Catégorie : Algérie

  • Sur le devant de la scène

    Au plan politique, il ne faut évidemment pas s’attendre à des évolutions spectaculaires, en bien comme en mal, pour ce qui est des questions brûlantes à travers le monde, d’ici la tenue de la présidentielle américaine, qui désormais n’est plus qu’à une encablure. On aurait pu d’ailleurs faire la même remarque il y a plusieurs mois déjà, depuis que la campagne électorale aux Etats-Unis a pris le pas sur tout ce qui est susceptible de se produire sur la scène mondiale. A une exception près toutefois : la pandémie de Covid-19 qui elle par contre domine nettement le débat y compris aux Etats-Unis, le pays qu’elle a frappé et qu’elle frappe encore le plus durement. Le fait est qu’il n’y en a aujourd’hui que pour elles deux, la pandémie et l’élection américaine. Tout le reste, dont des crises particulièrement intenses, est en stand-by. Leurs protagonistes en ont profité pour se mettre d’accord sur une trêve, il est vrai pas toujours respectée, mais que néanmoins ils observent dans l’ensemble. Les derniers à s’accorder un répit en attendant que les Américains choisissent entre Donald Trump et Joe Biden, ce sont les belligérants au Haut-Karabagh, les seuls pourtant à se déclarer les hostilités au beau milieu d’une crise sanitaire mondiale d’une ampleur sans précédent. Un répit qui n’a pas tardé à voler en éclats, sans doute, mais il pourrait se renouveler, et vraisemblablement tenir plus longtemps que la première fois.

    En effet, il peut ne servir à rien de se faire la guerre quand la première puissance au monde, dont beaucoup dépend, est elle-même indécise sur son sort immédiat. Il se trouve que sur le front économique non plus il ne faut pas s’attendre à un tournant majeur, dans le bon ou le mauvais sens. Mais cela, ce n’est pas à la crise présidentielle américaine qu’on le doit, mais à la pandémie. La récession actuelle n’étant pas due à une cause endogène, mais à une pandémie, à quelque chose d’extérieur par conséquent, à la différence par exemple de celle de 2008, il ne serait possible d’en sortir que si la pandémie prend fin, ou du moins passe mais sans retour possible sur sa pente décroissante. C’est loin d’être le cas une dizaine de mois après son apparition. Ce serait pourtant une erreur de croire que l’économie mondiale renouerait avec la croissance dès la fin de la pandémie. Comme elle n’était pas déjà florissante au moment où cette dernière est intervenue, elle ne passerait pas directement de la récession à l’expansion dès lors que le Covid-19 se serait essoufflé. Mais jusque-là, l’économie dont il a été question n’est qu’une partie de l’économie, l’économie réelle. Dans un tout autre moment de l’histoire, il n’aurait pas été nécessaire de le signaler. Par le passé, quand il y avait une crise, récession ou dépression, l’une ou l’autre s’étendait à l’économie dans son ensemble. On n’imaginait même pas que les marchés financiers puissent prospérer quand l’économie réelle est plongée dans la récession. La pandémie a fait s’affaisser l’économie réelle, c’est-à-dire la production des biens et services, mais fait grimper les indices boursiers. Un âge d’or pour la Bourse dans la débâcle générale. Or ce découplage, cette scission, ce divorce entre la sphère financière et la sphère réelle n’est pas un produit de la pandémie, il lui est même antérieur de plusieurs années. Il a commencé en 2008, avec la crise de l’immobilier américain, qui en un rien de temps a diffusé dans le monde entier, pour aller ensuite s’élargissant. Rien n’est parvenu depuis à le réduire, pas même la pandémie, qui au contraire l’a amplifié.

    Le Jour d’Algérie, 13 oct 2020

  • Algérie / Santé : vide effarant

    par Abdelkrim Zerzouri


    S’il est admis que la santé en général se porte mal en Algérie, la santé mentale, elle, échapperait à toute évaluation conséquente en l’absence de données sur le nombre exact de personnes atteintes de troubles mentaux, ni même d’un cadre réglementaire adéquat. Même si on tente de rassurer sur le sujet, quand le ministre délégué chargé de la Réforme hospitalière, Smaïl Mesbah, affirme à l’occasion de la de la célébration de la Journée mondiale de la santé mentale, coïncidant avec le samedi 10 octobre, que l’offre de soins en santé mentale a connu, ces dernières années, «une nette amélioration», la situation ne serait pas moins déficiente sur le plan de la prise en charge de ceux qu’on désigne pudiquement sous le nom de patients atteints de déficience mentale.

    D’ailleurs, le ministre avoue dans la foulée que «des défis restent à relever» sur ce plan, dont l’inadéquation des structures existantes, le poids des tabous, l’intégration de la notion de santé mentale comme composante à part entière de la santé et la place de la prévention, par rapport à celle du soin médico-psychologique proprement dit, qui demeure très aléatoire malgré le développement de la science sur ce registre, y compris dans les pays les plus avancés.

    Et les mots restent encore assez tendres pour décrire une situation des plus inquiétantes. Serait-on exagérant si on avance que l’Algérie figure parmi les premiers pays consommateurs de médicaments antidépresseurs ou tranquillisants ? On n’aurait aucune donnée statistique pour le prouver, mais on peut apprécier à travers un recoupement de données parcellaires que la consommation des médicaments en question, acquis sur ordonnance auprès de l’officine pharmaceutique ou sur le marché noir des médicaments psychotropes, bat son plein et touche pratiquement tous les âges et toutes les franges de la société, avec une prévalence de propagation du phénomène dans le milieu juvénile quand il s’agit de se procurer ces médicaments sur le marché noir. Près de deux millions de comprimés psychotropes, destinés à l’écoulement sur le marché noir, ont été saisis par les services de la police judiciaire de la sûreté nationale durant les huit premiers mois de l’année en cours ! Combien en a-t-on vendu légalement et quelles quantités de marchandises sont passées entre les mailles des filets des services de sécurité ? C’est tout simplement alarmant.

    Le nombre des patients atteints de troubles mentaux pris en charge dans les structures psychiatriques n’est pas connu, comme on le reconnaît officiellement, puisque une enquête nationale a été initiée au mois d’avril 2019 pour identifier le nombre des porteurs de ces pathologies, sans parler des addicts aux psychotropes, des malades qui s’ignorent, et qui ferait sauter le compteur si leurs effectifs sont pris en considération. Comment en est-on arrivé à cette déplorable situation ? Est-ce parce qu’il n’y a personne pour défendre les droits des malades mentaux, abandonnés par la société, jusque y compris au sein de leurs propres familles ? Et, justement, quand tout s’effondre autour des franges fragiles de la société, c’est à l’Etat de combler le vide effarant.

    Un sérieux effort devrait être déployé, et en urgence, pour élaborer un cadre réglementaire de l’offre de soins en santé mentale en Algérie, dont l’élaboration des textes d’application de la loi sanitaire en matière de modalités d’hospitalisation, encore inexistants (!), et la mise en place dans ce sillage des conseils juridiques dans les hôpitaux et services de psychiatrie. Ce n’est pas une mince affaire d’hospitaliser ou d’interner (le mot exact) une personne dans un hôpital psychiatrique, qui sera privée de ses facultés mentales et par extension de ses responsabilités civiles et pénales.

    Le Quotidien d’Oran, 13 oct 2020

  • Algérie : Plaidoyer pour la formation d’une armée africaine

    Toutes les interférences et interventions militaires étrangères en Libye et au Mali « ont été des problèmes plus que des solutions » ce qui augure mal de l’avenir de la région, a fait observé l’ancien diplomate algérien, Hocine Meghlaoui, se prononçant ainsi en faveur de la « formation d’une armée africaine » pour parvenir à préserver la paix dans le continent et mieux lutter contre le terrorisme.

    « Au Mali, au Niger et en Libye, il y a beaucoup d’intervenants mais peu de résultats, malheureusement. Alors, est-ce que ce n’est pas le moment d’indigéniser la lutte contre le terrorisme ? Pourquoi ne pas former une armée totalement africaine, bien équipée et bien entrainée ? », a plaidé hier ce chercheur, auteurs de plusieurs ouvrages, sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio nationale. « Est-ce que les Maliens ou les Nigériens ne sont pas capables de lutter par eux-mêmes contre le terrorisme ? », s’interroge également Meghlaoui, dont la conviction est fondée sur l’expérience algérienne.

    « L’Algérie a vaincu le terrorisme toute seule. Nous avons été mis pratiquement sous embargo et nous avons réussi à vaincre le terrorisme. C’est aussi la même chose pour la Libye », a-t-il soutenu.

    L’ancien diplomate a plaidé également pour « l’implication » de l’Algérie dans la résolution des conflits des pays de voisinage, dont le rôle recherché n’est pas d’interférer dans les affaires internes de ces pays, mais pour préserver la stabilité de ces pays frontaliers, qui sont sans un impact sur sa stabilité intérieure, estimant aussi que la situation sécuritaire dans ces pays représente une menace pour l’Algérie « dans la mesure où le terrorisme risque de s’étendre au voisinage ».

    « Il s’agit d’enjeux vitaux même pour la sécurité de l’Algérie. L’Algérie doit être impliquée dans ce qui se passe dans la région, pas uniquement en Libye, mais aussi dans tout le Sahel car n’oublions pas le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad qui sont aussi des pays frontaliers à nous », a-t-il indiqué. Il juge ainsi que l’Algérie, qui partage plus de 6 000 KM avec ces pays, « ne peut pas rester indifférente ». « Il faut stabiliser ces pays. Mais malheureusement ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas permis de les stabiliser. Il y a trop d’interférences étrangères et aussi trop d’inté- rêts. L’Algérie doit aussi défendre ses intérêts. Et ces derniers priment sur tous autres intérêts car il y a d’abord l’intérêt sécuritaire. Nous devons défendre notre sécurité », a estimé Hocine Meghlaoui.

    « L’Algérie doit jouer un rôle important en Libye »

    Cela explique aussi pourquoi l’Algérie doit jouer un rôle important dans la résolution de la crise libyenne, dont la multiplication des interventions des pays occidentaux de la Turquie a transformé le pays en poudrière. « La Libye est un pays voisin. Nous partageons près d’un millier de kilomètres de frontières. Nous avons des tribus issues de mêmes familles qui sont installées dans les deux côtés des frontières. Nous ne pouvons pas tourner le dos à cette question.

    Il s’agit de questions très compliquées et très délicates, nous devons y aller franchement parce que nous avons le droit en tant que pays voisin d’être impliqués, voire même plus que les autres », a-t-il souligné. Évoquant les échecs des opérations militaires étrangères au Mali dans la préservation de la paix et la stabilité dans ce pays, comme Serval, Barkhane (initiées par l’armée française), Minusma (par les Nations unies) et Takuba (une task force européenne ; française et Estonienne), l’ancien diplomate estime que cela démontre l’ampleur des intérêts économiques et géopolitiques dans la région.

    « Prenons l’exemple de la Turquie. Ça a surpris tout le monde que la Turquie soit en Libye, dernier pays africain de l’empire ottoman. La Turquie a quitté la Libye en 1912. Et la Turquie maintenant confirme cette tendance que les anciens colonisateurs reprennent un peu le pied dans leurs anciennes colonies. Ça on le constate très clairement lorsque on est dans les conférences internationales », a-t-il décortiqué.

    Il a cité aussi que la Turquie a trouvé en la Lybie une extension stratégique, économique, militaire, et maritime, soulignant que les entreprises turques dans ce pays ont un portefeuille de 16 milliards de dollars. « Mieux encore, le gouverneur de la Banque centrale libyenne – celle de Tripoli – est allé à Istanbul et même rencontré le président Erdoğan (…) et fait un dépôt de 8 milliards de dollars à la Banque centrale turc pour 4 ans, sans intérêts et sans frais. Cela a permis d’ailleurs de soulager la livre turc qui est en baisse », a-t-il ajouté.

    Meghlaoui arrive ainsi à la conclusion : « les pays ne bougent pas sans qu’il y ait des intérêts ». Estimant que la diplomatie algérienne est « une diplomatie de paix » dont les principes « sont contenues dans la charte de l’ONU », l’ancien diplomate remarque qu’« il y a très peu d’États qui respectent encore les principes de la diplomatie comme c’est le cas actuellement pour l’Algérie. Je pense qu’il est temps de revoir un petit peu notre diplomatie et faire un bilan sérieux pour voir où nous en sommes et définir les objectifs et les moyens ».
    Hamid Mecheri

    Le Courrier d’Algérie, 12 oct 2020

    Tags : Algérie, Libye, Mali, Turquie, colonisation, colonialisme, exploitation, spoliation, pillage, pétrole, richesses, ressources naturelles, Afrique, Union Africaine,

  • France : Mouvance

    Par Fouzia Mahmoudi

    Alors qu’il ne reste plus qu’une année et six mois avant la prochaine élection présidentielle française, la gauche semble toujours incapable de se mobiliser pour s’unir et surtout pour désigner un candidat unique qui pourrait peut-être concurrencer les deux grands favoris du scrutin, Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

    De son côté, comme beaucoup de ses anciens collègues du Parti socialiste qui ont lancé leurs propres petits mouvements politique, l’ex-Premier secrétaire du PS lance son «réseau» baptisé «Nouvelle société», un projet centré sur les questions «sociales et climatiques et le patriotisme républicain». Jean-Christophe Cambadélis a, en effet, lancé il y a quelques jours à Paris sa propre mouvance, pour aider la gauche à se «réinventer» et être une «alternative» en 2022.

    «La présidentielle qui vient sera redoutable à cause de l’effondrement du clivage droite-gauche. Il a libéré le populisme qui rôde autour de notre démocratie», a affirmé Jean-Christophe Cambadélis, en mettant en garde contre «le national populisme du RN».

    Face à «la désagrégation républicaine et les symptômes d’une société malade, d’une République affaiblie», il a estimé qu’il était temps de «refonder un courant de la raison». «Il faut libérer la République de la Ve République, il faut insuffler du girondisme dans la République et construire un nouveau compromis historique entre l’État et les collectivités locales», a-t-il notamment affirmé.

    Le projet de «Nouvelle société» est centré sur «l’intégrité humaine, les questions sociales et climatiques et le patriotisme républicain». Selon lui, «une République moderne doit s’articuler autour de principes clairs : l’égalité réelle, la liberté ordonnée, la fraternité laïque». «Nous allons proposer dans le débat à gauche cette devise républicaine revisitée», a-t-il dit. «La laïcité est au cœur de notre contrat social, elle est la seule garantie du vivre-ensemble».

    Jean-Christophe Cambadélis a également promis que son réseau allait «travailler à un mémorandum pour la République», afin d’«imposer le renouveau républicain dans le débat de la présidentielle et dans le débat à gauche».

    Parmi la centaine de participants (l’accès était restreint pour cause de coronavirus) figuraient notamment deux nouveaux maires PS, Michaël Delafosse (Montpellier) et Karim Bouamrane (Saint-Ouen). Corinne Narassiguin, numéro deux du PS, représentait son parti.

    Reste à savoir, et à espérer pour Cambadélis, si cette nouvelle mouvance issue du Parti socialiste réussira à susciter plus d’enthousiasme que l’ont fait les autres petits mouvements et petits partis de gauche créés ces dernières années et qui loin de rassembler les électeurs et partisans de gauche n’ont fait que les fractionner en des factions toujours plus petites et isolées. F. M.

    Le Jour d’Algérie, 12 oct 2020

  • Algérie : La force des symboles

    Le président Tebboune s’est rendu hier au siège du MDN, aux Tagarins dans une visite, la troisième du nom depuis son élection à la tête du pays, le 12 décembre 2019.
    Loin d’être une coquetterie protocolaire, cette visite, pour les observateurs qui savent lire entre les lignes est riche en symboles. Le président Tebboune entend visiblement traduire « l’Algérie nouvelle » même de ses rapports avec l’institution militaire, en opérant sur ce registre une rupture avec son prédécesseur qui dans sa volonté de ne pas être un « trois quarts de président », limitait ses déplacements au siège du ministère de la Défense, généralement, à la date du 1ernovembre ou 5 juillet pour la remise des grades, suite à des promotions dans la hiérarchie.

    Le message subliminal de visites du président Tebboune au MDN est de montrer qu’il existe une relation apaisée ente la Présidence de la République et l’armée, deux institutions qui travaillent en synergie, selon un nouveau cadre qui sera consacré dans le marbre de la nouvelle constitution sur laquelle les Algériens sont appelés à se prononcer le 1er novembre.

    A travers sa visite hier au siège du MDN et à la lumière de son discours diffusé en visioconférence aux six régions militaires, aux unités opérationnelles, aux Grandes écoles, le président de la République entend faire prendre à l’institution toute sa part dans ce chantier majeur de la constitution qui va redessiner le destin de l’Algérie.

    Autant l’ALN aura été un acteur majeur dans la renaissance de l’Algérie post coloniale, autant l’ANP son héritière, doit avoir ce même rôle dans « l’Algérie nouvelle » que le président Tebboune entend ériger. Et en choisissant le 1er novembre pour le référendum, à l’occasion du 66ème anniversaire du déclenchement de la Révolution, le président, veut mettre en parallèle, en les faisant conjuguer au présent, les deux événements fondateurs que sont le déclenchement de la révolution pour la renaissance de l’Algérie et le vote pour la nouvelle constitution porteuse de l’Algérie nouvelle.

    La mise à l’honneur de l’institution militaire dans ce contexte préélectoral, ne signifie pas pour autant son immixtion dans le jeu politique, suggère le président Tebboune qui avance au contraire sa professionnalisation. «Notre armée, connue pour son professionnalisme et sa discipline, est source de notre fierté et ses performances et victoires dans des domaines où elle n’en a de cesse d’honorer notre pays aux plans militaire, technologique, économique, humain et professionnel, sont des exemples à méditer», a assuré le Président de la République.

    «Digne héritière de l’ALN, l’ANP compte à son actif une grande expérience et des expertises acquises durant sa lutte, sans relâche, contre le terrorisme, à la lumière des conditions difficiles vécues par le passé», a ajouté le Président Tebboune, relevant que «l’interaction positive de l’ANP avec les nouvelles donnes scientifiques et technologiques, l’habilite à accomplir pleinement son devoir à la hauteur de la confiance dont notre vaillant peuple l’a investie.

    Ces propos du président Tebboune viennent en écho à la déclaration faite la semaine dernière par le chef d’Etat –major Said Chengriha à l’envoyé du Washington Post auquel il disait en substance « Nous sommes une armée professionnelle, nous ne savons pas faire de politique. »

    H.Khellfi

    L’Est Républicain, 12 oct 2020

  • Algérie : Similitudes Intrigantes

    par Abdelkrim Zerzouri

    Quels liens peuvent connecter ces crimes odieux commis contre trois femmes, dont les corps brûlés ont été découverts, ces derniers jours, celui d’une adolescente à Thenia (dimanche 4 octobre), puis une jeune femme de 32 ans dans une forêt à El Eulma et celui d’une troisième victime âgée de 20 ans le samedi 10 octobre à Tamanrasset ? Ce n’est pas l’œuvre d’un tueur en série, qui commet généralement ses crimes dans un périmètre réduit, une même ville, mais il s’agit bel et bien d’une barbarie en série qui devrait avoir ses explications et trouver son châtiment.

    Au-delà de l’exécution de la peine de mort qu’on revendique contre les monstres violeurs et assassins de femmes et d’enfants, des droits de la femme et du respect qu’on lui doit en tant que mère, sœur et épouse, de l’indispensable renforcement de l’organisation de la société civile en matière de prise en charge des femmes en détresse ou en danger, l’actualité macabre qui domine les évènement ces derniers jours, en l’occurrence les trois femmes assassinées et brûlées en moins d’une semaine, met plein les yeux sur les similitudes intrigantes entre ces crimes abominables.

    Première d’entre elles, le sexe des victimes, des femmes, qui confirme les féminicides, terme apparu pour la première fois en 2015 dans le dictionnaire (Le Robert), qualifiant le meurtre d’une femme par un homme, il est aussi repris par l’ONU et l’OMS mais pas encore reconnu dans la terminologie ou la législation pénale locale, qui ne retient que le terme d’homicide qu’il s’agisse de l’assassinat d’une femme ou d’un homme.

    En second lieu, les tueurs ont employé le même procédé d’une rare sauvagerie qui chercherait à avoir son impact médiatique et provoquer un choc dans la société, en achevant leurs victimes presque de concert entre eux, ou en s’inspirant du premier crime qui a été largement relayé par les médias et les réseaux sociaux, avant d’abandonner les corps brûlés vifs ou après le décès (les autopsies devraient éclaircir le point).

    Les mobiles des crimes, en troisième lieu, ne sont pas encore établis officiellement, puisque les enquêtes sont en cours et deux meurtriers courent toujours (le premier se trouve entre les mains de la justice à Boumerdès, juridiction couvrant la localité de Thénia, où le corps de Chaïma a été découvert), mais l’identification ou la définition commune des meurtres est la monstruosité.

    Les statistiques macabres signalaient une trentaine de féminicides ou d’homicides ayant ciblé de différentes manières des femmes durant l’année en cours, généralement commis par des hommes proches des victimes, notamment les conjoints, chose qui renseigne sur l’ampleur de cette triste réalité qui n’honore pas les hommes, mais les trois derniers crimes abjects qui ont les mêmes traits de ressemblance se distinguent aussi par le timing très court entre eux, soit un crime chaque deux jours, et par la période elle-même, très sensible sur les plans socioéconomique et politique, notamment.

    Comme si on cherchait à porter le coup de grâce au moral d’une société très impactée socialement et économiquement par la pandémie du Covid-19 et qui se cherche une voie de sortie de la profonde crise politique dans laquelle l’a précitée l’ancien système ?

    Même si le rapprochement ne découlerait pas d’une machination diabolique, le résultat n’est pas loin, lui, du coup de boutoir considéré.

    L’onde de choc de ces crimes a déclenché l’effroi au sein de la société et donné lieu à des manifestations de colère à travers plusieurs villes du pays. Une peine incommensurable, qui devrait appeler à une vigilance accrue pour épargner plus de malheurs.

    Le Quotidien d’Oran, 12 oct 2020


  • Le «Hirak», la «3issaba», les partis, la «vache à traire», la démocratie et la nouvelle Constitution !

    Par Amar DJERRAD

    Certains partis, personnalités dits «opposants», sortent brusquement de leur léthargie pour s’exprimer à propos de la nouvelle Constitution proposée à référendum. Alors que certains la formulent par quelques superficiels «conseils» désordonnés parfois hors sujet, d’autres par des critiques acerbes, délirantes annonçant une catastrophe en débitant des contrevérités afin de saper le moral des populations paisibles. Certains l’ont fait avant même la publication de la mouture ! Des critiques malhonnêtes sur un travail, de plusieurs semaines, de plusieurs experts constitutionnalistes, académiciens et plus de 3000 contributions de partis, d’associations et de personnalités, qui ont répondu à l’appel du Président pour y contribuer ; en se permettant même de donner des … conseils. Il se trouve que ce sont ceux qui ont refusé de contribuer à son enrichissement qui «battent le tambour» !

    Avec eux, aussi parfait que soit le Projet de Constitution (ou autres), il demeure mauvais ou insuffisant tant que l’objectif des détracteurs n’a pas abouti. La partition des «négativistes et oppositionnistes» – refusant paradoxalement et systématiquement tout dans une apparence théâtrale – est connue ! Il s’agit donc plus de slogans politiques stupéfiants que de «propositions » ou «contributions au débat» sérieuses…

    Par leurs réactions, il est parfaitement lisible que leur projet reste cette «phase de transition» inconstitutionnelle, sans vote du peuple (que dirigerait un collège de 3 personnes en lieu et place d’un Président de la République élu par le peuple), dont ils souhaitent étrangement et paradoxalement l’assentiment de … l’Armée qui l’a rejeté d’un revers de la main s’en tenant à l’option légale constitutionnelle ! Parions qu’ils seront les premiers à responsabiliser l’Armée pour cette violation en cas d’échec de ce choix ! Ils imposent cela comme volonté des «forces politiques et sociales» représentant la «volonté du peuple», au travers du Hirak !

    Une «phase de transition» qui n’a jamais été évoquée ou revendiquée par le « Hirak » (originel) ! Cependant, les peudo-hirak déviants, sans envergures, organisés après, çà et là, par ces mêmes «forces politiques et sociales», s’évertuant à les confondre, trompeusement, avec le véritable Hirak qui avait cessé après avoir obtenu l’essentiel – là oui, sans aucun doute !

    Ces «forces politiques et sociales» s’étaient, dit un de leur mentor, «réunis pour œuvrer dans cette direction afin d’aboutir à un accord politique global et inclusif avant les dernières élections présidentielles» ! Ces «forces», en fait, n’ont jamais été significatives ! Il s’agissait donc bien d’une tromperie ! Les quelques partis sans base importante et quelques «associations» ne sont aucunement représentatifs du Hirak ! Tous ont été presque violemment exclus des manifestations y compris les «personnalités» qu’ils représentent !

    Nous pensons principalement à ce groupe «Alternative démocratique» appuyé par quelques «personnalités» et d’autres fervents partisans de cette «phase de transition» équivoque et sans projet ! Nous pensons aussi à ce qu’ils sont devenus après leur échec ; un «Pacte pour une alternative démocratique» regroupant sept partis politiques connus pour leur minorité et leur exclusion des manifestations des débuts !

    Est-ce «démocratique» de la part de «démocrates» d’imposer (en l’évoquant comme exigence du Peuple) une «phase de transition» sans suffrage populaire ? Curieux ! … De mettre sournoisement au-devant de la scène des «personnalités» inconnues que l’on a flanqué du qualificatif «figures de proue du hirak» dont certains emmargent ou ont emmargé à la NED liée à la CIA ? (voir le récent et foudroyant livre de Ahmed Bensaada; «Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien»)… De faire croire au peuple qu’ils sont leurs représentants aidés pour cela par une certaine presse aux ordres de financiers ?…. D’appeler à la démilitarisation de l’Algérie ? … Faire des «alliances» insolites, de circonstances, avec des islamistes trempés dans le terrorisme ; uniquement dans le but de «faire tomber le pouvoir » tout en visant à réduire et discréditer l’Armée » ? Etc. etc… Si c’est cela leur «démocratie», c’est quoi alors la dictature ?

    Leur activisme malsain est devenu plus visible et agressif après la déchéance de ce que l’on appelle la «3issaba» qu’avant ; lorsqu’ils (pour la plupart) étaient dirigeants désignés ou « élus » par quotas dans ce «système» déchu qu’ils feignent aujourd’hui fustiger en le confondant, sournoisement, avec les gouvernants actuels dont ils disent que ce sont les mêmes ou leurs amis ! Ils n’expliquent pas pourquoi et comment cette «3issaba» est, soit en prison, soit poursuivie ou réclamée par la justice ! Ces «forces politiques et sociales» ne se sont pas prononcés, à ce jour, à propos de la pertinence, de la justesse, de la légalité ou l’illégalité de ces poursuites visant les personnalités (civiles ou militaires) jugées, condamnées ou poursuivies) pour principalement «corruption» ! C’est pourtant un événement de grande importance ! Non ?

    Donc, leurs avis et recommandations sur la nouvelle Constitution ou leurs consignes de voter «non» ou boycotter ne peuvent qu’être frappés de suspicion si ce n’est pas des arguments pour les citoyens sceptiques et méfiants d’adopter une attitude inverse !

    Terminons par ceci,

    Un journaliste de leur bord (résidant en Algérie) amateur des expressions «clan du pouvoir», «chasse aux sorcières», «dossier vide» , «pouvoir de fait », «pouvoir réel», «dictature» etc… a produit récemment un commentaire sur son FB, intitulé : «Brisez-moi ce hirak que je ne saurais voir !» paraphrasant Molière dans son «Tartuffe» en remplaçant donc «sein» par «hirak» ; visant l’Armée «pouvoir réel», qui ne voudrait pas voir ce hirak ! Cet auteur se sert hypocritement et faussement, du titre d’une pièce de théâtre sur l’hypocrisie pour convaincre, croit-il, que l’armée était contre le hirak. Si, «hypocritement» on n’aime pas le «sein», franchement qui ne l’aime pas ?

    Selon la «rhétorique» de ce commentateur, on peut déduire que réellement l’Armée aime donc le hirak ! Ceux qui ne l’aiment pas sont ceux qui ont vu ce fameux «hirak» leur arracher pacifiquement (avec le soutien de l’Armée) la «vache à traire» (aux grosses mamelles) et qui s’ingénient, quoiqu’il advienne, à faire soulever le peuple (avec l’appui de forces extérieures hostiles), dans l’objectif caché de réhabiliter leur «système» corrompu déchu, en lui faisant croire qu’il n’y a pas et n’y aura pas de changement avec la nouvelle Loi fondamentale !

    Ils vivent de l’imaginaire et du ridicule !

    A. Djerrad

    Algérie1, 7 oct 2020

  • Algérie : Et donc, Moretti avait une «princesse» !

    Malika Boussouf

    J’adore le Mme Maya ! Il fait très Mme Claude ! La célèbre tenancière de maison close qui avait la mainmise sur des réputations insoupçonnables. Juste que la Française était une proxénète qui, durant de longues années, avait veillé sur l’équilibre sexuel de hauts fonctionnaires de son pays et que la Mme Maya, bien de chez nous, aura, elle, entre autres préoccupations liées à la corruption, servi de banquière à quelques membres de la 3issaba.

    Pour bien faire le job, il lui fallait une villa et des policiers pour la protéger d’hypothétiques agressions ou pour éviter que le pouvoir dont elle se prévalait ne soit trop sollicité. La Madame Maya monnayait ses services auprès de clients friqués d’une partie de la nomenklatura, pas auprès du tout-venant.

    Une ascension vertigineuse assurée par un parrain et pas des moindres. On ne les compte plus celles et ceux dont Bouteflika, l’ex- homme, le plus fort, du régime, aura assuré une promotion sociale aussi rapide. Lorsqu’une progression est éclatante, elle gagne vite en crédibilité, aux yeux de tout ambitieux qui, dès sa prise de fonction, offrira ses services à qui l’aidera à avancer rapidement. Il fallait, absolument, que les comparutions ne soient pas seulement déclinées au masculin pluriel ! Pour veiller sur la fortune de son camp, il fallait une femme. Faire fructifier son bas de laine et celui des siens, c’est dans ce domaine que Mme Maya et ses assistantes de filles, qui auront montré le plus de prédispositions, se seront le mieux illustrées !

    Trois femmes peu scrupuleuses et étonnantes dans leur détermination à enfoncer leurs bienfaiteurs. Quand on pense que les liens étaient devenus quasi familiaux, on ne doute plus de la capacité de nuisance des uns et des autres. Le moindre privilège se protège et, là, il n’y en avait pas qu’un seul. Pour les préserver, ceux qui les alimentent et ceux qui en bénéficient se fabriquent des liens qui ne s’envolent que si l’urgence de sauver sa peau se manifeste. J’ai adoré découvrir qu’on appelait, aussi, la mère Maya, «la princesse de Moretti» ! Comment croire qu’un nom de guerre aussi flatteur puisse, un jour, jouer contre soi ? Jamais !
    M. B.

    Le Soir d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Algérie, Mme Maya, princesse de Moretti, Bouteflika, 

  • L’évolution de la Révolution algérienne

    Par Ali Chérif Deroua

    Cher lecteur, chose promise, chose due. J’ai choisi pour vous 3 sujets que vous n’allez pas oublier de sitôt, je l’espère. Ils vous aideront à percevoir mieux l’évolution de la Révolution algérienne, son histoire authentique et surtout vous permettront d’avoir une opinion saine sur notre glorieux passé.

    1 – commentaire sur les livres d’Yves Courrière

    Un ami, lecteur de mes contributions, m’a reproché de ne pas avoir écrit sur les rencontres de Aït Ahmed et Yazid avec les leaders de la Conférence de Bandung en les citant et, en incluant Ho Chi Minh. Je lui promis une réponse à ce sujet, à lui de se faire sa propre opinion après la lecture de cette contribution.

    Yves Courrière est considéré par la majorité des Français, et surtout des Algériens, comme l’une des références de l’écriture de l’Histoire de la Révolution algérienne. En ce qui me concerne, je n’ai aucun a-priori, j’ai lu ses 4 tomes à 3 reprises. La première fois, au fur et mesure de la sortie de ses livres aux éditions Fayard, en soulignant à même les livres, ce qui me paraissait bizarre, anormal.

    La seconde fois, en tirage éditions livres de poche. La troisième lecture dans Casbah Éditions, en vérifiant si certaines corrections avaient été apportées sur les nouvelles éditions.
    Dois-je taire ce qu’il a écrit de négatif parce qu’il est décédé ? Relever une erreur sur ce qu’il a écrit est-il condamnable ? Je pense que non.

    Les livres ont été vendus à plus d’un million d’exemplaires. Personne n’a relevé ou osé les signaler, est-ce ma faute ? Donc les donneurs de leçons de morale doivent voir ailleurs.
    À chaque lecture, je relevais quelques erreurs ou abus d’appréciation, quelques excès et quelques «perles».

    Grand historien, ayant reçu le Prix de Albert Londres et le Prix de l’Académie française est un qualificatif qui l’honore et dont je ne peux discuter.

    Il a été un grand reporter de Radio Luxembourg et de journaux de renom durant la Guerre d’Algérie. À ce titre, il a rencontré et côtoyé la crème des officiers supérieurs de l’armée française de l’époque. A ce titre, il a dû avoir accès à de nombreux documents et archives de très grande importance.

    Mais pour ma part, je me contente de mettre à la disposition du lecteur qui m’a interpellé, et à tous les lecteurs, un paragraphe d’un de ses livres. Je les laisse libres de leur jugement, cela permettra peut-être à certains de revoir leur opinion actuelle.

    Dans le tome 2, Le temps des léopards, La Guerre d’Algérie, éditions Casbah, pages 64 et 65, il écrit textuellement :

    «Yazid et Aït Ahmed avaient à peine la trentaine ! Leur jeunesse et leur fougue firent grande impression. Ho Chi Minh qui connaissait Messali et Ferhat Abbas fit contacter les deux jeunes Algériens. Il discuta longuement avec eux. Les Français… oh les Français, leur dit-il, c’est un problème que nous connaissons bien.»

    Que Yazid et Aït Ahmed aient rencontré Ho Chi Minh, pourquoi pas ? Mais pas à la Conférence de Bandung. Pour la simple et unique raison que ni le Vietminh (Vietnam du Nord) ni Ho Chi Minh n’étaient présents à Bandung. La délégation de l’État du Vietnam avec comme capitale Saigon faisait partie des 29 délégations officielles invitées et présentes. La délégation de ce pays était dirigée par Ngo Dinh Diem, président du Conseil des ministres de ce pays. Ce qui est beaucoup plus grave pour le lecteur algérien, c’est que plusieurs historiens ont repris ce passage et l’ont répercuté sur plusieurs médias.

    Autant dire bonjour les dégâts. Me concernant, je reste confiant. Il y aura toujours un Algérien qui rappellera cette «perle».

    Cher lecteur, il est beaucoup plus facile de le vérifier : si Yazid et Aït Ahmed avaient rencontré Ho Chi Minh, ils en auraient fait une référence et ce, à juste titre, dans leurs écrits. Or, aucun des deux ne l’a fait. Peut-être que certains vont le faire à leur place.

    2- Comité permanent de la Révolution

    Un fait historique majeur, que tous ceux, à de rares exceptions, qui ont écrit sur la Révolution algérienne, ont oublié, ignoré, escamoté, évacué, enterré pour des raisons faciles à comprendre, est : le Comité permanent de la Révolution. Oui, à part Ferhat Abbas et Benyoussef Benkhedda, parmi les responsables de la Révolution et quelques auteurs qui ont signalé son existence.

    Lorsque l’on sait que ce CPR a été pendant plus de deux ans l’autorité suprême de la Révolution, au-dessus du Comité de coordination et d’exécution (CCE), on doit se poser des questions et surtout les poser à d’autres : auteurs, historiens, analystes et chroniqueurs politiques et surtout les acteurs potentiels ou se présentant comme tels, de la Révolution algérienne.

    Ce comité a été désigné lors du deuxième congrès du CNRA qui a eu lieu au Caire en août 1957. Il était composé de Abane Ramdane, Bentobal Lakhdar, Boussouf Abdelhafid, Chérif Mahmoud, Krim Belkacem et Ouamrane Amar (citation par ordre alphabétique).

    Tous ses membres faisaient partie du Comité de coordination et d’exécution, dont les autres membres actifs étaient Abbas Ferhat, Lamine Debaghine, Abdelhamid Mehri et les membres à titre honorifique, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider.

    Il a disparu du lexique mais n’a jamais été officiellement dissous jusqu’à l’indépendance.
    Quel a été son rôle, quels ont été ses responsabilités, ses problèmes, les solutions et leurs conséquences?

    J’en connais un bout dont j’en parlerai plus tard. C’est aux historiens de s’y intéresser et de jouer leur rôle.

    Ce comité avait son siège à Tunis. Abbas et Debaghine étaient au Caire et Mehri à Damas.
    Pour ne pas être traité de fabulateur, voici des extraits des écrits de Ferhat Abbas et Benkhadda à ce sujet, qui, je l’espère, sont considérés comme des témoins crédibles.

    «Le GPRA réunit le comité permanent de la Révolution, compléta le CNRA et nomma les membres de l’Assemblée consultative maghrébine.» (Ferhat Abbas, Autopsie d’une guerre, Alger Livres Éditions, page 239).

    «N’ayant pu faire appel à l’arbitrage du Comité permanent de la Révolution et du CNRA dont la composition est contestée par certains, le gouvernement s’est trouvé paralysé.»

    Benyoucef Benkhedda, l’Algérie à l’indépendance, La crise de 1962 éditions Dahleb page 137.
    Voici un fait historique majeur sur lequel les historiens doivent se pencher et nous faire bénéficier de leur savoir-faire et de leur compétence.

    3- Affaire Jean-Yves Goeau Brissonnière

    Témoignage de Ahmed Boumendjel(1) sur l’affaire Goeau-Brissonnière, avocat, chargé de cours à la Faculté de droit de Paris et attaché simultanément aux cabinets de Pineau, ministre des Affaires étrangères, et Lejeune, ministre de la Défense nationale avec Bissonet, directeur d’école, attaché au cabinet de Lacoste, ministre et gouverneur général en Algérie.

    Après que les autorités françaises eurent contacté maître Ahmed Boumendjel pour arranger un contact entre des délégués officiels français et des représentants du FLN à Tunis au cours d’un congrès de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) dont l’une des personnalités les plus influentes à cette période était Irving Brown, président de American Federation of Labor (AFL) syndicat américain. Il était proche du FLN.

    Ils ont eu des contacts et discussions avec Mouloud Gaïd (connu sous le nom de Rachid Gaïd), secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Aït Ahcene, M’hamed Yazid et Lamine Debbaghine.

    Au retour de la délégation française, les inspecteurs de l’aéroport d’Orly reçurent des instructions du commissaire de l’aéroport et de Abel Thomas, conseiller et homme de confiance de Bourges-Maunoury, chef du gouvernement de la République française, pour fouiller Maître Abdelmadjid Chaker, avocat tunisien des chefs du FLN incarcérés à la prison de la Santé à Paris, arrivé dans le même vol que la délégation française.

    Ils le fouillent et trouvent dans ses documents une lettre fermée portant comme adresse deux consonnes : B. B.

    Devant le refus de Chaker d’ouvrir la lettre, l’un des inspecteurs prend la responsabilité de le faire. À l’intérieur, il y avait le compte-rendu des discussions qui ont eu lieu à Tunis entre les deux délégués français et les responsables du FLN.

    C’est ainsi que le commissaire décréta Chaker coupable de complicité d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État et l’inculpa en présence de Mohamed Masmoudi, ambassadeur de Tunisie à Paris qui attendait Chaker. Cet événement a fait la Une des journaux et le journal le Monde(2) lui a consacré 2 articles. Cet événement a jeté un froid dans les relations entre les deux pays avec la convocation de Gorce, ambassadeur de France à Tunis et protestations et déclaration du Président Bourguiba.

    Ironie de l’histoire, Chaker «inculpé en flagrant délit» d’après la loi fut autorisé à quitter Paris et rejoindre Tunis, après avoir passé la nuit à l’aéroport en attendant l’avion en partance sur Tunis. Quelle belle interprétation de la justice !!!

    Cet incident, de loin le plus médiatisé en ce temps de toutes les rencontres secrètes ou officieuses entre les deux belligérants, a été complètement occulté, effacé de l’Histoire de la Révolution algérienne.

    Pourquoi ? Chacun avait et a encore ses raisons de le faire oublier. J’en connais quelques-unes que je m’interdis d’émettre afin de ne pas influencer le lecteur.

    Mais quelques questions se posent :
    – le but de cette initiative ?
    – le contenu de la lettre ?
    – qui est le destinataire avec B. B. comme adresse ?
    – pourquoi avoir «grillé» côté français cette initiative ? Et surtout pourquoi ce silence sur un pareil événement ?

    Cet événement est très important. Il a permis au FLN de décider que tous les contacts entre les deux parties seront dorénavant officiels. Depuis cette date jusqu’aux entretiens de Melun en juin 1960, il n’y a jamais eu de contacts secrets ou officieux entre la France et le FLN.

    À ceux qui s’intéressent de façon spécifique à cet événement, je leur suggère de lire le livre écrit par le principal acteur et dont le titre est : Mission secrète. Pour la paix en Algérie par Jean-Yves Goeau Brissonnière.1957. Editions Lieu Commun.

    Cher lecteur, j’espère, encore une fois, être à la hauteur de vos attentes.
    A. C. D.

    (1) La Révolution algérienne par Charles Henri Favrod, pages 386, 387 et 388. Editions Dahleb.
    (2) Le Monde du 19 juillet 1957.

    La prochaine contribution portera sur l’Italie et la Révolution algérienne.

    Le Soir d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Algérie, révolution, 1er novembre, FLN, guerre de libération, 

  • Les tribus amazighs d’Algerie

    C’est désolant de voir l’histoire de l’Algérie telle qu’elle est enseignée à l’école ne fait pas de place à l’histoire des amazighs algériens.

    L’histoire des amazighs nous apprend que le berceau des amazighs se trouve dans l’Est algérien notamment les Aurès, d’où sont sorties la plus part des tribus berbères

    Les Grandes Confédérations de Tribus Amazighs

    A- Zenâtas:

    Probablement la plus grande confédération Amazighe (sédentaires et nomades à la fois), les Zenâtas sont issus de l’est algérien, se sont d’abord répandu entre Tripoli et Cherchell (Ouest d’Alger), le déplacement des Zenâtas au Sud et vers l’Ouest est le produit de la défaite des Zénètes face au Kotama et au Houaras suite à cela les Zenâtas ont occupé l’ouest de l’Algérie et le nord du Maroc.

    D’après Poitiron « Les Zenâtas disparaitront vers VIIIe siècle et qui couvraient le quart de l’Afrique du Nord, est un des faits les plus extraordinaires qu’ait connus le Maghreb. La similitude de vie et de domaine amène une arabisation rapide, accélérée par le désir des Zenâtas de s’anoblir, de paraitre Arabes »

    Les Zenâtas étaient les premiers berbères à s’arabiser au 8eme siècle.

    – Les Maghrawas

    Les Maghrawas sont des Zenatas, probablement les plus nombreux parmi les Zénatas, ils descendent de la branche de Madghis ( Medghassen).

    Les Maghrawas sont les frères des Banou Ifren et des Irnyan.

    Ifren, Irnyan sont les frères de Maghra. Le pluriel de Maghra est Aimgharen en berbère (qui veut dire « quelqu’un qui a vendu sa part » et aussi « vieux »).

    Les Maghrawas sont issus des Aurès, La grande partie des habitants des Aurès sont issus de cette ancienne tribu.

    L’Ouarsenis abrite les Maghrawas, ainsi que les habitants du massif de la Dahra à Tipaza, Cherchell, Alger, Chlef, Aïn-Defla, Mostaganem, Relizane.

    Vers le début du premier siècle. Les Maghrawas étaient très nombreux dans les environs d’Icosium (Alger) et Ptolémée de Maurétanie devait les contenir. Ptolémée de Maurétanie, fera transférer une partie des Maghrawas vers le chlef.

    Parmi le plus noble de la tribu Maghrawa, le chef berbère Ouezmar Ibn Saclab qui a été le 1er ambassadeur berbère auprès du Kalif Uthman ben Affan.

    les Maghrawas fondent Oujda. Cette dernière sera la capitale principale de leur règne. Ils établiront leur pouvoir dans la région pendant 80 ans. Les Maghraouas seront massacrés par les Almoravides. Cela achèvera leur règne au Maghreb

    – Les Banou Ifren:

    Tribus berbères de la confédération Zenatas, valeureux guerriers et experts en cavalerie ils se sont battus contre romains, byzantins et vandales.

    Les Banou Ifren (en Tamazight : At Yefren) sont Zenâtas , Ifri a eu un enfant du nom Izliten.

    Ce dernier a eu plusieurs enfants dont Ifren, Maghrawa et Irnyan. Les Banou Ifren descendent d’Ifri et forment une tribu nomade et sédentaire berbère. On les retrouve dans les villes, les plaines et les montagnes au Moyen Âge.

    Les Ifrens étaient concentrés dans la région des Aurès méridionale et dans la Hodna et dans le Mzab. Au nord du Maghreb, les Ifren (Hodna, Mzab, Aurès), les Merendjisa, les Beni Wargu (Hodna) sont également apparentés aux Ifrens.

    Les Beni Wassin (Wasin ou Ouacine) (Les Aurès), Les Maghrawas, les Irnyan sont les frères des Ifren.

    Les Beni Yala (Ouest et centre de l’Algérie), etc, font parties des Beni Ifren. Certains Chawiyas sont des banou Ifren.

    Au sud, plusieurs tribus Touaregs font parties des Banou Ifren.

    La grande tribu Azguez est formée par les Banou Ifren. De plus, les Banou Ifren du Hoggar sont divisés en trois souches : les N’Oukiren, les N’Irdad (oiseaux), les N’Ettedel (tambours).

    Tlemcen fut fondé par Abou Qurra Imam et chef des Banou Ifren en 790.

    Abou Qurra des Banou Ifren de Tlemcen a été le chef de la tribu des Banou Ifren. Il est le fondateur de l’opposition des Berbères d’Afrique du Nord à la dynastie des Omeyyades née d’impôts trop élevés.

    Abou Qurra est fondateur du kharidjisme sufrite en Afrique du Nord. Vers 736, Abou Qurra professe cette doctrine aux Zénètes et aux Berbères et se voit désigner comme imam et comme chef. Entre 767 à 776, il parvient à reprendre aux Arabes toute l’Ifriqiya à la tête d’une armée de plus de 350 000 cavaliers. Ibn Khaldoun le décrit dans son livre Kitab al-Ibar.

    Au Xe siècle, les Banou Ifren et leurs cousins Maghrawas étaient opposés à tous les gouvernants Omeyyades et Abbassides. Les Banou Ifren régnaient sur l’ouest de l’Algérie. Et après la conquête des Zirides vassaux Fatimides, les Banou Ifren occuperont presque la totalité du Maroc actuel aux côtés des Maghrawas jusqu’à l’arrivée des Almoravides

    L’Emir Abdelkader disait descendre des Banou Ifren.

    – Les Jerawas:

    Zénatas, ancêtre des Chawiyas, originaire des Aurès (Khenchala), tribu de la reine Dihya appelée en arabe el Kahina (prêtresse)

    – Les Wassin :

    Font partie des Zenâtas, originaires de l’est algerien (sud des Aurès) un groupe des Wassins nomades, les Banu Mérine, originaire de Biskra, suites aux batailles contre les Banu Hilal, les Banu Mérine se sont établie dans l’Oranie, ensuite les Banu Mérine ont fondé la dynastie (les Mérinides) avec Fès comme capitale.

    – Les Nefzawas:

    Apparentés aux Zenâtas, tribus issues du sud algero-tunisien, parmi les Nefzawas se trouvait la tribu des Ulhassa, tribu de Traik Ibn Ziad. Le groupe des Ulhassa de l’est de l’Algérie est situé à la limite des bornes des wilayas de Constantine et de Béjaia ainsi que les bordures des Aurès.

    De nos jours, les descendants des Ulhassa vivent dans la wilaya de Tiaret Algérie.


    B- les Branis

    Les Baranis (les Abranis) sont les enfants de Bornos ben Borre ben Mazigh ben Canaan ben hem.(Fils de Noé).

    Les Branis forment une branche berbère ayant le même ancêtre que les Zenâtas

    Les confédération des Branis est formée par :

    1- les Kotamas

    La plus importantes branche des Branis, les Kotamas, formaient la plus importante des tribus berbères en Algérie au moyen âge de par le nombre et la renommée. Le territoire des Kotamas englobait au moyen-âge les actuelles Wilayas de Setif, Jijel, Skikda, Constantine, Mila, Annaba, Guelma, soit la toute Numidie du nord.

    – Les Amazighs d’Egypte de l’Oasis de Siwa sont apparentés aux Kotamas.

    L’arabisation des Kotamas a été progressive et a été facilitée par le fait que les Kotams étaient les fideles alliés des fatimides, et sont allés jusqu’à Damas combattre les abbassides. Les Kotamas ont contribué à la fondation du Caire,Il existe toujours au Caire « Hay el Kotamiyins »

    2-Les Awarbas : apparentés aux Branis

    Originaires de la région allant de la Lybie jusqu’aux Aurès. Cette confédération regroupait plusieurs tribus dont celle de Koceila, les Awarbas ont combattu avec Koceila les musulmans, à la mort de Koceila à Tlemcen, les Awarbas se sont dispersés dans l’Ouest algerien et au Maroc.

    3- les Zwawas

    Ancêtres des Kabyles d’aujourd’hui, voisins de l’ouest des kotamas, confédération de plusieurs tribus bèrebes de l’Atlas algerien.

    Certains historiens disent que les Zwawas sont des Kotamas restés berbérophones et d’autres les dissocient des Kotamas. Comme les Kotamas les Zwawas etaient les alliés des Fatimides.

    Les Zwawas avaient pour voisins à l’Ouest les Sanhadjas

    4- Les Sanhajas

    Les tribus Sanhad ja/Iznagen sont originaires du nord-ouest saharien mais, après l’arrivée de l’islam, des tribus émigrent vers le nord en remontant jusqu’au Moyen Atlas (près des côtes atlantiques de l’actuel Maroc) et continuant sur l’Atlas saharien (actuel Algérie) et jusqu’à Alger.

    Certains Touaregs seraient les descendants des Sanhadja
    Les Sanhadja sont à l’origine du nom Sénégal, par l’intermédiaire du portugais Sanaga.

    Les Beni Mezghenna : tribu des Sanhadjas. Ils occupaient la région d’Alger, qui ont donné la dynastie des Zirides

    5- Les Meknassas

    Meknassa serait une tribu Zenâtas qui aurait fondé la ville actuelle de Meknès, Originaire de l’est entre l’Algerie et la Tunisie et etablie au Maroc et dans l’Ouest algérien.

    C- Autres Tribus et confédération berbères

    1-Houaras

    Tribu berbère originaire de la tripolitaine en Libye. Voisins des Sanhadja et des Zénètes. On les trouve dans les régions chaoui des Aurès et dans le Sud de l’Algérie.

    – Les Hraktas, les Nmemchas, les Henanchas, les Goumri, entre autres, font parties de cette tribu.

    Une partie des Touaregs sont originaire des Houaras, Les Kel Ahaggar du Hoggar (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hoggar) proviennent des Houaras, on les trouve aussi à Adrar Ils sont voisins des Sanhadja et des Zénètes généralement.

    D- Masmoudas

    Confédérations de berbères distinctes des Branis et des Zénatas issues du Maroc actuel, les fondateurs des dynasties des Almohades et des Hafsides sont issus de cette confederation.

    Source : Algérie-dz.com

    Tags : Algérie, amazigh, tribus, amazighes, berbères, Kabylie,