, sécuritairement efficaces, à ce point que le film La Bataille d’Alger, qui présente les méthodes contre-terroristes de l’armée française, est devenu quelques décennies plus tard comme un manuel d’instruction pour les armées occidentales, en Afghanistan et en Irak. Son analyse montrait ce qu’il convenait de faire et de ne pas faire.

    Avant cette rédemption douteuse, dans la décennie 1990, c’est l’Algérie elle-même, par un choc en retour, qui était frappée par un terrorisme islamique intérieur, celui du Groupe islamique armé (GIA). Il a été la préfiguration d’une expansion plus internationale au début du XXIe  siècle jusqu’à aujourd’hui, dont l’origine est davantage moyen-orientale et qui tend à se diffuser dans divers continents, dont l’Afrique. L’Algérie semble avoir éradiqué son terrorisme intérieur et permis la réconciliation au prix de certaines concessions, mais paie toujours le prix d’une arabisation trop rapidement et mal conduite. Elle a chassé du pays nombre d’intellectuels francophones, elle a permis l’influence au sein de la jeunesse de mouvements religieux radicaux qui ont fait le lit des groupes terroristes. Dans la lutte contre eux, l’armée a recouru aux mêmes méthodes que l’armée coloniale, aux mêmes exactions, aux mêmes brutalités, de façon plus souterraine et moins critiquée. La disparition de la menace intérieure n’a pas pour autant éliminé l’instabilité aux frontières et les dangers qui en résultent pour le pays.

    L’Algérie est en effet enserrée par des menaces terroristes, qu’elles proviennent de la Tunisie, de la Mauritanie, des pays du Sahel subsaharien, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Daech qui s’implante en Libye. La circulation autour voire à l’intérieur des frontières, la prolifération dans ces espaces des armes de petit calibre liées à l’intervention récente en Libye, la faiblesse des États voisins, toutes ces données créent une tension permanente dans l’environnement immédiat du pays et même en son sein. Dans ces conditions l’Algérie, de par sa position géopolitique, de par sa politique sécuritaire et son poids militaire, apparaît comme un partenaire indispensable et précieux contre des mouvements nomades, fluides et fugitifs, qui frappent, détruisent, tuent, rançonnent et s’évanouissent avant de resurgir un peu plus loin. Les puissances occidentales qui interviennent au soutien des États affectés ont besoin du concours logistique de l’Algérie, des facilités qu’elle accorde, des appuis militaires discrets qu’elle donne. C’est le cas pour la France au Mali, tandis que les États-Unis participent à la surveillance au et du Sahara.

    Une volonté d’indépendance

    L’indépendance semble consubstantielle à l’Algérie depuis les conditions de sa naissance en tant qu’État. Elle s’est d’abord exercée à l’encontre de la France, dont les liens résiduels prévus par les accords d’Evian n’ont pas résisté longtemps après le départ massif des Européens. Elle a conduit à prendre rapidement la maîtrise du territoire par l’évacuation des dernières bases militaires françaises, puis des ressources en hydrocarbures avec la création de la Sonatrach en 1963 et la dénonciation en 1971 d’un accord bilatéral sur l’exploitation du pétrole. Cette conception sourcilleuse de l’indépendance diversifie les partenariats, mais rejette toute participation à une alliance militaire voire à une coalition organisée, dans l’esprit du non-alignement qui a été le maître mot des pays du tiers-monde dans la suite de la décolonisation. L’Algérie tirait alors son prestige d’une indépendance conquise et non octroyée, et apparaissait comme un phare politique et diplomatique en Afrique.

    Le rayonnement algérien s’est notamment exprimé avec la thématique du nouvel ordre économique international (NOEI) qui visait à compléter l’indépendance politique par un rééquilibrage des relations économiques au profit des pays récemment indépendants, en développement. Cette thématique a agité les débats de l’Assemblée générale de l’ONU et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED, 1964). Droit au développement, droit du développement, inégalité compensatrice étaient des formules très en vogue. L’Algérie, avec notamment Mohammed Bedjaoui, éminent juriste 3 , a joué un rôle de premier plan dans la promotion du NOEI. Il a culminé en 1974, avec la Charte des droits et devoirs économiques des États, grande résolution déclaratoire de l’Assemblée générale. Auparavant, en 1962, elle avait reconnu la souveraineté permanente des États sur leurs ressources naturelles, ouvrant la voie à diverses nationalisations. Le droit du développement était appuyé par l’URSS et les démocraties populaires, auxquelles il ne coûtait rien.

    L’Algérie indépendante n’était pas pour autant d’obédience communiste, contrairement aux craintes réelles ou feintes de certains. Elle était avant tout nationaliste, et collectiviste sur le plan économique. Elle regardait en outre avec faveur du côté des États-Unis, qui avaient soutenu son indépendance. Cela ne la dirigeait nullement vers un rapprochement poussé et, suivant la formule du président Boumédiène, l’Algérie n’avait pas rejeté le petit colonialisme français pour tomber sous le grand impérialisme américain. Le non-alignement dont elle se réclamait gardait ses distances. Toute cette thématique, droit du développement et, il faut bien le dire, non-alignement, a sombré avec la chute du mur de Berlin. Économiquement, le collectivisme a échoué, le NOEI a été remplacé par l’économie de marché et la mondialisation. Politiquement, le modèle soviétique de gouvernement est apparu comme un immense désastre historique, et les pays qui s’en inspiraient ont dû chercher d’autres formules, même si certains d’entre eux ont été confrontés à l’affaiblissement voire à la défaillance de leur État.

    Tel n’a pas été le cas de l’Algérie, qui a surmonté de grandes vicissitudes internes sans changer ses principes d’indépendance. Ils la conduisent à une posture parfois revêche. Or l’acrimonie ne fait pas bon ménage avec la diplomatie. L’Algérie a dû renoncer à transformer les rapports internationaux, même si elle conserve une préférence pour le multilatéralisme. Mais elle est confrontée à une querelle avec le Maroc qui nuit à son influence en Afrique, et elle est peu favorable au régionalisme maghrébin en dépit des déclarations. De la même manière, elle refuse de participer à l’Organisation internationale de la Francophonie, alors qu’elle y trouverait un multiplicateur d’influence. Sur le plan sécuritaire, elle n’entend pas participer à des actions armées au Yémen ou en Irak et en Syrie, alors qu’elle lutte contre le terrorisme international. Droit des peuples et non-intervention demeurent des principes organisateurs. L’ouverture est plus sensible sur le plan économique que sur le plan politique. Et, sur le plan interne, l’Algérie est un pays sous pression.

    Un pays sous pression

    La première impression lorsque l’on considère la situation interne de l’Algérie est celle de la stabilité, en dépit de changements démographiques considérables et d’une vie politique toujours sous le coup de la violence. En y regardant de plus près, on est frappé par l’importance des défis intérieurs, politiques, économiques et sociétaux qui maintiennent le pays sous une pression permanente.

    L’apparence de la stabilité Cette stabilité n’est bien sûr que relative, elle doit être mise en regard des secousses qui ont ébranlé le pays depuis sa naissance : dès l’indépendance, accession au pouvoir par la force d’Ahmed Ben Bella, qui écarte le GPRA avec lequel avaient été conclus les accords d’Evian ; puis coup d’État de Houari Boumédiène qui renverse le régime précédent et occupe durablement le pouvoir ; puis des successions plus ou moins démocratiquement assurées jusqu’à l’interruption d’un processus électoral qui promettait d’installer des islamistes au gouvernement ; après de nouvelles péripéties dont des assassinats politiques, la présidence d’Abdelaziz  Bouteflika, qui entraîne une nouvelle période plus calme. L’Algérie parvient durant ce demi-siècle à surmonter une véritable guerre civile face à un terrorisme intérieur aux ramifications internationales. Mais la génération des moudjahidin, combattants de l’indépendance, demeure pour l’essentiel aux commandes, même si certains chefs historiques ont été progressivement éliminés par des luttes internes. S’y ajoute une administration solide, et le rôle de l’École nationale d’administration (ENA) locale permet d’associer compétence, ascension sociale et loyauté. L’État algérien est en profondeur un État solide, en dépit des fragilités inhérentes à ce type de régime, fondamentalement autoritaire.

    Comment le caractériser ? Deux types de comparaison se proposent. Le premier, contemporain, est le modèle poutinien, régime nationaliste dont le ressort est la frustration après la disparition de l’URSS et la volonté de réaffirmation nationale, appuyée par un fort soutien populaire et relayée par des oligarques qui ont largement tiré profit de la privatisation des richesses collectives. Peut-être y a-t-il quelques éléments communs, notamment avec certaines formes de clanisme et de corruption 4 . La situation est cependant différente. Le président Bouteflika n’a ni le rayonnement ni l’autorité effective d’un Vladimir Poutine, et le problème de l’Algérie n’est pas de transformer un empire défunt en État-nation, il est plutôt celui du développement. Une deuxième référence possible est un modèle plus ancien, le modèle Atatürk (1923-1938), un pouvoir personnel et même personnalisé, d’apparence civile, appuyé sur un État profond dominé par l’armée, avec un souci de modernisation de la société. Là aussi, quelques éléments communs, notamment quant au rôle de l’armée, colonne vertébrale du régime, mais on peut douter de la volonté de moderniser la société, plutôt conduite à une régression traditionaliste du fait de l’arabisation et des compromis avec l’islamisme. La société civile algérienne dynamique et moderne se définit plutôt en opposition avec le régime.

    Le régime algérien ne se compare pas non plus avec ceux de la Tunisie ou du Maroc. L’empreinte étatique du colonisateur, plus forte en Algérie, et les conditions violentes de la décolonisation lui ont donné des traits originaux. L’un de ceux-ci est la violence politique, une certaine dureté des rapports humains, une société sans doute plus égalitaire et plus éruptive que dans les pays voisins. Un autre, d’origine plus ancienne, tient à un pluralisme culturel et social, avec la question kabyle ou de la vallée du Mzab, qui s’ajoutent à un esprit public très politique et volontiers rebelle. Bien sûr, opacité, corruption et clanisme accompagnent le pouvoir. Ce modèle est toutefois loin d’être propre à l’Algérie, il tend même à se développer partout derrière une façade démocratique et pluraliste. Quoi qu’il en soit, l’État a dominé des périodes agitées, il a largement équipé le pays – communications, logements – et favorisé l’éducation d’une jeunesse surabondante. Il reste nombre de défis qui s’ajoutent aux menaces extérieures, le moindre d’entre eux n’étant pas la succession de l’actuel président.

    Des défis pressants

    ● Le défi d’ordre politique est à la fois permanent et récurrent. Récurrent avec le problème de la succession du président Bouteflika. Dans une démocratie ordinaire, une telle succession ne soulève pas de difficulté et s’insère dans le fonctionnement régulier des institutions, elle est prévue et organisée par une votation authentiquement pluraliste. Dans les régimes autoritaires, elle est toujours un moment de doute et de fragilité, avec un risque de saut dans l’inconnu. Ceci renvoie à une question plus permanente, celle de la démocratie et de l’État de droit, qui sont loin d’être réalisés en Algérie. Elle a progressé dans cette voie, il existe un certain pluralisme, la liberté des médias est plus forte, mais les verrous autour du pouvoir sont toujours présents, renforcés par les menaces sécuritaires. La dévolution du pouvoir gouvernemental apparaît encore relever d’un processus opaque, et l’élection davantage une ratification qu’une décision. L’indépendance des corps intermédiaires est également sujette à caution, même si le FLN a cessé d’avoir une emprise dominante sur le pays.

    ● Les défis économiques sont parmi les plus pressants. Longtemps, l’Algérie a pu se reposer sur une rente pétrolière et gazière. Elle lui a dans un premier temps permis, après les avoir financés, de surmonter des choix économiques initiaux, celui des « industries industrialisantes », un collectivisme d’État aux conséquences néfastes. Puis l’Algérie, suivant le mouvement général des pays socialistes, a su passer d’une économie collectiviste à une économie partiellement de marché. On a même relevé la montée en puissance d’oligarques actifs sur le plan national comme international. La rente des hydrocarbures a enfin contribué à couvrir les besoins fondamentaux d’une population à la démographie explosive et d’investir dans les équipements de base. L’inégalité dans le partage de cette rente était ainsi moins visible. La chute récente du cours des hydrocarbures remet cet équilibre économique et financier en cause, et risque d’aboutir à un endettement croissant du pays en attendant que des alternatives puissent être trouvées, dans un pays qui refuse depuis l’indépendance le développement d’une industrie touristique, en toute hypothèse fortement menacée dans la région.

    ● Quant aux défis sociétaux, ils tiennent pour une part à la croissance démographique qui aboutit à ce que nombre de jeunes Algériens aspirent à l’émigration, alors que les pays européens tendent à restreindre l’immigration pour des raisons économiques autant que culturelles. Ils tiennent aussi à ce que l’Algérie est, elle-même, zone d’accueil de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne, immigration qui ajoute à ses difficultés et dont le transit vers l’Europe est de plus en plus difficile. L’Algérie est un pays jeune et sa jeunesse semble manquer de confiance en son avenir, face à un pouvoir à la fois fermé et gérontocratique. S’y ajoute l’emprise de l’islamisme, dont la fraction insurrectionnelle a été combattue et réduite, mais dont la pression sur la société civile et les contraintes sur les mœurs, la liberté individuelle et le statut des femmes restent puissantes. Cette société civile contenue, de plus en plus instruite et ouverte sur le monde, pourra-t-elle prendre son autonomie, et comment ? Là est sans doute la clé de la réussite de l’Algérie indépendante.

    Et le regret  ? Certainement pas l’Algérie coloniale, plutôt les conditions de l’accès à l’indépendance, qui aurait pu être plus pacifique et consensuelle au lieu de cet arrachement cruel pour tous. La responsabilité principale en incombe au colonisateur qui n’a pas su accepter à temps les évolutions nécessaires. Pour la France, le problème algérien s’achève le 5 juillet 1962. Pour l’Algérie, son histoire comme État commence. À cet égard, regret que les relations avec la France n’aient pas pu ensuite être normalisées, devenir apaisées et confiantes, que l’on n’ait pas réussi avec l’Algérie le type de réconciliation mis en œuvre avec l’Allemagne. La méfiance et les mésententes entre les deux pays sont à somme négative pour chacun des deux. Le fait par exemple que l’Algérie ne soit pas membre de l’Organisation internationale de la Francophonie réduit son influence dans ce qui devrait être un espace naturel d’entente et de coopération. Cette méfiance ne favorise pas non plus l’intégration en France d’une immigration massive provenant d’Algérie, qui aurait toutes raisons de se fondre dans l’ensemble national n’étaient les survivances d’un ressentiment que le temps ne semble pas effacer, quand il ne l’alourdit pas. Voici quelques années, le projet d’un traité d’amitié entre les deux pays a malheureusement échoué. Formulons le vœu qu’un jour des hommes ou femmes d’État sachent sur le métier remettre cet ouvrage.

    Serge Sur

    Source : Centre Thucydide, sept-oct 2016

    Tags : Algérie, France, Guerre d’Algérie, guerre de libération, mémoire,

  • Algérie : La presse à l’heure de l’adaptation

    La liberté de la presse est un acquis irréversible dans un pays qui a tout donné pour l’ériger en valeur incontournable et en modèle unanimement reconnu par la communauté internationale. En rempart contre la dérive totalitaire de la décennie sanglante, les journalistes ont consenti tous les sacrifices pour la sauvegarde d’un héritage important appelé à être capitalisé.

    Le poids des mutations internationales, porteuses du défi technologique et de la mondialisation impitoyable, l’impose. Et, plus encore, à l’heure du changement global et profond traduit par la nouvelle République en construction, le temps d’une adaptation organisationnelle et juridique se légitime par la nécessité de remettre de l’ordre dans une profession confrontée aux dérives des fake news, colportées par les réseaux sociaux, et des atteintes aux principes et règles régissant le noble métier d’informer.

    Il y a effectivement urgence à régulariser «la situation juridique» des médias électroniques domiciliés en Algérie qui seront traités sur «le même pied d’égalité que la presse écrite en matière de couverture des activités nationales et officielles, et d’accès à la publicité, et ce, dans le strict cadre de la loi et de la déontologie de la profession», a indiqué dans un communiqué la présidence de la République. Cette instruction adressée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au Premier ministre, Abdelaziz Djerad, s’inscrit dans une nouvelle approche de la communication qui pose pour seule limite à la liberté d’expression la loi, bannit toute forme de marginalisation et combat la spéculation et la désinformation.

    Les fondements d’une communication ouverte et professionnelle, exprimée par les rencontres régulières avec les responsables des médias publics et privés, se conçoivent dans la décision de rendre publics les communiqués de la Présidence par l’APS et de classer «toute information rapportée en dehors de ce canal dans la case de la propagande et de la désinformation», susceptibles de poursuites judiciaires. La nomination du ministre conseiller à la communication, Belaïd Mohand Oussaïd, participe d’un réaménagement en règle d’un secteur hanté par les faussaires du monde de l’information et les apôtres du chaos. La remise à niveau d’un secteur stratégique est inévitable.

    Horizons, 6 fév 2020

    Tags : Algérie, presse, liberté de presse,

  • Les agitations du Maroc : Une réponse aux déclarations du président algérien

    Dans le passé, lorsqu’il est contrarié dans la question du Sahara Occidental, le roi du Maroc procédait à une visite aux villes occupées du Sahara Occidental. Une manie qui a poussé l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika à organiser une visite solennelle aux camps des réfugiés sahraouis situés dans la périphérie de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie.

    Mohammed VI, fidèle aux pratiques de son père qu’il a prises comme guide spirituel, a opté pour la provocation pour répondre aux dernières déclaration du président Abdelmajid Tebboune dans lesquelles il réitérait le statut du Sahara Occidental en tant que « problème de décolonisation ».

    C’est ainsi que Rabat a procédé à l’ouverture de consulats dans les villes occupées du Sahara Occidental et à l’organisation du championnat africain de futsal dans la ville d’El Aaiun. Le but est double :

    – Lancer un message d’intransigeance à l’Algérie et à la communauté internationale.

    – Faire du bruit en vue de faire de l’ombre au ballet diplomatique dont la capitale algérienne est le scénario et le leadership de l’Algérie au niveau régional et continental. Des agissements destinés notamment à l’opinion publique marocaine dont le moral a été sérieusement touché en raison des errements de son Makhzen.

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Abdelmajid Tebboune,

  • Algérie : Le Drian plaide pour un travail de mémoire

    Guerre de libération nationale: Le Drian plaide pour un travail de mémoire

    par Houari Barti

    Les diplomaties algérienne et française semblent partager une vision commune sur la nécessité de travailler ensemble, et en toute sérénité, sur la question de la mémoire relative à la Guerre de libération nationale et une volonté exprimée désormais des deux côtés pour son règlement.

    C’est du moins ce qui ressort, en partie, de la dernière déclaration du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, qui a estimé qu’«un travail de mémoire» est souhaitable entre la France et l’Algérie «sur la manière dont les uns et les autres avons vécu» la guerre. A la veille de cette déclaration de Le Drian rapportée hier matin par l’AFP, la diplomatie algérienne s’est également exprimée sur le sujet pour répondre à une polémique née de propos attribués au président turc Recep Tayyip Erdogan, dernièrement en visite en Algérie. «(…) De tels propos ne concourent pas aux efforts consentis par l’Algérie et la France pour leur règlement», soulignait en conclusion le communiqué du ministère des AE algérien.

    Un communiqué dans lequel on a ainsi tenu à rappeler «le caractère sacré» pour le peuple algérien des questions complexes liées à la mémoire nationale, qualifiées d’«extrêmement sensibles» mais aussi «l’engagement des deux pays à les régler».

    Interrogé lors d’une émission conjointe sur RTL/LCI/Le Figaro, Jean-Yves Le Drian répondait aussi à une polémique née des récents propos du président Emmanuel Macron, qui avait établi un parallèle entre la guerre d’Algérie et la reconnaissance par Jacques Chirac, en 1995, de la responsabilité de la France dans la déportation des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Le chef de la diplomatie française a tout d’abord estimé que «la Shoah est un crime insupportable, comparable à rien, nulle part ailleurs, il faut le reconnaître comme tel». Mais, a-t-il ajouté, «la question qui se pose dans les relations entre la France et l’Algérie sur la mémoire, la manière dont les uns et les autres avons vécu ce conflit, reste là. Et il faudrait que nous ayons ensemble un travail de mémoire».

    M. Le Drian a assuré, dans le même ordre d’idées, que les autorités algériennes souhaitaient ce processus non sans insister sur le fait que les Français, eux aussi, avaient «besoin d’avoir sur ce sujet-là un moment de rappel historique et de vérification». «Nous avons en Algérie une situation qui est complètement nouvelle, qui va sans doute engager des évolutions significatives de ce pays», a par ailleurs estimé le ministre des Affaires étrangères en référence à la récente élection du président Abdelmadjid Tebboune.

    «De nouvelles perspectives s’offrent pour les relations entre la France et l’Algérie. Si la mémoire partagée peut faire partie de cet ensemble nouveau, ce serait une très bonne nouvelle pour tout le monde», a insisté le ministre. Il faut rappeler que depuis le début de son quinquennat, et même avant, le chef de l’Etat français, Emanuel Macron, a pris le pari courageux de dépassionner le débat sur le sujet en évoquant à plusieurs reprises «les charges mémorielles» de la guerre d’Algérie. Avec un regard neuf et pragmatique, regard que n’ont pas nécessairement ceux qui appartiennent à la génération qui a vécu la guerre d’Algérie, le président français espère surtout tourner cette page douloureuse et plus qu’ambiguë de la République.

    En 2017 déjà, alors qu’il était en pleine campagne, le candidat d’En Marche à l’élection présidentielle avait affirmé que la colonisation française est «un crime contre l’humanité». «Je pense qu’il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation. Certains ont voulu faire cela en France, il y a dix ans. Jamais, vous ne m’entendrez tenir ce genre de propos. J’ai toujours condamné la colonisation comme un acte de barbarie».

    Et d’ajouter : «La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers qui nous avons commis ces gestes». Il a par la suite œuvré à la reconnaissance par la République française que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957, était bien «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France».

    Sa dernière position forte exprimée sur le sujet a été dans l’avion qui le ramenait jeudi dernier des territoires occupés, où il participait à la commémoration du 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, où il s’est dit convaincu que la France devait revisiter la mémoire de la guerre d’Algérie (1954-1962) pour mettre un terme au «conflit mémoriel» qui «rend la chose très dure en France».

    Le Quotidien d’Oran, 3 fév 2020

    Tags : France, Algérie, Guerre d’Algérie, mémoire, colonisation,

  • Maroc-Algérie : La belle et le bête

    Nous sommes au mois de décembre 2014. Le hacker Chris Coleman sévit contre le Makhzen qui multiplie les sorties de panique. Dans des déclarations faites au quotidien Algérie Patriotique, un responsable algérien qui a requis l’anonymat a affirmé que le Maroc « qui a des problèmes avec tous ses voisins, l’Espagne, la France, l’Algérie et la Mauritanie, devrait prendre enfin conscience que l’essence expansionniste de sa politique va finir par en faire un pestiféré au niveau de la région ».

    Cinq ans après, les indices de cette prophétie commencent à se profiler à l’horizon. Les autorités marocaines n’arrivent pas á digérer ce qu’il se passe. Tous les milliards dépensés en lobbying pour devenir un pestiféré ! C’est pour déprimer !

    Alors qu’il s’attendait à voir l’Algérie plonger dans une nouvelle décennie noire, l’État terroriste du Maroc s’aperçoit que son voisin de l’Est, en plus d’éviter tout dérapage dans les réponses aux manifestants du peuple algérien, Alger a pris des mesures inimaginables au pays de Mohammed VI : les piliers de la corruption se trouvent tous en prison et le feuilleton de la lutte contre la corruption n’a fait que commencer.

    La réaction des autorités marocaines contre la conférence de Berlin exprime le désarroi du régime de Rabat en découvrant que son lobbying, son chantage à la migration et au terrorisme n’ont rien donné si ce n’est salir l’image du Maroc et faire de lui l’indésirable de la région. C’est à l’Algérie que la Tunisie, la Libye et la Mauritanie ont demandé de rapatrier leurs ressortissants de la Chine. A bon entendeur, salut !

    Tags : Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie, Maghreb, Tunisie, terrorisme, coronavirus,

  • La Mauritanie reconnaissante à l’Algérie pour le transport des étudiants mauritaniens en Chine

    La Mauritanie a exprimé sa profonde reconnaissance à la République algérienne démocratique et populaire sœur pour avoir pris en charge le transport des étudiants mauritaniens résidant dans la province du Hubai en Chine Populaire.

    Elle a loué, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur rendu public dimanche après- midi et dont une copie est parvenue à l’Agence Mauritanienne d’Information, cette réaction positive qu’elle a perçue des autorités au niveau du ministère des affaires étrangères chinois et du bureau des affaires extérieures de la province du Hubai en République Populaire de Chine.

    Voici le texte intégral de ce communiqué :

    « Lorsqu’il a appris, à travers notre ambassade à Pékin, qu’il y a un avion affrété par les autorités algériennes pour rapatrier ses concitoyens, le ministre des affaires étrangères, de la coopération et des mauritaniens de l’extérieur, M. Ismail Ould Cheikh Ahmed a aussitôt contacté par téléphone son homologue algérien, M. Sabri Boukadoum à la suite duquel la République Algérienne démocratique et populaire sœur a décidé de prendre en charge le transport de nos étudiants résidant dans la province du Hubai en République Populaire de Chine, et dont quatre ont fait le choix de quitter Wuhan et deux d’y rester.

    Le ministère tient à exprimer sa profonde reconnaissance à ses frères en Algérie et se réjouit de la réactivité efficace et du traitement diligent de toutes les questions soumises par notre ambassade à Pékin aux fins d’évacuation de nos étudiants par les services du ministères chinois des affaires étrangères, notamment du bureau des Affaires étrangères de la région de Khouli en République Populaire de Chine.

    Agence Mauritanie d’Information, 2 fév 2020

    Tags : Algérie, Mauritanie, Chine, Maghreb, coronavirus,

  • Le Maroc acculé par la stratégie algérienne de lutte contre le trafic de drogues (document confidentiel)

    Le Maroc tente de rejoindre l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants (OICS) en vue de contrecarrer ce qu’il a appelé « nouvelle stratégie algérienne de dénigrer le Maroc, en tant que « Etat-narcotrafiquant qui inonde l’Algérie par le cannabis ».

    Dans une lettre envoyée au Ministère marocain des affaires étrangères, Azzeddine Farhane, directeur des Nations Unies et des Organisatios internationales fait part de « la campagne diplomatique lancée par ce Département le 8 janvier 2014 en vue de la promotion de la candidature du Professeur Toufiq Jallal à l’OICS, a permis de recueillir, à ce jour, 30 appuis confirmés par notre diplomatique des 54 Etats votants, membres actuels de l’ECOSOC ».

    Farhane ajoute que « l’impératif de la présence d’un expert marocain pour influer sur la rédaction et l’élaboration du rapport annuel de l’OICS, afin de mettre en valeur les efforts consentis par notre pays pour lutter contre la drogue, ainsi que la promotion des projets de développement alternatif dans les régions concernées par la culture du cannabis ».

    Source : Maroc Leaks, 2 fév 2020

    Tags : Algérie, Maroc, stupéfiants, drogue, cannabis, OICS, ONU, Organe International de Contrôle des Stupéfiants, haschich, Kif,

  • Le Rôle de l’Algérie au Sahel, selon une note confidentielle de la diplomatie marocaine

    L’Algérie s’appuie souvent sur les structures de l’Union africaine pour faire passer sa pensée à l’égard des questions africaines notamment celles relatives à la paix et à la sécurité. Elle alimente une vision hégémonique dans la région par la création de groupements et coalisions, visant à empêcher le Maroc de jouer son rôle au service de la Sécurité et du Développement au Sahel.

    A cet effet, l’Algérie fait partie du Comité d’Etat-Major Opérationnel Conjoint. Il s’agit d’une structure militaire d’état-major créée le 21 avril 2010. Elle est basée à Tamanrasset et regroupe des forces armées de plusieurs pays du Sahel sous l’égide de l’Algérie pour « mener des opérations de localisation et de destruction des groupes terroristes ». S’y sont associés le Mali, le Niger et la Mauritanie. Ce Comité reste une Coquille vide, du fait que les pays du Sahel sont dépourvus d’une forte armée, d’autant plus que la constitution algérienne interdit l’Armée d’intervenir en dehors du territoire du pays.

    Alger abrite également le siège de l’Unité de fusion et de liaison. Créée le 6 avril 2010, cette structure coordonne l’action de lutte contre le terrorisme et mène une propagande contre ses méfaits. La création de l’UFL est une application des recommandations des ministres des Affaires étrangères en mars 2010 des sept pays concernés par la question terroriste dans le Sahel. Il s’agit de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso, de la Libye, du Mali et du Tchad. Cette unité a pour mission de collecter, de traiter et de diffuser des renseignements sur l’activité terroriste. Le Nigeria a adhéré à l’instance en novembre 2011.

    L’Algérie est membre du Processus de Nouakchott, qui a été initié par la Commission de l’Union africaine en 17 mars 2013 et a pour objectif de renforcer l’échange d’information, la sécurité aux frontières ainsi que le renforcement des capacités des services de sécurité et de renseignement dans la région sahélo-saharienne.  Onze pays sont partie prenante de ce Processus: l’Algérie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, et le Tchad.

    L’Algérie entretient de bonnes relations avec les pays du Sahel. Elle a tenu le 18 mars avec le Tchad la 3ème commission mixte et a conclu avec ce pays sept accords de coopération.

    Quant à ses relations avec le Mali, l’Algérie ne cesse de se chercher des moyens pour écarter le Maroc de la médiation dans la crise malienne. De ce fait, elle soutient Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, qui annoncé d’Alger la création de la Coalition du Peuple pour l’Azawad (CPA). Cette personnalité ….

    Sur le Plan religieux, l’Algérie cherche à concurrencer le Maroc en instrumentalisant certaines personnalités religieuses algériennes, notamment adoptant la Tijania, à savoir M. Khalaoui Cheikh Mousa, qui a récemment effectué une visite à Darfour, oû il a été accueilli à bras ouvert par les autorités religieuses soudanaises. Il se veut une coopération bilatérale avec les pays du Sahel

    Source : note confidentielle de la diplomatie marocaine

    Tags : Maroc, Algérie, Sahel, Mali, Tchad, Niger, Mauritanie,

  • Algérie-Libye : Espérances nouvelles

    Claire, constante et ferme, la position de l’Algérie sur la crise libyenne ne souffre aucune ombre. Elle préconise son règlement par la voie politique et pacifique à travers un dialogue inclusif entre toutes les factions libyennes, loin du fracas des armes et des ingérences étrangères auxquels les récents et dangereux développements de la situation ont failli les mener irrémédiablement, si ce n’était la réaction vigoureuse des adversaires de la solution radicale.

    Réactivant sa diplomatie non seulement pour écarter les dangereuses dérives d’un affrontement fratricide notamment sur ses voisins immédiats, mais également et surtout pour faire prévaloir la raison sur la passion et les intérêts étroits, l’Algérie a participé à la conférence internationale sur la Libye à Berlin où le président Tebboune a insisté sur l’impératif d’un cessez-le-feu entre les deux parties belligérantes, d’imposer un embargo sur les armes et d’œuvrer à la reprise du dialogue sous l’égide des Nations unies.

    Elle a, quelques jours plus tard, organisé sur son sol la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye afin d’accompagner les Libyens dans la redynamisation du processus de règlement politique de la crise à travers un dialogue inclusif.

    L’offensive diplomatique algérienne ne s’est pas arrêtée en si bon chemin et travaille à démailler le jeu des puissances étrangères, principale pierre d’achoppement dans la cristallisation d’une solution pacifique.

    «L’Algérie continuera de jouer un rôle moteur dans la résolution le plus rapidement possible de la crise en Libye», a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, à Brazzaville à l’occasion du 8e sommet du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye.

    L’Algérie a, en effet, toujours œuvré pour une implication plus grande de l’UA dans le traitement du dossier libyen. De son côté, le Premier ministre Abdelaziz Djerad à déclaré à l’ouverture des travaux du CHN de l’UA qu’«il n’est pas logique de marginaliser l’Afrique dans une question qui touche un Etat membre de l’UA et qui connaît une guerre fratricide».

    La stratégie algérienne, dont l’objectif est d’éloigner les affres de la guerre et préserver l’unité et la souveraineté de la Libye, est aussi limpide que sa position, dorénavant mieux appréciée par les différents acteurs.

    «Les gens nous écoutent maintenant, beaucoup mieux qu’avant», a ainsi constaté Boukadoum pour mieux souligner les espérances nouvelles pour une solution pacifique.

    Horizons, 31 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, Tripoli, Haftar, GNA, MAghreb,