Catégorie : Algérie

  • Algérie : La ville d’Annaba paralysée par les manifestants

    Des parents de harragas bloquent Les accès à la ville

    Il a régné une atmosphère infernale pour les conducteurs qui voulaient soit rentrer en ville ou en sortir. Un encombrement étalé sur plusieurs kilomètres obligeait les véhicules à rouler à une allure d’escargot, pare-chocs presque contre pare-chocs.

    Selon nos informations, des jeunes membres des familles et des voisins de 10 jeunes harraga originaires de la cité de Boukhadra qui n’avaient plus donné signe de vie depuis leur départ vers l’autre rive de la Méditerranée avaient bloqué toutes les issues à l’Ouest de la ville. Les sorties par Sidi Brahim ou par le viaduc de la Cité Seybouse étaient pratiquement fermées.

    De longues queues s’étaient formées aux stations de taxis et de transporteurs clandestins. Le désarroi se lisait sur les visages des personnes en attente d’un véhicule quelconque pour rentrer chez elles. Beaucoup de mères de familles qui s’étaient rendues en ville pour acheter des effets ou des fournitures scolaires pour leurs enfants.

    La rentrée scolaire est là et ceux qui n’avaient pas pris leurs précautions étaient désemparés de se retrouver et obligés de rentrer tard la nuit. Sur le viaduc un nombre important de voitures se rassemblaient et formaient sur plusieurs files un danger certain au vu du poids énorme qu’il supportait.

    Des familles ont été agressées par de jeunes voyous qui avaient profité de cette situation pour tenter de chaparder quelques téléphones portables ou un sac à main. Les conductrices étaient d’après des témoignages, les plus visées. Est-ce-que ces gens ont pensé aux personnes malades, aux ambulances transportant quelques blessés ou un malade en détresse ? Non ! Ce qui comptait pour eux ne consistait qu’à faire organiser des recherches pour retrouver les harraga disparus ou qui n’ont pas encore donné de leurs nouvelles. Un peu de civisme de leur part aurait permis d’éviter cette anarchie.

    D’autre part les usagers se demandaient pourquoi ce laxisme manifesté par les services chargés du maintien de l’ordre et d’assurer la sécurité des citoyens, et de protéger leurs biens.

    Ahmed Chabi

    L’Est Républicain, 21 oct 2020

  • Algérie : Quand les enfants étaient enlevés «légalement»

    par Allal Bekkaï


    Jadis, et conformément aux us et coutumes, l’oncle, le grand-père, le beau-père, le beau-frère, le cousin, voire le voisin «ken yasreq» (littéralement volait) l’innocent enfant à l’insu de ses parents pour le faire circoncire. La fête de «Nefqat sebaâ waouchrine» ou celle du Mouloud était propice à la circoncision des enfants âgés d’un, trois ou cinq ans (chiffre impair), selon la tradition. Tenue de cérémonie de mise composée d’une chechia, kachabia et bligha, achetée discrètement et à l’avance à la Qissariya. Destination : salon de coiffure du charismatique Si Charif, le fameux «hadjam» (scarificateur), au seroual arbi avec bretelles, de la rue de Mascara en face de derb Messoufa. Indiquons au passage qu’une venelle, voisine de sa consœur joaillère Ras sagha et la mosquée Sidi Bellahcène, était dédiée à cette corporation : il s’agit de derb el Hadjamine…

    L’acte chirurgical de notre barbier, en l’occurrence Si Charif, s’accompagnait invariablement du simulacre rituel de l’oiseau fictif : «hawa zawech !» désignait-il d’un geste théâtral un point au plafond. Un dérivatif ou plutôt une diversion toujours efficace puisque la circoncision s’opérait comme par enchantement, en un clin d’œil (et sans anesthésie !). Le fauteuil était aménagé en «table» d’opération pour la circonstance. Pour maîtriser l’enfant «vulnérable», notre «hadjam» adoptait avec lui une prise «martiale» avant de passer à l’acte. Si Charif fera des émules dans ce métier, dont Choukchou le barbier de derb Sidi Hamed, Soulimane le coiffeur d’ El Mawqaf, Rahmoun l’infirmier de la Qissariya, entre autres…

    A cette occasion, la fête se faisait parfois en musique avec «A’ marh’ba ouled sidi, toul syoufhem…». C’est la «khatna» (belle-mère), mot hébreu, dérivé à priori de «kh’tana», laquelle avait l’exclusivité et le privilège de «couver» le «m’tahar» qui s’était prêté au rituel religieux obligatoire de la circoncision (d’où le lien sémantique «orfi» coutumier de ces deux mots de la même «famille» culturelle ; chez les Turcs, «khatoun» signifie maîtresse de maison). Le soir ou le lendemain, les femmes amies de la maison venaient à leur tour voir le nouveau circoncis et chacune lui remettait quelques pièces de monnaie destinées à la mère ; on entendait de la musique, on dansait ou l’on regardait danser et la fête se terminait par des you-you stridents et des vœux genre «o’qba larassiya» (meilleurs vœux pour ses «futures» noces). La traditionnelle séance de henné faisait partie des préparatifs de la cérémonie : les pieds de l’enfant étaient badigeonnés de «henna» et la paume des mains «frappée» du «douro» symbolique contre le mauvais œil.

    Aujourd’hui, cette «initiative», cette pratique a disparu des mœurs sociales : l’évènement est programmé par la famille qui est «préparée» psychologiquement au choc post opératoire (à travers le choix de la date, la désignation des accompagnateurs, le rendez-vous auprès du médecin chirurgien, l’hôpital ou le siège de l’association caritative quand il s’agit d’une circoncision collective)… Ambiance musicale avec Abderrahmane Djalti «Diroulou henna» et Karim Mesbahi «Hani, ya haney» via Youtube… Autre temps, autres mœurs.

    Par ailleurs, le premier jeûne d’un enfant, en l’occurrence la fille, une sorte de «baptême» de carême, donnait lieu à un cérémonial particulier : arborant la tenue traditionnelle , le«caftan chedda» avec tous les bijoux en or qui vont avec, la petite «aroussa» effectue avec sa maman en haïk une longue tournée à pied et en toute sécurité chez les voisins et auprès de la famille avant de faire un détour obligé aux studios des Meghelli, Zmirli, Baghdad, Adem ou Bendahma pour immortaliser ce «baptême» de jeûne. Cependant, le passage pompeux de ces fillettes richement accoutrées dans la rue (et cela jusqu’aux années 70) ne fut jamais émaillé d’un quelque incident que ce soit, à savoir un enlèvement, un braquage ou un vol à la tire… Aujourd’hui, et pour des raisons de sécurité mais aussi de commodité, les fillettes sont prises en charge at home au studio par une habilleuse professionnelle qui «collabore» avec le photographe en fournissant la chedda, les accessoires et les bijoux en toc…

    Quant à l’envers du décor, tragique celui-là, il s’illustre par les temps qui courent, par le phénomène de disparition et d’enlèvement d’enfants qui a pris dernièrement des proportions alarmantes chez nous. «Prison à perpétuité et peine capitale» sont annoncées dans le projet de loi contre le kidnapping. Et pour cause. Devant cette série noire marquée par le rapt et/ou le meurtre d’enfants, à l’instar des Chaïma, Haroun, Youcef, Yacine, Nadia…, une psychose semble s’installer dans la durée au sein des familles …

    Parallèlement au dispositif sécuritaire mis en place à cet effet (système d’alerte, numéro vert, enquête…), Face book s’en mêle, solidarité oblige, à travers la publication de photos, de témoignages et de messages de sympathie ainsi que l’organisation de ratissage citoyen, version battue canine. Par rapport aux parents des victimes, impuissants, ils sont pris en étau entre l’angoisse et le deuil, avec les dégâts collatéraux sur la vie privée et la santé mentale que l’on sait, cette dernière étant déjà impactée par la pandémie du Covid-19… Au menu : chagrin, pleurs, crise d’hystérie, plaintes et complaintes…

    Le Quotidien d’Oran, 21 oct 2020

    Tags : Algérie, enlèvements, enfants, séquestration, rapt,

  • Quand Emmanuel Macron “plagie” Réda Malek

    Le président français Emmanuel Macron a déclaré -dans le cadre de ce qu’il qualifie de lutte contre le radicalisme islamiste- que « la peur va changer de camp », en reprenant la célèbre phrase du défunt chef de gouvernement Réda Malek prononcée dans les années 1990.

    Selon la presse française, le locataire du palais de l’Elysée a lancé lors d’un conseil de défense et de sécurité nationale tenu dimanche soir, suite à l’assassinat d’un prof d’histoire à Paris, que « la peur va changer de camp » et que « les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquille dans notre pays [France, ndlr] ».

    En effet, c’étaient les mêmes mots utilisés par feu Réda Malek -en pleine crise des années 1990- en martelant que « la peur doit changer de camp ». C’était lors de l’enterrement de l’une des icônes du 6e art en Algérie, en l’occurrence Abdelkader Alloula, assassiné par des terroristes en mars 1994.

    Revenant sur sa déclaration qui est devenue célèbre, le défunt Réda Malek a rappelé que « j’étais alors chef de gouvernement et que la peur s’était emparée de l’opinion publique, journalistes, universitaires…j’ai dit que la peur devait changer de camp (groupes terroristes) car la lutte a porté et c’est grâce à elle que l’Algérie restera debout ».

    Echourouk Online, 21 oct 2020

    Tags : France, Emmanuel Macron, Reda Malek, plagiat, Islam, terrorisme, Samuel Paty,

  • Algérie : Fitna chez les frères

    C’est peut-être la première fois que les partisans purs et durs de l’islam politique se retrouvent devant une épreuve décisive qui va renseigner sur leur poids réel dans la société. En appelant à voter « Non» sur le projet de révision de la constitution lors du référendum du 01 novembre prochain, le MSP de Abderrezak Makri et le mouvement Adala d’Abdallah Djaballah prennent un sérieux risque de subir une désaffection populaire si jamais le «Oui» venait à l’emporter majoritairement.

    En choisissant cette option de « légitimer » le processus politique tout en s’opposant à son contenu pour des considérations idéologiques liées entre autres, à la sanctuarisation de Tamazight comme une constante, les « frères », pourraient se voir réduits à leur plus simple expression. Un courant qui prétend être dominant au sein de la société mais qui, dans la vraie vie, est largement surdimensionné.

    Au soir du 1er novembre, cette aile dure de l’islamisme qui a le vent en poupe dans les médias grâce à des chaines de télévision privées friandes des sujets de religion, on en saura un peu plus sur sa «taille» réelle.

    Abderrezak Makri et Abdellah Djaballah et leurs ouailles qui bombent le torse et se prévalent d’êtres les gardiens du temple de novembre et de l’Islam, seront en effet confrontés au verdict des urnes. Un verdict qui risque de leur être fatal en terme de représentativité du fait que les autres partis de la mouvance démocratique et laïque ont quant à eux choisi de boycotter le référendum. Mais le MSP et Adala vont, à leur corps défendant, aider à faire gonfler le taux de participation mais ne réussiront jamais à imposer leur «Non».

    Ceci d’autant plus que leurs frères de sang et de cœur d’El Bina El Watani de Bengrina et d’El Islah de Filali Ghouini ont quant à eux décidé de donner leur onction au projet présidentiel dont ils ne voient aucune «atteinte» à l’identité nationale ni à la religion. Du coup, c’est la fitna au sein de la famille islamiste qui se retrouve comme éclatée entre partisans et adversaires du pouvoir.

    C’est dire que les résultats du référendum, indépendamment de la victoire qui ne fait pas l’ombre d’un doute, auront au moins le mérite de montrer le poids des islamistes qui défient à la fois les partisans du «Oui» et du boycott.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 20 oct 2020

    Tags : Algérie, partis islamistes, constitution, référendum,

  • Ce que le ministre français des Affaires étrangères n’a pas dit de sa mission en Algérie


    Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a détaillé les dossiers dont il a discuté avec les responsables algériens lors de la visite qui l’a conduit en Algérie, mais il n’a pas évoqué le vrai dossier pour lequel il a effectué cette visite, à savoir les détails de la libération de l’otage français au Mali, Sophie Pétronin.

    Selon des sources concordantes, la visite du responsable français en Algérie visait à aplanir l’atmosphère avec l’Algérie, qui a reçu avec une grande colère, le versement d’une rançon de plusieurs millions d’euros par la France et la libération d’environ 206 terroristes d’al-Qaïda en activité dans la région du Sahel, et qui comprenait des Algériens recherchés par la justice algérienne, car ils ont la double nationalité algéro-malienne.

    L’Algérie est considérée comme le propriétaire de la proposition de criminaliser l’octroi de rançons aux preneurs d’otages, qui a été adoptée par les Nations Unies en 2014, et cette proposition est venue, comme on le sait, en réponse aux fonds déboursés par plus d’un pays européen, sous forme de rançon en échange de la libération d’otages européens enlevés dans la région du Sahel, et au Mali en particulier.

    Des sources médiatiques identiques, telles que l’agence de presse russe «Spoutnik» et le quotidien «Al-Arab» publié à Londres, ont déclaré que le ministre français des Affaires étrangères s’était rendu en Algérie en tant qu’envoyé du président français, Emmanuel Macron, pour expliquer la Position française sur les raisons de la libération de l’otage français au Mali.

    Le quotidien français «Le Monde» a cité l’un des médiateurs dans l’affaire de l’otage Petronin, affirmant que 6 milliards de francs CFA, soit environ 9,1 millions d’euros, ont été déboursés, en plus de la libération de 206 jihadistes.

    Selon l’agence russe, le chef de la diplomatie française a été chargé par l’Elysée de fournir les éclaircissements nécessaires aux responsables algériens concernant la libération des jihadistes de l’organisation terroriste, mesure considérée comme une menace pour la sécurité de l’Algérie, qui a une frontière terrestre avec son voisin du sud qui s’étend sur une longueur de 1 200 km, constatant que le ressentiment algérien de telles pratiques n’est pas né aujourd’hui, et qu’il remonte à plus d’une décennie.

    L’Agence russe, citant des sources algériennes qui n’ont pas révélé leur identité, a exclu que le responsable français ait réussi à dissiper l’énervement des autorités algériennes face à ce que Paris avait fait au Mali, malgré ses éloges pour les efforts du président Abdelmadjid Tebboune pour reconstruire les institutions de l’État par le référendum sur la constitution.

    L’un des signes de la colère algérienne à Paris, selon Spoutnik, est le report de la visite qui devait conduire le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en Algérie, qui devait arriver en fin de semaine depuis le Maroc.

    Le quotidien «Al-Arab» a déclaré: «La libération du nombre susmentionné de jihadistes constitue un nouveau fardeau pour les efforts de l’Algérie dans la guerre contre le terrorisme qu’elle mène à la frontière sud et une contribution à l’alimentation des activités terroristes dans la région et le monde en général, et négocier avec ces groupes sous prétexte de protéger la vie des victimes est une forme de normalisation avec eux et de soumission à leurs revendications ».

    Le journal a évoqué une divergence de visions entre les Algériens et les Français sur ce qui se passe au Mali, qui a entravé «la réalisation d’une approche identique malgré le rapprochement et les contacts continus entre eux», notamment avec l’émergence d’intentions françaises coupables cela a commencé à apparaître depuis que l’armée française a renversé le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droudkal, au Mali sans impliquer l’Algérie.

    Echourouk online (traduction non officielle de l’anglais)

    Tags : Algérie, France, Mali, Sahel, terrorisme, rançons, Pétronin, Al Qaïda,

  • Algérie : Des rapports complexes avec la France

    par Daniel Junqua

    l est de tradition de présenter les relations franco-algériennes depuis l’indépendance comme marquées du sceau de la difficulté, de l’incompréhension, de la méfiance. Comment en effet ne pas évoquer les crises — du vin en 1967-1968, du pétrole en 1970-1971, de l’émigration ensuite — qui jalonnèrent ces rapports que des divergences en politique étrangère ont encore aigris à partir de 1975 ? La France giscardienne intervenait alors activement en Afrique pour aider ses amis et clients « conservateurs » alors que l’Algérie de Boumediène aspirait à être le chef de file du camp progressiste. Alger parlait volontiers des « occasions manquées » par une France, figée dans un esprit de domination hérité du passé, qui n’avait pas su établir une « coopération exemplaire » et agir en commun avec l’Algérie dans l’arène internationale contre le tête-à-tête des deux superpuissances.

    La visite à Alger en avril 1975 de M. Giscard d’Estaing, premier chef d’État français à se rendre en Algérie en voyage officiel depuis l’indépendance, avait suscité des espoirs à la mesure des désenchantements qui suivirent, lorsque Paris prit le parti de Rabat dans le conflit du Sahara occidental. Cette nouvelle crise atteignit son paroxysme lorsque les Jaguar attaquèrent les maquisards du Polisario, lesquels, il est vrai, avaient enlevé plusieurs techniciens français travaillant en Mauritanie ; leur libération à la Noël 1977, après plusieurs mois de détention, fit retomber la tension, mais une fois de plus se vérifiait la formule de Boumediène : « Les relations entre la France et l’Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, elles ne peuvent être banales. »

    M. Claude Cheysson, ministre des relations extérieures, entrait dans cette logique lorsqu’en août 1981, venu préparer une visite de M. Mitterrand, il parlait à Alger d’un « coup de passion » entre les deux pays. Passionnées, certes, les relations franco-algériennes l’ont été tout au long de ces vingt dernières années. Elles n’ont même été que cela. Pouvait-il en être autrement ? Y a-t-il eu dans le monde — Vietnam mis à part — décolonisation plus complexe et plus traumatisante ?

    En France, la droite n’a toujours pas vraiment accepté ce qui lui apparaît encore comme une défaite, un renoncement, une amputation. Les « pieds-noirs » entretiennent le souvenir d’une Algérie qui était trop exclusivement la leur. La gauche, communistes inclus en dépit de leurs efforts pour récrire l’histoire et en supprimer des passages gênants, tel le vote en 1956 des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet, reste culpabilisée. Le P.S. lui-même, bien qu’il compte dans ses rangs nombre de militants de la lutte anticoloniale venus de l’UNEF, du P.S.U. ou de la C.F.T.C., ne peut totalement ignorer l’héritage de la S.F.I.O., de l’envoi du contingent en Algérie à l’expédition de Suez en 1956. C’est aussi dans les rangs de cette gauche que l’Algérie a trouvé des « compagnons de route » romantiques ou honteux qui ont contribué à former l’image d’une révolution algérienne mythique, pure et dure, bâtissant à marches forcées un paradis socialiste.

    Les gaullistes ont contribué à l’entreprise : sans doute ont-ils eu le courage d’avoir mené à son terme la décolonisation, mais ils ne peuvent ignorer qu’elle s’est achevée dans un bain de sang et au prix d’équivoques peu glorieuses. Ils avaient rêvé d’une Algérie indépendante étroitement liée à la France par la coopération et où subsisterait une importante minorité française. Or les accords d’Évian (18 mars 1962) ont été vidés de leur contenu par l’exode massif des Européens au printemps et à l’été 1962, exode que les éléments « durs » du F.L.N. n’ont rien fait pour freiner, bien au contraire.

    Des plaies à vif

    La guerre d’Algérie, pour toutes les familles politiques françaises, constitue une des pages les plus noires de leur histoire contemporaine, page d’autant plus douloureuse qu’elle a été marquée du sceau infamant de la torture. Que les plaies soient encore à vif au bout de deux décennies, il n’est pas permis d’en douter. En témoignent les polémiques suscitées par les récentes mesures gouvernementales d’amnistie pour les faits liés à la guerre. En témoignent encore les débats suscités par le film de Pierre Schoendorfer l’Honneur d’un capitaine, qui raconte l’histoire d’un officier qualifié publiquement de tortionnaire vingt ans après sa mort sur la ligne Morice, à la frontière tunisienne, et dont la veuve veut laver la mémoire. (Lire l’article de Christian Zimmer.)

    En témoigne aussi la tempête soulevée par l’initiative d’un ministre socialiste proposant innocemment d’ériger au rang de date de « recueillement national » l’anniversaire du 19 mars 1962, qui vit l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie. Comment d’ailleurs oublier ce que furent les « départements français d’Algérie » alors que les séquelles en sont encore présentes au cœur même de la société française ? Si les rapatriés sont intégrés, économiquement et socialement sinon psychologiquement, il n’en est pas de même des harkis, ces supplétifs « coupables » d’avoir « choisi » la France, moisissant aux marches de la société française et dont les fils rejoignent dans une même frustration et une identique révolte les émigrés de la « seconde génération », ballottés, eux aussi, entre deux cultures et rejetés des deux côtés de la Méditerranée.

    L’Algérie reste donc un problème intérieur français, vivace et douloureux. Elle va jusqu’à constituer un thème décisif dans certaines élections locales. C’est une liste « Algérie française » qui, en juin 1978, a chassé les socialistes de la mairie d’Aix-en-Provence. Les rapatriés constituent toujours un enjeu, et leurs voix sont sollicitées dans toutes les consultations. Déçus par M. Giscard d’Estaing, hostiles par tradition aux gaullistes « qui les ont trompés », ils n’ont sans doute pas été tout à fait étrangers à la victoire socialiste du 10 mai 1981.

    En va-t-il différemment de l’autre côté de la Méditerranée ? Les relations avec la France jouent un rôle majeur dans le débat interne, même si l’opacité d’un régime qui ne tolère pas d’expression autre qu’officielle ne permet pas de cerner exactement l’importance du phénomène. Le pouvoir se réclame plus que jamais aujourd’hui de l’ « héritage de novembre » (du 1er novembre 1954) et célèbre d’autant plus les vertus des moudjahidin que ceux-ci végètent souvent dans d’humbles emplois administratifs lorsqu’ils n’ont pas choisi, comme nombre d’anciens dirigeants de la fédération de France du F.L.N., de vivre dans l’ancienne métropole. La presse exalte périodiquement les exploits des combattants, justifiant du même coup le rôle dominant joué par l’armée dans la vie politique depuis l’indépendance. Le régime fonde de plus en plus sa légitimité sur le combat libérateur. Les Français sont-ils les mieux placés pour s’en étonner ou s’en scandaliser, la référence à la résistance contre l’occupation allemande constituant encore une donnée politique essentielle et la collaboration avec les nazis une tache infamante ? Paradoxalement, les adversaires les plus résolus d’hier sont ceux qui ont aujourd’hui à l’égard de la France la plus grande marge de manœuvre. Les responsables qui, au contraire, n’ont rejoint que tardivement le F.L.N. n’hésitent pas toujours à recourir à la surenchère nationaliste pour se faire pardonner leurs tiédeurs passées.

    De façon générale, les dirigeants algériens se sont abstenus — et cela mérite d’être souligné — de cultiver démagogiquement la haine et d’entretenir ou de susciter les rancœurs. « Certes, nous disait l’un d’entre eux, il faut que les jeunes générations sachent de quel prix a été payée l’indépendance nationale, non pas pour entretenir un stérile esprit de vengeance, mais pour se montrer dignes des aînés et consentir les sacrifices nécessaires pour donner à cette indépendance un contenu économique, social et culturel. »

    La presse algérienne n’exploite pas les macabres découvertes faites en différents points du territoire dans d’anciens camps de détention ou des centres d’interrogatoire de l’armée française. Récemment encore, en janvier 1982, la mise au jour d’un immense charnier à Khenchela, dans l’est du pays, sur les contreforts des Aurès, a été rapportée par El Moudjahid en termes sobres, sans insistance. Mais les responsables algériens n’ont pas été mécontents de l’écho donné à cette affaire en France par une enquête de Libération qui a suscité de vives controverses et a révélé aux jeunes Français un aspect soigneusement occulté de la guerre d’Algérie.

    L’accueil de la population aux Français, coopérants, techniciens des sociétés privées, rares touristes, est empreint de dignité et souvent même de chaleur, surtout chez les plus de trente ans. Le ton change avec les jeunes qui n’ont pas connu la guerre et ont de la colonisation une vision manichéenne. Ils ne peuvent imaginer la complexité de la société coloniale et l’ambiguïté des rapports qui existaient entre colonisateurs et colonisés dans un système caractérisé par la présence d’une forte population européenne — modèle et repoussoir à la fois — et par une volonté d’intégration et donc une politique d’acculturation des « indigènes » qui, par son ampleur, n’a sans doute pas eu d’équivalent ailleurs.

    Bilinguisme de fait

    Dans la société algérienne elle-même, les attitudes face à la France, pour n’être pas mesurables — faute de pouvoir se manifester publiquement — n’en sont sans doute pas moins très diverses. Il est impossible d’évaluer le rôle et la place des familles qui s’étaient jadis « compromises » avec le colonisateur et ont été écartées du pouvoir politique. De même, il est difficile de cerner l’importance et l’influence de courants ou de sensibilités incarnés dans le passé par des hommes comme Messali Hadj ou Ferhat Abbas. Il est douteux cependant qu’ils aient un impact sur une jeunesse « désinformée » par quinze ans de boumediénisme. L’ancien chef de l’Etat ne tolérait qu’une histoire du nationalisme algérien expurgée et ne faisait pas mystère de son aversion pour la notion de « chefs historiques », sans doute, disent ses adversaires, parce qu’il n’en faisait pas partie. Ces jeunes, en revanche, peuvent être sensibles aux discours des intellectuels arabes tournés vers le Proche-Orient. Ils militent pour un « retour » à une « authenticité » et à une « identité » arabes, vivement contestées d’ailleurs par les berbérophones, tout en affichant, leur hostilité à la langue et à la culture françaises.

    Le français garde, pourtant, de très fortes positions malgré la politique d’arabisation officiellement proclamée. Il a fallu attendre, il est vrai, la mise en place d’une nouvelle équipe sous la houlette du président Chadli Bendjedid pour que se manifeste concrètement la volonté d’appliquer la partie de la Charte nationale de 1976, qui fait de l’arabisation l’axe de la révolution culturelle. Mais, en raison des tensions qui se sont manifestées dans la rue en 1980 par une double agitation des étudiants arabisants et des Kabyles berbérophones et francisants, les autorités n’avancent que pas à pas, avec une grande prudence.

    L’objectif poursuivi est d’instaurer un bilinguisme de fait. Il est loin d’être atteint, le français restant très largement dominant dans les circuits économiques, la plupart des administrations, à l’Université et dans les moyens d’information. « Nous avons plus fait pour répandre la langue française que la colonisation en cent trente ans », nous disait, non sans raison, un responsable de l’éducation nationale. Le français est enseigné partout — grâce à la politique de scolarisation — à raison de deux heures par jour au moins dès la quatrième année de scolarité lorsque commence, à l’âge de dix ans, le second cycle de l’école fondamentale (1). Il constitue la langue de travail des universités et des instituts scientifiques et technologiques où se trouvent la majeure partie des étudiants. Le principal quotidien du pays, El Moudjahid, rédigé en français, tire à plus de 300 000 exemplaires, soit près du double des trois quotidiens en arabe.

    L’hebdomadaire Algérie-Actualités, réalisé par une équipe jeune et dynamique, vend chaque semaine quelque 100 000 numéros. La télévision, en revanche, est largement arabisée, et le bulletin d’information du soir, le plus important, car largement écouté sur tout le territoire, est présenté en arabe. Mais une station de radio, la chaîne 3, dite « internationale », fait la part du lion au français, les émissions en espagnol et en anglais n’occupant qu’un court créneau d’une heure chaque soir. Les ministères de la justice et de l’intérieur mis à part, l’emploi du français est largement répandu dans les administrations. Il suffit pour s’en convaincre de lire les circulaires internes affichées sur les panneaux placés dans les halls d’entrée. Enfin, nombreux sont les Algériens qui écoutent Radio-Monte-Carlo ou France-Inter. Sur le littoral, les gens aisés se procurent, en général par l’intermédiaire d’émigrés, un téléviseur bistandard et une antenne spéciale permettant de capter TF 1 et Antenne 2 (2).

    Cette pratique du français explique pour une très large part la familiarité des relations bilatérales telles qu’elles sont vécues au niveau populaire. Pour nombre d’Algériens des classes moyennes, la France constitue un prolongement naturel de leur pays : ils en connaissent les produits et rêvent devant les publicités dans les hebdomadaires féminins français des derniers gadgets ménagers. La communauté émigrée en France, forte de près de 1 million de personnes, sert de relais, de point d’appui, de base d’accueil. Tel jeune fonctionnaire, par ailleurs très nationaliste et partisan des options du régime, passe chaque année ses vacances à Quimper. Depuis plusieurs années, le gouvernement n’importe plus de voitures françaises, préférant conclure des contrats avec le Brésil, les pays de l’Est et, plus récemment, le Japon. Mais les Renault et les Peugeot ramenées et vendues par les émigrés n’en restent pas moins très prisées : elles constituent encore l’essentiel du parc automobile algérien (3). On pourrait multiplier les exemples de ce type. Toutes ces importations invisibles ne sont pas prises en compte par la balance commerciale officielle, mais représentent des montants très élevés, que l’on pouvait chiffrer, en 1980, à quelque 4 ou 5 milliards de francs.

    Un double sentiment d’attraction-répulsion

    Dans le domaine de la santé, la Sécurité sociale algérienne n’accepte, en principe, de prendre en charge les frais entraînés par une hospitalisation en France que pour des cas ne pouvant être traités en Algérie, faute de spécialistes ou de moyens. En fait, les dérogations se multiplient, le citoyen algérien ne manifestant qu’une confiance limitée au système hospitalier national, pourtant entièrement gratuit. Il en résulte des charges financières lourdes pour l’Etat, elles-mêmes génératrices de contentieux.

    La proximité géographique, les liens créés par l’histoire — les familles comptant des membres ayant opté à l’indépendance pour la nationalité française sont plus nombreuses qu’on ne le pense, — la densité des relations économiques, conduisent à une situation qui n’a sans doute pas d’équivalent dans le monde. Les nouvelles générations, particulièrement, éprouvent une double réaction d’attraction-répulsion mêlées. Lors du congrès de l’Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA), en janvier 1979, un orateur exprimait à sa façon ce sentiment en se prononçant contre l’octroi de bourses en France à des étudiants. « Ils sont victimes du racisme, disait-il, doivent subir de perpétuelles vexations et brimades », et il dressait un sombre tableau des conditions de vie en France avant de conclure : « De surcroît, cet investissement n’est pas rentable, car nombre de ces étudiants, une fois leur diplôme acquis, ne reviennent pas au pays. » A trop vouloir prouver !

    Certains dirigeants rêvent de trancher dans le vif, de baisser un « rideau de fer » qui isolerait enfin leur pays et donnerait toutes ses chances à la politique d’arabisation afin de préserver et de développer l’ »héritage arabo-islamique ».

    Mais l’Algérie n’est pas la Chine ou l’U.R.S.S. Et comment traiter la France en pays étranger au même titre que les autres alors qu’existe une telle osmose, que des romanciers algériens — et non des moindres — comme Mouloud Mammeri, leur doyen, Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni, des historiens comme Mohamed Harbi et même un ancien président du G.P.R.A. comme Ferhat Abbas éditent leurs œuvres à Paris ; que des hommes d’affaires par centaines investissent en France, achetant des boutiques, des stations-service, des agences de voyages ; et qu’existe désormais dans l’ancienne métropole une communauté algérienne profondément enracinée pour qui la réinsertion outre-Méditerranée ne relève plus que du mythe pieusement entretenu par les aînés ? « S’agissant des familles, explique le sociologue algérien Ahsène Zehraoui, les parents disent : « Nous attendons, pour rentrer, la fin des études des enfants », et ces derniers répondent : « Nous verrons quand les parents seront à la retraite. Et il conclut : « La présence de cette communauté interroge la société française sur ses capacités à être pluriethnique et pluriculturelle, à vivre et à accepter les différences. »

    Les relations entre les deux pays vont sans doute évoluer d’ici à la fin du siècle vers une plus grande complexité et poser de part et d’autre de redoutables problèmes humains et culturels. Deux facteurs surtout vont y contribuer. L’évolution des techniques de communication et leur développement conduisent à la mise en place, en principe à partir de 1985, de satellites au-dessus de la Méditerranée. Ils vont permettre la diffusion sur les côtes d’Afrique du Nord de programmes télévisés français qui atteindront ainsi toutes les couches de la population avec toutes les incidences que cela suppose. En revanche, le poids de la démographie algérienne — la population du pays devrait atteindre au minimum trente-cinq millions dans vingt ans — va inévitablement se faire sentir sur une France en proie à la dénatalité, et que tout prédispose à être une terre d’accueil préférentielle.

    Telle est la toile de fond permanente des relations algéro-françaises. Ignorer ces réalités ne peut conduire qu’à des impasses. L’Algérie le sait, qui est toujours restée prudente dans ses rapports avec Paris, défendant avec pugnacité ses intérêts, tentant constamment d’obtenir le maximum de concessions sans jamais pousser les différends trop loin. Le poids de la France est trop grand dans la société algérienne pour qu’une rupture soit possible, si souhaitée soit-elle par certains. Mais tous sont animés par le souci constant de limiter autant que faire se peut une influence gênante : modèle culturel pour beaucoup, la France peut être aussi un modèle politique (4).

    A Paris, M. Giscard d’Estaing, après avoir adopté une ligne d’action « dure », contrant l’Algérie au Sahara occidental et tentant d’obtenir le départ des travailleurs immigrés, avait assoupli son attitude après l’effondrement, en juillet 1978, du régime de M. Ould Daddah en Mauritanie et la mort de Boumediène en décembre de la même année. L’arrivée au pouvoir d’un nouvel interlocuteur, M. Chadli Bendjedid, facilitait la reprise du dialogue souhaitée de part et d’autre. Le souci du nouveau chef de l’Etat, désireux de sortir son pays d’un certain isolement, en pratiquant une politique de « bon voisinage actif », ne pouvait exclure la France.

    Un échange de visites — M. Jean François-Poncet, ministre des affaires étrangères, à Alger en juin 1979, et M. Benyahia, à Paris en janvier 1980 — permit d’enclencher une négociation marathon pour normaliser les relations et liquider les contentieux qui s’étaient accumulés dans tous les domaines. Rude tâche, menée inlassablement dans le secret durant quinze mois par une petite équipe (5) décidée à conclure. Ces discussions aboutissaient, en septembre 1980, lors d’un déplacement à Alger de M. François-Poncet, à la signature d’une série d’accords. Du côté français, on renonçait à obtenir un départ massif des travailleurs émigrés, alors que M. Stoléru voulait programmer trente-cinq mille retours par an. Les deux cent quatre-vingt mille ressortissants algériens installés en France avant le 1er juillet 1962 se voyaient reconnaître un statut « privilégié » ; leur certificat de résidence étant automatiquement prolongé pour dix ans, conformément aux dispositions de l’accord sur la main-d’œuvre de 1968. Les autres, quatre cent mille environ, obtenaient un sursis de trois ans et trois mois qui arrivera à expiration le 31 décembre 1983. La France s’engageait à ne prendre que des mesures « incitatrices » au retour et à déployer un effort exceptionnel en matière de formation professionnelle. D’autres textes permettaient de liquider de vieux contentieux en matière financière et de Sécurité sociale. Au-delà de ces dispositions, on se félicitait de part et d’autre de la sincérité et de la qualité des discussions.

    Un élan nouveau

    L’arrivée au pouvoir de la gauche en mai 1981 a donné un élan nouveau à cette évolution et elle a surtout permis, ainsi que le souhaitait M. Mitterrand, de créer un climat de confiance, de dissiper les suspicions anciennes. Les mesures immédiatement prises par M. Defferre, ministre de l’intérieur et de la décentralisation, pour stopper toute expulsion de jeunes Algériens nés en France ou y résidant depuis plus de dix ans, fussent-ils délinquants, les déclarations officielles reconnaissant l’importance de la contribution apportée par l’immigration au développement économique français, la régularisation de la situation des clandestins, dont quinze mille Algériens ont bénéficié, tout cela a fait à Alger la meilleure impression. Ont été appréciées également les options « tiers-mondistes » du nouveau chef de l’Etat et son désir de relancer le dialogue Nord-Sud par une négociation globale aux Nations unies.

    Le voyage à Alger de M. Mitterrand en novembre 1981, suivi deux mois plus tard d’un accord sur le prix du gaz naturel donnant satisfaction aux thèses algériennes, a concrétisé de façon décisive la volonté de Paris d’entretenir avec l’Algérie des relations de qualité fondées sur l’amitié dans le respect des options réciproques et la prise en considération des préoccupations de chacun. Sur le plan extérieur, les efforts déployés par le président Chadli Benjedid pour prendre une certaine distance à l’égard de l’U.R.S.S. et revenir à un non-alignement rigoureux sont suivis avec sympathie par Paris, où l’on se dit prêt à faciliter cette évolution. A l’inverse, la réelle neutralité française dans l’affaire du Sahara occidental comme les efforts déployés par M. Mitterrand pour aider à une solution du problème palestinien font l’objet à Alger de jugements positifs.

    Le climat est donc meilleur qu’il n’aura jamais été. Les visites ministérielles se succèdent de part et d’autre. Mais… mais le problème délicat de la nationalité des jeunes Algériens nés en France après l’indépendance n’est toujours pas résolu, l’Algérie refusant la notion de double nationalité. Les jeunes sont donc condamnés soit à faire un choix douloureux, et souvent impossible à leur âge, soit à effectuer un double service militaire tant que les discussions en cours n’auront pas abouti. Mais… les dispositions prises pour les immigrés prennent fin dans un an sans que les principales données du dossier aient évolué, la situation de l’emploi restant en France préoccupante : quatre mille huit cents travailleurs seulement ont bénéficié des dispositions « incitatrices » de l’ »aide au retour », et la formation professionnelle a encore moins de succès.

    La police algérienne filtre elle-même les voyageurs partant en France (6) pour détecter les « faux touristes », chômeurs espérant y trouver du travail, et il faut désormais en Algérie justifier d’un emploi pour obtenir un passeport. Cela n’empêche pas le nombre des « refoulements » opérés dans les aéroports français d’augmenter dans des proportions considérables. Le dispositif mis en place est par ailleurs inefficace contre la fuite des « cerveaux », intellectuels ou cadres qui décident de s’expatrier sacrifiant pour des raisons culturelles et politiques une situation confortable pour repartir de zéro.

    Le réchauffement des relations n’a pas permis non plus, en dépit des engagements pris sur ce point par l’Algérie, de régler les problèmes de la petite communauté « pied-noir » restée en Algérie après l’indépendance et dont les effectifs, composés pour l’essentiel de personnes âgées, fondent un peu plus chaque année. Ils ne sont plus que trois mille cinq cents et ne peuvent toujours pas, en pratique, vendre leurs biens, appartements, villas ou commerces pour rentrer finir leurs jours en France. Les conditions de vie et de travail des coopérants français, enfin, se sont largement détériorées au fil des années et leur nombre va diminuant sans cesse.

    On retrouve là, au-delà des déclarations optimistes des dirigeants, la réalité prosaïque et quotidienne des relations franco-algériennes vouées pour très longtemps encore à l’ambiguïté et à la difficulté, des relations telles que peuvent en entretenir des couples séparés après une longue vie commune et qui n’en finiraient pas de régler les problèmes nés de leur divorce, éprouvant entre des crises d’exaspération, et parfois de colère, de subits accès de tendresse et d’émotion.

    Daniel Junqua

    Journaliste, auteur de « La Presse écrite », CFPJ-Editions, Paris, 1995

    Source : Le monde diplomatique, novembre 1982

    Tags : Algérie, France, colonisation, mémoire, guerre de libération, FLN,

  • Algérie : des soins gratuits pour les femmes atteintes du cancer du sein

    CANCER DU SEIN

    Des soins esthétiques gratuits pour améliorer la qualité de vie des patientes à Alger

    Les femmes atteintes du cancer du sein bénéficieront, tout au long de ce mois d’octobre rose (mois consacré à la lutte contre ce cancer), de soins esthétiques gratuits dans l’un des centres spécialisés situé dans les hauteurs d’Alger.

    L’initiative est la deuxième du genre du club Alger El Mahroussa qui offre aux femmes des soins esthétiques et corporels multiples pour leur permettre d’améliorer leur qualité de vie et leur bien-être physique et moral afin de mieux lutter contre la maladie, a souligné Mme Raouia Talhi, présidente du Club.

    Dans le cadre de cette initiative lancée dimanche, des séances de soins esthétiques sont proposées, à titre gracieux, aux femmes souffrant du cancer de sein, deux fois par semaine, avec la liberté de choisir entre 3 formules de soins assurés par le Centre.

    Le but de l’initiative est de permettre à ces femmes de se sentir belles et de reprendre confiance en elles-mêmes, en dépit des contraintes de la maladie, a affirmé Mme Talhi. La chimiothérapie et la radiothérapie utilisés généralement dans le traitement du cancer du sein laissent souvent des séquelles chez les patientes, notamment sur la peau, d’où l’importance d’encourager ces dernières à en prendre soin, à travers les soins esthétiques.

    Selon les registres nationaux du cancer, l’Algérie a enregistré 14 000 nouveaux cas du cancer du sein en 2019, notant que ce type de cancer est plus fréquent chez les femmes après l’âge de 40 ans.

    Le cancer du sein vient en tête des types de cancer les plus répandus en Algérie avec près de 45 000 cas enregistrés en 2019, selon la même source.

    Ouest Tribune, 19 oct 2020

    Tags : Algérie, Alger, El Mahroussa, cancer du sein, soins gratuits,

  • La France tente de contrer l’influence chinoise en Algérie


    Alger, 15 oct 15:55 – (Agenzia Nova) – La troisième visite en Algérie en moins d’un an du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, marque la volonté de Paris d’améliorer les relations avec l’ancienne colonie , mais aussi et surtout pour contrer l’influence croissante des principaux rivaux de la région: la Chine et la Turquie. La mission du chef de la diplomatie française a lieu quelques jours après la tournée en Algérie d’une délégation de haut niveau du Comité central du Parti communiste chinois. Les délégués de Pékin ont signé un important accord de coopération économique et technique à Alger défini par le journal national algérien « Echorouk » comme « une première étape algérienne dans la nouvelle route de la soie chinoise », également connue sous le nom d’Initiative de la Ceinture et de la Route. La Chine en Afrique inquiète également les Etats-Unis, au point que le chef du Pentagone, Mark Esper, s’est rendu à Alger le 1er octobre dernier pour la première visite d’un secrétaire américain à la défense depuis près de 15 ans. La Turquie, pour sa part, a renforcé sa présence militaire dans l’ouest de la Libye, près de la frontière algérienne. La France est depuis longtemps en désaccord avec son allié de l’OTAN et il est raisonnable de croire que Le Drian tentera de déplacer l’axe d’Alger – que la Libye a jusqu’ici maintenu une position de soutien discret du gouvernement d’accord national – de son côté.

    Le plus grand pays du continent a pour ambition de devenir une plaque tournante stratégique pour l’entrée de marchandises en Afrique et la Chine, en contrepartie, propose d’énormes investissements en infrastructures et des prêts à des taux ultra avantageux. Le fer de lance de la stratégie de Pékin en Algérie est la construction du port en eau profonde d’El Hamdania, l’un des plus grands ports maritimes du monde avec un coût estimé à six milliards de dollars et un processus de construction qui devrait durer environ sept ans. . Une fois achevé, on estime que le port peut accueillir le plus grand navire du monde avec une capacité de 240 000 tonnes, tandis que la capacité des ports algériens actuels est incapable d’accueillir des navires d’une cargaison de plus de 30 000 tonnes. tonnes. L’idée est d’utiliser le nouveau port maritime comme plaque tournante du transport pour un hypothétique corridor commercial qui s’étendra jusqu’à Lagos, au Nigeria. Un projet aussi ambitieux que risqué, compte tenu de l’instabilité de la région du Sahel infestée de terroristes, de djihadistes, de passeurs et de voleurs de désert. Une « mer de sable » que la France connaît bien et où Paris se déplace avec une extrême facilité.

    « Le moment choisi pour la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères Le Drian, qui était auparavant ministre français de la Défense, est très important car il fait suite à la visite significative et sans précédent à Alger du secrétaire américain à la Défense Mark Esper » , déclare le professeur Michael Tanchum, chercheur principal à l’Institut autrichien pour la politique européenne et de sécurité (Aies) à «Agenzia Nova». «L’Algérie est un partenaire essentiel de la France. Le partenariat Algérie-France fait face à trois défis majeurs: les réseaux terroristes opérant entre le Maghreb et le Sahel; La volonté de la Turquie d’étendre son influence en Algérie; et la volonté de la Chine de faire de l’Algérie un élément central de son initiative «Ceinture et route». Bien que cruciale pour la France, la visite est également importante pour l’Algérie car elle cherche à préserver son autonomie au milieu de l’influence économique croissante de la Chine et de la puissance turque croissante basée en Libye. La Turquie gère désormais ses forces aériennes depuis la base libyenne d’Al Watiyah, située près de la frontière algérienne. Il est également possible que l’urgence de combattre l’État islamique et des groupes similaires dans la région du Sahel ait motivé la visite de Le Drian », a conclu Tanchum, qui est également professeur de relations internationales en Méditerranée et au Moyen-Orient à l’Universidad de Navarre.


    Reste à savoir ce que la France entend mettre dans l’assiette. Faire correspondre l’énormité des investissements proposés par Pékin est impossible pour aucun pays occidental: peut-être que seuls les États-Unis peuvent s’approcher de la «puissance de feu» des banques d’État chinoises. Mais Paris peut tirer parti du sentiment nationaliste algérien, profondément ressenti par la classe politique car il enfreint l’électorat. Le président français Emmanuel Macron, conscient de ces dynamiques, a ordonné le retour des crânes de 24 résistants décapités pendant la période coloniale en juillet dernier. Les restes ont été déposés dans la section des martyrs du cimetière d’El Alia dans la capitale Alger à l’occasion du 58e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Les 132 ans de domination coloniale de la France en Algérie et la guerre brutale de huit ans qui y a mis fin ont laissé un héritage épineux entre les deux pays. Le geste de détente de Macorn a été très apprécié des Algériens, qui attendent toujours des excuses officielles pour l’occupation coloniale. «Nous avons déjà eu des demi-excuses. La prochaine étape est nécessaire, nous l’attendons. Je crois qu’avec le président Macron on peut aller plus loin dans le processus de pacification (…), c’est un homme très honnête, qui veut améliorer la situation », a déclaré le président Tebboune dans une interview hier par la chaîne de télévision« France 24 ». l’été dernier.

    Il faut également noter que la visite de Le Drian intervient quelques jours après la date fatidique du 1er novembre: ce jour-là, nous voterons le référendum sur la réforme constitutionnelle voulue par Tebboune; la Grande Mosche d’Alger sera inaugurée, le plus grand lieu de culte islamique du continent africain; on célèbre le début de la guerre de libération de la France; le contrat de la société française qui gère le métro d’Alger expirera et passera le relais à une nouvelle société algérienne. La mission du chef de la diplomatie à Paris est donc également importante pour préserver les intérêts économiques français en Algérie: la France, en fait, est restée quelque peu en marge du marché nord-africain après les dernières mesures économiques prises par le gouvernement, à commencer par amendement à la loi sur les hydrocarbures. La nouvelle loi a introduit des exonérations fiscales sans précédent sur les activités d’investissement des sociétés étrangères, exposant la société française Total à une concurrence féroce de la part de grandes sociétés pétrolières internationales qui ont exprimé leur volonté de pénétrer le marché pétrolier algérien, en particulier les États-Unis Exxon Mobil et Chevron. Les investissements français en Algérie s’élèvent à environ 250 millions de dollars chaque année: la France reste le premier investisseur du pays et le quatrième client, tandis que le nombre d’entreprises françaises opérant et investissant dans le pays reste élevé: 800 dans divers secteurs, en pétrole et banques particuliers. (Ala)

    © Agenzia Nova

    Tags : Algérie, France Chine, commerce, coopération,

  • Algérie – Planche à billets : L’ultime mise en garde du FMI

    Dans un communiqué diffusé vendredi, à l’issue de la conclusion de l’évaluation de la stabilité du système financier (FSSA) avec l’Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que «la monétisation du déficit avait augmenté les risques macroéconomiques et les réserves internationales avaient considérablement diminué».

    «Les interventions du gouvernement dans l’économie sont omniprésentes et financées par les revenus des hydrocarbures, ce qui rend l’Algérie très vulnérable aux chocs exogènes et lui laisse une marge de manœuvre limitée pour les absorber», conclut l’institution de Bretton Woods, mettant en garde contre les vulnérabilités du système bancaire algérien, dont les tests de résistance ont montré que le choc COVID-19 est susceptible de laisser certaines banques sous-capitalisées et, s’il se prolonge, pourrait entraîner une sous-capitalisation à l’échelle du système.

    Ce n’est pas la première fois que le FMI met en garde contre les effets pervers du financement monétaire des déficits budgétaires. Au lendemain de l’adoption, en octobre 2017, de la planche à billets comme moyen de financement, les économistes du FMI avait averti dans leur rapport publié à la mi 2018, faisant suite à leur séjour à Alger, dans le cadre de l’article 4 des statuts du FMI, que cette approche, à savoir la planche à billets, «pourrait certes offrir un répit à l’économie à court terme, mais également faire peser des risques considérables sur les perspectives économiques».

    Les experts du FMI, ayant séjourné à Alger fin 2017, coïncidant avec l’adoption du financement non conventionnel par le gouvernement, ont souligné, à ce moment-là, que la monétisation des déficits aura comme conséquence probable d’exacerber les déséquilibres budgétaires et extérieurs, d’alimenter l’inflation, d’accélérer la diminution des réserves de change, d’aggraver les risques pour la stabilité financière et, en fin de compte, de ralentir la croissance.

    Deux années plus tard, le Fonds monétaire international revient sur ses précédentes alertes et fait constater que, moins de trois ans après que la planche à billets ait commencé à produire, la situation macroéconomique du pays s’est nettement détériorée et le secteur bancaire, qui était passé d’un état de sous-liquidité à une situation de surliquidité, reste, aujourd’hui, totalement vulnérable et dépendant de la planche à billets. «La gestion des liquidités est sous-développée. Les subventions administrées via le secteur financier devraient être réformées et la finance inclusive et les paiements numériques mieux développés», recommande l’institution multilatérale dans son communiqué de vendredi dernier.

    Les administrateurs du FMI n’ont cessé depuis 2015 d’appeler à l’indépendance de l’autorité et politique monétaires. Face aux alertes du FMI quant aux effets pervers du financement monétaire du déficit, la banque centrale s’était engagée à rester vigilante et à stériliser, le cas échéant, les liquidités apportées par le financement monétaire. Depuis peu, le gouvernement multiplie les sorties médiatiques pour dire son choix de tourner définitivement la page de la planche à billets.

    Cependant, depuis la résurgence des problèmes des liquidités, sur fond de baisse des disponibilités financières et des recettes, alors que le budget 2021 se caractérise par une nette hausse des dépenses, la question du financement des déficits se pose avec acuité, tout comme celle invoquant les alternatives possibles à la baisse des liquidités bancaires.

    Le FMI vient de remettre au goût du jour ses mises en garde quant aux conséquences de la planche à billets sur la situation macroéconomique du pays, histoire d’avertir, une fois de plus, s’il en fallait une, sur les risques du financement non conventionnel en ces temps de vaches maigres.

    Reporters, 18 oct 2020

    Tags : Algérie, FMI, planche à billets,

  • Algérie : L’assassin de Chaïma mérite la mort

    par Mekideche Abdelkader*


    Le moratoire sur l’exécution de la peine de mort, dans notre pays, devient une aberration et une injustice immense vis-à-vis des victimes, de leurs parents et de la société. Une recrudescence des viols suivis d’assassinats, dont sont victimes des jeunes filles et des jeunes garçons et dont les auteurs sont des barbares, des déchets humains, empêche de trop philosopher. Des violeurs-assassins essaiment toutes les régions du pays. L’Etat, la justice et l’arsenal juridique s’avèrent incapables d’endiguer cette hécatombe.

    Un mimétisme absurde pousse la majorité des pays du monde à abolir la peine de mort, pour certains, et, pour d’autres, à surseoir à son exécution. L’Algérie n’a exécuté aucune peine de mort depuis l’année 1993, elle s’en vantait et s’en vante encore. Elle ne l’a pas abolie pour autant. Ce qui laisse dire aujourd’hui à M. Lazhari Bouzidi, président du Conseil national des droits de l’homme, que rien n’empêche chez nous l’exécution d’un condamné à mort. Évidement qu’il s’agit de la part de ce responsable politique d’une réaction à chaud face à un événement dramatique pour plaire, satisfaire, leurrer et calmer une opinion publique prête à s’enflammer. Mais vite l’homme politique rangé refroidira, il verra que l’Etat n’exécutera pas ses grands criminels, ni aujourd’hui ni demain, et que ceux-ci bénéficieront, comme à l’accoutumée, de prisons confortables et de réduction des condamnations à perpétuité.

    Chaque Etat a sa réalité sociale, ses références culturelles et cultuelles, ses impératifs propres. Vouloir appliquer le modèle norvégien ou suédois à la société française, américaine et, à plus forte raison à la société algérienne, est une absurdité totale. Ni les performances éducatives, ni la prospérité sociale, ni les performances économiques, ni le bonheur national ne sont les mêmes dans ces différents pays. Par conséquent, une norme qui est bonne pour une société peut s’avérer dangereuse pour une autre. Il en est ainsi de celles relatives au traitement des fléaux sociaux et des crimes. La France, qui se targue d’être la source de tous les humanismes, vient de se réveiller sur une réalité autre que celle qui habite l’imaginaire collectif français depuis si longtemps. Le peuple français, choqué par les viols et les assassinats en série, réclame, en majorité, le rétablissement de la peine de mort ! Qui l’eut cru dans le pays de Voltaire, de Mitterrand et de Badinter ?

    En l’absence d’institut de sondage, nul ne peut dire quel est le pourcentage des Algériens qui sont contre la peine de mort. Mais il est facile de parier sans risque qu’ils sont très minoritaires et que l’extrême majorité d’entre nous est pour cette sanction extrême quand il s’agit de crimes extrêmes. Et donc, si vraiment dans ce pays, le peuple est LE SOUVERAIN, ceux qu’il a élus à sa tête sont dans l’obligation de chercher à savoir qu’elle est sa volonté et de la consacrer.

    Il est difficile, en ces moments de peine nationale causée par l’horrible viol suivi du meurtre dans des conditions des plus horribles de Chaïma et de tant d’autres victimes, de ne pas assimiler toute idée abolitionniste à de l’incitation aux crimes. Être contre l’exécution de la peine de mort, c’est tout simplement être du côté des assassins. Le violeur-assassin de la pauvre Chaïma ne mérite pas que l’on trouve des explications et des justifications à son forfait. Il ne mérite pas moins que ce qu’il lui a fait subir : c’est-à-dire la mort dans une très grande souffrance.

    Socrate justifiait «l’injustesse» de la mort donnée comme peine par le fait que «nul n’est méchant volontairement», insinuant par là que tout criminel est forcément le produit d’une société qui fonctionne mal. Peut-être. Mais qu’importe. Faute de maîtriser la cause, il faut agir sur le résultat. Et ce résultat pourri, il faut s’en débarrasser comme on se débarrasse d’un doigt ou d’un pied gangrené : le couper.

    Trop tard, l’assassin de Chaïma ne mérite plus de vivre. Peut-être que son exécution ne dissuadera pas d’autres criminels de sa nature, mais elle aura au moins pour avantage de compenser l’immense souffrance que la pauvre a subie et l’incommensurable douleur qu’endurent et endureront à jamais son père, sa mère, ses frères et ses sœurs. Peut-être que la peine de mort est une peine barbare et sauvage, comme le prétendent les progressistes, oui, mais il est certain que cette barbarie est le seul langage, la seule peine que conçoivent les barbares et les sauvages eux-mêmes.

    *Universitaire et avocat

    Le Quotidien d’Oran, 18 oct 2020

    tags : Algérie, Chaïma, assassinat, crime, peine de mort,