Catégorie : Algérie

  • Algérie : IMPASSE À PLUSIEURS SENS

    » Il est également permis de pousser le raisonnement plus loin et rappelant, sans le moindre risque de se tromper, que le vol, la rapide, la corruption, le népotisme… avaient commencé bien avant l’ère Bouteflika, et que pour venir à bout de tous ces fléaux, il est absolument nécessaire de s’attaquer au mal à la racine, au lieu de se contenter de » déboutefliker » pour recycler un système frappé d’obsolescence-crasse, qui tente désespérément de se maintenir en livrant à la rue quelques têtes dont le sacrifice est supposée calmer la colère citoyenne « .

    Par Mohamed Abdoun

    Cette fameuse conférence de la société civile, dont la tenue est prévue dans les tous prochains jours, dans le cas où le pouvoir en autoriserait la tenue, nécessité très certainement que l’on s’y appesantisse. De fait, elle intervient au moment où le chef de l’Etat appelle à un second round de négociations inclusives, alors que le premier s’était achevé en queue de poisson, et que les conditions actuelles permettent de dire qu’il en sera de même cette fois-ci encore, étant donné que le pouvoir n’a daigné faire aucune concession depuis l’annulation de l’élection présidentielle du 4 juillet, et cette décision prise de prolonger sine die le mandat de Bensalah jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République.

    Une pareille décision, que le Conseil constitutionnel a personnellement tenté de justifier dans son communiqué annonçant l’annulation du scrutin en question, me donne quand même l’air de contredire l’esprit et la lettre de cette même construction.

    En fait, à partir du moment où ce vote a été annulé de facto, le pays s’est automatiquement placé dans une situation extraconstitutionnelle, puisqu’il lui sera désormais impossible de se contenter de respecter la stricte durée du mandat du chef d’Etat intérimaire, fixée à trois mois seulement.

    Les appels itératifs du commandement de l’armée à ne pas quitter la voie constitutionnelle sont eux aussi frappés d’obsolescence à partir de ce même constat axiomatique de base. Voilà pourquoi cette conférence me donne l’air de mériter un minimum d’attention. Elle se propose, par exemple, de regrouper quelques 500 personnes venues des mouvements syndicat, associatif et même politique. Cela n’est franchement pas négligeable.

    Pareil regroupement peut s’avérer relativement représentatif. Cela même s’il me parait anormal qu’il ait été décidé d’exclure de cette conférence l’ensemble des responsables, présents et passés, ayant pris part à la gestion des affaires de la cité sous le régime de Bouteflika. Une pareille exclusion, qui a le chic de renier les principes démocratiques les plus usuels qui soient, peut en effet exclure des compétences avérées, pouvant aider à trouver les voies idoines de sorties de crise.

    Ce n’est pas tout. Cette idée d’exclusion, si on devait l’appliquer à la lettre, pour rester en phase avec la rue, devrait également inclure les représentants et élus de l’opposition, puisque ces derniers ont servi de » faire-valoir « , et ont eux aussi profité des énormes largesses du système. Il est également permis de pousser le raisonnement plus loin et rappelant, sans le moindre risque de se tromper, que le vol, la rapide, la corruption, le népotisme… avaient commencé bien avant l’ère Bouteflika, et que pour venir à bout de tous ces fléaux, il est absolument nécessaire de s’attaquer au mal à la racine, au lieu de se contenter de » déboutefliker » pour recycler un système frappé d’obsolescence-crasse, qui tente désespérément de se maintenir en livrant à la rue quelques têtes dont le sacrifice est supposée calmer la colère citoyenne.

    Enfin, les tenants de cette conférence souhaitent, au finish, soumettre leurs propositions à l’institution militaire, alors que celle-ci refuse catégoriquement de se mêler de politique. Elle a déjà décliné sèchement l’invitation d’Ahmed Taleb Ibrahimi. Reste juste à étudier de près les conclusions finales de cette conférence, avant d’en mesurer la popularité à l’aune des manifs du vendredi.

    La Tribune des Lecteurs

    Tags : Algérie, transition, Hirak, élections, dialogue,

  • Ce que Nelson Mandela a appris auprès de l’Algérie

    18 Mars 1962. A Evian, les négociateurs viennent de signer les accords mettant fin à la guerre d’Algérie. Le jour même, Nelson Mandela prend le train entre Rabat et Oujda. Il voyage clandestinement afin d’avoir des discussion politiques avec les indépendantistes algériens et acquérir une formation militaire.

    Son instructeur militaire n’est autre que Mohamed Lamari, celui qui sera chef-d’état major de l’armée algérienne pendant la guerre civile jusqu’à 2005.

    Au lendemain des accords d’Evian, les cinq leaders historiques du Front de Libération Nationale dont Ahmed Ben Bella sont libérés. Ils se rendent au Maroc pour avoir une vue d’ensemble de la situation alors que des dissensions se font jour entre l’état-major de l’ALN et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). En réalité, une lutte acharnée pour le pouvoir avait déjà commencée.

    Malgré les précautions prises, Mandela est surveillé au Maroc par les services secrets occidentaux. Il voyage avec un faux passeport éthiopien sous le nom de David Motsomayi. En avril 1962, il se rend au Mali durant son périple de retour.

    Revenu en Afrique du Sud, il est arrêté le 5 août 1962. Son arrestation a été rendue possible par une aide de la CIA, qui avait transmis des informations à la police sud africaine sur sa fausse identité. Il est accusé d’avoir quitté le pays clandestinement. Mais inspiré par la lutte des indépendantistes algériens, c’est désormais un homme déterminé. Le combat contre l’injustice raciale doit passer par la confrontation armée. A son procès en novembre 1962, il déclare « S’il fallait le refaire, je ferais exactement la même chose. Ainsi aurait fait tout homme digne de ce nom. » Il est alors condamné à cinq ans de prison.

    Deux ans plus tard, il passe de nouveau en justice pour avoir auparavant créé une branche clandestine armée au sein de l’ANC. Accusé de rébellion armée, il est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Au cours de ce procès en 1964, il assume son parcours.

    « En Afrique, le soutien m’a été promis par de tels hommes… Ben Bella, l’actuel président de l’Algérie. C’est Ben Bella qui m’a invité à visiter à Oujda le quartier général de l’armée algérienne de Libération Nationale. »

    L’Algérie n’est pas seule à l’aider. La Tunisie de Bourguiba lui donne une aide financière.

    En décembre 1974, l’Algérie préside l’assemblée générale de l’ONU. Après des débats acharnés, l’Afrique du Sud ségrégationniste est exclue des Nations Unies. Le jeune ministre des affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika venait de réaliser un exploit diplomatique. Mais la victoire diplomatique africaine n’était pas totale. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne opposent leur veto à toute sanction économique contre Pretoria.

    Soumis à la pression internationale, le régime d’apartheid cherche à obliger Nelson Mandela à renoncer à l’option de la lutte armée. Ce dernier répond en février 1985 « Seuls des hommes libres peuvent négocier ; des prisonniers ne peuvent contracter des accords. »

    Avec le cours des événements, le monde change. Le bloc soviétique s’écroule. Le régime d’apartheid finit par disparaître. Enfin libre, Nelson Mandela deviendra le premier président noir d’Afrique du Sud. Un rêve exprimé dès 1952 se réalise. Et c’est un homme qui a appris des erreurs des autres. Il a étudié l’histoire contemporaine d’autres pays dont l’Algérie et le Zimbabwe.

    Véritable homme d’Etat, il prendra des décisions et suivra une démarche pour réconcilier les sud-africains de toutes races, de toutes ethnies, de toutes classes sociale.

    Tags : Algérie, Maroc, Mandela, Madiba, appartheid, racisme, Pretoria, FLN,

  • Algérie : Le dialogue d’abord

    La société civile s’emploie à mettre en action une grande œuvre historique, à la condition d’éviter toute lecture idéologique ou radicale de la crise institutionnelle que traverse le pays. La conférence du 15 juin prochain constitue, à cet égard, une opportunité idéale pour enclencher un processus salvateur pour l’Etat, la société et plus au-delà encore, la Nation.

    Les animateurs de cette initiative, qui se trouve être la seule sur le terrain, ont la responsabilité d’ébaucher un début de réponse aux questions que se posent les 40 millions d’Algériens, inquiets de ne pas voir surgir une solution à la crise qu’ils vivent de plus en plus difficilement. Il ne faut pas se fier à la seule ambiance des vendredis de mobilisations populaires. Il faut voir plus loin et les Algériens ont cette pointe d’inquiétude lorsqu’ils se projettent en 2020 ou en 2021.

    Notre pays est, présentement, l’un des rares Etats de la planète à n’avoir pas un président à sa tête.

    Cet état de fait doit cesser et seul le dialogue, avec des concessions de part et d’autre, est à même de permettre à l’Algérie de se remettre debout et reprendre sa route vers l’épanouissement social et politique. Il serait naïf de penser qu’une attitude radicale débouche sur une société parfaitement égalitaire et un système démocratique idéal.

    D’ailleurs, il n’existe aucun exemple de par le monde qui a donné ce genre de résultats après un soulèvement populaire, pacifique ou pas. La question n’est donc pas d’aboutir à la plénitude, mais à un système réformable démocratiquement. Cela ne peut être obtenu par l’exclusion d’une ou d’une autre partie en présence.

    De fait, le dialogue est et demeurera le seul moyen civilisé de faire faire au pays et aux Algériens des bonds en avant. Il n’est pas dit que le bond que devra faire l’Algérie soit le dernier, mais il est impératif qu’il soit le bon et dans la bonne direction. Cela passe par une attitude, certes patriotique, mais également emprunte d’ouverture d’esprit.

    Le propos n’est pas d’accepter les symboles du système et leur redonner les clés du pays, mais d’engager un dialogue qui garantisse à terme, un Etat civil, une justice indépendante et une presse véritablement libre. C’est sur ces trois piliers que sera édifiée l’Algérie de demain. Mais pour s’assurer une justice indépendante et une presse libre, il faut en parler entre Algériens, tous les Algériens. Les animateurs de la société civile ont fait la première partie du chemin, ils doivent le poursuivre jusqu’au bout.

    Par Nabil.G

    Ouest Tribune

    Tags : Algérie, transition, Hirak, élections, dialogue,

  • Algérie : L’institution militaire persiste et signe

    Dialogue et solution constitutionnelle : L’institution militaire persiste et signe

    Le Midi Libre, 9 Juin 2019

    Seul le dialogue est à même d’ouvrir la voie à une issue légale et constitutionnelle garantissant l’organisation des élections présidentielles »le plus rapidement possible ».

    C’est ce qu’a indiqué la revue El- Djeich, affirmant que les discussions « stériles ne sont que perte de temps et d’occasions pour l’ouverture d’un dialogue véritable et sincère, fait deconcessions réciproques ». « Seul le dialogue est à même d’ouvrir la voie à une issue légale et constitutionnelle garantissant l’organisation des électionsprésidentielles le plus rapidement possible,tant

    il est vrai que les discussions stérileset infructueuses ne sont que perte detemps et d’occasions pour l’ouverture d’un dialogue véritable et sincère, fait de concessions réciproques, qui rapprocheraitles points de vue au service de l’intérêtsuprême du pays et la satisfaction davantage de revendications exprimées par le peuple », a en effet souligné l’éditorialdu dernier numéro de la revue de l’ANP. « Cette aspiration participera au renforcement de la cohésion du peupleainsi que la conjugaison des efforts de tous, garantissant au pays de poursuivre sa marche vers le développement dans unclimat de sécurité et de stabilité », a ajouté la publication. Soulignant l’importance du dialogue, la revue a relevé qu’en pareille crise complexe que traverse le pays,

    « l’intérêt de la nation, comme l’avait souligné le Haut commandement de l’Armée nationale populaire (ANP) dès le début, est d’opterpour la voie du dialogue sérieux, fructueux et constructif et d’aller, dans les plus brefs délais, vers la recherche de solutions adéquates, à même d’éviter à notre pays de verser dans des futilités qui rendraientla situation encore plus complexe et couperaient définitivement la voie à la période de transition qui ne pourrait que conduire à une situation encore plus difficile à maîtriser ». Dans ce contexte, la revue a mis en exergue la nécessité de convier à la table du dialogue « des personnalités nationales et des élites sincères et fidèles à la Patrie afin de trouver une issue favorable qui satisfasse l’ensemble, découle de la conviction de l’institution, de son souci de veiller à la continuité de l’État et de son attachement aux engagements qu’elle aexprimés, en de maintes occasions,

    d’accompagner le peuple algérien et les institutions de l’État et de faire échec à tous les scénarii aux néfastes desseins ». »Bien plus, la conviction en la nécessitédu dialogue entre les fils de la Patrie uneet indivisible et à ce que ce dernier soit lapriorité, en cette conjoncture précise, est de nature à économiser du temps enréduisant la durée de la crise, comme elledonnera lieu à la proposition d’initiativessérieuses de sortie de crise et, par lamême, permettra de neutraliser toute proposition destinée clairement à faire perdurerla crise », a noté El-Djeich, qui a réaffirmé,en outre, l’importance d’installerune instance indépendante chargée de l’organisationet de la supervision des élections »en tant qu’outil légal garantissant le déroulement d’élections présidentielleslibres, intègres et crédibles ».

    Pour la publication, « aujourd’hui, et plusque jamais, les intentions malveillantes et les plans diaboliques, les dépassements outranciers et dangereux de certaines parties qui, suivant la logique des bandes, cherchent à abuser l’opinion publique, les tentatives désespérées de susciter le doutesur toute initiative nationale crédible àmême de mener vers une véritable sortie de crise, à travers l’utilisation immoraledes médias, qu’il s’agisse de journaux ou de supports audiovisuels, pour construiredes scénarii farfelus et distiller des mensongesvenimeux, des informations erronées ou falsifiées, n’ont d’autre but que de voir la situation perdurer, voire s’aggraver ».Cet état de fait requiert, comme l’a souligné le général de corps d’arméeAhmed Gaïd salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, lors de sa dernière visite en 6eRégion militaire « la mobilisation de tous, chacun dans son domaine de compétence et dans la limite de ses responsabilités,notamment dans le secteur de l’information à travers toutes ses branches, au service de l’Algérie,

    car l’information se doit d’être le miroir qui reflète les revendications réelles du peuple algérien et sa voix sincère qui relate les vérités et communiqueses revendications, sans déformation ni falsification et sans instrumentalisationà des fins autres que les intérêts du pays », a rappelé la revue.El-Djeich a affirmé que « la crise que traverse notre pays aujourd’hui impose que ses fils loyaux et jaloux de leur patrie,préoccupés par son présent et son avenir,apportent tout ce qui est attendu d’eux comme contribution sérieuse et sincère denature à trouver une solution qui aural’assentiment et qui sera adoubée par tous ». « L’importance de cette démarche aété clarifiée par le général de corps d’arméequi a déclaré ’notre confiance en notre peuple est grande et en Allah l’estencore plus, afin d’assister notre ANPdans l’accompagnement des fils de notre patrie lorsqu’ils présenteront leurs propositions constructives comme le requiert le noble devoir national et l’Histoire retiendratout effort ayant contribué à trouver une sortie saine à la crise en Algérie », aajouté la publication. Par ailleurs, larevue a indiqué, que « pendant que l’ANP, à travers les réalisations et acquis enregistrésdans nombre de domaines, démontraitqu’elle appliquait avec succès lastratégie de développement et de modernisationadoptée par son Haut commandement,en droite ligne d’une vision prospectiveet éclairée qui a nécessité, cesdernières années, la mobilisation de forces et de moyens conséquents afind’assurer la surveillance, la défense et laprotection des frontières contre toute tentatived’atteinte à notre intégrité territoriale,il apparaît évident aujourd’hui quel’acquisition par notre armée des élémentsde la modernité et des facteurs de la puissancedissuasive dérange certaines partiesqui ne s’attendaient pas à ce qu’ellepuisse atteindre un tel niveau et en si peude temps ».

    « Le général de corps d’armée a situé avec précision les visées et objectifsde ces derniers, en affirmant ’le ressentimentqu’ils nourrissent à l’égard de,l’armée et de son Commandement a faitque ces avancées enregistrées par notre armée dans plus d’un domaine les dérangentvéritablement, au point de les pousserà des actions aux objectifs clairs, àsavoir tenter d’affaiblir l’armée et de faire barrage à cet effort de développement,ignorant que celui qui se dresse sur le chemin de l’ANP et de son commandementse dresse nécessairement contre les intérêts de l’Algérie », a conclu El-Djeich

    Par : LAKHDARI BRAHIM

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  • Algérie : La nécessité d’un dialogue inclusif

    Le dialogue est le plus court chemin qui mène, en acquis inestimable, à la stabilité politique et institutionnelle. Et tout aussi incontournable, l’urne est la voie idoine pour consolider le processus démocratique et garantir le libre choix du peuple.

    Cette démarche, qui s’oppose au scénario du pire prôné par les aventuriers et les indus occupants du mouvement citoyen privé de son droit légitime de représentation, repose sur la quête incessante du consensus pour éviter une impasse préjudiciable à la pérennité de l’Etat nation, dépasser les divergences idéologiques et politiques, et promouvoir un débat démocratique.

    Face à une crise entretenue par les faiseurs du chaos institutionnel, coupables de déni de légalité et du refus invétéré à toutes les propositions de sortie de crise, l’option stratégique du dialogue inclusif, universellement admis tel le mode adéquat de règlement des litiges, a été réitérée par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, plaidant, lors de son discours à la nation, pour la tenue dans «les meilleurs délais» de la prochaine présidentielle.

    Un appel à toutes les «parties concernées» a été lancé pour participer au «processus consensuel» et à «saisir cette nouvelle opportunité pour s’impliquer pleinement dans la concertation que nous prônons aujourd’hui plus que jamais».

    La sagesse, le sens des responsabilités et l’esprit patriotique qui ont prévalu au sein du mouvement citoyen plébiscité dans le monde entier l’exigent pour préserver l’Algérie des retombées néfastes d’un environnement régional en bouillonnement intense et permettre la poursuite du développement national.

    Les enjeux sécuritaires et économiques l’imposent. La main tendue du chef de l’Etat, destinée à favoriser l’amorce de la concertation avec la classe politique, la société civile et les personnalités patriotiques nationales pour la mise en œuvre d’une solution consensuelle, s’appuie sur l’offre de «dialogue sérieux, fructueux et constructif» lancé par le haut commandement de l’armée acquis à la primauté de la légitimité constitutionnelle.

    Tout en refusant l’ouverture d’une période de transition aux conséquences incertaines et toute implication de l’armée dans la gestion des affaires politiques, l’ANP, attachée à son rôle d’accompagnateur, a décliné une feuille de route en quatre points inhérents au respect de la légitimité constitutionnelle, le lancement du dialogue approfondi entre les différents acteurs, la mise en place d’une commission indépendante en remplacement du gouvernement dans la conduite du processus électoral et, au final, la tenue de la présidentielle.

    Horizons

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  • Algérie : DEUX POIDS ET… DÉMESURE

    » Lui, en revanche, reconnait toute honte bue avoir » manqué d’intelligence « . Mais, au lieu d’être jugé pour ce » manque d’intelligence « , absolument impardonnable à ce niveau de responsabilité, ou au moins d’être écarté pour incompétent notoire et reconnue par le concerné lui-même, celui-ci a continué d’occuper pas mal de hauts postes, jusqu’à celui de président du Conseil constitutionnel « .

    Par Mohamed Abdoun 

    Le procès d’Ali Haddad a déçu pas mal d’espoirs. Explications. L’homme, pour le moment du moins, n’a été jugé qu’à cause des deux passeports qu’il avait en sa possession au moment de son interpellation au centre frontalier d’Oum Tboul. Certes, il s’agit là d’un délit caractérisé. Le réquisitoire du procureur, demandant 18 mois de prison ferme, n’est donc pas exagéré. Le débat, ou la déception si je puis dire, réside ailleurs en effet.

    Les deux passeports de Haddad donnent l’air d’être aussi authentiques, et aussi valables, l’un que l’autre. L’explication en est toute simple. A l’en croire, et nous n’avons aucune raison de douter de sa parole, sachant qu’à l’apogée de sa puissance, l’ex-président du FCE avait ses entrées auprès de la plupart des ministres des gouvernements Ouyahia et Sellal, à l’en croire donc, le second document en question, et pour lequel il croupit en prison, lui aurait été délivré avec l’assentiment d’Abdelmalek Sellel, ancien Premier ministre, Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur au moment des faits, et Hocine Mazouz, ancien secrétaire général du ministère de l’Intérieur.

    Or, aucun de ces très hauts responsables n’a été inquiété, ni même interrogé afin de connaitre le fin mot de l’histoire. Seul le dénommé Hassan Boualem, chargé de la délivrance de ce genre de documents au niveau du département de l’Intérieur, a été interpellé, sachant par ailleurs qu’il encourt lui aussi la même peine de prison.

    L’homme, comme n’ont pas manqué de le rappeler ses avocats, n’a pourtant fait qu’obéir aux ordres. Certes, il aurait dû se braquer, connaissant le caractère illégal d’une telle décision. Mais, il n’en demeure pas moins qu’avant son jugement, ses donneurs d’ordre auraient dû être interpellés et jugés premier.

    Cela est d’autant plus vrai que le dénommé Hassan Boualem va jusqu’à nous révéler qu’il n’a jamais rencontré de sa vie le sieur Ali Haddad. Un scénario pareil rappelle trop le dossier, ou le procès, Khalifa. Seul les lampistes avaient été inquiétés, et avaient payé, à l’égal du DG de la CNAS de l’époque, dont les compétences et la rectitude étaient connues de tous, alors que Sidi Saïd, dont la culpabilité avait été reconnue publiquement par luimême en plein tribunal, n’avait absolument pas été inquiété.

    Idem pour Mourad Medelci, ministre des Finances au moment des (mé)faits. Lui, en revanche, reconnait toute honte bue avoir » manqué d’intelligence « . Mais, au lieu d’être jugé pour ce » manque d’intelligence « , absolument impardonnable à ce niveau de responsabilité, ou au moins d’être écarté pour incompétente notoire et reconnue par le concerné lui-même, celui-ci a continué d’occuper pas mal de hauts postes, jusqu’à celui de président du Conseil constitutionnel.

    Dans le dossier relatif aux deux passeports d’Ali Haddad, si les magistrats ne décident pas d’aller jusqu’au bout de ce dossier, force me serait de supposer que rien n’a changé sous le ciel d’Algérie, et que l’on ne cherche des poux sur les têtes de certaines grosses légumes que dans le strict cadre de ces sempiternels règlements de comptes entre clans au pouvoir…

    M. A.

    La Tribune des Lecteurs

    Tags : Algérie, transition, Ali Haddad, corruption,

  • Algérie : Fouad Boughanem s’en va

    UN GRAND MONSIEUR DE LA PRESSE S’EST ÉTEINT HIER

    Fouad Boughanem, membre fondateur et directeur de la publication du Soir d’Algérie,est décédé hier à l’âge de 65 ans. Il a été arraché à l’affection de sa famille, de ses amis et de la corporation après une longue lutte contre la maladie.

    Adieu Fouad

    C’est comme s’il avait voulu ne pas gâcher à sa famille, ses amis et proches la première journée de l’Aïd. Fouad a attendu le lendemain pour partir comme il a vécu : le plus discrètement possible. Tous ceux qui l’ont côtoyé durant sa longue et riche carrière vous confirmeront ce paradoxe : ce grand monsieur de la presse tenait beaucoup à rester effacé. Effacé mais efficace ! Membre fondateur du Soir d’Algérie en 1990, avant d’en assurer la direction 9 ans plus tard, Fouad a été de tous les combats démocratiques.

    Refusant de céder le moindre pouce de terrain face aux hordes intégristes durant la décennie de sang, l’homme a continué son combat dans les années 2000 et l’avènement du bouteflikisme. Face aux multiples suspensions et pressions dont le journal faisait l’objet, il a su se montrer intraitable sur l’indépendance du titre. A ses proches collaborateurs, il tenait souvent à rappeler qu’il fallait préserver cette tribune ouverte aux « sans voix » tout en essayant de sauvegarder l’outil de travail qui nourrit des centaines de familles.

    Humble, Fouad se souciait de tout ce qui touchait à la vie de l’ensemble des employés du journal qu’il tenait à soutenir, le plus discrètement possible, face aux aléas de la vie. Directeur de publication, Fouad se sacrifiait entièrement au journal, avec une présence quotidienne, six jours sur sept, en une trentaine d’années de labeur, de combat, de don de soi, pour assurer la prospérité du Soir d’Algérie et offrir au lecteur un produit de qualité et une information sûre, utile et, surtout, crédible.

    Digne et pudique, il a tenu, lors de son dernier passage au journal, il y a quelques jours, à cacher le malaise qu’il venait d’avoir dans son bureau et s’est arrangé pour quitter les locaux du journal discrètement, comme pour épargner à sa famille professionnelle la douleur de le voir affaibli et malade. Personne ne se doutait alors que l’homme venait de faire ses adieux à son second foyer. Adieu Fouad.

    Le Soir d’Algérie

    Tags : Algérie, Fouad Boughanem, Le Soir d’Algérie, presse, journaliste,

  • Le réveil algérien vu du Maroc : le pouvoir aux aguets, les militants en soutien

    Ce serait peu de dire que le Maroc s’intéresse à ce qui se passe actuellement en Algérie. Pouvoir, journalistes, militants et simples citoyens ont depuis quelques semaines les yeux rivés sur l’autre côté de la frontière, fermée depuis bientôt un quart de siècle. Avec cependant des regards différenciés.

    L’ironie de la situation mérite d’être soulignée : alors qu’habituellement, entre Rabat et les organisations internationales qui scrutent l’évolution du royaume à coup de baromètres, il est question d’éternelles prises de bec où la partie marocaine ne manque pas de dénoncer « l’impartialité » de leurs rapports, souvent bien critiques, depuis début février, il en est autrement, comme par enchantement, s’agissant bien entendu de ce qui est dit de l’Algérie.

    La MAP, l’agence de presse officielle, s’évertue à citer la moindre communication émanant des ONG internationales à l’adresse du voisin de l’Est. Exemple parmi d’autres, lorsque Reporters sans frontières (RSF) est venue déplorer « la pression exercée sur les médias algériens », son avis a donné lieu à une dépêche, alors que ses alertes sur les vicissitudes vécues par les journalistes locaux et étrangers ayant couvert le Hirak rifain de 2007 ont été passées sous silence…

    Une ligne éditoriale qui ne surprend guère, un rapport de la Cour des comptes reprochait déjà en 2013 à l’agence, nationalisée en 1974 par l’ancien roi Hassan II, de privilégier les informations institutionnelles et officielles, au détriment de la règle de la polyphonie, mais qui est particulièrement cultivée en ces temps de soulèvement populaire en Algérie contre l’hérésie d’un cinquième mandat du président Bouteflika, 82 ans, malade et mutique depuis sept ans.

    Dans la même veine, la frange de plus en plus large de la presse connue pour ses accointances avec le versant sécuritaire du Makhzen force le trait sur la « bombe algérienne ». On retiendra particulièrement les coups portés à la carotide du régime gérontocratique par Le360 annonçant que « le plus marocophobe des apparatchiks algériens est de retour » pour rapporter la nomination de l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, en tant que conseiller diplomatique auprès du « dictateur »Bouteflika

    La télévision, exclusivement d’Etat, ne manque pas de consacrer à chaque JT des « reportages » toujours alarmistes sur les manifestations en Algérie, moulinant des images d’agences sur fond de récit pronostiquant l’imminence d’un désordre révolutionnaire. Les grands moyens sont également déployés, notamment chez la Tangéroise Medi 1TV, à l’ambition maghrébine, qui a dépêché sous les fenêtres de Bouteflika, hospitalisé à Genève, un envoyé spécial pour réaliser des duplex quotidiens dans un scénario de mise sous tension permanente.

    C’est qu’entre Rabat et Alger, ce n’est pas tant le réveil des masses populaires, réminiscences des printemps arabes souvent vite étouffés qui est l’objet d’analyses, mais cette raideur continue entre les deux frères rivaux du Maghreb que la question du Sahara Occidental a maintenu dans une rivalité datant de la Guerre froide.

    LE SAHARA OCCIDENTAL, ÉTERNEL NŒUD GORDIEN

    Nombre d’observateurs, professionnels ou simples commentateurs sur les réseaux sociaux, considèrent que toute solution au conflit, nécessaire à une détente et à une normalisation tant attendue de la part des peuples, ne pourrait venir qu’avec un changement de régime en Algérie. Et comme pour pousser à la roue, Bouteflika est ainsi éreinté sur Twitter et Facebook où son image d’homme finissant, agrippé autant à son fauteuil roulant qu’au pouvoir est sans cesse ressassée.

    La même attente est perceptible de la part du pouvoir royal qui a récemment tendue la main à La Mouradia pour ouvrir « un dialogue sans conditions ». Celui-ci, quoique silencieux, est aux aguets, scrutant les tendances qui se dégagent de l’extraordinaire mobilisation de cette jeunesse algérienne qui aspire au renouveau, mais qui se révèle aussi comme le miroir des ambitions de la même génération de Marocains dont elle est coupée depuis 25 ans… Il faut dire que du Rabat officiel, la fin imminente du règne statique de Bouteflika est vécue autant comme une délivrance qu’avec une inquiétude légitime : « Tout chaos aux frontières de l’Est n’apporterait que des effluves de déstabilisation pour toute la région, tant le régime algérien, déjà opaque n’est que trou noir », reconnaît-on dans les milieux sécuritaires.

    Mais si ces considérations pragmatiques influent la position marocaine officielle, d’autres voix se lèvent pour appeler au soutien inconditionnel et fraternel au peuple algérien dans sa « cause juste ». L’Algérie, n’ayant pas véritablement connu de mouvement social durant les révolutions arabes, selon nombre d’observateurs, elle serait donc actuellement en train de vivre son propre printemps avec une fraîcheur jusqu’ici insoupçonnée. Suivant les récents rebonds de l’actualité algérienne, essentiellement à travers les réseaux sociaux, plusieurs anciens militants du mouvement du 20 février (M20F) y voient, avec une pointe de nostalgie, un écho à leurs propres contestations.

    Hormis les revendications propres à la situation politique de chaque pays, l’ambiance bon enfant et exemplaire des marcheurs, la récurrence des mobilisations le week-end, ou encore leur ampleur, rappellent en tous points les différentes marches du M20F de 2011. Certains s’en amusent en allant même jusqu’à comparer certaines personnes prises en photo lors des marches d’Alger avec des figures connues du militantisme au Maroc… (voir photos)

    Si les points de vues s’accordent en majorité pour railler les épisodes les plus surréalistes du « House of Cards » ou du « Game of Thrones » qui se jouent à Alger, quelques piques bien senties sont également adressées à certains médias marocains, mutiques lors des défilés du M20F, mais particulièrement productifs pour décrypter aujourd’hui la situation algérienne. Ceux sont aussi les pontes de la télévision publique, toujours droits dans leurs bottes pour déclamer le discours officiel, qui sont malmenés sur les réseaux sociaux, comparés à leurs « courageux » homologues algériens ayant défié leur hiérarchie ou démissionné pour protester contre la ligne éditoriale biaisée imposée à leurs médias.

    Dans une « lettre aux Algériens » publiée sur Facebook, Nasser Zafzafi, figure de proue du Hirak rifain, condamné à 20 ans de prison, a salué quant à lui « le Hirak populaire algérien », se félicitant de « son caractère pacifique » et de son « grand sens du patriotisme » à même de « déjouer les méthodes du makhzen algérien qui a transformé ce pays d’un million et demi de martyrs, en un Etat corrompu et totalitaire ». Pour lui, malgré la fermeture des frontières entre les deux piliers du Maghreb, il demeure « un seul peuple (…) qui partage les mêmes difficultés et aspirations ».

    Un message « d’encouragement et de conseil contre toute récupération politique à des fins autres que celle de la juste cause » repris en boucle par des militants rifains sur la Toile, considérant ainsi que le réveil algérien est consubstantiel aux aspirations communes des peuples marocain et algérien en quête des mêmes liberté et dignité…

    Algérie Espoir, 11 mars 2019

    Tags : Maroc, Algérie, Hirak,

  • Algérie : Bensalah reste…

    Les élections du 4 juillet annulées

    La date du dimanche 2 Juin marque un nouveau tournant de la crise politique et institutionnelle que vit l’Algérie, notamment depuis le départ forcé du président Bouteflika le 2 avril dernier. En effet, le Conseil Constitutionnel vers lequel tous les regards étaient braqués a rendu en quelque sorte son verdict au sujet de la présidentielle du 4 Juillet, constatant l’impossibilité de sa tenue à la date indiquée.»

    Le Conseil Constitutionnel, réuni les 21, 24 et 27 Ramadhan 1440 correspondant aux 26 et 29 Mai et 1er Juin 2019, à l’effet de délibérer sur les dossiers de candidatures pour l’élection du Président de la République prévu le 4 Juillet 2019, s’est prononcé par le rejet des deux dossiers de candidature déposés auprès de lui, en vertu de deux décisions individuelles n 18/D.CC/19 et n 19/D.CC/19 datées du 1er Juin 2019, lit-on dans le communiqué qui justifie l’annulation du rendez-vous électoral par l’annulation des dossiers des deux candidats, sans donner pour autant des détails sur les raisons de cette annulation.

    Il est néanmoins aisé de les deviner, à savoir que ces deux candidats, en l’occurrence Abdelkrim Hamadi et Hamid Touahri, (les seuls qui ont déposé leurs dossiers, sur les 77 qui ont retiré les lettres d’intention) sont des inconnus qui n’ont pas le profil ni les épaules pour prétendre à la magistrature suprême.

    C’est précisément pour cette raison que l’annulation de l’élection du 4 Juillet était déjà dans l’air du temps, le Conseil Constitutionnel n’a fait qu’acter cette impossibilité qui rebat de facto les cartes. Autant cette annulation était attendue, autant la décision du Conseil Constitutionnel de prolonger indéfiniment le mandat de Bensalah, jusqu’ à l’élection du nouveau président de la République constitue une surprise qui prend de court toutes les exégèses des experts en droit constitutionnel qui ont évoqué plusieurs scénarii qui postulent tous au départ de Bensalah à la fin de son mandat le 4 Juillet.

    Non seulement Bensalah restera comme président de l’Etat, mais en plus son nouveau mandat n’a pas de limites dans le temps, assuré de garder le pouvoir jusqu’ à l’élection du nouveau président de la République. « Il revient au Chef de l’Etat de convoquer de nouveau le corps électoral et de parachever le processus électoral jusqu’à l’élection du Président de la République et la prestation du serment constitutionnel», explique le communiqué du Conseil Constitutionnel. Cette institution est allée puiser ses arguments, pour justifier sa décision de maintenir Bensalah à la tête de l’Etat, d’abord dans sa réunion « du 1er juin 2019, par laquelle il déclare l’impossibilité de tenir l’élection du Président de la République, le 4 Juillet 2019, et la réorganisation de celle-ci de nouveau. » Puis de se référer dans un deuxième temps à la Constitution, plus précisément le paragraphe numéro 12 du préambule qui stipule « la Constitution est au-dessus de tous, elle est la loi fondamentale qui garantit les droits et libertés individuels et collectifs, protège la règle du libre choix du peuple, confère la légitimité à l’exercice des pouvoirs, et consacre l’alternance démocratique par la voie d’élections libres et régulières. »

    L’institution présidée par Kamel Fenniche se réfère également aux articles 7, 8, stipulant que « le peuple est la source de tout pouvoir et qu’il exerce sa souveraineté par l’intermédiaire des institutions qu’il se donne.» Référence aussi aux articles 102 alinéas 6, 182 et 193 de la Constitution qui définissent la mission du Conseil Constitutionnel de « veiller au respect de la Constitution. »

    Cette même Constitution, ajoute le communiqué « prévoit que la mission essentielle dévolue à celui investi de la charge de Chef de l’Etat est d’organiser l’élection du Président de la République, il y a lieu de réunir les conditions adéquates pour l’organisation de cette élection dans la transparence et la neutralité en vue de préserver les institutions constitutionnelles qui concourent à la réalisation des aspirations du peuple souverain. »

    Si l’exégèse du Conseil constitutionnel a le mérite d’éloigner le spectre du vide constitutionnel et institutionnel, jusqu’ à l’élection du nouveau président, elle risque en revanche de braquer davantage le mouvement citoyen et la classe politique qui continuent de réclamer à cor et à cri le départ des deux « B », Bensalah et Bédoui.

    H.Khellifi.

    L’Est Républicain, 3 juin 2019

    Tags : Algérie, Constitution, Bensalah, élections, armée,

  • Algérie : dans l’affaire Anadarko, y avait-il un accord secret entre Total et Ould Kaddour ?

    En raison de son apport dominant au financement du budget de l’Etat et des réserves en devises, Sonatrach est de loin le plus important acteur de la vie économique nationale.

    Bonnes ou mauvaises, sa gestion et ses décisions ont des répercussions directes et existentielles sur l’ensemble de la communauté, dans le court, moyen et long termes. Si ses décisions sont dans leur grande majorité rendues publiques. Certaines sont en revanche gardées secrètes pour des raisons, qui ne sont pas toujours dans l’intérêt du pays. Au contraire.

    Les réactions agressives et intempestives de certains milieux français – à la suite des déclarations du ministère algérien de l’Energie, concernant l’éventuelle valorisation du droit de préemption pour acheter les actifs d’Anadarko en Algérie – d’une part, représentent un indice fort sur l’existence d’un accord secret conclu entre la « bande » des Bouteflika et certaines parties françaises, et d’autre part, confirment l’esprit colonialiste qui sévit encore toujours au sein de l’élite parisienne.

    Une transaction de presque neuf milliards US dollars dans le domaine des hydrocarbures, n’est pas le fruit d’une nuit mais celui d’un long processus d’échanges, d’analyses et de négociations, qui peuvent s’étaler sur des dizaines de mois. L’Algérie étant concernée fondamentalement par cette transaction, il est donc improbable, que le premier groupe pétrolier français se soit aventuré dans une affaire si importante sans assurer ses arrières. L’accord de Total-Oxy (Occidental Petroleum) sur l’achat de tous les actifs d’Anadarko en Afrique – dont ceux situés en Algérie représentent pour le moment le noyau dur – a donc dû être conclu après concertation avec l’ex-PDG de Sonatrach, Ould Kaddour, mandaté par l’ex-clan présidentiel, dont il était le courtier loyal et qui aurait probablement donné son feu vert, sans pour autant informer toutes les institutions concernées.

    Simple hasard, conséquence logique du collapse d’un pouvoir autocratique en fin de cycle ou jalon stratégique programmé par la baraka divine ? Nous ne le saurons jamais.

    Mais une chose est sûre la révolution du 22 février est venue à temps pour chambouler l’échiquier des rapports de force et pour bouleverser les plans malhonnêtes de beaucoup de prédateurs et de traîtres. Parmi ces plans, on pourrait probablement compter l’acquisition des actifs d’Anadarko en Algérie par Total. En effet, le management de Total, tout comme le gouvernement français connaissent la loi algérienne et la sensibilité des Algériens dans tout ce qui touche à leurs ressources hydrocarbures.

    Mais le groupe français a préféré négocier secrètement – comme il a l’habitude de le faire ailleurs en Afrique – avec un clan illégitime et vacillant, prêt à brader les richesses nationales afin de s’assurer un soutien éphémère au cinquième mandat. C’est ce qui explique en partie, pourquoi l’opinion nationale algérienne n’a pris connaissance de l’intention de Total, que lorsque Oxy a publié son press release obligatoire il y a quatre semaines.

    Si Total voulait aujourd’hui se référer à un éventuel accord avec Ould-Kaddour, l’Etat algérien devrait lui opposer un rejet catégorique. Car s’il y avait vraiment accord, celui-ci est à placer dans le chapitre « trahison, compromission, corruption et atteinte à la sécurité nationale ». N’ayant jamais été validé par les autorités et institutions compétentes, un éventuel accord secret n’a ni effet contractuel, ni valeur juridique, et ne peut engager que la personne de l’ancien détenu de la prison de Blida ou ses parrains.

    Le sujet mérite en tout cas l’attention de la justice et de ses services de sécurité, car il germe en lui un énorme préjudice au trésor public.

    Que Total, après des décennies d’absence et d’embargo, veuille revenir en grande force pour concurrencer Sonatrach sur son propre terrain en prenant le contrôle sur 30 % de la production nationale de pétrole, c’est de bonne guerre. Mais pour l’Algérie la transaction Oxy-Total ne sera que le cheval de Troie. Elle est dangereuse et doit être stoppée sans tergiversation.

    La France est aujourd’hui un client secondaire pour le gaz et le pétrole algériens. Elle investit des sommes colossales dans le domaine hors-hydrocarbures au Maroc en détournant l’Algérie, alors que cette dernière lui ouvrait toutes les portes. C’est elle qui a saboté le mégaprojet solaire Desertec. Et c’est encore elle qui soutient le Makhzen dans sa politique belliqueuse contre l’Algérie. Nous sommes donc loin de l’amitié nous sirotent constamment ses présidents et ministres.

    Garder les portes ouvertes à des négociations avec un pays, dont nous partageons beaucoup de choses, c’est nécessaire et même souhaitable, mais il faut néanmoins mettre le tout sur la table, inclus les dossiers Libye, Sahel et Sahara occidental. Et surtout il faut négocier avec la devise « les intérêts de la nation avant tout », comme le fait la France et tous les autres.

    C’est dans cette optique que le peuple algérien doit exiger du pouvoir actuel de faire valoir le droit de préemption pour permettre à Sonatrach d’acheter les actifs d’Anadarko. Une telle transaction serait bénéfique et pertinente, pour plusieurs raisons sur lesquelles. J’y reviendrai dans une prochaine contribution, dès que possible.

    (*) Hocine-Nasser Bouabsa, PhD, Chef d’entreprise et analyste

    Le Matin d’Algérie

    Tags : Algérie, France, Total, Maroc, Sahara Occidental,