Catégorie : Algérie

  • Algérie : Une campagne sans sondages !

    par Abdelkrim Zerzouri

    Lancée le 7 octobre dernier, la campagne référendaire sur le projet d’amendement de la Constitution, soumis à référendum populaire le 1er novembre prochain, va son chemin 21 jours durant. Sans conjecturer sur l’impact de cette campagne encore à ses premiers pas, et malgré une situation sanitaire qui prône la prévention contre la propagation du Covid-19 lors des rassemblements, on peut dire que le débat public se déroule dans des conditions optimales de sérénité. En attendant l’entrée en lice des représentants de la société civile dans la campagne, les leaders de nombreux partis et organisations de masse qui plaident pour le «oui» se succèdent aux tribunes pour convaincre les électeurs de voter «oui» pour la nouvelle Constitution, socle de l’Algérie nouvelle, en expliquant ses dispositions qualifiées par les concernés d’inédites en matière de libertés, d’indépendance de la justice, de bonne gouvernance et autres thèmes développés dans ce contexte, dont l’élargissement du rôle du Parlement et de l’opposition et la ferme confirmation du principe du contrôle à tous les niveaux.

    Mais, selon des observations largement partagées au sein des citoyens, loin de la teneur des articles de la nouvelle Constitution, certains partisans du «oui», dont les visages et les positions se confondent avec l’ancien système, seraient mieux avisés de rester dans l’arrière-scène pour ne pas créer un effet repoussant au sein des électeurs acquis naturellement au changement. D’autres partis ont opté pour la participation en donnant comme consigne de vote le «non» à leurs partisans, à l’exemple du MSP, qui reste fidèle à ses positions, ayant déjà boycotté la séance de l’APN consacrée à l’approbation du projet d’amendement de la Constitution, et qui a refusé de participer à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019. Un «non» prédéterminé dans ses gènes politiques depuis le refus opposé par l’armée et plusieurs partis à la «transition politique» post-Bouteflika, en 2018, soumise par le président du MSP, Abderrazak Makri ?

    De toute évidence, «la transition politique» présentée par le MSP comme cadre idoine de sortie de la crise, et qui a rencontré un niet catégorique de la part des principales parties influentes sur la scène nationale, façonne depuis ses positions et ses avis sur les grands dossiers politiques d’actualité. Aussi, armés d’arguments religieux, qualifiant le texte proposé en référendum de «projet laïc qui n’accorde pas l’importance qu’il faut à l’Islam et à la langue arabe, le Front de la justice et du développement (FJD), présidé par Abdellah Djaballah, a également appelé à voter «non» le 1er novembre. Pour sa part, le FFS, qui assimile le référendum à un plébiscite «pour la pérennité du régime», plaide pour un changement réel du système de gouvernance à travers un processus constituant, alors que le RCD qualifie carrément le prochain référendum de provocation.

    D’autres partis ont laissé libre choix à leurs militants et certains n’ont pas encore tranché la question après trois jours du démarrage de la campagne référendaire. Mais tout reste encore imprévisible, comme un trait de caractère des électeurs algériens. L’enjeu du vote, très important pour le président de la République et les Algériens, tous bords confondus, est logiquement projeté dans ses grandes lignes, pas encore tracées en l’absence totale des sondages, soit une abstention enveloppée dans un comportement électoral de fait où se mêlent le politique et l’apolitique, un boycott très politique qui veut se mêler à ses flancs à la catégorie des abstentionnistes et à une participation des électeurs fidèles qui vont aux urnes par conviction politique avec une réponse cadrée à la question soumise au référendum, ou juste pour exercer leur devoir.

    Quelle option sortira gagnante de l’urne, le «oui» ou le «non» au projet d’amendement de la Constitution ? La réponse est au bout du décompte des voix dans la soirée de cette journée mémorable de l’histoire de l’Algérie, et qui a emprunté à sa symbolique le slogan de la campagne référendaire sur le projet d’amendement de la Constitution, «Novembre 1954: la libération, Novembre 2020 : le changement».

    Le Quotidien d’Oran, 11 oct 2020

    tags : Algérie, constitution, référendum, campagne, 

  • Algérie : Une campagne et des particularités

    La campagne électorale pour la révision de la Constitution bat déjà son plein. Entamée pour rappel le mercredi 7 octobre elle ne prendra fin que dans une vingtaine de jours, soit plus exactement le 28 octobre à minuit.

    C’est dire que, dans un contexte notamment marqué par la pandémie de la Covid 19, les acteurs politiques et ceux du mouvement associatif auront 22 jours pour convaincre les électeurs de la nécessité d’aller déposer un bulletin de vote dans les urnes. Car, comme cela a été pour de très nombreuses consultations électorales, un des enjeux majeurs du scrutin du 1er novembre prochain a trait au taux de participation.

    Ce dernier facteur, nul besoin de le souligner, revêt une importance cruciale pour les initiateurs de ce projet de révision constitutionnel. Le pouvoir qu’incarne le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mise énormément su le taux de participation lors de cette consultation populaire. En effet, et alors que des forces politiques vont jusqu’a contester sa légitimité, le Président Tebboune voudrait saisir cette opportunité pour battre en brèche cette affirmation et asseoir définitivement son pouvoir entamé le 12 décembre dernier lors d’une élection présidentielle qui s’est déroulée dans des circonstances politiques relativement particulières. Pour ce faire il a besoin d’abord d’un tauxde participation élevé et, ensuite, à l’évidence, que l’option du

    « Oui » emporte l’adhésion d’une majorité de votants. Une perspective qui ne semble pas inabordable. En somme cette hypothèse est loin d’être un simple voeu pieux eu égard aux moyens colossaux déployés par le gouvernement et tous les alliés du Président Tebboune pour le conforter dans cette quête d’une « Algérie nouvelle » et de l’ouverture d’une « ère nouvelle ». A cet égard l’on assiste à un déploiement tous azimuts des artisans du « Oui ». Partis politiques et associations de la société civile ont décrété la mobilisation générale e élaborant un programme chargé pour sillonner les quatre coins du pays pour prêcher les vertus des nouvelles dispositions constitutionnelles contenues dans la mouture proposée aux électeurs algériens pour adoption le dimanche 1er novembre. Ainsi en effet, des partis politiques qui soutiennent le projet de Tebboune sont déjà en rase campagne. C’est une large brochette de formations politiques qui a pris à bras le corps la défense de ce projet constitutionnel. IL y a d’abord les partis qui ont de tout temps constitué le socle sur lequel repose la base sociale du pouvoir. Le propos ici concerne notamment le FLN, le RND, le MPA et TAJ.

    Ces partis faisaient partie de l’ancienne Alliance présidentielle. Mais le hic c’est que ces partis politiques, de par leurs accointances avec l’ancien régime de Bouteflika, sont totalement discrédités auprès de l’opinion publique nationale. Leurs chefs politiques ont d’ailleurs tous été emprisonnés ce qui les a enfoncés davantage et terni abondamment leur image aux yeux de l’opinion publique. Certes ces partis ont renouvellé leurs états-majors, mais le doute persiste quant à leur capacité à séduire les électeurs etgagner une nouvelle virginité. On comprend dès lors pourquoi l’état-major politique du Président Tebboune ne mise pas particulièrement sur ces partis politiques, mais plutôt sur les associations et organisations de la société civile qui ont fait chorus avec le projet de révision constitutionnel.

    Par : KAMEL HAMED

    Le Midi Libre, 11 oct 2020

    tags : Algérie, Constitution, Référendum, campagne, 1er novembre, 

  • Algérie : Les fondements de la nouvelle gouvernance

    L’ère des mandats à vie est révolue pour bannir à jamais le règne de l’autocratie et de la rapine balayé par le Hirak populaire originel, révolutionnaire dans son essence, aux vertus civilisationnelles inscrites dans son mode opératoire pacifique et rivé sur le socle novembrien émancipateur. Cette conviction, défendue par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la visioconférence portant sur le thème «Gouvernance, afri-capitalisme et soft power : la nouvelle donne africaine», se fonde sur une expérience démocratique qui privilégie la légitimité populaire et rejette la conquête ou le maintien du pouvoir par la force.

    Dans un monde arabe, livré à la folie destructrice des plus forts sous l’alibi grotesque du «printemps arabe» chaotique, et dans le continent africain renouant avec le putschisme incompatible avec les fondements de la nouvelle Afrique, le modèle algérien consacre la voie pacifique du changement par les urnes de la transparence et du libre populaire. Dans la nouvelle République, les avancées démocratiques, notamment en matière de libertés publiques, sont reconnues même parmi les plus pessimistes.

    Au 3e jour d’une campagne calme et sereine, la nouvelle gouvernance est mise en avant par les partis politiques et les responsables d’organisations nationales. Elle institue l’alternance qui interdit le renouvellement plus d’une fois du mandat présidentiel et parlementaire, le renforcement des prérogatives du chef de gouvernement ou du Premier ministre, du Parlement et du rôle de l’opposition.

    Tout en affichant un optimisme, le Syndicat national des magistrats, qui se défend d’être «un comité de soutien» ou «un front d’opposition», a salué la consécration effective de l’indépendance de la magistrature garantissant «une véritable sécurité judiciaire».

    Les acquis sont incontestables dans la nouvelle Algérie attachée à poser les jalons d’une gouvernance qui tend à assurer une place de choix à la jeunesse et à la société en acteurs du changement initié par le Hirak originel et appelé à s’inscrire durablement à travers une participation active dans les affaires publiques et une implication dans la vie politique.

    Plus que jamais, l’Algérie de la citoyenneté interpelle sur l’urgence du devoir citoyen à hauteur du rendez-vous historique du 1er novembre.
    Sud-Horizons, 11 oct 2020

    Tags : Algérie, Constitution, Référendum, libertés, réformes, 

     

  • Algérie – Touche pas à ma rémunération !

    Il ne se passe pas un jour, sans que des échos, nous parvenant de l’hémicycle Zighout Youcef, ne nous confirment pas de façon criarde la mauvaise réputation, qui colle désormais à l’Assemblée populaire nationale. C’est à croire que toutes les tares ont été réunies par cette assemblée, montée de toutes pièces durant le règne de la Issaba. Une assemblée éclaboussée par les scandales en tous genres, dont certains membres ont une bien curieuse conception de la mission qu’ils sont supposés mener et de l’éthique que leur impose leur statut. Mais de quoi s’agit-il au juste ?

    Selon le journal El Hayat, ce sont 31 députés, issus du FFS, MSP, MPA, FLN et RND, qui continuent à percevoir leurs salaires, alors qu’ils ne se présentent plus aux travaux de l’APN. Un comportement intolérable de ceux, qui sont présumés illustrer la droiture. Une attitude de profiteurs irresponsables de la part de députés censés donner l’exemple, qui nous confirme de manière incontestable, que les couleurs partisanes au sein de cette assemblée sont factices et ne veulent absolument rien dire.

    Qu’ils soient démocrates, islamistes ou nationalistes, ce ne sont en vérité qu’une contrefaçon ridicule et absurde des véritables démarcations politiques et idéologiques, basées sur des convictions ancrées. Pour moins que ça, de simples agents et fonctionnaires ont été sanctionnés par des retenues sur salaires, si ce n’est pas le licenciement tout court ! Il est tout simplement déplorable, pour ne pas utiliser un autre terme, de savoir que des représentants du peuple s’autorisent à profiter de l’argent du peuple, sans aucune contrepartie.

    En toute impunité, ils continuent à puiser dans les caisses de l’Etat, sans se poser de questions et sans se demander si l’argent qu’ils sont en train de percevoir est mérité. Rien à dire. L’esprit rentier est dépassé, et de loin. Car, aujourd’hui, il est carrément question d’esprit prébendier dans toute son acceptation.

    Au moment où le pays risque la faillite, des députés persistent à empocher de confortables rémunérations, tout en vaquant à leurs affaires personnelles, loin du lieu de leur travail. Les faits sont là. Ils traduisent parfaitement les vices d’une catégorie de députés, dont la gloutonnerie se passe de tout commentaire.

    Des députés, qui ont fini par trainer dans la boue toute une institution, sans se soucier du reste. Pourvu que les virements soient effectués régulièrement à leurs comptes bancaires. C’est l’essentiel.

    Pour les considérations d’ordre moral, ça ne leur pose aucun problème de conscience. A propos, ont-ils une conscience ? Si certains l’ont égarée le jour où ils avaient monnayé leurs sièges, d’autres l’ont perdue en s’habituant aux privilèges que leur offre le statut de député. La vie est agréable à Sidi Yahia !

    Mohamed M. 

    L’Est Républicain, 5 oct 2020

    Tags : Algérie, Assemblée Populaire Nationale, Parlement, députés, corruption,

  • Algérie : Les normes inversées

    par Abdou BENABBOU

    On aurait un grand tort à se focaliser sur les manigances de la prétendue fille de Bouteflika car avec du recul, on devra se rendre compte que des milliers d’Algériens auraient les apparences et le profil de celle que l’on appelle madame Maya. Jugée en toute logique aujourd’hui, cette dame reprochable n’a finalement que profité d’une large resquille nationale, instaurée en règle immuable pour que chaque bras bénéficiant d’accointances avec des connaissances fortes et rentables serait idiot de ne pas se tendre. Cette culture répréhensible, dépourvue de toute conscience n’est pas particulière à l’Algérie et il arrive même de constater partout dans le monde des hauts responsables, y compris des présidents et des rois, épinglés, le doigt, sinon toute la main trempée dans le pot de miel.

    Ce phénomène dépasse ce que l’on accorde communément au sens de la corruption parce qu’il revêt celui d’un passe-droit dont les effets négatifs ternissent l’ensemble de l’articulation de la société. Le passe-droit ne se résume pas seulement à piétiner la loi. Il place le responsable qui l’effectue dans le déni des sujets qu’il est censé servir et fait de lui un obstacle à la marche du pays. La responsabilité ne devient plus qu’une arme pour épater et un outil de gloriole pour un égo circonscrit.

    C’est certainement cet égo simplet et gauche qui a fait que tous les responsables aujourd’hui jugés se disent innocents et victimes d’une recette politique qu’ils disent avoir suivie contre leur gré.

    Dans l’esprit d’une madame Maya et de celui de nombreux Algériens, il serait anormal de ne pas emprunter une voie courante et usuelle pour s’enrichir car l’air du temps est à celui qui excelle à se servir et non à servir.

    La fatidique philosophie nationale a fini malheureusement par inverser l’objectivité des normes pour qu’elles deviennent aux limites des règles de la piraterie. Aucune nuance n’est cédée entre le droit et le devoir. La confusion et la mêlée des convictions ont transformé la malfaisance en droit et il est devenu normal et légitime que les exigences populaires se multiplient.

    Le Quotidien d’Oran, 10 oct 2020

    Tags : Algérie, Mme Maya, Nachinache Zoulikha-Chafika, corruption, Bouteflika,

  • Algérie : L’Emir Abdelkader et le Maroc (1832-1847)

    Si l’on aborde les rapports algero-marocains…par autre voie que celle du sentiment, il convient d’ecarter des clichés traditionnels sur la fraternité maghrebine, source de solidarite en cas d’agression étrangere…

    Le moment était venu de mettre à l’epreuve la solidarité marocaine d’autant que l’émir était convaicu que le Maroc n’échaperait pas à la conquête coloniale. C’est pourquoi, il adjura le sultan de se joindre à lui et d’engager toutes ses forces dans la bataille pour le salut commun.

    Avec l’évolution de la guerre, le role objectif du Maroc s’accrut. L’émir croyait y disposer d’un sanctuaire, d’où il s’élançait à l’interieur de l’Algerie pour frapper avec la rapidité de la foudre.

    Mais avec la defaite (du sultan) à la bataille d’Isly (11 mai 1844) et la signature de l’infame traité de Tanger (1844), scellant l’allliance du Maroc et de la France contre l’Emir Abdelkader, (celui-ci) était hors la loi sur les territoires marocains et algeriens….

    Pliant devant les exigences françaises, le sultan somma l’Emir de quitter immédiatement le territoire marocain. Jettant le masque, il se decida à attaquer directement les forces de l’Emir. Il mit sur pied plus de 50.000 hommes répartis en trois divisions sous le commendement de l’un de ses neveux. Que pouvait faire Abdelkader avec ses 2000 fantassins et cavaliers contre une telle force ? Et pourtant, une nuit dans le Rif, il réussit à culbuter et à mettre en déroute deux de ses divisions marocaines, grâce à la fougue de ses combattants et à son génie militaire, usant d’un stratagème digne des plus grands généraux de l’antiquité.

    Sous le coup d’une émotion compréhensible et devant la tournure de plus en plus dramatique des événements, Abdelkader tenta une derniere fois de faire appel à la raison et à la conscience du sultan. Il envoya donc en mission à Fès Bouhmidi, un de ses meilleurs Khalifas. Ce fut en vain : Bouhmidi fut jeté dans un cachot pour y mourir. Fidèle a son pacte avec les français, le sultan Abderrahman adressa à l’Emir l’ultimarum suivant: Abdelkader doit se rendre, par lui-même, au sultan marocain, ou s’en retourner au Sahara algérien…

    L’étau franco-marocain se resserait autour de la petite armée des combattants de la liberte. Le dénouement de l’épopée était proche commencée 1832.

    Le gouvernement marocain et la conquête d’Alger

    Ali Tablit, universitaire et membre du conseil scientifique, a mis la main sur un document important, réédité récement par Thala-chihab (Alger). Il s’agit d’un recueil de lettres émanant principalement de Moulay Abderahmane, Sultan du Maroc, aux chefs militaires se trouvant avec son armée à notre frontière occidentale. Le sultan s’est allié aux français contre l’Emir; après avoir été battu par Bugeaud en 1844 (bataille d’Isly) et subi le bombardement de certains de ses ports par la marine française.

    On peut suivre presque au jour le jour dans ce recueil des lettres traduites par l’interprète Algérien Ismail Hamed (1857-1933), les difficultés que connaît l’Emir au cours des dernières années de son combat à la suite de l’accord franco-marocain.

    Dans le courant de l’année 1920, un lot de lettres chérifiennes a été aquis pour le compte de la bibliothèque générale du protectorat au Maroc. Elles émanent en effet de Moulay Abderahmane ben Hicham qui régna de 1822 à 1859 et ont trait aux événements occasionnés dans la region orano-marocaine par l’établissement des français à Alger. Ces lettres vont du 10 avril 1829 au 2 août 1848 et remontent, par conséquent, aux premières démonstrations françaises qui ont precedé la prise d’Alger.

    Cette coorespondance essentielement confidentielle, adressée à son cousin installé à Tlemcen ou ses agents operants à divers titres entre cette ville et Taza, éclaire curieusement les conséquences de la prise d’Alger et ses repercussions variées sur les divers éléments de la population indigène du nord de l’Afrique. Mais ce qui donne un intérêt particulier aux lettres du sultan Moulay Abderahmane c’est qu’elles révèlent la pensée intime de leur auteur, qu’elles mettent à nu les ressorts cachés et les procédés de la politique du Makhzen de cette epoque, ainsi que l’évolution de cette politique selon les circonstances et la nature des evenements.

    Le sultan prend immédiatement position dans la région de Tlemcen, appelé au secours par une délégation de notables de cette ville contre les conquêrants. Envoyant son cousin Moulay Ali à la tête d’une colonne expeditionnaire et charge Sid Driss ben Hommane El Djerrari d’etre l’intermédiaire entre ce prince et les dites tribus.

    Il s’agit évidement de l’établissement definitif des français à Oran et de la situation créée par cet événement grave dans les milieux indigènes.

    Le bombardement de Tanger a causé une vive émotion et avait fait craindre un déarquement; cest pourquoi Moulay Slimane, fils du sultan, est accouru sur Tanger avec une armée et c’est ce prince qui, dans une lettre datée du 27 radjeb 1260 (12 aout 1844) donne des détails précis sur les dégats faits, le compte des boulets lancés sur la ville, énumère les mesures prises, fait lire aux notables de la lettre de sa majesté. Mais s’il donnait de l’inquietude au Makhzen, Abdelkader lui-même n’était pas exempt de soucis : les algériens qui l’entouraient n’étaient pas très nombreux, il lui fallait tirer toutes les sources du pays, qui souffrait alors d’une hausse des prix, et s’y faire assez de partisans pour tenir tête à l’armée du sultan. Il profitait de la facilité que lui offrait la frontière pour se glisser entre le territoire français et les armées chérifiennes et tendre la main aux nomades Beni Guil, Oulad Djrir et autres dont le concours était précieux et dont le pays pouvait, à l’occasion, lui servir de refuge .

    Le sultan ne songe plus à lutter contre les français solidement installés à Tlemcen et à Maghnia; le danger immédiat et qui ne fut jamais redoutable, c’est la présence sur le sol marocain d’Abdelkader qui avec son prestige, son experience des hommes, de la politique et de la guerre, menace même l’existence de la dynastie filalienne. Le sultan s’arrangera toujours avec ses sujets inconstants et les plus turbulants, quand il n’y aura plus à les seduire et les entrainer cet enjoleur habile dont il parle à son fils en ces termes, dans une lettre du 2 choual 1262 (23 septembre 1846) : Quand à ce que vous dîtes avoir appris de cet intrigant (Abdelkader), de son retour sur ses vues premières, de son sentiment sur les événements auxquels ont été mêlés les krarmas et qu’il deplore amèrement, gardez-vous d’y ajouter foi. Soyez aussi en garde contre les propos que tiennent à son sujet ceux qui manquent de discernement et parlent de sa faiblesse et son impuissance; par ses stratagèmes et sa ruse, il est capable d’obtenir ce que la force des armes et le nombre ne lui donneraient pas.

    En effet, Sidi Mohammed, à la date du 28 rabia (15 avril 1845), annonce au sultan qu’Abdelkader a gagné le sahara et s’est installé chez les Hmiyanes à qui il fait payer des redevances, que les français l’ayant appris, ont fait ont fait partir de Tlemcen une colonne avec un fort convoi de chameaux portant 2 mois de vivres.

    Dans la dernière phase de sa carrière, au cours de l’année 1847 l’Emir a causé au gouvernement français, comme au gouvernement marocain, les mêmes preoccupations et les mêmes difficultés, dans la poursuite du même objectif qui était sa capture. Une entre les deux gouvernements était difficile à réaliser, bien qu’ils eussent le plus intérêt. Et cependant, alors qu’il n’y est eut pas entente concertée, la nature même des circonstances à combiner la double pression française et marocaine pour amener l’Emir à se rendre.

    Le sultan ne pouvait, sans compromettre son prestige, faire appel, contre Abdelkader, à l’aide française. Les français, n’ayant pas, les mêmes scrupules, tentèrent d’agir en liaison avec la Makhzen par une voie detournee. Nous en trouvons la preuve dans une lettre de M. de Chasteau du 19 djoumada 1er 1263(5mai 1847), adresse au Caïd Mohamed El Ahmer, envoyé dans le Rif par le sultan pour réduire Abdelkader et ses partisans. Dans cette lettre, le chef de la mission de France au Maroc offre au Caïd de lui fournir des subsides pour l’aider à accomplir sa mission et ramener les rebelles marocains à la soumission au sultan; car, ajoute la lettre, nous avons le plus gand intérêt à l’expulsion du Maroc de l’Emir Abdelkader et sommes decidés tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.

    Mais voici l’échec du Makhzen souligné par le roi à son fils dans une lettre du 2 radjab 1263(18 juin 1847) marque toute l’importance; on y voit les suites d’une attaque bien conduite par Abdelkader et cette déroute y est jugée comme plus grave que celle de la bataille d’Isly. Il y a là, sur ce dernier desastre, une appréciation que nous n’avons pas trouvé ailleurs : « Nous avons reçu, dit Moulay Adberahman, votre lettre et celles qui l’accompagnaient, nous faisant connaître la façon dont s’est comporte le traitre Abdelkader en attaquant de nuit, avec ses partisans des tribus rifaines, l’armée que vous aviez envoyeé dans le Rif. Dieu veuille que cet événement soit le terme de nos epreuves.

    Voyez, ajoute-t-il, Abdelkader avec le petit nombre d’hommes dont il dispose ,dans un pays qui n’est pas le sien, quels resultats il obtient, grâce a son esprit délié, à ses habiles stratagèmes et à sa politique avisée !… Alors que nous les obtenons pas, nous qui avons le nombre, mais nous manquons d’habileté politique! Il nous faut désormais, déployer avec les tribus rifaines une grande fermeté alliée à une bonne politique et à une administration saine; cela est indispensable pour les ramener dans le devoir.

    La lecture des lettres du sultan Moulay Abderahman, en même temps qu’elles nous éclairent sur l’état intérieur du royaume sous son règne le révele comme un prince habile, plein de sagesse et d’une prévoyance qu’il déploya largement et qui lui font honneur à ses talents, si l’on considère si l’on considere ses moyens et le peu de consistance de ses sujets.

    Nous savions que l’Emir, à la fin de sa carrière s’était trouvé acculé sur la frontière maroco-oranaise entre la mer et la basse Moloya, traque d’un côté par l’armée chérifienne et de l’autre par l’armée francaise et on avait, par une forte image, comparé cette situation désésperée à celle du lion encerclé, dont les rugissements font retentir les échos des montagnes .

    Les détails de cette lutte épique, telles que rapportent les lettres chérifiennes, justifient ce qui a été dit des talents de l’Emir Abdelkader, de son habileté politique et de sa trempe exeptionnelle.

    Notes:

    1)D’apres Ismail Hamet, le gouvernement marocain et la conquête d’Alger, « le sultan estime la défaite de son armée plus grave que celle d’Isly ».

    2)Churchill décrit ainsi le stratagème : »Entièrement couverts d’alfa ….qu’on avait plongé dans la poix et le goudron, deux chameaux furent poussés en tête de la petite colonne (celle de l’Emir) et ont mit le feu à l’alfa des chameaux qui, affolés, se lancèrent au galop furieux … les hommes (marocains) se bousculèrent dans toutes les directions.

    Source : algerie-dz.com

    Tags : Maroc, Algérie, France, Emir Abdelkader, colonisation, colonialisme,

  • Algérie : Défendre et concrétiser ses revendications

    La campagne référendaire autour du nouveau projet de Constitution entre ce samedi dans son quatrième jour. Et le moins que l’on puisse dire pour le moment, c’est qu’elle est loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière. Ou pour reprendre les termes utilisés par l’agence officielle Aps, elle a débuté de manière timide en ces premiers jours d’explication.

    Pourtant cette nouvelle Constitution constitue le premier socle sur lequel se bâtira la nouvelle République ou la nouvelle Algérie. Une constitution qui répond en premier à la principale revendication des premiers marcheurs du hirak qui ont investi les rues algériennes un certain 22 février pour faire barrage à un cinquième mandat de l’ancien président, mais aussi et surtout signifier leur refus d’une prolongation du quatrième mandat comme le complotait le cercle du président démissionnaire.

    Et la mouture de la nouvelle Constitution a pris un soin particulier à verrouiller le nombre de mandats présidentiels, les limitant à deux. Et le président Tebboune l’a encore rappelé dans son interview accordée au journal français l’Opinion, martelant que « la Constitution est un document sacré. Si le peuple la respecte, les dirigeants doivent la respecter encore plus. C’est peut-être philosophique pour certains.

    En Algérie, plus personne ne pourra toucher à la Constitution pour (réaliser) un troisième mandat», poursuivant sur le même sujet «Je m’interdis de juger mes pairs et ne jette la pierre à personne. Mais on a vu les conséquences de ces prolongements successifs. Le président Zeroual avait fixé une limite à deux mandats. Moi, j’y tiens personnellement, aussi bien pour la présidence que pour le Parlement», ajoutant que «dix ans, c’est suffisant pour exprimer ses idées, développer son schéma de développement politique».

    Ainsi, le référendum du 1er novembre prochain est une étape cruciale pour cette nouvelle Algérie pour laquelle des millions d’Algériens ont battu le pavé des mois durant. Mais il reste que pour réussir cette campagne d’explication, il faudrait un engagement fort de la société civile et une moindre implication de ces parties et partis qui ont servi jusqu’à l’allégeance l’ancien système et marginalisé les jeunes et les forces vives de la nation.

    Les nouvelles forces politiques, association et société civile ont cette obligation de plaider en faveur du «oui» au référendum sur la nouvelle Constitution qui est la concrétisation et le fruit de leur lutte.
    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 10 oct 2020

    Tags : Algérie, Constitution, réformes, référendum,

  • Frontière entre l’Algérie et le Maroc

    La frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc est une frontière internationale continue longue 1 601 kilomètres ou 1 559 kilomètres si l’on considère les 42 kilomètres avec le Sahara Occidental comme n’en faisant pas partie.

    La frontière terrestre est fermée depuis 1994.
    Sommaire [masquer]
    1 Historique
    1.1 Avant l’occupation française
    1.2 Période française
    1.3 Depuis l’indépendance
    2 Dispute frontalière
    3 Caractéristiques
    3.1 Nord
    3.2 Hamada du Guir
    4 Hamada du Draâ
    5 Références
    6 Liens externes

    Historique

    Avant l’occupation française

    1557, Hassan Pacha repousse les attaques de Mohammed ech-Cheikh sur Tlemcen avant de le faire assassiner pour faire respecter la frontière entre le royaume Saadien et la Régence d’Alger au niveau de l’Oued Moulouya. Cette frontière sera respectée pendant plus d’un siècle avant que Moulay Ismaïl ne réussisse a étendre son territoire jusqu’à la Tafna pour une courte période puisqu’il sera battu en 1663 par le dey Hadj Chaâbane qui le contraint de conclure la paix.
    1795, le sultan alaouite Moulay Sliman entreprit de reconquérir Oujda, le bey d’Oran n’y opposa pas de résistance et la frontière est définitivement fixée à l’oued Kiss.

    Période française

    Frontière entre le Maroc et l’Algérie en 1963La frontière moderne entre l’Algérie française et le Maroc a été définie la première fois le 18 mars 1845 par le traité de Lala-Maghnia suite à la bataille d’Isly remportée par le Maréchal Bugeaud. Ce traité concernait le nord de la frontière jusqu’à Teniet-Sassi à 120 kilomètres de la méditerranée, le sud n’ayant pas encore été colonisé par les français.

    En 1903 le Général Lyautey fonde Colomb-Béchar poste avancé face au Maroc et les luttes du Cheikh Bouamama. Les autorités marocaines affirment que Béchar a été construite sur leur territoire.

    1912 une nouvelle limite administrative dite ligne Varnier est établie entre Figuig et Tiberiatine.
    La région de Tindouf est conquise par les français en 1934 elle est aussi réclamée par le royaume du Maroc.

    Depuis l’indépendance

    Le « Grand Maroc » revendiqué par l’Istiqlal1956, Allal El Fassi dirigeant de l’Istiqlal énonce sa théorie du Grand Maroc et affirme les revendication sur le Touat, Béchar et Tindouf.

    6 juillet 1961, accord entre Hassan II et Ferhat Abbas président du GPRA stipulant que les revendications marocaines seront discutées le lendemain de l’indépendance de l’Algérie.

    Du 1e octobre au 5 novembre 1963, la guerre des sables. Trêve signé à Bamako.

    Mai-juillet 1966, incidents suite à la nationalisation des mines de Gara Djebilet par l’Algérie.

    15 janvier 1969, Signature du Traité d’amitié de bon voisinage et de coopération d’Ifrane[1].

    Juillet 1970, mise en place d’une commission mixte de bornage.

    15 juillet 1972, signature entre le président algérien Houari Boumediene et le roi du Maroc Hassan II de l’accord frontalier décidé par convention un mois plutôt.

    17 mai 1973, ratification du traité par l’assemblée algérienne.

    28 mai 1992, la chambre des représentants du royaume chérifien ratifie a son tour le traité de 1972 délimitant la frontière avec l’Algérie.

    1994, suite à décision marocaine d’imposer le visa au ressortissants algériens, l’Algérie ferme ses frontières avec le Maroc.

    2004,samedi 31 juillet 2004 l’accès au territoire marocain n’est plus soumis aux formalités de visa suite à une décision prise sur hautes instructions du roi, Mohammed VI .

    2005 le visa d’entrée en Algérie, est levé . Cette décision intervient plus de huit mois après que le souverain chérifien (le 30 juillet 2004 ), Mohammed VI, eut annoncé la suppression du visa pour les Algériens désirant se rendre au Maroc.

    2008 le Maroc souhaite une normalisation avec l’Algérie.

    Dispute frontalière

    La dispute frontalière au nord est due aux interprétations différentes qu’en font les algériens et les marocains. Pour le Maroc la frontière naturelle se situe au niveau de l’Oued Tafna alors que pour l’Algérie elle se situe à l’Oued Moulouya, les deux fleuves étant distant de 100 à 150 kilomètres l’un de l’autre.

    Caractéristiques

    Nord

    La frontière entre le Maroc et l’Algérie débute au nord par l’Oued Kiss sur prés de 48 kilomètres jusqu’à quelques kilomètres du poste frontière de Zoudj Baghel entre les villes de Oujda (Maroc) et Maghnia (Algérie). Il commence a son embouchure sur la Méditerranée en séparant les villes de Saïdia (Maroc) et Marsa Ben M’Hidi (Algérie).

    Après le contournement de ville d’Oujda, la frontière retrouve un obstacle naturel avec les massifs de Beni Snous et Beni Bou Saïd qui s’étendent à l’est côté algérien.

    Après un tracé plus ou moins rectiligne, La frontière épouse en partie les courbes de l’Oued Bou LArjam dans la vallée aride du Chott El Gharbi (lac salé) dans la Wilaya de Naâma. Elle se prolonge avec d’un côté la plaine aride côté marocain et et la plaine steppique côté algérien.

    Hamada du Guir

    Ensuite ce sont les Monts des Ksours contreforts de l’Atlas Saharien qui servirons de frontière naturelle à l’exception de l’enclave formée par la région de l’Oasis de Figuig.
    Un lignage Est-Ouest de près de 160 km de long au nord de Béchar jusqu’à l’Oued EchChair le long duquel elle descend plein sud sur une quarantaine de kilomètres jusqu’à l’Oued Guir.

    Hamada du Draâ

    Elle repart de façon linéaire sur un axe Est-Ouest sur près de 80 kilomètres avant de repartir plein sud à travers le Hamada du Guir. La frontière est matérialisée par un léger massif côté algérien et par les dunes de la Marzouga côté marocain.

    Ensuite sur près de 200 kilomètres sur un axe Nord-Est – Sud-Ouest le long des contreforts rocheux du Hamada de la Daoura jusqu’à Dayet Ahrbor et la Vallée du Draâ.

    C’est l’Oued Draâ qui 380 kilomètres durant prolongera la frontière jusqu’au point méridien 8° 40′ ouest.

    Enfin pour finir la frontière descend sur 158 kilomètres (dont 42 avec le Sahara Occidental) le long de la ligne située par 8° 40′ ouest.

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, frontières, colonisation, 

  • L’Algérie reprend son rang de premier fournisseur de l’Espagne en gaz

    SONATRACH ET NATURGY SIGNENT UN ACCORD GAZIER METTANT UN TERME À LEUR CONTENTIEUX : L’Algérie reprend son rang de premier fournisseur de l’Espagne

    La Compagnie pétrolière nationale et le groupe espagnol Naturgy ont signé, ce jeudi à Alger, des avenants aux contrats de vente de gaz liant les deux sociétés, a annoncé Sonatrach dans un communiqué. Un accord gazier qui mettra ainsi un terme à leur contentieux autour des prix du gaz.

    L’Algérie, est depuis des années, le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, notamment via le gazoduc Medgaz (dont Sonatrach possède 51 % et Naturgy 49 %). Mais avec l’effondrement des prix du pétrole et du gaz provoqué par la pandémie de Covid-19, Naturgy a décidé de renégocier tous ses contrats d’approvisionnement en gaz. Il faut souligner que près de 60 % du gaz qui arrive en Espagne provient d’Algérie. Ces avenants aux contrats de vente de gaz ont été paraphés peu avant l’entrevue qui a réuni les P-DG de Sonatrach et Naturgy respectivement Toufik Hakkar et Francisco Reunes, note la même source. Cette rencontre a été tenue en marge de la visite officielle en Algérie du président du Gouvernement espagnol, Pedro Sanchez entamée mercredi. « La signature de ces avenants renforce le partenariat entre Sonatrach et Naturgy dont la relation commerciale date des années 70 et qui sont également les deux actionnaires de la société Medgaz qui exploite le gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne, respectivement à 51% et 49% », précise la même source. « L’industrie pétrolière et gazière a été fortement impactée par la pandémie de la Covid-19, Sonatrach surmonte, en étroite collaboration avec ses clients, les effets de cette pandémie sur les activités commerciales » a fait savoir Hakkar. Selon lui, l’accord auquel sont parvenus Sonatrach et Naturgy traduit le « caractère stratégique » des relations de long terme et de confiance qui les lient et par lequel elles visent à consolider leurs positions sur le marché espagnol. Pour sa part, Le P-DG de Naturgy a déclaré que « cet accord démontre la volonté des deux sociétés de poursuivre leur partenariat à long terme, entamé il y a des décennies ». « Cette alliance stratégique est essentielle pour l’approvisionnement en gaz compétitif et sûr du marché espagnol, et donc essentielle pour le développement économique et social des deux pays », a-t-il ajouté. Cette rencontre a été une occasion pour les deux responsables d’échanger sur d’autres possibilités de coopération future entre les deux compagnies et sur les meilleurs moyens d’élargir leurs relations commerciales, a conclu le communiqué. Par ailleurs, en marge de sa participation au Forum d’Affaires algéro-espagnol, organisé à l’occasion de la visite officielle du président du Gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, le ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar, a reçu jeudi dernier en audience le P-DG de la compagnie espagnole énergétique Naturgy, Francisco Reynes Massanet.

    Au cours de cette rencontre, « les deux parties ont passé en revue l’état des relations de coopération et de partenariat entre la société nationale des hydrocarbures Sonatrach et l’entreprise espagnole Naturgy ainsi que les voies et moyens de leur renforcement dans l’intérêt mutuel des deux pays », indique un communiqué du ministère. Les deux parties ont salué, à cette occasion, les « relations de partenariat traditionnelles et stratégiques » entre les deux compagnies et se sont félicitées de la signature des avenants aux contrats de vente de gaz liant les deux sociétés, qui vient renforcer le partenariat commercial entre Sonatrach et Naturgy qui dure depuis plus de 50 ans. Les discussions ont, également, porté sur les perspectives de coopération futures notamment dans le domaine de l’exploration et la production des hydrocarbures. À cet effet, le ministre a invité la compagnie espagnole à explorer les opportunités offertes dans ce domaine, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui « ouvre des perspectives très prometteuses pour un partenariat mutuellement bénéfique ».
    Hamid Mecheri

    Algérie -Espagne -coopération : L’Espagne mise sur l’Algérie dans ses stratégies à moyen et long terme

    À la faveur de la visite officielle à Alger du président du gouvernement espagnol
    l’ Algérie et l’Espagne ont réaffirmé, au cours d’un Forum d’Affaires, l’impératif de renforcer et de consolider leurs relations économiques à travers l’exploration de davantage d’opportunités de partenariat dans divers domaines d’activité.

    S’exprimant à l’ouverture des travaux du forum tenu dans le cadre de la visite du président du

    gouvernement espagnol, M. Perdo Sanchez, le Premier ministre, M. Abdelaziz Djerad a indiqué que les entreprises espagnoles pourront coordonner avec leurs homologues algériennes pour parvenir à de véritables opportunités de partenariat et d’investissement au niveau du marché algérien où elles trouveront toutes les conditions de croissance et de prospérité.

    PRIVILÉGIER D’AUTRES FORMES DE COOPÉRATION ET DE PARTENARIATS

    Abdelaziz Djerad a appelé à » se focaliser sur les principaux secteurs que le programme d’action du Gouvernement vise à promouvoir, à savoir les hydrocarbures, les énergies renouvelables, les industries manufacturières, l’industrialisation, le tourisme et l’économie du savoir ». « Les relations commerciales entre les deux pays ont été impactées par la crise du coronavirus. Cependant, nos économies disposent des capacités suffisantes pour y faire face, ce qui fait de cette crise une opportunité pour développer d’autres formes de coopération et de partenariats adaptées aux nouvelles exigences », a déclaré M. Djerad. De son côté, le chef du gouvernement espagnol a souligné que « le volume des investissements et échanges commerciaux entre les deux pays est certes important, mais ne reflète pas les potentialités des deux pays dans le domaine économique ». Il a mis en avant les opportunités offertes aux deux pays pour approfondir et renforcer la coopération économique à moyen et long termes, notamment dans les domaines de l’énergie, du numérique, de l’industrie agroalimentaire, de la défense, de l’environnement, de la technologie, de l’ingénierie et des bureaux d’études. M Pedro Sanchez est revenu, en outre, sur l’importance de la coopération et de la consolidation des partenariats dans les domaines de la santé, de la médecine et de la pharmacie, d’une grande importance notamment en cette conjoncture que traversent plusieurs pays du monde, en raison de la pandémie du nouveau coronavirus. Il a estimé que « l’Algérie est un pays sur lequel l’Espagne mise dans ses stratégies à moyen et long termes, de par sa place prépondérante dans la région du Maghreb et en Afrique ». Une cinquantaine d’entreprises et d’organisations patronales des deux pays avaient pris part aux travaux de ce Forum. Les participants ont fait part de leur volonté d’amorcer un saut qualitatif en matière de relations commerciales et d’investissements entre les deux pays, dénombrant les opportunités de partenariat, très fortes, en dépit des difficultés imposées par la pandémie coronavirus. La délégation d’affaires espagnole comprenait une quinzaine de grandes entreprises activant notamment dans le secteur de l’énergie, de l’industrie mécanique, de l’industrie agroalimentaire, des finances et de la construction, ainsi que quatre organisations : la Chambre de commerce d’Espagne, la Confédération espagnole des organisations des entreprises, l’Union générale des travailleurs et l’Agence de promotion de travail -Foment del Trebal. Du côté algérien, une trentaine d’entreprises publiques et privées ont pris part au forum ainsi que les principales organisations patronales. La rencontre a été également marquée par une importante participation officielle avec la présence notamment des ministres algériens chargés des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Santé, de l’Énergie, de la Culture, de l’Industrie, et du Commerce extérieur.

    POUR MADRID L’ALGÉRIE EST UN PARTENAIRE « STRATÉGIQUE »

    Dans son intervention, le ministre délégué chargé du commerce extérieur, Aissa Bekkaï a qualifié cette rencontre de « très importante » pas seulement du fait que l’Espagne constitue le 5ème fournisseur et le 3ème client de l’Algérie (selon les statistiques des neuf premiers mois de 2020) mais aussi du fait de la mutation économique à laquelle aspire l’Algérie et qui exige davantage d’investissements. M. Bekkaï a rappelé les spécificités des relations économiques entre les deux pays de par la proximité géographique et du Traité d’amitié, de bon voisinage et coopération économique qui les associe. Dans des déclarations à la presse en marge du forum, le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali Braham a indiqué que le climat des affaires a enregistré, ces derniers mois, des changements sur le plan législatif visant à lever les obstacles sur l’investissement étranger, notamment à travers la libéralisation des initiatives et l’annulation de l’obligation d’établir des partenariats avec une partie locale, à l’exception de certaines filières stratégiques. L’Algérie s’attend, en contrepartie, à des investissements « sérieux » qui s’inscrivent dans le cadre de la politique nationale visant à augmenter les niveaux d’intégration industrielle locale dans les différentes filières industrielles, selon le ministre. Au moment où l’Algérie représente un marché voisin de l’Espagne à rendement élevé, l’Espagne peut de son côté être une destination pour les marchandises algériennes hors hydrocarbures, ajoute M. Aït Ali Braham. Pour sa part, la Secrétaire d’État espagnol au Commerce, Xiana Méndez Bértolo a estimé que l’Algérie constituait un partenaire « stratégique » et irremplaçable pour son pays, indiquant que le chiffre des échanges bilatéraux dénote l’importance des relations économiques devant être, justement, améliorées en faveur d’une relation durable entre les deux parties. Mme. Méndez Bértolo a également mis en valeur les efforts déployés par le gouvernement algérien en vue d’éradiquer la bureaucratie et faciliter les procédures d’investissement et de commerce, et ce, « en dépit des charges qui pourraient en découler », affirmant que la levée de la règle du 49/51% régissant les investissements étrangers en Algérie contribuerait à faire avancer le rythme des affaires et des investissements espagnols dans ce pays. En parallèle, « le gouvernement espagnol accompagne les entreprises nationales dans leur activité vers l’international notamment en Algérie où la diversité est considérée comme étant un enjeu majeur que suit l’Espagne minutieusement », a-t-elle souligné. L’Algérie est vue comme « un marché prometteur », a estimé la secrétaire d’État au Commerce, et l’idée de la considérer comme une porte d’accès vers l’Afrique est « très intéressante » aux yeux des Espagnols notamment après l’entrée en vigueur de la ZLECAF. Pour rappel le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne a atteint environ 7 milliards Usd en 2019, dont 3 milliards Usd d’exportations algériennes, principalement les hydrocarbures. Au cours de sa visite le chef du gouvernement espagnol a été longuement reçu par le président Tebboune et a tenu une séance de travail avec le premier ministre Abdelaziz Djerad, à laquelle ont pris part plusieurs ministres ddont le ministre des AE , Sabri Boukadoum.
    Mokhtar Bendib

    Le Courrier d’Algérie, 10 oct 2020

    Tags : Algérie, Espagne, coopération, gaz, conflit Sonatrach, Naturgy,

  • Algérie : Le procès indirect d’Abdelaziz Bouteflika

    Le procès de la “prétendue fille de Bouteflika” se poursuit!

    Le procès de Nachinachi Zoulikha-Chafika dite “Maya”, poursuivie dans des affaires liées à la corruption, qui se déroule au tribunal de Chéraga (Alger) a vu l’audition du reste des accusés et témoins impliqués dans cette affaire dans laquelle d’anciens responsables sont poursuivis et à leur tête, Abdelghani Zaalane et Mohamed Ghazi en leurs qualités respectives de walis d’Oran et de Chlef ainsi que l’ancien Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdelaghani Hamel.

    Les griefs retenus contre les accusés sont notamment « blanchiment d’argent », « trafic d’influence », « octroi d’indus avantages », « dilapidation de deniers publics », « incitation d’agents publics pour l’octroi d’indus avantages » et « transfert illicite de devises vers l’étranger ».

    Après avoir auditionné l’accusée principale “Maya”, la séance de l’après-midi a été consacrée à l’audition du reste des prévenus. Il s’agit de Mohamed Ghazi qui a nié toutes les charges retenues contre lui, les qualifiant d’”infondées”, expliquant que Mohamed Rougab, ancien secrétaire particulier de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika lui avait présenté Mme Maya.

    Il a précisé que Rougab lui avait demandé d’aider la famille de cette femme, en tant que proche de l’ex-Président. A ce titre, un « projet de restauration d’un parc d’attraction à Chlef » a été attribué à cette femme, lorsqu’il était le wali de cette wilaya.

    Parmi les privilèges accordés également à la principale prévenue, il y a lieu de citer un lot de terrain à la localité d’Oum Drou à Chlef.

    Ghazi a fait savoir qu’il traitait avec elle en sa qualité de proche de l’ex-Président et qu’il ignorait son vrai nom et sa véritable identité.

    Il était également intervenu auprès du wali d’Oran en 2017 (Abdelghani Zaalane) à sa demande (Maya) pour régulariser les dossiers d’investissement de ses proches et lorsqu’il avait découvert qu’elle n’avait aucun lien avec l’ex-Président, il avait entamé les procédures d’annulation des contrats de concession qu’elle a obtenus à Chlef, a-t-il dit.

    Quant à l’ancien DGSN, Abdelghani Hamel, il a dit au cours de son audition qu’il était victime et que la première fois qu’il a vu cette femme, c’était dans la maison de l’ancien ministre du Travail et ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi qui lui avait demandé de procurer des caméras de surveillance à cette femme, présentée en tant que « fille de l’ex-président » pour les installer à sa maison à Moretti dans la capitale.

    Le mis en cause Hamel a nié par ailleurs avoir donné des instructions pour assurer une sécurité permanente à Mme Maya.

    Pour sa part, l’ancien wali d’Oran, devenu par la suite ministre des Transports, puis des Travaux publics, Abdelghani Zaalane a confirmé ses déclarations devant le conseiller enquêteur près la Cour suprême concernant ce dossier, affirmant avoir rencontré Mme Maya dans les couloirs des tribunaux.

    Il a réaffirmé avoir reçu en janvier 2017, alors qu’il était wali d’Oran, un appel téléphonique de Mohamed Ghazi qui lui demandait d’accueillir des membres de la famille de l’ancien président, en application des instructions de son secrétaire particulier à l’époque, Mohamed Rougab pour la régularisation de leurs dossiers d’investissement en suspens depuis 2011.

    Effectivement Zaalane avait accueilli les dénommés Belaïd Abdelghani et Mohamed Benaïcha, en tant que proches de la famille du président à l’époque. Ces derniers lui avaient demandé de régulariser leurs dossiers et ont obtenu des contrats d’exploitation de la zone d’activité industrielle dans les régions de Tafraoui et Sidi Chahmi.

    L’accusé Abdelghani Zaalane a affirmé que le comportement inconvenant et l’audace de Belaïd Abdelghani a éveillé ses soupçons au sujet des deux individus, ce qui l’a amené à appeler directement le conseiller de l’ancien président «Saïd Bouteflika» qui avait nié avoir donné une quelconque instruction pour la prise en charge des dossiers de ces deux accusés.

    Après avoir réalisé qu’il s’agissait d’une opération d’escroquerie, le wali d’Oran a annulé les décisions signées le 5 janvier 2017.Le juge a écouté par la suite le témoignage de Mohamed Rougab, secrétaire particulier de l’ex président Bouteflika qui a affirmé à son tour ignorer le véritable nom de la dénommée Maya, et que c’était dans la presse qu’il avait entendu pour la première fois le nom de « Nachinachi Zoulikha ».

    Il a affirmé être intervenu une seule fois auprès du wali de Chlef «Ghazi » pour la prise en charge des revendications de la principale accusée, et ce en application des instructions du président de la République à l’époque.

    Ensuite, d’autres témoignages ont été écoutés, dont ceux des femmes de ménage de l’accusée qui étaient rémunérées par le ministère du Travail, et des agents de police choisis pour assurer la sécurité du domicile de cette dernière.

    Echourouk Online, 8 oct 2020

    Tags : Algérie, Bouteflika, Nachinachi Zoulikha,