Catégorie : Algérie

  • Algérie: Le business de la démocratie

    Face à l’offre de dialogue pour en finir avec la crise institutionnelle, force est de constater que les partis politiques ne sont pas sur la même longueur d’onde. Certains acceptent le principe et affichent une grande disponibilité à s’inscrire dans le plan présenté par Bensalah, d’autres estiment nécessaire la réunion de préalables, alors que d’autres encore rejettent totalement l’offre et y voient une manœuvre du système pour se redéployer. Cette diversité d’opinion et de positionnement pourrait être vue comme un enrichissement, sauf que l’Algérie est, présentement un pays sans président élu.

    Sans revenir sur les conséquences dramatiques d’un foisonnement partisan stérile, l’on rappellera simplement que le coup de frein apporté à « l’industrie des partis » n’a pas suscité beaucoup de commentaire au sein de la société. C’était quelques personnes, sans doute intéressées, qui criaient au scandale, accusant les autorités d’atteinte aux droits politiques des Algériens. Ces milieux évoquaient avec insistance « le verrouillage politique » et dénonçaient le pouvoir en place qui, selon eux, s’appropriait la scène partisane, la dessinant à son image et excluant tout ce qui ne cadre pas avec l’idée qu’il voudrait propager au sein de la société.

    Toutes les voix discordantes appartenaient à des individus en attente de création de parti politique et bloqué net par le gel décidé par l’Etat tout au long de la première décennie du troisième millénaire. S’il existe parmi ces contestataires des personnalités honnêtes et désireuses de participer au développement du pays à travers leur contribution au plan politique, il existe également dans le lot des individus, dont l’objectif est autrement plus pécuniaire. L’on a, en effet, découvert qu’une formation politique est un investissement rentable. Un congrès constitutif juridiquement et administrativement conforme ouvre la possibilité de parrainer des listes de candidature. C’est justement à ce niveau que se fait l’essentiel du business.

    Le foisonnement partisan, que nous vivons ces temps-ci, a, durant des années, participé de cette logique mercantile et a eu pour principale conséquence un survoltage inutile du paysage politique national. Inutile, parce que la révolution pacifique s’est faite en dehors de cette sphère. Et aujourd’hui, chaque formation veut appliquer son propre agenda à la révolution pacifique. C’est dire que nos leaders politiques n’ont rien retenu de l’histoire récente du pays.

    Par Nabil.G

    Ouest Tribune, 14 jui 2019

    Tags : Algérie, dialogue, armée, Gaïd Salah, transition,

  • Décès de Denise Mendez, une amie de l’Algérie

    La journaliste Denise Mendez, amie de l’Algérie, n’est plus

    Chaque soir, dans sa chambre d’hôpital, juste avant de mourir ce 2 juillet 2019 à Paris, à l’âge de 84 ans, Denise Mendez regardait les informations à la télévision et pensait à sa jeunesse à Alger dans les années 1960, lorsqu’elle y travaillait comme correspondante de presse pour l’agence de presse cubaine «Prensa Latina».

    Comment s’est-elle retrouvée dans la capitale algérienne, à cette époque étrange où tous les rêves étaient permis, elle ne s’en souvenait guère. Mais c’était bien elle, en personne, qui avait traduit en français le fameux discours que Che Guevara avait prononcé en 1965 à Alger, et dans lequel il avait annoncé sa rupture avec ce qu’on appelait alors «le bloc soviétique». Ah ça oui, elle s’en rappelait très bien et même quelle n’était pas d’accord !

    En ce temps-là, non seulement pour elle mais aussi pour une partie de la planète, l’Algérie avait du sens, Alger était la «Mecque des révolutionnaires», les bras étaient grands ouverts, les esprits déterminés. A cette époque, pas le moindre doute n’avait effleuré son esprit, elle avait décidé de s’engager à fond, travaillé pour le ministère algérien du Tourisme, dirigé la revue El Djezaïr, encore à ses premiers balbutiements. Avec Jean de Maisonseul, alors conservateur du musée national des beaux-arts d’Alger, elle étudiait l’archéologie, faisait des escapades passionnées au Sahara.

    Elle ne s’en rendit pas compte rapidement mais l’Algérie se mit progressivement à changer; alors comme dans un vieux couple, elle la quitta avec un pincement au cœur mais lui garda toute son amitié. De temps en temps, elle prenait des nouvelles de ses anciens amis algérois comme on s’intéresse à un mari qui avait décidé de refaire sa vie. Ils lui disaient entre autres que le monde avait évolué mais elle, elle n’avait pas bougé d’un pouce. Elle militait dans le courant alter-mondialiste, écrivait parfois dans le mensuel français «Le Monde diplomatique».

    Comment peut-on oublier d’où l’on vient, se renier à ce point, trahir ses rêves, Denise Mendez n’arrivait pas à comprendre, il devait bien y avoir une raison. Avant de mourir sur son lit d’hôpital, à Paris, ce 2 juillet 2019, Denise Mendez a eu un dernier petit sourire sur ses lèvres, en se disant que, quoi qu’on en dise, la jeunesse du monde était cent fois éternelle, et terrible et imprévisible était la vie !

    Algérie1

    Tags: Algérie, Denise Mendez, Prensa Latina,

  • Algérie : Un ton et des pratiques contre-productifs

    par Kharroubi Habib

    Le haut commandement de l’ANP et son homme fort le général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale et chef d’état-major, sont déterminés à garder le cap sur l’organisation dans les plus brefs délais de l’élection présidentielle afin que le sommet de l’Etat renoue avec la légitimité constitutionnelle irrécusable dont il n’est plus investi aux yeux de la majorité des Algériens depuis le 9 juillet qui a marqué la forclusion de l’intérim dévolu en sa qualité de président du Sénat à Abdelkader Bensalah suite à l’activation de l’article 102 à l’encontre de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika.

    Mais s’ils ont obtenu le ralliement à leur agenda d’une frange non négligeable de l’opposition ainsi que de personnalités politiques et d’organisations et associations de la société, ils sont loin d’avoir réuni les conditions de l’ouverture du dialogue national sur les modalités et mécanismes à mettre en place pour le scrutin auquel Bensalah en accord avec eux a convié l’ensemble des acteurs politiques et sociétaux. L’agenda auquel tiennent le haut commandement de l’armée et son chef le général Gaïd Salah est en effet rejeté par d’autres acteurs politiques et sociétaux dont l’absence au dialogue proposé par Bensalah rend impossible de considérer l’accord qui en découlerait comme le produit d’un consensus vraiment national. Cela d’autant que ces parties disposent visiblement d’une influence qui fait défaut à celles qui ont fait preuve de réceptivité à l’égard de la démarche politique prônée par le haut commandement de l’armée pour la sortie de crise.

    C’est à cet ancrage populaire des opposants à sa démarche que le chef d’état-major de l’ANP s’est décidé de s’attaquer en musclant son discours contre ces opposants qu’il a fini par traiter de « traîtres » travaillant contre les intérêts de la nation et obéissants à des cercles étrangers dont les desseins sont de plonger l’Algérie dans le chaos menant à la destruction en tant qu’Etat. Gaïd Salah n’a pas fait que jeter l’opprobre sur cette grange de l’opposition, il a formulé des directives aux forces de l’ordre dont l’application se traduit par la chasse aux militants et activistes qui relaient ses slogans et mots d’ordre au sein du mouvement populaire. Ce qui ne dispose pas pour autant ce dernier à se démarquer de cette frange de l’opposition au principe qu’il milite pour la liberté d’expression et d’opinion.

    La tentation au recours à la répression dont est indicatrice l’attitude du vice-ministre de la Défense nationale est de même désapprouvée par ceux qui ne sont pas fermés à l’option de l’élection présidentielle en tant qu’opération première à la réinstauration de la légitimité constitutionnelle. Ils ont en effet conscience qu’abonder dans le sens d’un pouvoir qui use de l’argument de la répression contre ses adversaires leur vaudra un irréparable discrédit dans l’opinion publique dont ils ne pourront se prémunir qu’en se montrant à l’égard de ce pouvoir intransigeants sur la défense des libertés d’expression et d’opinion.

    Le Quotidien d’Oran, 13 jui 2019

    Tags : Algérie, ANP, armée, Gaïd Salah, dialogue, constitution,

  • Algérie : L’ANP maintient le cap

    Attachement aux solutions constitutionnelles : L’ANP maintient le cap

    L’attachement aux solutions légales et constitutionnelles conduisant à l’organisation de l’élection présidentielle, dans les plus brefs délais, permettra à l’Algérie de surmonter la crise conjoncturelle qu’elle traverse, souligne la revue El-Djeich dans sondernier numéro.

    « C’est là une position de principe qui ne saurait, en aucun cas, être remise en cause et uneoption nécessaire qu’impose une des règles essentielles de la démocratie. Une démarche qui balisera la voie à l’édification de l’Algérie de demain sur des fondements solides, la conduira vers des horizons plus sûrs et qui démontrera, en même temps, ce que le Haut commandementde l’ANP n’a eu de cesse d’affirmer, à savoir, qu’il ne nourrissait aucune ambition politique, contrairement aux assertions tendancieuses et mensongères de certaines voix », souligne l’éditorial du dernier numéro de la revue de l’ANP.

    L’éditorial relève, en outre, que « l’ANP continuera d’avancer sur la voie qui mènera à la concrétisation de la volonté populaire, conformément à l’engagementqu’elle a pris d’oeuvrer, à ce que la crise que traverse le pays soit surmontée afin de renouer avec le processus électoral, et s’en remettre aux urnes pour l’élection d’un président de la République et de barrer ainsi la route à ceux qui revendiquent une période de transition qui constitue, à n’en pas douter, un choix aventureux qui n’a d’autre finalité que d’ébranler la stabilité du pays et de le plonger dans des futilités, sources de déviations et d’égarements, dont il serait difficile d’en sortir ».

    « Les réalisations concrétisées jusqu’à présent par notre Commandement, qu’il s’agisse de la lutte contre la corruption, d’accompagner le peuple, du respect de la Constitution, ou d’encouragement du dialogue entre toutes les parties, est en lui-même un acte patriotique grandiose qui reflète le souci de l’institution militaire, de son Commandement et de tous les hommes sincères, de barrer la route à tous les +Don Quichotte+ chargés de la mission de proposer des solutions importées et de concrétiser des agendas néfastes enrobés dans des terminologies et expressions douteuses. C’est le voeu de la bande, de ses têtes et de tous ceux qui leur vouent allégeance », indique la revue.

    Pour El-Djeich, c’est ainsi que se traduit « le souci de l’institution militaire de l’impératif de respecter la Constitution du pays et d’appliquer les lois en vigueur, pour barrer la voie à tous les opportunistes, arrivistes et traitres qui tentent de brouiller les efforts des fidèles fils de l’Algérie et les empêcher de servir leur patrie, car servir la patrie signifie, incontestablement, l’impératif de faire face aux ennemis de la nation ». La revue cite, dans ce sens, les propos soulignés par le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, lors de sa dernière visite à l’Académie militaire de Cherchell, à savoir « les malveillants ne craignent que les hommes de bonne volonté ».

    « En effet, ne font peur aux corrompus que les gens honnêtes, l’alignement du peuple autour de son armée ainsi que la confiance qu’il voue aux héritiers de la glorieuse ALN », estime El-Djeich, ajoutant que « cette réalité fait peur aux forces du mal, aux agitateurs de l’ombre et les rappelle à leur véritable dimension de groupe de voleurs et de mafieux sans aucun honneur ni dignité, prêts à vendre leur pays pour concrétiser des intérêts étroits et satisfaire leurs maîtres et mentors ». Pour la revue, « notre armée ne craint ni ces méthodes ni ces comportements, encore moins les tours de passe-passe tant qu’elle jouit du soutien du peuple qui a confiance en sa démarche ».

    Par : RAYAN NASSIM

    Le Midi Libre, 13 jui 2019

    Tags : Algérie, armée, ANP, dialogue, Gaïd Salah, transition, constitution,

  • Algérie : Faut-il faire partir le chef d’état-major ?

    À mesure que les langues se délient, que la trame du projet de « consultation » nationale, initié sous la houlette de l’ex. DRS Toufik, précise ses contours, il est une évidence que le maintien du système Bouteflika avait tout l’air d’être promu à de beaux jours, après que l’option du cinquième mandat eut été rejetée globalement et dans le détail par le « Hirak ».

    C’est, du moins, le sentiment des instigateurs du projet de la 2ème République et de leur fan-club, croyant naïvement qu’il s’agissait là d’une simple opération technique comme dans le bon vieux temps lorsque les lois de la République étaient éludées, la Constitution ignorée et bafouée juste pour satisfaire le canevas du statu quo et assurer ainsi, la survie et les affaires du Clan.

    Partant d’hypothèses pour le moins erronées ne prenant pas en ligne de compte, notamment, l’instabilité de la contestation de la rue et sa versatilité au gré de l’évolution du « combat pour la liberté », et négligeant de façon ostentatoire le rôle de l’ANP dans pareille situation, les concepteurs du plan B de l’après-Bouteflika en préservant tout de même la philosophie intacte du système, ont fait fausse route et lamentablement échoué dans leur entreprise.

    Autre négligence de taille de cette stratégie à la va-vite, les risques potentiels de déstabilisation du pays par les ennemis d’hier et d’aujourd’hui. Résultats des courses, des voix s’élèvent ici et là pour appeler au départ du chef d’état-major de l’ANP visant, par la même, l’objectif sournois de porter atteinte à la stabilité et à l’unité de cette Institution, véritable colonne vertébrale du pays.

    Si des hommes politiques aigris, avides de pouvoir, mal sponsorisés au demeurant, et quelques podcasters aux mœurs débridées vivant à l’étranger et financés par des pays hostiles à l’Algérie, font du départ de Gaïd Salah un leitmotiv, il est intolérable que la rue en vienne à s’immiscer dans les affaires de l’ANP au seul motif que son chef d’état-major ait fait partie de l’ère Bouteflika.

    Un raisonnement absurde et dangereux à la fois en ce sens que tous les subalternes du chef d’état-major nommés par lui-même doivent, par transitivité, partir de l’Armée qui sera ainsi vidée de sa substance. La relève dans un tel cas de figure est totalement différente de celle d’une sentinelle dans une guérite. Cela demande du temps et expose le pays à toute velléité malveillante.

    Et puis, quel est ce pays, de par le monde, qui se vante de démocratie et qui laisserait des manifestants réclamer des changements à la tête de son Armée? Cela ne s’est pas vu même dans les Républiques banannières les plus archaïques. Fol espoir que d’espérer une réponse de Tabou ou de Zitout, aveuglés par leur machiavélisme et l’obligation de résultat pour laquelle engagement a été pris.

    L’objet de ce propos est de schématiser, tant bien que mal, le complot qui menace le Pays à travers l’ANP, complot ourdi par des officines et des think tanks relevant de puissances étrangères et que, malheureusement Toufik et consorts n’ont pas pris à sa juste mesure.

    La partie n’est pas encore définitivement gagnée. Les citoyens doivent se rendre à cette évidence amère. Que Dieu préserve notre pays!

    A. T.

    Le Courrier d’Algérie

    Tags : Algérie, armée, Gaïd Salah, dialogue, ANP, Hirak,

  • Le secret de la haine de José Garçon Manqué envers l’Algérie : la journaliste de Libération est payée par le Maroc

    Journaliste au quotidien français Libération, José Garçon n’a jamais raté une occasion de dénigrer l´Algérie, comme si notre pays était son cauchemar quotidien. Sa hargne, incontrôlable, la pousse systématiquement à jeter de l´huile sur le feu pour attiser les conflits chez nous dans l’espoir que la tension soit permanente. Pourquoi cet acharnement ?

    L’explication vient d’être révélée par le hacker marocain Chris Coleman qui a publié une liste de journalistes français qui «travaillaient comme collaborateurs pour L’Observateur du Marocen vue de couvrir les autres activités qu’ils menaient pour le service du renseignement marocain». Il souligne que «l’information coulait avec fluidité entre ces journalistes français et le directeur du journal L’Observateur du Maroc, Ahmed Charai, qui à son tour rapportait à Mourad El-Ghoul, directeur du cabinet de Yassine Mansouri, le patron de la DGED marocaine».

    La DGED est la Direction générale des études et de la documentation, un service de renseignements et de contre-espionnage au Maroc. Les documents dévoilés par Chris Coleman font ressortir qu’«en plus de la communication ces journalistes étaient utilisés dans des plans pour déstabiliser l’Algérie».

    Dans la liste des journalistes «constamment convoqués et évoqués dans les mails échangés entre Ahmed Charai et la DGED», se trouve un nom, José Garçon, connu des Algériens qui se souviennent de l’activité de cette journaliste de Libération, qui s’est distinguée par la virulence de ses articles durant les années du terrorisme en Algérie.

    Un retour sur ces articles permet de confirmer les positions foncièrement hostiles à notre pays et, directement ou subtilement, favorables au Makhzen qui considère que tout ce qui est de nature à affaiblir l’Algérie, particulièrement à travers les médias, est bon pour le Maroc. Jose Garçon s’est particulièrement agitée au moment du «procès de Paris» intenté aux tenants du «qui tue qui», qui s’était tenu du 1er au 5 juillet 2002. Le jour même de l’ouverture du procès, elle parlait, sur Libé, de la façon la plus tendancieuse qui soit, d’un procès intenté par «ce général en retraite à un jeune officier Habib Souaïdia, auteur d’un ouvrage à succès, La Sale Guerre (plus de 70 000 exemplaires vendus), qui met en cause l’armée algérienne dans des exactions contre des civils».

    Dans cet article (Libération, 1er juillet 2002), pensant certainement que les conditions étaient favorables pour pousser plus loin la thèse du «qui tue qui» avec une attaque frontale contre l’Algérie et son armée, elle n’a pas hésité à faire dans la désinformation la plus basse comme le montre le passage qui suit: «Les émeutes en Kabylie, puis dans tout le pays, aux cris de « Pouvoir, généraux assassins » montrent cependant une réalité infiniment plus complexe en Algérie. Car personne ne nie, y compris dans les cercles du pouvoir, que ce dernier a créé les conditions de la confrontation et a besoin d’un certain seuil de violence pour se maintenir, tandis que les GIA (Groupes islamistes armés) demeurent l’un des mouvements les plus opaques de l’histoire des guerres civiles. Du coup, la question des responsabilités de la « sale guerre » sera sans doute au cœur des débats du procès.» Elle a repris à son compte la formule «sale guerre» pour qualifier la lutte antiterroriste menée par tout un pays, armée et population, contre le terrorisme.

    Son alignement sur la thèse du «qui tue qui», visant à innocenter les islamistes et à accuser l’armée algérienne, était caché derrière des considérations en apparence neutres de droits de l’Homme. A l’époque, en lisant les articles de José Garçon dans Libération, truffés de termes à connotation péjorative (chaos, répression, manipulation, etc.) qui donnent une image absolument négative de notre pays et de notre armée, il n’était pas facile de savoir pourquoi, rien dans l’Algérie, n’avait l’air de lui plaire.

    Des tas de raisons étaient citées pour comprendre cette attitude, mais elle restait inexplicable. Aujourd’hui, l’information donnée par Chris Coleman apporte l’éclairage qui manquait à ce comportement d’hostilité à l’Algérie et à son armée, qui a concerné aussi bien la lutte antiterroriste que la politique de soutien au peuple sahraoui en lutte pour son droit à l’autodétermination et l’indépendance qu’elle traitait dans Libération (11 octobre 1999), de «jeu complexe et opaque» en illustrant cette appréciation pour le moins malveillante par le fait que «les généraux Nezzar et Taghit ont assisté au dernier congrès du Front Polisario».

    Par contraste, José Garçon soulignait, dans cette affaire, que «Rabat avait cherché à calmer le jeu». La lecture des articles écrits par cette journaliste sur le Maroc ne laisse aucun doute sur son parti pris. Maintenant, on sait pourquoi. Les révélations de Chris Coleman expliquent tout.

    Houari Achouri

    Algérie Patriotique, 28 nov 2014

    Tags : Maroc, Algérie, José Garçon, Sahara Occidental, hacker chris coleman, marocleaks,

  • Algérie : Pourquoi le populisme de rejet a-t-il pris?

    Nadia Abdat

    Voilà bientôt quatre mois depuis que les algériens manifestent pacifiquement des frustrations et des colères longtemps ravalées car étouffées par la très moderne gestion démocratique des foules, qu’ils réclament mordicus une véritable démocratie au lieu du multipartisme de carton qui a donné autant de clones d’un FLN du pouvoir chevillé au régime oligarchique et, qu’ils scandent aussi de nombreux slogans.

    De ces slogans, il en est qui relèvent d’un radicalisme certes catégorique mais sans conteste d’une indiscutable légitimité au regard des conséquences désastreuses pour les finances publiques, de l’incroyable dépravation des mœurs politiques de ces néo mameluks gavés dans le sérail et qui se sont vautrés depuis deux décennies au moins, dans d’ineffables affaires de corruption, asservissant comme jamais toutes les structures de gouvernance, aux forces insatiables de la prédation érigée en mode de captation de la rente.

    De plus, tous les indicateurs permettant de jauger l’état de l’économie signaleraient un collapsus imminent.

    Pas de quoi rassurer les citoyens alors que le pays tourne visiblement au ralenti. Un ralentissement qui affecte les secteurs importants comme le BTPH ou les hydrocarbures, et qui promet d’être durable selon de récurrentes analyses que rapportent de sérieux quotidiens.

    L’ONG transparency international qui a rangé l’Algérie à la 105 place dans son classement pour 2018 sur la perception de la corruption au sein du secteur public, réactualisera sûrement son prochain classement au vu de ce que charrie l’actualité judiciaire.

    Et, en attendant que l’on procédât à un éventuel arrêté des comptes de l’industrie de la prédation, la méfiance gagne toujours plus de terrain.
    Les purges qui commencent à s’abattre sur les milieux politico affairistes ne font que détériorer encore plus la perception qu’ont les citoyens de leur classe dirigeante.

    Et pour cause, cette dernière est largement éclaboussée par un déluge de scandales de malversations, de marchés générateurs de pots de vin et de rackets sur pièces administratives. Une enfilade de relations louches soudant le secteur formel à son pernicieux pendant, dans l’informel ainsi que des réseaux bien établis de complicités avec l’argent sale , de la base au sommet et ce, jusqu’au niveau local, sont mis au jour.

    Ce qui n’était que rumeurs et ébruitages de corridors, a laissé place à une opération de divulgation de grande envergure dont le ton a été donné l’été dernier au cours duquel, ont été diffusées en boucle sur les chaînes de télévision d’habitude taiseuses sur de tels sujets, des images d’importantes captures, laissant entrevoir de dangereuses liaisons avec le crime organisé international.

    Sur fond de déballages tous azimuts à l’heure des délations et des fuites ciblées, la défiance du peuple s’est également étendue aux relations de l’Algérie avec quelques traditionnels partenaires, soupçonnés d’avoir accordé d’amicales indulgences aux affairistes et aux politiques ayant confié aux banques amies d’outre-mer, leur astronomique butin ; ces capitaux frauduleusement exfiltrés du pays alors que les réserves de change, de ce dernier fondaient à vue d’œil.

    Le slogan ultra radical régulièrement ponctué par les marcheurs, qui traduit leur perception et qui exprime leur rejet viscéral de toute la classe politique et de tous les décisionnaires réside dans la formule du « Yatnahaw Ga3 » (arrachons-les tous)

    Ce slogan sur lequel risque d’achopper non seulement l’impératif dialogue, mais aussi le dénouement positif de la crise actuelle, devrait être sérieusement pris en compte par les politiques afin qu’ils en saisissent les tenants et les aboutissants.

    Approché de plus près, ce 22 Février 2019 marque une rupture dans l’histoire du pays post 1992, en même temps qu’il date deux épisodes politiques consécutifs et liés dont il faudra tirer les enseignements :

    **Le premier s’est soldé par le knock out au sommet du pouvoir, du clan lié à l’argent et à l’extérieur qu’un second clan à l’affut, a entrepris d’affaiblir encore plus et de façon ouverte en 2017 , dans une guerre hors normes, qui a atteint son point d’orgue, au cours de l’été 2018.

    **Le second, est relatif à l’effondrement des digues anti-émeutes populaires (dont celle qui assurait la paix sociale), tel un château de cartes, sur les structures anémiées d’un pouvoir miné et fragmenté dont se disputent les oripeaux seconds et sous fifres.

    Le peuple s’est alors « miraculeusement » et paisiblement coulé dans l’espace public déterminé à le libérer seulement lorsque le « dégagisme » aura lieu. Se défiant de la classe politique à laquelle il ne semble n’avoir jamais trouvé de vertu représentative, le peuple en appelle à l’armée (le pouvoir) afin qu’elle contribuât à faire sortir le pays autrement de la grave crise.

    Ce peuple qui s’estime sous-estimé et oublié, a surgi, là où on ne l’attendait pas, ou plus.
    La mémoire collective surgit à son tour et ressoude toutes les strates de la société vers un même objectif, la moralisation de la vie publique. Selon l’acception populaire : un accès égalitaire à la rente.

    Pour ces millions de marcheurs, il est nécessaire de revenir aux idéaux d’égalité incarnés aussi bien par l’Islam des compagnons que par l’esprit novembriste.

    Les griefs de la population

    Les politiques doivent entendre attentivement les griefs de la population à leur encontre.

    Ils doivent se rappeler à leur tour :

    -que des démocrates auto-proclamés se disant déçus que ce peuple n’ait pas été à la hauteur de leur ambition, ont déclaré qu’ils s’étaient trompés de peuple quand d’autres, désappointés par un peuple qu’ils estiment inculte, l’ont affublé du méprisant vocable de « ghachi ». Ce qui ne les a pas empêché de pointer aux assemblées pour les premiers ou de s’installer dans des maroquins pour les seconds.

    -que c’est avec acharnement qu’ont été ostracisés ces courants politiques taxés de libertaires, par ceux là mêmes qui bien qu’ayant remporté les législatives ont professé que la démocratie est « kofr », promettant de sceller sous leur imperium et à jamais, ces urnes provenant du monde impie.

    -que ces suffisants leaders des partis politiques de la défunte alliance pour la longévité de son excellentissime, proféraient avec morgue, insultes et menaces à l’encontre du petit peuple ingrat qui ne manifestait pas suffisamment de reconnaissance pour les enviables subventions maintenues hinc et nunc par celui qu’ils ont élevé au rang de messager de Dieu.

    -que ces partis politiques de l’opposition officielle qui pour conserver leurs strapontins, ont préféré négocier des quotas aux assemblées préférant l’entrisme et adoptant la posture des trois singes surtout lorsque le pouvoir et les alliés qu’il s’est créés ou choisis, faisaient passer comme des lettres à la poste, amendements tordus à la constitution et régimes dérogatoires de faveur pour la nomenklatura.

    -que les pseudo-indépendants politiques, constituent surtout une réserve de docilité afin de, maintenir, renforcer, ou défaire des équilibres au besoin.

    Les alertes ratées

    Les taux d’abstention et le recul du taux de participation aux différentes élections, constituaient pourtant un signal fort qui aurait du alerter les élites politiques.

    Ulcéré par l’arrogance et l’incompétence de ces mêmes politiques, le peuple refuse de se faire chaperonner par eux. Il s’est alors réfugié dans un populisme de rejet déployant l’étendard du « khaoua khaoua » à l’adresse des forces armées dont l’institution, incarne encore des valeurs à même de protéger le pays de la horde des politicards et des prédateurs embusqués aux frontières.

    Un peuple nourri aux populismes pendant de longues décennies ne peut que répondre par un populisme de rejet. Certes, ce populisme constitue une saine réaction de défense du corps social agressé par l’affairisme de la classe politique, mais il ne peut tenir lieu de solution politique.

    Ce qui est néanmoins le plus à craindre, c’est la faillite des politiques laquelle ne laisserait d’autres voies, qu’une dictature personnifiée ou la somalisation.

    Nadia Abdat

    Le Jeune Indépendant

    Tags : Algérie, armée, Hirak, consitution, dialogue, contestation,

  • «Les partis de l’opposition sont défaillants puisqu’ils n’arrivent pas à s’entendre sur une plateforme commune» (politologue)

    Mohamed Hennad, politologue : «Les partis de l’opposition sont défaillants puisqu’ils n’arrivent pas à s’entendre sur une plateforme commune»

    Reporters : Les initiatives de sortie de crise par le dialogue des partis politiques, tous courants confondus, ainsi que celles de la société civile se multiplient. Est-ce une bonne chose d’avoir une multitude de propositions ?
    Mohamed Hennad : Est-ce une bonne chose ? Oui et non ! Oui, parce que cela signifie que les forces politiques et sociales sont à pied d’œuvre pour essayer de contribuer à la résolution de la crise au lieu de se complaire dans leur passivité coutumière, même relative.

    Non, parce que cela signifie que lesdites forces n’ont pas encore pris conscience de la spécificité du moment historique, à savoir la nécessité de s’entendre sur une plateforme commune pour sortir le pays de la crise politique laquelle a déjà trop duré. Qui plus est, si la crise se prolongeait, ces forces se disperseraient encore plus, pour le bonheur du Pouvoir !

    Les partis qui proposent des solutions de sortie de crise mettent des préalables pour aller au dialogue parmi lesquels «l’instauration d’un climat d’apaisement qui passe, entre autres, par la libération des détenus d’opinion. Jusqu’à l’heure, il n’y a même pas un début de concrétisation de cet important préalable. A votre avis, cet état de fait est-il de nature à décourager même ceux qui croient au dialogue et qui veulent y aller ?

    Tout cela est classique : à chaque fois qu’il y a crise politique il y a un problème de confiance qui se pose pour l’opposition à l’égard du Pouvoir. Et Dieu sait combien cette confiance nous fait défaut ! Dans l’état présent des choses, les forces politiques et sociales ont besoin de préalables pour tester la bonne foi du Pouvoir et espérer aller de l’avant avec lui.

    Parmi ces préalables qui reviennent souvent, il y a, effectivement, ceux relatifs à l’installation d’un climat d’apaisement et la libération des prisonniers politiques. Mais pas seulement, puisqu’il s’agit aussi d’ouvrir le champ politique et de ne pas arrêter les citoyens pour leurs opinions. Mais pour le moment, les tenants du pouvoir semblent faire la sourde oreille ; ce qui est de nature à ne pas favoriser un climat de dialogue que tout le monde semble appeler de ses vœux.

    Parmi les autres préalables, les deux blocs des partis de l’opposition, que ce soit les «Forces de l’alternative démocratique» ou les «Forces du changement» mettent en avant le départ du gouvernement Bedoui ainsi que le départ de tous les symboles du système décrié. Dans le cas où les choses restent telles qu’elles sont, cela pourrait-il entraver l’option du dialogue ?

    Après trois mois d’intérim, les choses restent en l’état. Le Pouvoir continue à parler de dialogue avec les mêmes termes, sans tenir compte du problème de confiance qui se pose entre lui et les forces politiques et sociales du pays.
    Pour l’opposition, il faut se refuser à un jeu perdu d’avance puisqu’il se fait avec des forces qui refusent qu’il y ait des règles à ce jeu ! Aussi, le remplacement du gouvernement Bédoui par un autre composé de personnalités consensuelles devrait constituer un préalable non négociable.

    Mais, ceci dit, les deux blocs de l’opposition demeurent, pour le moment, défaillants puisqu’ils n’arrivent toujours pas à s’entendre sur une plateforme commune dont ils peuvent se prévaloir devant un pouvoir et lui faire comprendre que ce n’est plus possible de continuer comme à l’accoutumée.

    Lors de la dernière rencontre du Chef de l’Etat avec son Premier ministre, il a été procédé à «l’examen des mesures que l’Etat envisage de prendre en vue d’accompagner le processus de dialogue inclusif (…)», selon un communiqué de la présidence de la République. L’Etat ne semble pas prêt pour le dialogue puisqu’il «envisage» de prendre des mesures «en vue de…», ce qui veut dire que rien de concret n’a été fait. Est-ce normal que l’Etat qui prône le dialogue n’ait pas encore pris des mesures concrètes alors que les partis semblent plus actifs ?

    En l’occurrence, je préfère parler plutôt de Pouvoir que d’Etat. L’échange dont on nous a fait part entre un « Chef d’Etat » – dont l’intérim est arrivé à terme – et un Premier ministre fortement contesté a été, comme d’habitude, dans le plus pur style de la langue de bois.

    La rencontre démontre l’obstination du Pouvoir, lequel veut, apparemment, un dialogue sans préalable, c’est-à-dire non régi par des règles mutuellement acceptées, parce qu’il tient à en être le seul maître. Qui plus est, il donne l’impression qu’il navigue à vue soit parce qu’il est à court d’idées et acculé soit parce qu’il mise sur le pourrissement de la situation afin d’imposer, pour survivre, une sortie de crise à sa manière.

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  • Algérie : Le rond-point

    par El Yazid Dib

    L’on ne tourne pas en rond pour rien. L’on cherche l’issue, le bon chemin, la bonne destination. Cependant les indications sont nombreuses, le plus souvent pernicieuses. Chacun exhibe sa carte, sa propre géographie. Sa feuille de route. Et si l’on remettait tout ça à une consultation générale ?

    Tous au nom de la liberté disent des choses au moment où les autres au nom de cette même liberté disent le contraire. L’on se réunit là pour vilipender ceux qui se réunissent ailleurs. Le ridicule c’est que ce beau monde ne cache pas son ardeur déclarative d’aimer son prochain, de respecter son avis tout en lui déniant le droit de dire ce qui lui parait bienveillant. En fait la pensée unique rode toujours dans la tête de ceux qui vantent les vertus de la démocratie.

    Ces derniers temps, à la faveur d’un mouvement, d’un hirak ou d’une révolution, c’est selon ; plusieurs manifestations au non d’une liberté d’expression, de comportement ou d’être ont été brandies. Du politique à ce qui s’apparente à l’identitaire, de la centralité des revendications à la disparition de tous ; tout est exposé le vendredi. Rien ne semble pour autant réussir à réunir un semblant de consensus ou sur une personne ou sur une démarche. Dans la mouvance il y a du pêle-mêle. Personne n’est bon, digne et représentatif. Ceux qui furent dans l’opposition façadière durant l’ère maintenant maudite, ceux qui viennent d’embarquer ou ceux que l’on extirpe des annales de l’histoire, aucun n’arrive à créer autour de lui un soupçon d’authenticité. Loin cependant de penser générer une unanimité qui reste d’ailleurs antinomique et chimérique. Pourtant l’on doit bien, un jour ou l’autre avoir un président de la république, un gouvernement, des walis, des députés et bien d’autres cadres.

    Les bousculades dans l’événement forcent la création de conviction du pour ou du contre. Les positions des uns et des autres peuvent certes exprimer dans leur diversité une bonne santé de l’état des lieux et d’esprit. Les tenants de telle ou telle position, réflexion, approche, démarche, projection ne laissent nulle tolérance pour pouvoir arriver à un minima consensuel. Ils se chamaillent, ils se tordent le cou, ils sont loin des méninges profondes de cette Algérie aussi profonde que ses crises. A l’une d’elles viennent s’ajouter les humeurs et les recentrages, les racolages et les enrôlements. L’on sent que tout le monde, des créateurs d’avis aux procréateurs de décisions ; sont semble-t-il sommés de s’introduire dans l’une ou l’autre opinion. Alors que dans le principe, l’heure reste à se réinscrire davantage dans cet amour national perdu et qui s’évapore au sein des luttes précaires lesquelles auront un jour ou l’autre une place à l’ombre de l’histoire. A l’instar des péripéties subies dans la chair de ceux tous disparus qui, victimes ou bourreaux, les ont allaitées.

    L’hémorragie des scandales et affaires de détournement, de corruption, d’enrichissement illégal et autres griefs malheureux qui se débitent n’arrange que les diagnostics maladifs et hostiles à une guérison terminale. Le pays est en pleine convulsion. Si la nation est malade, son corps social traumatisé, ses coffres vidés, ses poches troués c’est que les soubresauts cycliques qui secouent toute la maison n’ont pu trouver la légendaire contre-attaque d’un peuple ayant vu le pire. Certains sont en prison et pas des moindres, ce sont ceux qui nous ont longtemps gouvernés, d’autres courent toujours. L’essentiel est déjà dans l’installation de ce principe d’absence de l’impunité. Tout un chacun demeure justiciable. La justice doit fonctionner en fonction de la loi et non d’une conjoncture. Loin de satisfaire une opinion avide de justice, elle doit satisfaire l’exigence légale.

    Si la bonne rétribution par la grâce d’un baril pétrolier mis à contribution savait faire boucher les luettes et clouer les becs ; la sécheresse économique qui se pointe n’irait qu’en tarissant le confort et la quiétude de tous les indices. Que ceux qui manient les volants, tentent de tracer la bonne feuille route, de choisir le meilleur chemin, d’éviter les péages et les pannes onéreuses et d’aimer surtout dans leur conduite les passagers à bord en les rassurant de la bonne destination. Ne pas parler au chauffeur, ne pas gêner la circulation, préparer sa monnaie en la vérifiant, oblitérer son ticket, laisser la place aux sièges à priorité n’est-ce pas là des règles du voyager-ensemble ? Sauf qu’à son tour le staff conducteur demeure autant tenu par la rigueur et le respect du contrat de transport. Entre une transition et une élection ; la voie est toute indiquée. Le pays se suffit déjà à ses peines, évitons lui l’aventurisme et les longs tunnels. Il est vrai que l’on ne peut refaire un lifting systémique sans faire passer toutes les pièces usagées dans le broyeur de l’histoire. Et lorsque le mal est si profond, comme il l’est ; la seule issue reste la rupture totale. Pas de renouvellement, juste le tout nouveau. Difficile équation opératoire, mais…

    L’Algérie est un pays que se partage tout le peuple. Les clans naissent de l’accumulation des enjeux et se disloquent de la disparition des intérêts réciproques. Ils crèchent là où la concurrence est prise pour rivalité et le brio pour une escroquerie. Un ministre quel que soit son verbe, reste une institution, un investisseur reste un créateur de richesse quelle que soit sa fortune. Ainsi le verbe infinitif ou incisif peut, sans la vouloir exciter une conflagration. Pourvu que ce ministre ou le gouvernement à qui il appartient ne soit pas illégitime, honni et blackboulé. Tel en est le cas.

    Lorsque le peuple voulait son indépendance, il l’a eue. Lorsqu’il persiste à vouloir sa liberté, il tergiverse et lui fait-on prendre la sécurité comme une antinomie. La liberté est indissociable de la sécurité. Les deux sont des produits sociaux très chers qu’il faudrait chérir davantage. Penser à sauvegarder des libertés individuelles et collectives dans un pays où il était interdit de penser à contre-courant du pouvoir est en soi un combat continuel. Au souvenir frustrant qu’en ces temps là, la liberté se confinait exclusivement dans un pack d’importation ou s’assimilait à un produit impérialiste. Ayant dépassé les premiers balbutiements libertaires, la passion de les accentuer s’est aiguisée au fur et à mesure de l’évolution de la lutte pour le pouvoir. La liberté de ce jour ne peut se limiter à une simple expression sans écho. Elle est multiple et plurielle. En quoi une banderole, un slogan, un sit-in puisse-t-il embarrasser des niveaux supérieurs ? Sauf si cela touche les fondements de la nation, tente de briser l’unité nationale ou menace la sécurité territoriale. La loi doit être aussi juste que forte.

    La consécration des libertés est une entité totale. L’exclusion, l’exil forcé ou le refuge politique ne doivent pas s’élever comme ritournelle à une opposition en mal d’ancrage sociétal. L’on n’a jamais vu un français ou un américain affichant nettement son opposition au pouvoir agir à partir d’un Etat étranger. Il le fait de chez lui, avec les siens et sans « la main étrangère ». Tant que l’on a des « opposants » ou des détenteurs d’avis contraires installés ailleurs car interdits de séjour chez eux ; l’on est loin de la liberté d’opinion et de ses connexes expressions. Cependant certains aigris, à contre courant de l’évolution des choses s’empressent à tirer sur tout ce qui bouge. Rien ne leur plait, rien n’arrive à se situer dans leur fil de raisonnement. Bouteflika n’était pas bon, ceux qui lui sont contre le sont aussi. C’est une pathologie chronique de ne rien positiver. L’envers de l’envers.

    Renforcer la liberté est un attribut d’un Etat fort qui ne craint pas de sévir là où celle-ci est menacée. La rétrécir par contre, en avoir la trouille à fleur de peau ou en être frétillant ne sera qu’une résistance précaire face à un besoin instinctif et biologique. Car l’histoire qui devra se faire aura à retenir ce rétrécissement comme une honte à dégueuler le jour du bris de chaines. Que de pans historiques dans l’évolution des pays n’aient pas eu à rougir de certains hommes ayant pour raison de survie escamoter les libertés populaires. Laisser-faire dans la règle, laisser-dire dans l’éthique, canaliser le tout dans un contrat social agrée est loin des actions tendant à gadgétiser la démocratie par des libertés à menu fretin.

    Il ne peut y avoir de liberté lorsque la liberté des autres est menacée. Ni encore quand les fondements de la nation sont mis à défi où des entêtements sont pris pour une liberté d’expression. Les guerres d’appartenance à telle ethnie, langue, région ne peuvent donner lieu à des espacements de respect ou d’acceptation. L’Algérie est une, indivisible, diversement multiple. Y a-t-il un problème ? Dépeçons-le et prenons la bonne voie. Celle des urnes.

    Le Quotidien d’Oran

    Tags : Algérie, dialogue, Hirak, révolution, transition, armée,

  • Algérie : le français, une langue sans avenir pour les étudiants ?

    « Le français ne peut vous mener nulle part ! », assure le ministre de l’Enseignement supérieur Tayeb Bouzid. Il l’a affirmé récemment lors d’une visite dans une université algérienne.

    L’anglais devrait désormais remplacer le français comme langue de recherche scientifique.

    Une décision qui réveille un débat récurrent dans le pays comme nous l’explique notre éditorialiste Slimane Zeghidour.

    TV5 Afrique

    Tags : Algérie, France, français, langue officielle,