Catégorie : Algérie

  • Algérie : L’apport des femmes dans le mouvement national de la Révolution – Edification du mouvement national algérien : les oubliées de l’histoire (Exrait Revue Babzman)

    L’histoire de l’Algérie contemporaine a été écrite par des hommes et – nous l’oublions souvent – par des femmes. Elles étaient minoritaires, durant la période qui a précédé le déclenchement de la guerre de Libération mais leurs actions ont été remarquables.

    Par Tarek Hafid

    Elles s’appellent Aldjia, Mamia, Emilie, Nafissa, Fatima et Isa. Des femmes qui ont fait le choix de s’engager en politique durant la première moitié du XXe siècle. Elles ont participé à l’édification du mouvement national algérien, devenant ainsi les premières vraies héritières de la résistante Lalla Fatma N’soumer.

    Ces femmes avaient pour dénominateur commun l’amour de l’Algérie, la jeunesse et la volonté de démontrer qu’elles sont capables de s’affirmer autant que les hommes en politique.

    Emilie, l’anarchiste

    Pourtant, une des premières militantes à lutter contre l’administration coloniale n’était pas algérienne mais française. Fille d’un mineur lorrain, Emilie Busquant a été l’épouse de Messali Hadj, un des pères du mouvement national algérien. Ses biographes la présentent comme une «militante anarcho-syndicaliste, féministe et anticolonialiste».

    Douée d’une grande culture politique, elle a joué un rôle important dans la création de l’Etoile Nord-Africaine, première grande formation algérienne porteuse de revendications indépendantistes. Emilie Busquant est également présentée comme étant la créatrice du drapeau algérien que nous connaissons aujourd’hui. L’emblème avait été présenté en 1934 à des cadres de l’Etoile Nord-Africaine lors d’une réunion tenue au domicile des Messali à Paris. Emilie Busquant décède en 1953, soit une année avant le déclenchement de la Révolution. Son engagement a permis d’ouvrir la voie à d’autres femmes.

    Les six pionnières

    Dans son livre Des Femmes dans la guerre d’Algérie, Danièle Djamila Amrane-Minne explique que durant les années quarante et cinquante, les femmes algériennes «sont absentes de la vie politique». Seul le Parti du peuple algérien, formation fondée par Messali Hadj après l’interdiction de l’Etoile Nord-Africaine, intègre des femmes dans ses structures. «Le PPA a attiré l’élite intellectuelle féminine. En 1946, de jeunes enseignantes et étudiantes adhèrent à ce parti. Cependant, elles ne militent pas avec les hommes. Alger en compte cinq à la fin de cette même année. Conscientes que leurs actions doivent être dirigées vers les femmes, et profitant de l’ouverture du mouvement nationaliste à la légalité, elles imposent, en 1947, la création d’une Association des femmes musulmanes d’Algérie (AFMA). Il leur est plus facile dans ce cadre légal, et uniquement féminin, de toucher les femmes mais leurs activités deviennent surtout socioculturelles», écrit Danièle Djamila Amrane-Minne. L’auteure cite des statistiques du ministère des Anciens Moudjahidine de 1978 : «Sur les 10 949 anciennes combattantes enregistrées, seules 6 ont eu une activité politique avant la guerre.» Il faut cependant reconnaître que l’exclusion n’était pas uniquement le fait des nationalistes algériens, elle était également provoquée par les autorités françaises qui voyaient d’un mauvais œil l’émancipation des femmes.

    Briseuses de tabous

    Dans ce club très restreint figurent des femmes qui ont eu la chance de suivre des études supérieures. Aldjia Benallegue-Nourredine et Nafissa Hamoud ont brisé une série de tabous en devenant docteur en médecine. A la Faculté d’Alger, il y avait très peu d’étudiants «indigènes», alors des étudiantes ! Toutes deux étaient militantes du Parti du peuple algérien au début des années 1940. Elles se sont également impliquées activement sur le terrain, notamment lors des manifestations qui ont conduit aux massacres des civils en 1945.

    Première femme médecin d’Algérie et d’Afrique, Aldjia Benallegue-Nourredine a montré une abnégation sans faille dans le combat qu’elle a mené sur le terrain politique. Vice-présidente du Comité de soutien à l’étudiant maghrébin, elle avait prononcé un discours ouvertement indépendantiste lors d’une réunion à laquelle ont participé plusieurs cadres du Parti du peuple algérien, en faisant référence «au drapeau algérien et à sa flamme sacrée qu’est la jeunesse» ! Les paroles, prononcées en public et reprises par la presse algéroise, avaient provoqué l’étonnement de M’hamed Yazid et de Cheikh Ibrahimi, présents dans la salle.

    Durant la guerre de Libération, aux côtés de son époux, le pharmacien Abdelkrim Benallegue, elle a alimenté les maquis de l’Armée de libération nationale en médicaments et produits pharmaceutiques. Menacée par les ultras de l’Algérie française, elle a dû quitter l’Algérie jusqu’à l’indépendance du pays. Durant les années 1960, elle initie le service de pédiatrie de l’hôpital Parnet d’Alger, établissement qui porte depuis 2002 le nom de sa consœur et militante Nafissa Hamoud.

    Connue à travers le monde pour ses travaux sur la santé de l’enfant, Aldjia Benallegue-Nourredine est décédée comme elle a vécu : dans la plus totale discrétion. Elle a passé les dernières années de sa vie auprès de sa fille en Syrie. Le professeur Benallegue a rendu son dernier souffle le 31 décembre 2015 à Tartous, où elle a été inhumée.

    En participant activement à l’édification du mouvement national algérien, ces femmes – héritières de Lalla Fatma N’soumer – ont permis à des milliers de combattantes de prendre part à la guerre de Libération. Mais à l’indépendance, les moudjahidate ont été les premières victimes «politiques» du système qui s’est installé dès 1962.

    A part quelques sièges à l’Assemblée constituante (seulement 10 sur les 195), elles n’ont eu accès à aucun poste politique. Aucune n’a réussi à obtenir le statut d’officier de la jeune Armée nationale populaire. Pas une seule gradée dans les rangs, alors que nombre d’entre elles étaient, armes à la main, dans les maquis, au sein des structures combattantes de l’OCFLN et des cellules d’espionnage du MALG. Comme une victoire qui laisse un goût amer de défaite.

    T.H.

    Babzman, 7 mars 2017

    Tags : Algérie, Guerre d’Algérie, FLN, Bataille d’Alger,

  • Dossier DGED (5) : Mohamed VI paye une société d’intox en France pour salir l’image de l’Algérie

    Le hacker marocain Chris Coleman a levé le voile, cette semaine, sur une partie de la stratégie mise en place par le Makhzen pour salir l’image de l’Algérie. Pour atteindre leur objectif, les services secrets marocains se servent d’une partie de l’argent que leur rapporte le business de la drogue pour rémunérer gracieusement des sociétés de conseil en lobbying auxquelles il est demandé de mener des campagnes hostiles à l’Algérie.

    En France, la DGED (service marocain pour le renseignement extérieur) traite depuis des années avec la société «Communication & Institution». Cette boîte se trouve au 105, boulevard Haussmann, à Paris, et est dirigée par Olivier Le Picard et Gaetan De Royer. La complicité entre les deux parties est aujourd’hui telle que Communication & Institution est, pour ainsi dire, devenue un pendant des services spéciaux marocains.

    Cette société sert, en effet, depuis plusieurs années de couverture aux activités de la DGED marocaine en France, activités dirigées essentiellement contre l’Algérie et le Polisario, sous forme de campagnes médiatiques hostiles. Olivier Le Picard et Gaetan De Royer recevaient leurs directives de Mourad El-Ghoul, Mohamed Bellahrach, Laarbi Bouchaara, Youness Idrissi ainsi que de Salem Mrani, tous des cadres des services spéciaux marocains.

    Document à l’appui, Chris Coleman mentionne que «les responsables de cette société travaillent depuis 2005 directement avec la DGED sous les clauses d’un contrat appelé “Programme de communication institutionnel en France pour le royaume du Maroc”». Le hacker marocain ajoute que des documents récupérés dans une des boîtes mails, utilisées par Mourad El-Ghoul, chef de cabinet du tortionnaire Yassine Mansouri, ont permis d’apprendre que «Monitoring sur l’Algérie» est en réalité le nom de code donné par la société de lobbying Communication & Institution au travail visant à déformer l’image de l’Algérie et du Front Polisario et édulcorer celle du Maroc en France et ailleurs.

    A leurs heures perdues, Olivier Le Picard et Gaetan De Royer s’acquittent de diverses autres tâches au profit des services marocains. Ils assurent le monitoring presse (alertes, commandes de vidéo et pages de textes), la réalisation de sondages et la tenue d’une revue de presse quotidienne. Comme l’argent de la drogue coule à flots au Maroc, les deux lascars français touchent régulièrement des sommes faramineuses. «A l’instar de tous les Français qui faisaient du lobbying pour Mohammed VI, ils étaient récompensés aussi avec de luxueux appartements dans des tours dans les villes touristiques du Maroc où ils pouvaient, en toute liberté, s’adonner aux pratiques interdites à l’Hexagone (tourisme sexuel entre autres)», révèle Chris Coleman.

    Le hacker marocain, outré par les pratiques moyenâgeuses que le Makhzen fait subir au quotidien aux Marocains, ajoute qu’Olivier Le Picard et Gaetan De Royer étaient également «invités à participer aux festivités du trône, aux rendez-vous sportifs tels que les Trophées de golf Hassan II ainsi qu’aux festivals de cinéma de Marrakech où ils étaient logés dans les hôtels les plus huppés du royaume».
    Khider Cherif

    Algérie Patriotique

    Tags : Maroc, Algérie, DGED, Makhzen, lobbying, Communication & Institution, Olivier le Picard, Gaetan de Royer, Sahara Occidental, Polisario,

  • En Europe, les marocains se font passer pour algériens pour salir l’image du pays voisin

    Par Moustafa El Harrachiya(*)

    Les marocains mènent une campagne de désinformation sans précédent contre l’algérie et les algériens. Dans tous les pays où les algériens sont très minoritaires voire en nombre dérisoire (USA, BELGIQUE, PAYS-BAS, ALLEMAGNE, ESPAGNE etc.. ), ils dénigrent notre histoire et notre culture. Tous nos héros nationaux (Emir Abdelkader, Tarek Ibn Ziad, Bouamama…) sont marocains ou d’origine marocaine.

    Pour se donner de l’importance et une grandeur qu’ils n’ont jamais eue, ils disent que l’Algérie était sous domination marocaine et que c’est la France qui a spolié le royaume de ses territoires algériens. (Eh oui, il faut le faire et être vraiment éhonté pour oser dire ça). Ils disent que le sahara occidental était aussi spolié par les espagnoles et qu’il appartenait à ce soi-disant royaume fantomatique marocain.

    Sur le plan culturel, alors là ils y vont très fort. Ecoutez bien: ils disent que le Raï est d’origine marocaine, el Andalous aussi. Ils disent que toute la musique algérienne s’inspire de la culture marocaine, sans elle on est rien. Khaled, Hasni, Reda, Taliani, Bilal deviennnent tous marocains ou d’origine marocaine. Nouri Kouffi, est un voleur des succès marocains dont « jay à la aoudou ».

    Du coup, les marocains nous ont appris dzeghride (les youyous), ils nous ont ramené le burnous (eh oui les deux symboles de l’Algérie deviennent marocains), le couscous est né à Oujda (et non pas à Blida par Jean Baptiste Ferrero en 1835 qui découvrit le ksouksou), la merguez est en passe de devenir marocaine, comme Hamoud Boualem.

    Nos patisseries fines commencent à devenir d’origine marocaine. LES MAROCAINS SONT EN TRAIN DE NOUS VOLER TOUT CE QUI FAIT NOTRE FIERTE ET NOTRE HISTOIRE. Par ailleurs, tous les délinquants et tout comportement incivique des marocains se fait sous le sceau algérien. Ils nous salissent en se faisant passer pour nous. Beaucoup de citoyens des pays que j’ai cité plus haut, pensent que l’algérien est dangereux non pas parce qu’ils ont eu affaire à nous mais à des marocains vicieux qui se font passser pour nous! Ils communiquent et désinforment d’une manière organisée et coordonnée.

    Aux autorités algériennes et aux algériens de mener une contre-offensive, en dénonçant ouvertement les sales manoeuvres marocaines. Que les ambassades soient informées de cette imposture. Les algériens à l’étranger ne sont pas visibles contrairement aux idées reçues car ils s’intègrent facilement aux populations locales du fait de leur degrés appréciable de leur instruction, ce qui n’est pas le cas des marocains qui vivent en communauté et d’une manière très archaïque comme des bergers.

    Pire encore, TOUS les algériens qui ont lié une relation amicale avec les marocains ont été TRAHIS. Les hommes qui ont épousé des marocaines et qui ont des biens, sont pour la plupart malades et décèdent en léguant leur biens à leur épouses du makhzen.

    Mes sources? Des diplomates algériens qui ont gardé les doléances des algériens vivant à l’étranger. Un exemple, regardez comment Amelle Chahbi, cette marocaine qui se grime en femme kabyle, qui se fait passer pour une algérienne, pour nous déshonorer.

    Si j’écris ce message c’est que le moment est grave et que si nous ne faisons rien, les marocains nous détruiront que par la communication. Ils sont persuadés que les mensonges d’aujourd’hui deviennent une vérité demain. Alors répondez du tac au tac à leur mensonge et remettez les à leur place de bergers éhontés et vassaux. Laissons-les adorer et se prosterner pour leur roi, nous notre Dieu est l’unique soubhanou et qu’à lui seul nous nous prosternons. Eux ils sont maudits, nous, nous sommes bénis!

    (*) Toute opinion n’engage que son auteur

    Tags : Maroc, Algérie, couscous, Maghreb,

  • ALGERIE: VOX POPULI, VOX DEI

    M’hamed Khodja

    Le divorce semble définitivement consommé entre le peuple et ses gouvernants. Si ces derniers se drapent dans les oripeaux d’une Constitution faite sur mesure et qu’ils manient à leur guise pour poursuivre leur feuille de route, les manifestants leur opposent l’éclatante volonté populaire avec un seul mot d’ordre : qu’ils partent tous, « Yetna7aw ga3 » !

    Ce bras de fer ne se suffit-pas de demi-mesures ou de compromis qui ressembleraient plus à des compromissions. Le décalage entre la volonté populaire et la stratégie du « régime » est sans appel, la première forte d’une légitimité unique dans les annales politiques algériennes car unanime et créant le moment fondateur d’un nouveau contrat social, national, populaire et sans exclusive, tandis que le second, relégué par la dynamique des événements qui se succèdent depuis le 22 février, à un pouvoir de fait, un « régime » illégitime qui semble jouer la montre afin de trouver la parade pour se régénérer.

    Le discours du chef d’état-major de l’ANP Ahmed Gaïd Salah, qui s’est positionné d’une manière spectaculaire le 2 avril aux côtés des aspirations populaires, reprenant la phraséologie et les arguments du « hirak », surtout la notion de « clique mafieuse », « 3issaba », a certes précipité la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Il a surtout donné l’impression d’une communion entre l’institution militaire et le peuple, un retour au slogan « armée-peuple : frères », « Djeïch-Chaab : khawa-khawa ».

    Ce discours était « le » moment fondateur, ou censé tel, d’une compréhension et d’une prise en charge des revendications populaires par la seule institution de l’Etat dont la légitimité a été portée au zénith par le « hirak ». L’intelligence collective qui, a élaboré des revendications simples mais très sophistiquées en termes de représentation et de scénarisation des slogans continue, malgré la démission de Bouteflika, d’exiger le départ des « 4B ».

    Le quatuor Bensalah-Belaïz-Bedoui-Bouchareb, tous, responsables désignés, non issus du suffrage du peuple, doivent, selon la Constitution de 2016, piloter la période post-démission de l’ancien chef de l’Etat jusqu’à l’élection d’un nouveau président durant les 90 jours. Ce que le peuple a évacué d’un revers de main avec le slogan « les 4B : dégage » !

    Et c’est justement là que le décalage entre les attentes des uns et les attitudes des autres s’est installé d’une manière durable. Avec l’application de l’article 102 dans son acception la plus stricte, le peuple algérien, et avec lui son armée, se sont retrouvés comme piégés par une dynamique qui leur impose au moins deux des quatre B ! Ainsi, Abdelkader Bensalah est passé automatiquement de la présidence du sénat à celle de l’Etat. Et conformément à l’article 104, Noureddine Bedoui, le Premier ministre nommé par l’ancien président demeurera en fonction jusqu’à l’élection du successeur de Bouteflika.

    Ahmed Gaïd Salah s’est-il plaint de cet état de fait dans son discours du 10 avril, ou conforte-t-il l’idée que sa préférence va au respect strict des modalités qui découlent de la Constitution ? Peut-être les deux à la fois ! En se conformant à la Constitution, Gaïd Salah déçoit plus qu’il ne conforte le « hirak ».

    Pour Fateh Khenenou, enseignant à l’Ecole nationale supérieure de sciences politiques d’Alger, il y a « une crise de confiance entre le pouvoir en place et le hirak ». Les clés de compréhension de cette crise de confiance sont simples selon notre interlocuteur : « Le pouvoir n’a pas compris qu’il y a transformation dans le processus de légitimation : nous sommes passés de la force de la loi à la force de la rue. Celle-ci refuse les thèses du pouvoir qui se fonde sur le droit constitutionnel pour imposer la solution préconisée par l’article 102. »

    Ainsi, « cette mobilisation sociale, ce hirak populaire, constitue une force sociétale qui s’exprime par millions, ce qui démontre que l’Algérie vit une période de changement social radical. Le peuple refuse de dialoguer avec le pouvoir auquel il récuse la solution de sortie de crise (la constitution actuelle), tout en lui opposant une nouvelle vision qui s’inspire des articles 07 et 08 », précise Fateh Khenenou.

    C’est donc le retour à la notion de peuple, source du pouvoir, qui constitue la pierre d’achoppement dans la crise politique que traverse le pays. Le refus des symboles du pouvoir, passés et/ou présents est consubstantiel à la volonté de changement radical de système politique.

    L’éradication de la « clique mafieuse » est loin d’être une réalité et les mécanismes actuels de sortie de crise tels que proposés par le régime sont perçus plus comme les leviers actifs d’une contre-révolution en marche. Plus qu’un décalage, c’est une rupture historique qui s’opère entre le peuple et ses gouvernants, qualifiés d’illégitimes. Ces derniers feignent d’oublier l’adage qui glorifie le magistère du peuple : Vox Populi, Vox Dei, le voix du Peuple est la voix de Dieu.

    Le Jeune Indépendant, 14 avr 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition, article 102,

  • Algérie: Bensalah, le rejet!

    Nouvelle mobilisation à valeur référendaire contre le président par intérim et son plan de sortie de crise : Bensalah, le rejet !

    Huitième vendredi de mobilisation des citoyens à Alger et à travers le territoire national depuis le déclenchement du mouvement populaire le 22 février dernier. Rejetant de fond en comble les propositions de sortie de crise du gouvernement, y compris l’annonce faite par le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, sur l’organisation de l’élection présidentielle le 4 juillet prochain, les manifestants restent catégoriques en exigeant le départ de tous les symboles du système.

    Hier encore, ils étaient des centaines de milliers à envahir les rues de la capitale face à un dispositif sécuritaire renforcé. Bien que l’ensemble des accès menant à la capitale ait été bloqué la veille par des barrages de la Gendarmerie nationale, la mobilisation a été très forte dès la matinée.

    D’ailleurs, la densité de la foule a contraint les forces de l’ordre à plus d’une reprise de faire marche arrière et céder. Hommes, femmes et même enfants ont été de la partie scandant en chœur « Bensalah dégage», «Gaïd dégage», «Dégagez tous» et «Vive l’Algérie».

    Sur les pancartes arborées par les manifestants, on pouvait lire des messages accusant Gaïd Salah d’avoir lâché le mouvement populaire. «Nous sommes arrivés à la mi-temps mais Gaïd a vendu le match », tandis que d’autres appellent Bensalah à présenter sa démission. Lassé par ce qu’il qualifie de «manœuvres du gouvernement», le peuple n’a jamais été aussi clair qu’hier.

    Au tunnel des facultés, ils étaient des milliers à scander en boucle «partez tous». Les manifestants, déterminés à aller jusqu’au bout, ont appelé hier à la mise en place d’une période de transition avec de «nouvelles têtes» rejetant ainsi toute solution constitutionnelle. Sur certaines pancartes, des manifestants ont appelé à l’application des articles 7 et 8 de la Constitution mais aussi la dissolution du Parlement « de la honte».

    Même si l’humour est toujours de mise, la colère et le ras-bol des citoyens étaient hier bien palpables surtout que le gouvernement «s’obstine», selon les protestataires, à exécuter sa feuille de route en dépit de la contestation populaire.

    Les forces de l’ordre, visiblement dépassées et ne pouvant contenir la marée humaine qui déferlait sur Alger-Centre, n’ont pas hésité à user des canons à eau pour disperser les marcheurs.

    Les manifestants, qui ont préservé le caractère pacifique de la marche, se sont montrés très résistants et ont refusé de céder. Cependant, des informations relatives à des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, faisant même état de blessés, n’ont cessé de circuler sur les réseaux sociaux et sites d’information.

    Plus tard, dans la journée, la police, qui s’est défendue d’avoir réprimé les manifestants, a annoncé l’arrestation d’un groupe de criminels qui s’apprêtait à attaquer les marcheurs. Dans un communiqué divulgué hier, le Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a indiqué que des étrangers venus pour attiser les tensions et pousser les jeunes Algériens à recourir à des formes d’expression radicale durant les marches populaires, que connaît le pays depuis le 22 février dernier, ont été interpellés.

    Cependant, aux alentours de 17H, c’est un groupe de casseurs qui s’en est pris aux forces de l’ordre sur les hauteurs d’Alger. Cette fois, ce sont les jeunes du quartier qui se sont interposés pour maintenir l’ordre.

    « Vive l’Algérie »

    A Tizi Ouzou, ni le ciel gris ni le discours ferme de la veille de Gaid Salah n’ont dissuadé le peuple à investir la rue. Une véritable marée humaine de femmes et d’hommes, était plus que jamais déterminée à ne céder aucune de ses exigences. Une détermination perceptible à travers des slogans « Nous marcherons jusqu’à la victoire », « Nous refusons de plier ! ». « Nous (le peuple) sommes unis, vous êtes finis ! », lit-on sur des cartons brandis au-dessus des têtes.

    Et puis, il y a ces slogans qui constituent une réponse aux déclarations du chef de l’Etat, A. Bensalah et du général-major Gaid Salah, chef des armées, deux personnages qui semblent cristalliser la colère de la rue qui tient toujours au « dégagisme » brandi contre tous les hommes qui représentent le système : « Yatnahaw ga3 », « Non au clonage du système ! » tranchent de nombreux marcheurs. «Ulac lvot (pas de vote)», ont scandé d’autres qui ont également exprimé leur rejet la présidentielle annoncée pour le 4 juillet prochain par Bensalah.

    Certains manifestants ont tenu à rappeler à Gaïd Salah que les exigences du peuple ne sont pas contraignantes (allusion à la formule puisée dans son discours de mardi dernier, à Oran). « Aucune Constitution ne peut s’élever au-dessus de la volonté du peuple !», a-t-on lu encore sur des affiches.

    A Bouira, ils étaient des milliers à battre le pavé. Venus de toutes les localités de la wilaya, les manifestants, ont à l’unanimité, rejeté la « nouvelle offre » des tenants du pouvoir quant à l’organisation d’une élection présidentielle prévue pour le 4 juillet prochain. Le rejet du peuple a été exprimé à travers des slogans portés sur des pancartes et banderoles brandies par la foule tout comme les marcheurs ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place : «FLN dégage !»,

    «Y en a marre de ce pouvoir. Libérez l’Algérie. Le peuple veut la chute du régime » ou encore les traditionnels « Pouvoir assassin » et «Ulac Smac Ulac». Néanmoins, des manifestants ont déployé des pancartes et slogans hostiles au général de corps d’armée, Gaïd Salah : « No to military Rule ». La procession s’est déroulée dans le calme et aucun incident n’a été constaté. Par ailleurs, et contrairement aux vendredis passés, la circulation automobile a été fortement perturbée sur le tronçon autoroutier allant vers Alger. Plusieurs barrages filtrants de la Gendarmerie nationale ont été mis en place, près de Lakhdaria et à la sortie des tunnels de Bouzegza, ont fait savoir des citoyens.

    « Transition sans Bensalah »

    A Boumerdès, des milliers de citoyens sont sortis en masse pour exiger un changement radical du système. Tout en dénonçant les manœuvres du pouvoir pour faire perdurer le système en place, les citoyens rejettent les hommes du système qui sont toujours aux commandes du pays. « C’est le peuple qui doit mener la transition et non les hommes du système et encore moins Bensalah, Bedoui et Belaïz », criaient les manifestants.

    A Annaba, malgré les pluies torrentielles qui se sont abattues, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé sous leurs parapluies pour faire entendre leur voix. Ils ont refusé en bloc les «solutions constitutionnelles» proposées par un chef d’Etat jugé « illégitime» et approuvées par le général du corps de l’armée et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah. «Bensalah, dégage», «Gaïd Salah dégage», «système, dégage», ont-ils scandé. Sur les banderoles et pancartes on pouvait lire des slogans hostiles à Bensalah et Gaïd Salah ainsi que d’autres qui exigeaient au chef d’état-major de tenir parole et d’exécuter la volonté populaire.

    «Nous disons au chef d’état-major : soit le peuple ou le clan, il faut faire un choix», pouvait-on lire sur une énorme banderole. Le peuple fait tout de même la différence entre l’institution militaire et celui qui la dirige : «Ni peur, ni terreur ; l’armée appartient au peuple», pouvait-on lire sur une autre banderole. Pour la huitième semaine consécutive, les manifestations ont gardé leur caractère pacifique.

    A Constantine, la pluie n’a pas dissuadé également les centaines de milliers des « habitués » des sorties de s’abstenir de manifester. Les revendications ont été bien sûr actualisées en fonction des annonces de Gaïd Salah, celles des autres, étant d’ores déjà rejetées. Les Constantinois ont donc mis en avant les revendications de tous les Algériens en exigeant, comme vendredi dernier, le « dégagement » des trois « B », et le refus d’aller à des élections organisées par les mêmes acteurs « faussaires » d’hier. De leur côté, les femmes ont fait démentir les actes d’agression verbales à leur encontre, en formant des carrés 100% féminin, où elles ont pu exprimer leurs courroux envers « ceux qui ne veulent pas comprendre ».

    A Bordj Bou Arréridj, l’acte VIII du mouvement de protestation a encore drainé des centaines de milliers de manifestants. Toujours dans la même ambiance festive, les marcheurs ont sillonné des kilomètres en scandant des slogans à la gloire de « fakhamatouhou le peuple » et hostiles à « la bande». Des fresques aux couleurs vives ont été érigées, mais aussi des graffitis et des portraits en caricature, tirés à l’effigie des « 3 B» n’ont laissé personne indifférent. Et en fin de marche, les manifestants se sont dispersés en se donnant rendez-vous à vendredi prochain ou dès que de besoin.

    Et de huit à Mila aussi ! Les habitants ont encore marché brandissant des banderoles hostiles à Bedoui, Belaïz, Bensalah et au FLN et clamant haut et fort leur animosité au pouvoir « illégitime » en place. « Nous avons marché, nous marchons et nous marcherons encore » est la devise de tous les marcheurs. Jeunes et vieux, hommes et femmes jurent par Allah de ne s’arrêter de marcher que le jour où les hommes du système disparaîtront des sphères d’El Mouradia. « Yatnahaw gâa », «Ils partiront » et « nous vaincrons » sont les mots d’ordre des marcheurs.

    « C’est le peuple qui doit mener la transition »

    Même topo à Oum El Bouaghi. «Transition sans Bensalah», «Souveraineté par le peuple», «Système dégage» et «transition sans les 4 B» sont entre autres les slogans entonnés par les milliers de manifestants venus de plusieurs coins de la wilaya pour signifier le rejet de la nomination de Abdelkader Bensalah comme chef de l’état pour une période de 90 jours.

    A El Tarf, les manifestants plus nombreux que les autres vendredi criaient haut des slogans hostiles au régime et brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Pas d’élection avant le départ des trois B», «L’application des articles 7 et 8», «Jich Chaâb, Khawa khawa. «Vingt millions d’Algériens vous demandent de partir. Partez avec dignité. Vous vous accrochez à la Constitution. Vous ne l’avez jamais respectez », a-t-on entendu. «On ne peut organiser des élections propres et honnêtes avec les mêmes figures de l’ancien système», ont ajouté d’autres manifestants.

    Pour ce huitième vendredi consécutif, les manifestants ont aussi dénoncé la répression des jeunes étudiants à Alger à Tlemcen, c’est un véritable tsunami. « Dégage Bensalah ! » et autres slogans hostiles étaient scandés haut et fort par les milliers de manifestants lors de l’imposante marche de ce 8e vendredi décisif. « Gaïd Salah a tourné le dos au peuple » est la sentence populaire exprimée par la foule à cette occasion, à la suite du dernier discours du chef d’Etat-major prononcé à Oran. «B+B+B= élections truquées », assorti de « 4 Juillet= deuil national », étaient brandis sur des pancartes. « Bled bledna, wa dirou raïna » était également le slogan favori des marcheurs qui réclamaient le départ de la « içaba » pour une vie meilleure en Algérie.

    A Sidi Bel Abbès, les Bélabessiens sortis dans la rue ont également manifesté contre le pouvoir actuel et exigé le départ du chef d’Etat par intérim Bensalah, ainsi que celui du Premier ministre Bedoui. Même cas de figure à Ouargla où les manifestations contre le « système » se poursuivent et s’intensifient. Les habitants descendus dans la rue ont rejeté la feuille de route du gouvernement et appelé Bensalah et Bedoui à partir. Ils ont appelé à l’application des articles 7 et 8 de la Constitution qui donnent le pouvoir au peuple. A Ghardaïa, ils étaient des milliers de personnes pour rejeter toutes les figures du système, particulièrement Bensalah, le nouveau chef d’Etat par intérim.

    Reporters.dz, 13 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, artile 102, régime, Gaid Salah, Bensalah,

  • Algérie : Et maintenant, après le huitième vendredi de mobilisation?

    Oui et maintenant que le peuple algérien est sorti massivement dans toutes les willayas du pays pour dire bruyamment son rejet de Bensalah comme Président, Bedoui comme Premier ministre et naturellement l’élection présidentielle qu’ils prévoient pour le 4 juillet prochain ?

    Le verdict rendu hier par des millions de citoyens sur un ton ferme mais dans une ambiance pacifique, ne fait pas l’ombre d’un doute. Plus que jamais, les algériens ne s’inscrivent plus dans l’agenda du pouvoir fut-il soutenu par l’état-major de l’armée.

    Pour la huitième fois de suite, la mobilisation citoyenne ne faiblit pas malgré la fermeture des «frontières» de la capitale aux manifestants en provenance d’autres régions du pays.

    La répression policière à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau, le quadrillage de tous les accès à Alger ainsi que le filtrage de tous les axes routiers et autoroutiers n’ont pu entamer la volonté des centaines de milliers de personnes à forcer le barrage.

    Et comme il fallait s’y attendre, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaid Salah qui a soutenu l’option Bensalah en tournant le dos aux revendications du peuple, a été copieusement arrosé de slogans hostiles. «Les généraux ne représentent pas l’armée ! » proclame notamment une banderole, avec la photo de Gaid Salah barrée du rouge, et bien en vue devant la Grande Poste.

    Mais c’est le nouveau chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah qui a ravi la «vedette» en termes de noms d’oiseaux et autres quolibets. Il était aisé de saisir politiquement le message du peuple algérien au-delà des foules qui étaient au rendez-vous.

    La feuille de route déclinée autour des trois «B» Bensalah, Bedoui et Belaiz soutenu par Gaid Salah pour mener la transition politique est perçue par les manifestants comme un recyclage du Bouteflikisme sans Bouteflika.

    L’immense mobilisation constitue déjà une réponse claire que le peuple est déterminé à ne rien lâcher tant que les trois «B» trônent à la tête des institutions.

    De fait, la seule voie constitutionnelle choisie par le chef de l’armée pour régler la crise politique est catégoriquement rejetée par le peuple. Ce dernier a crié haut et fort qu’il ne quitterait pas la rue tant que sa principale revendication à savoir la restauration de sa souveraineté en vertu de l’article 7 de la Constitution n’est pas satisfaite.

    Encore une fois, il renvoie la balle dans le camp du commandement de l’armée pour lui signifier que les solutions proposées ne sont que des diversions destinées à réinstaller le système avec de nouvelles têtes.

    La démonstration de force populaire d’hier dans les quatre coins du pays constitue une piqure de rappel à l’état-major que les algériens qui ont usé leurs chaussures depuis le 22 février, ne se suffiront pas de demi mesures et encore moins de fausses mesures. Leur message sera-t-il reçu cinq sur cinq? Réponse dans quelques jours.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 13 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 103, Gaid Salah, armée,

  • Ingérence en Algérie: les services secrets russes auraient averti la France

    Tout est parti d’un tweet de Georges Malbrunot, grand reporter du Figaro. Il relaie une source diplomatique qui avance que les services de renseignement russes ont averti leurs homologues français que Moscou ne souhaitait pas d’ingérence des Français dans les changements politiques en cours en Algérie. Sputnik France a tenté d’en savoir plus.

    «Un confidentiel du Figaro nous apprend que les services de renseignements russes ont transmis le message suivant à leurs homologues français. “On ne veut pas d’une ingérence française dans le choix du nouveau régime algérien».

    Ce tweet daté du 9 avril a pour auteur Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro. Le journaliste cite cette information qui aurait pour source un diplomate français. Ce dernier assure que les services secrets russes ont averti la France qu’ils ne souhaitaient aucune intervention de Paris visant à influencer le changement politique en cours en Algérie.

    «Les services français ont répondu oui oui, mais ils n’ont tiendront pas compte, l’Algérie, c’est trop important pour nous», aurait ajouté le diplomate.

    Alain Rodier, ancien officier supérieur des services de renseignement extérieurs et directeur de recherche au sein du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) a livré son analyse à Sputnik France. Selon lui, il n’y a rien d’étonnant à ce que les services russes parlent avec leurs homologues français: «Je rappelle que nous avons des relations diplomatiques avec la Russie.

    À ma connaissance, les ambassades respectives sont toujours actives dans les deux pays. Le rôle des services de renseignement est aussi de maintenir des contacts avec leurs homologues étrangers sur des sujets d’intérêt commun, comme la lutte contre le terrorisme ou le crime organisé. Tout ceci se fait a priori, en dehors de considérations géopolitiques et entre professionnels.» Ce qui surprend plus l’ancien officier de renseignement, c’est la méthode:

    «Que les services russes aient dit aux services français de ne pas s’ingérer dans le changement de pouvoir en Algérie et que cette information sorte m’étonne. La première raison est que ce type d’échanges entre services doit rester secret. Un diplomate français aurait eu vent d’échanges entre les services russes et français. Or, à ma connaissance, les diplomates français n’ont pas accès à ce type d’échange. J’appelle donc à la prudence quant à cette source.»

    Sputnik France a contacté le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères. Ce dernier n’avait toujours pas donné suite à nos demandes de réaction au moment de la publication de cet article. Nous avons également sollicité les autorités russes afin de connaître leur point de vue et attendons leur retour.

    Echourouk Online, 12 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 102, Bouteflika, France, Russie,

  • Algérie : Que va sortir de sa manche étoilée Gaïd Salah ?

    par Kharroubi Habib

    Apparemment, Gaïd Salah devenu l’homme fort du pays s’en tient à son choix d’une transition dans le cadre constitutionnel même après le rejet de cette option exprimé de façon catégorique par les millions d’Algériens lors des marches de vendredi dernier.

    Le silence qu’il a observé après le refus de cette démarche que la rue lui a signifié et les préparatifs qui ont commencé au Parlement pour l’inauguration de cette transition dans le cadre constitutionnel, il peut en effet paraître que le chef de l’état-major de l’armée n’a nullement l’intention de changer son fusil d’épaule et va laisser aller à son terme la procédure constitutionnelle afférente à l’investiture de l’intérimaire de la présidence de la République.

    D’autres indices montrent toutefois que tout en persistant à ne pas vouloir sortir du cadre constitutionnel il ne soutiendrait plus l’application stricto sensu de ses dispositions qui ferait du très controversé président du Sénat le pilote de la période de transition. Ils sont dans le fait que les réunions parlementaires destinées à donner une suite à la démission de Bouteflika se sont déroulées sous le sceau de la confidentialité et d’un embargo médiatique total. Ce qui peut être le signe que les parlementaires auraient reçu consigne d’explorer la piste d’une autre solution que celle de l’investiture du controversé Abdelkader Bensalah.

    Des confrères ont fait état de rumeurs qui bruissent dans les travées des deux chambres agitant le spectre d’un bon nombre de députés et sénateurs qui a décidé de boycotter le congrès de ce mardi.

    Si cela se confirme et sachant que nos parlementaires incapables de défier l’autorité détentrice du pouvoir, il y aurait à déduire que leur supposée fronde n’a rien de spontané et de dicté par leur conviction que l’investiture de Bensalah engagerait le pays sur une voie à haut risque.

    Une fronde parlementaire ayant pour cause cette investiture pourrait être le prétexte sur lequel Gaïd Salah s’appuierait pour sortir la transition du « tout constitutionnel » qui mobilise le peuple contre elle et lui vaut défiance de sa part. Il se peut alors que l’option Bensalah sera abandonnée en raison de ce prétexte de la fronde parlementaire qui permettrait au chef de l’état-major de ne pas apparaître avoir cédé à l’injonction de la rue.

    Il n’est pas sûr pourtant que ce scénario contribuera à apaiser la contestation populaire nourrie et entretenue par l’exigence d’une transition en dehors du cadre constitutionnel excluant la prise part à sa mise en œuvre des figures vomies du régime de Bouteflika.

    Le Quotidien d’Oran, 9 avr 2019

    Tags : Algérie, Gaid Salah, armée, transition, intérim,

  • Algérie : S’adapter à l’article 102 ?

    « Sans perdre de vue le fait que l’on traine encore de conjecture en conjecture, ce scénario, même s’il était bel et bien retenu, pourrait quand même faire long feu au cas où la riposte du vendredi venait à en rejeter le résultat… » globalement et dans le détail ».

    Par Mohamed Abdoun

    Le Parlement doit donc se réunir, en assemblée générale, ce mardi afin de constater la vacance du poste de président de la République, et de permettre la désignation du président du Sénat en qualité d’intérimaire pour gérer une phase de transition de trois mois, avant lesquels une élection présidentielle devrait avoir lieu. Il s’agit là du scénario le plus conforme à ce que prévoit la constitution, de par son article 102.

    Ainsi, si l’on devait poursuivre sur cette voie, il est plus que probable que le président du Sénat va déposer sa démission afin de permettre à une figure moins » grillée » de prendre sa place.

    Abdelkader Bensalah, en effet, est unanimement rejeté par les millions de manifestants qui battent le pavé chaque vendredi. Ces derniers, au reste, ont concentré l’essentiel de leurs revendications et de leurs slogans, vendredi passé, à la nécessité de se défaire de Bensalah et, accessoirement de Belaïz et Bedoui.

    Le » minimum syndical » consisterait, donc, à donner suite ne serait qu’à une partie de cette revendication en se délestant de Bensalah dès ce mardi, ou même avant, en attendant le verdict de la rue vendredi prochain.

    Le fait que le journal El Moudjahid ait décidé d’explorer cette piste dans son éditorial de la veille me semble être un indice assez sérieux concernant le fait que c’est ce choix qui aurait été retenu, dans l’espoir que la rue s’en satisfera aussi. Il devient clair, en tous cas, que les décideurs, qui se contentent de réagir aux imposantes marches du vendredi, lâchent à chaque fois un peu plus de lest à mesure que les manifestations grossissent en nombre et placent plus haut la barre des revendications. Il est, par exemple, bien loin ce temps où le peuple se serait satisfait du départ du président, sans que tout le système ne le suive dans sa chute.

    Sans perdre de vue le fait que l’on traine encore de conjecture en conjecture, ce scénario, même s’il était bel et bien retenu, pourrait quand même faire long feu au cas où la riposte du vendredi venait à en rejeter le résultat… » globalement et dans le détail « .

    Dans ce cas, et comme le suggèrent déjà plusieurs acteurs politiques, qui donnent plus ou moins l’air d’être dans le » secret des dieux « , il deviendrait plus que nécessaire de briser le carcan inhibiteur de cette constitution, en s’appuyant sur cet article 7 qui veut que toute souveraineté et tout pouvoir soit l’émanation du peuple, et de lui seul.

    Ici, plusieurs questions resteront quand même en suspens. La première, et la plus importante sans doute, sera celle de savoir qui en prendra le premier l’initiative, en sachant par avance que l’écrasante majorité des acteurs politiques et figures de proue de la société civile sont favorable à un pareil scénario.

    La première réponse qui vient à l’esprit sera bien entendu l’ANP. Celleci, et en ces moments particulièrement délicats et cruciaux pour l’avenir de l’Algérie, est en quelque sorte la garante que la transition se fera sans heurts. Le chef d’état-major, en outre, a maintes fois souligné le fait que l’armée partage l’intégralité des revendications soulevées par la rue. L’armée ne saurait dès lors se soustraire à ce rôle historique, dont la finalité servirait à mener le pays à bon port, en le dotant des institutions et des responsables librement et démocratiquement choisis par le peuple.

    Une pareille phase de transition, la plus courte possible, doit en revanche recueillir l’adhésion d’une écrasante majorité, et laisser émerger des figures que ni la rue, ni les acteurs politiques, ne sauraient logiquement rejeter.

    Mais, dans tous les cas de figures, les quelques jours à venir s’annoncent cruciaux pour la suite des évènements. L’Algérie, qui se trouve bel et bien à la croisée des chemins, n’a absolument pas droit à l’erreur.
    M. A.

    Tribune des Lecteurs, 7 avr 2019

    Tags : Algérie, Article 102, Abdelkader Bensalah, transition, armée,

  • Algérie : Le pessimisme de la Banque mondiale sur l’économie algérienne

    La Banque mondiale, dans son bulletin d’information sur la région Mena, a révélé des chiffres qui traduisent la vulnérabilité de l’économie algérienne, en proie à un déficit qui ne cesse de se creuser et un financement non conventionnel problématique, même si ses effets inflationnistes restent encore assez marginaux.

    Le Groupe de la Banque mondiale (BM) a prévu un retour rapide de l’Algérie à l’ajustement budgétaire après la politique expansionniste prônée par l’ancien gouvernement pour doper la croissance économique dans un contexte de baisse des recettes pétrolières. « Le rééquilibrage budgétaire pourra reprendre au second semestre de 2019 », indique la BM relevant qu’il « faudra tôt ou tard mettre un terme au financement des déficits budgétaires par la Banque centrale pour maîtriser l’inflation ».

    L’Algérie a donné un coup de frein à l’ajustement budgétaire opéré en 2016-2017, en recourant au financement non conventionnel pour poursuivre le financement des investissements publics avec la baisse des cours de pétrole. La BM précise que ce rééquilibrage budgétaire devrait être suivi d’un léger ralentissement des secteurs hors hydrocarbures sur l’année 2019, neutralisant ainsi une légère augmentation de la production d’hydrocarbures et devrait se traduire par une croissance léthargique. Les recettes des secteurs hors hydrocarbures apporteront une certaine marge de manoeuvre pour réduire l’ampleur des coupes budgétaires. De ce fait, une légère baisse du déficit budgétaire est attendue à 5,1 % du PIB en 2020 contre 4,0 % en 2021.

    L’urgence des réformes structurelles

    « Ce compromis entre maîtrise des dépenses et accroissement des recettes débouchera sur une croissance amorphe de 1,7 % en 2020 et 1,4 % en 2021 », prévoit le bulletin. Si des réformes structurelles sont menées du côté des subventions du climat des affaires, le déficit courant baissera pendant cette période à 6,8 % du PIB, ce qui le rendra gérable au vu du niveau substantiel des réserves (13 mois d’importations d’ici la fin 2019).

    L’effet cumulé du financement monétaire contribuera également à accroître la pression inflationniste, estiment les auteurs du bulletin. L’institution de Bretton Woods qui a abaissé ses prévisions de croissance pour l’Algérie en de 2,5 à 1,5 %, a indiqué s’attendre à une aggravation des déficits budgétaire et courant qui devraient atteindre respectivement 8,5 et 8,1 % du PIB en 2019. « Tout retournement des tendances mondialesdu prix des hydrocarbures compliquera la réduction prévue du double déficit », selon les mêmes projections.

    Malgré la politique monétaire expansionniste, l’inflation est restée maîtrisée, baissant à environ 4,3 % en 2018 contre % en 2017, souligne ce bulletin publié à la veille des réunions de printemps de la BM et duFMI. La BM signale qu’a fin janvier 2019, le montant global de monnaie crée au titre de « financements non conventionnels eatteignait 6.556 milliards de dinars, soit 31,1 % du PIB, ce qui est supérieur au montant cumulé des déficits budgétairespour 2017 et 2018 (2.793 milliards dedinars). Cette situation s’explique pardivers emplois  » hors budget  » de ces financements. Les financements non conventionnels ont eu peu d’effet sur l’inflation, les prix de nombreux biens de consommation et du logement étant subventionnés », relève-elle.

    Dans le même contexte, la BM note que faute de données, il n’est pas possible de prévoir l’évolution de la pauvreté en Algérie. « Aucune estimation récente des niveaux de pauvreté n’est disponible pour le pays », avance-t-elle. « Il semble néanmoins que l’économie offre des possibilités limitées de réduction de la pauvreté (ou de la vulnérabilité) en raison de la faiblesse de la croissance économique et du niveau chroniquement élevé du chômage », met-elle en avant.

    Selon les taux de pauvreté officiels, 5,5 % de la population était considérée comme pauvre en 2010/2011. Mais les taux variaient considérablement d’une partie à l’autre du pays : la région du Sahara et celle des steppes affichaient un taux de pauvreté respectivement deux fois et trois fois supérieur à la moyenne nationale. « Ces estimations sont néanmoins fondées sur un seuil de pauvreté équivalent à moins de 3,6 dollars par jour en PPA de 2011, ce qui est nettement inférieur au seuil de 5,5 dollars par jour utilisé pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure dans les comparaisons internationales », commente la BM.

    Même si les pouvoirs publics s’emploient à diversifier l’économie et donner une plus grande place au secteur privé, notamment en attirant des investisseurs étrangers, peu d’améliorations sont prévues à court et moyen termes, ce qui devrait limiter l’ampleur des créations d’emplois, anticipe la BM. Selon les mêmes prévisions, le taux de chômage s’établissait à 11,7 % en septembre 2018, au même niveau qu’un an auparavant, en phase avec la croissanceatone enregistrée en 2018.

    Le défi de la résilience

    Les groupes de population affichant les plus forts taux de chômage restent les mêmes : 19,4 % chez les femmes et 29,1% dans la tranche des 16-24 ans. Chez les jeunes (16-24 ans), le chômage a progresséde 2,7points de pourcentage avril 2018, détaille le bulletin. La BM conclut que le principal défi pour l’économie est de renforcer sa résilience à la volatilité des prix des hydrocarbures, à la fois en atténuant l’impact de cette volatilité sur le budget et en diversifiant les sources de croissance.

    « Les nouvelles tendances mondiales que le changement climatique, les technologies de rupture et l’importance croissante du capital humain confirment que ce défi est à relever d’urgence » soutientla BM. Pour ce faire, il faudra engager d’ambitieuses réformes, dont certaines ont été énoncées par les autorités dans le décret accompagnant le recours au financement non conventionnel dudéficit, recommande cette institution financière internationale.

    Par : RIAD EL HADI

    Le Midi Libre, 9 avr 2019

    Tags : Algérie, économie, banque mondiale,