Catégorie : Algérie

  • Algérie : Faut-il faire partir le chef d’état-major ?

    À mesure que les langues se délient, que la trame du projet de « consultation » nationale, initié sous la houlette de l’ex. DRS Toufik, précise ses contours, il est une évidence que le maintien du système Bouteflika avait tout l’air d’être promu à de beaux jours, après que l’option du cinquième mandat eut été rejetée globalement et dans le détail par le « Hirak ». C’est, du moins, le sentiment des instigateurs du projet de la 2ème République et de leur fan-club, croyant naïvement qu’il s’agissait là d’une simple opération technique comme dans le bon vieux temps lorsque les lois de la République étaient éludées, la Constitution ignorée et bafouée juste pour satisfaire le canevas du statu quo et assurer ainsi, la survie et les affaires du Clan.

    Partant d’hypothèses pour le moins erronées ne prenant pas en ligne de compte, notamment, l’instabilité de la contestation de la rue et sa versatilité au gré de l’évolution du « combat pour la liberté », et négligeant de façon ostentatoire le rôle de l’ANP dans pareille situation, les concepteurs du plan B de l’après-Bouteflika en préservant tout de même la philosophie intacte du système, ont fait fausse route et lamentablement échoué dans leur entreprise.

    Autre négligence de taille de cette stratégie à la va-vite, les risques potentiels de déstabilisation du pays par les ennemis d’hier et d’aujourd’hui. Résultats des courses, des voix s’élèvent ici et là pour appeler au départ du chef d’état-major de l’ANP visant, par la même, l’objectif sournois de porter atteinte à la stabilité et à l’unité de cette Institution, véritable colonne vertébrale du pays.

    Si des hommes politiques aigris, avides de pouvoir, mal sponsorisés au demeurant, et quelques podcasters aux mœurs débridées vivant à l’étranger et financés par des pays hostiles à l’Algérie, font du départ de Gaïd Salah un leitmotiv, il est intolérable que la rue en vienne à s’immiscer dans les affaires de l’ANP au seul motif que son chef d’état-major ait fait partie de l’ère Bouteflika. Un raisonnement absurde et dangereux à la fois en ce sens que tous les subalternes du chef d’état-major nommés par lui-même doivent, par transitivité, partir de l’Armée qui sera ainsi vidée de sa substance.

    La relève dans un tel cas de figure est totalement différente de celle d’une sentinelle dans une guérite. Cela demande du temps et expose le pays à toute velléité malveillante.

    Et puis, quel est ce pays, de par le monde, qui se vante de démocratie et qui laisserait des manifestants réclamer des changements à la tête de son Armée? Cela ne s’est pas vu même dans les Républiques banannières les plus archaïques.

    Fol espoir que d’espérer une réponse de Tabou ou de Zitout, aveuglés par leur machiavélisme et l’obligation de résultat pour laquelle engagement a été pris.

    L’objet de ce propos est de schématiser, tant bien que mal, le complot qui menace le Pays à travers l’ANP, complot ourdi par des officines et des think tanks relevant de puissances étrangères et que, malheureusement Toufik et consorts n’ont pas pris à sa juste mesure.

    La partie n’est pas encore définitivement gagnée. Les citoyens doivent se rendre à cette évidence amère. Que Dieu préserve notre pays!

    Le Courrier d’Algérie

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, ANP, Gaïd Salah,

  • Algérie : Comment sera l’Aïd El Fitr ?

    En ces temps de bouillonnement politique, il serait hasardeux d’évoquer d’autres événements d’ordre social, culturel ou sportif, sans paraître anachronique. Pourtant, il faut bien souligner que la vie continue et doit continuer de toute façon et les Algériens n’ont pas que la politique pour vivre.

    Présentement, et même s’ils ne le disent pas entre eux, ces mêmes Algériens ont un double objectif à plus ou moins court terme. Ils voudraient bien voir leur équipe nationale de football débuter la phase éliminatoire pour la prochaine coupe d’Afrique des nations par une victoire.

    Ils aimeraient aussi passer un Aïd El Fitr tranquille, dans la communion et dans le respect de leur religion. A ce propos, ils craignent certainement pour leur portefeuille, après un mois de dépenses et une perspective de dépenses « douloureuses » que sont les achats de l’Aïd. Mais bonne nouvelle sur ce front. Les prix des habits ne se sont pas enflammés, bien au contraire.

    A l’orée de l’une des deux fêtes les plus importantes du calendrier musulman, il est de tradition de faire un bilan d’un mois de Ramadhan très particulier, dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Il aura été marqué par un grand défi que se sont lancé les Algériens, celui de manifester les quatre vendredis du mois. Défis relevés haut la main. De fait, durant ce Ramadhan, un seul sujet meublait les soirées : Le mouvement populaire et son actualité passionnante.

    Accessoirement, les familles ont jeté un œil à la grille spéciale Ramadhan des chaînes de télévision nationales. Un programme, une ville et un quartier ont eu la palme de la satisfaction. Le programme est un feuilleton, la ville, c’est Oran et le quartier Ederb. Ouled lahlal a fait pénétrer toute la société dans l’un des quartiers mythiques de la capitale de l’Ouest et montré toute l’humanité, la sensibilité et la générosité des Algériens.

    Le feuilleton a eu le succès qu’il a eu, parce que les Algériens s’y sont reconnus. Et le fait qu’il soit diffusé en ce mois de piété et dans l’ambiance du mouvement populaire, il a fait le consensus que les politiques ne parviennent toujours pas à trouver sur le moyen de sortir de la crise institutionnelle. Il est vrai enfin, que l’Algérien s’est redécouvert, qu’il revit, mais n’oublions pas que nous n’avons pas réglé le problème de l’institution présidentielle.

    Cela dit, on aura vécu un Ramadhan particulier aux couleurs de la mobilisation citoyenne, comment sera donc notre Aïd El Fitr ? Certainement meilleur que les précédents.

    Par Nabil.G

    Ouest Tribune, 1er juin 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, dialogue, élections,

  • Algérie : Peut-on dialoguer à l’ombre du « limogeons-les tous »?

    Nadia Abdat

    Pour une deuxième république ! non ce n’est pas l’affiche d’une réclame mais une vraie question qui taraude en ce moment, les esprits universitaires et certaines élites politiques ; l’intelligentsia de circonstance se coule quant à elle, dans la fadeur des généralités, étant peu habituée à visiter ce type de questions qui conduiraient à la question.

    Pourtant, tout le monde a rapidement adopté plein de nouveautés langagières depuis le commencement du Hirak, mais entend-on pareillement ce dont il s’agit, à l’aune de l’inimaginable et inconvenable « limogeons les tous » ?

    Un petit retour sur ces quinze grandes marches populaires permet de relever que le mouvement de protestation qui est allé crescendo a porté sur deux revendications majeures.

    Celle du rejet populaire unanime du cinquième mandat présidentiel, qualifié de mandat de la honte à laquelle, il a été donné satisfaction presque instantanément par l’annulation pure et simple du rendez-vous électoral. Au point où on en était du rigorisme constitutionnel, l’argument politique a prévalu sur les arguties juridiques.

    Puis, celle du rejet massif toujours en vigueur, de tout le système politique ayant produit ces forces extra constitutionnelles qui ont cherché à rééditer l’escroquerie au mandat présidentiel.

    Il s’agit d’une revendication de haut grade qui taille aussi dans les journées ouvrées de la semaine.

    Cette revendication qui a pris de court tous les politiques installés, a cependant inauguré une séquence plus complexe et plus lourde avec une protesta farouche et toujours sans relais.

    Il n’est dès lors, pas surprenant, que cette séquence béante, soit tiraillée par des tensions, étirée par une surenchère artificielle et, émaillée par des escalades verbales, des mises en garde et, hélas des échauffourées ça et là aussi.

    Arrêtons-nous à cette phrase injonctive « limogeons les tous ».

    Ainsi exprimée, cette formule éruptive, tracée sur les banderoles arborées lors des marches, sera exploitée dans ce qu’elle comporte d’excessif et de radical.

    Pour ceux qui ont oublié ou manqué l’anecdote, cette phrase impérative a été balancée à chaud, comme une rebuffade, au micro d’une chaine étrangère par un manifestant, à l’adresse de la journaliste qui, au lieu de rapporter fidèlement la manifestation dont elle assurait la couverture, se livrait à un commentaire pour le moins biaisé et provocateur de ce qui se produisait cette journée de Hirak.

    Proférée avec la fougue propre à la jeunesse dans ce qu’elle a de spontané, cette injonction deviendra la formule sensationnelle dont on tirera l’obstacle dissuasif au dialogue.

    Etrangère au lexique et au mode politiques, cette phrase injonctive a installé le malentendu au sein des marcheurs eux mêmes, au sein de la classe politique et avec les autorités qui s’arcboutent contre la frêle constitution. On se regarde depuis, en chiens de faïence.

    Cette formule s’est surtout muée, en un piège qui se referme sur tous mais aussi, sur ceux qui y ont trouvé, l’alibi pour tenter de saborder une possible sortie de la longue crise politique et morale qui a exaspéré durant vingt ans tout un peuple qui en souffre encore. La méfiance maladive gagnant du terrain, les paramètres imprévisibles aux conséquences incalculables qui entourent tout soulèvement populaire, risquent de compromettre sa finalité, à savoir, l’avènement d’une deuxième république.

    Le « limogeons les tous » qui fait office d’écran de fumée, ne peut pas tenir lieu de proposition politique ni un préalable à verser au dossier de sortie de crise. La maison Algérie doit être remise en ordre, elle trouvera ses hommes naturellement.

    Le « limogeons les tous » qui visait au départ, le personnel de proue du système honni, en l’occurrence les trois B, a été mystérieusement étendu sans distinguo, à tout l’appareil étatique, devenant ainsi une condition irréaliste mais surtout démagogique.

    La justice a pourtant, depuis quelque temps, la main lourde. Elle fait suite à cette formule transformée pour les besoins de salubrité morale publique, en une requête solennelle introductive d’instance. Un nombre important de hauts dignitaires en exercice, en retraite et en réserve de la République, sont attraits en justice, tous présumés coupables de graves délits. On assure, sous l’œil des médias invités à ouvrir les bans, que ce n’est que le prélude à une gigantesque et longue opération mains propres.

    Le dégagisme total et absolu qui revient en ce moment, tel un leitmotiv, trahit l’influence sourde d’un courant d’obédience anarchiste qui entend semer le chaos pour le chaos.

    Or, c’est de changement de logiciel politique pour le pays qu’il est question, pour peu qu’il soit mené, par la volonté de tous, dans le cadre d’une entreprise sérieuse de refondation et d’édification d’un Etat de droit.

    La révolution populaire pacifiste qui a cours en Algérie n’a rien à voir avec la sanglante révolution française qui a servi à meubler aveuglément des charrettes pour raccourcir des hommes par milliers.

    Pour disparaître, ses effets ravageurs pour la société française, ont mis autant de temps que la méditerranée lorsqu’elle renouvelle ses eaux.
    Confier l’œuvre de justice à la vindicte populaire, c’est transgresser le droit avec tout ce que cela comporte comme funestes conséquences.

    Se défaire du droit, c’est se mettre soi même en danger d’avoir à en manquer pour faire valoir le moment venu, ses propres droits.

    En panne d’initiative ou démesurément circonspects, les acteurs politiques et ceux qui font de la chose publique leur métier, tardent à réagir à l’unisson alors qu’il y a péril en la demeure. La langue de bois dont ils ne s’émancipent pas, les fera passer sous le couperet de ce dégagisme sans frein. Ils donnent à penser à ceux qui les critiquent, qu’ils dépendent du Pouvoir tapi dans l’ombre et qu’ils se complaisent dans la procrastination à moins qu’ils n’en soient à attendre un signe des astres.

    Retranchés dans leur pré carré, ils ne se sont même pas saisis des invites à requérir le dialogue, qui ont été faites par le désormais historique trio de sages. Ces derniers ont tenu à préciser, avec juste raison, qu’ils ne peuvent se substituer aux concernés dont les partis politiques et l’administration pour saisir, réunir et convaincre tous les protagonistes en vue de l’organisation d’un dialogue de sortie de crise.

    L’appel au dialogue « réaliste et constructif » du chef d’Etat major des armées, le 28 mai 2019, fera t-il bouger les lignes comme le fit, en d’autres circonstances pour sa patrie en danger, celui d’un Général de Gaulle tout aussi excédé et inquiet, un 18 juin 1944 ?

    Le Jeune Indépendant, 1 juin 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, dialogue, élections,

  • Le roi du Maroc bloque une enquete sur sa fortune en Europe et accuse l’Algerie

    Le richissime souverain marocain, Mohammed VI, vient d’actionner les services pour tuer dans l’œuf une enquête que le quotidien français Le Monde s’apprêtait à publier au plus tard le 4 février courant.

    Le très sérieux quotidien parisien a, en effet, «ajourné» la publication d’un très gênant dossier portant sur les comptes bancaires de la famille royale marocaine à l’étranger. But avoué du Makhzen : «Des milieux franco-marocains et algériens, soutenus par une horde de « contestataires du royaume » sont impliqués dans ces investigations.»

    Comme à son accoutumée, le Palais royal n’hésite pas à pointer du doigt l’Algérie lorsque des journalistes français, américains ou britanniques prennent l’initiative d’enquêter sur la fortune du «roi des pauvres».

    Pour ce faire, il fait appel à des médias proches de la DGED (contre-espionnage marocain). Un site web marocain s’en prend violemment au quotidien français en des termes péjoratifs, qualifiant le travail des deux journalistes, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, de «pseudo-investigation».

    Et d’ajouter : «Les journalistes d’investigation n’ont rien trouvé d’exclusif, ni même d’assez consistant pour alimenter et donner un semblant de crédibilité à leur article.»

    Un hebdomadaire marocain tient à rappeler qu’«aucun extrait de l’article du quotidien français n’a encore été publié». Il faut savoir que la contestation au sein même du Palais a tendance à prendre des proportions importantes.

    Outre celle de Moulay Rachid, frère du roi, à qui on avait arraché le titre de prince héritier au profit de Moulay Hassan, le fils de 11 ans du souverain, il y a celle de Moulay Hicham, le cousin du roi, qui, selon les statistiques réunies par un média marocain, a fait l’objet de pas moins de 45 articles en l’espace d’une année, et neuf dans les 30 derniers jours.

    «Tous évoquent le fils de Moulay Abdellah en des termes péjoratifs et soulignent ses relations avec le journaliste d’un site opposé au Makhzen, le sportif et ancien détenu Zakaria Moumni, ses « machinations contre Mounir Majidi » ou encore ses fautes de français».

    « Plus riche que l’émir du Qatar, les ressources naturelles qu’offre le sous-sol marocain à M6 sont infiniment moindres que celles de l’émir, tout juste quelques «espoirs pétroliers» et des mines d’or », écrivait Régis Soubrouillard le 7 mars 2012 sur Marianne.

    «Sa fortune personnelle a pourtant doublé en cinq ans. Le budget de fonctionnement du Palais est deux fois supérieur à celui de l’Elysée alors que le PNB du pays est plus de 25 fois plus faible que celui de la France», indiquait l’hebdomadaire français.

    Le budget alloué à la monarchie marocaine est régulièrement en hausse et dépasse de loin celui de plusieurs grands ministères. Une ligne de crédit pharaonique qui échappe à tout contrôle, s’indignait de son côté un journal en ligne marocain.

    Rafik Bahri

    Où va l’Algerie, 9 fév 2015

    Tags : Maroc, Algérie, Mohammed VI, fortune, prédateur, roi des pauvres,

  • Algérie : Le peuple maintient la pression

    15e vendredi de mobilisation contre le systéme

    Pour ce dernier vendredi de Ramadhan, la mobilisation était encore une fois au rendez-vous. Les Algérien ssont en effet sortis manifester en masse.

    A Alger et dans toutes les villes du pays, la mobilisation, pour le 15e vendredi consécutif, n’a pas du tout faibli, puisque ils étaient des centaines de milliers, voire même des millions, à battre le pavé pour crier haut et fort, leur inébranlable volonté de changement et pour l’avènement d’une nouvelle ère démocratique dans le pays.

    Pour ce faire, les manifestants ont une nouvelle fois envahi la rue, pour exiger le départ du système qu’il juge illégitime. Dans plusieurs wilayas dupays, les manifestants toujours aussi nombreux, ont scandé des slogans hostiles aux représentants du système. Ils ont ainsi continué à demander le départ du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, et du Premier ministre, Nouredine Bedoui, qui représentent pour eux l’ancien régime et qui n’ont pas, par voie de conséquence, leur place dans l’Algérie nouvelle qu’ils veulent bâtir.

    A Alger, selon certaines estimations, ils étaient encore plus nombreux que vendredi passé, alors qu’un dispositif policier avait quadrillé la ville dès la matinée. Les manifestants ont rendu un vibrant hommage à Kamel Eddine Fekhar, mort mardi alors qu’il était en détention. Des minutes de silence à sa mémoire ont été organisées, un peu partout à travers le pays. Et des manifestantes ont préféré défiler avec la calotte mozabite sur la tête, en signe de solidarité.

    Et comme vendredi dernier, les manifestants ont envahi la Place des Martyrs qui devient, désormais, une place forte du mouvement populaire. Cette place a été en effet, rallié par des milliers de manifestants. Mais à la Grande Poste, quadrillé par un dispositif de sécurité afin d’empêcher les manifestants à accéder au parvis de l’édifice, aussi il y avait une foule très nombreuse, comme à son habitude. Les manifestants ont scandé différents slogans appelant au changement. Sur l’ensemble du pays, c’était presque les mêmes images de manifestants, déterminés à imposer le changement.

    Ainsi, les habitants ont manifesté contre le régime, pour dire « non à un Etat militaire, oui pour un Etat civil ».

    A Bouira, les manifestants ont simulé un procès pour Ouyahia. Et comme les précédents vendredis, une impressionnante manifestation a eu lieu à Bordj Bou Arreridj, l’une des places fortes du mouvement populaire.

    A Tlemcen, il y a une forte mobilisation des manifestants, lors de ce 15e vendredi, pour réclamer « l’instauration d’une véritable démocratie » et contre « l’entêtement du régime d’imposer la fraude électorale, pour se maintenir au pouvoir ».

    A Oran, des milliers de manifestants ont battu le pavé.

    Par : RAHIMA RAHMOUNI

    Le Midi Libre, 1 Juin 2019

    Tags : Algérie, Hirak, 15e vendredi,

  • Algérie : Place à une intelligence collective

    Place à une intelligence collective

    Les appels du premier responsable de l’institution militaire au dialogue, comme remède à la crise politique que traverse le pays, ne laissent aucune frange de la classe politique ou de la société civile indifférente. Ils visent également à rassembler toutes les bonnes volontés de ce pays pour œuvrer ensemble à une solution qui requiert la conjugaison des efforts de tous.

    En filigrane des engagements de l’institution militaire à être du côté du peuple et à protéger ses revendications, on peut également comprendre la réitération de l’invitation à tout mettre autour d’une table, en présence de toutes les parties concernées, avec la sincérité et le sérieux requis, autant comme un souci bien réel de faire face à une crise qui risque de conduire le pays vers l’inconnu, que comme une prise de conscience de possibles développements qui pourraient encore compliquer la situation en rajoutant à la crise politique une impasse constitutionnelle.

    Sans préjuger de l’avis du Conseil constitutionnel sur l’issue à réserver au scrutin du 4 juillet prochain, on peut d’ores et déjà avancer que le dispositif constitutionnel en vigueur sera en mal pour encadrer un report de cette échéance.

    De nombreux constitutionnalistes algériens défilent sur les plateaux de télévision pour tenter d’imaginer des interprétations possibles pour une continuité de la «souveraineté constitutionnelle».

    Au même moment, de nombreuses voix de la classe politique, de personnalités nationales et de la société civile se font entendre pour décliner des offres politiques susceptibles de contourner pareille situation, notamment en puisant dans les revendications des manifestants.

    Avec tout cela, les manifestations populaires continuent de se faire remarquer par leur caractère massif et calme, appuyant à chaque fois la nécessité d’un changement politique serein.

    Le dialogue devra rester la seule voie susceptible de fédérer toutes ces bonnes volontés et laisser éclore une intelligence collective, seule à même de tracer la voie de sortie de la crise que vit le pays.

    Horizons, 31 mai 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak,

  • Tentative d’attaque depuis la Libye : l’armée algérienne envoie des drones

    Alors que les avertissements se multiplient en ce qui concerne les tentatives des services de renseignement israéliens et américains pour déstabiliser l’Algérie via la Libye voisine, l’armée algérienne vient de saisir des armes dans le sud-est du pays, à la frontière avec la Libye.

    L’ancien bras droit de Khalifa Haftar, cité par le site Algérie patriotique, a mis en garde l’Algérie et l’ensemble des pays du Maghreb contre les visées expansionnistes de l’homme fort de l’Est libyen.

    « Dans un entretien à la radio Alger Chaîne III, le colonel Mohamed Al-Hidjazi a révélé que le maréchal autoproclamé a tenu une réunion secrète avec des officiers supérieurs du service secret israélien, le Mossad, avant l’offensive qu’il a lancée contre Tripoli. »

    L’officier dissident libyen a également révélé que Khalifa Haftar était en contact permanent avec les services secrets français.

    Mohamed Al-Hidjazi a expliqué que l’objectif des puissances étrangères qui ont ordonné à Khalifa Haftar de marcher sur la capitale libyenne est d’étendre son hégémonie à l’ensemble de la Libye et de s’imposer comme la seule et unique autorité dans ce pays déchiré par une guerre civile sanglante depuis le renversement du régime de Kadhafi par la France et le Royaume-Uni.

    Les propos d’al-Hidjazi interviennent alors que le ministère algérien de la Défense vient d’annoncer dans un communiqué que les unités de l’armée avaient saisi des armes de guerre et détruit par drones des cibles terroristes dans le sud-est du pays, à la frontière avec la Libye.

    « Le 30 mai, les unités de la lutte antiterroriste de l’Armée nationale populaire (ANP) algérienne ont découvert un important stock d’armes et de munitions au nord-est d’In-Amenas, à la frontière sud-est de l’Algérie avec la Libye », indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

    L’ANP a également procédé à des opérations de destruction de cibles terroristes par drones, informe le communiqué cité par l’agence d’information russe Sputnik.

    Dans le cadre de la lutte antiterroriste, les unités de l’ANP ont découvert lors d’opérations de recherche et de fouille « une cache d’armes et de munitions contenant : un lance-roquettes RPG-7, trois obus pour lance-roquettes RPG-7, trois fusils mitrailleurs de type Kalachnikov, ainsi que trois chargeurs et une certaine quantité de munitions », détaille le communiqué du MDN.

    Selon la même source, des drones de l’ANP « ont mené des vols de jour et de nuit, les 29 et 30 mai, pour détruire des cibles terroristes ayant été localisées lors d’une opération de reconnaissance aérienne ».

    Les révélations du dissident Mohamed Al-Hidjazi sont à prendre très au sérieux, Khalifa Haftar n’étant pas connu pour être un proche des thèses algériennes dans le complexe dossier libyen.

    L’Algérie, qui a joué un rôle central dans les pourparlers inter-libyens, a toujours appelé à un dialogue inclusif. Ce que « l’homme lige » de la France et des Émirats arabes unis refuse, retardant ainsi toute solution pouvant mettre fin au chaos qui règne en Libye depuis huit ans.

    Après la chute du pouvoir de Mouammar El-Kadhafi en 2011, les flux de circulation d’armes de guerre dans toute la région du Sahel ont augmenté d’une manière inquiétante. Des saisies d’armes et de munitions dans le sud de l’Algérie, notamment près des frontières avec la Libye, le Niger et le Mali, sont régulièrement annoncées par le MDN.

    PressTV, 1 juin 2019

    Tags : Algérie, Libye, Etats-Unis, France,

  • Groupe Total : La France paye ses méfaits au Sahara Occidental

    Nouvelles tensions en vue entre Alger et Paris. « L’Algérie empêchera le groupe pétrolier Total d’acquérir les actifs algériens appartenant à l’américain Anadarko », a déclaré le 26 mai le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, cité par l’APS.

    Cela ressemble à une riposte algérienne à l’arrogance de l’Ellysée dans la question du Sahara Occidental et son obsession de maintenir le statu quo dans ce territoire classé non autonome par les Nations Unies.

    A l’Hexagone, les responsables ne cachent pas leur amertume suite à la décision d’Alger de freiner la gourmandise des entreprises françaises. Apparemment, Paris le beurre et l’argent du beurre. Les matons de la françafrique cherchent le businee avec l’Algérie tout en maintenant leur appui inconditionnel au régime médiéval de la pédophilie et le tourisme sexuel ainsi que sa politique de répression et assassinat pratiquée au Sahara Occidental depuis plus de 43 ans.

    Certaines opinions françaises soutiennent que les raisons de ce « blocage » sont « très politiques ». Un argument très plausible qui s’explique par la déception des autorités algériennes vis-à-vis de la politique coloniale de la France au Maghreb qui, au nom des intérêts géopolitiques, est prête à enflammer la région quitte à asoutenir son protégé alaouite.

    Au lieu de regarder vers la situation interne de l’Algérie, les autorités françaises feraient mieux de chercher les raisons de la crise dans la démission de Horst Köhler et la fâcheuse manie de Paris à provoquer les algériens.

    La société Total est un des premiers effects collatéraux du soutien de la France au Maroc au détriement de la légalité internationale. D’autres effets suivront, dont la fin de la monarchie alaouite. Parce que la détermination des sahraouis est resté intacte et leur slogan pérénne est : No Pasarán! Même pas avec le soutien américain!

    Tags : Sahara Occidental, France, Algérie, Total, Maroc,

  • Algérie : SAVOIR RAISON GARDER

    » L’alchimie est particulièrement subtile. Elle consiste en une sorte de main de fer dans un gant de velours. Elle consiste, surtout, à se montrer avant tout ferme -très ferme- envers les siens, envers ses policiers, avant de se tourner vers les citoyens lambda, afin que ces derniers comprennent que nul n’est au-dessus de la loi, que les changements sont bel et bien en marche et que les oligarques et anciens très hauts responsables emprisonnés ne l’ont pas été dans le cadre de règlements de comptes entre clans sur fond de hirak populaire « .

    Par Mohamed Abdoun :

    Tout d’abord, et afin que les choses soient parfaitement claires d’entrée de jeu, il est hors de question d’encourager ici la violence, de quelque nature qu’elle soit, et quelle qu’en soit l’auteur. Dans un pays civilisé digne de ce nom, tout se règle par le dialogue. Et, même lorsque le litige devient absolument insoluble, il existe des lois et des arbitres -les juges en l’occurrence- pour trancher en connaissance de cause, sans jamais attenter aux droits des uns et des autres.

    Ce préambule pour rebondir sur l’affaire de ces deux jeunes interpellés, et inculpés de » tentative d’homicide volontaire et agression avec violence contre un agent de la forte publique « . Ma foi, au risque de me tromper, cette accusation, particulièrement grave, me parait particulièrement disproportionnée au regard des faits constatés, et que chacun pour visionner à son aise sur les réseaux sociaux.

    Le contact physique, qui ne dure pas plus d’une fraction de seconde, ne comporte en aucune manière une quelconque » agression avec violence « . En revanche, il est vrai que le policier a bel et bien été poussé du haut de ce fourgon. L’agression y est, ce me semble. Mais sans violence. Et, encore moins avec volonté de tuer ce policier, puisqu’il est question ici, dois-je le répéter encore, de » tentative d’homicide volontaire «.

    La dureté de cette inculpation a de quoi braquer un peu plus les citoyens, vis-à-vis de la justice et des pouvoirs publics alors que le but premier, à mon humble sens, est d’apaiser les esprits et de tenter de trouver une issue à la grave crise dans laquelle se débat l’Algérie depuis de nombreuses semaines. Sinon, pourquoi est-ce que ce policier n’a pas été inculpé lui aussi.

    Ma foi, en plein ramadan, il procédait, du haut de ce fourgon, à l’arrosage des citoyens-manifestants à l’aide d’une bombe aérosol distillant des gaz lacrymogènes. L’agression est formellement et dûment constatée. Ce n’est pas le seul cas, du reste. Le sentiment d’impunité dont jouiraient les services de sécurité ne peut donc qu’exacerber une opinion publique déjà chauffée à blanc, à cause de la non-satisfaction de ses revendications principales, et dont des membres sont inculpés de très lourdes charges alors qu’ils ne faisaient, en somme, que défendre les leurs de l’agression caractérisée dont ils étaient victimes de la part de ce policier.

    Hélas, la violence engendre la violence. Elle reste condamnable d’où qu’elle vienne. Elle l’est cependant deux fois plus chez celui qui a commencé. Qui a déclenché les hostilités. Le choix idoine, à mon humble sens, serait la voie de l’apaisement. Tout le monde a pu constater avec quel civisme les citoyens se comportent chaque vendredi, et qu’ils ne prennent la mouche que lorsqu’ils sont agressés et/ou provoqués.

    Des gilets oranges ont même été improvisés afin d’éviter et d’atténuer les frottements directs avec les services de sécurité, et de débusquer les provocateurs -d’Otpor et de Rachad- pouvant se glisser parmi les manifestants. L’alchimie est particulièrement subtile. Elle consiste en une sorte de main de fer dans un gant de velours. Elle consiste, surtout, à se montrer avant tout ferme -très ferme- envers les siens, envers ses policiers, avant de se tourner vers les citoyens lambda, afin que ces derniers comprennent que nul n’est au-dessus de la loi, que les changements sont bel et bien en marche et que les oligarques et anciens très hauts responsables emprisonnés ne l’ont pas été dans le cadre de règlements de comptes entre clans sur fond de hirak populaire.

    M. A.

    La Tribune des Lecteurs, 29 mai 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, ANP, Gaid Salah,

  • Algérie : Le 15e vendredi de mobilisation

    Mouvement populaire : Le 15e vendredi de mobilisation

    10h01 : La grande poste et ses alentours sont fortement occupés par un important dispositif policier et l’on opère des arrestations parmi les premiers manifestants qui arrivent sur les lieux. Les accès vers la capitale sont bloqués par des barrages filtrant les automobilistes. Le Tunnel des facultés est pour le moment ouvert à la circulation avec une forte présence policière en prévision de sa fermeture.

    9h35 : Le quinzième vendredi de mobilisation populaire pour le départ du système intervient dans un contexte marqué par l’aboutissement de fait de la revendication portant annulation des élections présidentielles convoqués contre la volonté de la rue et au lendemain de la nouvelle offre de dialogue lancée par le chef de l’Etat major de l’armée nationale Ahmed Gaid Salah.

    Les Algériennes et les Algériens s’apprêtent à descendre dans la rue aussi au lendemain du décès tragique du détenu politique Kameleddine Fekhar après 54 jour de grève de faim pour protester contre la sa détention à la prison de Ghardaia.

    Cette question de détenus d’opinion puisque l’on a recensé pas moins de 14 suscitera sans aucun doute la réaction des manifestants de ce vendredi.

    Algérie1, 31 mai 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, ANP, Gaid Salah,