Catégorie : Algérie

  • Algérie : Pour un dialogue franc

    Ibrahimi, Ali Yahia et Benyelles en appellent à l’ANP
    Pour un dialogue franc

    Trois personnalités nationales viennent de lancer un appel pour la mise en place d’une période de transition et l’ouverture d’un dialogue sérieux. Il s’agit de l’ancien président de la LADDH, Ali Yahia Abdenour, l’ancien ministre des affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi et le général à la retraite, Rachid Benyelles.

    Les trois ont signé aujourd’hui une déclaration commune appelant les responsables de l’institution militaire à ouvrir un dialogue sérieux pour trouver une solution sérieuse à la crise actuelle.

    « Nous, signataires de la déclaration du 7 octobre 2017 ainsi que du présent appel, demandons instamment au commandement de l’ANP de nouer un dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement citoyen, des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent, afin de trouver au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s’expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois », lit-on dans cette déclaration rendue publique, hier.

    Les signataires de cette déclaration estiment aussi que la mise en place d’une « courte période de transition est nécessaire afin de mettre en place les mécanismes et les mesures permettant aux peuple Algérie de choisir librement et en toute démocratie leur dirigeant ».

    « Après avoir obtenu la démission forcée du président candidat moribond, les manifestants dont le nombre a atteint des sommets historiques, exigent maintenant l’instauration d’un Etat de droit et d’une véritable démocratie, en passant préalablement par une période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années », lit-on dans ce document.

    Et d’ajouter : « Cette période est nécessaire pour mettre en place les mécanismes et dispositions permettant au peuple souverain d’exprimer librement et démocratiquement son choix à travers les urnes, un processus qui va dans le sens de l’histoire, et que rien, ni personne ne saurait arrêter ».

    Pour les signataires de cette déclaration, le maintien de la présidentielle du 4 juillet prochain « ne fera que retarder la naissance de la nouvelle République ».

    « Porteuse de graves dangers dans une situation régionale tendue, la situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet ne pourra que retarder l’avènement inéluctable d’une nouvelle République », soutient-ils, avant de s’interroger : « Comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes alors qu’elles sont d’ores et déjà rejetées par l’immense majorité de la population parce qu’organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ? ».

    Samir Rabah

    Source : L’Est Républicain, 19 mai 2019

    Tags : Algérie, Hirak, Dialogue, Ibrahimi,célections,

  • Algérie : L’homme providentiel

    par Moncef Wafi

    Ces derniers jours, dans la vie politique nationale, semblent déboucher sur un début de piste pour une sortie de crise en dehors des sentiers balisés de la Constitution. Les différents scénarii convergent vers le remplacement du Premier ministre Bedoui par une personnalité consensuelle, ou presque, et la formation d’un nouveau gouvernement qui aura pour mission de gérer les affaires courantes et de préparer la prochaine présidentielle.

    Avec ou sans Bensalah importe peu du moment que le chef de l’Etat par intérim n’est en poste que durant cette période et que son pouvoir semble plus protocolaire que réel.

    En effet, et dans l’hypothèse d’un report du 4 juillet, il est plus facile de procéder au changement de Bedoui, une démarche somme toute logique dans la mesure où lui-même ainsi que ses ministres sont interdits de sortie sur le terrain, qu’au remplacement de Bensalah qui demanderait théoriquement de piétiner la Constitution, une ligne rouge dans l’esprit de l’état-major de l’armée.

    La question est maintenant de savoir quel sera le profil de ce nouveau Premier ministre avant de connaître son identité. L’homme devra impérativement avoir l’expérience du poste ou du moins ne pas ignorer les rouages de l’appareil et il devra faire l’objet d’un consensus entre l’armée, les partis politiques et la société civile et surtout l’aval de la rue.

    En disant cela, on parle évidemment de consensus et non plus de cooptation comme c’était l’usage dans la désignation des hauts responsables du pays à une certaine époque pas si lointaine.

    Et cet homme providentiel ne devra pas avoir les mains liées par un passé compromettant ou otage d’un dossier à charge qui le rendra vulnérable aux yeux des décideurs. Il ne devra appartenir à aucune maison politique et de se montrer à la hauteur des attentes des Algériens, être au-dessus de tout soupçon et ne pas représenter uniquement des intérêts personnels ou claniques.

    Avec ces conditions, les CV des candidats ne doivent pas se bousculer sur le bureau de Gaïd Salah alors que certains noms reviennent avec insistance et il est fort probable qu’on assiste ces prochains jours voire heures au départ et de Bouchareb de la tête de l’APN et de Bedoui dans une tentative de calmer la rue et d’amorcer un début de sortie de crise.

    L’appel à une solution consensuelle lancé par Ali Yahia Abdenour, Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles fait partie également de ces initiatives proposées pour trouver enfin une issue à cette impasse vers laquelle le pays se dirige si le 4 juillet est maintenu contre vents et marées.

    Le Quotidien d’Oran, 20 mai 2019

    Tags : Algérie, Ibrahimo, transition, armée, élections 4 juillet,

  • Quelques réflexions sur le soulèvement algérien

    Hamza Hamouchene*

    Ce qui se passe en Algérie est vraiment historique. Le peuple a remporté la première bataille dans sa lutte pour un changement radical du système. Dans cet entretien, Dr Hamza Hamouchene nous livre quelques réflexions sur les perspectives et horizons du mouvement populaire qui ne cesse de s’élargir.

    Entretien réalisé originalement en anglais par Omar Hassan avec Hamza Hamouchene pour la revue Redflag.

    1. La couverture médiatique des processus révolutionnaires en Algérie et au Soudan a été jusqu’ici peu couverte par la presse internationale. Pourriez-vous commencer par expliquer en quoi consistent les manifestations en Algérie ? Quels sont leurs objectifs ?

    Le mouvement de protestations de masse a commencé quelques jours à peine après l’annonce par Bouteflika de son intention de briguer un cinquième mandat à la présidence de l’Algérie. Celles-ci étaient d’abord petites et locales, puis sont devenues massives et se sont répandues au niveau national à partir du vendredi 22 février 2019. Ainsi, chaque vendredi à partir de cette date, des millions d’Algériens (certaines estimations oscillent entre 17 et 22 millions pour une population totale de 42 millions personnes). Des millions, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes de différentes classes sociales sont descendus dans la rue lors d’un soulèvement important, se réappropriant des espaces publics confisqués depuis longtemps. Ces marches historiques du vendredi ont été suivies de manifestations dans plusieurs secteurs (éducation, santé, justice, industrie pétrochimique, étudiants, syndicats, etc.), faisant de la contestation une affaire quotidienne.

    Ce qui a commencé comme un refus catégorique de la candidature d’un président octogénaire physiquement inapte s’est transformé face à l’obstination et aux stratagèmes trompeurs des élites dirigeantes en un rejet uni du système en place, avec des revendications de changement démocratique radical, de liberté et de justice. Cette révolte ou révolution est une expression fondamentale de la convergence du mécontentement populaire d’en bas avec une crise interne profonde au sein des classes dirigeantes. Fondamentalement, ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner de la manière ancienne et ceux d’en bas ne peuvent plus les supporter. C’est aussi l’expression de décennies de profonde souffrance, de colère et de rejet de l’autoritarisme répressif, de la suppression des libertés, de l’exclusion économique et sociale, de la corruption endémique et du népotisme, de l’accumulation parasitaire et de la paupérisation, de la croissance des inégalités sociales et du développement inégal, ainsi que des horizons fermés pour les jeunes chômeurs qui risquent encore leur vie pour atteindre les rives nord de la Méditerranée afin d’échapper au désespoir et à l’humiliation d’être marginalisés et relégués au rang de « Hittiste », ces chômeurs qui ont cessé d’être des acteurs de l’Algérie post-coloniale. Et tout cela dans un pays riche comme le nôtre !

    Le slogan algérien « Acha3b yourid yetna7aw Ga3 ! » (Le peuple veut qu’ils aillent tous ou, plus exactement, le peuple veut qu’ils soient tous extirpés !) N’est qu’une autre version de « Acha3b yourid isqat annidham » (Le peuple veut renverser le système), le slogan que nous avons vu lors de tous les soulèvements arabes de 2010-2011.

    À cet égard, je pense que ce qui se passe actuellement au Soudan et en Algérie devrait être considéré comme la continuation d’un processus révolutionnaire en Afrique du Nord et en Asie occidentale, un processus révolutionnaire avec des hauts et des bas, des gains et des revers, qui s’est concrétisé par une transition « démocratique » néolibérale en Tunisie et des contre-révolutions sanglantes et des interventions impérialistes dans les pays restants qui ont été témoins de ces soulèvements. L’espoir est que les peuples algérien et soudanais tirent les enseignements des expériences de leurs frères et sœurs d’autres pays et poussent plus loin leurs révolutions afin de réaliser leurs revendications fondamentales de dignité, de justice, de souveraineté populaire et de liberté et de mettre fin à des décennies d’oppression politique et économique.

    2. Un certain nombre de vidéos publiées en ligne témoignent de la créativité et de la solidarité du mouvement révolutionnaire en Algérie et ailleurs. Pouvez vous nous parler de quelques moments qui l’ont marqué pour vous ?

    Oui, le mouvement révolutionnaire en Algérie a libéré la créativité inépuisable du « génie populaire ». En scandant : « Nous nous sommes réveillés et vous allez payer ! », Le peuple exprime sa volonté politique récemment découverte. Le processus de libération est en même temps un processus de transformation. Nous pouvons sentir cela dans l’euphorie, l’énergie, la créativité, la confiance, l’humour et la joie que ce mouvement a inspiré après des décennies de répression sociale et politique.

    L’humour et la satire peuvent être très subversifs et les Algériens l’ont démontré dans leurs slogans, leurs chants et leurs pancartes pour raviver et mettre en valeur la culture populaire. J’ai vu et entendu tant de slogans en ligne et dans les rues de plusieurs villes d’Algérie. Et en voici quelques-unes que j’ai capturées avec l’appareil photo de mon téléphone :

    « L’Algérie, pays de héros gouverné par des zéros. »

    « Nous avons arrêté la harga (immigration clandestine), nous avons cessé de prendre de la drogue et nous allons aussi vous arrêter. »

    « Changement de système… 99 % de chargement. »

    « Non à Bouteflika et à ses dérivés. »

    « Nous avons besoin de Detol pour tuer 99,99 % du gang. »
    Et celui – ci d’une étudiante en médecine : « Nous sommes vaccinés et nous avons développé le système anti-IgG (anti-corps) … et nous continuons à obtenir des rappels tous les vendredis. »

    « Le problème est la persistance de l’idolâtrie et non le remplacement de l’idole. »

    « Je ne suis pas ici pour faire un Selfie, je suis ici pour changer le système. »

    Certains slogans ciblaient directement la complicité et l’ingérence françaises :

    « La France craint que si l’Algérie accédait à l’indépendance, elle demanderait une compensation pour le métal qu’elle avait utilisé pour construire la tour Eiffel. »

    « Allo Allo Macron, les petits-enfants du Novembre 54 sont de retour. »
    Et en réaction aux appels du commandant en chef des forces armées, Gaid Salah, à appliquer l’article 102 de la constitution qui permettrait au président de la chambre haute de prendre la relève et d’organiser des élections dans les 90 jours, suivant la déclaration de vacance de la présidence par le conseil constitutionnel. Les gens ont répondu :

    « Nous voulons l’application de l’article 2019 … Vous allez partir tous. »

    « Nous avons demandé le départ de tout le gang, pas la promotion de certains de ses membres. »

    « Les piles sont mortes, pas besoin de les presser. »

    « Cher système, tu es une merde et je peux le prouver mathématiquement. »

    « Ici l’Algérie : la voix du peuple. Le numéro 102 n’est plus en service. Appelez le service du peuple au numéro 07 s’ils vous plaît » (en référence à l’article 07 stipulant que c’est le peuple qui est la source de toute souveraineté.
    Ce ne sont que quelques exemples parmi des milliers d’autres slogans et chants créatifs, humoristiques et amusants. Cela démontre que le génie populaire est bien vivant et peut être mobilisé pour résister, subvertir et demander un changement radical.

    En ce qui concerne la solidarité internationale, ce que je peux dire, c’est que les peuples opprimés de la région et au-delà participent à une sorte de dialogue entre eux. Les Soudanais et les Algériens se suivent mutuellement et sont de plus en plus inspirés et déterminés à suivre leur propre révolution et à renverser les systèmes qui les ont écrasés pendant des décennies. Il y a cette bande dessinée drôle par le journaliste algérien Ali Dilem qui montre les Soudanais gagner 2 à 1 contre les Algériens en renversant deux chefs d’état à ce jour contre seulement 1 en Algérie. Les Marocains sont également inspirés par ce qui se passe en Algérie et nous l’avons vu dans les chants des stades. Le dernier mais non le moindre est la solidarité inébranlable et éternelle avec le peuple palestinien. Tout cela atteste que les peuples aspirent à la liberté, la justice et l’émancipation et ils s’inspirent quand ils voient d’autres qui prennent leur destin en main et contestant les forces du statu quo.

    3. Bien que les événements de 2011 aient traversé une grande partie de la région, d’importantes différences locales ont façonné les résultats divergents observés depuis. Par exemple, en Égypte, le mouvement était dirigé par les jeunes et sans structures, ce qui signifiait qu’il manquait d’un certain poids institutionnel et social à des moments cruciaux, tandis qu’en Tunisie, le rôle de l’UGTT – en particulier ses rangs inférieurs – était très important. Quelles forces sociales ont dirigé le mouvement en Algérie ? Et existe-t-il des organisations ou des idées particulièrement centrales ou populaires ?

    En définitive, le soulèvement algérien a aussi ses spécificités et je vais essayer de vous donner quelques indices afin de comprendre ses forces et ses faiblesses.

    a) Ce qui rend ce mouvement vraiment unique, c’est son envergure, son caractère pacifique et sa diffusion nationale, y compris dans le sud marginalisé. Le mouvement se caractérise également par une participation significative des femmes et en particulier des jeunes, qui constituent la majorité de la population. L’Algérie n’a pas connu un mouvement aussi vaste, diversifié et aussi répandu depuis 1962, année où les Algériens étaient descendus dans la rue pour célébrer leur indépendance durement gagnée du régime colonial français.

    b) On peut également voir dans ce soulèvement la continuation de la lutte anticolonialiste des années 50 et 60 pour recouvrer la souveraineté populaire et économique. Les nombreuses manifestations et marches qui ont eu lieu font allusion à la révolution anticolonialiste algérienne et à ses glorieux martyrs qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance de l’Algérie, réaffirmant ainsi que l’indépendance formelle n’a pas de sens sans la souveraineté nationale et populaire, surtout que nos élites bradent le pays et ses ressources depuis plus de trente ans. Ces sentiments anti-coloniaux sont réaffirmés par une hostilité sans faille à toute ingérence étrangère et à toute intervention impérialiste. Nous avons vu comment le peuple algérien a fermement rejeté la complicité française avec les factions au pouvoir ainsi que sa désapprobation des tentatives de l’ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra d’internationaliser le conflit par le biais de ses voyages aux États-Unis, en Europe, en Russie et en Chine.

    c) Solidarité avec la Palestine : les Algériens comprennent que leur libération ne sera pas complète sans la libération de la Palestine. C’est vraiment unique dans le monde arabe : aux côtés des drapeaux algériens, on voit toujours le drapeau palestinien et les gens se rappellent toujours des martyrs algériens et palestiniens sans faire de différence. Cela s’explique par le fait que seule l’Algérie (avec la Palestine) dans toute la région a vécu l’expérience d’un cruel colonialisme de peuplement, raciste et inhumain.

    d) Le paysage politique généralement aride qui a résulté de la décimation d’une véritable opposition politique, de la faillite de la politique du multipartisme associée à la répression et / ou cooptation des syndicats et d’autres acteurs de la société civile a incité les gens à s’organiser différemment. Au cours des dernières années, la dissidence et le mécontentement ont été de plus en plus exprimés à travers des manifestations sectorielles ou l’émergence de mouvements sociaux horizontaux, en particulier dans le Sahara riche en gaz et en pétrole, où nous avons vu des mouvements de chômeurs et anti-gaz de schiste en 2012 et 2015. L’hostilité à l’égard des partis politiques est profondément ancrée, comme en témoigne la dynamique populaire actuelle. Comme en Egypte, le mouvement est dirigé par les jeunes et est relativement non-structuré, comme vous le dites. Il n’y a pas de leaders clairement identifiables ou de structures organisées qui le propulsent.

    Il est clair qu’il s’agit d’un soulèvement populaire dans la mesure où il a mobilisé des forces de masse issues de la classe moyenne ainsi que des classes marginalisées des zones urbaines et rurales, affectées par des politiques néolibérales de plusieurs décennies et par une économie de rente corrompue dans le sillage d’une mondialisation prédatrice facilitant le pillage des ressources financières et naturelles du pays. Il convient de noter que les étudiants, les travailleurs (en particulier ceux du secteur pétrolier et gazier), les syndicats autonomes, les juges et les avocats jouent un rôle très important dans ces mobilisations en organisant leurs propres manifestations, en appelant à la grève et en maintenant la dynamique. Contrairement au Soudan où l’Alliance pour la Liberté et la Changement ainsi que l’association professionnelle soudanaise jouent le rôle d’une sorte de structure dirigeante et organisationnelle, il semble en Algérie que les choses s’organisent de manière horizontale et principalement par le biais des médias sociaux où des appels à la protestation sont lancés.

    e) Je ne suis pas de ceux qui, s’ils n’aiment pas le dénouement d’une révolution, ses forces, ses exigences et ses stratégies, ils se précipitent à nier son caractère révolutionnaire ou simplement lui refuser le nom de « révolution ». Cependant, nous devons rester critiques, intellectuellement honnêtes et tirer les leçons des erreurs des révolutions précédentes.

    La pancarte se lit comme suit : « Non à la réforme du régime, Nous voulons en construire un nouveau. »Photo prise à Alger le vendredi 15 mars 2019.

    La quasi-sacralisation de la spontanéité, l’absence de leadership et l’hostilité à toute forme de structuration ne sont pas uniques au cas algérien, mais ont été observés dans d’autres révolutions dans d’autres pays tels que l’Égypte et la Tunisie. Il est vrai que la spontanéité et les mouvements sans leaders généreront, dans un premier temps, de grandes mobilisations interclassistes qui donnent l’impression d’une unité au-delà de la classe, du genre et de l’orientation idéologique. Cependant, cela peut devenir dangereux quand les droits socio-économiques des marginalisés sont éliminés de tout débat. Dans de tels scénarios, les questions légitimes de souveraineté populaire et de justice sociale céderont la place aux vagues notions libérales dominantes de « gestion démocratique », « bonne gouvernance », de « liberté » et « d’égalité », au détriment des revendications des damnés de la terre.

    Cette situation a été surnommée « révolution sans révolutionnaires » ou « révolution sans organisation ». Ces dynamiques et mouvements amorphes et non structurés et sans leader sont extrêmement vulnérables. Ces caractéristiques peuvent être des faiblesses fatales, en particulier quand la répression commence. Afin de prolonger la dynamique actuelle dans le temps, nous avons besoin de structures et d’organisations dotées d’une vision cohérente, capables de formuler des revendications claires, de proposer diverses stratégies de résistance et de faire avancer un programme entièrement élaboré. Les dirigeants peuvent émerger de manière organique mais cela nécessite une organisation incessante ainsi que la multiplication des initiatives pour ouvrir des espaces de débats et de réflexion.

    C’est ça la réalité sur le terrain, ça inspire de voir les gens regagner leur confiance en eux et commencer à croire en un « nous » collectif. On a vu comment ils n’ont pas été dupés par les divers stratagèmes avancés par les différentes factions du système. Le mouvement se renforce et ses revendications se radicalisent de jour en jour. Ce qui les unit, c’est que tous les symboles de l’ancien système doivent disparaître et doivent être rendus responsables de toutes les souffrances et les ravages qu’ils ont causés.

    4. Le rôle de premier plan des femmes dans le mouvement de protestation au Soudan est devenu de plus en plus important, de manière particulièrement dramatique avec Alaa’a Saleh. Ce n’est pas une surprise pour ceux qui ont étudié l’histoire ; les révolutions ont souvent été décrites comme des fêtes d’opprimés. Pouvez-vous parler un peu de la situation en Algérie en ce qui concerne les femmes, la minorité berbère et d’autres groupes opprimés ? Quels sont leurs griefs spécifiques et quelle a été la participation aux manifestations jusqu’à présent ?

    Les révolutions ne peuvent se produire sans les femmes et sans leur participation active. Et la révolution algérienne n’est pas différente. Depuis le début de cette dynamique populaire, les femmes ont joué un rôle important en associant leurs revendications contre le patriarcat aux revendications démocratiques de l’ensemble du mouvement. En fait, j’ai vu comment la participation des femmes augmentait semaine après semaine. Leur nombre était significatif dans les manifestations que j’ai vues à Alger, Béjaia et Skikda. Elles sont également très impliquées dans les mouvements étudiants et syndicaux. Cependant, nous ne pouvons pas nier le fait qu’une grande partie de la société algérienne est encore conservatrice et machiste. Un épisode peut dénoter ce fait : certaines féministes ont été harcelées et attaquées lors d’une marche à Alger et ont été exhortées (par des hommes) à ne pas formuler des revendications féministes qui divisent le mouvement. Il y avait aussi une vidéo menaçant d’utiliser de l’acide contre celles qui oseraient faire valoir de telles revendications. Cela peut être un incident extrémiste isolé, mais à mon avis, cela montre le sexisme enraciné et l’opposition aux droits des femmes qui sont présents dans notre société. Les corps des femmes sont un champ de bataille et nous avons vu comment les forces de police ont traité quatre activistes il y a quelques jours après leur arrestation : elles ont été humiliées en étant obligées de se dépouiller de tous leurs vêtements !

    En dépit de tous les progrès accomplis par les femmes au cours des dernières décennies en matière d’éducation, d’emploi et de participation à la vie politique, leur lutte pour l’égalité avec les hommes et contre l’oppression et la violence patriarcales est encore loin d’être terminée (comme partout dans le monde d’ailleurs). Elles résistent encore à une vision réactionnaire de leur rôle dans la société, incarnée par des mesures sociales très conservatrices telles que le fameux code de la famille rétrograde de 1984.

    Grande marche à Bejaia le vendredi 22 mars. © Hamza Hamouchene
    Pour ce qui est de la minorité berbère, je voudrais apporter une correction ici. Ce n’est pas une minorité. En fait, la majorité des Algériens sont d’origine ethnique berbère-amazighe. Je voudrais dire que nous sommes des arabo-berbères, car l’arabe est également un élément important de notre identité culturelle et politique. Ces problèmes d’identité ont créé de nombreuses tensions au sein de la société au cours des dernières décennies car notre diversité culturelle a été ignorée au profit d’une conception plus étroite de notre identité. La dimension berbère du patrimoine culturel algérien a été marginalisée et réduite à des manifestations folkloriques. Cependant, la lutte pour la reconnaissance de tamazight en tant qu’élément équivalent à l’arabe et à l’islam dans notre identité culturelle s’est beaucoup développée depuis le printemps berbère de 1980, lorsque le mouvement culturel berbère a vu le jour en Kabylie. Le printemps berbère a été le premier défi politique à grande échelle contre le régime depuis le début des années 60, où les Kabyles ont exprimé leurs griefs contre l’autoritarisme du régime, son mépris pour la riche identité culturelle et linguistique berbère, ainsi que sa négligence de l’économie de la région. Ce véritable mouvement de masse démocratique a inspiré une décennie de luttes et de révoltes continues.

    En avril 2001, une insurrection commença en Kabylie et en un an et demi, un puissant mouvement populaire appelé La’rouche occupa le devant de la scène politique et remit à l’ordre du jour la question de la démocratie. Ce mouvement a organisé le 14 Juin une marche très impressionnante vers Alger et a inspiré de nombreux citoyens dans d’autres régions à se révolter contre la Hogra (l’humiliation et l’injustice sociale). Cependant, ce mouvement a été coopté, infiltré et écrasé.

    Quand les occidentaux parlent de la minorité berbère, ils désignent principalement la population kabyle. Pour des raisons historiques qui remontent à l’époque coloniale, cette région a été à l’avant-garde de la lutte contre l’oppression et l’autoritarisme. Et dans l’actualité, ce n’est pas différent. Il en va de même pour d’autres groupes amazighs tels que les Chaouis, Mouzabit et Touaregs. Tous sont impliqués en tant que citoyens algériens confrontés à la tactique consistant à « diviser pour régner » des élites dirigeantes. En fait, les slogans étaient clairs dans les différentes marches : nous ne voulons pas de division, nous sommes tous des Algériens, soulignant leur unité populaire.

    5. Quels sont les principaux courants de la pensée de gauche en Algérie et dans quelle mesure la gauche organisée joue-t-elle un rôle dans ce mouvement ?

    La gauche, à mon avis, devrait être la force capable de réunir la liberté et l’égalité. Je ne parle pas seulement de l’égalité politique, mais également de l’égalité socio-économique qui élimine les disparités de classe dans la société. La démocratie ne peut être complète dans le cadre de la domination du capital et de la dictature des marchés. C’est pourquoi nous avons aussi besoin de démocratie sociale et économique. Que ferait un jeune algérien avec la liberté s’il n’a pas d’emploi ni de logement décent ?

    Malheureusement, pour diverses raisons, notamment mondiale, la gauche organisée en Algérie est fragmentée, atomisée et extrêmement faible. Cependant, dans de tels moments révolutionnaires, elle peut se régénérer et se développer si elle veut jouer son rôle historique en tant qu’outil permettant aux masses d’exprimer et de réaliser leurs revendications fondamentales de liberté, de dignité et de justice. Pour ce faire, elle doit avoir une vision claire de ce futur souhaité, être autonome sur les plans intellectuel et organisationnel, se débarrasser de son paternalisme et devenir des organisations de masse au service des couches défavorisées.

    Le plus grand parti de gauche en Algérie est le Parti des travailleurs trotskistes de Louisa Hanoune. Malheureusement, pour des raisons qui dépassent l’entendement, Louisa Hanoune a longtemps soutenu Bouteflika, car elle le considérait comme un rempart contre l’impérialisme. Cette position « anti-impérialiste » malavisée qui justifie l’autoritarisme a déjà été vue, en particulier dans le cas de la Syrie avec Bashar Al Asad. C’est d’autant plus ironique quand on sait que l’ère Bouteflika est l’ère la plus ultralibérale de l’histoire de l’Algérie indépendante avec tant de concessions faites aux multinationales et aux capitales occidentales. C’est l’ère de la compradorisation des élites dirigeantes en alignant leurs intérêts et en subordonnant les intérêts nationaux à ceux du capital international. Autrement dit, le système de Bouteflika a abandonné la légitimité populaire au profit des capitaux nationaux et internationaux.

    Il existe d’autres structures plus petites et des partis politiques tels que le Parti socialiste ouvrier (PST) et le Mouvement démocratique et social (MDS) qui tentent de multiplier les initiatives telles que les appels à l’auto-organisation des travailleurs, des étudiants et des masses populaires. Je pense fermement que cette initiative devrait être encouragée et renforcée. Nous voyons déjà cela au sein du mouvement étudiant ainsi que dans les tentatives de certains syndicalistes de base de se réapproprier le plus grand syndicat d’Algérie, l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) et de le débarrasser de ses dirigeants corrompues, pro-régime et anti-travailleurs.

    6. Je sais que dans des pays tels que l’Égypte, il existe une forte tradition politique du nassérisme qui défend l’armée sur la base de son passé supposé de « nationaliste arabe ». Existe-t-il des illusions similaires en Algérie ? Et dans quelle mesure les gens ont-ils absorbé les leçons du rôle totalement réactionnaire de l’armée dans la révolution égyptienne ?

    L’histoire de l’Armée populaire nationale en Algérie est unique : elle est d’origine plébéienne et elle est née de la lutte anti-coloniale contre les Français et joue depuis un rôle prépondérant dans la sphère politique. Elle a donc toujours cette légitimité révolutionnaire malgré tous ses excès depuis l’indépendance de 1962, notamment le massacre de centaines de jeunes lors de l’Intifada d’octobre 1988, le coup d’État de 1992 et son rôle dans les massacres et la guerre contre les civils dans la décennie noire. En raison d’une militarisation profonde de la société, il y a cette crainte justifiée de l’armée et de ce qu’elle peut faire. De plus, nous ne pouvons pas oublier que le haut commandement militaire et les généraux ont participé à une accumulation parasitaire des richesses et à une corruption endémique. Son association avec l’oligarchie a privé le peuple algérien de son droit à l’autodétermination. En ce qui concerne le parti du Front de libération nationale (FLN), il a été complètement discrédité en tant que façade civile d’un régime militaire corrompu et autoritaire. Cela a été articulé par des slogans comme : « FLN, dégage ! »

    L’entrée décisive du peuple sur la scène politique a effectivement contraint le haut commandement militaire de rompre avec le cercle présidentiel. L’armée est clairement intervenue pour mettre fin au règne de Bouteflika afin de préserver le régime en place. L’abdication de Bouteflika est un moment important de la dynamique populaire qui a débuté en février 2019, mais il ne s’agit que d’une victoire dans la longue lutte pour un changement radical qui doit inclure le renversement de tous les symboles du système, y compris le général-major Gaid Salah ; une personnalité clé du régime de Bouteflika et un partisan de son cinquième mandat avant de reculer sous la pression du mouvement populaire grandissant. Il ne faut absolument pas faire confiance à la direction de l’armée, comme l’avaient clairement indiqué les menaces initiales du major général Salah contre le mouvement avant d’adopter un ton plus conciliant. Dans sa déclaration à Oran du 10 avril, le général a déclaré qu’il n’y avait pas d’autre solution à la crise actuelle, si ce n’est dans une constitution conçue en premier lieu pour protéger les élites dirigeantes et leurs intérêts. Fondamentalement, il donne son appui et son poids à une transition contrôlée d’en haut, c’est-à-dire à un coup d’Etat contre le soulèvement populaire.

    Pour moi, Gaid Salah et le haut commandement militaire sont le fer de lance de la contre-révolution qui a commencé à montrer ouvertement ses signes, y compris la répression violente des manifestants pacifiques. Ceux qui se faisaient des illusions sur lui et sur ses annonces selon lesquelles il était du côté du peuple et de ses aspirations ont commencé à devenir beaucoup plus prudents. Des slogans tels que « L’armée et le peuple sont des frères » ne peuvent pas être appliqués aux généraux corrompus qui ont bénéficié du régime de Bouteflika et l’ont maintenu.

    Le peuple algérien – en particulier les masses populaires – doit se méfier de l’interventionnisme de tels acteurs afin d’éviter un scénario à la Sisi en Égypte. Là aussi, Sisi a affirmé qu’il était intervenu au nom du peuple lorsqu’il avait exécuté un coup d’État contre Morsi et nous savons tous ce qui s’est passé depuis. Il pourrait être tactique de tirer profit de la lutte de pouvoir interne en cours entre les élites dirigeantes, mais ce serait une erreur fatale de croire que la direction de l’armée serait du côté du peuple ou de sa révolution. Le peuple algérien doit être plus vigilant et déterminé que jamais afin d’empêcher les forces contre-révolutionnaires de détourner ce soulèvement historique.

    Marche du personnel médical dans les rues de Skikda pour soutenir le mouvement populaire, Est de l’Algérie le 19 mars 2019 © Hamza Hamouchene

    7. Selon vous, quelles sont les tâches et les défis immédiats auxquels le mouvement est confronté ?

    En cette neuvième semaine de contestation, malgré toutes les tentatives de manipulation, de division, de peur, le mouvement ne faiblit pas. Au contraire, il se développe et s’étend à plusieurs secteurs professionnels. Personne ne s’attendait à ce que des juges soutiennent le mouvement populaire et refusent même de superviser les prochaines élections présidentielles prévues pour le 4 juillet. Les étudiants organisent toujours d’énormes manifestations et marches dans tout le pays pour soutenir Al Hirak Acha’bi (le mouvement populaire) et ont appelé à une grève nationale. Certains syndicats autonomes maintiennent leurs appels à la grève pour soutenir la dynamique en cours.

    Cette semaine, des dizaines de maires ont déclaré leur refus d’organiser des élections dans leurs localités. Certaines organisations de la société civile sont déterminées à se réapproprier les espaces publics en organisant des débats et des activités publics, interdits dans la capitale, Alger, et qui se terminent par la répression et les arrestations. Nous avons également vu comment diverses visites ministérielles avaient été interrompues ou annulées par des personnes chassées par plusieurs ministres de Tebessa, Bechar, Tissemsilt et Tipaza.

    Il devient très clair que les gens rejettent le plan de transition du régime et il est évident que nous vivons dans une situation révolutionnaire qui pourrait s’aggraver et se radicaliser en fonction de la réaction des classes dirigeantes, du niveau de conscience politique et de l’organisation du mouvement. Ce que les manifestants appellent des « membres du gang » a tout intérêt à maintenir le statu quo et ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour les préserver, notamment en sacrifiant des boucs émissaires pour gagner du temps et sauver le système.

    Nous ne pouvons pas être naïfs ; les révolutions ont un coût et la répression sera au rendez-vous. Le caractère pacifique ou violent d’une révolution est toujours déterminé par l’oppresseur et ses méthodes. Le système n’abandonnera pas facilement. Pour cette raison, le rapport des forces doit être considérablement modifié vers les masses en maintenant la résistance (marches, manifestations, occupations d’espaces publics, grèves générales, etc.) pour obliger le commandement de l’armée à céder à la demande de la population pour un changement de système entraînant la liquidation de toute la vieille garde politique. Les organisations et les intellectuels hautement conscients et armés des principes révolutionnaires doivent barrer la voie au pouvoir militaire et à l’oligarchie comprador.

    Je pense que certains des défis auxquels le mouvement est confronté peuvent être résumés dans :

    Se structurer en poussant et en encourageant l’auto-organisation locale à travers des comités de quartier, des collectifs d’étudiants, des représentations locales indépendantes et l’ouverture d’espaces de discussion, de débat et de réflexion afin de disposer d’une plateforme solide et d’un programme cohérent. Cela inscrira la dynamique dans le moyen et le long terme car la lutte est loin d’être terminée.

    Doter le mouvement de structures et de mécanismes populaires et pleinement démocratiques nous permettrait d’élaborer des stratégies : comment formuler des revendications claires, quel type de tactiques adopter et quand intensifier une résistance ou négocier. Nous ne pouvons pas nous précipiter dans les élections maintenant car ce seront toujours les forces structurées (y compris celles de l’ancien régime) qui prendront le relais.

    À ce stade crucial, il est très important d’insister sur la liberté d’expression et d’organisation individuelle et collective, tout le temps et pas seulement les vendredis.

    Refuser catégoriquement toute transition gérée par les oligarques et l’armée et appeler à une assemblée constituante souveraine et populaire afin de proposer une constitution véritablement populaire et démocratique qui consacre la justice sociale et la souveraineté populaire sur les ressources naturelles. Dans tous les cas, la transition démocratique doit être entre les mains du peuple, gérée par ses forces et pour le peuple.

    Continuer à rejeter toute intervention étrangère dans les événements en cours.

    Enfin, il faut allier justice sociale et droits socio-économiques à la démocratie, cette révolution étant l’expression d’une volonté générale des opprimés de défendre leurs intérêts communs.

    Notre révolution est confrontée à des problèmes politiques, économiques et sociaux majeurs. Les enjeux sont vraiment importants et ils nécessitent un niveau de conscience, d’organisation et de stratégie révolutionnaire à la hauteur des aspirations des masses, en particulier des plus démunis. Alors que le savoir et la pensée naissent de l’expérience et de la praxis, nous devons en même temps poursuivre et nous engager dans la lutte démocratique, lutter pour la justice sociale et défendre les libertés civiles qui sont menacées chaque jour, agissons pour les droits des citoyens et des travailleurs, pour l’égalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes, pour la souveraineté nationale contre les intrusions de l’impérialisme et des bourgeoisies parasitaires.

    Un changement radical n’est pas une opération programmée par bouton-poussoir ; il s’agit d’un processus politique continu, de confrontation nécessitant des sacrifices qui, à certains moments, s’accélère sur un chemin balisé par de longues luttes et des expériences accumulées. Pour reprendre une phrase célèbre connue des musulmans : « Travaillons à un changement radical, comme si cela prendrait une éternité à se réaliser et préparons le terrain comme si cela se produirait demain ».

    *Hamza Hamouchene est docteur en carcinogénèse environnementale de l’’Institute of Cancer Research, université de Londres. Il est membre fondateur d’’Algeria Solidarity Campaign (ASC) et d’’ Environmental Justice North Africa (EJNA), deux organisations londoniennes faisant campagne respectivement pour un changement démocratique pacifique en Algérie et pour la justice environnementale et climatique au Maghreb. Il travaille aussi pour Platform, où il suit le dossier des intérêts britanniques dans le domaine de l’’énergie en Algérie. Il a publié deux rapports pour Platform : “Le renforcement des dictatures : Accaparement du gaz par le Royaume-Uni et les violations des droits humains en Algérie” et “La Prochaine revolution en Afrique du Nord : La lutte pour la Justice Climatique”. Il travaillait auparavant pour Global Justice Now sur les questions liées au climat, à l’’alimentation et à la justice commerciale. Il a publié des articles dans The Guardian, Counterpunch, New Internationalist, Red Pepper, Jadaliyya, openDemocracy, Pambazuka, El Watan, Maghreb Emergent et Huffington Post. Il a été interviewé entre autres par BBC Arabic, Al Jazeera, France 24 et RFI.

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    Tags : Algérie, Hamza Hamouchene, hirak, manifestations,

  • Abdelkader Mesli , l’imam Algérien qui a sauvé tant de juifs !

    En d’autres temps, Monsieur Zemmour aurait été sous l’autorité du bon vouloir de l’imam algérien Abdelkader Mesli, cet Imam qui sauva des centaines de juifs en délivrant des certificats de musulmans.

    Cela nous rappelle l’altercation verbale que ce dernier (Zemmour) eut à relever ou du moins le débat très animé qu’il eut avec le journaliste humoriste Yacine Bellatar qui lui assena un : « tu ressembles à mon oncle Mahmoud du bled ».

    Ainsi l’on apprend que l’islam est à l’origine du sauvetage de milliers de juifs et l’imam Abdelkader Mesli en fut un des artisans les plus assidus et des plus efficaces pendant que d’autres s’attachaient à collaborer : « on en a vendu du juif casher et pas cher n’est ce pas Marine ? »

    Nul besoin de dire qu’il en fut de même concernant la reconnaissance témoignée à l’égard de ces musulmans par les membres de la communauté juive, pire, nous avons affaire aujourd’hui à une matière grise qui fait de l’islam une obsession : du Fieklkraut et du Zemmour.

    Un Zemmour au faciès de maghrébin et aux idées prô-nazies, un auto mutilé du cerveau qui voue une passion folle à tout ce qui a trait à l’islam et aux musulmans. « Et si Monsieut Mesli n’existait pas, dis moi, comment Monsieur Zemmour existerait ! »

    Abdelkader Mesli , imam de son état, membre du rectorat de la mosquée de paris dès 1930, fut dénoncé à la Gestapo après avoir sauvé beaucoup de familles juives, il en paiera le prix en étant déporté à son tour dans des camps de concentration où il fut torturé sans jamais dénoncer ces familles qui avaient des noms à consonance séfarades.

    On appelait ces gens là, sauveurs, car il n’y a pas d’autres mots : les justes, à l’image de Schindler, mais point de Mesli, ni aucun nom de cette consonance parmi les 24355 justes.

    C’est en ouvrant une vieille valise que Mohamed le fils de feu l’imam Abdelkader Mesli découvrit des documents et des certificats de musulmans destinés surement à des familles juives avant son arrestation et Mesli ne serait pas le seul à avoir accompli un tel travail, des complicités musulmanes apportèrent leur contribution, sans jamais être reconnus entre 1939 et 1945 .

    Monsieur Mesli mourut en 1960 laissant son fils Mohamed alors âgé de 10ans.

    Ce dernier a confié cette valise aux archives où Monsieur Zemmour aura tout le loisir, peut être de consulter.

    Sait-on jamais, risque-t-il d’avoir des surprises, dans un monde où rien ne nous surprend vraiment.

    Rafik Djilali

    Algérie Breves News

    Tags : Algérie, juifs, holocauste, abdelkader Mesli, Finkielkraut, Zemmour, islamophobie,

  • Algérie : Pourquoi le mouvement populaire ne s’essouffle pas

    Les raisons d’une longévité

    Ils étaient nombreux à avoir fait un pari perdant, celui de l’essoufflement du mouvement populaire. Les millions de personnes sorties pour le treizième vendredi de suite apportent un cinglant démenti aux plus sceptiques. Le mouvement de contestation ne s’essouffle pas. Il se nourrit selon politologues et politiciens de l’effondrement du mur de la peur, du goût de la liberté et d’un rapport de force favorable à la rue.

    Nawal Imès – Alger (Le Soir)

    Ce deuxième vendredi de mobilisation en plein mois de Ramadhan avait, une fois de plus, valeur de test. Les millions de personnes qui sont sorties dans la rue l’ont réussi avec brio.

    Pourtant, il y a quelques semaines, la question était sur toutes les lèvres : le mouvement résistera-t-il aux contraintes imposées par le jeûne ? La mobilisation sera-t-elle toujours aussi forte ? Le doute n’aura survécu que très peu puisque la preuve de la bonne santé du mouvement a, une fois de plus, été donnée.

    Pour Abdelaziz Djerad, politologue, le maintien de la mobilisation, son ampleur et sa durée trouvent leur explication dans ce qu’il qualifie de « toile de fond » qui est la résultante de l’accumulation de crises et de problèmes n’ayant pas trouvé de solutions en temps opportun.

    Pour le politologue, cette situation n’a été rendu possible qu’après avoir franchi « le cap de la peur ». Il assure en effet que « le peuple et la société se sont soulevés de manière pacifique après avoir franchi le cap de la peur et ne veulent plus s’arrêter. Ils veulent un changement profond pour trouver des solutions et orienter le pays vers un système politique social culturel plus juste qui permettent aux Algériens de vivre dans un pays serein et visible ».

    Les millions de personnes qui sont dans les rues sont, dit-il, portées par « un espoir très fort et un sentiment très profond ». La preuve ? «Aucun problème de développement ou d’ordre social n’a été soulevé lors des marches parce que les Algériens savent que cela pourra être réglé plus tard.»

    Il y a, selon Abdelaziz Djerad, un autre aspect important. Nous assistons, dit-il, à l’émergence d’une jeunesse qui aspire à plus de modernité et à vivre mieux et qui ne veut plus se suffire des solutions individuelles ou du « chacun pour soi ».

    Ahmed Adimi, docteur en sciences politiques et porte-parole de Talaie El Hourriyet, évoque également ce mur de la peur qui s’est effondré. Il explique que « l’effet psychologique et la peur n’existent pas. Le peuple a goûté à la liberté et ne veut plus y renoncer. Il s’est approprié l’espace public pour imposer ses revendications d’une manière très civilisée. Ce peuple a conscience aujourd’hui qu’il est plus puissant que le pouvoir et ses instruments. Il ne se taira plus jusqu’au départ de toutes les figures du pouvoir ».

    Adimi ajoute que « la lutte continue. Le mouvement se porte bien. Le peuple ne recule pas en attendant que les revendications soient satisfaites. C’est le changement qui est réclamé. Il n’y a pas de pouvoir qui cède facilement mais le rapport de force est en faveur du peuple.

    C’est la première fois que le pouvoir se retrouve en position du donnant-donnant et c’est lui qui est forcé aujourd’hui de faire des propositions ».

    N. I.

    Tags : Algérie, Hirak, 13ème vendredi, manifestations, transition,

  • Le Maroc espionne l’Algérie via les réseaux sociaux et par satellite !

    Les services de renseignements marocains ont crée une nouvelle branche spécialisée dans l’espionnage des algériens, via les réseaux sociaux, dont le Facebook et le Twitter sont en tête de liste pour espionner l’Algérie.

    Le Maroc ne se lasse pas de s’équiper de nouvelles technologies pour connaitre et suivre de prêt l’orientation des algériens en termes d’affaires locales ou internationales, afin de l’exploiter dans les plans hostiles que le Makhzen trame contre l’Etat algérien, gouvernement et peuple. Les services algériens spécialisés dans la lutte contre le terrorisme et la cybercriminalité ont avorté une grande opération d’espionnage procédée par les services de renseignements marocains.

    Cette opération consistait à contrôler les commentaires postés par les algériens, ainsi leurs opinions culturelles et politiques . Le Maroc a signé l’année dernière un contrat avec la France portant sur la vente de deux satellites d’observation de type Pléiades en deux phases (1 + 1). La mission principale dévolue à ces satellites serait la surveillance des mouvements des troupes de l’armée algérienne. A cet effet,la presse algérienne a accusé le Maroc de vouloir espionner l’Algérie avec son satellite français et a indiqué que cette prétendue transaction, renforce encore plus, le global, l’ininterrompu et le multisectoriel, axe Rabat -Paris .

    Source: ALgérie360, 13 vr 2015

    Tags : Algérie, Maroc, espionnage, Facebook, réseaux sociaux, satellites,

  • Algérie : Ahmed Taleb Ibrahimi appelle à une solution de compromis

    AHMED TALEB IBRAHIMI APPEL À UNE SOLUTION DE COMPROMIS

    Mohamed K.

    Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre, Ali Yahia Abdennour, avocat et militant des droits humains, et Rachid Benyelles, général à la retraite, appellent, dans une missive rendue publique ce samedi, le commandement de l’ANP à nouer un dialogue « franc et honnête » avec des figures représentatives du mouvement citoyen (Hirak), des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent.

    Pour les signataires de cet appel, il faut « trouver, au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s’expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois ».

    Selon eux, l’impasse actuelle est porteuse de grands dangers qui s’ajoutent à une situation régionale tendue. « La situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet pour l’élection présidentielle ne pourra que retarder l’avènement inéluctable d’une nouvelle République. Car comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes alors qu’elles sont d’ores et déjà rejetées par l’immense majorité de la population parce que organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ? », s’interrogent-ils.

    Les trois personnalités plaident pour une période de transition de courte durée. Elles estiment que les manifestants, dont le nombre a atteint des sommets historiques, exigent maintenant l’instauration d’un État de droit et d’une véritable démocratie, « en passant préalablement par une période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années ».

    Taleb Ibrahimi, Yahia Abdennour et Rachid Benyelles rappellent que le 22 février 2019 les Algériens, « toutes classes sociales et tous âges confondus », sont sortis par millions dans les rues de l’ensemble des grandes villes du pays pour manifester pacifiquement, « crier leur colère et refuser l’humiliation, qu’un pouvoir arrogant et sûr de lui voulait encore leur faire subir en annonçant la candidature pour un cinquième mandat, d’un homme qui vit à l’état végétatif depuis cinq ans ».

    Les trois personnalités ont estimé que « les manifestations grandioses de ces treize dernières semaines ont forcé l’admiration du monde entier et nous ont rendu notre dignité trop longtemps bafouée, comme elles nous ont permis de recouvrer notre fierté d’appartenir à une grande nation. Elles auront également fortement contribué à renforcer l’unité nationale et la volonté du vivre ensemble, quelles que soient nos différences politiques, et nos sensibilités culturelles ou doctrinaires », ajoutent-ils.

    Pour rappel, Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et le général Benyellès avaient déjà signé par le passé une déclaration politique dans laquelle ils avaient souligné que Abdelaziz Bouteflika était invalide et incapable de diriger le pays, demandant sa démission immédiate. Cette déclaration a été diffusée au mois d’octobre 2017, un an et demi avant la fin du quatrième mandat.

    Les trois personnalités sont très proches sur le plan politique et intellectuel et sont connus pour avoir partagé les mêmes idées depuis le début des années 1990, avec le début de la crise et la décennie noire.

    Le Jeune Indépendant

    Tags : Algérie, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour, Benyellès, élections du 4 juillet, armée, transition, Hirak,

  • Algérie : Une profonde opération main propre

    Du jamais vu ! Prés d’une soixantaine de personnalités qui exerçaient de hautes fonctions dans l’Etat, il n’y a pas si longtemps, ont défilé devant la justice en une seule journée. Parmi elles figurent deux ex premiers ministres qui ont dirigé les gouvernements successifs de ces dernières années. Tout ce beau monde doit répondre de collision entre le politique et les oligarques qui ont pris une place plus que grande ces derniers temps et qui sont soupçonnés d’enrichissements illicites grâce justement à l’appui de ces responsables.

    Bien sûr, à ce jour, ces ex ministres et autres grands responsables sont convoqués en tant que témoins, mais rien ne dit qu’ils continueront (du moins pour une bonne partie d’entre eux) à pouvoir bénéficier très longtemps de ce statut et que fatalement ils doivent répondre de leurs actes et du degré de leur implication dans bon nombre de dossiers de corruption et de dilapidation du deniers publics.

    Mais à l’heure actuelle, il faut toujours garder en tête que la présomption d’innocence doit être de mise dans ce genre de cas, mais aussi, il faut que la justice passe et elle doit passer, et ce sera à elle seule de décider de la suite à donner à chacun de ces dossiers et à chacun de ces hommes cités dans ces affaires quel que soit leur statut.

    Ces bouleversements et ces grands moments d’histoire sont en réalité une conséquence directe de ce formidable mouvement populaire né un certain 22 février qui a changé bien des plans pré- établis et bien des passages en force qui ont été tués dans l’œuf et qui se sont anéantis un certain 02 avril avec la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.

    Ce sont là, certes, de grandes victoires du Hirak qui voit une importante partie de ses revendications satisfaites, mais il reste encore à trouver une sortie de crise consensuelle qui permettra au pays de concrétiser ce souhait d’édification d’une nouvelle république plus juste et démocratique où la voix et le pouvoir du peuple seront au dessus de toutes les autres considérations et où toutes les bonnes volontés et les bonnes énergies seront au service du développement du pays.

    Il s’agit de mettre fin à toutes les dérives auxquelles nous avons assistées ces dernières années et d’en finir une bonne fois pour toutes avec ces pratiques de corruption, de clientélisme et de passe droit et d’arriver à ce que chaque responsable sache une bonne fois pour toute qu’il est là au service du pays et du peuple uniquement et que l’Algérie n’est pas un bien privé où il peut se permettre tous les dépassements et les dérives jusqu’à appauvrir tout un peuple pour servir un clan.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune

    Tags : Algérie, corruption, armée, transition,

  • Algérie : Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et le général Benyelles refusent l’élection du 4 juillet

    Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et le général à la retraite Rachid Benyelles ont appelé « avec insistance« , ce samedi 18 mai, dans une déclaration commune publiée ce samedi matin sur le site électronique du journal « El Bilad » , l’état-major de l’armée nationale à ouvrir un dialogue « sincère et direct » avec les représentants du Hirak ainsi qu’avec les partis politiques et les « forces sociales » soutenant le mouvement populaire afin d’aboutir à une « solution politique consensuelle dans les plus brefs délais ».

    Dans le même texte (intitulé « un appel pour une solution consensuelle« ) les signataires se demandent « comment est-il possible d’imaginer l’organisation d’une élection libre et propre alors que la plus grande majorité du peuple la refuse parce qu’elle sera organisée par des institutions qui sont toujours gérées par des forces inaptes et qui sont contre un changement constructif?« .

    Le trio avait déjà lancé, ensemble, un appel (le 7 octobre 2017) pour exprimer leur refus d’un cinquième mandat de l’ex-président, Abdelazziz Bouteflika.

    Reporters

    Tags : Algérie, transition, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour, Rachid Benyelles, élections 4 juillet,

  • Algérie : Panique à bord

    « Moi qui craignait que cette mouvance, réputée particulièrement opportuniste, ne récupère le fantastique sursaut de notre magnifique peuple, voilà qui me rassure, en partie, par rapport à ces appréhensions. Djaballah et Mokri, de même que leurs plus fidèles lieutenants, vont ainsi de révélation en révélation, et de crasse en crasse, révélant au grand jour de quels genres de basses oeuvres ils sont capables pour accéder au pouvoir ».

    Par Mohamed Abdoun

    Sentant, sans doute, l’étau se resserrer sur eux dans le cadre de l’affaire dite « Toufik- Tartag et Saïd Bouteflika », les islamistes sont en train de s’entre-déchirer, et de laver leurs linge sale, particulièrement sale il faut le dire, en public. Cela n’est pas pour me déplaire, je dois le confesser.

    Moi qui craignait que cette mouvance, réputée particulièrement opportuniste, ne récupère le fantastique sursaut de notre magnifique peuple, voilà qui me rassure, en partie, par rapport à ces appréhensions. Djaballah et Mokri, de même que leurs plus fidèles lieutenants, vont ainsi de révélation en révélation, et de crasse en crasse, révélant au grand jour de quels genres de basses oeuvres ils sont capables pour accéder au pouvoir.

    En écoutant parler Abderrezak Mokri, président du MSP, ce lundi, lors de son passage par le forum d’El Moudjahid, on a peine à croire que l’on vit au XXI siècle, que nous sommes en démocratie, et que l’ensemble des libertés collectives et individuelles sont scrupuleusement garanties et protégées par la constitution.

    Mokri, en effet, a montré une mine pathétique en tentant de justifier les rencontre qu’il aurait eu avec le frère-conseiller du président, en dépit du fait que cela ait eu lieu au siège-même de la Présidence, que Bouteflika était encore en poste, et que ce genre d’activités n’avaient absolument rien d’illégal.

    Plus grave encore, avec sa risible manière de changer de fusil d’épaule, Mokri, qui n’avait jamais évoqué ces rencontres avant que les réseaux sociaux ne le dénoncent et ne les rendent publiques, a prêté allégeance au chef d’état-major, bien avant l’institution militaire elle-même, en soulignant qu’il aurait insisté sur le fait que sa proposition, ou bien celle de Saïd Bouteflika, soumise aux représentants de la classe politique, devait être également présentée à Gaïd Salah, et que celui-ci donne son accord.

    Poussant encore plus loin sa flagornerie, il est allé jusqu’à prétendre avoir insisté pour rencontrer personnellement Gaïd Salah et entendre de sa propre bouche qu’il était d’accord avec cette démarche.

    Mokri, qui donne l’air d’être terrifié à l’idée d’être convoqué à son tour, et même d’être mis au arrêt au même titre que Louisa Hanoune, ne sait franchement plus où donner de la tête, ni quels arguments développer.

    A l’entendre parler, en effet, il ne se contente pas d’inverser les valeurs, en plaçant l’institution militaire au-dessus de l’institution présidentielle.

    En effet, il accorde à la première nommée le droit de faire de la politique, et même d’avoir le dernier mort, alors que cela contredit l’esprit et la lettre de la constitution algérienne.

    Mokri, sans doute aveuglé par sa peur-panique, ne se rend sans doute pas compte des graves contradictions dans lesquelles il s’est empêtré en tentant de s’en sortir à bon compte.

    Sachant, ses propres aveux, qu’il a été au centre de cette affaire, ou de ce complot, il serait normal que la justice militaire le convoque à son tour, et même qu’elle le mette aux arrêts puisqu’il donne l’air d’avoir joué un rôle autrement plus important que celui de Louisa Hanoune. Il serait également bon que l’on nous éclaire une bonne fois pour toute sur la nature ainsi que les tenants et aboutissants de ce complot, afin que chacun puisse enfin se faire une opinion tranchée en son âme et conscience.

    La Tribune des Lecteurs, 17 mai 2019

    Tags : Algérie, transition, islamistes, Tartag, Bouteflika, Toufik, Mokri,